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  • L’état fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb

    Tags : Maroc, Algérie, Tunisie, Maghreb, sécurité alimentaire – L’état fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb

    Introduction

    L’Afrique du Nord est entrée dans une crise de sécurité alimentaire. La Tunisie, l’Algérie et le Maroc connaissent des niveaux d’inflation alimentaire sans précédent depuis les troubles civils du printemps arabe il y a dix ans. Ensuite, la flambée des prix des denrées alimentaires, en particulier la flambée des prix du pain, a contribué à alimenter les mouvements de protestation populaires contre la corruption et l’injustice qui ont renversé le dictateur tunisien de longue date Zine El Abidine Ben Ali et renversé d’autres régimes autocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Au Maroc et dans d’autres pays de la région MENA, les troubles sociaux ont suscité d’importantes réformes politiques et socio-économiques. Bien que la crise alimentaire actuelle du Maghreb ait été précipitée par les chocs économiques locaux et mondiaux provoqués par le début de la pandémie de COVID-19 en 2020 et ses conséquences en 2021, la fragilité structurelle des systèmes alimentaires en Tunisie, en Algérie, et le Maroc est responsable de la gravité du problème. Au cœur de cette fragilité se trouve l’incapacité à mettre en œuvre des mesures adéquates pour faire face à l’impact de la rareté croissante de l’eau et du changement climatique débilitant.

    La principale vulnérabilité du Maghreb est sa forte dépendance vis-à-vis des importations de céréales céréalières, tant pour la consommation humaine que pour l’alimentation animale. Le prix moyen mondial des céréales a augmenté de 27,3 % en septembre 2021 par rapport à septembre de l’année précédente et les prix ont depuis continué à grimper à un rythme encore plus rapide. Dans les ménages en Tunisie, en Algérie et au Maroc, la crise alimentaire se fait sentir le plus durement dans le prix du pain. Le prix du blé tendre utilisé dans la fabrication du pain s’élevait à 271 $ la tonneà la fin du 3T 2021, une augmentation de 22% d’une année sur l’autre. Le prix au 4T 2021 a encore augmenté alors que les stocks mondiaux ont diminué, car les producteurs des États-Unis, du Canada, de la Russie et du reste de la région de la mer Noire ont subi des dommages aux cultures dus à la sécheresse, au gel et aux fortes pluies. Aux États-Unis même, par exemple, le stock de blé ne devrait atteindre que 580 millions de boisseaux d’ici le 1er juin 2022, le plus petit en 14 ans.

    La hausse des prix des céréales a été aggravée par la flambée des coûts des engrais à base d’azote, qui ont été entraînés à leur tour par la hausse des coûts du gaz naturel ou du charbon utilisé dans leur fabrication. Dans le cas des engrais de blé, environ 80 % du coût de production provient du gaz naturel, dont le prix a quintuplé pour les fabricants européens d’engrais et environ 1,5 fois pour les fabricants américains. Le prix du blé tendre au Chicago Board of Trade le 1er novembre 2021 s’élevait à 7,95 $ le boisseau , ce qui représente une hausse de 57 % par rapport au 1er juillet 2021 et un prix jamais vu depuis janvier 2013.

    Considérée comme un test de stress de l’état de la gestion économique, agricole et environnementale en Tunisie, en Algérie et au Maroc, la crise des céréales de 2021 a révélé que les systèmes alimentaires dans les pays du Maghreb présentent des fragilités dangereuses qui pourraient se traduire par des conséquences sociales et l’instabilité politique. Cependant, de tels résultats ne sont pas inévitables et peuvent être atténués par des politiques appropriées, dont certaines ont commencé à être mises en œuvre dans la région.

    Tunisie

    La montée de l’insécurité alimentaire en Tunisie est devenue un facteur déterminant de la situation politique précaire du pays depuis l’adoption en 2014 d’une constitution démocratique. Dans la période qui a suivi cet événement marquant dans la progression de la Tunisie vers la démocratie libérale, l’insécurité alimentaire a augmenté à un rythme accéléré. Selon la moyenne triennale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) , 25,1% des Tunisiens étaient dans un état d’insécurité alimentaire modérée à sévère en 2018-20, contre 18,2% en 2014-16. Bien que la Tunisie ait atteint l’autosuffisance en produits laitiers, légumes et fruits, le pays reste extrêmement dépendant des achats de céréales à l’étranger., important 50 % des céréales destinées à la consommation humaine et 60 % de celles destinées à l’alimentation du bétail. Les consommateurs tunisiens ont été quelque peu à l’abri du coût élevé de ces importations étrangères grâce aux subventions alimentaires du gouvernement. Le choc économique du COVID-19 suivi de la tempête parfaite de la flambée des prix mondiaux des céréales face aux conditions de sécheresse locales signifie que les subventions alimentaires de la Tunisie ne sont plus tenables compte tenu de la fragilité de ses finances publiques.

    En raison du COVID-19, le déficit budgétaire de la Tunisie en 2020 a atteint 11,5% du PIB, le plus gros déficit en près de 40 ans. Afin de faire face à la crise sanitaire immédiate et à l’impact économique dévastateur de la pandémie, le gouvernement du Premier ministre de l’époque Hichem Mechichi a accepté d’accepter un prêt d’urgence de 750 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) en avril 2020. Avec son économie en difficulté et son gouvernement paralysé par une politique parlementaire dysfonctionnelle, la Tunisie est entrée en 2021, le 10e anniversaire de son expérience de transition démocratique, dans une ambiance plus anxieuse que festive. Le mécontentement qui couvait depuis longtemps face à la dégradation des conditions de vie due à la mauvaise qualité persistante des services de base du pays a été encore exacerbé par le faible déploiement du vaccin COVID-19 à Tunis. Au milieu de la flambée des prix des denrées alimentaires sans précédent depuis le printemps arabe, une nouvelle vague de protestations a éclaté à partir de la ville septentrionale de Siliana.

    Après avoir connu une contraction de 8,8% de sa croissance du PIB en 2020 , la Tunisie devait encore couvrir les remboursements de sa dette de 5,8 milliards de dollars, dont 1 milliard de dollars était dû en juillet et août 2021. Fin mai 2021, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti qu’il n’accepterait pas davantage le FMI. l’aide conduirait à une flambée de l’inflation à trois chiffres et aboutirait à un « scénario vénézuélien ». Au cours du premier trimestre 2021, la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a affiché un déficit de 251,7 millions de dinars tunisiens (DT), inversant l’excédent de 176,8 millions de DT à la même période de l’année précédente. Le 31 mars, la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) s’était engagée à accepter la réforme économique, y compris l’élimination des subventions alimentaires, comme une condition préalable nécessaire pour que le gouvernement du Premier ministre Mechichi entame des pourparlers avec le FMI. Cependant, en juin 2021, l’UGTT a annulé son soutien à Mechichi. Affirmant que le gouvernement n’avait pas fourni un filet de sécurité suffisant, l’UGTT a critiqué les augmentations des prix des denrées alimentaires et d’autres produits de base, attribuées à la mise en œuvre de mesures de réduction des coûts inspirées du FMI.

    En 2021, il a été estimé que la Tunisie devra importer 70% de ses besoins totaux en céréales et 90% du blé tendre utilisé pour fabriquer de la farine pour le pain et les produits de boulangerie. Au premier semestre 2021, la hausse du taux des importations céréalières de la Tunisie a été de 20,9%, contribuant à un déséquilibre du commerce alimentaire de 290,9 millions de dollars au cours de la période, contre 49,4 millions de dollars au cours de la même période en 2020. L’agence tunisienne des céréales a acheté 50 000 tonnes métriques de soft blé des commerçants européens en juin puis 100 000 tonnes supplémentaires en juillet, ainsi que 100 000 tonnes d’orge pour l’alimentation du bétail. Mais ces efforts se sont avérés insuffisants trop tard pour stabiliser les prix et aider à apaiser le mécontentement civil.

    Le 25 juillet 2021, le président Kais Saied, se faisant passer pour le sauveur national, a limogé le Premier ministre Mechichi et suspendu le parlement tunisien sur la base d’une interprétation controversée de l’article 80 de la constitution. Saied a ensuite prolongé la suspension au-delà de la période d’un mois prescrite par la Constitution et a annoncé qu’il gouvernerait par décret présidentiel. Jusqu’à présent, les perspectives de sécurité alimentaire de la Tunisie ne se sont pas améliorées sous le régime présidentiel direct. Le déséquilibre du commerce alimentaire à la fin du 3T 2021 s’élevait à 1,32 milliard de DT, avec des prix des céréales importées en hausse de 23,9% pour le blé tendre et de 12,6% pour le blé dur. Les prix des céréales fourragères ont également augmenté , l’orge enregistrant un bond de 18,4 % et le maïs un pic de 46,9 %.

    L’augmentation de la production céréalière intérieure de la Tunisie ne sera ni rapide ni facile. La Tunisie a du mal à garantir un approvisionnement suffisant en engrais, dans un contexte de pénurie mondiale, car la flambée des prix de l’énergie a réduit la production dans de nombreux pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord et a fait grimper les prix des engrais. En octobre 2021, la Tunisie ne pouvait satisfaire que 25% de sa demande intérieure d’engrais. Les approvisionnements intérieurs ont également été considérablement réduits par la fermeture de six mois , de novembre 2020 à mai 2021, de l’usine d’engrais chimiques de Mdhilla à Gafsa en raison de grèves et de manifestations répétées. Même si le gouvernement a autorisé des importations supplémentaires, les agriculteurs tunisiens ont connu une augmentation de 30 à 50 % des coûts des engrais.

