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  • Algérie-Espagne: La « main de Moscou » ou le délire d’Albares

    Algérie-Espagne: La « main de Moscou » ou le délire d’Albares

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    La «main de Moscou» invoquée dans la crise avec l’Algérie : L’Espagne perd la tête

    Dans sa fuite en avant, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez s’est non seulement réfugié sous le parapluie de Bruxelles, mais aussi invoqué la «main de Moscou» pour tenter de mobiliser son pays contre la décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié entre les deux pays, et, de là, à défendre sa nouvelle position sur le Sahara occidental.

    La trouvaille d’Albares

    Pour une trouvaille, c’en est une. Sanchez et son chef de la diplomatie Albares, croyaient certainement avoir trouvé une parade, susceptible de les aider à recoller les morceaux de la coalition gouvernementale et la sauver du désastre politico-économique auquel elle fera face dans pas longtemps.

    Mais, la couleuvre est grosse à faire avaler, y compris dans son camp. Car, comment expliquer que l’Algérie ait subi la pression russe pour suspendre un Traité d’amitié ou pour rompre les contrats commerciaux, sans se faire démentir ? La réalité du terrain voudrait que l’on ait plutôt recours au gaz comme moyen de pression, un produit qui a acquis son importance stratégique à l’aune de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

    Or, de ce côté là, l’Algérie a rassuré par la voix de sa plus haute autorité politique que les contrats d’approvisionnement en gaz seront respectés. Mais, comme le ridicule ne tue point, le MAE espagnol a voulu faire avaler la couleuvre à son entourage, groupes parlementaires et chefs de partis en inventant de toutes pièces le complot russe qu’il a endossé à la communauté européenne. C’est en fait l’histoire de l’homme qui a vu l’ours. Parce que de «complot», il n’en était guerre question dans le dernier communiqué de l’ensemble européen, mais pour Albares uniquement qui le rapportait.

    Délirium

    A son retour de Bruxelles, le chef de la diplomatie espagnole a, en effet, insinué que Poutine a encouragé Alger à prendre des mesures contre les entreprises espagnoles, une hypothèse à laquelle les experts ne croient guère. Moscou entend « déstabiliser » le flanc sud à la veille du sommet de l’Otan à Madrid, a-t-il affirmé en citant des sources communautaires européennes, qui arguent du fait que «les visites de Lavrov et de Maduro ces dernières semaines sont essentielles » pour expliquer ce mouvement.

    À son retour de Bruxelles, vendredi soir, en effet, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a tenté de rameuter tout le monde contre l’Algérie : groupes parlementaires et homme d’affaires espagnols ayant des intérêts en Algérie, entre autres. Lors de sa tournée téléphonique nocturne, il a déclaré avoir été informé lors de sa virée bruxelloise, où il a rencontré Valis Dombroyskis, vice-président de la Commission européenne en charge de la politique commerciale, et Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, que l’Algérie avait été poussée par la Russie à attaquer l’Espagne, notamment son tissu commercial.

    Difficile d’y croire puisque l’ambassade d’Algérie auprès de l’UE avait démenti vendredi dans sa réponse à la Commission européenne que le commerce avec l’Espagne avait été interdit. Mais, Albares n’a fourni aucune donnée précise sur l’impulsion supposée donnée par Moscou à Alger. Il a souligné que l’objectif du dirigeant russe, Vladimir Poutine, était, au fond, de briser l’UE par le sud, opposant l’Espagne à l’Italie. Ce pays où Abdelmadjid Tebboune, a effectué une visite d’Etat de trois jours à Rome en mai.

    Le ministre a fini par lâcher le morceau devant certains de ses interlocuteurs, qu’a défaut de soutenir le gouvernement face à l’Algérie, il réclamerait de l’aide pour les entreprises qui risquaient de perdre un marché et qui en 2019, avaient vendu des produits «made in Spain» pour 2,75 milliards d’euros, rapportent les médias espagnols. Une pirouette à laquelle personne ne croit, venant d’un chef de la diplomatie qualifié de tous les noms, au sein des couloirs des AE espagnols. «Voyou», «incendiaire» ou directement «incompétent», sont les quolibets qui collent désormais à Albares qui est qualifié de «risée de l’Europe», comme l’a affirmé un diplomate espagnol dans des déclarations au journal El Independiente.

    A. R.

    L’Algérie aujourd’hui, 13 juin 2022

    #Algérie #Espagne #Russie #Ukraine #OTAN #SaharaOccidental


  • Algérie-Espagne : Bruxelles voit la main de la Russie

    Algérie-Espagne : Bruxelles voit la main de la Russie

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Ukraine, Russie, OTAN,

    Des sources européennes estiment que Moscou tente de « déstabiliser » le flanc sud à la veille du sommet de l’OTAN à Madrid.

    Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra (à droite), a reçu son homologue russe, Sergei Lavrov, pour une rencontre à Alger en mai.

    Bruxelles estime que derrière les mesures prises par l’Algérie contre l’Espagne ces derniers jours – la rupture annoncée, puis partiellement rectifiée, des relations commerciales pour protester contre le changement de cap du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental – se cache la main de la Russie. « Les visites de Lavrov et de Maduro ces dernières semaines sont essentielles » pour expliquer ce mouvement, déclare une source haut placée de l’UE, faisant allusion au voyage du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Alger le 10 mai, et à la visite jeudi dernier du président vénézuélien Nicolás Maduro.

