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  • Logiciels espions : Le vrai visage de l’Union Européenne

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    Le scandale concernant la surveillance par le Maroc de militants, figures politiques et journalistes de nombreux pays via le logiciel Pegasus n’a pas encore connu son épilogue, qu’un autre scandale de même acabit vient d’éclater et d’être révélé au grand jour par le site d’investigation français «Disclose » et le journal allemand « Der Spiegel ».

    Selon ces deux médias, l’Union européenne a fourni au royaume marocain deux puissants logiciels espions capables de déverrouiller tous types de Smartphones et d’y extraire toutes les informations qui y sont stockées. Si officiellement la livraison au Maroc de ces deux systèmes de surveillance numérique financés sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE, a pour finalité de lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’Union européenne, on sait qu’il n’existe aucune garantie que ce matériel soit exclusivement utilisé dans la vocation à laquelle il est destinée officiellement.

    Le précédent du système Pegasus qui a été employé massivement par les services de sécurité marocains afin d’espionner des journalistes, des défenseurs des droits humains au Maroc et des responsables politiques algériens, français, espagnols et autres, comme l’a révélé en 2021 le consortium de journalistes Forbidden Stories, est suffisant pour comprendre le véritable usage que fait le Maroc de ces technologies de surveillance.

    Le Maroc, comme le démontre si bien la tragédie de Méllila, n’a cure du contrôle des migrants et du trafic d’êtres humains. Son unique souci est d’espionner les journalistes, les avocats, les chefs d’entreprises, les militants des droits humains marocains et des responsables politiques et militaires de nombreux pays.

    Si on ne peut pas s’étonner qu’Israël ait livré au Maroc le logiciel Pégasus, du fait de la nature du régime sioniste qui ignore royalement le droit international et qui viole quotidiennement les droits humains, que dire du vieux continent pourtant tatillon sur la question des droits de l’homme et du respect de la vie privée.

    Ce nouveau scandale qu’on va tenter de noyer avec des justifications liées à l’immigration clandestine, épingle, et en grand format, l’Union européenne et montre qu’elle a une vision alambiquée sur le respect des droits humains.

    L’Union européenne perd de plus en plus son Nord en s’engageant dans des entreprises en totale contradiction avec ses principes. Aider un État quel qu’il soit à espionner sa population et des responsables politiques d’autres pays est une insulte aux principes qui ont fondé l’Europe et une violation flagrante au droit international. Mais, c’est connu, comme pour le cas Pegasus, ce scandale va rapidement être étouffé.

    L’Express, 30/07/2022

    #Maroc #Union_européenne #UE #Espionnage #Pegasus #Disclose #DerSpiegel

  • UE: déclaration sur la situation au Liban

    Liban, Union Européenne, UE, Conseil Européen,

    L’Union européenne et ses États membres restent extrêmement préoccupés par la grave crise socioéconomique au Liban et son impact sur l’ensemble des populations vulnérables du Liban. La monnaie nationale a perdu presque toute sa valeur d’avant la crise, quatre personnes sur cinq vivent désormais dans la pauvreté et l’électricité n’est disponible qu’occasionnellement. Cette situation a été aggravée par la pandémie de COVID-19 et la crise alimentaire et énergétique résultant de l’agression russe contre l’Ukraine.

    Bien qu’il y ait eu quelques évolutions positives, notamment la signature d’un accord au niveau des services avec le Fonds monétaire international (FMI) le 7 avril et la tenue en temps voulu d’élections législatives le 15 mai, de nombreux défis doivent encore être relevés par les autorités libanaises pour surmonter cette crise sans précédent. La mise en œuvre des réformes économiques et de gouvernance attendues depuis longtemps, dans le cadre d’un programme à part entière du FMI, doit être la priorité absolue. Un tel programme est la seule solution viable et crédible pour aider le Liban à stabiliser son économie, restaurer la confiance et fournir au pays l’assistance dont il a besoin pour enfin s’engager sur la voie de la reprise et de la croissance.

    Après les élections législatives du 15 mai et la nomination de Najib Mikati comme Premier ministre désigné le 23 juin, la formation du gouvernement s’impose désormais. Le Parlement, le Président et le nouveau gouvernement doivent prendre les décisions nécessaires pour faire face à la crise sans précédent que traverse le pays. Il est également d’une importance vitale que le calendrier constitutionnel soit respecté en ce qui concerne l’organisation des élections présidentielles et municipales ultérieures.

    L’UE est pleinement déterminée à continuer d’encourager et d’aider le Liban à prendre les mesures nécessaires pour sortir de cette crise. Le 26 juillet, le Conseil a adopté la décision de proroger d’un an le cadre des mesures restrictives ciblées pour faire face à la situation au Liban. Ce cadre prévoit la possibilité d’imposer des sanctions individuelles (interdiction de voyager et gel des avoirs) à l’encontre des personnes et entités responsables de porter atteinte à la démocratie ou à l’État de droit au Liban en entravant de manière persistante la formation d’un gouvernement ou en compromettant gravement la tenue d’élections, en compromettant la mise en œuvre de réformes économiques critiques, ou qui sont responsables de fautes financières graves, y compris la corruption. La situation au Liban fait l’objet d’un examen constant.

    L’UE et ses États membres rappellent également que le 4 août, deux ans se seront écoulés depuis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth qui a fait plus de 220 morts. Dans un souci de justice et de responsabilité, les autorités libanaises doivent maintenant permettre à l’enquête sur cette tragédie, qui a été entravée et retardée à plusieurs reprises, de reprendre et de produire des résultats, sans y interférer.

    Les autorités libanaises et la communauté internationale doivent continuer à travailler ensemble sur la question complexe et difficile des réfugiés syriens au Liban. L’UE et ses États membres saluent la générosité du Liban, mais demandent aux autorités libanaises d’éviter les discours qui divisent et d’agir de manière constructive sur cette question. Ils réitèrent leur position selon laquelle le droit international humanitaire et le principe de non-refoulement tel que défini par le HCR doivent être respectés. L’UE et ses États membres poursuivront leurs efforts pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise des réfugiés et des personnes déplacées conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin de permettre aux réfugiés syriens de pouvoir rentrer chez eux volontairement, dans la sécurité et la dignité, selon les normes du HCR. Conditions pour un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés et des personnes déplacées, y compris les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI), ne sont toujours pas satisfaites en Syrie. Il appartient donc au régime syrien d’agir à cet égard pour créer de telles conditions.

    L’UE et ses États membres se félicitent des discussions entre le Liban et Israël sur la délimitation de leur frontière maritime. Un règlement négocié contribuerait à la stabilité et à la prospérité de la région. Nous encourageons les parties à s’engager de manière constructive et de bonne foi.

    L’UE et ses États membres restent déterminés à continuer d’aider le Liban en cette heure difficile. Depuis 2011, l’UE a fourni une aide d’environ 2 milliards d’euros, dont plus d’un milliard d’euros spécifiquement pour faire face à l’impact de la crise syrienne au Liban, en soutenant les réfugiés de Syrie et les Libanais vulnérables. L’UE a récemment renforcé ses engagements dans le pays avec 20 millions d’euros de financement humanitaire supplémentaire ainsi que 25 millions d’euros en matière de sécurité alimentaire et de résilience. Nous encourageons d’autres partenaires de la communauté internationale partageant les mêmes idées à s’engager de manière constructive et à aider le Liban à sortir de sa crise. Il est cependant essentiel que les dirigeants libanais accordent la priorité à l’intérêt supérieur des Libanais et procèdent aux réformes nécessaires, et ce de toute urgence.

    Conseil de l’Europe, 30/07/2022

    #Liban #UE



  • L’UE s’accorde sur les coupures de gaz pour cet hiver

    UE, Union Européenne, Gaz, Russie, hiver,

    L’Europe accepte des restrictions de gaz de compromis alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    -Les ministres de l’UE conviennent de réduire d’urgence la consommation de gaz
    -Les réductions volontaires deviendraient contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement
    -L’accord final exempte de nombreux pays, industries
    -L’UE se précipite pour économiser du gaz alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    BRUXELLES, 26 juillet (Reuters) – Les pays de l’Union européenne ont approuvé mardi un plan d’urgence affaibli pour limiter leur demande de gaz, après avoir conclu des accords de compromis pour réduire les coupes pour certains pays, alors qu’ils se préparent à de nouvelles réductions de l’offre russe.

    L’Europe est confrontée à une pénurie accrue de gaz à partir de mercredi, lorsque le russe Gazprom (GAZP.MM) a annoncé qu’il réduirait les flux via le gazoduc Nord Stream 1 vers l’Allemagne à un cinquième de sa capacité.

    Alors qu’une douzaine de pays de l’UE sont déjà confrontés à une réduction des approvisionnements russes, Bruxelles exhorte les États membres à se préparer en économisant du gaz et en le stockant pour l’hiver, de peur que la Russie ne coupe complètement les flux en représailles aux sanctions occidentales concernant sa guerre avec l’Ukraine.

    Les ministres de l’énergie ont approuvé une proposition demandant à tous les pays de l’UE de réduire volontairement leur consommation de gaz de 15 % d’août à mars. Les réductions pourraient être rendues contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement, mais les pays ont accepté d’exempter de nombreux pays et industries, après que certains gouvernements aient résisté à la proposition initiale de l’UE d’imposer une réduction contraignante de 15 % à chaque pays.

    Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a déclaré que l’accord montrerait au président russe Vladimir Poutine que l’Europe restait unie face aux dernières coupures de gaz de Moscou.

    « Vous ne nous diviserez pas », a déclaré Habeck.

    La Hongrie était le seul pays à s’être opposé à l’accord, ont déclaré deux responsables de l’UE.

    Le russe Gazprom a imputé sa dernière réduction à la nécessité d’arrêter le fonctionnement d’une turbine – une raison rejetée par le chef de l’énergie de l’UE, Kadri Simson, qui a qualifié cette décision de « motivée politiquement ».

    Reuters, 26/07/2022

    #UE #Gaz #Hiver #Russie

  • L’UE a fourni au Maroc des puissants logiciels d’espionnage

    Maroc, Union Européenne, UE, logiciels espions, MSAB, Oxigen Forensics, piratage, espionnage, migration,

    L’Union européenne a discrètement fourni au Maroc de puissants systèmes de piratage des téléphones

    Pour renforcer le contrôle des migrants, l’Union européenne a fourni à la police marocaine des logiciels d’extraction de données des téléphones. Faute de contrôle, ces technologies pourraient servir à accentuer la surveillance des journalistes et défenseurs des droits humains au Maroc.

    Délits d’opinions, harcèlements, intimidations policières. Au Maroc, la répression contre celles et ceux qui contestent le régime s’est durement intensifiée. Abdellatif Hamamouchi, 28 ans, en a fait les frais. Un soir de juillet 2018, le journaliste et militant de l’Association marocaine des droits humains a été victime d’une violente agression par des hommes qui appartenaient, selon lui, à la police politique du régime. Ils l’ont « battu et jeté par terre » avant de lui prendre son téléphone portable. « Grâce à lui, ils ont pu avoir accès à mes e-mails, ma liste de contacts, mes échanges avec mes sources », se souvient-il.

    Comme lui, une dizaine de journalistes et militants marocains dont nous avons recueilli le témoignage expliquent s’être vu confisquer leurs téléphones à la suite d’une arrestation arbitraire. Selon eux, cette pratique obéirait à un unique objectif : renforcer le fichage des opposants présumés en collectant un maximum d’informations personnelles. Un contrôle qui, depuis 2019, pourrait être facilité par le soutien technologique et financier de l’Union européenne.

    Disclose, en partenariat avec l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, révèle que l’UE a livré au Royaume du Maroc des puissants systèmes de surveillance numérique. Des logiciels conçus par deux sociétés spécialisées dans le piratage des téléphones et l’aspiration de données, MSAB et Oxygen forensics, avant d’être livrés aux autorités marocaines par Intertech Lebanon, une société franco-libanaise, sous la supervision du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD). Objectif de ce transfert de technologies financé sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE : lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’UE.

    Selon des documents obtenus par Disclose et Der Spiegel auprès des institutions européennes, la société MSAB, d’origine suédoise, a fourni à la police marocaine un logiciel baptisé XRY capable de déverrouiller tous types de smartphones pour en extraire les données d’appels, de contacts, de localisation, mais aussi les messages envoyés et reçus par SMS, WhatsApp et Signal. Quant à Oxygen forensics, domiciliée pour sa part aux Etats-Unis, elle a livré un système d’extraction et d’analyse de données baptisé « Detective ». Sa spécificité ? Contourner les verrouillages d’écran des appareils mobiles afin d’aspirer les informations stockées dans le cloud (Google, Microsoft ou Apple) ou les applications sécurisées de n’importe quel téléphone ou ordinateur. La différence notable avec le logiciel Pegasus, les deux logiciels nécessitent d’accéder physiquement au mobile à hacker, et ne permet pas de surveillance à distance.