    La pénurie d’eau est un obstacle encore plus important à la relance de la production agricole de la Tunisie, dangereusement exacerbée par la mauvaise gestion des maigres ressources en eau du pays, dont environ 80% sont utilisées pour l’agriculture . La Tunisie a connu des températures record et des sécheresses alternant avec des épisodes de pluies torrentielles et des inondations qui ont ravagé l’agriculture et l’approvisionnement en eau du pays. Une mauvaise gestion de l’eau et des infrastructures défectueuses rendent le pays très vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique. Dans certaines régions de Tunisie, jusqu’à 50 % de l’eau est perdue avant d’atteindre le robinet en raison de l’insuffisance des infrastructures de distribution d’eau. La sécheresse a également causé une grave diminution des réserves d’eau. En septembre 2021,les volumes d’eau dans les barrages tunisiens s’élevaient à 730 millions de mètres cubes (mcm), contre 1,1 milliard de mètres cubes (mcm) au cours de la même période en 2020. La capacité de stockage d’eau de la Tunisie est également en baisse en raison de l’envasement croissant de ses barrages. D’ici 2035, les barrages de Mellègue et R’mili seront complètement ensablés , avec le même sort qui attend le barrage de Siliana en 2047.

    Il existe des solutions à de nombreux problèmes contribuant à la crise alimentaire et hydrique en Tunisie, mais il existe peu de solutions immédiates. La construction de nouveaux barrages, systèmes d’irrigation et installations de dessalement, ainsi que les centrales électriques supplémentaires pour les faire fonctionner, nécessiteront tous du temps et des investissements en capital. Surtout, les solutions aux problèmes de la Tunisie nécessiteront une planification politique experte et la bonne gouvernance pour mettre en œuvre les mesures.

    Algérie

    L’Algérie est confrontée à des défis économiques et climatiques similaires à ceux de la Tunisie lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire de sa population, mais les défis sont à une échelle plus redoutable. Avec environ 17,4% de son territoire majoritairement désertique constitué de terres agricoles, l’Algérie est le plus grand importateur de denrées alimentaires d’Afrique. Avant COVID-19, les importations alimentaires de l’Algérie couvraient près de 75 % des besoins de sa population de 45 millions d’habitants. Malgré l’ampleur du défi, l’Algérie avait fait des progrès dans la réduction de l’insécurité alimentaire avant le déclenchement de la pandémie. Selon la moyenne triennale de la FAO, le pourcentage de la population en situation d’insécurité alimentaire modérée à sévère a chuté à 17,6 % pour la période 2018-20, contre 22,9 % pour 2014-16. Néanmoins, avant COVID-19, environ 24 millions d’Algériens dépensaient plus de 60% de leurs revenus uniquement pour répondre à leurs besoins alimentaires. Malgré sa richesse en hydrocarbures, la poursuite par l’Algérie de sa politique actuelle de subventions aux importations alimentaires dans un contexte d’inflation alimentaire mondiale galopante et de déficits de production intérieure provoqués par la sécheresse est devenue un fardeau difficile à gérer pour ses finances publiques.

    Les importations alimentaires les plus critiques de l’Algérie sont les céréales, qui contribuent à 43 % des calories totales et à 46 % des protéines du régime alimentaire algérien. Avant la crise mondiale actuelle de l’offre, les dépenses annuelles de l’Algérie pour les importations de céréales étaient d’environ 1,3 milliard de dollars . Même les années où sa production nationale donne de bonnes récoltes, l’Algérie dépend encore fortement des importations de céréales, dont 70 % sont généralement du blé tendre utilisé pour faire du pain.

    L’agriculture céréalière algérienne est très vulnérable aux phénomènes météorologiques violents. Sa production céréalière nationale devrait chuter de 38 % pour la campagne de commercialisation 2021/22 (MA) en raison d’une pluviométrie insuffisante. Par conséquent, ses besoins d’importation de blé pour la campagne de commercialisation 2021/22 devraient s’élever à 8,1 millions de tonnes métriques, soit 25 % de plus que les importations de l’an dernier. La plupart de ses importations de blé proviennent de l’Union européenne (UE), la France étant traditionnellement le plus grand fournisseur. Cependant, avec la pression mondiale sur l’approvisionnement en céréales, les exportations de céréales allemandes ont dépassé cette année celles de la France. Au-delà des effets des événements météorologiques violents et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées au COVID-19, la pénurie d’approvisionnement mondiale a été exacerbée par une augmentation des importations de blé de la Chine, y compris le blé français, pour couvrir ses besoins en aliments pour le bétail. Pékin s’efforce de reconstituer rapidement sa population porcine locale après qu’une épidémie de peste porcine africaine a décimé la moitié de ses porcs, dans le but d’assurer son approvisionnement en protéines animales.

    Pour répondre aux besoins accrus d’importation de l’Algérie, le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune a cherché à diversifier ses fournisseurs au sein de l’UE ainsi qu’à regarder au-delà du bloc vers la Russie et jusqu’aux États-Unis et au Canada. Fin octobre 2021, la Pologne a expédié 60 000 tonnes de blé vers l’Algérie. Alger a également acheté 60 000 tonnes à la société russe Demetra Trading , les premières importations de blé russe du pays depuis 2016. Malgré la diversification de ses fournisseurs, la pénurie mondiale d’approvisionnement signifie qu’Alger doit encore faire face à la flambée des prix. En réponse immédiate, le gouvernement algérien a reporté son plan de lever indéfiniment les subventions au blé. Outre le blé, la hausse du prix de l’orge et du maïs importés d’Algérie, utilisés principalement pour l’alimentation animale, renchérit les prix des viandes rouges et blanches. Le manque de pluie dans la région des hauts plateaux , où le blé et l’orge sont principalement cultivés, a entraîné une augmentation des importations d’orge . L’Algérie importera également 5 millions de tonnes de maïs pour l’alimentation animale cette année.

    Contrairement à d’autres pays du Maghreb, l’Algérie est également confrontée à une crise d’approvisionnement en lait. Le lait est la principale source de protéines animales dans l’alimentation algérienne, fournissant environ 16% de l’apport quotidien moyen en protéines – dépassant la viande rouge, la viande blanche et les œufs combinés, qui ne représentent que 10,24%. L’Algérie est le deuxième importateur mondial de poudre de lait entier en poudre, avec des importations estimées à 255 000 tonnes en 2021 , et le cinquième importateur de poudre de lait écrémé, estimée à 160 000 tonnes. En 2020, l’Algérie a enregistré une augmentation de 3,8% de la production de laitrésultant d’une augmentation de la superficie allouée à la production laitière ainsi que d’une nouvelle interdiction gouvernementale d’utiliser du lait en poudre subventionné pour fabriquer du lait pasteurisé. Même s’il s’agit d’une amélioration, ces mesures sont loin de combler l’écart. En 2017, l’Algérie entretenait environ 200 000 vaches laitières, mais en 2021, le pays aurait besoin de plus d’un million de vaches pour satisfaire sa demande actuelle de lait uniquement avec la production nationale. De plus, l’augmentation considérable des aliments pour bétail à base de céréales probablement nécessaire à un tel effort mettrait à rude épreuve les importations céréalières du pays.

    L’approche actuelle de l’Algérie en matière de sécurité alimentaire dépend largement de la mesure dans laquelle les subventions de l’État peuvent protéger les consommateurs locaux de l’impact des augmentations des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial. En tant qu’État rentier des hydrocarbures dans lequel le pétrole et le gaz représentent environ 95 % des revenus d’exportation , Alger s’est appuyé sur les revenus des hydrocarbures pour financer ses subventions alimentaires. Le choc économique de la pandémie de COVID-19 a fortement réduit sa capacité à financer ces subventions. En 2020, l’économie algérienne a connu une contraction de 4,6% du PIB réel , les exportations de pétrole brut et de gaz naturel liquéfié du pays connaissant chacune une baisse d’ environ 30% . Alors que la reprise des prix de l’énergie devrait pousser l’Algérie vers une croissance économique positive – les prévisions du printemps 2021 de la Banque mondialeune croissance projetée de 3,7% en 2021 et de 2,5% en 2022 – une partie de cette croissance pourrait être compensée par la flambée des factures d’importations alimentaires de l’Algérie, aggravée par la chute de la valeur du dinar algérien. Le dinar ayant régulièrement baissé de 118 contre dollar américain au 1er janvier 2019 à 138 fin octobre 2021, il deviendra de plus en plus difficile pour Alger de faire face à la hausse des coûts de ses importations alimentaires et de ses subventions.

    À l’instar de la Tunisie, l’utilisation accrue d’engrais et l’amélioration des capacités de gestion de l’eau en Algérie sont essentielles pour stimuler la production agricole nationale. Bien que l’Algérie soit riche en gaz naturel et en phosphates, deux des principales ressources utilisées dans la fabrication d’engrais, le secteur agricole du pays utilise généralement beaucoup moins d’engrais que ses voisins. En 2018, la consommation d’engrais pour l’agriculture algérienne était de 20,7 kilogrammes (kg) par hectare de terre arable, contre 44,2 kg en Tunisie et 74,9 kg au Maroc. Pour aider à atténuer le problème, la société d’énergie publique algérienne Sonatrach a signé un accord en 2018 avec la société chinoise CITIC Construction pour la construction d’un complexe intégré de production de phosphate de 6 milliards de dollars.. La méga-usine verrait la production annuelle de phosphate de l’Algérie atteindre 10 millions de tonnes métriques, ce qui entraînerait une augmentation de la production annuelle d’engrais d’une valeur d’environ 2 milliards de dollars sur les marchés mondiaux, tandis qu’une plus grande utilisation intérieure d’engrais entraînerait une augmentation des rendements des cultures à l’avenir.