    Alors que toute l’Europe serre les rangs contre l’invasion de l’Ukraine, la Russie « veut déstabiliser » le flanc sud et « faire du bruit à l’approche du sommet de l’OTAN » à Madrid les 29 et 30 juin, selon la même source. « Mais c’est tout ce que cela va donner : du bruit », ajoute-t-il. Selon lui, l’unité des partenaires européens au sommet est assurée, le débat étant centré sur l’entrée de la Suède et de la Finlande ; en attendant que la Turquie lève son veto, ajoute-t-il, en échange de la vente d’avions américains de dernière génération comme le F-35.

    « Ces deux visites, de la Russie et du Venezuela, expliquent en partie ce qui s’est passé », indiquent des sources diplomatiques à Bruxelles. Les déclarations de Pedro Sánchez au Congrès mercredi, ratifiant son soutien à la thèse du Maroc sur le Sahara – une solution au conflit basée sur une autonomie de la région sous autorité marocaine, plutôt qu’un référendum d’autodétermination qui ouvrirait la porte à l’indépendance – sont « l’excuse parfaite » utilisée par l’Algérie. Bien qu’ »il soit indéniable », soulignent ces sources, que le changement de position du gouvernement espagnol a été l’élément déclencheur : « Ce qui s’est passé est une conséquence immédiate de la nouvelle position [de l’Espagne] sur le conflit, sans aucun doute ».

    La Commission européenne a fait cause commune avec le gouvernement espagnol car le gel des échanges avec l’Espagne, initialement annoncé par l’Algérie, « affecte le marché unique », rappelle Bruxelles. « Une entreprise allemande ayant des usines en Espagne serait touchée ». En outre, il existe un précédent : bien qu’elle ne l’ait pas annoncé publiquement, la Chine a cessé d’acheter des produits en provenance de Lituanie. Et la réaction des institutions européennes a été pratiquement la même que maintenant.

    Après que la délégation d’Alger auprès de l’UE a démenti vendredi la suspension des échanges avec l’Espagne – alors qu’elle l’avait annoncée mercredi dans une circulaire publiée par l’association algérienne des banques et des établissements financiers – la Commission est en attente. « Les experts juridiques étudient comment cela affecte l’accord d’association [signé par l’Algérie avec la Communauté européenne en 2005] », indiquent les sources consultées. La prochaine étape, si les mesures de pression de l’Algérie contre l’Espagne sont maintenues, serait de convoquer une réunion de la commission mixte entre l’UE et le pays du Maghreb. « L’Algérie soutiendra que cela n’affecte pas l’accord, et l’UE dira que cela l’affecte et ira en justice : cela ne va pas être réglé à court terme », préviennent-ils.

    Bruxelles admet que la situation du marché du gaz empêche l’UE-27 de prendre des mesures drastiques. « Le gaz est ce qui fait la force d’Alger, à un moment où l’Europe cherche à se désengager de la Russie et où il n’y a pas beaucoup d’alternatives », soulignent les mêmes sources. Malgré la réaction européenne, les Italiens et les Français profitent déjà de la crise diplomatique avec l’Espagne pour gagner des positions en Algérie. « Toute la nouvelle production de gaz ira très probablement à [Mario] Draghi, le premier ministre italien », prédit la source principale de l’UE. Mais ce qui devrait inquiéter l’Espagne, ajoute-t-il, « c’est la fermeture du robinet de gaz, et cela ne va pas se produire à court terme ; bien que la nouvelle production, lorsqu’ils pourront l’étendre, sera prise par l’Italie ». Le marché énergétique espagnol, en tout état de cause, ne dépend pas du gaz algérien car il s’appuie principalement sur d’autres sources.

    Outre la main russe, les sources consultées expliquent le conflit avec l’Espagne par la situation intérieure de l’Algérie. « L’Algérie est un pays très isolé qui a perdu son influence dans le monde arabe et qui a presque son seul allié sur le continent en Afrique du Sud », expliquent-ils, « avec un régime sclérosé, une population très jeune qui cherche désespérément à émigrer et une armée omniprésente qui cherche des ennemis extérieurs ». Le Maroc est l’ennemi traditionnel, mais l’Espagne risque de devenir le nouveau venu, concluent-ils.

    El Pais, 12/06/2022

    #Algérie #Espagne #OTAN #UE #Ukraine #Russie

  • La Russie derrière la pression de l’Algérie, selon Bruxelles

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    Selon El Pais, « Bruxelles estime que derrière les mesures prises par l’Algérie contre l’Espagne ces derniers jours – la rupture annoncée, puis partiellement rectifiée, des relations commerciales pour protester contre le changement de cap du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental – se cache la main de la Russie ».

    « Les visites de Lavrov et de Maduro ces dernières semaines sont essentielles » pour expliquer ce mouvement, déclare une source haut placée de l’UE, faisant allusion au voyage du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Alger le 10 mai, et à la visite jeudi dernier du président vénézuélien Nicolás Maduro », précise le journal espagnol.

    Citant la même source, El Pais indique que « alors que toute l’Europe serre les rangs contre l’invasion de l’Ukraine, la Russie « veut déstabiliser » le flanc sud et « faire du bruit à l’approche du sommet de l’OTAN » à Madrid les 29 et 30 juin ».

