Étiquette : UE

  • L’UE dénoncée pour avoir fait du Maghreb et du Sahel ses gendarmes de la migration

    Rabat, 22 avr. (EFE) – Les pays du Maghreb et du Sahel jouent le rôle de « gendarmes de l’Union européenne » en matière de migration, notamment « en termes de militarisation et d’externalisation des frontières », ont dénoncé aujourd’hui six organisations de défense des droits des migrants dans une déclaration commune.

    Les organisations, basées au Maroc, au Niger, au Mali et en Europe, ont rédigé leur communiqué en réponse aux campagnes d’ »arrestations arbitraires et d’expulsions à chaud » de migrants, actuellement en cours, et pour dénoncer « les conditions inhumaines et les situations précaires et dangereuses » dans lesquelles vivent les migrants en Algérie, en Libye, au Maroc, en Tunisie et au Niger.

    La situation la plus grave est celle de l’Algérie, où depuis le début de l’année les ONG ont documenté l’expulsion de 3779 personnes vers le Niger (il y en avait 22 631 en 2020) ; le plus inquiétant est que les expulsions ont lieu en plein désert, les migrants étant abandonnés à la frontière et devant ensuite marcher des dizaines de kilomètres jusqu’au premier endroit habité.

    En Libye, au cours du seul mois de février, 3 400 migrants ont été expulsés après avoir été interceptés dans les eaux méditerranéennes « avec la complicité de l’agence européenne Frontex » ; en outre, ceux qui ne sont pas expulsés sont détenus dans des centres de détention où règnent « la surpopulation, le manque de nourriture et d’eau et de fréquents mauvais traitements ».

    Quant au Maroc, les signataires critiquent le fait que l’État dépense  » les millions d’euros  » qu’il reçoit de l’UE pour assurer  » le succès de ses opérations d’expulsion de migrants, que ce soit vers la frontière avec l’Algérie ou vers les pays du Sahel « , expulsions qui se font  » dans des conditions inhumaines et désastreuses, en violation de tous leurs droits « .

    Les migrants à Tunis seraient victimes d’une série d’agressions spécifiques à l’encontre des Africains subsahariens installés dans les quartiers pauvres du nord de la capitale, qui ont également perdu leur emploi en raison de la crise provoquée par le covid, ce qui les conduit à tenter encore et encore la dangereuse traversée de la Méditerranée vers l’Italie.

    Enfin, le communiqué fait également référence à la situation des migrants au Niger, un pays considéré comme le centre du Sahel à partir duquel se  » distribue  » le trafic de migrants subsahariens vers le Nord ; les signataires soulignent le rôle que Frontex et l’Organisation internationale pour les migrations peuvent avoir dans la consolidation des  » ghettos de migrants  » dans la région d’Agadez.

    Après avoir dénoncé la collusion entre l’UE et les pays précités, les signataires réclament enfin « une liberté totale de circulation et d’installation » pour tous les migrants. EFE

    Swissinfo, 22 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Migration, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, sunsahariens,

  • Ancien négociateur en chef de l’UE sur le Brexit : « La France est la prochaine ».

    Roberto Vivaldelli

    Après le Royaume-Uni, la France pourrait être le prochain pays à quitter l’Union européenne. Pour le dire, ce n’est pas un « souverainiste » mais un pro-européen convaincu comme le républicain Michel Barnier, ancien ministre et ancien commissaire européen au marché intérieur et aux services et surtout négociateur en chef de l’Union européenne pour la mise en œuvre du Brexit. M. Barnier est un homme politique expérimenté et chevronné : après avoir été diplômé de l’Escp Europe à Paris en 1972 et avoir été élu au Parlement français pour la première fois en 1978, il a toujours vécu de la politique.

    Conservateur, rappelle le Post, il a été élu plusieurs fois député et sénateur et a occupé de nombreux postes importants : il a été ministre de l’environnement, ministre des affaires européennes, ministre des affaires étrangères en 2004-2005, ministre de l’agriculture et conseiller d’État de Nicolas Sarkozy. Depuis la fin des années 1990, les missions nationales de Barnier alternent avec des missions au niveau européen : de 1999 à 2004, il a été commissaire aux politiques régionales et à la réforme institutionnelle, en 2010, l’ancien président de la Commission José Manuel Barroso lui avait confié la responsabilité du marché intérieur et des services financiers, et en 2014, il a été nommé commissaire européen à l’industrie et à l’entrepreneuriat, après avoir défié Juncker pour le poste de président de la Commission et perdu.

    Ancien négociateur en chef de l’UE pour le Brexit : « La France pourrait quitter l’Union ».
    En bref, un CV respectable que celui de Barnier. Qui craint que sa France, un jour, ne suive les traces du Royaume-Uni et ne quitte l’Union européenne. En fait, noyer l’UE elle-même. Comme le rapporte le Telegraph, selon Michel Barnier, la France pourrait être la prochaine à quitter l’UE si le président Macron ne tire pas les leçons du Brexit sur des questions clés comme l’immigration. « Nous pourrions tirer nous-mêmes quelques leçons du Brexit. Il est maintenant trop tard pour le Royaume-Uni mais pas pour nous », a noté l’homme politique français.  » Demandons-nous : pourquoi ce pourcentage de 52 % [en faveur de la sortie de l’Union européenne] lors du référendum [sur le Brexit] ? 52% des citoyens ont voté contre Bruxelles, contre l’UE, à tel point qu’ils ont fini par quitter l’UE », a-t-il ajouté. L’une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni a quitté l’UE, a expliqué M. Barnier, concerne les politiques d’immigration. Une leçon que les autres États européens, à commencer par la France, doivent retenir s’ils ne veulent pas suivre les traces de Londres.

