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  • Tunisie-Algérie: Une visite et des attentes

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    Attendue prochainement en Tunisie, la visite du Président Tebboune chez le voisin de l’Est intervient dans un contexte politique très particulier. De prime abord, la visite porte un message clair, le soutien et la solidarité du peuple et du gouvernement algériens avec la Tunisie, «particulièrement en cette étape délicate», comme l’a souligné le président Tebboune lors du dernier entretien accordé à des médias locaux.

    Aussi, cela permettra de casser l’isolement et les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, qui aura l’occasion grandeur nature, d’une visite d’Etat, de montrer au monde que le pays est en voie de retrouver sa stabilité politique avec la formation d’un gouvernement dirigé pour la première fois de l’histoire par une femme, en l’occurrence la Première ministre Najla Bouden. Mais, on n’en restera certainement pas au stade des messages et de la parade médiatique lors de cette visite. Car, la Tunisie a bien besoin de soutiens concrets après les pressions dont elle fait l’objet de la part de la France, des Etats-Unis et du Canada, notamment, en tant que puissances qui peuvent avoir une influence directe sur la Tunisie par le biais de différents mécanismes financiers et diplomatiques.

    Le Président Kaïs Saïed a récemment exprimé à l’ambassadeur américain en Tunisie le mécontentement de son pays après l’inscription de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour des travaux de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-Unis (Congrès), mais cela ne suffit pas à faire changer d’opinion aux membres de la Commission des Affaires étrangères du Congrès US.

    Certains y voient même un «droit de regard» de la politique extérieure US que de disséquer la situation au niveau des pays qui bénéficient de l’aide financière américaine. Voilà où se situe la problématique, la Tunisie bénéficie depuis presque une décennie d’un soutien financier et technique très important de la part des Etats-Unis, visant essentiellement le renforcement de la démocratie et la croissance économique, et les membres de la Commission étrangère du Congrès US estiment qu’ils ont le plein droit d’inscrire la question de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour de leurs travaux pour décider, justement, du maintien ou le retrait de leur aide financière. Pour eux, donc, il ne s’agit nullement d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie.

    Dans ce sens, la prochaine visite du Président Tebboune devrait conforter l’image d’une Tunisie qui avance avec des pas sûrs vers un retour à la normale démocratique.

    Quant à la position de la France, le président français a lourdement influé sur la décision du report du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, qui devait se tenir à l’île de Djerba au mois de novembre prochain et qui a été reporté d’une année, en raison de la situation politique interne en Tunisie, noircie par les opposants tunisiens, eux-mêmes.

    Sous l’influence d’une partie de la diaspora tunisienne, de l’ex-président Moncef El Marzouki, qui ne se cache pas d’avoir contribué au report du sommet en question, la France qui a une influence morale et financière sur l’événement qui regroupe près de 88 chefs d’Etat, a poussé à ce report, alors que certains pays membres ont milité pour remplacer la Tunisie et organiser le sommet le mois prochain.

    La Tunisie en butte à de sérieux problèmes politiques et économiques subit les contrecoups d’une hostilité occidentale qui n’est pas vraiment naturelle. Que peut faire l’Algérie pour aider la Tunisie à dépasser tous les antagonismes ? C’est à cette question que devrait répondre la prochaine rencontre entre les présidents Tebboune et Saïed.

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 16/10/2021

  • Tunisie-Maroc: Le tourisme garde l’espoir pour 2022

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    Les professionnels se préparent à une reprise tout en estimant qu’il faudra « repenser le tourisme ». La Tunisie « ce n’est plus l’image du chameau et la plage seulement. Le tourisme de masse a montré ses limites », estime M. Akrout, appelant à valoriser « des sites magnifiques totalement inexploités ». A la FTH, Mme Milad est du même avis. Elle évoque le Sud, les régions intérieures (Djebel El-Saha) ou les « côtes de Carthage », près de Tunis. Selon elle, le secteur s’est « reposé sur ses lauriers » et son développement exponentiel à partir des années 60.