    A ce sujet, Ali Lmrabet se demande « pourquoi? » rappelant que « Madrid n’est pas le pays le plus offensif contre la Russie dans la guerre en Ukraine. Ce n’est pas celui qui donne le plus d’armement à l’Ukraine ».
    « Déstabiliser le flanc sud européen ? », s’interroge-t-il. « Pas besoin de Poutine, il l’est déjà grâce à Sánchez et Cie », affirme-t-il dans un twit posté ce dimanche.

    « Ce qui est vrai par contre, c’est que l’actuel chef du gouvernement espagnol possède cet art rare de fâcher tout le monde et de se créer des ennemis partout : après le Maroc, le Polisario, puis l’Algérie, voici venu le tour de la Russie », conclue-t-il.

    Lire aussi : Alger-Madrid : Fracture collatérale

    Lire aussi : Margallo: « La crise avec l’Algérie est une catastrophe diplomatique »

    #Algérie #Espagne #UE #Russie #Ukraine #OTAN

  • La Chine dans le collimateur?

    Chine, coronavirus, pandémie, covid 19, OMS, Occident, Ukraine, Russie,

    Avec la guerre en Ukraine, plusieurs puissances voudraient «impliquer» la Chine dans le conflit et la «rallier» au clan de l’Occident contre la Russie. C’est ainsi que la Chine se retrouve de nouveau dans le collimateur en l’accusant d’avoir «provoqué» la fuite du virus Covid 19 sans avancer la moindre preuve. Après plus de deux ans de pandémie, l’enquête autour de l’origine du Covid-19 n’a toujours pas été résolue. L’Organisation mondiale de la Santé a toutefois demandé à un groupe de vingt-sept experts, d’approfondir la thèse d’une fuite de laboratoire.

    La Chine dit que la théorie des fuites de laboratoire est un mensonge. D’abord attribué au pangolin, le scénario de l’animal intermédiaire et d’un départ sur un marché de Wuhan en Chine semblait être privilégié. Pourtant, pour l’heure, aucune preuve définitive ne justifierait l’origine de la pandémie, selon les vingt-sept experts du Groupe consultatif scientifique sur l’origine des nouveaux pathogènes (SAGO).

    Alors que des progrès ont été réalisés notamment sur l’identification des animaux intermédiaires, le SAGO a dénoncé un manque de « données clés pour comprendre comment la pandémie de Covid-19 a commencé », relayées par «cnews». Par ailleurs, le groupe a reconnu qu’il n’a eu accès à aucune donnée brute, mais seulement «à des informations mises à sa disposition dans des documents publiés ou des présentations» de scientifiques invités, pour la plupart chinois. Les experts ont ainsi dressé une liste de vœux détaillant les études essentielles pour tenter d’avancer dans l’enquête. Pour un bon nombre de ces requêtes, la collaboration des autorités chinoises sera nécessaire, y compris sur le volet laboratoire, un sujet ultra-sensible.

    L’année dernière encore, l’OMS a déclaré qu’il était “extrêmement improbable” que le COVID provienne d’un laboratoire, et plus probablement qu’il soit passé aux humains par un animal comme une chauve-souris. En mars 2021, l’OMS a publié un rapport sur les origines du COVID-19 à la suite d’une visite hautement chorégraphiée de scientifiques internationaux en Chine. Jean-Claude Manuguerra, coprésident du groupe consultatif international des 27 membres, a reconnu que certains scientifiques pourraient être «allergiques» à l’idée d’enquêter sur la théorie des fuites de laboratoire, mais a déclaré qu’ils devaient être suffisamment «ouverts d’esprit» pour l’examiner.

    Les enquêtes de l’Associated Press ont révélé que certains hauts responsables de l’OMS étaient frustrés par la Chine lors de l’épidémie initiale, alors même que l’OMS faisait l’éloge du président chinois Xi Jinping. Ils étaient également contrariés par la façon dont la Chine a cherché à réprimer la recherche sur les origines du COVID-I9.

    La Chine a répondu vendredi en qualifiant la théorie des fuites de laboratoire de mensonge à motivation politique, a rapporté l’AP. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, a également rejeté les accusations selon lesquelles la Chine n’avait pas pleinement coopéré avec les enquêteurs, affirmant qu’elle se félicitait d’une enquête scientifique mais rejetait toute manipulation politique.

    Zhao a également appelé à une enquête sur «des laboratoires hautement suspects tels que Fort Detrick et l’Université de Caroline du Nord» aux États-Unis où la Chine a suggéré, sans preuves, que les États-Unis développaient le coronavirus comme arme biologique.

    B. Nadir

    Le Carrefour d’Algérie, 11/06/2022

    #Pandémie #Coronavirus #Chine #OMS #Occidental #Ukraine #Russie



  • Ukraine: la ligne rouge

    Ukraine: la ligne rouge

    Ukraine, Russie, Etats-Unis, OTAN, armes,

    par Djamel Labidi

    Mercredi 1er juin. Colin Kahl, Sous-secrétaire à la Défense tient, au Pentagone, une conférence de presse sur les nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine.

    Il s’agit notamment du «HIMARS», système d’artillerie lance rockets multiples d’une très grande puissance et d’une longue portée (80 km). Il est destiné à contrer efficacement l’artillerie russe dans le Donbass.