    « Nous pouvons trouver, non seulement au Royaume-Uni, mais ici en France, dans les régions du nord et de l’est, des citoyens qui veulent quitter l’UE. Ils disent que l’UE n’a pas répondu aux souhaits légitimes des citoyens, il y a des troubles sociaux ou de la colère, pourrait-on dire, parce qu’il n’y a pas de protection des frontières extérieures, certains disent que les flux d’immigration ont un impact sur nous, et aussi l’Europe est souvent critiquée pour sa bureaucratie et sa complexité », a expliqué M. Barnier.

    Le courant pro-européen de Barnier

    Comme le rapporte l’agence de presse Reuters, l’ancien négociateur en chef du Brexit pour le compte de l’Union européenne envisagerait de se présenter aux prochaines élections françaises. A tel point qu’en février dernier, l’ancien ministre français a lancé son propre courant au sein du parti des Républicains qui prend le nom de « Patriote et Européen ». Actuellement, les sondages ne semblent pas encourageants pour le président sortant Emmanuel Macron : à 12 mois de l’élection, seuls 35% des Français disent avoir confiance dans l’action du gouvernement concernant la gestion de la pandémie et seuls 45% ont une opinion favorable de Macron, selon deux récents sondages de l’Ifop. Pour défier Emmanuel Macron à droite, outre le modéré Barnier, il y aura sûrement Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, et l’ancien Les Républicains Xavier Bertrand. À gauche, le défi de Macron sera Jean-Luc Mélenchon et, probablement, la socialiste Anne Hidalgo, maire de Paris.

    Inside Over, 22 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Brexit, Frexit, France, Michel Barnier,

  • L’Union européenne et le Japon tiennent des consultations sur la sécurité et la défense

    Le 15 avril, l’UE et le Japon ont tenu des consultations sur la sécurité et la défense par vidéoconférence. En particulier, ils ont discuté de la coopération opérationnelle pour la sécurité maritime, à la suite d’exercices navals conjoints dans le golfe d’Aden en octobre 2020 et dans la mer d’Oman en février 2021, ainsi que d’une escale portuaire conjointe à Djibouti en octobre 2020. L’UE et le Japon sont déterminés à poursuivre leur coopération pour protéger la liberté de navigation et promouvoir la sécurité maritime par des initiatives de formation et des activités opérationnelles en mer. Ils visent à étendre leur coopération à d’autres partenaires de la région indo-pacifique.

    En outre, l’UE et le Japon ont discuté du renforcement des capacités au profit des partenaires en Asie du Sud-Est et en Afrique et ont identifié des synergies et des pistes de coopération future dans ce domaine. Ils ont également discuté de la mise en œuvre d’activités dans le cadre du projet de l’UE «Renforcer la coopération en matière de sécurité en et avec l’Asie», qui facilite le partage d’expériences dans les domaines de la sécurité maritime, de la lutte contre le terrorisme, de la cybersécurité et de la gestion des crises. Enfin, ils ont abordé les implications des maladies infectieuses pour la sécurité et la défense.

    La réunion était coprésidée par Mme Alison Weston, chef de la Division des partenariats et des accords du Service européen pour l’action extérieure, et par M. Shogo Yoshitake, directeur de la Division de la politique européenne au ministère des Affaires étrangères du Japon, et M. Koji Yoshino, Directeur de la Division de la politique internationale au ministère de la Défense.

    EEAS, 15 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Japon,

  • EXPLIQUANT : Qu’est-ce qui se cache derrière le conflit dans l’est de l’Ukraine ?

    MOSCOU (AP) – Les tensions augmentent dans le conflit dans l’est de l’Ukraine, avec des violations croissantes du cessez-le-feu et un renforcement militaire massif de la Russie près de sa frontière avec la région.

    L’Ukraine et l’Occident s’inquiètent de la concentration des troupes russes et ont demandé à Moscou de les retirer. La Russie a fait valoir qu’elle était libre de déployer ses forces sur son territoire et a sévèrement mis en garde le gouvernement de Kiev contre l’utilisation de la force pour reprendre le contrôle du territoire tenu par les rebelles à l’est, où plus de 14 000 personnes sont mortes en sept ans de combats.

    Voici un aperçu de certaines des questions relatives au conflit dans l’est de l’Ukraine :

    QUELLES SONT LES RACINES DU CONFLIT ?