    LA POLICE MAROCAINE FORMÉE AU PIRATAGE NUMÉRIQUE

    A l’achat des logiciels et des ordinateurs qui vont avec, l’Union européenne a également financé des sessions de formations dispensées aux forces de police marocaine par les collaborateurs d’Intertech et les salariés de MSAB et Oxygen Forensics. Mais ce n’est pas tout. Selon des documents internes obtenus par l’ONG Privacy International, l’Europe a aussi envoyé ses propres experts issus du Collège européen de police, le CEPOL, pour une formation de quatre jours à Rabat entre le 10 et le 14 juin 2019. Au programme : sensibilisation à « la collecte d’information à partir d’Internet » ; « renforcement des capacités d’investigation numérique », introduction au « social hacking », une pratique qui consiste à soutirer des informations à quelqu’un via les réseaux sociaux.

    CONTRÔLE INEXISTANT
    Reste à savoir si ces outils de surveillance sont réellement, et exclusivement, utilisés à des fins de lutte contre l’immigration illégale. Or, d’après notre enquête, aucun contrôle n’a jamais été effectué. Que ce soit de la part des fabricants ou des fonctionnaires européens. Dit autrement, le Maroc pourrait décider d’utiliser ses nouvelles acquisitions à des fins de répression interne sans que l’Union européenne n’en sache rien. Un risque d’autant plus sérieux, selon des chercheurs en sécurité numérique joints par Disclose, que les logiciels XRY et Detective ne laissent pas de traces dans les appareils piratés. A la grande différence d’une autre technologie bien connue des services marocains : le logiciel israélien Pegasus, qui permet de pirater un appareil à distance. Le système Pegasus a été massivement employé par le Maroc dans le but d’espionner des journalistes, des militants des droits humains et des responsables politiques étrangers de premier plan, comme l’a révélé le consortium de journalistes Forbidden Stories, en 2021.

    Avec les solutions XRY et Detective, « dès que vous avez un accès physique à un téléphone, vous avez accès à tout », souligne Edin Omanovic, membre de l’ONG Privacy international. Un élément qu’il estime « inquiétant », poursuit-il, « dans un contexte où les autorités ciblent les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes ».

    Afin de garantir que le matériel ne sera pas détourné de son objet officiel, la Commission européenne affirme qu’un document d’engagement a été signé par les autorités marocaines – il ne nous a pas été transmis. D’après un porte-parole sollicité par Disclose, ledit document stipulerait que ces technologies ne serviront que pour lutter « contre le trafic d’êtres humains. » Rien d’autre ? « L’UE fait confiance à Rabat pour respecter son engagement, c’est de sa responsabilité », élude le porte-parole.

    « PROBLÈMES DÉMOCRATIQUES »
    En réalité, ce transfert de technologies devrait faire l’objet d’une attention particulièrement accrue. Pour cause : les systèmes fournis par l’UE sont classés dans la catégorie des biens à double usage (BDU), c’est-à-dire des biens qui peuvent être utilisés dans un contexte militaire et civil. Ce type d’exportation est même encadré par une position commune de l’UE, datée de 2008. Celle-ci stipule que le transfert des biens à double usage est interdit dès lors qu’il « existe un risque manifeste » que le matériel livré puisse être utilisé à des fins de « répression interne ». Un risque largement établi dans le cas marocain, comme l’a démontré l’affaire Pegasus.

    Contactés, MSAB et Oxygen Forensics ont refusé de nous répondre. Même chose du côté des régulateurs suédois et américains sur les exportations de biens à double usage. Aucune réponse non plus des autorités marocaines. Alexandre Taleb, le PDG d’Intertech, la société responsable du déploiement des technologies, a été plus loquace. « Mes clients savent ce qu’ils achètent, je n’ai pas à les juger. Ils ont plus de 400 millions d’habitants qui peuvent s’en charger, déclare-t-il. Si le Maroc a des problèmes démocratiques, c’est une chose, mais nos outils ne sont pas la cause de ces problèmes ». Pour ce marché, Intertech a empoché près de 400 000 euros.

    Au parlement européen, ces exportations sont loin de faire l’unanimité. « Sous prétexte de sécuriser nos frontières, nous ne pouvons pas nous contenter des promesses d’un régime autoritaire, déplore ainsi l’eurodéputée Markéta Gregorová (groupe des Verts). C’est une négligence délibérée et moralement inacceptable de la part de l’Europe ». Une négligence qui passe d’autant plus mal que la société MSAB a été accusée d’avoir équipé la police birmane en 2019, à un moment où des exactions contre des civils étaient connues et documentées.

    Zach Campbell et Lorenzo D’Agostino

    Source : Disclose, 24/07/2022

    #Maroc #Union_Européenne #UE #Migration #Logiciels_espions #Hacking

  • Les États Unis, Européens par effraction

    Etats-Unis, Union Européenne, UE, Russie, Ukraine, gaz,

    par Djamel Labidi


    Les États-Unis ne sont pas un pays européen. Mais la Russie, elle, oui. Pourquoi les États-Unis sont-ils donc dans l’alliance atlantique qui concerne les pays européens, et la Russie non ?

    Question naïve direz-vous. Non, question plutôt simple, fondamentale qui peut tout expliquer si on enlève le fatras idéologique utilisé pour justifier cette hostilité éternelle envers la Russie.

    Tout d’abord, on peut noter que les intérêts économiques des pays européens et de la Russie sont complémentaires. La crise actuelle n’a fait que le montrer à contrario, par ses conséquences des deux côtés. Ceci est évident dans tous les domaines: énergie, technologie, matières premières, agroalimentaire etc.. Par exemple le gazoduc «Nord Stream 2» promettait d’être un puissant instrument de développement économique autant pour les Russes que pour les Allemands et les Européens. Ce sont des intérêts économiques communs qui sont partout le meilleur gage de rapprochement entre les peuples et donc de paix. C’est d’ailleurs, sur la base d’échanges économiques de plus en plus intenses, que s’était opéré le rapprochement de la Russie avec les pays européens après la guerre froide.

    Cela aurait pu continuer de fonctionner mais les États Unis, pays extra européen, ont perçu cela comme une menace, celle de la perte de leur hégémonie sur l’Europe. Ils ont donc baptisé ces échanges économiques, «dépendance envers la Russie». Or, il s’agit d’interdépendance, la Russie ayant autant besoin de ces relations économiques que les Européens. Preuve en est, les sanctions économiques se fixaient précisément comme but de priver la Russie de ces relations économiques, financières et commerciales. Pourquoi ne parle-t-on pas de dépendance lorsqu’il s’agit des mêmes relations avec les États Unis ou un tout autre pays.

    L’argument imparable

    La question des intérêts économiques communs était tellement évidente qu’il fallait la faire oublier, l’obscurcir. Effrayés de perdre la main sur les pays européens, les Américains n’avaient pas d’argument économique valable pour justifier l’acharnement contre la Russie. Là est alors intervenu l’argument «imparable», l’argument idéologique.: la «défense des valeurs occidentales», la «lutte pour la Liberté», la «lutte entre la démocratie et les régimes autoritaires». Tout l’énorme travail de propagande n’a d’autre fonction que celle-là, ne voir le conflit ukrainien que sous cet aspect, étouffer tout esprit critique, ramener chaque fois la question à celle-là. Si quelqu’un met en doute la nécessité de cette guerre, et donc l’utilité des sacrifices consentis par les peuples occidentaux pour cette guerre, on le fait de suite taire: «la liberté n’a pas de prix», «que peut représenter notre confort matériel pour la cause de la liberté, pour laquelle les Ukrainiens paient eux le prix du sang»! etc. etc.

    L’argument est imparable parce que, comme le fanatisme religieux; il se suffit à lui-même, il ne nécessite pas de justification. Il est sa propre justification. Il sert à tout justifier et à n’avoir rien à justifier.

    Cet argument de «lutte pour la démocratie» intervient paradoxalement au moment même où la démocratie occidentale est en crise. L’Occident vivait, avant la crise du COVID, une profonde crise de la démocratie parlementaire traditionnelle. Un peu partout les peuples critiquaient les limites de la démocratie occidentale, ses faux-semblants, ses aspects trompeurs, et réclamaient une démocratie réelle, directe. En France le mouvement des «Gilets jaunes» en avait été l’expression la plus forte.

    Ceux qui veulent lire dans la guerre en Ukraine, une guerre des Ukrainiens pour la défense de la démocratie, oublient trop vite qu’en Ukraine même il y avait eu un rejet massif des formes dominantes traditionnelles de la démocratie et que l’élection même de Zelensky , un acteur comique, avait pris les allures d’une plaisanterie chez une bonne partie du peuple ukrainien qui rejetait le système et était prêt à voter pour n’importe qui. On veut l’oublier maintenant en construisant autour du personnage toute une légende, à coups de propagande complaisante.

    C’est comme si la guerre en Ukraine, permettait de faire oublier, de rejeter en arrière-plan, l’immense mouvement démocratique qui s’exprimait ces dernières années en Europe. Ce fut une retombée inattendue mais vite exploitée par le système.

    Le secret de la solidarité occidentale

    On l’aura remarqué, le slogan de «défense des valeurs occidentales» est couplé, chez les dirigeants ukrainiens et leurs représentants dans les médias par un discours sur la défense, disent-ils, du «monde civilisé». Nulle part, dans les pays occidentaux, on n’ose employer un tel langage, digne de l’époque coloniale. Mais le faisant, les dirigeants ukrainiens, et les courants idéologiques qui les inspirent, dévoilent ainsi carrément leur vision du monde et leur véritable programme idéologique dans cette guerre en Ukraine. Un monde divisé en civilisés et barbares, une vision hégémonique sur le monde et sa défense à tout prix contre le reste du monde non occidental. . Finalement lorsque les Russes parlent d’une vision néonazie, et que nous trouvons qu’ils exagèrent, on devrait peut être accorder plus d’attention à leurs dires.

    Tentons une explication au sujet de ce concept d’»Occident» et ses dérivés «valeurs occidentales», «démocratie occidentale» etc.. Cette dénomination a tellement été utilisée qu’elle en est devenu naturelle. Mais ne serait-elle pas finalement artificielle?

    Après la deuxième guerre mondiale, et avec la guerre froide, les États Unis ont détourné le terme d’ «Occident» des différentes significations qu’il a eu dans l’Histoire pour l’utiliser désormais à couvrir une nouvelle entité géopolitique les rassemblant avec l’Europe.

    Cela leur a permis de masquer leur domination sur les pays européens en associant ceux-ci à leur domination sur le monde, et en leur y laissant une part. C’est la base du nationalisme occidental qui s’est développé à travers le sentiment d’appartenance à une communauté d’intérêts politiques, militaires, financiers occidentale qui s’est renforcée au fil du temps avec ses organisations et ses institutions (OTAN, FMI etc..) et leur mécanisme de régulation.

    La solidarité des européens avec les États Unis, n’est que l’expression magnifiée d’une réalité bien plus triviale: celle de la place qu’ont su ménager les États Unis aux États européens dans leur hégémonie sur le monde et de la protection militaire qu’ils leur ont assurée.

    Là est le secret et le moteur de la solidarité occidentale. L’affaire de l’achat annulé de sous-marins français par l’Australie, sous l’instigation et au profit des États Unis, a été récemment un accroc assez spectaculaire dans cette solidarité occidentale. Elle montrait bien que pour les américains Europe et Occident ne devaient pas être confondus et que le concept d’Occident pouvait être à à géométrie variable, avec ici un «Occident» comprenant, cette fois-ci, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud etc..

    La guerre en Ukraine, ainsi que la restructuration des relations internationales qu’elle induit, agit actuellement, lentement mais inévitablement, dans le sens de la cristallisation des différences d’intérêts entre les États Unis et l’Europe, ou au moins avec les principaux pays européens. Les États Unis pourront-ils alors longtemps être considérés comme «européens» par les européens eux-mêmes.

