Étiquette : UE

  • Ceuta : Un Schengen en Afrique

    Les gardiens de l’UE : la coopération hispano-marocaine à Ceuta

    Entre lundi 17 et mardi 18 mai 2021, plus de 8 000 personnes ont traversé à la nage ou à pied le Maroc jusqu’à la côte espagnole de Ceuta, sans être arrêtées par les autorités marocaines. Ceuta, avec sa frontière fortement sécurisée et ses hautes clôtures, est depuis longtemps un symbole de la « forteresse Europe », mais l’Espagne compte beaucoup sur l’externalisation des contrôles frontaliers pour y parvenir.

    Par Isabella Leroy

    Depuis le lundi 17 mai 2021, on estime que 8 000 personnes ont traversé du Maroc vers Ceuta, une ville espagnole de 84 000 habitants située sur la côte du nord du Maroc. La plupart d’entre eux ont voyagé du Maroc à Ceuta à la nage, mais certains l’ont également fait sur de petits radeaux ou bateaux ou à pied. Certains d’entre eux pourraient bénéficier d’une protection internationale, notamment les mineurs étrangers non accompagnés. La passivité inhabituelle de la police marocaine à la frontière a permis à ces personnes d’entrer librement en Espagne. Malgré cela, un homme est mort pendant la tentative.

    Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est rendu à Ceuta après avoir souligné la nécessité de défendre l’ »intégrité territoriale » de l’Espagne. Le gouvernement espagnol a déployé l’armée, y compris des chars militaires sur les plages de Ceuta, et le ministère de l’intérieur affirme que 5 600 des personnes entrées illégalement à Ceuta sont depuis « rentrées au Maroc ».

    Contexte

    En novembre 2020, le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario, le mouvement de libération du peuple sahraoui qui revendique le contrôle du Sahara occidental, a pris fin brutalement. Fin avril 2021, les autorités espagnoles ont accepté le transfert de Brahim Ghali, le secrétaire général du Front Polisario, vers l’hôpital espagnol de Logroño après avoir été infecté par le COVID 2019. Cette décision va à l’encontre de la position des autorités marocaines, qui ont mis en garde à plusieurs reprises contre d’éventuelles répercussions diplomatiques pour ce qu’elles considèrent comme un soutien politique au mouvement séparatiste.

    La décision des autorités marocaines de ne pas empêcher le passage de la frontière est probablement le résultat des récentes tensions diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc au sujet de l’hospitalisation secrète de Brahim Gali. Cependant, le Maroc a réfuté ces allégations, soulignant plutôt la manière secrète et lourde dont Brahim Gali a été amené en Espagne et la position ambiguë du gouvernement espagnol concernant le Sahara Occidental. Dans ce contexte, des personnes détenues au Maroc ont profité de l’assouplissement de la frontière pour traverser.

    L’arrivée de ce groupe de personnes en transit, dont des demandeurs d’asile, a incité la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, à appeler à la solidarité avec l’Espagne et à souligner l’importance de la coopération de l’UE avec le Maroc. Le plus important maintenant est que le Maroc poursuive ses efforts pour empêcher les départs illégaux et que ceux qui n’ont pas le droit de rester soient renvoyés de manière ordonnée et efficace, a-t-elle déclaré. Les députés ont accusé le Maroc d’utiliser les mineurs non accompagnés comme des pions diplomatiques, mais sont satisfaits de la décision des autorités marocaines de reprendre les mineurs marocains non accompagnés et des efforts déployés pour les réunir avec leurs familles. Ces membres ont également souligné que « Ceuta est une frontière extérieure de l’UE dont la protection et la sécurité concernent l’ensemble de l’Union européenne ». Les députés marocains ont dénoncé ce qu’ils appellent « l’européanisation » d’une crise bilatérale.

    Comment l’UE et l’Espagne externalisent-elles la gestion des frontières à Ceuta ?

    L’externalisation est un processus par lequel l’Union européenne externalise une partie du contrôle de ses frontières en dehors de son propre territoire. Ceuta est un exemple clair de cette politique, où l’Espagne travaille en étroite collaboration avec le Maroc malgré les différends territoriaux, aboutissant à la situation quelque peu paradoxale où le Maroc contribue à la sécurité frontalière tout en refusant de reconnaître la frontière terrestre parce qu’il revendique toujours la souveraineté sur Ceuta.

    Schengen en Afrique : Ceuta comme frontière extérieure de l’UE

    Ceuta est, avec Melilla, l’une des deux enclaves espagnoles sur la côte du Maroc et est espagnole depuis le 16e et le 15e siècle, respectivement. Cependant, il existe toujours des différends territoriaux avec le Maroc au sujet des deux villes. En tant que villes autonomes, elles font partie de l’UE, mais avec des exceptions importantes, notamment le territoire douanier communautaire, la politique commerciale commune et les dispositions de l’UE relatives à la libre circulation des marchandises, la politique commerciale commune et les politiques de l’UE en matière de pêche et d’agriculture. Toutefois, ils ne bénéficient d’aucune exemption, dérogation ou exception en matière d’immigration en vertu de la législation européenne, de sorte que le même cadre juridique européen s’applique à Ceuta et Melilla que dans le reste de l’Espagne. Néanmoins, l’Espagne a introduit une dérogation à l’expulsion collective. Cette exception ne s’applique qu’à Ceuta et Melilla, ce qui a revêtu une importance particulière dans l’affaire récente de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire ND et NT c. Espagne. Depuis que l’Espagne a adhéré à l’accord de Schengen en 1991, Ceuta et Melilla sont les seules frontières terrestres de l’UE situées sur le continent africain, faisant ainsi office de frontière entre l’UE et l’Afrique. Avec les îles Canaries – où le nombre d’arrivées a également augmenté en 2021 – elles forment la frontera sur (« frontière sud ») de l’Espagne et constituent une source essentielle de premières arrivées de demandes d’asile.