    L’Ukraine a fait partie de l’Union soviétique jusqu’à son effondrement en 1991, et depuis lors, la Russie a cherché à garder le voisin dans son orbite. Le conflit séparatiste dans le cœur industriel oriental de l’Ukraine, connu sous le nom de Donbas, abréviation de bassin de Donetsk, a éclaté en avril 2014. C’était quelques semaines après l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, suite à l’éviction d’un président favorable à Moscou par un soulèvement populaire dans la capitale Kiev.

    Des rebelles armés dans la région orientale majoritairement russophone ont saisi des bâtiments gouvernementaux et proclamé des « républiques populaires » dans les régions de Donetsk et de Louhansk, et l’armée ukrainienne et des bataillons de volontaires ont pris des mesures pour réprimer les troubles.

    L’Ukraine et l’Occident ont déclaré que la Russie avait envoyé des troupes et des armes dans l’est du pays pour soutenir les séparatistes. Moscou a démenti ces affirmations et a insisté sur le fait que les Russes combattant aux côtés des rebelles s’y étaient rendus de leur propre chef.

    Au milieu des hostilités, un avion de ligne de la Malaysia Airlines qui se rendait d’Amsterdam à Kuala Lumpur a été abattu le 17 juillet 2014 au-dessus de l’est de l’Ukraine, tuant les 298 personnes à bord. Les procureurs néerlandais affirment qu’il a été abattu par un missile Buk russe depuis une zone contrôlée par les séparatistes soutenus par la Russie. La Russie a nié toute implication.

    Les États-Unis et l’Union européenne ont imposé des sanctions à Moscou pour son annexion de la Crimée, qui n’a pas été reconnue par la plupart des pays du monde, et son soutien aux séparatistes. Ces restrictions ont mis un terme au transfert de technologies occidentales et bloqué l’accès de la Russie aux marchés financiers mondiaux. La Russie a riposté en interdisant la plupart des importations alimentaires occidentales.

    DES EFFORTS ONT-ILS ÉTÉ DÉPLOYÉS POUR PARVENIR À UN ACCORD DE PAIX ?

    Après une série de défaites militaires de l’Ukraine, la France et l’Allemagne ont aidé à négocier un accord de paix qui a été signé en février 2015 dans la capitale biélorusse de Minsk.

    L’accord a été un coup diplomatique pour la Russie, obligeant l’Ukraine à accorder une large autonomie aux régions rebelles et à déclarer une amnistie pour les rebelles. Il stipulait que l’Ukraine ne reprendrait le contrôle total de sa frontière avec la Russie dans les territoires tenus par les rebelles qu’après l’élection de dirigeants et de corps législatifs locaux. De nombreux Ukrainiens ont considéré l’accord comme une trahison des intérêts nationaux et s’y sont opposés.

    L’accord de Minsk a contribué à mettre fin aux hostilités à grande échelle, mais des escarmouches sporadiques se sont poursuivies et les efforts en vue d’un règlement politique se sont enlisés.

    Les responsables ukrainiens ont insisté à plusieurs reprises pour que l’accord de Minsk soit révisé, ce que la Russie a rejeté.

    OÙ EN EST L’ACCORD DE PAIX ?

    Les séparatistes ont demandé à la Russie d’incorporer les territoires rebelles, mais Moscou n’a pas donné suite à cette demande, estimant apparemment que ces régions orientales contribueraient à ramener l’Ukraine dans l’orbite de la Russie et à contrecarrer les aspirations de Kiev à rejoindre l’OTAN et l’UE. La Russie a accordé sa citoyenneté à plus de 600 000 personnes dans les régions contrôlées par les rebelles.

    Le novice en politique Volodymyr Zelenskyy a été élu président de l’Ukraine par une victoire écrasante en avril 2019 en promettant de mettre fin aux combats et d’éradiquer la corruption endémique du pays. Il a fait pression avec succès pour une série d’échanges de prisonniers et a cherché à garantir une trêve durable en retirant les troupes et les armes lourdes de la ligne de contact.

    En décembre 2019, les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine, de la France et de l’Allemagne se sont rencontrés à Paris et ont réaffirmé leur engagement envers l’accord de paix de 2015, mais aucun progrès n’a été réalisé sur un règlement politique.

    POURQUOI LES TENSIONS SE SONT-ELLES AGGRAVÉES MAINTENANT ?

    L’absence de résolution durable du conflit a attisé de nouvelles tensions. Les autorités ukrainiennes affirment que les violations du cessez-le-feu sont devenues plus fréquentes ces dernières semaines, avec près de 30 soldats tués cette année.

    Elles accusent la Russie d’alimenter les tensions en déployant 41 000 soldats près de la frontière avec l’est de l’Ukraine et 42 000 en Crimée, où la Russie maintient une importante base navale.

    Les États-Unis et l’OTAN affirment que la concentration des troupes russes est la plus importante depuis 2014. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoigu, a déclaré que l’augmentation des effectifs au cours des trois dernières semaines faisait partie des exercices de préparation en réponse à ce qu’il décrit comme des menaces de l’OTAN.

    La Russie l’a également présenté comme une précaution de sécurité nécessaire au milieu de ce qu’elle décrit comme les provocations de l’Ukraine le long de la ligne de contrôle. Les responsables du Kremlin ont fermement mis en garde Kiev contre toute tentative de recours à la force pour reprendre l’est du pays, affirmant que la Russie pourrait être contrainte d’intervenir pour protéger les civils en cas de menace de massacre.

