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  • Sievierodonetsk : Les combats de rue font rage

    Sievierodonetsk : Les combats de rue font rage

    Ukraine, Russie, Sievierodonetsk,

    De violents combats de rue pour une ville industrielle clé de l’est du pays.
    -Les troupes ukrainiennes sont en surnombre, mais ne se rendront pas – Zelenskiy
    -Le front oriental est constamment bombardé
    -Les ports tenus par la Russie sont prêts à reprendre les exportations de céréales – Moscou


    KYIV/DRUZHKIVKA, Ukraine, 7 juin (Reuters) – Les troupes ukrainiennes se sont battues mardi contre les Russes, rue par rue, dans les ruines de Sievierodonetsk, en essayant de préserver les gains obtenus lors d’une contre-offensive surprise qui avait inversé la tendance dans l’une des batailles terrestres les plus sanglantes de la guerre.

    La lutte pour la petite ville industrielle est devenue une bataille cruciale dans l’est de l’Ukraine, la Russie y concentrant sa puissance offensive dans l’espoir d’atteindre l’un de ses objectifs de guerre déclarés, à savoir la prise totale de la province voisine de Louhansk au nom des proxies séparatistes.

    Après s’être retirées de la quasi-totalité de la ville face à l’avancée russe, les forces ukrainiennes ont lancé une contre-attaque surprise la semaine dernière, chassant les Russes d’une partie du centre-ville. Depuis lors, les deux armées se sont affrontées sur les boulevards, chacune affirmant avoir infligé d’énormes pertes.

    « Nos héros n’abandonnent pas leurs positions à Sievierodonetsk », a déclaré le président Volodymyr Zelenskiy dans une allocution vidéo diffusée dans la nuit, décrivant de violents combats de rue dans la ville. Plus tôt, il avait déclaré aux journalistes lors d’un briefing que les Ukrainiens étaient en infériorité numérique mais qu’ils avaient encore « toutes les chances » de se défendre.

    Le maire de la ville, Oleksandr Stryuk, a déclaré mardi à la télévision ukrainienne que les forces ukrainiennes faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour tenir leur position : « Nos forces armées ont renforcé leurs positions et tiennent la ligne ».

    Avant la contre-offensive ukrainienne, la Russie semblait sur le point d’encercler la garnison ukrainienne dans la province de Louhansk, en tentant de couper la route principale vers Sievierodonetsk et sa ville jumelle Lysychansk, de l’autre côté du fleuve Siverskiy Donets.

    Mais à la suite de la contre-offensive, M. Zelenskiy a effectué une visite surprise à Lysychansk dimanche, démontrant personnellement que Kiev disposait toujours d’une route ouverte vers la redoute de ses troupes.

    Le ministère ukrainien de la défense a déclaré que la Russie injectait des troupes et du matériel dans sa campagne de prise de Sievierodonetsk. Le gouverneur de Louhansk, Serhiy Gaidai, a déclaré lundi que la situation s’était aggravée depuis que les défenseurs ukrainiens avaient repoussé les Russes au cours du week-end.

    S’IL VOUS PLAÎT, AIDEZ-MOI

    Louhansk et la province voisine de Donetsk, connues sous le nom de Donbas, sont devenues la principale cible de la Russie depuis que ses forces ont été vaincues dans la banlieue de Kiev en mars et repoussées de la deuxième ville du pays, Kharkiv, le mois dernier.

    La Russie a exercé des pressions dans trois directions principales – est, nord et sud – pour tenter d’encercler les Ukrainiens dans le Donbas. La Russie a progressé, mais lentement, sans parvenir à porter un coup décisif ou à encercler les Ukrainiens.

    Dans sa mise à jour nocturne, l’armée ukrainienne a déclaré que deux civils avaient été tués dans des bombardements russes dans le Donbas et que les forces russes avaient tiré sur plus de 20 communautés, en utilisant l’artillerie et les frappes aériennes.

    À Druzhkivka, dans la poche de la province de Donetsk tenue par les Ukrainiens, les habitants fouillaient dans les décombres des maisons oblitérées par les derniers bombardements.

    « S’il vous plaît, aidez-nous, nous avons besoin de matériaux pour le toit, pour la maison, il y a des gens sans abri », a crié Nelya, devant sa maison dont le toit a été déchiqueté. « Ma nièce, elle a deux petits enfants, elle a dû couvrir l’un de ses enfants avec son propre corps ».

    Non loin de là, Nadezhda a ramassé un album photo rose pour enfants et un cahier d’exercices de maternelle dans les ruines de sa maison, et les a posés sur une étagère encore debout tant bien que mal dans les décombres.