    En raison de sa situation géographique, Ceuta est devenue une zone de transit populaire pour la migration du continent subsaharien vers l’UE. En conséquence, la frontière a été de plus en plus sécurisée, notamment avec l’aide de fonds européens. En 1995, la frontière entre Ceuta et le Maroc a été entourée d’une clôture toujours plus haute, qui est devenue l’incarnation de la « forteresse Europe ». Depuis lors, elle a été renforcée par une deuxième clôture pour fermer l’enclave aux personnes qui tentent de traverser depuis le Maroc. En outre, la forte présence de gardes-frontières espagnols et marocains rend la frontière pratiquement impénétrable, et les patrouilles des deux côtés de la frontière empêchent généralement les gens de la traverser. Il est également question de l’introduction d’une technologie de reconnaissance faciale.

    En raison de la militarisation croissante de la frontière, il est pratiquement impossible de la franchir sans visa. Les personnes souhaitant se rendre à Ceuta ou Melilla ont quatre possibilités. Tout d’abord, ils peuvent, du moins en théorie, demander l’asile à l’un des postes frontières de Ceuta ou Melilla, mais dans la pratique, cela est difficile, voire impossible, surtout pour les migrants subsahariens, en raison du recours au profilage ethnique. C’était l’un des principaux problèmes de la ND et de la NT contre l’Espagne. Deuxièmement, certaines personnes ont recours à de faux passeports marocains pour entrer dans les enclaves. Ces deux options ne sont disponibles que pour un nombre très limité de personnes. Troisièmement, ils peuvent franchir les deux barrières (une du côté espagnol et une du côté marocain), ce qu’ils tentent parfois en groupe pour avoir plus de chances de réussir. Enfin, certains tentent de rejoindre les enclaves par la mer depuis le côté marocain, ce qui implique souvent de nager pendant plusieurs heures depuis le Maroc pour atteindre la côte du côté espagnol, en évitant la surveillance des patrouilles frontalières. C’est la voie que les gens ont choisie lorsqu’il est apparu que les gardes-frontières du côté marocain n’empêchaient pas l’entrée en Espagne. Ces récents passages de frontière sont remarquables précisément parce que la frontière, généralement très sécurisée, est devenue quelque peu perméable pendant une courte période. L’absence d’autres voies légales pour rejoindre Ceuta explique pourquoi de nombreuses personnes ont profité du report des contrôles frontaliers par le Maroc pour franchir la frontière.

    La dépendance de l’UE à l’égard de la coopération des pays tiers pour sa gestion des migrations a été particulièrement visible dans cet incident. Le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a déclaré : « Ceuta, c’est l’Europe. Cette frontière est une frontière européenne, et ce qui s’y passe et s’y est passé n’est pas seulement un problème pour Madrid, c’est un problème pour toute l’Europe ». « Personne ne peut faire chanter l’Union européenne », a-t-il ajouté.

    La coopération hispano-marocaine comme externalisation de la politique migratoire de l’UE

    La coopération entre l’UE, les autorités espagnoles et marocaines reste néanmoins essentielle au fonctionnement de Ceuta, car elle vise à réduire le nombre d’immigrants clandestins quittant les côtes marocaines. L’accord bilatéral de réadmission de 1992 entre le Maroc et l’Espagne a également été utilisé, par exemple, pour justifier le retour immédiat de ressortissants de pays tiers transitant par le Maroc.

    Bien que cette coopération ait permis de détourner les routes migratoires des enclaves, elle dépend fortement de la coopération des autorités marocaines. Les efforts du Maroc pour empêcher l’entrée illégale de la côte sud ont également été utilisés comme un atout dans d’autres négociations par le passé. Un arrêt de 2016 de la Cour de justice de l’Union européenne concernant un différend douanier UE-Maroc – défavorable au Maroc – a incité le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhanouch, à rappeler à l’UE que « toute restriction à l’application [de l’accord euro-méditerranéen] garantit un risque réel de reprise des flux migratoires que le Maroc a réussi à maîtriser. » L’augmentation récente du nombre de nouveaux arrivants à Ceuta est un autre exemple de la dépendance de l’UE vis-à-vis des pays tiers dans le domaine de la migration et de l’asile. En outre, toute mesure prise par les autorités marocaines a un impact direct sur les enclaves.

    Enfin, la situation à Ceuta n’est pas sans précédent, puisqu’elle se déroule aux frontières extérieures de l’UE. À bien des égards, elle est similaire à la décision turque de ne pas faire obstacle à la traversée des demandeurs d’asile syriens vers la Grèce en mars 2020. Le contrôle et la gestion des frontières extérieures reposent en grande partie sur la coopération avec les pays tiers en matière d’asile et de migration.

    Verblijfblog, 02/02/2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, Melilla, Union Européenne, UE, frontières, Schengen, migration, Sahara Occidental,

  • L’UE n’acceptera « jamais, au grand jamais » l’accord sur deux États à Chypre

    NICOSIA, 8 juillet (Reuters) – L’Union européenne n’acceptera « jamais, au grand jamais », un accord sur la séparation ethnique de Chypre, a déclaré jeudi la chef de son exécutif.

    Ursula von der Leyen, en visite à Chypre, a déclaré que l’Union européenne parlait d’une seule voix sur ce conflit qui dure depuis des décennies et qui constitue un obstacle majeur aux ambitions de la Turquie de rejoindre l’Union.

    « Je tiens à répéter que nous n’accepterons jamais, jamais, une solution à deux États. Nous sommes fermes sur ce point et très unis », a déclaré Mme von der Leyen lors d’une conférence de presse.

    Chypre a été divisée lors d’une invasion turque en 1974, déclenchée par un bref coup d’État d’inspiration grecque. Le sud est dirigé par un gouvernement reconnu internationalement qui représente l’ensemble de l’île dans l’Union européenne, tandis que le nord est un État chypriote turc dissident reconnu uniquement par Ankara.

    Les efforts menés par les Nations unies avant les événements de 1974 n’ont pas permis d’unifier l’île. L’impasse actuelle est marquée par des désaccords sur la forme que pourrait prendre l’unification – une union de deux États indépendants prônée par une nouvelle direction chypriote turque, ou une fédération souple prônée par les Chypriotes grecs représentant Chypre au niveau international.

    Les pourparlers qui se sont tenus à Genève au début de l’année à ce sujet n’ont pas abouti. en savoir plus

    Le désaccord s’est également concentré sur les revendications concurrentes concernant les réserves énergétiques offshore, un différend lié aux querelles entre la Turquie et la Grèce, un allié clé des Chypriotes grecs.