    La rareté de l’eau est un défi plus fondamental pour l’Algérie. Comme la Tunisie, l’Algérie a souffert d’une mauvaise gestion de ses maigres ressources en eau. En 2012, son prélèvement d’eau douce souterraine était de 3 milliards de mètres cubes, soit environ le double du taux de recharge annuel . Selon la FAO, le taux de prélèvement est passé à 8,1 milliards de mètres cubes en 2017. La gestion inadéquate de l’eau en Algérie a été exacerbée par des infrastructures défectueuses qui entraînent des pertes de transport d’eau vers les zones urbaines d’ environ 30 %.Comme la Tunisie, les barrages algériens sont fortement impactés par l’envasement et la contamination. Pour augmenter son approvisionnement en eau, le gouvernement s’est tourné vers la technologie de dessalement énergivore et a renouvelé ses efforts pour moderniser et développer les usines de dessalement d’eau de mer. L’Algérie dispose de 11 usines de dessalement réparties dans neuf provinces et le gouvernement de Tebboune est en train de réhabiliter et de moderniser quatre d’entre elles , avec l’intention d’en construire trois supplémentaires .

    Maroc

    Le Maroc partage bon nombre des mêmes défis de sécurité alimentaire que la Tunisie et l’Algérie, mais la manière dont il vit la crise actuelle a été façonnée par son accent unique au cours des 10 dernières années sur le développement des exportations agricoles à haute valeur ajoutée. La planification agricole du Maroc au cours des 20 dernières années, et particulièrement au cours de la dernière décennie, a réussi à augmenter sa production d’exportation tout en réduisant la sous-alimentation à moins de 5% de la population. Malgré ces réalisations, la moyenne triennale de l’insécurité alimentaire modérée à sévère au Marocde 2018 à 2020 s’élève à 28%. Alors que l’autosuffisance alimentaire est un principe fondamental de la stratégie de développement du royaume depuis l’indépendance, la dépendance croissante du Maroc vis-à-vis des importations alimentaires subventionnées représente un danger croissant pour son tissu socio-économique. Comme ses voisins, le Maroc est fortement dépendant des céréales importées.

    En 2008, le royaume a lancé son Plan Maroc Vert (Plan Maroc Vert, PMV), un programme multidimensionnel de 2010 à 2020 visant à promouvoir le développement socio-économique en stimulant la production d’exportations agricoles à haute valeur ajoutée. Le PMV a réussi à augmenter la valeur des exportations agricoles du pays de 117% à environ 3,5 milliards de dollars et a créé 342 000 nouveaux emplois . En 2019, le secteur agricole marocain représentait 13 % du PIB et 38 % de l’emploi national, dont 74 % des emplois en milieu rural. Puisque la proportion de la population employée dans l’agriculture au Maroc est plus élevée que dans toute autre économie du bassin méditerranéen, le développement d’une production agroalimentaire à plus forte valeur ajoutée pour l’exportation a été considéré comme essentiel pour élever le niveau de vie d’une large frange de la société. Grâce au PMV, le secteur agroalimentaire marocain représente désormais 21% de ses exportations .

    A mi-parcours de la mise en œuvre du PMV, les céréales importées représentaient 54% de la consommation totale de céréales du Maroc, soit plus de trois fois la moyenne mondiale de 16%. En raison de l’accent mis par le PMV sur l’agriculture d’exportation, le Maroc a continué à réduire la quantité de terres agricoles consacrées à la production céréalière. Même avec ces réductions, la production céréalière en 2019 utilisait encore 59 % des terres agricoles du Maroc . Pour augmenter les rendements céréaliers, le PMV s’est concentré sur la modernisation des méthodes de production et l’introduction de variétés de blé tolérantes au climat. En 2021, ces efforts ont porté leurs fruits et le Maroc a connu une année record pour la production de blé et d’orge, récoltant 5,06 millions de tonnes de blé tendre, 2,48 millions de tonnes de blé dur et 2,78 millions de tonnes d’orge. Sa production de blé en 2021 était trois fois supérieure à celle de l’année 2020 frappée par la sécheresse et 58% supérieure à la moyenne 2016-2020. La production d’orge du Maroc a dépassé les années précédentes par une marge encore plus large. Ayant déjà prévu que 2021 serait une année record pour la production nationale de blé, Rabat a cherché à promouvoir davantage le secteur en imposant un droit d’importation de 135% sur le blé tendre étranger en avril 2021 et un droit d’importation de 170% sur le blé dur en juin 2021.

    En tant que 13e importateur mondial de blé , le Maroc n’a pas suffisamment progressé dans la relance de la production nationale de blé pour échapper à la crise actuelle. Alors que les prix du pain ont commencé à grimper en septembre et octobre, le gouvernement a été contraint de changer de cap le 27 octobre 2021, suspendant les droits d’importation sur le blé tendre et le blé dur à compter du 1er novembre. blé, le Fonds d’indemnisation du Maroc couvre la différence par des subventions. Fin 2015, le Maroc a commencé à mettre en œuvre un programme échelonné de réforme du système, car les subventions gonflées du Fonds d’indemnisation depuis la crise financière mondiale de 2008 étaient devenues un fardeau insupportable pour les finances de l’État. Bien que la deuxième phase du programmeétait censé libéraliser les prix des produits de base les plus consommés au Maroc, le gouvernement a suspendu le programme indéfiniment pour assurer la stabilité des prix pendant la crise actuelle, qui pourrait s’avérer prolongée. Le ministère de l’Économie et des Finances prévoit que les subventions au blé coûteront à elles seules au gouvernement 161,1 millions de dollars au cours de l’exercice 2022.

    Le Maroc étend son PMV avec une nouvelle initiative décennale appelée Green Generation 2020-2030 destinée à améliorer la résilience et la durabilité de la production agricole du pays pour l’exportation et la consommation intérieure tout en élevant 400 000 ménages dans la classe moyenne. Pour atteindre ces objectifs, le Maroc devra atténuer sa vulnérabilité à l’impact du changement climatique et à la prévalence croissante de la sécheresse. La hausse des températures et les conditions de sécheresse prolongée provoquent la dégradation des terres, près de la moitié des terres marocaines étant confrontées à l’érosion des sols.

    Le PMV a mis un total de 542 000 hectares en systèmes d’irrigation goutte à goutte contre seulement 128 000 hectares en 2008, ces zones irriguées représentant au moins la moitié de la croissance du PIB agricole depuis le lancement du PMV. En 2019, les terres irriguées ont généré 75 % des exportations agricoles du Maroc. Cependant, seulement 16% des terres agricoles du royaume sont irriguées à partir de barrages locaux , ce qui rend la production céréalière très variable et vulnérable aux événements météorologiques.

    Comme la Tunisie et l’Algérie, le Maroc est confronté au défi de lutter contre l’envasement de ses grands barrages vieillissants, qui connaissent un taux d’envasement de 75 mcm par an. En février 2021, Rabat a annoncé qu’elle commencerait la construction de cinq nouveaux grands barrages d’une capacité de stockage cumulée de 525 mcm dans le cadre de la phase 2020-27 de son plan national de l’eau, qui vise à porter la capacité totale des barrages du pays à 27. bcm. Rabat a également achevé 65% de la construction d’ une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer à Agadir qui fournira de l’eau potable ainsi que de l’eau pour l’agriculture grâce à un système d’irrigation nouvellement construit.

    Conclusion

    Les solutions à l’insécurité alimentaire du Maghreb existent mais elles ne sont ni rapides ni faciles. L’agro-tech, y compris l’irrigation de précision fonctionnant à l’aide de sources d’énergie renouvelables, contribuerait grandement à améliorer les rendements agricoles de la région, en particulier lorsqu’elle est associée à des technologies de pointe en matière de gestion de l’eau. Le dessalement de l’eau de mer est énergivore et augmenterait des coûts énergétiques élevés ou nécessiterait une capacité de production d’électricité supplémentaire à partir de sources d’énergie renouvelables. Toutes ces mesures nécessitent d’importants investissements en capital. Le plan national de l’eau du Maroc 2020-2050, qui prévoit la construction de nouveaux barrages et usines de dessalement ainsi que l’extension des réseaux d’irrigation, entre autres mesures, pour promouvoir une agriculture durable et la préservation des écosystèmes, est estimé à un coût environ 40 milliards de dollars.

    Bien que les approches holistiques soient optimales, des mesures plus limitées peuvent également avoir des effets positifs importants. Une irrigation élargie est essentielle pour stimuler la production céréalière dans tout le Maghreb. En Algérie, seulement 43 % des terres agricoles irriguées sont plantées en céréales. Fin 2020, Alger a publié une stratégie de feuille de route 2020-24 pour plusieurs produits agricoles clés afin de réduire ses dépenses d’importations alimentaires. Dans le secteur du blé, la modernisation proposée de l’irrigation devrait multiplier par deux ou trois les rendements actuels, produisant potentiellement plus de 7 millions de tonnes métriques de blé par an d’ici 2024.