    Le Quotidien d’Oran, 21/07/2022

    #OTAN #Ukraine #Russie #Europe #UE #Etats_Unis


  • Conseils de Mehrez pour réussir le Statut Avancé du Maroc

    Maroc, Union Européenne, UE, statut avancé, conseils, Abdellah MEHREZ, communication, lobbying,

    M. Abdellah MEHREZ Mohammedia 16.06.12

    Expert Principal en Communication & Visibilité
    http://amehrez-consultant.com http://maroconsultants.com http://cemcis.org

    Mission d’Appui à la Cellule d’Accompagnement du Programme « Réussir le Statut Avancé »

    ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION ET DE COMMUNICATION POUR RÉUSSIR LE STATUT AVANCÉ DU MAROC

    Problématique Générale :

    Le Maroc revendique un partenariat plus équilibré avec l’Europe. Il invite celle-ci à mettre en place une politique de « macro-région », tandis que l’UE estime être dans le flou tant que le Maroc n’a pas défini son ambition. On voit d’emblée l’existence d’une certaine forme de susceptibilité voire d’incompréhension sur la définition et la perception du rôle de chacun en fonction de l’attente de l’autre. D’où la nécessité d’une meilleure communication pour optimiser les convergences et expliquer les divergences sans pour autant bloquer l’avancement et l’aboutissement du processus.

    En effet, l’existence d’une volonté politique de décision aussi positive et ambitieuse soit-elle ne suffit en l’absence d’une méthodologie d’action pour définir les modalités d’application et le niveau d’engagement de chacun afin de déterminer les responsabilités et les échéances et les indicateurs de performance.

    Par conséquent l’objectif principal de la communication est de rapprocher les positions, de comprendre le fonctionnement respectif des institutions marocaines et européennes, les spécificités culturelles et organisationnelles et expliquer le sens et les conséquences du Statut Avancé et des enjeux exprimés, des défis affrontés, des acteurs mobilisés, des moyens engagés et des avantages escomptés pour le réussir.

    Les raisons du choix européen pour le Statut Avancé du Maroc :

    Le déclenchement du Printemps Arabe au sud de la Méditerranée a suscité autant d’espoirs de démocratie et de liberté que d’inquiétudes de désordre et de risques d’instabilité qui planent sur la majeure partie des pays arabe de l’Algérie jusqu’en Syrie d’insurrections en guerres civiles, de coup d’état en révolutions inachevées, en mal d’aboutissement ou totalement confisquées.

    Dans ce paysage peu rassurant, le Maroc fait réellement exception de par le caractère pacifique et démocratique de ses mutations maitrisées et de ses institutions séculaires stabilisées d’une monarchie capable d’évoluer et de répondre même relativement aux attentes des populations pour éviter la contagion des explosions.

    D’autre part la tenue relative du Maroc face à la crise avec une croissance positive malgré les aléas géopolitiques et climatiques, la position stratégique à l’interface des cultures et des civilisations et à la porte de l’Afrique le continent du futur font que ce pays très courtisé reprend peu à peu son rôle régional d’antan et devient incontournable lorsqu’on cherche un pays arabe et africain stable avec autant de facilités, de possibilités et d’accord de libre échange pour conquérir de nouveaux marchés.

    Aux deux portes Est et Ouest de la Méditerranée se trouvent aujourd’hui comme au haut Moyen Age les deux puissances régionales qui comptent de par leur voisinage pour l’Europe à savoir le Maroc et la Turquie.

    Du côté de l’Union européenne l’enlisement des conséquences de la crise systémique sur l’économie mondiale et sur la cohésion européenne elle-même avec le risque de la dislocation de la zone euro d’une part, les rigidités de la rigueur, la montée du chômage et du populisme, la faiblesse de la croissance et la puissance montante de la concurrence des nouveaux pays émergents amènent l’Europe à reconsidérer son positionnement stratégique en direction du Sud qu’elle avait négligée au bénéfice de son extension à l’Est.

    Le soutien occidental direct et indirect de régimes dictatoriaux en Tunisie, en Lybie et en Egypte qui a abouti aux révolutions actuelles et le silence du coup d’état militaire contre les élections en Algérie qui a plongé ce pays dans une guerre civile ont été contreproductifs et surtout contraire à l’éthique et aux principes européens affichés de démocratie, de liberté et de droit de l’homme.

    Et pour cause, le Maroc était le seul pays qui représentait un partenaire sérieux et stable dans la profondeur géopolitique et stratégique de l’Europe et qui ne pouvait se contenter d’une simple coopération classique et que faute d’adhésion complète il aspirait à une association autant que possible parfaite que le statut avancé semble promettre pour identifier un exemple concret de succès de rapprochement Nord-Sud que l’Union Pour la Méditerranée peut parfaire et transmettre.

    Pour toutes ces raisons l’octroi du Statut Avancé au Maroc en 2008 la même année du déclenchement de la crise systémique actuelle n’est pas un hasard mais le fruit d’une lecture prospective pragmatique de l’avenir de l’Europe dans l’espace méditerranéen et du choix judicieux du Maroc pays stable, ouvert et tolérant lorsque d’autres pays se révèlent imprévisibles et turbulents.

    Que signifie le Statut Avancé octroyé par l’union Européenne au Maroc ?

    Le Statut avancé du Maroc auprès de l’Union européenne lui permet de bénéficier de toutes les attributions d’un pays membre, sauf la participation aux institutions politiques de l’Union. C’est une feuille de route qui permettra au Maroc à terme d’intégrer le marché unique européen.

    Ce statut permet également dès maintenant au Maroc pays de participer aux Agences et programmes de l’Union européenne. Les moyens pour atteindre les objectifs du Statut avancé sont le dialogue politique renforcé, l’appui à la modernisation de l’économie, et l’assistance financière notamment par l’appui aux réformes structurelles.

    L’une des conditions principales pour la réalisation du Statut avancé pour le Maroc est le rapprochement législatif et la convergence réglementaire avec l’Union européenne. Ceci a été réalisé par les pays est-européens qui ont intégré dans leur législation l’acquis communautaire lorsqu’ils ont adhéré à l’Union européenne.

    Pour le Maroc, il s’agit d’une convergence sélective et séquencée, fixée d’un commun accord par les deux parties.

    Afin d’atteindre cet objectif, et après un long travail et préparation, a été signée le 23 février 2012 une Convention de financement qui accorde au Maroc un budget de 2
    Milliards de dirhams plus de 200 millions d’Euros qui est le plus vaste programme de coopération financé par l’Union européenne au Maroc.

    Cette convention a été signée du côté marocain par le ministre de l’Économie et des Finances, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération, et aussi pour la première fois par le Secrétaire général du gouvernement renforce l’engagement du Maroc.

    La première partie de la convention de financement qui s’élève à un montant de 1 milliard de dirhams couvre neuf secteurs jugés prioritaires, ll s’agit des normes industrielles, des transports, de la pêche maritime, de l’agriculture, de l’emploi, de l’eau, de l’enseignement supérieur, de la protection des consommateurs et de la promotion des droits humains.

    Concrètement, des commissions bipartites, composées des ministères marocains concernés, et des représentants de l’Union européenne, vont examiner pour chacun de ces secteurs les textes existants, et tenter de les harmoniser avec ceux de l’Union européenne. C’est un travail exigent, éprouvant et de longue haleine.

    Ce travail d’harmonisation des règlementations exige beaucoup de détermination de part et d’autre, un management interculturel du fonctionnement des administrations marocaines et européennes respectives, et pour réussir ce défi cela exige :

    -Un effort soutenu de concertation de communication.
    -Un management interculturel de l’administration.
    -Une facilitation de l’accès aux sources d’information.
    -Une optimisation ciblée d’échange des expériences.
    -Une démystification des objectifs de convergence.
    -Une assimilation aisée des jargons techniques.
    -Une interprétation utile des législations respectives.
    -Une coordination efficace du travail des équipes.

    L’Exigence européenne d’une stratégie marocaine pour Réussir le Statut Avancé :

    -La clarification de la vision et de la visibilité du Maroc.
    -La définition de l’ambition exprimée et des moyens engagés.
    -L’identification des domaines de prédilection de coopération.
    -La planification actualisée des actions et des délais de réalisation.
    -Le renforcement de la transparence, de la justice et de l’état de droit.
    -La consolidation de la trilogie marocaine de gouvernance pour RSA.
    -L’approfondissement des réformes institutionnelles et administratives.
    -La qualification et l’amélioration de la gouvernance du Statut Avancé.
    -La convergence règlementaire des normes de qualité et de sécurité.
    -La formation de l’administration marocaine à l’application des normes.
    -La coordination de l’efficience des politiques publiques marocaines.
    -L’inspiration des bonnes pratiques des nouvelles adhésions à l’Union.
    -La consécration d’une instance spécialisée des relations européennes.
    -Le rapprochement règlementaire et transfert de l’acquis communautaire.
    -L’importance d’associer les opérateurs économiques et financiers.
    -L’utilité d’impliquer et de mobiliser les acteurs de la société civile.
    -Le suivi effectif des résolutions et recommandations communes.

    La Convention Financière pour Réussir le Statut Avancé du Maroc :

    La signature de cette convention financière est une nouvelle étape dans la consolidation des relations entre le Maroc et l’Union européenne. Elle renforce également la mobilité pour les Marocains en ce qui concerne les étudiants, les chercheurs et les doctorants.

    Elle intervient alors que le Parlement européen a ratifié le 16 février 2012 l’Accord agricole Maroc-Union européenne, qui va permettre une progression de nos exportations de fruits et légumes.

    Elle est en phase également avec le programme indicatif national doté de 580 millions d’euros pour la période 2011-2013.

    La prochaine étape sera la finalisation de l’Accord sur le commerce des services et l’élaboration in fine d’un Accord de libre-échange global et approfondi.

    Le Maroc se félicite de cette coopération stratégique avec l’Union européenne, qui va lui permettre de capitaliser intelligemment l’expérience et l’acquis européens à tous les veaux du développement institutionnel, politique, économique, social, culturel et stratégique.

    Cependant, le Maroc tout en valorisant la motivation politique et financière européenne en sa faveur souligne la nécessité de traduire cette volonté par des efforts plus importants concernant la mobilité des personnes, qui est indispensable pour accompagner l’intégration économique et sociale.

    De même, la promotion et l’accroissement des investissements privés européens au Maroc est indispensable, à l’instar de ce qui a été réalisé dans les pays est-européens à la suite de leur adhésion dans l’Union européenne.

    Enfin, un dossier qui n’a pas encore été traité est celui de l’accompagnement de l’Union européenne dans la nouvelle politique marocaine de régionalisation avancée.
    Beaucoup des régions marocaines sont encore pauvres et nécessitent un développement accéléré.

    Les revendications marocaine d’un engagement européen pour Réussir le Statut Avancé :

    -Une définition claire et engageante du contenu du statut avancé.
    -Un sens visionnaire de rapprochement euro-marocain stratégique.
    -Une Synergie politique, économique, culturelle et humaine globale.
    -Une approche partenariale régionale euro-marocaine intégrée réelle.
    -Une coordination euro-marocaine efficace régionale et internationale.
    -Une reconnaissance valorisante des efforts de mise à niveau entrepris.
    -Un engagement durable équilibré fondé sur la confiance et la responsabilité.
    -Un élargissement du champ d’application du statut avancé à tous les domaines.
    -Une dynamique ambitieuse pour une complémentarité économique optimale.
    -Une mutualisation des intérêts et des solidarités pour la paix et le développement.
    -Une gestion pragmatique optimale des mobilités et des investissements réciproques.
    -Un échange des expériences au niveau des politiques sectorielles et stratégiques.
    -Une levée des entraves techniques à la liberté du commerce marocain en Europe.
    -Une communautarisation de différents aspects de la coopération euro-marocaine.
    -Une participation marocaine active aux divers programmes des agences européennes.
    -Une modélisation exemplaire du partenariat Euro-Marocain pour toute la région.

    Ventilations des Attentes du Maroc par Secteur pour Réussir le Statut Avancé :

    Ce que le Maroc attend du «statut avancé» et ce qu’il revendique dans ses relations spécifiques avec l’Union Européene se décline à travers l’interaction des volets ci- après détaillés pour améliorer le contenu, la qualité et l’applicabilité du statut avancé.

    Ces volets sont les suivants :

    Le volet politique :
    Concertations politiques plus profondes et plus régulières avec les instances communautaires.
    Faire participer les ministres marocains, sur une base ad hoc, aux réunions ministérielles européennes.
    Possibilité de participer à la gestion civile des crises dans le cadre de la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense)
    Coopération plus approfondie dans les domaines judiciaire et des affaires intérieures.
    Participation aux programmes et aux travaux des agences européennes.
    Mise en réseau des secteurs d’énergie, de transports et de nouvelles technologies de communication et d’information.
    Renforcement de la coopération sectorielle dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de l’environnement, du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies.
    Respect réciproque de la souveraineté, des institutions et des Etats et application application du principe de non-ingérence.