    Il pourrait être aussi utilisé pour envoyer des missiles à moyenne portée, capables d’atteindre le territoire russe, ce que les États Unis disent exclure. Garantie bien fragile. Le lundi 30 mai, le président Biden avait déclaré exclure la livraison de telles armes, mais le mardi 31 mai, dans un interview au New York Times il se ravise et annonce l’envoi de ces armes, excepté des missiles de moyenne portée. Il précise que «c’est pour que l’Ukraine soit dans la position la plus forte possible en cas de négociations avec la Russie.» Il s’agit donc d’une escalade, celle-ci considérable, dans la guerre indirecte qu’alimente par des flux d’armes permanents et des armes de plus en plus lourdes les États Unis contre la Russie.

    Ce 1er juin, Colin Kahl présente aux journalistes l’ensemble des livraisons d’armes américaines, avec force détails, comme s’il s’agissait d’électroménager. Cela prêterait à sourire si ce n’était immensément tragique. Ces envois d’armes pourraient être faits, en silence, discrètement .Non, la provocation est manifeste et assumée. La ligne rouge est chaque fois repoussée et on veut le montrer avec bruit et publicité. Le scenario est cousu de fil blanc: chaque fois que l’Ukraine est en difficulté militaire, les États Unis semblent lui avoir suggéré les types d’armes dont elle aurait besoin et l’Ukraine en fait alors la demande.

    Où va-t-on ainsi. Dans leur évaluation de la situation, les États Unis s’obstinent à ne pas prendre en compte le risque nucléaire, au contraire de la Russie qui rappelle ce danger sans cesse.

    Un conflit régional ?

    Pour nier ou minimiser le risque nucléaire, les officiels américains, et avec eux tous les idéologues et propagandistes du système de production et de diffusion de l’information occidentale veulent considérer la guerre en Ukraine comme un conflit régional. Dans ce sens, ils font, dans leurs analyses, sans cesse la comparaison avec les guerres régionales précédentes, Vietnam, Irak, Lybie, Yougoslavie, Afghanistan. Cette comparaison est fausse et cette erreur d’analyse peut donner lieu à une tragédie fatale.

    Quand la Russie, défaite,quitte l’Afghanistan, et quand les États-Unis, défaits, quittent eux aussi l’Afghanistan ou d’autres pays où ils sont intervenus, ils ne subissent pas une défaite vitale et ils ne la vivent pas en tant que telle, elle ne remet pas en cause leur place dans le monde. Leur existence historique n’est pas menacée. Mais là, en Ukraine, pour chacun, États Unis et Russie, la défaite de l’un face à l’autre , est déterminante pour sa place dans le monde. D’ailleurs, dans l’ interview au New York Times déjà citée, le président Joe Biden précisait que «l’Ukraine était «une question vitale» pour les États Unis. Mais, en contradiction avec ce propos, la réduction du conflit en Ukraine à un conflit régional permet aux États Unis une rhétorique de non belligérance tout en fournissant des armes. Or, autre contradiction , ils ont affirmé eux-mêmes que c’était une guerre pour «affaiblir durablement la Russie,» Ils l’ont donc désignée eux-mêmes comme une guerre contre la Russie. D’ailleurs, si ce n’était pas leur guerre, s’ils n’étaient pas si profondément impliqués dans cette guerre, ils ne considèreraient pas une défaite éventuelle de l’Ukraine comme leur défaite.

    C’est ce qui explique, par ailleurs, ce rapport complexe entre les dirigeants ukrainiens et ceux des États Unis à tel point qu’on finit par se demander qui a la main sur l’autre.

    C’est ce qui explique du même coup aussi les rapports de l’Ukraine avec les dirigeants européens: L’Ukraine, détentrice par procuration de l’influence américaine, peut parler autoritairement, comme on le remarque souvent, avec les principales puissances occidentales (Allemagne, France, Italie, Espagne), et même les admonester.

    Le président Zelensky va même jusqu’à quasiment convoquer le président Macron à Kiev et s’impatienter de son retard à venir. De manière générale, la sujétion totale de l’Europe à un pays non européen, les États-Unis, inverse complètement les rapports intra-européens.

    Les petits pays d’Europe de l’Est à faible PIB, alignés totalement sur la politique des États-Unis, parlent haut et fort tandis que les grands pays d’Europe occidentale ont du mal à faire entendre leur voix et exprimer leurs différends avec les objectifs de guerre des États Unis. En Ukraine, les États Unis mènent une guerre quasi directe contre la Russie.

    Cela apparait de plus en plus clairement au fur et à mesure que les livraisons d’armes des États Unis à l’Ukraine franchissent chaque fois la ligne rouge qui semblait avoir été établie pour empêcher un état de belligérance directe. Chaque escalade dans la livraison d’armes semble rapprocher d’un contact direct, un peu comme un fil électrique nu au contact d’un autre crée l’étincelle. Le contact direct, c’est la guerre entre les États Unis et la Russie. Or une guerre entre deux puissances nucléaires ne peut être que nucléaire.

    La façon graduelle avec laquelle le président des États Unis franchit les lignes rouges, l’une après l’autre, sur la question de la livraison d’armements, est bien la preuve qu’il sait le risque de confrontation globale que cela comporte. Alors pourquoi le fait-il ? Pourquoi nie-t-il ce risque ? Comment peut-on jouer ainsi avec le sort de l »espèce humaine ?