    Sans oublier que « le tourisme balnéaire représente 80% de la demande mondiale », et sans « éliminer ce qui a été construit », il faut donc une nouvelle « vision », défend-elle. Soleil, mer et sable chaud, tout est réuni ce matin d’octobre à Hammamet pour le plaisir des touristes. Mais à l’heure des bilans, en Tunisie comme au Maroc, l’humeur est morose: la saison 2021 n’a fait que redonner un peu d’oxygène à un secteur ravagé par le Covid-19.

    Haykel Akrout est directeur du luxueux Bel Azur depuis plus de 20 ans. Il fait visiter fièrement cet hôtel avec piscines et thalasso, en surplomb de la plage à Hammamet, la célèbre ville balnéaire tunisienne.

    « 2021 est mieux que 2020 (…) Mais ça reste deux fois moins bien que 2019, à cause des contraintes » liées au Covid-19, dit-il à l’AFP.

    Après une flambée épidémique en juillet, son hôtel de 1.000 lits a dû réduire de moitié sa capacité et la Tunisie s’est retrouvée en zone rouge pour toute l’Europe, d’où proviennent ses touristes habituels, surtout Français, Allemands et Italiens.

    Comme tous les Russes rencontrés au Bel Azur, Elena Bakurova a choisi le pays du jasmin pour le « très bon prix payé » pour ce « superbe endroit ». Venue de Vladivostok, dans l’extrême-orient russe pour fêter ses 44 ans, elle « voulait aussi découvrir l’Afrique ».

    Yanis Merabti, un ouvrier lyonnais de 28 ans, a aussi opté pour la Tunisie « pour une question de prix ». Mais pas seulement. « On vient tous les ans avec ma mère. La France n’est pas comme ça en octobre. On ne peut pas trouver la plage, le soleil, il fait froid. »

    – « Survie » –

    Avec un hôtel rempli à 30%, dont 130 Russes, « on parle de survie, on n’est pas du tout dans un contexte de rentabilité », déplore M. Akrout.

    La saison 2021 a connu « un très léger mieux. Mais, par rapport à 2020 – année catastrophique avec une régression de 80% -, on est très loin de l’activité normale avec une augmentation de 11% cette année », confirme à l’AFP Dora Milad, présidente de la Fédération hôtelière FTH.

    Les bonnes années comme 2019, avec 9 millions de nuitées, le tourisme a représenté jusqu’à 14% du PIB, faisant vivre 2 millions de Tunisiens.

    Egalement dépendant du secteur, le Maroc a connu après la réouverture des frontières mi-juin une relative embellie. Le pays comptabilisait plus de 3,5 millions d’entrées fin août contre 2,2 millions un an plus tôt, mais quatre fois moins qu’en 2019 (13 millions).

    « La reprise a été particulièrement bonne dans les villes balnéaires. Mais elle a été ralentie par les restrictions imposées en août », explique à l’AFP Hamid Bentahar, président de la Confédération du tourisme au Maroc.

    Sous l’effet d’un pic épidémique, le Maroc a durci les restrictions sanitaires en limitant les déplacements vers les pôles touristiques de Marrakech et Agadir (ouest).

    En Algérie, où le tourisme intérieur fournit le plus gros contingent de visiteurs, l’activité des hôtels a « reculé à tout juste 25% (de la normale, ndlr) en raison de la pandémie », qui a connu un pic en juillet, selon le président de la Fédération hôtelière FNH, Ahmed Oulbachir.

    – « Repenser le tourisme » –

    Ces derniers jours, à la faveur d’une forte baisse des contaminations et décès, la Tunisie a été sortie des listes rouges du Royaume-Uni et de la France, qui a pris une mesure identique pour le Maroc et l’Algérie.

    Pour l’hiver 2021, il est « déjà trop tard », estime le directeur du Bel Azur. Mais « c’est comme un gros paquebot, cela va remettre la machine en route » et permettre de « sauver la saison 2022: on pourra signer des contrats avec les tours opérateurs ».

    Les professionnels se préparent à une reprise tout en estimant qu’il faudra « repenser le tourisme ».

    La Tunisie « ce n’est plus l’image du chameau et la plage seulement. Le tourisme de masse a montré ses limites », estime M. Akrout, appelant à valoriser « des sites magnifiques totalement inexploités ».