    Le nouveau président américain Joe Biden a déclaré dans un discours que l’époque où les États-Unis se pliaient aux exigences du président russe Vladimir Poutine était révolue. Lors d’un appel téléphonique mardi avec M. Poutine, M. Biden l’a exhorté à « désescalader les tensions ». La Maison Blanche a déclaré que M. Biden avait « souligné l’engagement inébranlable des États-Unis en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

    AP, 15 avr 2021

    Etiquettes : Ukraine, Russie, Etats-Unis, UE,

  • Les Européens veulent que l’euro numérique soit privé, sûr et bon marché: enquête de la BCE

    FRANCFORT (Reuters) – Les citoyens de la zone euro s’attendent à ce que l’euro numérique proposé par la Banque centrale européenne soit privé, sûr et bon marché, a montré mercredi une enquête de la BCE.

    La BCE travaille à la création d’une forme électronique d’argent liquide pour compléter les billets et les pièces de monnaie dans le but d’endiguer la concurrence des crypto-monnaies telles que Bitcoin, Tether et le Diem proposé par Facebook.

    Un sondage de la BCE a montré que le respect de la vie privée lors des paiements, une caractéristique clé de l’argent liquide dont certains craignent de se perdre lors du passage à un moyen de paiement électronique, était la priorité numéro un des particuliers et des professionnels.

    «Ce que les répondants attendent le plus d’un euro numérique, c’est la confidentialité (43%), la sécurité (18%), la convivialité dans la zone euro (11%), l’absence de coûts supplémentaires (9%) et l’utilisation hors ligne (8%), »A déclaré la BCE dans un rapport présentant les résultats de sa consultation.

    Un euro numérique donnerait aux détenteurs une créance directe sur la BCE, ce qui la rendrait plus sûre qu’un compte détenu dans une banque commerciale ou un portefeuille numérique.

    Cela a fait craindre que les gens, en particulier en temps de crise, ne transforment leurs économies en euros numériques, exacerbant les pannes bancaires ou même bouleversant le modèle commercial du secteur financier.

    La consultation de la BCE a montré que la moitié des répondants étaient en faveur de l’introduction d’un plafond sur le nombre d’euros numériques que chaque citoyen peut posséder ou d’une rémunération échelonnée par laquelle les soldes supérieurs à un certain seuil seraient pénalisés.

    Deux tiers des personnes interrogées ont déclaré que l’argent électronique devrait être proposé par des intermédiaires du secteur privé et intégré au système de paiement existant et un quart souhaitait également qu’il soit proposé sous forme de «carte à puce» ou d’application téléphonique afin de pouvoir être dépensé hors ligne.

    La conception d’un euro numérique étant encore à ses débuts, le lancement des nouveaux moyens de paiement n’est pas prévu avant quatre ou cinq ans.

    D’autres banques centrales du monde entier travaillent également sur des projets similaires, la Chine exécutant déjà des programmes pilotes.

    Reuters, 14 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, euro numérique, euro digital, monnaie numérique, monnaie digitale, Banque centrale européenne, BCE, Bitcoin, Tether, Diem,

  • Maroc-Espagne : La tomate, prise entre deux feux

    L’Espagne a perdu 30 % de ses ventes dans l’UE en raison de l’offre massive du Maroc à bas prix et de la plus grande efficacité de production des serres aux Pays-Bas.

    Avec un volume de 1,5 million de tonnes, la tomate est le fleuron de la production serricole espagnole, notamment à Almeria, et le fer de lance de l’ouverture et de la consolidation des marchés d’exportation. Cette position dominante de l’Espagne dans ce type de production est menacée par deux fronts opposés, le nord et le sud. D’une part, par des exportations massives à bas prix depuis le Maroc. D’autre part, par l’augmentation de la production dans d’autres pays de l’UE où l’Espagne place ses exportations, soit en raison de l’essor des serres plus efficaces, soit en raison des conditions plus favorables offertes par le changement climatique. Quoi qu’il en soit, ce qui se passe dans la tomate, comprennent les producteurs, est un avertissement pour l’ensemble de ce qu’on appelle le maraîchage espagnol.

    L’accord actuellement en vigueur entre l’Union européenne et le Maroc prévoit la possibilité d’exporter vers les pays de l’UE, dans des conditions tarifaires préférentielles, un volume de 285 000 tonnes à un prix d’entrée de 0,46 euros par kilo qui n’a pas bougé depuis plus de deux décennies, bien qu’il ait la possibilité de dépasser ce volume à un prix plus élevé. Sur la base de cette disposition, le Maroc a porté ses exportations vers les pays de l’UE en 2020 à 518 000 tonnes, contre 310 000 tonnes il y a dix ans. Dans le cas de l’Espagne, les importations de tomates marocaines ont augmenté au cours de la même période, passant de 20 000 à 77 000 tonnes.

    Cette présence accrue de la production marocaine sur les marchés de l’UE a entraîné une baisse générale des prix et, dans le cas de l’Espagne, une chute de 30 % des ventes, qui sont passées d’un peu plus d’un million de tonnes à 711 000 tonnes l’année dernière.