    Le volet parlementaire :

    Développer des canaux de contact approfondis entre les Parlements respectifs.
    Organiser les rencontres et les débats collectifs sur les problématiques d’intérêt commun.
    Améliorer la connaissance des systèmes et des mécanismes parlementaires respectifs.

    Le volet économique :
    Coopération tous azimuts dans un large éventail de domaines porteurs de croissance tels que le tourisme, les transports, les infrastructures, l’agriculture, les télécoms, les connexions énergétiques et les technologies de l’information.
    Une levée des entraves techniques à la liberté de circulation dans les deux sens des biens et des personnes et des capitaux.
    Facilitation de la recherche développement et des transferts de technologie civiles.
    Une aide communautaire accrue (réponse à cette sollicitation : les actions de l’UE sont actuellement encadrées dans le budget communautaire 2007-2013, que les marges de manœuvre sont très difficiles).

    Le volet socioculturel :
    Circulation des personnes. Le Maroc a demandé à ce que, notamment les étudiants, les chercheurs, les hommes d’affaires mais aussi les jeunes Marocains, puissent circuler librement dans les pays membres de l’UE.
    Coopération accrue dans les domaines clés que sont l’emploi des jeunes et l’éducation.
    Dialogue des cultures, tolérance et lutte contre toutes les formes de discrimination, de xénophobie et d’atteinte à la liberté et à la dignité humaine.
    Dynamique de la société civile, organisations non-gouvernementales et syndicats.
    Participation au comité de régions européens et accompagnement de la nouvelle régionalisation au Maroc.
    Echanges au niveau du Conseil Economique et Social marocain et européen.

    Objectifs Généraux de la Communication pour Réussir le Statut Avancé :
    L’objectif principal de la stratégie de communication vise à générer, notamment auprès du grand public, une meilleure compréhension des politiques et programmes de développement inhérents à la mise en application du Statut avancé.

    Pour ce faire, la communication agit à deux niveaux, à savoir :

    1- Le niveau institutionnel, technique et gouvernemental pour faire travailler ensemble les intervenants européens et marocains sur les objectifs d’harmonisation des règlementations et d’intégration des législations pour améliorer le partenariat.

    2- Le niveau économique, social et civil pour impliquer les opérateurs économiques et les acteurs de la société civile dans l’appropriation et la mise en œuvre des finalités du Statut Avancé en termes de rapprochement européen et marocain, d’intégration de l’espace économique et de solidarités.

    Par conséquent pour élaborer la communication afin de réussir le statut avancé doivent s’articuler autour des objectifs suivants :

    1- Instaurer un climat de confiance, de respect et de transparence. 2- Adopter une approche constructive pour simplifier les démarches. 3- Comprendre la logique et l’exigence des institutions européennes.
    4- Apprécier la valeur ajoutée de l’expérience et de l’exception locale. 5- Faciliter les échanges des informations utiles dans les deux sens.
    6- Ecouter et répercuter les attentes des populations marocaines. 7- Elargir la concertation euro-marocaine autour du statut avancé.
    8- Sonder la position des opinions publiques en Europe et au Maroc. 9- Evaluer l’opportunité et l’utilité des actions de sensibilisation.
    10- Adapter les bonnes pratiques européennes à la réalité marocaine. 11- Adopter un langage direct, simple, compréhensible et pratique.
    12- Identifier des actions novatrices et motivantes des publics.
    13- Elaborer d’outils adéquats d’évaluation et de suivi des actions.
    14- Capitaliser les meilleures pratiques de coopération internationale. 15- Etablir un calendrier précis de mobilisation et de sensibilisations.

    Approche Globale de la Communication Pour Réussir le Statut Avancé :
    Ainsi pour réussir le statut avancé on doit mieux communiquer pour améliorer en amont les le contenu et les priorités conséquences de ce statut, et communiquer en aval pour apprécier les résultats et les conséquences de l’aboutissement de ce statut sur l’amélioration et l’approfondissement des relations euro-marocaines exprimées à
    travers les diverses réalisations concrètes qui donne un sens réel à l’avancement de ce statut.

    Il s’agit, d’une part, d’annoncer et d’expliquer les choix stratégiques et opérationnels du statut avancé qui sont toujours inspirés par la recherche d’une plus grande efficacité de l’aide au développement et, de l’autre, de montrer et rendre compte des résultats accomplis et, le cas échéant, restant à accomplir.

    La communication externe pour réussir le statut avancé vise des publics et des partenaires directs concernés ou mobilisés au Maroc et au sein de l’Union Européenne par ce statut.

    A cet effet les médias et les vecteurs choisis pour la communication doivent refléter un souci de clarté, d’accessibilité, d’efficacité, de proximité et de réactivité pour communiquer et traduire fidèlement et objectivement les réalisations, les propositions, les ambitions les critiques, les réserves, les convergences et les divergences marocaines et européennes relatives à l’élaboration du statut avancé à la définition de son ampleur, de sa teneur et de sa durabilité en élargissant le champ de l’écoute, de la concertation et de l’appréciation à tous les acteurs, les destinataires et les bénéficiaires officiels et officieux de la nouvelle dynamique du statut avancé.

    Dans cette logique, l’approche de communication pour réussir le statut avancé s’inspire sur le plan technique des exigences du guide européen de communication et de visibilité, et sur le plan pédagogique elle adopte une approche partenariale de consultation, d’explication et d’association des acteurs et des publics concernés et sur le plan stratégique elle obéit aux orientations et aux accords négociés et réciproquement approuvés et consolidés qui régissent et organisent les relations euro-marocaines depuis leur commencent antérieur jusqu’à leur aboutissement actuel.

    Le Management Interculturel des Méthodes de Communication :

    Cependant cette communication doit se faire dans la nuance pour ménager de part et d’autre les éventuelles susceptibilités et autres filtres culturelles d’interprétation ou d’extrapolation des concepts et des comportements pour éviter toutes formes de blocages ou de vexation.
    Ainsi, exigence ne doit pas signifier rigidité, suivisme ou influence de subordination car le principe de coopération et encore celui de partenariat signifie une forme d’équivalence favorable à l’échange et à la complémentarité dans les deux sens.

    Conclusion :

    Des valeurs de respect, de dignité, d’humilité, de partage et de modestie doivent être au cœur du dispositif de communication pour réussir le statut avancé car la finalité comme les révolutions arabes ou les manifestations en Europe nous le rappelle c’est bien l’homme, ses droits, ses devoirs et son ambition légitime à une qualité de vie meilleure, à la paix et à la sécurité tout aussi valable, vitale et nécessaire pour le Nord comme pour le Sud de la Méditerranée berceau de l’humanité et des civilisations.

    Source : Boîte mail de Saadeddine El Othmani

    #Maroc #Marocleaks #Union_Européenne #UE #Statut_avancé


  • Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Ukraine, Russie, Gaz, OTAN, Occident, Union Européenne, UE, Etats-Unis,

    par Abdelhak Benelhadj

    « Winter is coming » Game of Thrones.

    Déclarée depuis longtemps, la guerre du gaz prend une nouvelle tournure : en plus d’un siècle les acteurs et l’enjeu sont les mêmes, mais les règles et le contexte ont changé.

    Le marché des hydrocarbures brasse des sommes considérables, opposent des acteurs pugnaces prêts à prendre tous les risques et affectent une multitude de domaines. C’est pourquoi l’approche est difficile et toujours très complexe. C’est encore plus vrai quand la paix du monde est en jeu.

    « L’Allemagne en plein choc gazier! », titre lundi en Une Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne. « Nous sommes confrontés à une situation inédite, tout est possible », reconnaît au cours du week-end le vice-chancelier allemand, Robert Habeck, sur la radio publique. « Il est possible que le gaz coule à nouveau, même en quantité supérieure à avant. Il est possible que plus rien ne vienne et nous devons nous préparer comme toujours au pire ».

    Les Américains ont tout fait pour annuler la mise en service de Nord-Stream 2. Nord-Stream 1 suit le même tracé sur 1 200 km à travers la mer Baltique. La société russe qui l’administre a décidé 10 jours de travaux de maintenance qui courent jusqu’au 21 juillet. Il n’y aura plus de gaz exporté vers l’Europe jusqu’à cette date. Y en aura-t-il après ? C’est toute la question.

    L’Allemagne étant la porte d’entrée principale du gaz russe, c’est toute l’Europe qui est en ébullition. 48.4% du gaz qui y est consommé vient de Russie.

    La dépendance au gaz russe en Europe. (AFP, L. 07/03/2022)

    Tous les pays européens ne subissent pas la contrainte énergétique de manière identique. Mais la valeur et l’importance des hydrocarbures ne sont plus à démontrer pour tous.

    « Les choses sérieuse n’ont pas encore commencé »

    Ce n’est pas très compliqué : pas de gaz et pas de pétrole, c’est pas de transports, pas de chauffage, pas d’industries en activité. Si on ajoute que ces produits ne sont pas seulement de l’énergie et sont aussi des matières premières à la base de nombreuses branches d’activité (chimie, pharmacie, cosmétologie, mécanique, BTP…)1, il n’est pas abusif d’inférer qu’en leur absence, on peut anticiper l’arrêt de l’économie des pays importateurs.

    D’autre part, l’arrêt de l’économie allemande a des conséquences sur tous ses autres voisins dont l’économie dépend directement. Il s’agit des ex-pays de la zone mark, mais aussi des ex-PECO qui hébergent de très nombreuses unités industrielles allemandes. A ceux-là, on peut ajouter les autres pays de l’Euroland dont la signature est couverte et garantie par celle de Berlin. Personne n’ignore son poids dans la valeur de l’euro et celle des titres de créance des pays qui en ont fait leur monnaie.

    On comprend la panique qui a saisi les dirigeants des pays européens importateurs d’hydrocarbures russes via l’Allemagne et ceux qui lui sont fortement liés.2

    Est-ce ainsi qu’ils ont interprété le mot de V. Poutine ? : « Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses » (V. 08 juillet 2022, dans un discours aux parlementaires russes).

    « Il faut se mettre dans le scénario du pire (…) À tout moment, la Russie peut interrompre totalement ses livraison de gaz » s’alarme Agnès Pannier-Runacher la ministre française de la Transition énergétique (Le Figaro, D. 10 juillet 2022). « L’hypothèse d’une rupture de livraison [de gaz] de la Russie pour l’Europe est crédible. Il faut donc s’y préparer. » « On n’imagine pas demander aux Français, à commencer par les français modestes, de payer leur gaz 45% plus cher ou leur électricité un tiers plus cher… » Elisabeth Borne, première ministre, S. 09 juillet 2022.

    e n’est pas dans quelques mois que la catastrophe va arriver. La catastrophe est déjà là. Elle est masquée par un « bouclier tarifaire » qui ne saurait durer.

    Ces craintes ne sont ni lointaines ni théoriques. Il y a quelques semaines, la Russie avait réduit presque de moitié ses exportations de gaz à cause d’ennuis techniques sur Nord-Stream 1 liés à la fourniture de pièces détachées de Siemens.

    Gazprom ne déchire pas son contrat, mais s’il le faisait, qui l’en blâmerait ? Après tout, les sanctions qui lui sont infligées par ses « clients » ne sont-elles pas une déclaration de guerre qui l’affranchirait de toute obligation ? N’est-ce pas eux qui menaçaient d’interrompre leurs achats pour réduire les revenus de la Russie ?

    Est-il concevable d’attendre d’un pays qu’il collabore à son détriment avec ses ennemis en continuant à leur vendre un bien essentiel jusqu’à ce qu’ils soient en état de s’en passer pour le priver de revenus ?

    Le piège

    La Russie semble avoir une carte maîtresse en main, mais c’est un piège habilement tendu.

    Il est peu probable que Moscou interrompe ses fournitures de gaz à l’Europe.

    1.- Parce que, même en conflit avec lui, il n’est jamais correct de rompre un contrat signé avec un client ;

    2.- Parce qu’elles génèrent des revenus que la Russie et son économie ne peuvent dédaigner ;

    3.- Parce qu’il ne faut jamais insulter l’avenir. L’Allemagne a résisté comme elle a pu à toutes les sanctions et pressions pour rompre ses liens avec la Russie. Il y a là une volonté pérenne et ferme que les Russes seraient avisés à ne pas s’aliéner quelles que soient les confusions que connaît la gouvernance allemande sous pressions extérieures.

    Voilà pourquoi Moscou commettrait une erreur à cesser de s’acquitter de ses obligations commerciales contractuelles sans discernement ni mesure.