    A la FTH, Mme Milad est du même avis. Elle évoque le Sud, les régions intérieures (Djebel El-Saha) ou les « côtes de Carthage », près de Tunis. Selon elle, le secteur s’est « reposé sur ses lauriers » et son développement exponentiel à partir des années 60.

    Sans oublier que « le tourisme balnéaire représente 80% de la demande mondiale », et sans « éliminer ce qui a été construit », il faut donc une nouvelle « vision », défend-elle.

    La Croix, 13/10/2021

  • La Tunisie se dote d’un nouveau gouvernement

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    Onze semaines après la prise des pleins pouvoirs par le président, Kaïs Saïed, la Tunisie s’est dotée lundi 11 octobre d’un nouveau gouvernement, a annoncé la présidence dans un communiqué.

    Pour la première fois dans l’histoire du pays, la formation du gouvernement a été confiée à une femme, l’universitaire Najla Bouden, mais celle-ci ainsi que son équipe jouiront de prérogatives considérablement réduites après le coup de force de M. Saïed. Mme Bouden a été nommée le 29 septembre, plus de deux mois après le limogeage, le 25 juillet, du premier ministre Hichem Mechichi par le chef de l’Etat, qui a également gelé le Parlement et pris en main le pouvoir judiciaire.

    Dans un discours lors de la prestation de serment, Mme Bouden, 63 ans, a affirmé que « la lutte contre la corruption sera le plus important objectif » de son gouvernement, qui compte 25 membres outre sa chef. Parmi eux, Samir Saïd, un banquier, a été nommé ministre de l’économie et de la planification. L’avocat Taoufik Charfeddine, lui, retrouve le portefeuille de l’intérieur, dont il a déjà été le titulaire entre septembre 2020 et janvier 2021.

  • Analyse: L’alliance Maroc-Israël et les pays d’Afrique du Nord

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    Ce n’est un secret pour personne que la plupart des pays d’Afrique du Nord n’aiment pas Israël. Lorsque l’État juif a été créé en 1948, aucun pays d’Afrique du Nord ne l’a reconnu. Par conséquent, les Juifs vivant en Afrique du Nord – Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie – ont été contraints de fuir ou sont partis de leur plein gré car ils ne se sentaient plus en sécurité. Entre 1948 et le début des années 1970, on estime que quelque huit cent mille Juifs ont été expulsés ou ont quitté leur patrie arabe.

    L’année 2020 a marqué un tournant pour ce triste chapitre de l’histoire. Le 13 août 2020, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont signé les accords d’Abraham, reconnaissant officiellement l’État d’Israël. D’autres pays à majorité arabe et musulmane ont rapidement suivi le mouvement. Quelques mois plus tard, le 10 décembre 2020, le Maroc a signé un accord de normalisation avec Israël, devenant ainsi le deuxième pays d’Afrique du Nord – après l’Égypte en 1978 avec les accords de Camp David – à reconnaître l’État juif. Israël a également signé un accord avec le Soudan le 23 octobre 2020 dans le cadre de ces accords.

    Si les accords d’Abraham ont rapproché certains pays arabes de l’Occident et d’Israël, ils ont sans aucun doute créé des gouffres avec d’autres. L’accord entre Israël et le Maroc a déclenché une série d’événements en chaîne dans les pays voisins d’Afrique du Nord, qui auront probablement des conséquences durables sur les relations économiques, sécuritaires et sociopolitiques dans la région.

    Israël et le Maroc : plus qu’une relation cordiale

    Les relations entre le Maroc et Israël ont toujours été plus que cordiales. Bien que le Maroc n’ait pas reconnu officiellement Israël avant les accords d’Abraham, il a maintenu des liens informels avec l’État juif et, contrairement à de nombreux autres pays arabes, a autorisé les Israéliens à visiter le pays. Rien qu’en 2020, environ soixante-dix mille Israéliens ont visité le Maroc.

    Le Maroc est l’un des quatre pays de la Ligue arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham. Rabat l’aurait fait en partant du principe que les États-Unis reconnaîtraient les revendications du pays sur le Sahara occidental, un territoire contesté que le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie prétendent leur appartenir depuis 1975, date à laquelle l’Espagne s’est retirée du territoire.