    « Comme pour le haricot vert, où le Maroc domine le marché, nous ne pouvons pas concurrencer la production marocaine de tomates rondes standard en raison de nos différences de coûts et de leurs conditions d’accès au marché », souligne le directeur général du groupe Bonnysa, Jorge Brotons. « Dans notre cas, nous avons été contraints, dans certains cas, de changer de variétés pour offrir des produits à plus grande valeur ajoutée et, dans d’autres, de passer à des produits tropicaux. Le secteur a besoin d’une plus grande protection contre les pays tiers, mais aussi d’un processus de conversion des serres pour être plus efficace », ajoute-t-il.

    Du côté de la Fédération des producteurs et exportateurs de fruits et légumes, le directeur José María Pozancos souligne la difficulté de concurrencer la production marocaine de tomates en raison des coûts de main-d’œuvre inférieurs et de l’inefficacité d’un prix d’entrée de 0,46 euros par kilo, bien inférieur aux coûts de production moyens de 0,55 euros, qui est gelé depuis deux décennies et que l’eurodéputée socialiste Clara Aguilera a dénoncé devant la Commission. Le secteur des producteurs est considéré comme très difficile, dans le cadre communautaire, d’augmenter ces prix d’entrée, de sorte que la possibilité d’établir des clauses de sauvegarde en fonction de la situation du marché est revendiquée. M. Pozancos comprend que la philosophie de l’accord avec le Maroc n’est pas non plus respectée lorsqu’il stipule qu’il doit respecter les flux commerciaux traditionnels et ne pas fausser les marchés.

    Aide publique indirecte

    Un deuxième front auquel est confrontée la tomate, et en général la majorité des cultures sous serre dites hors saison, est l’augmentation de la production sous serre dans les pays du nord de l’Union européenne, notamment aux Pays-Bas et en Belgique, ou l’essor des cultures dû au changement climatique qui affecte également d’autres cultures. Ces dernières années, on a assisté à une explosion de nouvelles installations de pointe, dans de nombreux cas avec des subventions publiques indirectes pour l’utilisation de l’énergie qui permettent actuellement de produire plus de 40 kilos de tomates par mètre carré, contre les 15 kilos en moyenne obtenus en Espagne. A cet inconvénient s’ajoute le coût du transport de l’Espagne vers les lieux de consommation. Cette situation de plus grande efficacité dans d’autres pays a fait que l’Espagne, bien qu’étant en tête de la production avec plus de 1,5 millions de tonnes de cet approvisionnement, importe environ 165 000 tonnes où, aux 77 000 tonnes du Maroc, s’ajoutent 30 000 tonnes des Pays-Bas, 33 000 du Portugal et 15 000 de la Belgique.

    L’Espagne compte officiellement environ 50 000 hectares de serres, principalement à Almeria, aux Canaries et à Levante, bien que dans de nombreux cas, on appelle serre une structure recouverte de plastique. Il s’agit d’un secteur en grande partie très ancien qui a besoin d’un plan de reconversion complet que le secteur réclame depuis des années. Actuellement, sur la base des fonds communautaires pour la relance, l’administration a alloué un total de 122 millions d’euros à cette fin, un volume qui, de la part du secteur, est considéré comme totalement insuffisant si l’on considère que l’investissement nécessaire pour moderniser un hectare de serre est d’environ 400 000 euros.

    El Pais, 12 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, tomate, fruits, légumes, UE, exportation,

  • La France affirme que la Turquie a snobé le président de la Commission européenne

    Le ministre français de l’Europe, Clément Beaune, a déclaré dimanche que la Turquie avait tendu un “piège” à la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en la forçant à s’asseoir à côté lors d’une visite à Ankara, dans un faux pas d’une séance photo rapide surnommé «sofagate». .

    L’échec de la présidence turque à placer une chaise pour von der Leyen aux côtés du président Recep Tayyip Erdogan et du chef du Conseil de l’UE, Charles Michel, était “une insulte de la Turquie”, a déclaré Beaune à la télévision RTL.

    “La Turquie s’est mal conduite”, a-t-il ajouté, le qualifiant de “problème turc délibérément posé à notre égard … nous ne devrions pas blâmer les Européens”.

    Le détournement de Von der Leyen a provoqué des récriminations des capitales européennes dinde, mais aussi à Bruxelles.

    Pour sa part, Ankara insiste sur le fait que l’incident était dû à des câbles emmêlés entre le Conseil et la Commission, des institutions européennes distinctes.

    Le personnel de Michel a affirmé n’avoir pas eu accès à la salle de réunion avant l’événement de mardi, mais a également souligné que le chef du Conseil comparaît devant le président de la Commission dans le cadre d’un protocole international strict.

    Manque de respect

    “C’était une sorte de piège … entre celui qui l’a posé et celui qui s’y est mis, je préfère blâmer celui qui l’a posé”, a déclaré Beaune de France.