    En outre, les pays du Maghreb ont besoin de renforcer leurs réserves stratégiques. L’Algérie s’est fixé pour objectif de construire 31 silos métalliques qui créeraient 670 000 tonnes de capacité de stockage supplémentaire. Le 8 octobre 2021, le roi du Maroc Mohammed VI a fait de la question une priorité nationale publique dans un discours télévisé inaugurant le nouveau parlement du pays. Dans son discours, le roi a « insisté » pour que le Maroc établisse un « système national intégré » de réserves stratégiques pour les approvisionnements alimentaires, médicaux et énergétiques essentiels afin de gérer les chocs causés par les futures pénuries d’approvisionnement mondiales et autres urgences. La Tunisie, qui a été relativement plus lente à prendre des mesures à la mesure de l’ampleur de son problème d’insécurité alimentaire, a signé un accord en janvier 2021 avec le Programme alimentaire mondial des Nations Unies pour mettre en place un système de suivi de la sécurité alimentaire.

    La nécessité pour le Maghreb de mettre en œuvre de telles mesures à grande échelle ouvre la possibilité aux États-Unis et à leurs alliés européens d’approfondir leurs partenariats avec la Tunisie, l’Algérie et le Maroc – en s’engageant dans de nouveaux domaines de coopération qui, dans certains cas, pourraient remettre en question les termes de la relation. . En l’absence d’un engagement proactif des membres de la communauté transatlantique, la Chine, les États arabes du Golfe et d’autres pays sont susceptibles de combler le vide et d’accroître leur influence dans la région.

    La crise des céréales céréalières de 2021 au Maghreb ne doit pas être ignorée par la communauté internationale. La crise a révélé de graves fragilités structurelles dans les systèmes alimentaires de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc qui sont finalement causées par l’incapacité à mettre en œuvre des mesures adéquates pour faire face à l’impact de la rareté croissante de l’eau et du changement climatique débilitant. Le coût de l’inaction ou du manque d’action pourrait être assez élevé, car l’échec à commencer à mettre en œuvre des politiques appropriées pourrait entraîner une dangereuse instabilité sociale et politique dans un proche avenir.

    Alors que certaines des politiques nécessaires ont commencé à être mises en œuvre à des degrés divers, la bonne gouvernance pour mettre en œuvre les mesures requises sera essentielle pour déterminer le succès des efforts en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Des solutions pour améliorer l’insécurité alimentaire au Maghreb existent, mais comme les prix alimentaires mondiaux devraient continuer à augmenter en 2022 alors que les défis climatiques à la production agricole continuent de s’intensifier, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc – ainsi que leurs partenaires internationaux – ont peu de temps pour perdre si l’on veut éviter des conséquences catastrophiques.

    Michaël Tanchum,

    Professeur Michaël Tanchum est chercheur non-résident du programme Économie et énergie du Middle East Institute. Il enseigne à l’Université de Navarre et est chercheur principal à l’Institut autrichien pour la politique européenne et de sécurité (AIES) et chercheur invité dans le programme Afrique du Conseil européen des relations étrangères (ECFR). Les opinions exprimées dans cet article sont les siennes. L’auteur tient à remercier Rafaella Vargas Reyes et María del Pilar Cazali Castañón pour leur aide à la recherche.

    Middle East Institute, 09/11/2021

    #Algérie #Maroc #Tunisie #Maghreb #Sécurité_alimentaire

  • L’UMA rattrapée par l’histoire d’un gazoduc

    Tags : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie, Union du Maghreb Arabe, UMA, Gazoduc, Sahara Occidental,

    Le passé rattrape toujours le présent. Il le rattrape nous dit-on, lorsque la compréhension nous échappe. Si l’on part de cet énoncé, on peut aussi déduire que le passé n’est jamais bien loin de nous. L’union du Maghreb est un projet des peuples libres de la région. Platon autrefois, définissait l’esclave par ces mots : « Un être qui exécute les projets conçus par d’autres ». On sait qu’un authentique projet trouve toujours son point de départ dans l’élan de ses élites. Toutefois, ni l’élan, ni l’impulsion et encore moins le désir ne réalisent un projet. Le projet suppose la vision d’un but clair, net et précis. Même s’il est vrai que le modèle déjà existant de la communauté économique Européenne (CEE) est pour beaucoup dans cette histoire. Le projet appelé, l’union du Maghreb arabe (U.M.A) assure se fonder sur un détour par l’histoire, qui serait particulièrement instructive à ce sujet si l’on s’acquitte d’un détour dans cette même histoire commune.

    L’Union Maghrébine, une revendication des mouvements nationaux.

    Évoquer en quelques lignes l’historique des mouvements nationalistes d’Afrique du Nord pendant la période coloniale mondiale serait en soi une tâche inutile puisque d’excellents ouvrages ont retracé cette histoire. Ainsi, les premières tentatives modernes sont liés aux au déballage du nationalisme arabe à l’aube du XXe siècle en exil notamment les Jeunes Tunisiens dont Ali Bach Hamba qui crée en 1916, le Comité de libération du Maghreb arabe. Mais, c’est, le rôle précurseur de l’Etoile nord-africaine (ENA) qui va porter les espoirs des masses sédentaires et paysannes, et en provoquant la prise de conscience des populations du Maghreb et l’indépendance de l’Algérie à partir de 1926.Les nationalistes algériens, marocains, et tunisiens se retrouvent au Caire où se tient le 1er congrès du Maghreb arabe du15 au 22 février 1947. Parmi les plus connus d’entre eux : Khider, Ben Bella, Ait Ahmed pour l’Algérie ; Salah Ben Youssef, Tayeb Slim, Rachid Driss, Brahim Tobal, pour la Tunisie et, pour le Maroc, l’émir Abdelkrim, Allal El Fassi, Ben Mellih, Majid Bengelloun. Une année plus tard, en janvier 1948, un « Comité de libération du Maghreb arabe » est créé sous l’égide de l’Émir Abd el Krim el Khattabi, Bourguiba secrétaire général et Ben Abboud trésorier.

    L’action politique à cette époque visait deux objectifs : mobiliser les forces du panarabisme contre le colonialisme et obtenir l’appui des Nations Unies. Mais, le grand mythe de l’unité de la Nation arabe a longtemps obscurci l’histoire réelle des rapports entre la Ligue arabe et les nationalismes maghrébins. Ce mythe a suscité des représentations fausses et illusoires.

    Le projet avant-gardiste de la conférence de Tanger en 1958.

    Enfin, en 1958, la révolution algérienne lance le projet de la conférence de Tanger entre les chefs des mouvements nationaux du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie dans le but d’entamer la création de cette union. Algériens, Tunisiens et Marocains, ont donc posé les premiers jalons de l’idée moderne d’une union Maghrébine.

    L’appel lancé à la conférence de Tanger le 27 au 30 avril 1958 qui occupe la place centrale dans le projet maghrébin. Ferhat Abbas, Abdelhafid Boussouf, Abdelhamid Mehri, ont représenté le FLN à cette conférence. Notons que, c’est Allal El Fassi, Ahmed Balafrej, Abderrahim Bouabid et Mehdi Ben Barka qui ont représenté le coté Marocain. Il est utile de rappeler que Mehdi Ben Barka, était enlevé le 29 octobre 1965 au boulevard Saint-Germain à Paris, puis assassiné ce jour là. Mais Son corps n’a jamais été retrouvé.

    Le retour à la période médiévale dans le projet d’union.

    D’une manière malencontreuse, et contrairement à l’optimisme qui prévaut à l’époque, l’esprit de Tanger ne durera pas après la mort du sultan Mohamed V. Dès 1962 apparaîtront les premières entraves au processus d’unification avec cette inutile guerre des Sables entre l’Algérie et le Maroc, en octobre 1963. Le contexte d’un Maghreb post-indépendance accompli en 1962 accouche d’un projet tout nouveau tout beau. À vrai dire, c’est une thèse Médiéviste, elle nous renvoie à la moitié d’un limpide onzième siècle. Tout en essayant de nous expliquer que dans l’histoire du Maghreb, les deux plus grandes tentatives d’une union de construction étatique, sont enregistrées au temps des Moravides (1040-1147) et Almohades (1147-1269). La question se pose, le Maghreb a-t-il constitué une la nation Maghrébine à cette époque ? Ainsi Cette thèse hybridée à un islamisme qui ne dit pas son nom, l’idée moderne d’une union maghrébine n’est pas tout à fait ce qu’on croit, puisque le projet d’union avait déjà existé selon cette thèse, sauf qu’il fallait maintenant, l’actualiser au temps présent. A première vue, la monarchie Marocaine dans ce cas d’union avec Marrakech comme capitale au contraire des autres républiques de la région, s’est investie dans la production et la réactualisation de son propre dispositif de légitimation. Pourtant, cette thèse ne justifie pas l’appellation union arabe puisque la première tentative est celle d’une dynastie berbère sanhajienne du sud, actuelle Mauritanie. La deuxième tentative des Almohades est celle des berbères Masmoudas dont le véritable fondateur et le chef mythique Abd-El-Moumène Ben Ali Agoumi né à Tejra entre Honaine et Nedroma en Algérie.

    Cependant, cette thèse est accepté par les élites politiques maghrébines parce qu’il faut comprendre que la période médiévale est présentée comme la base historique de la légitimation du combat national et d’indépendance. Certes, avec une place différente suivant les pays. Donc, il n’est guère étonnant que les élites des États issus de la décolonisation au Maghreb: aient produit un contre-récit valorisant l’inverse du discours colonial qui est la période médiévale.

    L’union maghrébine et le gazoduc Maghreb-Europe.