    « Nos voisins ont (un) intérêt à ce que les relations bilatérales soient bonnes. Si c’est le cas, et si nous avons également intérêt à avoir de bonnes relations bilatérales, je veux que nos voisins sachent que s’ils s’adressent à l’un de nos États membres, comme par exemple Chypre, quel que soit le ton, ils s’adressent à l’Union européenne », a déclaré Mme von der Leyen.

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Chypre, solution à deux Etats, Grèece, Turquie, Chypriotes grecs,

  • L’UE est optimiste quant à la croissance économique, mais préoccupée par l’inflation

    BRUXELLES (AP) – Les économies de l’Union européenne devraient connaître leur plus fort taux de croissance depuis des décennies grâce à l’assouplissement des restrictions liées au coronavirus, mais elles restent confrontées aux risques posés par les variantes du COVID-19 et aux inquiétudes liées à l’inflation, a déclaré mercredi l’exécutif de l’UE.

    Selon les prévisions de l’été 2021 de la Commission européenne, les économies des 27 pays de l’UE, et des 19 pays utilisant la monnaie unique européenne, devraient connaître une croissance de 4,8 % cette année, soit environ un demi-point de pourcentage de plus que prévu dans les prévisions précédentes.

    Le produit intérieur brut réel devrait retrouver son niveau d’avant la crise du coronavirus au dernier trimestre de cette année. En 2022, la croissance devrait atteindre 4,5 %.

    La commission explique son optimisme croissant par le fait que l’activité économique du début de l’année a dépassé les attentes, et par l’impact de la stratégie de vaccination contre le coronavirus, qui a entraîné une baisse du nombre de nouvelles infections et d’admissions à l’hôpital.

    « L’économie de l’UE devrait connaître cette année sa croissance la plus rapide depuis des décennies, grâce à une forte demande tant au niveau national qu’international et à une réouverture plus rapide que prévu des secteurs des services depuis le printemps », a déclaré le commissaire à l’économie, Paolo Gentiloni.

    Il a toutefois prévenu que l’UE « doit redoubler ses efforts de vaccination, en s’appuyant sur les progrès impressionnants réalisés ces derniers mois : la propagation de la variante delta nous rappelle brutalement que nous ne sommes pas encore sortis de l’ombre de la pandémie. »

    La commission a déclaré que les risques économiques dépendent de la manière dont les ménages et les entreprises réagissent à tout nouveau durcissement des restrictions visant à stopper la propagation des variantes. Elle a également averti que l’inflation pourrait augmenter si les restrictions de l’offre durent et que les pressions sur les prix sont répercutées sur les prix à la consommation.

    Pour l’heure, l’inflation dans l’UE devrait s’établir à 2,2 % en moyenne cette année, soit 0,3 point de pourcentage de plus que les prévisions de mai, et à 1,6 % en 2022. Dans la zone euro, elle devrait s’établir à 1,9 % en 2021, soit une hausse de 0,2 point de pourcentage, et à 1,4 % l’année prochaine.

    Associated Press, 07/07/2021

    Etiquettes : UE, inflation, croissance, économie,

  • Selon la Lituanie, le Belarus fait entrer des migrants

    La Lituanie affirme que le Belarus fait entrer des migrants par avion et prévoit une barrière frontalière

    KARVIAI, Lituanie, 7 juillet (Reuters) – La Lituanie a accusé mercredi le Bélarus de faire venir par avion des migrants de l’étranger pour les envoyer dans l’Union européenne et a déclaré qu’elle construirait une barrière à la frontière et déploierait des troupes pour les empêcher de passer illégalement sur son territoire.

    Le Belarus a décidé d’autoriser les migrants à passer en Lituanie, membre de l’Union européenne, en réponse aux sanctions imposées par l’UE après que Minsk a forcé un vol Ryanair à atterrir sur son territoire et arrêté un blogueur dissident qui se trouvait à bord.

    Des centaines de personnes ont effectué la traversée ces derniers jours.

    La première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte, a déclaré que la Biélorussie proposait aux migrants des vols à destination de Minsk, citant des preuves trouvées sur au moins un migrant ayant atteint la Lituanie.

    Il existe des agences de voyage, des vols directs qui relient Minsk à Bagdad, par exemple, et des agences, tant en Biélorussie que dans d’autres pays, qui opèrent et attirent des « touristes » à Minsk », a déclaré Simonyte à Reuters à Vilnius.

    Elle a déclaré que le principal aéroport d’où les gens se rendaient en Biélorussie était Bagdad, mais qu’elle n’excluait pas que des personnes puissent également s’y rendre depuis Istanbul.

    Les documents cités comme preuves, dont des copies ont été envoyées à Reuters par un fonctionnaire du gouvernement lituanien, comprennent des demandes d’agences basées à Minsk, appelées UmnoTury et Tsentrkurort, datées du 27 mai et du 7 juin, demandant au ministère biélorusse des affaires étrangères des visas pour trois citoyens irakiens.

    Le fonctionnaire a également envoyé des copies de quatre cartes d’embarquement pour un vol de la compagnie nationale biélorusse Belavia d’Istanbul à Minsk le 27 mai, trouvées sur un migrant.

    Le ministère turc des Affaires étrangères n’a pas immédiatement commenté les affirmations de la Lituanie.

    BARRIERE

    Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déclaré le 26 mai que son pays n’empêcherait plus les migrants de franchir sa frontière occidentale vers l’UE.

    La Lituanie travaille à l’organisation d’une visite de son ministre des affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, à Bagdad la semaine prochaine pour discuter des migrations, a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères.

    M. Simonyte a déclaré que la Lituanie prendrait des mesures pour empêcher les migrants de franchir la frontière en augmentant les patrouilles et en construisant une barrière, et qu’elle commencerait également à construire un camp pour accueillir ceux qui ont déjà atteint le pays.

    « Nous allons commencer à construire une barrière physique supplémentaire, qui sépare la Lituanie et le Belarus, ce qui constituerait un certain signe et une certaine dissuasion pour les organisateurs des flux migratoires illégaux », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

    Elle a également déclaré que le pays, membre de l’espace de libre circulation Schengen, envisageait d’imposer des contrôles aux frontières avec les pays voisins de l’UE afin d’empêcher les migrants de se rendre dans les pays occidentaux de l’Union.