    Faisant écho au Premier ministre italien Mario Draghi, qui a qualifié Erdogan de “dictateur” en réponse à l’incident du canapé, Beaune a accusé qu’il y avait “un réel problème avec un manque de respect pour la démocratie et une dérive autocratique en Turquie” qui devrait inciter les Européens à être «très ferme avec les Turcs».

    Cependant, “à l’avenir, ce serait bien s’il y avait une seule présidence de l’exécutif européen”, a reconnu Beaune.

    “Nous avons besoin d’institutions européennes plus fortes.”

    (avec l’AFP)

    Cosmosonic, 12 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, France, Tayyip Erdogan, Europe, Union Européenne, UE, Charles Michel, Ursula von der Leyen,

  • Sofagate : un « piège » de la Turquie, selon Paris

    Le secrétaire français aux Affaires européennes Clément Beaune a martelé dimanche que « l’affront » fait à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d’une visite à Ankara était un acte « délibéré », un « piège » de la Turquie.

    « C’est un affront de la part de la Turquie », a-t-il déclaré dans l’émission « Le Grand Jury » des médias RTL/Le Figaro/LCI, écartant la thèse d’une erreur de protocole européen.

    « Il faut remettre l’église au milieu du village. Le problème dans cette affaire ce n’est pas l’Europe, c’est la Turquie », a asséné le responsable français.

    « La Turquie s’est mal comportée », a-t-il ajouté, en pointant « une forme d’agressivité générale et de posture de la Turquie à l’égard de l’Europe ».

    « C’est un problème turc qui a été fait, délibérément je crois, à notre égard (…) Il ne faut pas qu’en plus on batte notre coulpe d’Européens », a-t-il insisté.

    von der Leyen sur le divan

    Ursula von der Leyen a été placée mardi par le protocole en retrait sur un divan lors d’une réunion avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel, ce qui a provoqué beaucoup de ressentimment mais aussi des frictions à Bruxelles.

    La Turquie s’est défendue de tout affront en imputant cet incident à un problème de protocole entre institutions de l’UE.

    Les services de Charles Michel ont répliqué n’avoir pas eu accès au préalable à la salle où devait se tenir la réunion. Mais le Conseil européen a aussi fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international.

    « Il y a eu une forme de piège »

    « Il y a eu une forme de piège (..) Entre celui qui a tendu le piège et celui qui est tombé dans le piège, je préfère qu’on mette la culpabilité sur celui qui a tendu le piège », a déclaré Clément Beaune.

    Il a aussi estimé qu’il y avait « un vrai problème de non respect de la démocratie et de dérive autocratique en Turquie » et que les Européens se devaient d’être « très fermes avec les Turcs ».

    Plus largement, il a aussi plaidé pour une « seule incarnation » de l’UE à l’international plutôt qu’un exécutif bicéphale.

    « Il serait bien dans les années qui viennent (..) qu’il y ait une seule présidence de l’exécutif européen. Il faut qu’on ait des institutions européennes plus fortes, mieux incarnées », a-t-il dit.

    L’OBS via MSN.COM, 11 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, Charles Michel, Ursula von der Leyen, UE, Europe,

  • «Danger pour la France», «guerre d’influence»: Jordan Bardella dézingue la Turquie d’Erdogan

    Par Florent Zephir

    Jordan Bardella a tiré à boulets rouges sur le Président turc et son pouvoir sur BFM TV, l’accusant d’humilier l’Europe et de s’ingérer dans les affaires françaises. L’eurodéputé RN a notamment demandé des sanctions.

    Dénonçant l’attitude de Recep Tayyip Erdogan vis-à-vis de Charles Michel et surtout d’Ursula von der Leyen, Jordan Bardella est revenu sur l’épisode du Sofagate sur BFM TV. L’eurodéputé (RN) a rappelé que certains «codes de courtoisie» existaient en Europe, où un homme n’est pas censé s’asseoir avant qu’une femme ne se soit elle-même installée.

    Des codes que «ne partage pas» le chef d’État turc selon Jordan Bardella, puisqu’il a laissé patienter Ursula von der Leyen debout quelques instants avant de la reléguer sur un canapé, à bonne distance des débats.

    Le vice-président du RN voit dans l’accueil réservé aux représentants européens une «forme d’humiliation» qui participe plus largement à une «guerre d’influence».

    «Erdogan prend l’Europe depuis des mois, voire des années, comme un paillasson […]. Il reçoit des dirigeants européens comme on reçoit des vaincus en temps de guerre. On voit qu’Erdogan, par une stratégie extrêmement fine et précise, mène une guerre d’influence», estime l’élu RN.

    Le député européen a précisé que ces humiliations étaient rendues possibles par la «mansuétude» dont bénéficie Erdogan de la part de dirigeants français et européens.

    Sanctions et fermeté

    Au-delà de cet incident protocolaire, M.Bardella a souligné que le pouvoir turc représentait une «menace pour l’Europe» sur un plan géopolitique. Il a en particulier fustigé le «chantage aux migrants» d’Ankara et son «jeu trouble avec Daech*».

    La Turquie bénéficie en effet de fonds européens alloués à la gestion des migrants depuis le pacte migratoire avec l’UE signé en 2016. Une manne financière strictement contrôlée par Bruxelles via une structure de cogérance, mais qu’Erdogan souhaiterait désormais voir arriver «directement dans les caisses de l’État turc», comme l’explique à Sputnik Constantin Pikramenos, expert en intelligence économique.