    La relation entre le Maroc et Israël a de fortes racines historiques. Le Maroc a abrité la plus grande communauté juive du monde arabe, dont la plupart sont venus d’Espagne après l’expulsion de 1491 par la monarchie catholique espagnole. Après la création de l’État d’Israël en 1948, de nombreux Juifs marocains ont été contraints d’émigrer vers le pays en raison de la montée de l’antisémitisme dans les villes locales du Maroc. Aujourd’hui, Israël abrite environ un million de Juifs marocains et entretient des liens étroits avec le Royaume.

    Comme mentionné précédemment, Israël et le Maroc ont officialisé leur amitié de longue date – bien que cachée – en décembre 2020, lorsqu’ils ont signé un accord de normalisation garantissant « des relations diplomatiques, pacifiques et amicales complètes » sous le patronage des États-Unis. Alors que le Maroc a tenté de minimiser les accords dans son pays, en affirmant qu’une normalisation complète avec Israël n’était pas envisageable, la communauté internationale a perçu la signature des accords autrement. Il était clair dès le départ que les deux pays avaient opéré un rapprochement diplomatique, renforçant les liens bilatéraux et la coopération dans les domaines du commerce, du tourisme et de la défense. Des vols officiels directs entre Tel Aviv et Marrakech ont même débuté. En juillet, les deux pays ont signé un accord officiel sur la cybersécurité afin de partager les informations, la recherche et le développement en matière de cyberguerre. Le 11 août, le ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, s’est rendu au Maroc, signalant que son gouvernement place ses relations avec le Maroc en tête de ses priorités.

    Les liens maroco-israéliens et ce qu’ils signifient pour l’Afrique du Nord

    Les réactions à la normalisation du Maroc avec Israël ont été mitigées parmi les autres pays d’Afrique du Nord. L’Algérie n’a pas perdu de temps pour instrumentaliser les accords d’Abraham en utilisant une rhétorique agressive et anti-israélienne pour justifier ses différends avec le Maroc. En décembre 2020, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djera a décrié l’accord comme une démarche visant à rapprocher « l’entité sioniste » de la frontière algérienne. Alger a également utilisé l’accord comme bouc émissaire pour expliquer les récents incendies de forêt qui ont dévasté le pays, insistant sur le fait qu’Israël en est à l’origine. Le 25 août, l’Algérie a annoncé sa décision de couper tous les liens diplomatiques avec le Maroc dans le but d’ »éradiquer totalement » le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, qui est un mouvement terroriste qui « reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères… le Maroc et l’entité sioniste », selon Alger.

    En conséquence, l’Algérie a également renforcé son alignement sur la Chine et la Russie. L’Algérie partage des relations bilatérales étroites avec la Russie, notamment en matière de coopération dans le domaine de la défense, et les deux pays se rencontrent régulièrement dans le cadre d’une commission économique conjointe pour discuter des options de partenariat. L’Algérie et la Chine partagent également des liens étroits, comme en témoignent les plans de développement nationaux qu’elle a signés avec la Chine dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » pour stimuler l’industrialisation du pays, entre autres. Il n’est pas surprenant qu’ils aient été signés six mois seulement après que le Maroc a officialisé les accords avec Israël. Dans les années à venir, l’Algérie cherchera probablement à resserrer ses liens bilatéraux avec Pékin et Moscou pour contrer ce qu’elle perçoit comme un complot pro-marocain dirigé par l’Occident sur le Sahara occidental via les accords d’Abraham.