    De plus, elle se mettrait à dos tous les pays européens et surtout leurs opinions publiques alors que le plus efficace serait d’oeuvrer à les diviser en modulant ses représailles.

    La dramatisation de l’hypothèse d’une telle rupture sert en l’occurrence à faciliter l’adoption de mesures économiquement et socialement impopulaires pour tenter de résoudre des problèmes qui n’ont rien à voir avec la crise ukrainienne.

    Profitant de la situation, les patronats français et italiens somment leurs gouvernements pour qu’ils osent…

    « Il est évident qu’on n’aura plus de gaz russe d’ici la fin de l’année, soit par (notre) choix, soit par choix des Russes », a affirmé le chef du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, lors d’une conférence de presse à Paris avec son homologue italien dans le cadre du 4e Forum économique franco-italien. « Il faudra encaisser une hausse » des prix de l’énergie pour les consommateurs, a-t-il fait valoir, exhortant le gouvernement français à « annoncer des mesures impopulaires » au plus vite.

    Selon le patron du Medef, le président Emmanuel Macron doit « dire la vérité à nos concitoyens » et « faire le choix du producteur avant de faire celui du consommateur ». (AFP, mardi 12 juillet 2022)

    Son homologue italien, Carlo Bonomi, a lui aussi exhorté les dirigeants politiques à « opérer des choix difficiles ». Un langage que les bons peuples européens subissent depuis une quarantaine d’années.

    N’est-ce pas E. Macron qui parlait il y a peu d’« économie de guerre » ?

    La Russie cause de tous les maux

    Quelles accusations les médias atlantistes européennes portent-elles contre la Russie ?

    Des arguments essentiellement à caractère moral : attaque d’un pays voisin, mort de civils, destructions urbaines, vols de céréales, des pays pauvres réduits à la faim…

    Le Secrétaire d’Etat américain orchestre une campagne mondiale accusant la Russie d’être à l’origine des troubles à Sri Lanka alors que ces troubles graves datent de bien avant la crise ouverte en Ukraine et porte sur une administration calamiteuse des affaires de ce pays.

    L’accroissement des coûts des produits importés a été la goutte qui a fait déborder un vase qui menaçait le régime en place depuis longtemps. Cela se reproduira sans doute ailleurs. Et, à nouveau, la Russie en sera déclarée responsable.

    M. Blinken ne s’en prive pas et ses services ne cessent d’accuser la Russie de tous les maux de la planète, du réchauffement climatique, de la variole du singe, de la pandémie du Covid ou des raz de marée dans le Pacifique… Le summum a été atteint en imputant à la Russie la pénurie de moutarde en France alors que le premier producteur mondial de cette graine est le Canada…

    Tous ces réquisitoires créent une ambiance mais ne sont pas décisives.

    Ils font le spectacle, attendrissent de manière éphémère mais ne constituent pas un fait politique sensible de nature à induire des dommages immédiats dont pourraient souffrir les populations ouest-européennes et provoquer une réaction. On ne manifeste plus massivement dans les rues des capitales européennes en soutien à l’Ukraine. Il est entendu que l’enjeu est bien l’opinion publique, mais malgré un matraquage massif en règle, l’opinion demeure versatile, loin de s’aligner derrière ses dirigeants et derrière la cause qu’ils lui désignent.

    On crédite abusivement l’information et la communication, dans la guerre, de toute une série d’atouts conférant une supériorité tactique ou stratégique à ceux qui savent en user.

    En vérité, sans efficacité des opérations militaires sur le terrain, le seul in fine qui vaille, la com’ c’est du bruit, un bavardage stérile qui peut se retourner contre les bavards.

    Jamais chef d’Etat n’a occupé l’espace médiatique autant que le fait le président ukrainien, entouré de compétences nombreuses et d’une assistance internationale qui a considérablement amplifié ses interventions.

    En tout état de cause, la question n’est pas de savoir si la Russie va « couper le gaz » mais dans quelle mesure serait-ce dans son intérêt de faire ?

    Les vagues de sanctions déferlent sur la Russie depuis 2014

    Ce sont les occidentaux qui ont décidé sept vagues de sanctions avec pour objectif déclaré d’isoler la Russie et la priver de revenus, de marchés et de clients, notamment en excluant les banques russes et biélorusses du système Swift. L’Union européenne a de plus interdit toutes les transactions avec la Banque centrale de la Fédération de Russie et gelé ses avoirs, la privant d’accès aux actifs qu’elle a stockés dans les banques centrales et les institutions privées de l’UE.

    Dès le 28 février, les avions russes ne peuvent plus survoler l’espace européen et une partie très importante de la planète sous contrôle atlantique. Par exemple, le 06 juin, il a été impossible au ministre russe des Affaires Etrangères de se rendre en Serbie où il était attendu.

    Le jeudi 7 avril, l’UE décrète un embargo sur le charbon russe3 à partir du mois d’août et la fermeture des ports européens à tous les navires russes. Au reste, aucune assurance ni réassurance (toutes occidentales) ne peuvent plus couvrir ces bateaux.4

    Remarques

    1.- Il est certes vrai que jamais dans l’histoire une cascade de sanctions aussi sévères en un temps aussi court n’a été décidée contre un pays.

    2.- Il n’est pas moins vrai qu’aucune campagne de ce genre n’a été couronnée de succès et n’a réussi à soumettre le pays qui en a fait l’objet : Cuba, l’Iran, la Corée du nord, la Syrie, le Venezuela…5 Le moins sagace des observateurs l’a remarqué.

    3.- A examiner avec attention les sanctions votées contre la Russie depuis le 24 février dernier, on constate que si elles étaient bien étudiées à leur début, la succession des vagues est de plus en plus opportuniste, prises au coup par coup, un peu comme si elles étaient décidées au fur et à mesure de l’observation de leur inefficacité.

    Et pour cause. Loin d’obtenir les faits attendus, elles aboutissent très précisément à l’inverse

    4.- Les Européens se sont mis tous seuls dans une nasse et n’ont pas su, comme en 1981, résister à Washington qui n’a qu’un seul objectif, casser les liens entre l’Europe et la Russie, entre l’Europe et l’Eurasie. Car ce sont bien les Européens qui, le 30 mai dernier, ont décidé de boycotter l’achat de pétrole russe et provoqué ainsi (avec l’aide des spéculateurs sur les marchés à terme) une hausse des prix que chaque européen constate à chaque fois qu’il se présente à une station d’essence. « Les dirigeants des 27 pays de l’UE avaient trouvé un accord qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année afin de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Cet accord permet de mettre en place un sixième paquet de sanctions contre la Russie, lequel prévoit un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités et l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift. » (La Tribune, mardi 31 mai 2022)

    La Hongrie a été exemptée et continue d’être alimentée par un pipeline en pétrole russe. L’accord des 27 a été obtenu à ce prix.

    Le boycott du gaz russe, réclamé par l’Ukraine et le lobby orchestré par Washington, aurait été décidé si l’Allemagne, première consommatrice de gaz russe, ne s’y était pas opposée.

    Et voilà maintenant que le gaz, initialement une arme entre les mains occidentales, devient une arme russe retournée contre ceux qui ont ouvert les hostilités.

    L’art de se tirer une balle dans le pied

    Quelques exemples.

    L’interdiction de survol par les avions civils russes des pays de l’UE a entraîné une mesure réciproque.

    Conséquence : tous les avions des compagnies européennes devant joindre le Japon ou la Corée sont contraintes à un détour qui allonge le voyage de 2 heures et coûte 200 euros par minute de vol. Au total, le coût supplémentaire se monte à 48 000 euros pour un aller-retour.

    N’étant pas soumises aux mêmes obligations, les compagnies chinoises font de substantielles économies et épargnent 2 heures de vol à leurs clients. Sans que la Russie ait besoin de réduire ses exportations ou de faire mine de les réduire, la crise est déjà là. Autrement dit, les conséquences d’une rupture des approvisionnements sont visibles sans que la Russie ait besoin de le faire. Les spéculateurs le font à sa place.

    La décision ne procède pas de l’état mais de la dynamique économique. Pas de ce qui est mais de ce qui devient. L’anticipation est le principal ressort de la décision et de la valeur, en l’occurrence de la cote.

    La première manifestation de cette coupure virtuelle est l’inflation.

    Question : Quelle est, dans l’inflation que connaît l’Europe (et le reste du monde), la part qui revient à la guerre en Ukraine, à la spéculation et aux sanctions (qui interdit l’achat de pétrole et de gaz russes). La guerre n’interdit pas l’acheminement des hydrocarbures russes vers les pays consommateurs que cela soit par oléoducs, par gazoducs, par pétroliers ou par méthaniers.

    La question pétrolière a été partiellement réglée fin mai. Mais le pétrole russe continue de couler à flots. Il est acheminé, via l’Iran, en Inde où il est raffiné et revient en Europe sous un autre label et un autre emballage.6

    Avant la crise ukrainienne, seul 1% des exportations russes de pétrole étaient destiné à l’Inde. En mai 2022, elles représentaient 18%. (https://www.bbc.com, mardi 28 juin 2022)

    Idem pour la Chine. Selon les données de l’Administration générale des douanes, les importations de pétrole russe – y compris les fournitures provenant de l’oléoduc Sibérie orientale-Océan Pacifique – ont atteint 8,42 millions de tonnes en avril. Cela représente une augmentation de 55% par rapport à 2021, atteignant des niveaux record en mai.

    D’évidence, ce sont les sanctions cherchant à réduire les recettes russes pour déstabiliser l’économie et le régime politique à Moscou, amplifiées par la spéculation sur les marchés occidentaux, qui sont à l’origine de la brutale augmentation des prix de l’énergie et, par effet systémique, de celle de tous les autres biens fabriqués.

    Il en est de même de tous les autres produits dont la Russie est le principal exportateur. Cela va des céréales et des engrais (premier exportateur mondial), aux métaux et matières minérales stratégiques (le titane (13% de part de marché, le platine 10,5%, l’aluminium 5,4%, Cobalt 4,4%…).

    Graphique montrant l’évolution mensuelle de l’inflation dans la zone euro depuis le début des estimations d’Eurostat en 1997 (AFP, mardi 28 juin 2022)

    1.- Double peine pour l’Europe. Du fait même de la dépendance de leurs importations énergétiques, les pays européens souffrent d’une inflation à deux étages : à l’augmentation des prix nominaux des hydrocarbures s’ajoute la dépréciation de l’euro par rapport au dollar monnaie dans laquelle ces importations sont libellées, ce qui renchérit ainsi doublement le coût de leurs importations.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    2.- Double problème pour la BCE. L’inflation liée à la crise ukrainienne s’ajoute à celle liée à la fin (relative) de la pandémie qui a déstabilisé le commerce mondial, perturbé les chaînes d’approvisionnement et raréfié certains produits essentiels, les semi-conducteurs par exemple qui participent à la fabrication de très nombreux produits industriels.

    Unilatéralement, sans se préoccuper des conséquences sur ses « alliés », la FED augmente ses taux et par ricochet le dollar. La BCE contrainte à un dilemme : elle augmente à son tour ses taux pour limiter la perte de change à l’égard du dollar et favoriser l’économie européenne, mais toute hausse des taux va étouffer une relance économique que l’Europe s’appliquait favoriser. Et elle ne résoudra aucun problème d’inflation dès lors qu’elle est d’origine étrangère. Et toute croissance du pouvoir d’achat favorise la consommation de produits importés, ce qui creuse les déficits extérieurs.

    Excellente nouvelle pour les producteurs en euros qui vendent en dollars (comme Airbus) mais une catastrophe pour les consommateurs de pétrole qui vendent en euros, comme Air France. L’augmentation des taux va par ailleurs accroître la tension sur les spread entre des pays en Europe dont les comptes publics sont en état très différents, et fragiliser un équilibre déjà très instable.

    Le gouvernement français ne peut continuer à financer sur fonds publics, c’est-à-dire par la dette (qui a atteint des « niveaux d’alerte »), un semblant de solidarité qui cache un gouffre antérieur à la crise ukrainienne et même antérieur à la crise pandémique, dans un contexte d’accroissement des inégalités que sa politique économique a largement contribué à favoriser. C’est la limite d’un vain « quoi qu’il coûte » en vigueur bien avant la lettre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’accord trouvé en juillet 2021 entre les membres de l’Euroland avait été si difficile à trouver.

    Les divergences entre Européens éprouvent leurs limites. Si dans l’ex-zone mark, les discordes sont feutrées et policées, cela ne réduit en rien la violence ni l’âpreté des débats.