    Pour faire cesser le «jeu ambigu» d’Ankara, Jordan Bardella demande «des sanctions et de la fermeté», suggérant notamment de taper au portefeuille, la Turquie ayant reçu «47 milliards d’euros, à la fois de prêts et de subventions européennes» sur ces 25 dernières années.

    «Pas un euro d’argent public pour la Turquie tant qu’elle aura un jeu ambigu à notre égard, mais aussi à l’égard des islamistes et de Daech*!», clame-t-il sur BFM TV.

    Ingérence en France

    Enfin, Jordan Bardella a fait allusion à la politique d’ingérence de la Turquie sur le sol français, critiquant en particulier l’association Millî Görüş, soupçonnée de radicalisme. L’organisme a récemment défrayé la chronique suite aux subventions accordées par la mairie de Strasbourg à la future grande mosquée de la ville. Il lui est entre autres reproché de ne pas avoir signé la Charte des principes pour l’islam de France.

    Pour mettre un terme à cette guerre d’influence sur le territoire national, Jordan Bardella demande des «mesures de rétorsion». Il a ainsi proposé de «renvoyer chez eux» les imams étrangers détachés en France par la Turquie. Une idée déjà évoquée en février 2020 par Emmanuel Macron et Christophe Castaner. Ce dernier avait d’ailleurs assuré sur France Inter qu’il travaillait «sur la fin des imams détachés en 2024».

    *Organisation terroriste interdite en Russie

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    Sputnik, 11 avr 2021

    Etiquettes : UE, Turquie, France, Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron, Jordan Bardella, Europe, Charles Michel, Ursula von der Leyen,

  • L’UE et le COVID-19 : Quand un vaccin ne fait qu’empirer les choses

    BRUXELLES (AP) – Les dirigeants de l’Union européenne ne se retrouvent plus autour d’une table ovale commune pour négocier leurs fameux compromis. Au lieu de cela, chacun des 27 observe avec méfiance les autres chefs d’État ou de gouvernement via un écran vidéo qui montre une mosaïque de capitales lointaines.

    Voilà ce que le COVID-19 a engendré.

    Les grands espoirs de voir la crise encourager un bloc nouveau et plus soudé à faire face à un défi commun ont fait place à la réalité de la division : La pandémie a dressé les pays membres les uns contre les autres, et de nombreuses capitales contre l’UE elle-même, comme en témoignent les réunions virtuelles et décousues que tiennent désormais les dirigeants.

    Les dirigeants s’affrontent sur tous les sujets, qu’il s’agisse des passeports antivirus, de la promotion du tourisme ou des conditions de réception de l’aide en cas de pandémie. Pire encore, certains s’en prennent aux structures mêmes que l’UE a mises en place pour faire face à la pandémie. Le mois dernier, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a dénoncé le fait que l’achat de vaccins dans l’Union européenne était devenu un « bazar », affirmant que les pays les plus pauvres étaient exclus alors que les riches prospéraient.

    « La cohésion politique interne et le respect des valeurs européennes continuent d’être remis en question dans différents coins de l’Union », a déclaré le European Policy Center dans une étude réalisée un an après que la pandémie ait déferlé de la Chine sur l’Europe.

    Dans certains endroits, des demandes de responsabilité politique ont été formulées.

    Mercredi, en République tchèque, le Premier ministre Andrej Babis a renvoyé son ministre de la santé, le troisième à être limogé pendant la pandémie dans l’un des pays les plus durement touchés d’Europe. La semaine dernière, le gouvernement slovaque a démissionné à la suite d’un accord secret portant sur l’achat du vaccin russe Sputnik V. En Italie, le Premier ministre Giuseppe Conte a été contraint de démissionner pour sa gestion des retombées économiques de la pandémie.

    Mais dans l’ensemble, les bouleversements politiques au sein de l’UE ont été modérés, compte tenu du fait que la pandémie a fait un demi-million de morts. Au niveau européen, aucun appel sérieux n’a été lancé en faveur de l’éviction de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, chef de l’exécutif de l’Union, bien qu’elle ait reconnu que de graves erreurs avaient été commises.

    Il est clair que l’UE n’a pas été à la hauteur de la situation jusqu’à présent – et il n’est pas certain qu’elle puisse l’être. Le European Policy Center a noté qu’ »il n’y a pas de fin immédiate en vue à la crise sanitaire, sans parler des inévitables défis économiques structurels. »

    L’UE et ses pays, bien sûr, ont été victimes d’événements indépendants de leur volonté, comme d’autres nations dans le monde. Il est possible de soutenir qu’une partie des problèmes de l’Union est due aux retards de livraison du laboratoire pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca. Mais une partie de la crise est manifestement auto-infligée.

    La plainte typique est qu’il n’y a pas de structure sanitaire européenne unie pour faire face à la pandémie et que la santé reste en grande partie un domaine national. Mais depuis des années, l’Union dispose d’un organisme commun de réglementation des médicaments, l’Agence européenne des médicaments. Et depuis l’été dernier, l’UE a décidé de regrouper les achats de vaccins et de les répartir équitablement entre les 27 nations, grandes et petites, riches et pauvres.