    GARDES-FRONTIÈRES

    Plus tôt dans la journée de mercredi, trois gardes-frontières lituaniens avaient eu du mal à communiquer avec quatre personnes visiblement fatiguées et vêtues de pulls, abritées à l’arrêt de bus d’un village situé à 2 km de la frontière. Aucun ne parlait anglais.

    Identifiées comme étant des Irakiens sans passeport, elles ont été emmenées pour interrogatoire, toujours sans traducteur, dans le hall d’entrée du quartier général des gardes-frontières.

    « Nous avions l’habitude de nous occuper principalement de la contrebande de cigarettes en provenance de Biélorussie. Tout cela est nouveau pour nous », a déclaré Povilas Vitkus, un garde-frontière.

    Moins d’une douzaine d’agents patrouillent sur le tronçon de 64 km assigné au poste frontière de Vitkus – principalement des forêts et des marais – et ils comptent sur les villageois pour signaler les passages de migrants illégaux.

    779 migrants illégaux ont franchi la frontière entre le Belarus et la Lituanie au cours des sept jours du mois de juillet, contre 636 migrants au cours des six premiers mois de l’année, selon le bureau des gardes-frontières. Le pays n’a pas reçu plus de 104 migrants par an au cours de la période 2018-2020.

    « Si les gens continuent à venir en si grand nombre, par centaines par jour, la situation deviendra sérieuse, c’est certain – il sera difficile de trouver un hébergement approprié, d’assurer les besoins humanitaires et les services adéquats pour ces personnes », a déclaré à Reuters Egle Samuchovaite de la Croix-Rouge lituanienne.

    L’autorité lituanienne chargée des migrations déclare avoir un arriéré croissant de demandes d’asile, et le tribunal qui examine ses décisions s’attend à être bientôt débordé.

    Dans le village de Kalviai, à la frontière biélorusse, de grands groupes de migrants traversant les champs voisins ou les rues du village sont devenus un spectacle quotidien cette semaine.

    « Je leur ai donné de l’eau sur leur passage », a déclaré un villageois, Valentinas Margevicius, 54 ans. « Ils doivent être vraiment mal en point, s’ils ont décidé de tout laisser tomber et de voyager vers une terre inconnue ».

    Reuters, 07/07/2021

    Etiquettes : Lituanie, Bélarus, migration, UE,

  • Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Zigzags européens au Sahara Occidental : En attendant le nouvel arrêt de la Cour de justice

    Chaabane BENSACI
    Alors que les attaques de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent sans relâche, contre les positions de l’occupant marocain le long du «mur de la honte», depuis l’agression commise contre des civils sahraouis à El Guerguerat en novembre 2020 dont la conséquence directe a été la fin du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, le peuple sahraoui attend avec sérénité la réponse que la Cour de justice européenne (CJUE) doit donner à sa doléance de janvier dernier. 
    En effet, c’est au début de l’année en cours que le Front Polisario a saisi la CJUE pour statuer sur le «pillage des ressources naturelles de son territoire» par l’occupant marocain, notamment en ce qui concerne «l’agriculture d’exploitation». Déjà, en avril 2019, le Front Polisario avait introduit un recours contre la décision du Conseil européen qui a bafoué le droit international en incluant dans l’accord de libre-échange conclu avec le royaume marocain les ressources du peuple sahraoui spolié. 
    Unique et légitime représentant de ce peuple, le Polisario a réclamé l’annulation pure et simple de cet accord illégal en y ajoutant l’accord de pêche signé le 28 janvier 2019 dans des conditions identiques. Par-là même, le Polisario a fait valoir la double violation flagrante que ces accords conclus entre l’UE et le royaume marocain représentent par rapport à la décision antérieure de la Cour de justice européenne et au droit international tel qu’il découle des résolutions des Nations unies.

    En effet, la CJUE avait, auparavant, clairement stipulé que le Sahara occidental et le Maroc sont bel et bien deux territoires distincts et légalement séparés et qu’en l’occurrence, il ne peut ni ne saurait y avoir une quelconque exploitation des ressources sahraouies sans le consentement du peuple concerné. C’était le 21 décembre 2016 mais le principe a été, par après, conforté par deux arrêts en 2018, relatifs à la pêche et au transport aérien! Une décision que le Conseil européen a tout simplement feint d’ignorer et qu’il a, par voie de conséquence, tout simplement piétinée! 

    En découle la conclusion logique selon laquelle le seul accord valable que l’UE est en droit de conclure pour exploiter ces richesses du sol et de la mer sahraouis doit obligatoirement relever d’un deal avec le Front Polisario. Pourtant, c’est malgré l’existence de ces décisions de la CJUE que le Parlement européen a adopté en janvier 2019 un document élargissant au territoire sahraoui les tarifs douaniers préférentiels concédés au royaume marocain, en vertu d’un mémorandum de 2013. Bruxelles a beau prétendre respecter les dispositions onusiennes, les manoeuvres dilatoires auxquelles se livrent les parrains habituels du royaume marocain ne peuvent ni ne doivent continuer, surtout que les conditions de sécurité sur le terrain ont changé avec la reprise des combats par le Front Polisario, au lendemain de l’attaque marocaine à El Guerguerat, d’une part. 
    Et d’autre part, les menaces et le chantage que le royaume marocain aux abois n’a pas hésité à brandir face à l’Allemagne puis à l’Espagne doivent nourrir une saine réflexion, à Bruxelles comme à Strasbourg.
    L’Expression, 06/07/2021
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ressources naturelles, UE, Cour de justice européenne,


  • Josep Borrell: Comment faire face à la désinformation

    Certainement, Madame la Présidente, je salue l’attention que ce parlement donne à la désinformation, à la manipulation de l’information et à l’interférence dans nos processus démocratiques. Certainement aussi les attaques cybernétiques dans nos États membres, les campagnes pour influencer notre espace informationnelle, même la manipulation de l’information sont devenus un élément permanent de notre paysage politique et, nous pourrions dire, plus encore après la pandémie qui a poussé cette bataille – ce que j’ai dit un jour de la bataille des ‘narratives’ [bataille des récits] – mais surtout la propagation d’informations fausses et truquées.