    Le Quotidiern d’Oran, 12/06/2022

    #Ukraine #Russie #EtatsUnis #OTAN

  • Pour l’OTAN, l’Algérie n’est pas un pays fiablec -rapport-

    Pour l’OTAN, l’Algérie n’est pas un pays fiablec -rapport-

    Algérie, Espagne, Maroc, OTAN, Gaz, Ukraine, Russie, gazoduc, GME,

    Parce que l’Algérie a menacé de couper le gaz comme la Russie : dans un rapport confidentiel, l’OTAN qualifie l’Algérie de risque pour la sécurité de l’Europe

    Lars Petersen, Joana Lehner

    -Depuis le début de la guerre en Ukraine, tous les pays européens tentent de réduire leur dépendance au gaz russe.

    -L’Allemagne mise pour cela sur de nouveaux fournisseurs de gaz comme le Qatar, un pays arabe, tandis que les pays d’Europe du Sud comme l’Italie misent sur l’Algérie, désormais troisième fournisseur de gaz en Europe.

    -Mais un rapport confidentiel de l’OTAN considère les livraisons de gaz algérien comme un risque pour la sécurité de l’Europe. En effet, en avril dernier, l’Algérie a utilisé ses livraisons comme moyen de pression politique sur l’Espagne. L’OTAN établit un parallèle avec la Russie.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays de l’UE essaient de remplacer de plus en plus de gaz russe par des importations d’autres pays. L’Allemagne a par exemple réduit sa dépendance vis-à-vis de la Russie de 20 pour cent au cours des derniers mois. Actuellement, 35 pour cent des importations de gaz proviennent encore de Russie, principalement grâce à de nouveaux accords de livraison avec le Qatar ou les Etats-Unis. Les pays d’Europe du Sud comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie comptent en revanche sur l’Algérie, le troisième fournisseur de gaz en Europe. Ce n’est qu’au début du mois d’avril que le Premier ministre italien Mario Draghi a commandé 40 pour cent de plus d’importations de gaz algérien.

    Comme la Russie, l’Algérie utilise les livraisons de gaz comme moyen de pression politique.

    Mais c’est précisément ce qui inquiète désormais sérieusement l’OTAN. Dans un rapport confidentiel de l’OTAN datant du début de la semaine, l’alliance militaire considère les livraisons de gaz algérien comme un risque pour la sécurité de l’Europe. Le contexte est une menace de l’Algérie fin avril de suspendre les livraisons de gaz à l’Espagne si Madrid vendait du gaz algérien à d’autres pays. Cette décision fait suite à une déclaration du gouvernement espagnol annonçant son intention de fournir du gaz au Maroc via le gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).

    Le gazoduc GME relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc. Pendant longtemps, l’Algérie a elle-même fourni du gaz à l’Espagne et au Maroc par ce biais, mais a cessé de le transporter en novembre 2021 après un différend diplomatique avec le Maroc. Au grand dam du Maroc, l’Espagne voulait désormais autoriser l’exploitation du gazoduc GME « dans le sens inverse ». Ce n’est que lorsque le gouvernement espagnol a souligné qu’il ne voulait pas livrer de gaz algérien via le gazoduc que l’Algérie a fait marche arrière en brandissant la menace.

    Mais pour l’OTAN, le cas est clair : concrètement, le rapport indique qu’il y a un risque que l’Algérie utilise ses livraisons de gaz comme moyen de pression politique, à l’instar de la Russie. Cela représenterait également un risque pour la résilience politique et économique de l’Europe. A long terme, cela menacerait le statut de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie pour l’Europe.

    Le document ne propose pas de solution. Mais le fait est que la sécurité énergétique est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur important en matière de politique étrangère et de sécurité, y compris au sein de l’alliance militaire. Il ne s’agit pas seulement de la sécurité militaire des voies de transport. L’énergie est la base des sociétés occidentales prospères, raison pour laquelle l’approvisionnement en énergie peut également être utilisé comme arme stratégique. Sur le plan opérationnel, ce thème n’a toutefois joué qu’un rôle mineur au sein de l’OTAN jusqu’à présent. Au plus tard avec l’invasion de la Russie en Ukraine et l’arrêt des livraisons de gaz russe à la Pologne, au Danemark ou à Shell, ainsi que les menaces algériennes en direction de l’Espagne, cela pourrait désormais changer.

    Business insider, 10/06/2022

    #Algérie #Maroc #OTAN #Russie #Ukraine #Gaz

  • Le Maroc importe du blé brésilien

    Le Maroc importe du blé brésilien

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    Le Maroc importe du blé brésilien pour compenser les importations en provenance d’Ukraine

    Le Maroc a importé 360 000 tonnes de blé brésilien au cours des quatre premiers mois de cette année, soit une augmentation de 632 % par rapport à la même période l’an dernier. Le Brésil a quadruplé ses exportations de blé vers les pays arabes, dont l’Arabie saoudite, le Maroc, le Soudan et l’Égypte, selon la Chambre de commerce arabo-brésilienne.

    Le Brésil a plus que quadruplé le volume des exportations de blé vers les pays arabes au début de cette année, passant de 241 500 tonnes de janvier à avril 2021 à 1,02 million de tonnes au cours des mêmes mois de 2022, soit une augmentation de 326 %. Les pays arabes représentaient près de la moitié des exportations de céréales du Brésil au cours de la même période.

    Le marché mondial du blé connaît des difficultés d’approvisionnement en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, principaux fournisseurs. Au cours des quatre premiers mois, le Brésil a expédié un total de 2,3 millions de tonnes de blé, contre 568 000 tonnes au cours de la même période en 2021, soit une augmentation de 313 %. Et la valeur des exportations a augmenté de plus de 122 millions de dollars américains à 714 millions de dollars américains.