    L’Égypte a, sans surprise, répondu positivement à la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, ayant déjà une relation tiède avec l’État juif. Cependant, il est difficile de prévoir vers qui le Caire se tournera ensuite. L’Égypte et l’Algérie entretiennent traditionnellement de bonnes relations qui remontent au soutien de l’Égypte au Front de libération nationale algérien pendant sa guerre d’indépendance contre la France entre 1954 et 1962. L’Égypte s’intéresse de près aux événements qui se déroulent dans le pays voisin, la Libye, car elle espère voir l’Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar l’emporter dans le conflit. Elle a récemment trouvé un terrain d’entente avec l’Algérie sur la crise libyenne afin de parvenir à une plus grande « stabilité et sécurité » dans le pays. L’accord du Caire avec Alger au sujet de la Libye pourrait inciter l’Égypte à s’opposer au Maroc dans le but de montrer son soutien à l’Algérie, renforçant ainsi leur alliance, étant donné que l’Égypte a déjà soutenu le Front Polisario au sujet du Sahara occidental contesté. L’empressement du Caire à s’intéresser à l’avenir de la Libye pourrait amener l’Égypte à prendre ses distances par rapport à la reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines sur le Sahara occidental.

    La Tunisie, comme la Libye, est trop occupée à gérer ses problèmes intérieurs pour porter son attention sur les Accords d’Abraham. La Tunisie est confrontée à une crise constitutionnelle potentielle après que le président Kais Saied a annoncé le gel indéfini du parlement fin août et tente de centraliser les pouvoirs entre ses mains. En août, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a soutenu les actions de Saied, signalant un alignement entre les deux nations d’Afrique du Nord. Il convient de noter que la Tunisie n’a jamais caché sa désapprobation des accords. Par conséquent, un front anti-Maroc composé de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte n’est pas à exclure.

    Les liens Maroc-Israël : Quelle sera la suite ?

    Le renforcement actuel des liens entre Israël et le Maroc met en lumière, une fois de plus, à quel point l’équilibre en Afrique du Nord est vraiment tendu. Si la reconnaissance d’Israël s’inscrit dans une stratégie plus large menée par les États-Unis, susceptible d’unir plusieurs pays arabes sous un front commun, la réalité est bien plus complexe. Le Maroc est prêt à renforcer ses liens avec Israël, comme en témoigne l’annonce faite en août de l’ouverture d’une ambassade en Israël, mais il devra également faire face à la tâche ardue d’expliquer aux Palestiniens que le Maroc soutient toujours leur cause. Quoi qu’il en soit, il est clair que le Maroc a l’intention d’accroître son importance stratégique sur la scène mondiale, en particulier en Afrique du Nord, et les accords d’Abraham sont le point de départ idéal.
    Par Karim Mezran et Alissa Pavia

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative pour l’Afrique du Nord et membre senior résident du Centre Rafik Hariri et des programmes pour le Moyen-Orient au Conseil de l’Atlantique.

    Alissa Pavia est directrice adjointe de l’Initiative pour l’Afrique du Nord au sein du Centre Rafik Hariri et des Programmes pour le Moyen-Orient du Conseil Atlantique.

    Atlantic Council, 07/10/2021

  • « L’Europe doit revoir ses alliances internationales »

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    Compte tenu des nouveaux défis auxquels l’Europe sera confrontée dans les années à venir, nous ferions bien de revoir nos alliances internationales afin de renforcer celles qui améliorent la productivité et facilitent les canaux par lesquels nous obtenons les matières premières et les différents composants de plus en plus essentiels dans nos vies, comme les micropuces, dont toute l’industrie technologique est devenue si dépendante ces dernières années.

    Le fait est que l’ Asie monopolise tout le gâteau productif ; et l’on sait déjà que l’Asie est entre les mains de la Chine et de la Russie d’une part et des États – Unis et de leurs nouveaux alliés d’autre part (AUKUS). Cette nouvelle alliance qui se passe des Européens misera sur le renforcement de l’ Inde comme base manufacturière capable de concurrencer l’infaillible machinerie de production qu’est la Chine, en plus de sauvegarder ses intérêts à Taïwan et à Hong Kong.

    L’Europe ferait bien de miser sur l’Afrique du Nord comme nouvelle base d’approvisionnement et de production au détriment des entreprises asiatiques, en investissant sérieusement dans la construction d’usines et l’exploitation des matières premières, après un accord politique de haut niveau, comme la création d’une alliance stratégique qui fait de l’espace méditerranéen une puissance commerciale à part entière.