    Il s’agit bien de campagnes bien orchestrées, qui sont une menace pour la démocratie et notre sécurité. C’est un essai de manipuler la conscience des citoyens et de faire en sorte que nos politiques changent. Et c’est aussi une affaire de politique extérieure parce que ça limite l’espace dans lequel l’Union européenne peut être capable d’influencer le monde. Et pour cela il faut travailler au niveau européen mais aussi au niveau de chacun des États membres et avec nos « like-minded » partenaires dans le monde.

    C’est depuis 2015 que nous avons commencé à y travailler, nous avons commencé à créer des structures qui puissent de façon systématique détecter et dénoncer ces manœuvres de désinformation et c’est pour cela qu’a été créée la East StratCom Task Force, par mandat du Conseil qui à ce moment-là était seulement focalisée, comme son nom le dit bien, to the East, aux problèmes qui se posent dans la partie Est de l’Europe. C’est un mandat qui n’était pas adressé à de nouvelles sources de désinformation qui sont apparues plus tard comme c’est le cas de la Chine. Je fais mention de cela car le mandat que nous avons c’est l’East StratCom Task Force, qui est adressé aux problèmes qui sont apparus dans la partie Est de l’Europe.

    Mais nous avons amélioré nos capacités, nous avons agi d’une façon proactive, nous avons augmenté nos capacités pour faire face à des situations encore [plus] à l’Est, l’Ukraine, la Géorgie. Et nous avons créé ce Rapid Alert System, c’est un système d’ « early warning » qui nous permet d’échanger des informations avec les États membres d’une façon, comme son nom l’indique, rapide.

    Nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire en sorte que nos sociétés soient conscientes de cette dynamique de désinformation. Nous travaillons avec les médias, les moyens de communication et les chercheurs en sciences sociales. Nous travaillons aussi avec le G7 et l’OTAN. Nous avons établi des partenariats avec la société civile. Nous avons créé un nouveau policy framework, nous l’appelons d’une façon bien explicite the Action Plan Against Disinformation and the European Democracy Action Plan, qui nous permettent de travailler au niveau international.

    Certainement, Monsieur le député [Raphaël Glucksmann], vous avez raison et toujours vous aurez raison pendant encore très longtemps quand vous dîtes qu’il faut faire plus. Vous aurez raison pendant très longtemps parce qu’il faudra faire beaucoup plus et cela va prendre du temps. Certainement, c’est le moment de mettre en place des frameworks, des structures plus élaborées pour faire face à ce problème et nous travaillons à développer une approche européenne qui nous permet de faire face à cette menace au niveau européen.

    Certainement. Nous nous sommes très focalisés sur la désinformation qui vient de la Russie. Il faudra payer plus d’attention à d’autres sources de désinformation mais pour l’instant nous croyons que le but fondamental c’est celui-ci et pour cela nous travaillons à développer nos capacités, sans oublier – je ne voudrais pas que vous croyiez que nous l’oublions – de nouveaux acteurs, de nouvelles tactiques, de nouveaux moyens de manipuler l’information et c’est pour cela que nous sommes en train de demander au conseil de « review and update », revoir et élargir le mandat que nous avons.

    Et il faudra aussi se pencher sur de nouveaux scénarios de la désinformation, certains qui a priori n’en seraient pas, comme l’Afrique subsaharienne. La République centrafricaine c’est un grand scénario de désinformation et nous avons fait appel au gouvernement de la République centrafricaine pour lui montrer que si cela continue comme cela l’Union européenne ne pourra pas continuer à soutenir ce gouvernement, parce que c’est incroyable à quel point dans une société qui n’est pas autant médiatisée que la nôtre la désinformation est devenue une arme de guerre. Donc oui, il faut développer une approche plus coordonnée avec plus de ressources.

    Il faut mieux équiper nos délégations, nos missions militaires et civiles. Nous avons envoyé dans chacune de nos délégations un expert dans la lutte contre la désinformation et aussi dans toutes les missions PSCD [Politique de Sécurité et de Défense Commune] nous allons avoir des spécialistes dans ce domaine.

    Je ne voudrais pas employer de mots vagues, je voudrais vous dire que nous avons obtenu une augmentation de nos ressources, modeste mais qui nous permettra de mieux équiper nos équipes ici, et nos équipes dans les délégations et missions, de faire des partenariats plus efficaces avec des États à l’intérieur de l’union et d’autres pays qui ont la même préoccupation que nous.

    Mais pour cela il faudra avoir l’aide de l’opinion publique. Parce que parfois quand nous disons que l’on fait la bataille contre la désinformation il y a aussi un certain soupçon, une certaine crainte qu’il s’agisse de limiter l’information. Ils disent ‘Ah oui mais vous voulez contrôler l’information.’ Évidemment pour lutter contre la désinformation il faut voir l’information. Il faut savoir ce qui se dit pour déterminer si ce qui se dit est en accord avec les paramètres de la vérité.

    Et parfois il y a une ligne rouge fragile entre la lutte contre la désinformation qui peut être prise comme une excuse pour limiter la capacité à informer. Rien n’est plus loin de notre volonté. Au contraire, la démocratie c’est un système qui fonctionne à l’information, le combustible du moteur de la démocratie, ce qui fait que les citoyens soient capables de choisir, c’est qu’ils soient bien informés. Et c’est pour cela que les ennemis de la démocratie font cet effort pour faire que le combustible de la démocratie soit incapable de la faire fonctionner parce qu’il est truqué, parce que le citoyen ne reçoit pas les informations nécessaires pour se faire une idée de quels sont ses intérêts et qui défend mieux ses intérêts et quels sont ses choix politiques.

    Alors je voudrais bien pendant ce débat que vous, mesdames et messieurs les députés, vous nous encouragiez comme vous le faîtes à demander plus de moyens mais surtout à utiliser mieux ce que nous avons, dans une bataille qui sera cruciale pour le futur de la démocratie. Parce qu’aujourd’hui l’information est partout. Elle se développe à la vitesse de la lumière. Elle se propage comme n’importe quel virus. Et si cette information est tâchée, pas d’inexactitudes, mais de mensonges fabriqués pour être disséminés, qui touchent la fibre sensible des gens pour leur faire croire parfois ce qu’ils voudraient croire, alors le système démocratique ne sera qu’une simple formalité.