    Mais alors que certains pays non membres de l’UE ont accéléré les autorisations d’utilisation d’urgence, l’EMA a avancé plus lentement, en partie parce qu’elle a suivi un processus largement similaire à la procédure d’homologation standard qui serait accordée à tout nouveau vaccin. Le premier feu vert de l’agence est intervenu environ trois semaines après l’autorisation d’un vaccin au Royaume-Uni – le premier pays à autoriser une injection de COVID-19 rigoureusement testée.

    Le bloc n’a jamais rattrapé son retard. Vendredi, le Royaume-Uni, par exemple, avait administré au moins une dose à 46,85 % de ses citoyens, contre 14,18 % dans l’UE.

    L’UE a également commis l’erreur de trop assimiler la sécurisation des vaccins à une piqûre dans les bras – et de sous-estimer les difficultés liées à la production et à la distribution en masse d’un produit aussi délicat. Pendant que les négociateurs de l’UE se concentraient sur les clauses de responsabilité dans un contrat, d’autres nations pensaient à la logistique et insistaient sur la rapidité et le volume.

    Et tandis que des pays comme les États-Unis fermaient leurs frontières aux exportations de vaccins, l’Union européenne a fait preuve d’une grande moralité et a maintenu le flux des exportations, à tel point qu’au cours du premier trimestre de l’année, presque autant de doses ont quitté l’Union pour des pays tiers qu’elles n’ont été livrées aux États membres de l’UE qui les réclamaient.

    En plus des ratés dans la distribution du vaccin, l’Union européenne mettra du temps à débloquer l’argent de son plan de sauvetage de 750 milliards d’euros (890 milliards de dollars), qui prévoit le partage de la dette et l’octroi de subventions aux membres les plus pauvres d’une manière sans précédent. Mais les querelles entre les dirigeants au sujet de certaines clauses et de règles complexes font que le processus est loin d’être rapide. Qui plus est, la Cour constitutionnelle allemande pourrait encore torpiller ou retarder davantage l’ensemble de l’initiative.

    La nature de la crise est peut-être différente de celle des crises précédentes, mais des obstacles familiers sont apparus : une bureaucratie lourde, des retards inutiles dus à des litiges juridiques et techniques qui ont éclipsé le tableau d’ensemble, et des politiciens qui se chamaillent en faisant passer leurs intérêts personnels avant le bien commun.

    La semaine dernière en a été l’illustration. L’EMA a réitéré son conseil à tous les pays membres de faire front commun – cette fois pour continuer à utiliser les vaccins d’AstraZeneca pour tous les adultes malgré un lien possible avec des cas extrêmement rares de coagulation du sang.

    Au lieu de cela, quelques heures après l’annonce, la Belgique est allée à l’encontre de cette recommandation en interdisant l’utilisation d’AstraZeneca pour les citoyens de 55 ans et moins, et d’autres pays ont émis ou maintenu des restrictions similaires.

    « Si les dirigeants gouvernementaux ne font pas confiance à la science, la confiance dans la vaccination disparaît. Si nous ne faisons pas confiance à (l’EMA), toute approche commune de l’UE est condamnée », a déclaré Guy Verhofstadt, l’un des principaux parlementaires européens, qui est habituellement le plus fervent défenseur de l’UE.

    Il convient de noter que les pays de l’UE ont insisté pour retarder leurs campagnes de vaccination en décembre, précisément parce qu’ils voulaient attendre la décision de l’EMA. Mais beaucoup ont ignoré à plusieurs reprises l’avis de l’EMA au cours des mois qui ont suivi, établissant plus de restrictions sur l’utilisation des vaccins que l’agence ne le demandait.

    Cette hésitation extrême de la part de nombreux pays – en plus des conseils souvent contradictoires – est devenue la marque d’un déploiement de la vaccination qui a mal tourné. Elle a exacerbé les problèmes d’approvisionnement et de confiance auxquels le bloc a été confronté.

    Alors qu’à peine la moitié des doses que l’UE avait commandées pour le premier trimestre ont été livrées (105 millions au lieu de 195 millions), le sommet vidéo du mois dernier a vu les pays de l’UE se chamailler au sujet des doses et d’un système de distribution que certains ont jugé injuste.

    Au jourd’hui, l’UE espère pouvoir inverser la tendance. Elle espère réaliser 360 millions de piqûres ce trimestre, ce qui lui permettrait de tenir sa promesse de vacciner 70 % des adultes d’ici à la fin de l’été dans ce bloc de 450 millions d’habitants.

    En France, le président Emmanuel Macron a donné une lueur d’espoir à des millions de personnes en déclarant qu’un retour à un semblant de vie normale pourrait peut-être intervenir à la mi-mai, lorsque les gens pourraient « se réapproprier notre art de vivre incarné par nos restaurants et nos cafés que nous aimons tant ».

    D’ici là, les dirigeants européens pourraient même se mêler à nouveau aux sommets qui durent toute la nuit.

    AP, 11 avr 2021

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