    L’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce s’ajouteraient à la liste des États disposant de leur propre technologie, privilégiant l’investissement et le développement à la productivité et laissant cette dernière à la Turquie, au Maroc, à l’Algérie, à la Tunisie, à l’Égypte… Il me semble que, dans le même temps, nos relations diplomatiques pourraient être améliorées de cette manière. Aujourd’hui, la Turquie et certains pays africains sont séduits par la Russie et la Chine.

    En ne faisant rien, l’Europe se retrouvera sans privilèges lorsqu’il s’agira de négocier ces accords avec nos voisins. Plus grave encore : s’ils finissent par former des alliances avec des régimes communistes, ils pourraient constituer une menace militaire à part entière.

    El Perdiodico, 08/10/2021

  • Le Maghreb en ébullition (Analyse)

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    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Le Maghreb en ébullition -Analyse-

    Maghreb, Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Maghreb, #Algérie, #Maroc, #Sahara_Occidental, #Tunisie,

    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Maroc-Algérie : quel avenir pour leurs relations ?

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    Les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc se sont récemment durcies et leur avenir devient incertain. Dans le même temps, les conditions de vie de la population des pays du Maghreb stagnent malgré les revendications. Le point avec Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS.

    Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et le Maroc ont connu une récente dégradation en août avec la rupture de leurs relations diplomatiques, puis avec l’annonce de l’Algérie de fermer son espace aérien à tous les avions marocains. Comment expliquer et analyser cette rupture au regard de l’histoire des relations entre ces deux pays ?

    Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont historiquement difficiles et froides. Elles sont caractérisées par une rivalité pour le leadership de la région, mais également par des périodes de tensions. On l’a dans un premier temps vu lors du contentieux territorial qui a mené à l’affrontement entre l’armée algérienne et l’armée royale en 1963 lors de la guerre des Sables (1963-1964). Puis, ces tensions se sont cristallisées autour du conflit du Sahara occidental suite au soutien qu’a apporté Alger au Front Polisario qui revendique l’indépendance du territoire disputé entre le Polisario et le Maroc. Ces tensions se sont enfin traduites par la fermeture des frontières terrestres depuis 1994.

    Cependant, on observe une récente dégradation des relations et une rapide escalade des tensions entre les deux États. Elles sont relatives à plusieurs facteurs. Elles tiennent d’abord à la diplomatie unilatérale adoptée par le roi Mohamed VI sur le dossier du Sahara occidental depuis son retour au sein de l’Union africaine en 2017. Cette diplomatie a notamment permis l’ouverture de consulats par certains pays, tels que les Émirats arabes unis, traduisant ainsi la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par une voix unilatérale. La reconnaissance de cette souveraineté a par ailleurs été opérée par Donald Trump, durcissant les relations entre Maroc et Algérie. Puis, elle été effectuée de façon conditionnée, par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, moment diplomatique marquant des nouvelles tensions entre Alger et Rabat. L’escalade s’est en outre accélérée ces derniers mois suite à la déclaration du représentant marocain à l’ONU, Omar Hilal, en juillet dernier, en faveur de ce qu’il considère être le droit à l’autodétermination du peuple kabyle, jouant sur les revendications du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

    D’autres évènements ont également envenimé les relations entre les deux pays : l’affaire d’espionnage Pegasus, ainsi que les propos tenus par le ministre israélien des Affaires étrangères à l’encontre de l’Algérie lors de sa visite au Maroc les 11 et 12 août derniers. Cette situation a particulièrement suscité la colère des dirigeants algériens, considérant ces propos comme une déclaration ouverte d’hostilité envers l’Algérie, en rupture avec les accords signés lors de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) prônant des relations de bon voisinage et d’amitié entre les pays du Maghreb.

    Dans la course à l’hégémonie entre ces deux puissances, ces tensions illustrent-elles un tournant pour le rayonnement diplomatique de ces pays ? Quelles réactions de la part de la communauté internationale ?