    La Tunisie est seule parmi les pays arabes, à reconnaître rapidement l’indépendance de la Mauritanie en 1960 et vote en faveur de son admission à l’Onu. Le Maroc ne l’accepte qu’en 1970 grâce aux efforts diplomatiques du feu Houari Boumediene, notamment avec l’échange d’ambassadeurs. Le problème technique de la « borne 233 » entre la Tunisie et l’Algérie est vite réglé en 1970. D’un autre coté, les accords entérinant les frontières issues de la colonisation entre le Maroc et l’Algérie se concrétisent en juin 1972. Ces accords sont ratifiés par Alger en mai 1973. Cependant, Rabat ne le fera que bien plutard en mai 1989. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? La mise au point se trouve dans le rapprochement entre Rabat et Alger sur la question de la création de l’union Maghrébine arabe. Il faudrait donc faire le lien entre ces deux événements dans la même année et bien évidemment le sommet de Zéralda moins d’une année auparavant. Bref, la fête pouvait commencer une fois le rapprochement concrétiser ! L’édification officielle du projet de l’UMA, s’est faite le 17 février 1989. L’UMA tiendra six sommets et adoptera bon nombre de conventions, mais ses activités seront totalement gelées en 1995 après une nouvelle crise entre Rabat et Alger, traduite comme on le sait par la décision du Maroc d’imposer des visas d’entrée aux Algériens et la fermeture par l’Algérie des frontières terrestres entre les deux pays.

    Certes, l’U.M.A répond à une volonté de renforcer les liens de fraternité qui unissent les Etats membres et leurs peuples. Mais, cette union Maghrébine arabe jusqu’à preuve du contraire, n’est pas ce qu’on peut appeler une réelle union homogène et cohérente. Elle est plutôt un rapprochement stratégique entre l’Algérie et le Maroc. En effet, le gazoduc Maghreb-Europe est une preuve d’un réel engagement de l’Algérie envers l’union des peuples et pays du Maghreb. Et pour savoir si cet engagement en valait la peine. Apparemment, il n’y avait qu’un seul moyen de le vérifier : Laisser le temps au temps. Après, un essai de 25 années. Peut-on alors penser que le Maroc a été rattrapé par ses vieux démons du moyen âge ?

    Accompagnons le bluffeur jusqu’à la porte de sa maison.

    Le gazoduc Maghreb-Europe (GME) fait partie des projets de réseaux transeuropéens (RTE) prioritaires qui ont été approuvés en décembre 1994. Cette infrastructure jouait un rôle important pour l’économie du Maroc aussi, puisque le gazoduc Maghreb-Europe alimentait d’abord la production d’électricité marocaine avant d’arriver à la destination finale qui est l’Espagne. Le contrat de ce gazoduc, a pris fin après 25 longues années, le 31/10/2021. Il n’a pas été reconduit.

    Il faut rappeler que ce grand projet d’union maghrébine n’a guère évolué depuis sa création en 1989. Rappelons que l’union Maghrébine arabe (U.M.A) est d’abord un rapprochement avant d’être une union étroite entre cinq pays de façon à former un tout homogène ou à faire plus qu’un tout harmonieux. Le premier sommet de ce projet, le 10 juin 1988 à Zéralda en Algérie formule dans son texte que la concrétisation du projet d’ensemble régional se fera par un « regroupement économique » et non pas par une union politique au grand dam du projet insurmontable du « Guide » libyen. Ce dernier a d’ailleurs, préféré s’aventurer vers un projet vide nommé : l’union des pays du sahel et du Sahara en 1997. On le voit bien, dés le début, le but n’est pas clair. Il faut me croire sur parole, dit le menteur. Pour la Tunisie et la Mauritanie, il s’agissait de profiter de l’opportunité que le temps leur offrait. Pour le Maroc, on peut affirmer aujourd’hui, qu’à la base, le royaume chérifien ne briguait que le versant économique ou plutôt commercial du projet de l’union.

    Depuis 1989, le volume des échanges entre États du Maghreb est très faible. Il ne dépasse guère les 5 %. Pour aller plus loin, il fallait mettre sur pied un projet de « marché commun maghrébin » disent certains. Mais, celui-ci n’était pas d’actualité et même jusqu’à aujourd’hui. Hormis entre la Tunisie et l’Algérie, il n’y a aucune mesure de libre circulation. Là où les réticences se manifestent le plus, c’est entre le Maroc et l’Algérie, notre pays pensait qu’il n’y gagnera rien dans ce rapprochement. On peut affirmer aujourd’hui, qu’il avait raison. Cependant, pour l’Algérie un gazoduc Maghreb – Europe (GME) opérationnel depuis 1996, « était un pari sur l’avenir et une preuve de notre réel engagement envers les peuples maghrébins », confirme lundi dernier un responsable Algérien. Tout en ajoutant, que sa réalisation était « une expression tangible et réaliste de notre profonde conviction concernant l’importance de la fusion régionale et de la valeur ajoutée que représentent ces infrastructures réalisées pour la complémentarité maghrébine. En contrepartie, le Maroc, s’est engagé dans cette union à accepter que le conflit bien évidemment politique du Sahara Occidentale doit se régler dans les offices des nations unis (O.N.U). En 1991, le roi Hassan II, accepte un référendum d’autodétermination tout en le rangeant dans un tiroir, après avoir récupéré ses centaines de prisonniers détenus par le Polisario. D’ailleurs, la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été créée dans ce sens par la résolution 690 du Conseil de sécurité en date du 29 avril 1991, suite à l’acceptation des propositions de règlement par le Maroc et le Front POLISARIO, le 30 août 1988 et donc moins de trois mois après le sommet de Zéralda à Alger. Apparemment, la république Algérienne s’adonnait « inéluctablement » à appliquer l’adage bien de chez nous : « Accompagne le bluffeur jusqu’à la porte de sa maison».

    Pour conclure, certains aiment radoter le proverbe juif : « C’est un grand art que de vendre du vent ». Mais attention là, il s’agit des peuples de la région du Maghreb. Amadouer les peuples a des limites. Voila pourquoi un détour historique était inévitable. Ce projet de l’union du Maghreb arabe est quasiment incomparable à celui de l’union Européenne. Cette U.M.A a beau être un projet pour les cinq pays de la région. Hélas, le Maroc n’était pas à la hauteur de l’ambition historique et stratégique que représente cet immense projet pour le grand Maghreb. Il est donc présumable que, le boiteux projet d’union déclenché en 1989 est bel et bien mort et enterré.

    Par Al-Mecherfi.

    Karim OULDENNEBIA

    Bel-Abbès Info, 08 Novembre 2021

    #Maghreb #UMA #Maroc #Algérie #Tunisie #Mauritanie #Libye #Sahara_Occidental

  • Tunisie: Un tunnel vers la résidence de l’ambassadeur français?

    Tunisie: Un tunnel vers la résidence de l’ambassadeur français? – Le ministère de l’Intérieur enquêterait sur l’affaire.

    La Tunisie a découvert un tunnel près de la résidence de l’ambassadeur de France dans la capitale Tunis, a déclaré mercredi le ministère de l’Intérieur du pays.

    Dans un communiqué, le ministère a déclaré que le tunnel a été creusé dans une maison fréquentée par un extrémiste dans la banlieue de La Marsa.

    Le ministère a indiqué qu’il avait ouvert une enquête sur cet incident.

    La déclaration n’a pas fourni de détails supplémentaires sur l’individu ou le groupe qui a creusé le tunnel.

    Une dénonciation a alerté les services de sécurité d’activités suspectes dans la maison de La Marsa, une banlieue côtière de la capitale tunisienne, Tunis, où réside également l’ambassadeur de France, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

    Un raid ultérieur a découvert le tunnel. Le communiqué du ministère ne précise pas à quel point la maison est proche de la résidence de l’ambassadeur de France.

    Un extrémiste connu fait partie des personnes qui ont fréquenté la maison qui a été perquisitionnée, a indiqué le ministère. Il n’a pas dit s’il y avait eu des arrestations.

    L’ambassade de France a déclaré qu’elle n’avait aucun commentaire. La rue devant la résidence de l’ambassadeur était calme mercredi matin.

    Les autorités tunisiennes ont déjoué un certain nombre de cellules terroristes au cours des derniers mois.

    La dernière attaque terroriste majeure en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque le groupe terroriste Daesh/ISIS a attaqué un poste de la Garde nationale tunisienne dans la ville de Ben Gardane, tuant au moins 12 soldats.

  • France: La pandémie réduit les visas de regroupement familial

    France: La pandémie réduit les visas de regroupement familial – Les regroupements familiaux ont baissé de 35% en France durant l’année 2020

    Les regroupements familiaux ont baissé de 35% en France durant l’année 2020. C’est ce que révèle l’étude annuelle de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) parue ce jeudi 28 octobre. La raison de cette dégringolade est relative à la crise sanitaire liée au coronavirus, indique la même source.

    La crise sanitaire qui a secoué le monde particulièrement en 2020 a eu des répercussions néfastes sur plusieurs domaines. Pratiquement aucun secteur n’a été épargné. Le flux migratoire vers les pays européens et américains n’a pas été en reste. Il a été en effet durement impacté.

    L’étude annuelle de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) rendue publique jeudi dernier indique en effet que l’arrivée des migrants dans les 25 pays membres de l’organisation a baissé de 30 %.« La baisse des flux d’immigration a largement dépassé les 50 % si l’on ne prend pas en considération les changements de statut », souligne la même source.