    « Je ne sais même pas par où commencer. Je suis là à regarder, mais je n’ai aucune idée de ce que je dois faire. Je commence à pleurer, je me calme, puis je pleure à nouveau ».

    La Russie a envahi l’Ukraine le 24 février, dans ce qu’elle appelle une « opération militaire spéciale » pour éradiquer ce qu’elle considère comme des menaces à sa sécurité. L’Ukraine et ses alliés occidentaux considèrent qu’il s’agit d’un prétexte sans fondement pour une guerre visant à s’emparer de territoires.

    BOMBARDEMENTS CONSTANTS
    Le ministère britannique de la défense a déclaré mardi que la Russie tentait toujours de couper Sievierodonetsk en avançant du nord près d’Izium et du sud près de Popasna. Il a déclaré que la progression de la Russie à partir de Popasna s’était arrêtée au cours de la semaine dernière, tandis que des rapports de bombardements près d’Izium suggéraient que Moscou y préparait une nouvelle offensive.

    « La Russie devra presque certainement réaliser une percée sur au moins l’un de ces axes pour traduire les gains tactiques en succès au niveau opérationnel et progresser vers son objectif politique de contrôle de l’ensemble de l’oblast de Donetsk », indique le rapport.

    Le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a déclaré à la télévision ukrainienne que les bombardements étaient constants le long de la ligne de front, la Russie tentant de pousser vers Sloviansk et Kramatorsk, les deux plus grandes villes de Donetsk tenues par les Ukrainiens.

    M. Kyrylenko a indiqué que des efforts étaient en cours pour évacuer les habitants des villes, dont certaines sont attaquées jour et nuit, notamment Sloviansk où il reste environ 24 000 résidents, soit environ un quart de la population.

    « Les gens comprennent maintenant, bien qu’il soit tard, qu’il est temps de partir », a-t-il dit.

    L’Ukraine est l’un des plus gros exportateurs de céréales au monde, et les pays occidentaux accusent la Russie d’avoir créé un risque de famine mondiale en fermant les ports ukrainiens de la mer Noire. Moscou nie toute responsabilité dans la crise alimentaire, rejetant la faute sur les sanctions occidentales.

    Le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, a déclaré que les ports ukrainiens de Berdyansk et Mariupol, occupés par la Russie, étaient prêts à reprendre les exportations de céréales. L’Ukraine affirme que toute expédition de ce type organisée à partir du territoire saisi par Moscou équivaudrait à un pillage illégal.

    M. Zelenskiy a déclaré que Kiev recevait progressivement des « systèmes antinavires spécifiques », le meilleur moyen de briser le blocus russe des ports ukrainiens.

    Selon le Kremlin, pour que les exportations puissent reprendre à partir des ports ukrainiens, Kiev doit d’abord les déminer. La Russie pourrait alors inspecter et escorter les navires vers les eaux internationales, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

    Lundi, l’envoyé de la Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a quitté en trombe une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, alors que le président du Conseil européen, Charles Michel, accusait Moscou d’alimenter la crise alimentaire mondiale.


  • Hydrocarbures : l’Algérie va récolter une belle cagnotte

    Hydrocarbures : l’Algérie va récolter une belle cagnotte

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    L’Algérie fait partie des bénéficiaires directs des retombées économiques de la guerre en Ukraine, dont la plus importante est la hausse du prix des hydrocarbures, principale ressource monétaire du pays.
    Toutefois, ces dividendes s’accompagnent d’inconvénients tels que l’augmentation de la facture des importations alimentaires due au fait que les prix des principales matières premières agricoles ont également flambé, notamment celles dont l’Algérie est importatrice nette, comme les céréales et les graines oléagineses.

    L’embellie financière fait également craindre une nouvelle mise en veilleuse du projet de réforme économique en Algérie.

    Dans une analyse consacrée au sujet, le journal Le Monde rappelle la prévision du Fonds monétaire international (FMI) concernant les recettes de l’Algérie pour l’année 2022 : 58 milliards de dollars, soit le même niveau de 2014, année durant laquelle les prix du pétrole avaient commencé à baisser.

    C’est un joli jackpot pour un pays qui sort d’une longue période de prix bas du pétrole. L’Algérie a exporté 34 milliards de dollars d’hydrocarbures l’année derrière, et encore moins l’année précédente, un peu plus de 20 milliards de dollars. Il s’agissait des recettes les plus faibles du pays depuis deux décennies.

    Au cours de l’exercice financier actuel, l’Algérie engrangera le triple. Qu’importe le plus pour payer les importations de blé et d’autres produits alimentaires de base, le bilan est nettement positif, d’autant que le gouvernement vient de mettre en place de fortes restrictions à l’importation de plusieurs produits.