    La démocratie ce n’est pas des bulletins de vote, ce n’est pas seulement cela. C’est surtout des citoyens bien informés pour qu’ils puissent bien choisir. C’est une bataille à laquelle je tiens, j’en ai souffert personnellement dans mon pays et moi personnellement, de cette bataille de la désinformation. Je suis bien conscient du danger que cela représente pour la démocratie, je suis sensible à vos propositions et à vos critiques constructives et je ne pourrais que demander l’appui de tous les parlementaires pour mener à bien cette bataille.

    Merci.

    Video (à partir de la 6ème minute)

    Remarques finales

    Merci, Madame la Présidente, merci à tous les députés qui ont pris part à ce débat passionnant qui, pour moi en particulier, est plus passionnant qu’intéressant, car je suis d’accord avec ce que beaucoup d’entre vous ont dit sur la menace existentielle que cela représente pour la démocratie. Mais vous aurez également remarqué comment, comme je l’avais prévu, des voix se sont fait entendre ici pour dénoncer un nouveau maccarthysme ou la volonté de contrôler et d’empêcher la libre circulation. Nous l’avons entendu, certains députés ici présents ont dit « non, non, non, il s’agit d’un nouveau maccarthysme, d’une nouvelle chasse aux sorcières, d’une nouvelle volonté de contrôler à partir du pouvoir ».

    Nous avons beaucoup entendu parler de l’ingérence étrangère, de la Russie et de la Chine, mais certains députés ont également souligné, à juste titre, que le problème était également présent en nous. Que la désinformation est également fabriquée au sein de nos sociétés et que de nombreuses décisions politiques ont été prises sur la base d’une intense campagne de désinformation, ce qui est une façon polie de dire mensonge. Dans une intense campagne de mensonges.

    Et quelqu’un a cité le Brexit, et c’est vrai. L’un des grands arguments utilisés par les partisans du Brexit – qui étaient ici récemment – sans lequel, sûrement – et ils l’ont eux-mêmes reconnu – le vote aurait été différent, était l’histoire selon laquelle, en dehors de l’Union européenne, les Britanniques recevraient je ne sais combien de milliards de livres sterling avec lesquels ils pourraient améliorer leur système de santé et, au lieu que les Européens leur prennent de l’argent, ils pourraient améliorer les systèmes publics du Royaume-Uni. Et les mêmes personnes qui ont raconté cette histoire, le jour après le vote sont allées à la télévision avec tout le culot du monde pour dire « non, ce n’était pas vrai, c’était une erreur de calcul », « j’ai fait une erreur, non, non, non, les chiffres n’étaient pas ceux-là ». Et ensuite, que fait-on ? On les sanctionne ? Vous rendez-vous compte qu’une décision capitale – également pour l’Europe – a pu être prise sur la base d’une intense campagne de désinformation, qui n’a pas été menée par [Vladimir] Poutine [président de la Russie] ou Xi [Jinping, président de la Chine], mais par nous, au sein de nos propres sociétés.

    Combien de fois nous a-t-on dit, et dans mon pays – le pays que je connais le mieux, mais je ne veux pas en parler – nous avons récemment connu des cas comme celui-ci, des joueurs de flûte qui racontent des contes de fées. C’est aussi de la désinformation. Ne nous contentons donc pas de regarder ce qui vient de l’extérieur, mais faisons également preuve d’un peu d’autocritique et demandons-nous dans quelle mesure nous utilisons systématiquement la désinformation dans notre propre débat politique. Et cela, bien sûr, nécessite des moyens de contrôle. Mais attention, les moyens de contrôle, quelqu’un a mis en garde contre « le maccarthysme et la volonté de contrôler ». Non, la volonté de contraste, afin que les citoyens puissent savoir si ce qu’on leur dit est vrai ou non. Parce qu’ils peuvent décider s’ils y croient ou pas. Et c’est pourquoi nous devons avoir des systèmes qui opposent ce qui est dit à la réalité. Et quand vous dites cela, on vous accuse de vouloir créer – comme on l’a parfois dit – une sorte de « ministère de la vérité », un organisme public qui décide de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas cela, mais lutter contre la désinformation, c’est essentiellement décider comment informer les gens sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Et cela nécessite des techniciens spécialisés, un contrôle permanent et continu et un contraste délicat.

    Vous avez parlé de sanctions, oui, sans doute. Il est important de ne pas laisser impunis ceux qui désinforment. La sanction politique du « la prochaine fois, je ne voterai pas pour lui » ne suffit pas, car la prochaine fois, il sera trop tard.

    Que faire ? Comment sanctionner ceux qui racontent des histoires à dormir debout sur la base desquelles les gens prennent des décisions transcendantales et qui, le lendemain, admettent qu’ils ont menti ou qu’ils se sont trompés, ce qui revient au même ? Nous devons imposer des sanctions, nous avons besoin d’un régime de sanctions, mais nous devons être très clairs sur la façon dont nous le mettons en œuvre, sur la façon dont nous définissons la désinformation, sur la façon dont nous la mesurons, sur les lignes rouges en matière de liberté d’information. Et toutes ces questions doivent être soigneusement mesurées pour s’assurer que les instruments que nous mettons en place sont des instruments parfaitement compatibles avec la légalité et avec le système démocratique.

    Oui, nous ne l’avons pas aujourd’hui. Nous en avons besoin, mais nous savons, et je ne voudrais pas que vous pensiez que c’est aussi facile que d’établir un régime de sanctions contre les violateurs des droits de l’homme au Nicaragua, parce que nous devons bien définir conceptuellement ce que nous voulons dire quand nous parlons de désinformation, parce qu’aujourd’hui la manipulation de l’information n’est pas illégale. Il s’agit d’un aspect substantiel, sur la façon dont nous traitons un système de sanctions pour défendre à la fois le droit à la vérité et la liberté d’information.