    Certes, la course à l’hégémonie régionale reste un mobile de taille pour les deux pays. Alger cherche à réaffirmer son poids dans la région après plusieurs années de repli qui avaient laissé la voie ouverte au rayonnement de Rabat aux niveaux régional et international. La stratégie africaine de Rabat lui a permis de développer des relations et des accords commerciaux avec les groupes régionaux comme la CEDEAO et retourner certains États africains en sa faveur sur le dossier du Sahara occidental. Les accords commerciaux avec l’Union européenne intégrant le territoire disputé sont considérés comme un exploit par Rabat tant pour sa revendication de la marocanité du Sahara occidental que sur son positionnement de leader régional. Un activisme diplomatique qui risque d’irriter Alger et relancer la compétition entre les deux voisins.

    Mais les instabilités régionales, en Libye et au Sahel notamment, exercent beaucoup de pression sur les deux pays, et contribuent également à l’escalade des tensions. L’Algérie et le Maroc sont deux pays pivots de la région Maghreb-Sahel considérés comme des partenaires clés par les puissances internationales afin de garantir la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et enrayer le crime organisé. La montée des tensions entre les deux pays pourrait venir ternir le tableau aux yeux de la communauté internationale, ou tout du moins susciter son inquiétude. De fait, ces tensions pourraient entraver la stabilité régionale, déjà très fragile.

    Toutefois, même si Alger a choisi l’escalade en refusant de renouveler le contrat sur le gaz et en fermant son espace aérien, ces mesures se font avec une certaine retenue. Les deux États ont conscience qu’une telle escalade serait mal vue au niveau international. Ils feront donc tout pour éviter de subir la pression de la communauté internationale.

    Entre relations tendues entre le Maroc et l’Algérie, et une démocratie tunisienne de plus en plus étouffée par son président Kaïs Saïed, quel avenir pour la population de ces pays du Maghreb ?

    Les révoltes de 2011 en Tunisie, au Maroc et le récent soulèvement de la population algérienne depuis février 2019, illustrent une évolution au sein de la population maghrébine : elle est en quête de plus de libertés, de démocratie et de justice. Ces revendications apparaissent lors des manifestations, regroupant une jeunesse plus éduquée et ouverte au monde, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Mais, cette évolution de la société maghrébine se heurte à l’immobilisme des politiques en place, d’une élite vieillissante et des systèmes de gestion économique, politique et sociale obsolètes. Effectivement, la réaction des pouvoirs en place se caractérise la plupart du temps par une absence de réponse, ou bien par quelques réformes institutionnelles et constitutionnelles qui n’apportent pas de changement sur le terrain. Les réformes structurelles, politiques et sociales qui pourraient satisfaire les revendications de ces populations ne voient donc pas le jour.

    C’est le cas au Maroc. En effet, malgré les réformes constitutionnelles en réaction au mouvement de février 2011, le roi dirige le pays d’une main de fer, contrôlant la vie politique, économique et sociale du pays. On observe aussi un retournement de situation en Algérie par rapport au début de la mobilisation, avec une montée en puissance d’une politique répressive sur les militants et la presse. Enfin, la Tunisie voit son président Kaïs Saïed concentrer le pouvoir entre ses mains, prenant le risque d’une dérive autoritaire, allant à l’encontre de l’esprit de la révolution tunisienne.

    Ainsi, face aux revendications démocratiques de ces populations, les pouvoirs en place s’accrochent encore au paradigme sécuritaire, ce qui les rend réticents à conduire leur pays respectif à une démocratisation réelle, à des réformes profondes sur le plan politique, économique et social. Le paradigme sécuritaire est également soutenu par les puissances étrangères pour lesquelles prime la stabilité de ces États et de la région. Par extension, cette primauté à la stabilité se fait aux dépens des droits à la liberté, la justice, et au développement. D’autant que la corruption continue de gangréner les différents pays et entrave tout développement.

    Bien sûr, l’instabilité de la région n’encourage pas non plus ces pays à mener des réformes politiques sereines vers une démocratisation. Elle conduit au contraire à pérenniser l’immobilisme politique à l’origine même des différentes crises, y compris économiques et sociales, qui crée un sentiment de désespoir que l’on observe au sein de la population maghrébine et visible dans la montée des flux migratoires. On le voit notamment avec les migrations illégales des boat people : des dizaines de milliers de personnes sont arrivées en Espagne ces derniers mois en plus de l’augmentation des demandes de visas. Ces crispations politiques conjuguées avec la dégradation de la situation économique et sociale de ces pays transforment malheureusement les sociétés maghrébines en une poudrière. Cela suscite ainsi beaucoup d’incertitude et d’inquiétude pour ces pays et pour la région.