    L’ensemble des pays de l’OCDE ont été touché par cette situation avec toutefois des degrés différents. Avec 230.000 « nouveaux immigrés » enregistrés en 2020,la France a connu une baisse de 21 %, selon l’OCDE.

    « Toutes les catégories d’immigration permanente ont diminué en 2020 »

    Dans ce pays, principale destination des Algériens et des populations des pays du Maghreb, « toutes les catégories d’immigration permanente ont diminué en 2020 », soutient l’organisation. Cette dernière fait remarqué néanmoins que les migrations familiales, traditionnellement premier moteur des déplacements, ont enregistré la baisse « la plus importante ». Soit plus de 35 % de diminution, relève le OCDE dans son rapport annuel.

    Cette chute qu’a connu le flux migratoire a par ailleurs impacté le monde de travail en France et ailleurs, indique encore la même étude. Il est utile de souligner que plusieurs secteurs économiques puisent leurs mains d’œuvre fans l’immigration. Le coronavirus « a mis fin à dix années d’amélioration continue de la situation des immigrés sur le marché du travail », note, en outre, l’Organisation de Coopération et de Développement économiques

    Algérie-expat, 30/10/2021

  • Réunion à Nouakchott des chefs d’état-major des 5+5

    Réunion à Nouakchott des chefs d’état-major des 5+5 avec pour ordre du jour l’étude et l’évaluation de la situation sécuritaire et pandémique prévalant en Méditerranée Occidentale

    La 13e réunion des chefs des état-major des armées des pays membres de l’Initiative « 5+5 Défense » s’est tenue mercredi dans la capitale mauritanienne Nouakchott par visioconférence, avec pour ordre du jour l’étude et l’évaluation de la situation sécuritaire et pandémique prévalant en Méditerranée Occidentale, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    « Dans le cadre du plan d’action de l’Initiative «5+5 Défense» au titre de l’année 2021, s’est tenu, ce jour mercredi 27 octobre 2021, par visioconférence à partir de Nouakchott en Mauritanie, la 13e réunion des chefs des état-major des Armées des pays membres de l’Initiative «5+5 Défense», et qui a connu la participation de Hautes Autorités militaires de l’Algérie, l’Espagne, la France, l’Italie, la Libye, Malte, la Mauritanie, le Maroc, le Portugal et la Tunisie », précise la même source.

    « Cette rencontre présidée par le chef d’état-major général des Armées mauritaniennes, le général d’armée Mohamed Bamba Meguett, a vu la participation du général-major Kaidi Mohamed, chef du Département emploi-préparation de l’état-major de l’Armée nationale populaire, en sa qualité de représentant de Monsieur le général de corps d’armée Chanegriha Saïd, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire », ajoute le communiqué.

    Cette réunion a permis aux délégations participantes « d’étudier et d’évaluer la situation sécuritaire et pandémique prévalant en Méditerranée Occidentale, à travers l’échange d’analyses et d’expériences relatives aux menaces et défis rencontrés par les pays membres de l’initiative «5+5 Défense» », souligne le communiqué.

    Lors de son intervention, le chef du Département emploi-préparation de l’état-major de l’Armée nationale populaire, a souligné « la nécessité de conjuguer et d’intensifier les efforts, dans un esprit de coopération sécuritaire multilatérale, empreint de réalisme et de franchise entre les pays membres de l’Initiative, en vue de faire face, de manière responsable, aux différents défis menaçant notre espace géographique ».

    Il a également tenu à préciser que « l’Algérie, fidèle aux fondements de sa politique extérieure de bon voisinage, demeure entièrement disponible à contribuer à l’effort international et régional de lutte contre la menace terroriste et le crime organisé transfrontalier ».

    Au terme de son intervention, il a insisté sur « l’attachement du Haut Commandement de l’Armée nationale populaire à préserver et à consolider davantage cet important forum de coopération ».

    L’actualité éco, 27/10/2021

  • Pourquoi le silence de la Turquie sur la Tunisie

    Pourquoi le silence de la Turquie sur la Tunisie. L’équilibrisme turc en Tunisie reflète sa politique axée sur les intérêts dans le voisinage méridional de l’Europe.

    Alors qu’Ankara s’efforce de renforcer ses liens avec les pays du Maghreb, elle a opté pour une rhétorique mesurée sur la récente prise de pouvoir de Saïd.

    La Turquie a adopté un langage modéré à l’égard du récent coup de force du président tunisien Kais Saied et a évité de le qualifier de coup d’État, tout en sachant que le cours des événements pourrait mettre en péril ses politiques en Afrique du Nord.

    La Turquie a révisé son approche à l’égard de la Tunisie après que les partis laïques sont devenus plus importants dans la politique tunisienne après les élections de 2014. Cet ajustement politique a consisté à tendre la main aux partis laïques d’une part, tout en conservant des liens étroits avec le parti islamiste Ennahda d’autre part – une approche conforme aux efforts d’Ankara pour renforcer ses liens avec les pays du Maghreb, et qui recoupe les efforts de normalisation en cours entre Ankara et les capitales arabes.

    L’Allemagne et les autres États européens devraient y voir une occasion d’encourager la désescalade régionale et de contribuer à un dialogue régional constructif.

    Après que Saied a limogé le gouvernement tunisien en juillet, suspendu le parlement et pris un pouvoir quasi total, d’autres partis politiques l’ont accusé d’avoir organisé un coup d’État, tandis que de nombreux Tunisiens – épuisés par une situation économique qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19 – sont descendus dans la rue et ont fait la fête.

    Étonnamment, la Turquie a réagi avec plus de prudence qu’elle ne l’avait fait lorsque le coup d’État militaire de 2013 en Égypte a chassé le président Mohamed Morsi. Dans un premier temps, les représentants du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), ont fortement critiqué la démarche de Saied, mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a adopté un ton plus doux après s’être entretenu avec le président tunisien, se contentant d’appeler à un retour aux activités du parlement. Ankara cherche clairement à éviter toute confrontation qui pourrait mettre en péril ses relations avec la Tunisie.

    Une diplomatie intense

    Ce n’est pas la première fois que la Turquie opte pour une rhétorique mesurée dans sa politique envers la Tunisie. L’accession d’Ennahda au pouvoir lors des élections de 2011 a motivé l’AKP à remodeler sa politique tunisienne en fonction de ses affinités politiques avec le parti. Cette politique post-soulèvement arabe s’est alignée sur la stratégie régionale d’Ankara, qui se concentrait principalement sur la formation de partenariats avec des partis politiques alignés sur la fraternité musulmane.

    Ces années ont marqué une période d’intense diplomatie entre la Turquie et la Tunisie, qui a abouti à la signature d’une série d’accords de coopération, dont le traité d’amitié et de coopération de 2011 et la création en 2012 d’un conseil de coopération stratégique de haut niveau axé sur la sécurité et la défense.

    Cet élan diplomatique a également permis de renforcer les relations économiques. La Turquie et la Tunisie avaient déjà établi un accord de libre-échange en 2005, mais le processus de levée des barrières commerciales sur de nombreux biens a été entièrement achevé en 2014.

    Pourtant, les élections de 2014, tant présidentielles que parlementaires, ont modifié l’équilibre de la politique tunisienne en faveur des partis laïques et prouvé que le paysage politique est multipolaire, comprenant une polyphonie de voix. Les partis laïques bénéficient d’un solide soutien populaire, ce qui nécessite une recherche constante de consensus politique. Cela a obligé la Turquie à développer un réseau plus large d’acteurs sociaux et politiques, y compris les forces laïques, et a conduit à un changement dans l’approche de la Turquie vis-à-vis de la Tunisie.

    Une autre dynamique qui a poussé la Turquie à remodeler sa stratégie a été la critique croissante de la Tunisie sur les politiques régionales d’Ankara et leurs implications pour la Tunisie. La critique la plus sérieuse était centrée sur la question des combattants tunisiens en Syrie, en Irak et en Libye ; en 2015, le ministre tunisien des Affaires étrangères a accusé Ankara de faciliter le transit de ces combattants, présentant des problèmes de sécurité pour les autorités tunisiennes.

    Un paysage politique en mutation

    Ennahda est aujourd’hui encore plus sous le feu des projecteurs car il est accusé de recevoir des financements étrangers, de ne pas empêcher la violence politique et la corruption, et d’entretenir des relations étroites avec la Turquie au-delà des canaux diplomatiques officiels.

    Les relations chaleureuses du cofondateur du parti, Rached Ghannouchi, avec l’AKP ont suscité de nombreuses controverses en Tunisie. L’année dernière, Ghannouchi a fait l’objet de critiques massives après avoir voyagé pour rencontrer Erdogan sans en informer les autorités compétentes, ce qui a été perçu par ses opposants en Tunisie comme un dépassement de ses prérogatives en tant que président du parlement.

    L’évolution du paysage politique a également affecté les relations économiques entre la Tunisie et la Turquie. Face à un déficit commercial croissant, les deux pays ont négocié pour modifier les termes de leur accord de libre-échange. Ankara considère donc que ses relations économiques avec la Tunisie sont fragiles, ce qui souligne la nécessité d’une politique bilatérale plus équilibrée.

    Après la victoire du parti laïc tunisien Nidaa Tounes aux élections de 2014, Ankara a montré sa volonté d’approfondir les relations sous le nouveau président et le nouveau gouvernement, en félicitant Béji Caid Essebsi pour sa victoire à la présidentielle. En mai 2016, le Premier ministre tunisien Habib Essid s’est rendu en Turquie.