    Nous y travaillons et ce n’est pas du tout facile, croyez-moi, nous cherchons les moyens de concevoir des instruments, dont nous ne disposons pas, qui nous permettront d’agir de concert avec les États membres – parce qu’au niveau de l’Union européenne, nous ne pourrons pas le faire seuls – pour trouver des définitions juridiques qui nous permettront de définir des systèmes de sanctions qui, j’insiste, défendent à la fois le droit de connaître la vérité et le droit à l’information. Et les frontières ne sont pas faciles à définir.

    Quant au rapport de la Cour des comptes, il n’est pas aussi mauvais que certains d’entre vous l’ont dit. Au contraire, je pense qu’elle soutient fortement le travail que nous faisons. Et il a quelques lacunes, comme par exemple, qu’ils viennent d’analyser le plan d’action contre la désinformation en 2018. Et ils n’ont pas pu prendre en considération les événements ultérieurs, qui sont très riches, comme la communication conjointe contre la désinformation sur COVID-19, que nous avons lancée. Parce qu’il n’y a pas eu de désinformation sur COVID-19. Le public n’a pas été bombardé de fausses informations, qui pouvaient même mettre sa santé en danger, sur ce qu’était le virus et comment il pouvait et devait être combattu. Eh bien, ce plan d’action n’a pas pu être évalué, et je pense qu’il s’agit d’une contribution importante à la lutte contre la désinformation.

    Avons-nous plus de moyens ? Oui, nous avons plus de moyens. Nous avons commencé à développer des activités en dehors de notre mandat initial, qui, je vous l’ai déjà expliqué, se limitait aux aspects est-européens et russes. Nos équipes ont été renforcées, notamment par des spécialistes de la désinformation en provenance de Chine. Nous avons plus de ressources financières ; nous les avons réparties entre nos délégations. Je ne veux pas vous submerger de chiffres, mais nous allons toucher une quarantaine de personnes et, pour certaines d’entre elles – je vous le dis – spécialisées dans des zones géographiques où nous avions très peu de capacités.

    Mais ne cherchez pas la solution au problème uniquement au niveau européen. Si chaque État membre n’engage pas ses propres capacités, il n’y a aucun moyen de résoudre le problème.

    C’est pourquoi nous avons créé le système d’alerte précoce, un réseau qui nous relie tous. Et c’est pourquoi nous avons besoin, oui, d’une meilleure coordination entre les travaux du pilier intergouvernemental et du pilier communautaire. Entre les activités menées par la Commission visant la désinformation interne et celles menées par le SEAE visant la désinformation externe, sachant que la frontière entre interne et externe dans ce monde de la cybercommunication est parfois impossible à délimiter. « Non, ça vient de l’intérieur », « non, ça vient de l’extérieur ». Écoutez, ça vient d’où ça vient, et souvent, on ne sait pas d’où ça vient.

    Alors oui, j’accepte le défi. Et les questions que vous me posez sont : « Et comment allez-vous faire ? » Eh bien, en le faisant. « Comment allez-vous faire ? » En le faisant. En augmentant notre capacité de traçage et de suivi, pour savoir d’où vient la désinformation et la suivre, pour créer des systèmes plus efficaces et plus résistants dans nos sociétés, pour mieux équiper nos délégations et nos missions, pour accroître notre partenariat international et, bien sûr, pour travailler à la mise en place d’un système qui impose des coûts à ceux qui génèrent la désinformation, aux acteurs de la désinformation. Sachant deux choses : que beaucoup de ces acteurs échappent à notre contrôle, parce qu’ils sont à l’extérieur et que nous ne pourrons jamais les atteindre et les sanctionner, et que d’autres sont à l’intérieur et font partie de notre jeu politique. Et vous verrez que le jour où nous commencerons à dire que nous imposerons des sanctions à ceux qui faussent le débat politique en répandant des mensonges, nous serons confrontés aux réactions que l’on a vues ici aujourd’hui également, disant « attention, attendez une minute, vous êtes un maccarthyste ». Nous nous trouvons donc sur un champ de mines auquel nous devrons consacrer une grande attention politique. Non seulement les ressources matérielles et humaines, mais aussi les ordinateurs qui filtrent les informations, détectent leur provenance, signalent ce qui n’est pas vrai et les diffusent. Parce que, vous savez quoi ? les mensonges circulent mille fois plus vite que la vérité, mille fois plus vite. Lancez un mensonge et vous verrez à quelle vitesse il se répand. Démontez le mensonge le lendemain et vous verrez combien il est difficile de le faire se propager à la même vitesse et d’atteindre le même nombre de personnes qui ont été contaminées par le mensonge.

    Croyez-moi, c’est un problème auquel il faut consacrer plus qu’un débat occasionnel. Il ne s’agit pas seulement d’avoir trois analystes de plus. Il s’agit d’un problème essentiel que l’Union européenne, du seul point de vue de l’Union, ne pourra pas traiter, mais dont l’action est indispensable pour coordonner la réponse des États membres. Je me félicite donc de ce débat. Les ressources dont nous disposons sont plus importantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient l’année dernière. Nous pouvons faire plus, nous ferons plus. Nous travaillerons sur un système qui impose des coûts à ceux qui sont impliqués dans la désinformation et nous tenterons de faire en sorte que nos sociétés soient aussi capables de combattre le virus du mensonge que celui de la maladie biologique. Parce que la survie de notre système politique en dépend.

    Je vous remercie à la fois de votre exigence critique et de votre volonté de soutien.

    Merci beaucoup.

    Vidéo

    EEAS, 06/07/2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, désinformatio, informatique cyberguerre, manipulation de l’information, interférence, Josep Borrell, Russie, Chine, ingérence étrangère,

  • Michel Barnier se confie à Euronews

    L’ancien « homme du Brexit » Michel Barnier se confie à Euronews

    Six mois après la fin de son mandat de négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne, Michel Barnier a accordé une longue interview à Euronews. Le Français a récemment publié un livre, écrit pendant ces 1600 jours de négociations et de coups bas entre les 27 et le Royaume-Uni.

    A propos de Boris Johnson et des mensonges des « Brexiteers » dénoncés par Barnier, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy préfère rendre hommage aux autres.