    L’Allemagne joue à l’interface modératrice entre les « pays frugaux » et ceux du « Club Med ». Avec une précision : sa modération tient surtout au poids de ses intérêts en Europe auxquels l’explosion de l’Euroland porterait un préjudice irréparable.

    Les crises se cumulent et se renforcent : en France et en Grande Bretagne par exemple la crise géopolitique a dégénéré en crise politique qui introduit de l’incertitude et donc renchérit le coût du crédit. La gouvernance politique aussi (qui en doute ?) est cotée à l’argus.

    Un peu d’histoire

    Le gaz est pour la deuxième fois au coeur de la géopolitique mettant aux prises la Russie, l’Europe et les Etats-Unis.

    Au début des années 1980, pour des raisons identiques, Washington a pesé sur l’Europe pour la détourner du gaz russe. Pour cela il lui avait interdit de fournir à la Russie les turbines nécessaires à l’acheminement du gaz sibérien vers l’Europe de l’Ouest. Les Européens étaient passés outre en 1980. Aujourd’hui, ils se couchent avec panache et subissent.

    Le contexte n’est évidemment plus le même.

    Par ailleurs, il n’est pas moins abusif, quoi qu’on pense de la Russie, de ses dirigeants et de l’opération militaire qu’ils ont entreprise en Ukraine, de constater que les Européens, pour une large part, sont responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés.

    Les décisions prises sanctionnant la Russie sont pour le moins irréfléchies et mal préparées. Pourquoi en est-il ainsi ? Pas parce que les Européens sont incompétents, mais parce que les décisions ont été prises et conduites non à Bruxelles mais unilatéralement (comme il se doit dans les Empires) à Washington où seuls les intérêts de l’Oncle Sam et de ses transnationales comptent.

    Les Etats-Unis n’ont aucun problème d’énergie. Ils en produisent et en exporteront bien davantage. Les Européens passeraient ainsi d’une « dépendance » (qui alimente le moulin propagandiste occidental) à l’égard de Moscou à une dépendance historique et bien réelle à l’égard de Washington. Avec le sacrifice de la protection de l’environnement en pertes et profits (Qui a pensé à en converser avec L. Fabius et F. Hollande, les parrains de la Cop21 ?)

    Moscou dit « merci » à Washington

    1.- Depuis le début de cette crise, la Russie ne souffre pas d’une chute des quantités vendues, bien au contraire, car elle est compensée par une hausse des prix unitaires.

    Prix du gaz en euros par MWh.

    Années 2010 : 5-15€

    2021 : 30€

    Avant le 24 février 2022 : 70-80€

    15 juin 2022: 130€

    17 juin 2022 : 150€

    11 juillet 2022 : 170€

    Cela impacte le prix de l’électricité vendue actuellement entre 200 et 400€ le MWh sur les marchés européens.7 Ces événements vont continuer d’exercer une très forte pression sur les prix. Si les consommateurs sont relativement préservés (autour de 70€ le KWh), ce sera au prix de l’endettement collectif qui, par ricochets, va engendrer d’autres problèmes.

    2.- – Lors de son séjour en Pologne, le 26 mars, Joe Biden s’est permis un jeu de mots sur la devise russe. «Le rouble (ruble, en anglais) est pratiquement, immédiatement réduit à l’état de ruine (rubble, avec deux «b», en anglais).

    Après s’être effectivement effondré fin février/début mars, le rouble vaut bien plus aujourd’hui qu’il ne valait avant le 24 février ainsi qu’on peut le constater sur le graphique ci-dessous. La maestria de la très discrète présidente de la Banque Centrale russe a été universellement saluée, y compris par ses adversaires.

    Il tombe sous le sens, que « l’opération spéciale », sous toutes ses facettes, a été étudiée, préparée minutieusement avant le 24 février. Et cependant, bien d’autres aspects ont échappé aux architectes moscovites… La surprise est le moteur de l’histoire, répétait à satiété Max Gallo et ses émules qui confondent tactique et stratégie.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    3.- Loin de réduire les recettes extérieures de la Russie, les sanctions les ont substantiellement accrues. Elles n’ont jamais été aussi florissantes.8

    2021 = 221 Mds€

    2022 = 267 Mds€ (estimations soit une hausse de 20,8%) (Source : Bloomberg)9

    Ironie : ce sont ses clients occidentaux qui financent la guerre russe en Ukraine.

    4.- – La popularité de son président est enviable : plus de 75% selon des enquêtes indépendantes. Les contestations (réprimées) demeurent très marginales. A l’Ouest, fourvoyé dans des explications emberlificotées, on a renoncé à le nier.

    5.- Sur le terrain, les armées russes grignotent kilomètre carré par kilomètre carré, lentement mais sûrement. Face au « rouleau compresseur », le moral des troupes décline, les désertions se multiplient (https://www.independent.co.uk, BFMTV, J. 09/06/2022 à 14:13).

    6.- Les pressions américaines sur l’Indonésie pour ne pas admettre le ministre russe des Affaires étrangères à Bali la semaine dernière et refuser d’inviter le président V. Poutine à la réunion du G20 en novembre, ont fait chou blanc : un vrai camouflet pour Washington. La Russie est chez elle parmi les BRICS et une bonne partie du reste du monde.

    7.- La même tentative pour faire exploser l’OPEP+, afin de compenser la chute des achats de pétrole russe, a lamentablement échoué. Cet échec explique en partie la flambée des cours et ses conséquences. Plusieurs fois reporté, le prochain voyage de J. Biden en Arabie Saoudite parviendra-t-il à réparer les confusions de la politique proche-orientale des Etats-Unis ?

    Il faut observer que la Russie n’a pas d’autre choix. Sous pression américaine, les Européens ont adopté une stratégie qui ne lui laisse aucune marge de manoeuvre.

    Toutes les décisions occidentales -répétons-le- concourent au même objectif à terme : réduire et interrompre les achats de gaz à la Russie. Cette dernière prend son destin en main et anticiperait une rupture au moment où les circonstances sont à son avantage avant qu’elle ne le deviennent à son détriment, mettant ainsi ses « ennemis » face aux conséquences de leurs décisions.

    Fin mars, avec le retrait des troupes russes des environs de Kiev, en Ukraine, aux Etats-Unis et en Europe, on s’est félicité de la « résistance et de la bravoure du peuple ukrainien contre ses envahisseurs » qui auraient été sous-estimées par leurs agresseurs. Inversement, de nombreux observateurs se demandaient si « l’armée russe n’avait pas été surestimée »10

    Emporté dans une course folle vers des sanctions de plus en plus sévères, de plus en plus dures, Washington a entraîné l’Europe dans une équipée qui menace de tourner au fiasco.

    Ces sanctions ont-elles efficaces ? Certainement. Mais ce sont les économies européennes qui en ont font les frais. On peut ne pas aimer V. Poutine, mais personne ne peut le nier.

    Naturellement, si l’on se fie aux commentateurs totalement alignés sur Kiev, Washington et Londres, il faudra être patient. La Russie accuse déjà et accusera encore plus au début de l’automne prochain, disent-ils, les impacts des « sanctions sans précédent » que J. Biden annonçaient fin mars. Et Kiev commencera alors à reprendre les territoires qu’il aura perdus…

    Peut être…

    Divisions occidentales

    1.- L’Allemagne en procès.

    Le procès lui est fait tous les jours. Ses voisins, notamment français, se réjouissent en silence du premier déficit commercial allemand enregistré en mai, le premier depuis le début des années 1990.

    Fin mai 2011. L’Allemagne officialise la fermeture de ses centrales. Fin 2022, l’Allemagne sera complètement sortie du nucléaire. Et malgré la crise ukrainienne, elle déclare ne pas vouloir prolonger les centrales actuelles.

    2011, c’est l’année de l’inauguration de Nord-Stream.

    L’Allemagne ne s’est jamais dotée de capacités d’accueil du GNL ce qui transforme l’achat du gaz de schiste américain en hypothèse de travail.

    La construction de Nord-Stream 2 avait été décidée pour contourner des pays sous contrôle américain : la Pologne et l’Ukraine. Russes et Allemands, sans outrager l’histoire et les nations et en revenir au pacte Ribbentrop-Molotov (août 1939) qui avait ,quoi qu’on dise, un autre objet, la Pologne a toujours constitué un obstacle pour les deux pays.

    Malheur aux plats pays !

    Aujourd’hui, elle est un cheval de Troie utilisée par Washington (d’abord pour oeuvrer à la chute de l’URSS ensuite) pour peser sur les décisions dans l’Union Européenne, avec l’aide des autres ex-PECO.

    Les derniers propos de Lech Walesa le confirment sans ambiguïté.

    La prétendue dépendance à l’égard du gaz et donc de Moscou est une histoire à dormir debout, un argument polémique. Chacun savait à quoi s’en tenir.

    Il est un fait que Allemands et Russes collaborent de manière optimale dans l’intérêt des deux pays. Le couple de chanceliers qui se sont succédés (A. Merkel et G. Schröder) ont peaufiné une coopération parfaitement complémentaire et mutuellement avantageuse, à laquelle se sont rattachées les « Routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI) chinoises.

    Exemple de BASF : « C’est une dépendance historique puisque BASF a fondé avec Gazprom une filiale en Allemagne et que c’est une filiale qui a été ‘win-win’, c’est-à-dire qu’elle avait acheté du gaz russe par cher justement pour la chimie, puisque la chimie a besoin de beaucoup de gaz, et de l’autre côté, elle aidait Gazprom dans des technologies complexes. Et les Allemands ont une technologie basée sur des produits BASF pour essayer d’extraire ce gaz » (RFI, D. 03 juillet 2022)

    A. Merkel persiste et signe : « Je ne me fais aucun reproche. Je ne m’excuserai pas » (Les Echos, le mercredi 08 juin 2022). L’erreur serait de croire qu’il n’y avait que la chancelière pour prendre les décisions. On n’est pas en Allemagne sous le régime de la Vème République, avec un président omnipotent qui, sur son nuage jupitérien, fait la pluie et le beau. Derrière Mme Merkel, il y a des résolutions issues d’une multitude de décideurs (industries, banques, länder, syndicats…), de concertations étroites et sérieuses, scrupuleuses appliquées.

    Derrière la chancellerie, il y a l’Allemagne dans la diversité et la complexité de ses rapports de forces. En sorte que s’attaquer rétrospectivement à A. Merkel pour se venger et en diminuant le mérite et le succès de sa longue présence à la tête de l’exécutif allemand, est non seulement injuste, pitoyable mais aussi contreproductif.

    Les Etats-Unis et les autres atlantistes européens n’ont pas eu tort d’interpréter dans cette émancipation, le danger d’un déséquilibre, d’une fragilisation du lien atlantique avec un centre de gravité continental qui menaçait de basculer vers l’Eurasie, vieux projet de V. Poutine, et une marginalisation des Etats-Unis.

    Washington attendait Pékin dans le Pacifique. Mais les Chinois déplacent leurs pions en Afrique, en Amérique Latine et entrent en Europe via Moscou et Berlin ainsi que par les ports méditerranéens italiens et grecs.

    On ne peut comprendre la crise ukrainienne sans ces rappels géostratégiques.

    2.- Il n’y a qu’une morale : celle des intérêts des acteurs

    L’ironie a voulu que, ce dimanche 10 juillet, ce soit le Canada qui consente à une exemption aux sanctions infligées à la Russie pour que Siemens fournisse à Gazprom les turbines russes nécessaires à la maintenance du gazoduc Nord Stream 1 et aussi -fait-on dire à Berlin- pour enlever aux Russes le prétexte de cesser de fournir le gaz à l’Allemagne.

    Bien que V. Poutine possède un art consommé du contre-pied, cette hypothèse est peu probable.

    Le président Volodymyr Zelensky a violemment accusé le Canada de saper les sanctions contre la Russie et convoque l’ambassadeur canadien pour le tancer. Il n’a pas tort.

    La colère du président ukrainien surprend. Mais pour la comprendre il faudrait considérer un autre aspect de la question, à raison plus préoccupant pour lui.

    La levée ponctuelle de la sanction indique à ses yeux que lorsque les intérêts occidentaux sont en jeu, ceux de l’Ukraine deviennent secondaires.

    Mieux : cette décision canadienne confirme que la défense de l’Ukraine n’est qu’une facette mineures d’un conflit plus vaste opposant Russes, Chinois et Américains.

    Comme pour confirmer ses craintes, le gouvernement allemand (ministre des finances) a décidé de bloquer la fourniture d’une aide à l’Ukraine de 9 Mds€ que l’UE avait votée.

    Un arbitre, le temps

    Chaque camp a fait ses calculs et lancé ses dés. Rien ne va plus !