    Le secrétaire général et directeur exécutif de la Chambre de commerce arabo-brésilienne, Tamer Mansour, a déclaré dans un communiqué diffusé par l’agence de presse brésilienne, qu’il s’agit de compenser les approvisionnements en provenance d’Ukraine, en particulier dans le cas des exportations à destination. pour l’Egypte. L’Arabie saoudite représente le principal marché du blé brésilien, avec des importations atteignant 505 000 tonnes, soit une augmentation de 258 %, tandis que le Soudan a importé 146 300 tonnes et l’Égypte 46 200 tonnes, et ces deux derniers pays n’ont pas importé de blé du Brésil en 2021.

    Valley post, 10/06/2022

    #Maroc #Blé #Brésil #Ukraine

  • Donbass: Deux britanniques et un marocain, condamnés à mort

    Ukraine, Donbass, Maroc, Brahim Saadoun, Aiden Aslin, Shaun Pinner,

    Deux combattants britanniques et un combattant marocain, faisant partie de la légion internationale, ont été condamnés ce jeudi par la Cour de la République du Dombass, à la peine capitale.

    Il s’agit d’Aiden Aslin et Shaun Pinner, deux Britanniques capturés près de Marioupol, et Brahim Saadoun, un ressortissant marocain arrêté dans le Donbass.

    Algérie54, 09/06/2022

    #Ukraine #Donbass #Maroc #Mercenaires

  • L’Europe dans la tempête parfaite

    L’Europe dans la tempête parfaite

    Europe, Ukraine, Russie, Union européenne, OTAN, Etats-Unis, Allemagne,

    L’Union européenne ne cesse d’affronter des crises et des surprises stratégiques, toutes plus importantes et plus violentes.[1] La guerre russe en Ukraine constitue la dernière en date. Il n’y a plus de crises, il n’y a que l’accélération d’évènements imprévus et de mutations profondes. Après les subprimes, les finances grecques, les réfugiés syriens, la pandémie de Covid, voilà le spectre de la guerre de retour sur le continent.

    Tous ces défis mettent à mal la plupart des politiques communautaires tout en confirmant la pertinence de la construction européenne.

    Dans les crises, l’Union européenne a plus progressé en quelques mois qu’en trente ans.

    Mais elle paie comptant ses retards et ses hésitations

    Elle doit réviser nombre de ses politiques et se projeter résolument dans un monde global, nouveau et plus brutal.

    L’UNION EUROPÉENNE A DÉJÀ BEAUCOUP PROGRESSÉ.

    Dans la crise sanitaire, bien que le premier mouvement des Etats ait été national – fermeture des frontières, compétition pour les instruments anti-virus – il a rapidement cédé la place à une réaction commune qui s’est illustrée dans l’acquisition et la distribution des vaccins, dont l’Union européenne est vite devenue le premier producteur et le premier donateur mondial. Les Etats membres démunis se sont tournés vers la coopération européenne. Elle a fonctionné.

    Le plan de relance qui a suivi a fait tomber nombre de tabous jusqu’ici infranchissables. NextGenerationEU, financé pour moitié par des emprunts communs, a ouvert la voie à des subventions directes des Etats les plus touchés par la pandémie. Du jamais vu. Il a donné une expression concrète à une solidarité européenne qu’on pensait régresser dans tous les domaines.

    Enfin, la guerre russe en Ukraine a été l’occasion d’une réaction rapide et massive dans l’adoption de sanctions sévères envers nombre d’acteurs russes, au détriment parfois des intérêts économiques immédiats.

    L’Union européenne s’est montrée beaucoup plus réactive qu’elle ne l’avait été jusqu’ici. Face à l’urgence, le « réflexe européen », qui n’avait pas joué pour faire face à la vague migratoire de 2015, s’est exprimé fortement. Les institutions communes ont compris que le facteur temps était une condition pour démontrer leur efficacité. L’adoption rapide de règles nouvelles, à vocation internationale, a surpris. D’abord en permettant le contrôle des investissements étrangers, ensuite en acceptant les emprunts communs et un rôle pivot de la Commission européenne comme acheteur de vaccins, puis de gaz. Le Digital Market Act et les textes à venir qui vont encadrer les activités numériques sur le territoire des Vingt-sept ont sonné l’heure de règlementations européennes applicables à tous les acteurs du secteur, quelles que soient leurs nationalités. En matière de défense et de diplomatie, les Européens ont su adopter une « boussole stratégique », premier pas vers une véritable stratégie mondiale. L’accélération – hélas trop lente encore – de la prise en compte, au niveau européen, du nécessaire réarmement de l’Europe est la plus récente des évolutions vers une réactivité et une efficacité renforcée de la coopération et des institutions européennes.

    A ce titre, on pourrait aussi noter positivement un tournant de l’action commune des Européens, « rajeunie » par son plan de relance, mais aussi vers de nouveaux champs de compétences jusqu’ici en sommeil ou inexplorés, par exemple, le soutien aux technologies de rupture, la politique spatiale, l’informatique quantique ou la production de composants électroniques (Chip Act).

    Certains pourront estimer insuffisantes ces évolutions, mais nul ne pourra contester qu’il s’agît là de ruptures majeures avec les pratiques précédentes de l’Union européenne et avec ses propres règles, pour beaucoup mises en sommeil. On notera aussi des initiatives individuelles ou bilatérales des Etats qui s’inscrivent manifestement dans une analyse européenne, telles que « l’Airbus des batteries », le Cloud européen ou les plans « hydrogène » plus ou moins concertés, le rôle du couple franco-allemand se révélant parfois déterminant.