    Les efforts diplomatiques pour tisser des liens avec les nouvelles forces politiques dirigeantes se sont intensifiés, notamment en termes de coopération sécuritaire. La Turquie a reformulé son engagement en Tunisie en visant à stimuler le rôle de la Turquie dans la modernisation militaire et le marché des armes de la Tunisie.

    En 2017, les deux pays ont signé une série d’accords qui ont ouvert la voie au transfert de technologie et à la coopération militaire. L’année dernière, le ministère de la défense tunisien a signé un contrat avec Turkish Aerospace Industries pour l’achat de drones de moyenne altitude et longue endurance. La Tunisie est devenue le plus gros acheteur de véhicules blindés de la Turquie au Maghreb.

    Un acte équilibré

    L’objectif de l’engagement de la Turquie est de renforcer ses liens géostratégiques et géoéconomiques avec les pays du Maghreb. Ankara est donc désireuse de coopérer avec les pays de la région sur les questions économiques et de sécurité, et l’acte d’équilibrage de la Turquie en Tunisie reflète sa politique axée sur les intérêts dans le voisinage méridional de l’Europe.

    Mais la Turquie est confrontée à un dilemme dans son acte d’équilibrage. D’une part, l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, continue d’entretenir des relations étroites avec Ennahda, mais d’autre part, il présente la Turquie comme un allié régional bipartisan et fiable qui peut offrir un soutien dans des domaines stratégiques, tels que la sécurité. Les forces laïques en Tunisie perçoivent le soutien de la Turquie à Ennahda comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays, ce qui empêche un changement substantiel de la politique régionale de la Turquie.

    La deuxième limite est le manque d’alliés de la Turquie. Les relations de la Turquie avec ses partenaires occidentaux et régionaux ont connu des hauts et des bas ces dernières années. La Turquie a récemment commencé à désamorcer les tensions avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tout en cherchant à réparer les relations détériorées avec l’Occident.

    Les réajustements de la Turquie suggèrent qu’Ankara est consciente de la nécessité d’un changement dans sa politique régionale. Mais les effets de cette stratégie de normalisation sont limités, et elle devrait être complétée par un cadre de coopération pour contribuer à la stabilité régionale.

    De leur côté, les partenaires européens devraient surmonter leur réticence à collaborer avec la Turquie en Méditerranée. L’Europe devrait capitaliser sur cette opportunité et encourager l’approche diplomatique de la Turquie. La réponse officielle de la Turquie, qui appelle à la restauration de la légitimité démocratique en Tunisie, est conforme à celle de l’Union européenne et de ses États membres – un bon point de départ pour trouver un terrain d’entente en vue de renforcer la stabilité en Méditerranée.

    Avec l’intérêt décroissant des États-Unis pour la Méditerranée, le rôle de l’Europe dans la région est devenu encore plus important. Si l’UE souhaite influencer et remodeler la dynamique régionale dans son voisinage méridional, les décideurs politiques devraient s’engager davantage, tant sur le plan politique qu’économique, afin d’éviter les risques liés à la polarisation et à l’inimitié régionales.

    Une version plus longue de cette chronique a d’abord été publiée par l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP).

    Nebahat Tanriverdi , Hurcan Asli Aksoy

    Middle East Eye, 27/10/2021

  • Redéploiement géostratégique de la diplomatie algérienne

    Redéploiement géostratégique de la diplomatie algérienne. Tout a commencé en février 2020 avec le discours de Tebboune au Sommet de l’UA

    Tout a commencé en février 2020, lorsque le président de la République, Abdemadjid Tebboune, avait livré un discours historique à Addis Abeba, prononcé devant les Chefs d’Etat des pays africains participants au Sommet de l’Union africaine (UA), annonçant le grand retour de l’Algérie sur le Continent noir. Un discours révélateur d’une nouvelle ère de la diplomatie algérienne et d’une nouvelle donnée géostratégique, celle du repositionnement de l’Algérie sur la scène régionale, continentale et mondiale.

    Depuis ce discours du chef d’Etat, la diplomatie algérienne, dirigée par l’ex-ministre des Affaires étrangères Boukadoum puis par le chevronné ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a retrouvé sa place dans le monde. Dans le Bassin méditerranéen, le Grand Maghreb, le Sahel, l’Afrique et le Proche-Orient, toutes ces zones géostratégiques ont fait l’objet d’une nouvelle reconquête de la diplomatie algérienne. L’Algérie est aujourd’hui un pays médiateur dans la crise opposant l’Ethiopie, Soudan et l’Egypte autour de l’exploitation du Grand Nil. Aussi, la diplomatie algérienne joue un rôle capital dans les crises et conflits en Libye, au Yémen, au Mali, au Niger, en Tunisie, où elle a arrivée même à créer un équilibre géopolitique. L’Algérie, pays stabilisateur par excellence, est devenue également un pays clé pour de nombreuses Nations. Elle est déjà convoitée et sollicitée par de nombreux pays et organisations internationales pour de nouvelles relations politiques, économiques, commerciales et surtout stratégiques.

    Ce nouvel élan diplomatique et géopolitique de l’Algérie a été marquant lorsque le pays s’est engagé, en janvier 2020, dans la crise libyenne pour trouver une issue politique, loin des armes, au conflit opposant les deux parties, d’un côté le général Khalifa Haftar, chef suprême de ce qu’on appelle l’Armée nationale libyenne (ANL), et son rival de Tripoli, le Président légitime du Parlement libyen, Aguila Salah.

    L’engagement de l’Algérie pour protéger la Libye d’un sale bourbier a permis, surtout, de rebondir haut et fort la crise libyenne sur la scène internationale, après un laisser-aller de la communauté internationale de plusieurs années. Forte de son passé très honorable dans la médiation dans les conflits armés et de sa diplomatie aguerrie dans le traitement des tensions et guerres, en plus d’être une force majeure sur le plan régional avec une armée qui ne cesse de glaner de l’expérience et de puissance, l’Algérie est désormais un pays important dans la médiation internationale. Ce fut le cas des conflits du Yémen et de l’Ethiopie, où la diplomatie algérienne est en train de jouer le rôle de médiateur. L’Algérie, ce pays médiateur qui sait apporter et ajuster de l’équilibre dans ses relations avec le monde entier, fait déjà l’objet d’une grande admiration dans le monde, d’ailleurs, les récents propos livrés par l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Algérie, John O’Rourke, à Alger, sont une preuve à l’appui.


    En effet, l’ambassadeur de l’UE a déclaré, en janvier 2020 à Alger, sa grande admiration du rôle qu’est en train de jouer la diplomatie algérienne notamment, dans le dossier libyen où l’habilité et la détermination de la diplomatie algérienne pour mettre fin à la guerre en Libye ont été fortement appréciées. Et c’est cette admiration et cette grande capacité que la Mauritanie a dépêché son ministre des Affaires étrangères pour s’ouvrir à l’Algérie dans l’espoir de trouver ce qu’elle n’a pas trouvé chez le Maroc.

    Aujourd’hui, l’Algérie est devenue un pays clé pour de nombreuses Nations en quête d’une nouvelle approche géostratégique pour défendre leurs intérêts.
    Sofiane Abi

    La Nouvelle République Algérie, 25/10/2021

  • Tourisme: la Tunisie et le Maroc attendent 2022 avec impatience

    Tourisme: la Tunisie et le Maroc attendent 2022 avec impatience. À l’heure des bilans, en Tunisie comme au Maroc, l’humeur est morose : la saison 2021 n’a fait que redonner un peu d’oxygène à un secteur ravagé par le Covid-19.

    Haykel Akrout est directeur du luxueux Bel Azur depuis plus de vingt ans. Il fait visiter fièrement cet hôtel avec piscines et thalasso, en surplomb de la plage à Hammamet, la célèbre ville balnéaire tunisienne. « 2021 est mieux que 2020. Mais ça reste deux fois moins bien que 2019, à cause des contraintes » liées au Covid-19, dit-il.

    Après une flambée épidémique en juillet, son hôtel de 1 000 lits a dû réduire de moitié sa capacité et la Tunisie s’est retrouvée en zone rouge pour toute l’Europe, d’où proviennent ses touristes habituels, surtout français, allemands et italiens.

    Comme tous les Russes rencontrés au Bel Azur, Elena Bakurova a choisi le pays du jasmin pour le « très bon prix payé » pour ce « superbe endroit ». Venue de Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe pour fêter ses 44 ans, elle « voulait aussi découvrir l’Afrique ». Yanis Merabti, un ouvrier lyonnais de 28 ans, a aussi opté pour la Tunisie « pour une question de prix ». Mais pas seulement. « On vient tous les ans avec ma mère. La France n’est pas comme ça en octobre. On ne peut pas trouver la plage, le soleil, il fait froid. »

    Avec un hôtel rempli à 30 %, dont 130 Russes, « on parle de survie, on n’est pas du tout dans un contexte de rentabilité », déplore M. Akrout. La saison 2021 a connu « un très léger mieux. Mais, par rapport à 2020 (année catastrophique avec une régression de 80 %), on est très loin de l’activité normale avec une augmentation de 11 % cette année », confirme Dora Milad, présidente de la Fédération hôtelière FTH.

    Également dépendant du secteur, le Maroc a connu, après la réouverture des frontières mi-juin, une relative embellie. Le pays comptabilisait plus de 3,5 millions d’entrées fin août contre 2,2 millions un an plus tôt, mais quatre fois moins qu’en 2019 (13 millions).

    Lire la suite depuis la source (L’Union)

  • Zoom sur les défis d’un Maghreb en détresse

    Zoom sur les défis d’un Maghreb en détresse. Il offre un paysage désolant et surtout menaçant, car marqué par nombre de turbulences et d’incertitudes.