    Qui va céder en premier ?

    Fin mars, on attendait à l’Ouest que le peuple russe chasse ses autocrates ou qu’une révolution de palais en débarrasse le Kremlin et négocie une reddition en bon ordre.

    En juillet, la peur a changé de camp. Les gouvernements européens s’inquiètent de la montée du mécontentement. Malgré une mise en scène médiatique constamment et résolument monocolore (au point que les téléspectateurs les plus « compréhensifs » expriment leur incompréhension…), les sondages, discrètement mis sous le boisseau, annoncent et confirment une pression populaire sur des gouvernements qui tentent de l’endiguer.11

    En Allemagne on ne cesse de s’interroger : comment le SPD et les Verts en sont-ils arrivés à troquer le gaz (énergie relativement peu polluante, fiable, et pas chère) contre le charbon et le gaz de schiste américain dont on connaît les coûts très élevés sur l’économie et l’environnement…12 L’atlantisme des Verts aurait-il pris le dessus sur leurs convictions ?

    La même question est posée à la France, à l’Italie, à la Grèce, à la Bulgarie… où la réouverture de centrales à charbon est programmée.

    Comment faire avaler cela à leurs opinions publiques, en plein réchauffement climatique ?

    Malgré la multiplication des fournitures d’armes de plus en plus sophistiquées et la présence de « forces spéciales » occidentales aux côtés de l’armée ukrainienne (secret de Polichinelle) ainsi encadrée et informée, le front ukrainien n’annonce aucune victoire imminente.

    Certains, y compris aux Etats-Unis, songent déjà à une stratégie de rechange : concessions territoriales, adoucissement des sanctions… avec ce mot terrible de « négociations » qu’habituellement seuls les vainqueurs osent lâcher en position de force et que les vaincus n’envisagent qu’en état de reddition et qu’en reconnaissance de défaite.

    Le problème est qu’une victoire russe et un triomphe poutinien sont actuellement inconcevables car ils signifient bien plus qu’une défaite de l’Ukraine. Les Etats-Unis se sont beaucoup trop engagés pour envisager un retour aux conditions initiales.

    Plus qu’une humiliation, ce serait un désastre aux conséquences géostratégiques incalculables et donc inenvisageables.

    L’opération « Ukraine » avait pour objet de consolider l’axe atlantique. Or, si l’opération échoue, il en sortira fragilisé, à la portée d’une Chine qui, discrète, tapie dans l’ombre, observe, compute le coup suivant et le parti qu’elle pourrait en tirer.

    Le gaz et le pétrole ont une espérance de vie de quelques décennies.

    Mais la Chine, elle, a tout son temps…

    Le bric-à-brac que forme le Tiers-monde est dans les gradins occupé à compter les coups. Perplexes, interrogatifs, les peuples qui forment ce versant disparate de l’univers ne savent que penser de ce conflit et surtout de ce qu’il adviendra d’eux, quels que soient les vainqueurs, si vainqueurs il y avait un jour.

    Mais s’ils ne sont pas définitivement et résolument aux côtés de Moscou, rien ne les y contraints, ils savent avec certitude qu’ils ne sont pas aux côtés de Washington et des restes des anciens Empires coloniaux.

    Les Africains observent la sollicitude de l’accueil diligent et aimable qui est fait aux millions d’Ukrainiens qui fuient la guerre.

    Ils le comparent au sort qui est fait à leurs ressortissants, aux discours, aux représentations… et aux Murs qui s’érigent un peu partout autour de l’Occident.13

    Comment peut-on célébrer et conforter une civilisation à portée universelle avec une mentalité de rentiers barricadés ?

    La crise en cours facilite le calcul économique dans les pays du sud producteurs d’hydrocarbures. Les décideurs seraient tentés par l’éphémère administration habituelle des conflits structurels : un saupoudrage social pour éviter les hirak (ou le chaos Sri Lankais en cours) et le champ ouvert aux « oligarques » indigènes pour continuer à parasiter le bien public, justifié par le discours illusoire sur la « liberté individuelle créative de richesses à venir ».

    Notes

    1- Certains évoquent à tort la baisse de la consommation en été. Les transports et l’activité de cessent pas en été. De plus, si on ne chauffe pas, il y a un recours de plus en plus important à la climatisation, d’autant plus que le réchauffement climatique provoque des canicules de plus en plus fréquentes et extrêmes.

    2- Lorsque les dirigeants ukrainiens manifestent leur désappointement à l’égard des dirigeants allemands, notamment en matière de politique énergétique, ils devraient savoir et mesurer l’étendue de leurs responsabilités.

    3- Le charbon russe représente 45% des importations de charbon de l’UE.

    4- Une liste exhaustive de toutes les sanctions prises contre la Russie depuis 2014 peut être consultée sur les sites :

    -https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/sanctions/restrictive-measures-against-russia-over-ukraine/sanctions-against-russia-explained/

    – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctions contre la Russie.

    5- On trouvera une liste complète de ces pays sur le site https://www.tresor.economie.gouv.fr/services-aux-entreprises/sanctions-economiques

    6- Fortune India (https://actucrypto.info, mercredi 06 juillet 2022).

    7- Philippe Chalmin, spécialiste des marchés des matières premières (LCI, L. 11 juillet 2022, 12h15)

    8- La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et le premier exportateur de gaz.

    9- Une étude publiée par Bloomberg Economics (1er avril 2022, 10:55) estime les bénéfices extérieurs russes en contrepartie des exportation des seules hydrocarbures pourraient se monter à environ 321 Mds$.

    10- Marianne, V. 04/03/2022. Mardi 08 février 2022 la Tribune titrait « La Russie, une puissance pauvre ». Des experts sagaces argumentaient que son économie souffrait de « grande faiblesse structurelle » et que son PIB égalait à peine celui du Texas.

    11- Un sondage aux Etats-Unis montre l’érosion du soutien à l’Ukraine. A la question « Pensez-vous que les Etats-Unis ne soutiennent pas assez l’Ukraine ? » le taux était positif à 42% en mars. Il n’est plus que de 31% en mai. (Pew Research Center, LCI, D. 10 juillet 2022, 20h24).

    12- Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de hausse tendancielle, ni de baisse tendancielle des émissions de gaz à effet de serre en Allemagne. Il y a une stagnation depuis la fin des années 2000 (après plusieurs années de baisse régulière) et des fluctuations chaque année vers le haut ou vers le bas de l’ordre de 1 à 4 %. L’Allemagne a même été meilleure élève que la France sur l’année 2017 puisqu’elle a enregistré une très légère baisse, alors que la France a vu ses émissions augmenter de plus de 3% ! (https://www.greenpeace.fr, site consulté le mercredi 13 juillet 2022)

    13- Amnesty International, dans son dernier rapport, condamne la Lituanie, sous très étroit contrôle de Washington, pour « racisme institutionnel ». https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2022/06/lithuania-pushbacks-illegal-detention-deception-and-abuses-against-refugees-and-migrants/ (27 juin 2022).

    Le Quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #OTAN #Russie #Etats_Unis #Union_Européenne #UE #Gaz

  • Melilla : l’Espagne et l’UE tentent de redorer le blason du Maroc

    Melilla : l’Espagne et l’UE tentent de redorer le blason du Maroc

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    Depuis le macabre crime des services de sécurité marocains ayant couté la vie à des dizaines de migrants africains à la frontière entre Nador et Melilla dans le nord du Maroc, l’Union européenne et l’Espagne usent de stratagèmes pour ne condamner ce massacre qu’à demi-mot. Pire encore, ils s’activent intensément pour redorer le blason d’un Makhzen aux abois face à l’indignation internationale.

    C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière réunion entre l’UE, l’Espagne et le Maroc à rabat. Officiellement, la réunion tenue le 8 juillet dernier à Rabat et regroupant la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, et le ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska ainsi que le ministre de l’intérieur marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, entrait dans le cadre du dialogue politique régulier entre le Royaume et l’UE, selon un communiqué conjoint signé par les trois parties. Sauf que l’intitulé de la réunion ne peut pas passer inaperçu face au drame survenue à Melilla il y a deux semaines.

    Le communiqué publié sur le site de l’UE parle de « lancement d’un partenariat rénové en matière de migration et de lutte contre les réseaux de trafic de personnes », sans que le contenu des discussions et de ce nouveau partenariat soient clairs.

    « Le nouveau partenariat opérationnel en matière de lutte contre le trafic de personnes entre la Commission et le Maroc pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, la sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière, ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union européenne chargées des affaires intérieures », écrivent les trois parties signataires du communiqué. L’on remarque qu’il s’agit de professions de foies et non d’un plan opérationnel bien détaillé, ce qui laisse planer un doute sur les objectifs réels de cette rencontre.

    Condamnation des victimes
    Le communiqué en question, au lieu qu’il fasse la lumière sur le crime de Melilla et exiger du Maroc et de l’Espagne de mener des enquêtes sérieuses afin de rendre justice aux victimes et condamner les auteurs notamment les commanditaires, il n’a pas tari d’éloges la politique migratoire du Makhzen marocain. « La Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) constitue aujourd’hui un modèle de gestion migratoire des plus avancés, tant sur le plan législatif qu’institutionnel, ayant permis de régulariser la situation administrative de plusieurs milliers de migrants et de les intégrer dans la société marocaine. Le Maroc est également l’un des États fondateurs du processus de Rabat et sa Majesté le Roi Mohammed VI est désigné par ces pairs Chefs d’États africains comme leader du Continent africain dans les questions migratoires », lit-on dans le même communiqué.

    Cette scandaleuse opération de communication visant à disculper le Maroc et l’Espagne de leur responsabilité dans ce drame humain ne s’arrête pas dans la promotion de la supposée politique migratoire efficace du Makhzen, mais elle condamne dans des mots bien choisis l’acte des migrants en dénonçant « des réseaux criminels » qui ont commandité cette tragédie. « Ces évènements, outre leur dimension de tragédie humaine, démontre l’extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques ». Aucun mot sur les violences policières et la barbarie des services de sécurité marocain, pourtant documentées par des vidéos qui ont fait le tour de la planète. Cette « complicité affichée » de l’UE et de l’Espagne explique pourquoi le régime marocain n’a même pas traduit en justice des éléments de ses services de sécurité impliqués dans ce drame.

    A la lecture de ce texte publié par l’UE, l’on ressent une condamnation des victimes et une tentative à peine voilée d’innocenter les services de sécurité marocains. Pendant ce temps, les tribunaux marocains continuent de condamner des migrants rescapés de ce « vendredi noir ».

    Disparitions forcées
    Bruxelles et l’Espagne font désormais front commun contre les opinions européennes afin de desserrer l’étau sur le Maroc pour avoir commis un des crimes les plus odieux de ces dernières années contre les migrants.

    Au moment où les trois parties se réunissent à rabat pour tenter de faire baisser la pression sur le Maroc, les témoignages des rescapés se succèdent et le bilan s’alourdit. Le bureau de Nador de l’association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), a même documenté des cas de disparitions forcées des migrants africains et lance depuis le 24 juin des alertes.

    L’Algérie aujourd’hui, 10 jui 2022

    #Maroc #Espagne #UE #Melilla #Migration #Migrans_africains

  • La tragédie de Melilla relève de la responsabilité de l’UE

    La tragédie de Melilla relève de la responsabilité de l’UE

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    La mort de 23 migrants dans l’enclave espagnole de Melilla devrait mettre en lumière les échecs de la politique de contrôle des migrants de l’UE.
    De nombreux médias ont partagé des images tragiques illustrant la répression anti-migrants dans la zone frontalière de Melilla, l’une des deux enclaves espagnoles en Afrique du Nord, où au moins 23 migrants subsahariens sont morts le 24 juin en tentant de franchir la clôture entre le Maroc et Melilla. .

    Malgré les images télévisées sanglantes de cette tragédie, l’événement lui-même n’a pas fait exception, loin de là. Des récits similaires sont régulièrement rapportés de la frontière polono-biélorusse, des rives méditerranéennes ou de la Manche.

    En effet, ce qui s’est passé à Melilla n’est qu’un résumé d’une histoire que le reste du monde ne connaît que trop bien.

    Il était une fois, l’Europe se vantait d’être un phare de l’illumination. Elle cachait même ses desseins impérialistes sous prétexte de « répandre la civilisation ». De nos jours, cependant, il ne reste plus grand-chose de ce placage.

    Cependant, le rêve européen est bien vivant dans l’esprit des migrants démunis, alors que des milliers de personnes se lancent dans des voyages dangereux pour survivre à l’extrême pauvreté. Partout dans le Sud, où le colonialisme occidental n’a laissé que désespoir et misère, les poulets reviennent se percher.