    Il n’en demeure pas moins que l’Union européenne paie comptant ses retards, ses hésitations et ses divisions. C’est particulièrement flagrant en matière énergétique et de défense.

    Les refus réitérés de tous les Etats membres de construire une politique énergétique commune ont généré des dommages qui éclatent au grand jour. La dépendance vis-à-vis de ses fournisseurs, trop longtemps considérée comme un atout pour la coopération et l’avancée de l’Etat de droit à l’est ou au sud, constitue désormais une entrave considérable à sa marge de manœuvre diplomatique.

    En matière de défense, le fait de considérer la construction progressive d’une autonomie stratégique, c’est-à-dire d’une liberté d’action, comme une attaque de l’OTAN, a freiné les velléités d’arrêter le désarmement européen et de bâtir en commun un véritable pilier européen de l’Alliance. Les Européens se sont trouvés à la remorque de leurs alliés d’outreAtlantique, peu désireux de s’impliquer en Europe dans un rapport de force avec la Russie, tout obnubilés qu’ils sont par leur rivalité avec la Chine. La guerre en Ukraine a vu les Etats-Unis et le Royaume-Uni aux avant-postes de la riposte contre la guerre d’agression, tant en matière de renseignement et d’analyse que de soutien tangible à l’Ukraine attaquée.

    Cette situation au demeurant démontre a contrario la complémentarité entre l’OTAN et l’Union européenne. La dernière dispose des moyens financiers pour assister l’Ukraine agressée, tandis que la première est performante sur le plan militaire. Les livraisons d’armes financées par l’Union européenne démontrent à la fois les limites de son action et l’évolution de ses règles. Inédites, elles transgressent les règles communes en s’en remettant aux Etats membres pour agir. L’un, la France, assurant la présidence semestrielle du Conseil, maintient le seul canal occidental de communication avec le dictateur russe, les autres, avec la Pologne et les pays d’Europe centrale et orientale, garantissant que l’Union européenne n’acceptera pas de laisser tomber un voisin qui l’appelle au secours.

    LA RÉVISION, L’ÉVOLUTION OU LE LANCEMENT DE POLITIQUES COMMUNES EUROPÉENNES CONSTITUENT DONC LES TRAVAUX INDISPENSABLES DE L’UNION DANS LE PROCHE AVENIR.

    A l’évidence le pacte vert européen ne résisterait pas à une guerre prolongée, voire à un conflit qui impliquerait davantage les Etats membres. Le risque en est important. Dans de telles circonstances qui font passer l’urgence avant les politiques de long terme, on peut craindre des exceptions « obligées » et répétées à des dispositions déjà contestées par certains Etats membres. L’Union européenne doit adapter ses politiques avant d’être contrainte à passer à une économie de guerre.

    La « taxonomie », dont se montrent si friands certains commissaires et le Parlement européen, a voulu exclure l’énergie nucléaire et a finalement accepté d’inclure le gaz dans les énergies « de transition ». Ce compromis boiteux n’aurait jamais dû concerner l’énergie nucléaire qui contribue à l’indépendance énergétique de l’Europe, ni inclure le gaz dont tous souhaitent désormais se délivrer ou pour lequel ils envisagent dans l’urgence de changer de fournisseurs. Les industries de défense qui font aussi l’objet d’une mise à l’index devraient être exclues expressément des mêmes tentatives.

    En matière agricole, le sort fait aux pesticides, sans étude d’impact, risque d’entraîner une diminution des productions de céréales et d’accroître les pénuries et le prix des denrées de base au moment où la Russie et l’Ukraine, les deux principaux fournisseurs des pays en développement, diminuent leurs exportations de manière drastique. L’Union européenne a le choix : ou poursuivre sa politique élaborée sous la pression du lobby excessif d’ONG militantes et contribuer aux famines et aux révolutions, notamment sur les rives sud de la mer Méditerranée, ou alors, comme les ministres de l’agriculture l’ont déjà manifesté, remettre en culture certains espaces, accroître dans l’urgence les productions de produits essentiels pour éviter les conséquences sociales et politiques de ces pénuries. Elle renforcerait ainsi son rôle géopolitique auprès des Etats dans le besoin.

    Il va de soi qu’une solidarité européenne effective entre ses membres doit aussi prendre en compte la dimension énergétique. Les Etats dépendants doivent pouvoir s’appuyer sur leurs partenaires pour mutualiser certains de leurs approvisionnements ou pour bénéficier d’une force collective de négociation auprès de nouveaux fournisseurs. Peut-être sera-ce l’occasion de jeter les bases d’une politique commune plus réaliste dans ce domaine-clé de la souveraineté européenne ?

    Il en va de même en matière de défense. Actuellement, l’Union européenne finance la distribution d’armes à l’Ukraine, ce qu’elle est incapable de faire en interne. L’accélération et le renforcement du financement des industries de défense en Europe constitue une priorité qu’exigent autant l’objectif d’autonomie stratégique que les instances de l’OTAN. La politique commune de sanctions a impressionné par son ampleur. Elle ne saurait suffire ni dans l’immédiat ni pour le futur. Après la boussole stratégique adoptée au printemps, la prochaine étape est un vaste plan de financement des investissements de défense. Il vaudrait mieux qu’il soit coordonné, les annonces du Chancelier allemand en la matière semblant bien solitaires.