    Le Maghreb, notre Maghreb, vit, en ce moment, une situation particulièrement tourmentée. Faisant face à une profonde crise multiforme et multidimensionnelle, il offre un paysage désolant et surtout menaçant, car marqué par nombre de turbulences et d’incertitudes.

    Afin d’attirer l’attention sur la gravité de cette situation, je voudrais jeter la lumière sur les évolutions les plus importantes qui se sont succédé tout au long de l’été dernier, qui a été particulièrement chaud pour l’ensemble des pays maghrébins, tant sur le plan interne que sur le plan bilatéral et régional:

    • Une rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, le 24 août 2021, suivie par la fermeture immédiate le 22 septembre 2021 par l’Algérie de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc.

    • Fermeture, d’une manière impromptue, le 8 juillet 2021, de la part du gouvernement d’unité nationale (GNU) libyen des frontières terrestres et aériennes entre la Libye et la Tunisie – officiellement, pour des raisons sanitaires liées à la propagation du coronavirus, mais officieusement pour des motifs sécuritaires. Cette fermeture des frontières a été à l’origine d’une crispation des rapports entre les deux pays qui a prévalu durant plus de deux mois.

    • Un processus de transition politique qui risque de s’effondrer en Libye en raison des difficultés que rencontre l’organisation des élections générales du 24 décembre 2021, ce qui constitue une menace pour le pays de retomber dans la violence, la confusion et l’incertitude. Le vote du Parlement libyen le 21 septembre 2021 d’une motion de censure contre le gouvernement suscite l’inquiétude, car il risque d’aggraver les tensions entre les camps rivaux de l’est et de l’ouest.

    • Outre qu’ils sont tous confrontés, à différents degrés, à des situations politiques et socioéconomiques plus ou moins difficiles, les pays maghrébins continuent à être durement frappés par la pandémie de Covid-19 qui a mis à nu leurs faiblesses structurelles.

    En outre, le Maghreb fait face, dans son environnement africain et euroméditerranéen, à des défis et même à des dangers qui risquent de compliquer sa situation. Outre ses propres tensions, il se trouve entre deux zones de tensions accrues, l’une au nord, en Méditerranée, et l’autre au sud, au Sahel africain.

    Au nord, c’est-à-dire en Méditerranée, il est nécessaire de surveiller avec vigilance les évolutions et les tendances suivantes:

    • la logique de compétition sinon de confrontation qui est en train de s’installer en Méditerranée, notamment avec les nouvelles stratégies de la Russie et de la Turquie dans la région et précisément en Libye…

    • Le fait que le Maghreb est devenu l’objet d’un intérêt, sans cesse croissant, de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. Le jeu des grandes puissances qui cherchent à préserver leurs acquis dans notre région, pour les uns, ou qui veulent s’y positionner, pour les autres, risque de se faire au détriment de nos pays…

    • Le risque d’importation en Méditerranée, de plus en plus, de crises extérieures, notamment venant du golfe et d’Asie avec de nouveaux acteurs régionaux non riverains de la Méditerranée.

    • Les clivages créés par le problème de l’islam politique qui continue à être soutenu par la Turquie et son allié le Qatar, d’une part, et auquel s’opposent frontalement l’Egypte et ses alliés, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, d’autre part.

    • La normalisation des relations entre le Maroc et Israël qui a avivé la tension avec l’Algérie, d’autant plus qu’en contrepartie de son rapprochement avec Tel-Aviv, Rabat a obtenu la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

    • La volonté du Maroc et d’Israël, selon les dires du ministre marocain des Affaires étrangères, lors de la célébration du premier anniversaire des accords d’Abraham avec les États-Unis et Israël, d’établir un nouvel «ordre régional», dans lequel Israël sera partie prenante plutôt qu’un «outsider dans sa propre région». Et le ministre de préciser que «ce nouvel ordre régional ne doit pas être perçu comme étant contre quelqu’un mais plutôt pour notre bien à tous».

    • Bien qu’il soit incontestable que la stabilité du Maghreb est un impératif pour l’Europe, les Européens ne semblent pas accorder à leurs voisins maghrébins l’intérêt requis et dont ils sont dignes. En effet, l’importance du Maghreb pour eux demeure largement sous-estimée, et ils continuent à ne pas intégrer les pays maghrébins à leur réflexion stratégique globale, comme l’a si bien expliqué Hakim El Karoui. A ce titre, il a pertinemment noté que le plan de relance européen, destiné à assurer la stabilité des membres de l’Union (750 milliards d’euros, la moitié en dons et la moitié en prêts) n’a pas concerné ces pays.

    Quant au sud, c’est-à-dire le Sahel africain, une attention particulière doit être portée aux évolutions suivantes:

    • La multiplication des ingérences extérieures pose de plus en plus un sérieux problème pour la stabilité et la sécurité de la région.

    • L’implication de la société privée Wagner en Afrique, en Libye et en République centrafricaine et surtout la probable signature d’un contrat avec le Mali, constituent des raisons de préoccupation pour certains pays de la région, et surtout pour la France et les pays occidentaux.

    • La disparition soudaine du président tchadien Idriss Deby Itno en avril 2021 et ses conséquences sur son pays et sur le G5 Sahel, pour lequel il s’est tant investi.

    • La montée en puissance des groupes djihadistes dans les pays du Sahel (groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou à l’Etat islamique au grand Sahara (Eigs).

    • La situation difficile sur le plan socioéconomique qui nécessite impérieusement une aide accrue, et un soutien multiforme à la région et à ses pays qui font face à un double défi : la menace sécuritaire et le développement. Le contexte particulièrement difficile dû à la pandémie et à ses conséquences sociales, sanitaires et économiques n’a fait qu’aggraver cette situation.

    • La difficile transition au Mali où la France et la communauté internationale ont fait neuf ans sans résultat, et surtout le fait que Bamako envisage d’avoir recours à la société paramilitaire russe Wagner.

    • La décision du président Emmanuel Macron de réduire la présence militaire française au Mali, de mettre fin à l’opération Barkhane et de procéder au redéploiement des forces françaises au Sahel.

    • La tendance du Maghreb à devenir, de plus en plus, une zone tampon que l’Union européenne cherche à impliquer dans la gestion de la migration africaine vers ses pays.

    Telle est donc la situation complexe et compliquée dont souffre le Maghreb, notre Maghreb. Il va sans dire qu’elle risque de se détériorer encore davantage si rien n’est fait pour y remédier.

    A cet effet, la création d’un contre-courant à toute escalade est une urgence.

    A mon avis, ce sera la tâche des sociétés civiles et des forces de progrès maghrébines qui ont déjà fait preuve de dynamisme ces dernières années.

    Aujourd’hui, plus que jamais, elles sont appelées à être actives et à œuvrer aussi bien individuellement que collectivement, en vue de pousser les pouvoirs politiques dans nos pays à un retour rapide à la raison, à l’apaisement de la tension, à la reprise du dialogue et à la normalisation des relations intermaghrébines en vue d’une relance d’un réel et sincère processus d’intégration qui aidera notre région à sortir de ses difficultés.

    Mohamed Ibrahim Hsairi

    Leaders, 21/10/2021

  • Tunisie-Algérie: réouverture des frontières imminente

    Le député de l’émigration Abdelouahab Yakoubi a annoncé sur sa page Facebook que la réouverture de ces frontières est imminente

    Le député de l’émigration Abdelouahab Yakoubi a annoncé, ce mercredi 20 octobre, une bonne nouvelle concernant la réouverture des frontières terrestres avec la Tunisie. Le parlementaire a affirmé sur sa page Facebook que la réouverture de ces frontières est imminente.

    Fermées depuis plus d’une année et demi à cause de la crise sanitaire liée au coronavirus, les frontières terrestres algéro- tunisiennes seront rouvertes prochainement. C’est en tous cas ce qu’a soutenu le député de l’émigration, Abdelouahab Yakoubi ce mercredi 20 octobre. « Après la levée du confinement nocturne à travers toutes les wilayas du pays, je vous annonce que les autorités procéderont à l’ouverture des frontières terrestres avec la Tunisie dans les tous prochains jours », a affirmé le parlementaire sur sa page Facebook.

    Voilà bien une nouvelle qui ne pourra que réjouir les Algériens qui pourront ainsi rejoindre la Tunisie par voie terrestre avec leurs véhicules. La réouverture des frontières entre les deux pays voisins permettra en outre, aux Algériens qui se trouvent toujours bloqués en Tunisie de regagner l’Algérie.

    Une décision qui se fait attendre

    Il est à noter que l’Algérie a décidé, depuis quelques jours, d’alléger les mesures sanitaires prises pour endiguer et lutter efficacement contre le coronavirus. En plus de la levée du confinement nocturne annoncé avant-hier- lundi, les autorités algériennes ont décidé de renforcer le programme de vols de la compagnie aérienne, Air Algérie. La destination Tunisie a d’ailleurs, été renforcée avec deux nouveaux vols supplémentaires, chaque semaine.

    Les frontières maritimes ont été également rouvertes permettant ainsi à Algérie Ferries de reprendre ses traversées dont la première est prévue d’ailleurs pour demain jeudi 21 octobre vers Alicante, en Espagne.

    Cette série de mesures d’allégement ont été prises suite à l’amélioration de la situation sanitaire liée au Covid-19 enregistrée en Algérie et dans les autres pays.

    Algérie-expat, 20/10/2021