    Pendant ce temps, l’Europe, tout comme l’empire romain des millénaires auparavant, est en train de construire des murs à travers ses frontières. Parmi les premiers murs à être érigés il y a deux décennies se trouvait à Ceuta et Melilla, l’un des vestiges du colonialisme espagnol en Afrique du Nord.

    Aujourd’hui, il y a des murs de 1000 km de long aux frontières de l’Union européenne. Chaque année, un nouveau est construit. Inutile de dire que malgré la construction de ces murs à Melilla, l’afflux de migrants est en augmentation. L’utilisation de murs, la surveillance technologique et la violence meurtrière des forces espagnoles et marocaines n’ont pas résolu le problème des migrants.

    La même conclusion peut être observée dans d’autres périphéries européennes. Cet échec ne peut être balayé sous le tapis, même lorsque l’UE aime recourir à des tactiques de gestion de la perception, comme elle l’a fait dans son traitement très sélectif des réfugiés ukrainiens.

    La politique de la migration

    Deux leçons peuvent être tirées de l’épisode de Melilla. Premièrement, les migrants et la migration comptent parmi les questions les plus importantes de la politique internationale. Compte tenu de l’instabilité politique dans différents endroits, des inégalités mondiales et de la crise climatique, il n’est pas difficile de prévoir que l’afflux de migrants continuera d’augmenter. À mesure que ce problème prend de l’ampleur, il a de plus en plus d’incidence sur les relations internationales. Les hauts et les bas des relations Espagne-Maroc et la tragédie humaine survenue à Melilla montrent clairement cette corrélation.

    En mai 2021, plus de 8 000 migrants ont traversé Ceuta et Melilla en quelques jours. Quelques mois auparavant, les tensions entre l’Espagne et le Maroc mijotaient pour atteindre leur paroxysme. La capacité de milliers de migrants à traverser le côté espagnol de la frontière en très peu de temps a été associée à la négligence délibérée des forces marocaines à la frontière. La partie espagnole a également accusé le Maroc de faire chanter les migrants pour qu’ils traversent la frontière.

    Un épisode similaire s’est déroulé à la frontière biélorusse-polonaise en 2021 lorsque des migrants se sont rassemblés et ont été inculpés par la police des frontières, qui a mis en œuvre des refoulements illégaux en contradiction avec le droit international et le propre code des droits de l’homme de l’UE. À l’époque, les pays de l’UE accusaient le président biélorusse Loukachenko de chantage. D’autre part, Loukachenko n’a pas hésité à laisser entendre que la cause de la crise était la politique des États de l’UE.

    L’approche brutale de la police des frontières marocaine contraste avec l’attitude nonchalante dont elle a fait preuve il y a environ un an. A cette époque, le flux de migrants a provoqué une crise politique en Espagne. Suite à cet incident à Melilla et Ceuta, l’Espagne a changé sa politique de neutralité dans la question du Sahara Occidental en faveur du Maroc.

    Par conséquent, le zèle dont ont fait preuve les forces marocaines était purement transactionnel. Ils ont maintenant plus de raisons de garder vigoureusement les frontières. Ce chapitre, et bien d’autres, montrent que le rôle des migrants dans les relations internationales va s’accroître dans les années à venir. Malheureusement, cela signifie également que davantage de violence sera dirigée contre les migrants.

    La politique d’externalisation de l’UE

    Le deuxième aspect est que la tragédie de Melilla fait écho à l’échec du travail de l’UE consistant à « externaliser » sa politique de contrôle des migrants à des acteurs externes pour garder les mains propres.

    Cette stratégie s’est reflétée dans la brutalité de la police marocaine à Melilla, et non des Espagnols, sans impliquer directement le gouvernement espagnol. De même, les garde-côtes libyens, financés par l’UE, chassent les migrants en Méditerranée.

    Pendant ce temps, la violence perpétrée par des pays frontaliers comme la Grèce, la Hongrie et la Pologne est blanchie comme des erreurs individuelles au niveau local. D’une certaine manière, l’UE sous-traite également le problème à ses pays frontaliers même si le coût humain est énorme.

    Une enquête conjointe menée par des médias influents comme Le Monde et The Guardian a révélé l’étendue des abus. Selon le rapport, la Grèce réduit en esclavage certains migrants illégaux et les utilise de force pour piéger d’autres migrants, et les renvoie après les avoir soumis à des abus et à la torture.

    Les méthodes suivies par l’UE et ses États membres sont tout simplement abjectes, soulignant l’hypocrisie de Bruxelles. Il est ironique de comparer l’approche de l’UE dans ce contexte avec ses principes déclarés d’intégrité, d’État de droit et de procédure régulière.

    Dans l’ensemble, ce problème a été institutionnalisé de différentes manières au fil des ans. Les pays occidentaux voient la situation des migrants à travers le prisme de la violence et de la répression. Dans la situation actuelle, les organisations non gouvernementales et de défense des droits de l’homme sont quasi absentes du discours occidental sur les migrants.

    Alors que la discrimination et la violence à l’encontre des migrants augmentent chaque jour, toutes les organisations de défense des droits de l’homme, les leaders d’opinion et les personnes éprises de liberté dans le monde doivent user de leur influence et de leur pouvoir pour s’opposer au traitement inhumain des migrants par l’UE.

    AUTEUR
    Omer Sévim
    Omer Sevim est chercheur adjoint au TRT World Research Center. Après avoir obtenu son diplôme du Département de sociologie de l’Université de Boğaziçi, il a obtenu sa maîtrise en théorie critique et études culturelles à l’Université de Nottingham. Ses domaines d’intérêt peuvent être répertoriés comme l’analyse du discours médiatique, le néolibéralisme, l’immigration et les études européennes.

     TRT World, 07 jui 2022

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  • La tragedia de Melilla es responsabilidad de la UE

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    La muerte de 23 inmigrantes en el enclave español de Melilla debería poner de manifiesto los fallos de la política de control de inmigrantes de la UE.

    Numerosos medios de comunicación compartieron trágicas imágenes de la represión antimigrante en la zona fronteriza de Melilla, uno de los dos enclaves españoles en el norte de África, donde al menos 23 migrantes subsaharianos murieron el 24 de junio intentando cruzar la valla entre Marruecos y Melilla.

    A pesar de las sangrientas imágenes televisadas de esta tragedia, el suceso en sí no fue una excepción, ni mucho menos. Se informa regularmente de relatos similares en la frontera entre Polonia y Bielorrusia, en las costas del Mediterráneo o en el Canal de la Mancha.

    De hecho, lo ocurrido en Melilla no es más que una recapitulación de una historia que el resto del mundo conoce demasiado bien.

    Hace tiempo, Europa se jactaba de ser un faro de la ilustración. Incluso ocultaba sus designios imperialistas bajo el pretexto de « difundir la civilización ». Hoy en día, sin embargo, no queda mucho de ese barniz.

    Sin embargo, el sueño europeo está muy vivo en las mentes de los emigrantes indigentes, ya que miles se embarcan en peligrosos viajes para sobrevivir a la pobreza extrema. En todo el sur del mundo, donde el colonialismo occidental sólo dejó desesperación y miseria, las gallinas están volviendo a casa para desovar.

    Mientras tanto, Europa, al igual que el imperio romano milenios antes, está ocupada construyendo muros a través de sus fronteras. Uno de los primeros muros que se levantaron hace dos décadas fue el de Ceuta y Melilla, uno de los vestigios del colonialismo español en el norte de África.

    Hoy en día, hay 1.000 km de muros en las fronteras de la Unión Europea. Cada año se construye uno nuevo. No hace falta decir que, a pesar de la construcción de estos muros en Melilla, la afluencia de inmigrantes va en aumento. El uso de muros, la vigilancia tecnológica y la violencia letal de las fuerzas españolas y marroquíes no han resuelto el problema de los migrantes.

    La misma conclusión puede observarse en otras periferias europeas. Este fracaso no se puede esconder bajo la alfombra, ni siquiera cuando la UE gusta de recurrir a tácticas de gestión de la percepción, como hizo en su tratamiento muy selectivo de los refugiados ucranianos.

    La política de la migración

    Del episodio de Melilla se pueden extraer dos lecciones. En primer lugar, los inmigrantes y la migración se encuentran entre las cuestiones más importantes de la política internacional. Teniendo en cuenta la inestabilidad política en diferentes lugares, la desigualdad global y la crisis climática, no es difícil prever que la afluencia de migrantes seguirá aumentando. A medida que este problema crece, tiene mayor incidencia en las relaciones internacionales. Los vaivenes de las relaciones España-Marruecos y la tragedia humana ocurrida en Melilla muestran claramente esta correlación.

    En mayo de 2021, más de 8.000 migrantes cruzaron a Ceuta y Melilla en cuestión de días. Unos meses antes, las tensiones entre España y Marruecos estaban a punto de alcanzar su punto álgido. La capacidad de miles de migrantes para cruzar el lado español de la frontera en muy poco tiempo se asoció a la negligencia intencionada de las fuerzas marroquíes en la frontera. La parte española también acusó a Marruecos de chantajear a los migrantes para que cruzaran la frontera.

    Un episodio similar se produjo en la frontera entre Bielorrusia y Polonia en 2021, cuando los migrantes se reunieron y fueron acusados por la policía fronteriza, que llevó a cabo retenciones ilegales contrarias al derecho internacional y al propio código de derechos humanos de la UE. Entonces, los países de la UE acusaron al presidente bielorruso Lukashenko de chantaje. Por otro lado, Lukashenko no dudó en insinuar que la causa de la crisis eran las políticas de los Estados de la UE.

    El enfoque de mano dura de la policía fronteriza marroquí contrastó con la actitud indiferente que mostró hace un año. En aquel momento, el flujo de inmigrantes provocó una crisis política en España. Tras este incidente en Melilla y Ceuta, España cambió su política de neutralidad en la cuestión del Sáhara Occidental a favor de Marruecos.

    Por lo tanto, el celo demostrado por las fuerzas marroquíes fue puramente transaccional. Ahora tienen más razones para vigilar las fronteras con firmeza. Este capítulo, y muchos otros, muestran que el papel de los inmigrantes en las relaciones internacionales aumentará en los próximos años. Lamentablemente, esto significa que también habrá más violencia contra los migrantes.

    La política de externalización de la UE

    El segundo aspecto es que la tragedia de Melilla se hace eco del fracaso de la labor de la UE de « externalizar » su política de control de los migrantes a actores externos para mantener sus manos limpias.

    Esta estrategia se reflejó en la brutalidad de la policía marroquí en Melilla, no en la española, mientras que no involucró directamente al gobierno español. Del mismo modo, los guardacostas libios, financiados por la UE, cazan a los migrantes en el Mediterráneo.

    Mientras tanto, la violencia perpetrada por países fronterizos como Grecia, Hungría y Polonia se encubre como errores individuales a nivel local. En cierto modo, la UE también externaliza el problema a sus países fronterizos, aunque el coste humano sea terrible.

    Una investigación conjunta de influyentes medios de comunicación como Le Monde y The Guardian reveló el alcance de los abusos. Según el informe, Grecia esclaviza a algunos inmigrantes ilegales y los utiliza a la fuerza para atrapar a otros inmigrantes, y los devuelve tras someterlos a abusos y torturas.

    Los métodos seguidos por la UE y sus Estados miembros son sencillamente abyectos y ponen de manifiesto la hipocresía de Bruselas. Resulta irónico comparar el enfoque de la UE en este contexto con sus principios declarados de integridad, Estado de Derecho y garantías procesales.

    En general, este problema se ha institucionalizado de diferentes maneras a lo largo de los años. Los países occidentales ven el problema de los inmigrantes a través del prisma de la violencia y la represión. En la situación actual, las organizaciones no gubernamentales y de derechos humanos están casi ausentes del discurso occidental sobre los migrantes.

    Dado que la discriminación y la violencia contra los migrantes aumentan cada día, todas las organizaciones de derechos humanos, los líderes de opinión y las personas amantes de la libertad de todo el mundo deben utilizar su influencia y su poder para oponerse al trato inhumano que la UE da a los migrantes.

    AUTOR
    Omer Sevim
    Omer Sevim es investigador adjunto en el Centro de Investigación de TRT World. Tras licenciarse en el Departamento de Sociología de la Universidad de Boğaziçi, realizó un máster en Teoría Crítica y Estudios Culturales en la Universidad de Nottingham. Sus áreas de interés son el análisis del discurso mediático, el neoliberalismo, la inmigración y los estudios europeos.

    TRT World, 07 jul 2022

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