    « Je préfère dire que j’ai du respect pour Olly Robbins, qui était le conseiller européen de Mme May », confie le transalpin à nos micros. « J’ai beaucoup de respect pour Theresa May, qui a été courageuse, tenace. Je préfère m’arrêter ici. »

    Alors que le Brexit commence à montrer ses premiers effets, non sans frictions entre les parties, l’ancien commissaire invite les Européens à rester vigilants face aux tentations de Londres de se livrer à un dumping fiscal, social ou environnemental.

    « J’ai confiance que ce grand pays respectera sa signature, même s’il y a des intentions que j’ai du mal à comprendre », explique M. Barnier. « Car si l’on regarde les choses en perspective, le plus important pour les Britanniques est de conserver un marché de 450 millions de consommateurs avec un grand voisin. S’ils devaient remettre en cause leur signature, ce serait grave pour la confiance dont nous avons besoin. »

    M. Barnier va maintenant s’engager corps et âme dans la prochaine campagne présidentielle française, mais reste prudent quant à son éventuelle candidature. L’interview complète sera diffusée lundi soir sur Euronews et euronews.com.

    Euronews, 04/07/2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, brexit, Royaume Uni, UK, Michel Barnier,

  • Macron et Poutine des relations Moscou-UE

    Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont parlé de l’amélioration des relations entre la Russie et l’Union européenne.

    L’Élysée a indiqué vendredi soir que les présidents français et russe Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont entretenus au téléphone de l’amélioration des relations entre la Russie et l’Union européenne. Le communiqué souligne que le président Macron « a exprimé la volonté de la France de voir ses relations soient fondées sur une plus grande confiance. »

    « Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont exprimé leur soutien à la poursuite du dialogue structuré que nous menons sur une plus grande stabilité stratégique du continent européen », précise le communiqué de l’Élysée.

    « La lutte contre le terrorisme international et le changement climatique, qui est un objectif commun de l’Union européenne et de la Russie, peut contribuer au retour à un dialogue normal et respectueux », a évalué le Kremlin après la conversation, indiquant que la Russie est prête à l’entreprendre.

    Etiquettes : France, Macron, Vladimir Poutine, UE,

  • L’Europe dénonce l’entrée massive de tomates du Maroc et la Turquie

    L’Espagne et d’autres pays européens ont dénoncé l’entrée massive de tomates et de fruits d’été en provenance du Maroc et de la Turquie.

    La question a été abordée mardi par les ministres de l’agriculture de l’Union européenne lors d’un Conseil « Agriculture » qui s’est tenu à Luxembourg. Organisé deux fois par an, ce Conseil permet à la Commission de faire le point sur la situation des différents marchés agricoles.

    Le ministre espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, Luis Planas, a déclaré lundi à Efeagro qu’il existe des préoccupations concernant « la situation du marché de la tomate, les importations en provenance de pays tiers et la manière dont notre production en est affectée en termes de prix et de surface cultivée ».

    « En ce qui concerne les tomates et les fruits d’été, les États membres font état d’une pression croissante ces dernières années de la part des importations en provenance de pays tiers, notamment la Turquie et le Maroc. Ainsi, ils demandent que les accords d’importation avec ces pays soient revus », indique un document qui a été préparé pour la réunion.

    Fresh Plaza, 01/07/2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, agriculture, produits agricoles, fruits d’été, légumes, Maroc, Turquie,

  • Liban : L’UE menace, la Russie négocie la reconstruction des infrastructures

    Pendant que l’UE menace, la Russie aborde avec le Liban la reconstruction de ses infrastructures


    Mise à jour : 30-06-2021

    Alors que l’UE a récemment fait allusion à de possibles sanctions ciblées contre le Liban si celui-ci, en défaut de paiement, ne trouve pas un accord avec le FMI, la Russie adopte une approche différente et envisage de coopérer sur des projets cruciaux, comme la reconstruction des silos à blé détruits par les explosions de l’an dernier. Les membres du gouvernement libanais ont rencontré le 28 juin à Beyrouth une délégation russe d’experts et de représentants de sociétés d’investissement pour aborder plusieurs projets de soutien.

    Comme le rapporte L’Orient-Le Jour, la réunion était suivie par le ministre des Travaux publics et des Transports, Michel Najjar, et celui de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, tandis que la délégation russe était emmenée par l’ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Roudakov. Les parties ont abordé trois axes principaux: la reconstruction des silos détruits au port de Beyrouth en août dernier, une coopération en matière d’infrastructures portuaires et enfin énergétiques.

    «La délégation a exprimé le souhait de coopérer avec le Liban et de fournir toute l’assistance nécessaire aux ports de Beyrouth et de Tripoli», a indiqué le ministère des Travaux publics et des Transports dans un communiqué. Le ministre Najjar a précise que la délégation russe passerait «trois jours au port de Beyrouth et trois jours au port de Tripoli afin d’étudier la possibilité de construire de nouveaux silos à blé». Alexandre Roudakov a, de son côté, déclaré que la Russie œuvrerait «à aider le Liban, pays ami, sur les questions de l’électricité et de l’énergie».

    Une impasse politique et économique

    Depuis les explosions au port de Beyrouth en août dernier, le Liban, en défaut de paiement pour sa dette colossale, s’enlise dans une sévère crise socio-économique. Le pays avait mené l’an dernier des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des aides, mais ces discussions ont échoué en raison de divergences au sein de la délégation libanaise. La communauté internationale, y compris la France, ne cesse de réclamer un gouvernement de «mission» pour mener des réformes. Le pays en est dépourvu depuis plus de 10 mois. Le 19 juin Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne en visite à Beyrouth, a estimé que l’accord avec le FMI était la seule solution. Il a même fait allusion à de possibles sanctions ciblées contre des dirigeants libanais responsables de l’impasse politique.

    En avril, la France avait déjà imposé des restrictions d’accès à son territoire à plusieurs d’entre eux, sans dévoiler leur nom. Les explosions du 4 août ont fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, dévastant la moitié de la capitale. Elles ont été déclenchées par un incendie dans un entrepôt abritant des tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans mesures de sécurité. L’enquête menée par des autorités judiciaires libanaises est actuellement au point mort étant donné que le pays a refusé toute aide internationale en la matière.

    Le Maghreb, 30 juin 2021

    Etiquettes : Liban, UE, Russie,