    Brahim Oumansour

    IRIS, 07/10/2021

  • Tunisie-ONU: Jerandi s’entretient avec Jean-Pierre Lacroix

    Tunisie, ONU, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire Général Adjoint de l’ONU aux Opérations de Paix, #Tunisie, #ONU,

    Tunisie: Le MAE s’entretient À New York avec le Secrétaire Général Adjoint de l’ONU aux Opérations de Paix -L’entretien a eu lieu en marge de la participation de Jerandi au débat général de haut niveau de la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies

    TUNIS, Tunisie, 2 octobre 2021/ — La participation de la Tunisie aux opérations de maintien de la paix, a été au centre de l’entretien qu’a eu le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Othman Jerandi avec le secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix

    L’entretien a eu lieu en marge de la participation de Jerandi au débat général de haut niveau de la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tient du 20 au 27 septembre à New York.

    M. Jerandi a rappelé, à cet effet, la participation de la Tunisie depuis les années 60 aux opérations de maintien de la paix, affirmant la disposition du pays à garantir la participation d’un plus grand nombre de cadres militaires, sécuritaires et civils aux opérations onusiennes de maintien de la paix et de rétablissement de la stabilité.

    Il a souligné la détermination de la Tunisie à garantir un haut niveau de formation opérationnelle et juridique pour les cadres tunisiens, rappelant qu’un contingent de forces militaires vient d’achever une formation et est prêt à répondre à toute demande provenant de l’ONU.

    M. Jerandi a évoqué aussi la participation d’une unité de l’aviation tunisienne à une mission onusienne au Mali et d’une unité de l’aviation composée d’hélicoptères d’attaque et d’une brigade de forces spéciales, qui vont soutenir les interventions onusiennes de paix en République centrafricaine.

    Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix a salué l’excellent niveau des forces militaires et sécuritaires et des unités civiles en Tunisie ainsi que leur engagement professionnel, leurs compétences et qualifications; outre leurs connaissances linguistiques qui facilitent l’action des missions onusiennes en particulier en Afrique.

    Il s’est félicité également du rôle dévolu à l’unité d’aviation tunisienne au Mali, affirmant que la participation de l’unité d’aviation tunisienne composée d’hélicoptères d’attaque aux interventions en République centrafricaine va permettre de maitriser la situation et de circonscrire les activités des groupes armés.

    Par ailleurs, Jean-Pierre Lacroix a évoqué les défis auxquels font face les opérations de maintien de la paix face à la recrudescence de la violence, des activités des groupes terroristes et du crime organisé dans les zones de conflit ainsi que des difficultés liées aux effets de la Covid-19 et la hausse des migrations.

    Le Ministre des Affaires étrangères a affirmé à son interlocuteur la disposition de la Tunisie à présenter des programmes de formation à l’intention des Casques bleus, en particulier en matière de protection des civils, des droits de l’homme et de droit international.

  • La Tunisie 1er pays de la Ligue arabe à désigner une cheffe du gouvernement

    La Tunisie 1er pays de la Ligue arabe à désigner une cheffe du gouvernement

    Tunisie, gouvernement, Najla Bouden, Kaïs Saïed,

    C’est une première en Tunisie, au Maghreb et dans les pays de la Ligue arabe. Le président tunisien, Kaïs Saïed, a nommé, ce mercredi 29 septembre, Najla Bouden Romdhane cheffe du gouvernement.

    Selon un communiqué de la présidence tunisienne, il est indiqué que cette décision a été prise conformément à l’article 16 du décret présidentiel 117 relatif aux mesures exceptionnelles.

    Voilà qui devrait faire baisser la pression internationale sur le président Saïed. Depuis son coup de force de fin juillet, des voix se sont élevées aux Etats-Unis et en Europe pour l’appeler à désigner un chef du gouvernement. Il a vu autrement…

    Skander Boutaiba

    La Patrie news