    L’ALLEMAGNE VA D’AILLEURS ÊTRE AU CŒUR DES PROBLÉMATIQUES EUROPÉENNES À VENIR.

    N’ayant aucune autonomie de défense, ne disposant pas d’une force armée efficace, ayant procédé à des choix énergétiques unilatéraux et peu solidaires de ses partenaires, dépendant de ses approvisionnements russes, souffrant de la fermeture des marchés chinois qui pourraient découler de la pandémie et des priorités politiques du parti communiste chinois, et devant gérer la conversion de son important secteur automobile, l’économie allemande va se trouver confrontée à de redoutables défis.


    Evoluera-t-elle vers une intégration européenne renforcée comme elle l’affirme ou continuera-t-elle des politiques nationales qui ne manqueront pas d’avoir des impacts négatifs sur ses partenaires en leur faisant supporter une partie de ses erreurs passées ? Les réponses sont très importantes pour ce pays et pour l’ensemble de l’Union européenne.

    La meilleure réponse serait de poursuivre résolument le parachèvement du marché intérieur, de l’Union bancaire et de l’Union des marchés de capitaux. L’Allemagne comme l’Union toute entière peuvent trouver dans ces chantiers une solution partielle aux urgences du moment et des solutions pérennes à une économie structurellement dépendante de pays tiers.

    Les solutions sont européennes. Les réflexes des gouvernements et des citoyens deviennent de plus en plus européens. Les Etats membres pourraient y puiser la force de nouvelles initiatives, permettant de gommer les hésitations, les lenteurs, voire les erreurs du passé, pour se tourner résolument vers l’avenir.

    La « tempête parfaite », c’est-à-dire violente, que traverse l’Union européenne est l’occasion de réviser certaines certitudes, d’adapter ses politiques et de conquérir un peu plus, par l’efficacité et la réactivité, le cœur des citoyens européens.

    Le présent Rapport Schuman sur l’état de l’Union a été très largement nourri de contributions écrites avant le déclenchement de la guerre russe en Ukraine. Mais il demeure d’une grande actualité par les problématiques de long terme qu’il analyse et les propositions qu’il contient.

    Jean-Dominique GIULIANI, Président de la Fondation Robert Schuman
    Pascale JOANNIN, Directrice générale de la Fondation Robert Schuman

    Fondation Robert Schuman, 30 mai 2022

    #Europe #Union_Européenne #UE #Ukraine #Russie #OTAN #EtatsUnis #Allemagne

  • Le blé, l’autre insécurité!

    Le blé, l’autre insécurité!

    Blé, céréales, Ukraine, Russie, Afrique,

    Les premières perspectives concernant la production céréalière mondiale en 2022 indiquent une baisse probable, la première en quatre ans, avec un niveau s’établissant à 2,784 milliards de tonnes, soit 16 millions de tonnes de moins que le chiffre record estimé pour 2021, selon le dernier Bulletin de la FAO sur l’offre et la demande de céréales, également publié hier. La production de maïs accuse le plus fort recul, suivie de celle du blé et du riz, tandis que les volumes de production d’orge et de sorgho devraient être en progression. Les projections reposent sur l’état des cultures déjà en terre et les semis prévus. Les prix mondiaux des denrées alimentaires de base ont accusé une baisse modeste en mai pour le deuxième mois consécutif, bien que les prix du blé et de la volaille aient augmenté, a fait savoir, samedi, le FAO. Une situation de crise qui s’est largement aggravée à cause de la guerre en Ukraine, un des grands fournisseurs en blé et céréales. Déjà, cette crise se fait ressentir plus spécialement sur l’Afrique.

    Alors que la guerre en Ukraine fait peser un risque de famine sur le continent, le président de l’Union africaine, le chef d’Etat sénégalais, Macky Sall, s’est dit «rassuré» après sa rencontre, vendredi, avec le président russe. Le président sénégalais a ramené, de sa rencontre avec Vladimir Poutine, un lot de promesses. Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, s’est rendu, vendredi 3 juin, à Sotchi, station balnéaire des rives de la Mer Noire, soumise en partie au blocus belliqueux de la marine russe, pour demander à Vladimir Poutine «de prendre conscience que les pays (africains) sont des victimes de cette crise au plan économique».

    Ankara a offert son aide, à la demande des Nations unies, pour sécuriser des corridors marins permettant d’exporter les céréales ukrainiennes. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, doit venir en Turquie, mercredi, pour en discuter. Kiev exportait chaque mois 12% du blé mondial, 15% du maïs et 50% de l’huile de tournesol, d’après «Le Monde».

    Le conflit bloque les exportations dans les silos en raison du blocus des ports ukrainiens par la marine russe et des mines en Mer Noire. Alors que le Monde salue cette initiative, L’ambassadeur d’Ukraine à Ankara a accusé vendredi la Russie de «voler» et d’exporter des céréales ukrainiennes notamment vers la Turquie. «La Russie vole sans vergogne les céréales d’Ukraine et les exporte depuis la Crimée à l’étranger, notamment vers la Turquie», a dénoncé Vasyl Bodnar dans un message sur Twitter. «Nous avons demandé l’aide de la Turquie pour résoudre le problème», ajoute-t-il.

    B. Nadir

    Le Carrefour d’Algérie, 06/06/2022

    #Ukraine #Russie #Blé #Céréales