    Au-delà de ces dividendes, la nouvelle carte énergétique mondiale profite également à l’Algérie. L’Europe est résolument déterminée à réduire sa dépendance au pétrole et au gaz russes et à s’en passer à long terme.

    L’Algérie est l’une des alternatives potentielles et se trouve sur la voie du passage du gaz africain vers l’Europe. L’utilisation de cette carte a déjà permis de conclure un accord pour augmenter les livraisons à l’Italie. En visite à Rome à la fin du mois de mai, le président Abdelmadjid Tebboune a proposé de vendre de l’électricité algérienne à l’Europe et a exprimé la disponibilité de l’Algérie à fournir les quantités nécessaires de gaz à l’Italie et à d’autres pays. Européens.

     » La quête européenne d’alternatives au gaz russe rehausse le profil stratégique de l’Algérie sur la scène régionale. De plus en plus courtisée, Alger cherche à se projeter comme un partenaire fiable », écrit Le Monde.

    Quel sort pour les réformes ?

    Déjà grand fournisseur de l’Europe avec 11% des besoins en gaz du Vieux Continent, l’Algérie devrait expédier des quantités plus importantes à l’avenir, synonyme de revenus encore plus substantiels.

    Seul bémol à l’analyse du journal français, cette embellie financière « risque de dissuader les tentatives de diversification de l’économie ».

    Une quête derrière laquelle le pays court depuis des décennies, sans jamais y parvenir. Alors que les prix du pétrole fluctuent, les hydrocarbures fournissent la quasi-totalité des recettes en devises du pays et près de la moitié de ses recettes fiscales.

    De nombreux spécialistes s’accordent à expliquer la lenteur des réformes et de la diversification économique par l’aisance financière générée par l’exportation des hydrocarbures, notamment au cours des deux dernières décennies.

    Une légère amélioration a été constatée en 2021 avec l’exportation de plus de 4 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures et l’objectif pour l’exercice en cours est d’atteindre 7 milliards de dollars.

    Le chantier des réformes commence également à être lancé avec notamment l’adoption récente d’un nouveau Code des investissements auquel est assigné l’objectif d’amorcer une réelle diversification de l’économie. Mais de nombreuses autres réformes (bancaires, fiscales, etc.), tout aussi vitales pour l’économie, se font toujours attendre.

    The Maghreb Times, 06/06/2022

    #Algérie #Pétrole #Gaz #Hydrocarbures #Ukraine #Russie

  • Alger, capitale du tiers monde

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    La guerre de la Russie contre l’Ukraine a des répercussions importantes aux quatre coins du monde, où la confrontation entre Moscou et l’Occident dicte l’agenda, obligeant les membres de la communauté internationale à choisir leur camp. Ce tout nouveau contexte international n’est rien de moins qu’une guerre froide 2.0, une réédition de l’état de tension qui a alimenté les relations internationales dans le monde bipolaire d’après 1945. Malgré des différences significatives (la principale étant l’ordre multipolaire de notre époque, qui doit nécessairement tenir compte de la montée en puissance de puissances telles que la Chine et l’Inde), des similitudes frappantes apparaissent, notamment les innombrables nuances de gris entre le noir et le blanc communément utilisées pour résumer le conflit en Ukraine. Si l’on s’éloigne de cette approche occidentalo-centrée, le Maghreb offre certainement tout le spectre du non-alignement qui, au siècle dernier, avait fait d’Alger la capitale du tiers monde, pour citer l’auteur Elaine Mokhtefi.

    Ces derniers mois, on a vu de plus en plus de dignitaires étrangers dans la Ville Blanche, certains d’entre eux étant motivés par la nécessité de diversifier les approvisionnements énergétiques. Dans l’ensemble, les plans de l’Algérie pour devenir le principal centre énergétique de l’Europe souffrent de défis structurels, y compris le désaccord actuel avec le Maroc. Fin mars, la visite du secrétaire d’État américain Anthony Blinken, qui s’inscrivait dans le cadre d’une tournée régionale incluant également Rabat, devait permettre de lever des obstacles importants à cette fin, suite à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (MEGP), victime de la guéguerre maghrébine à la fin de l’année dernière. En vain, apparemment, car l’Algérie se méfie toujours du soutien de Washington au Maroc sur la question du Sahara occidental, entre autres.

    De manière plus générale, l’Algérie a fait preuve de prudence en naviguant dans le paysage divisé qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en cultivant des relations tant avec Moscou qu’avec l’Occident. Cet exercice d’équilibre est devenu particulièrement clair en mai lorsque la visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a été immédiatement suivie d’un court séjour à Alger du lieutenant-général Hans-Werner Wiermann, directeur général de l’OTAN. Hans-Werner Wiermann, directeur de l’état-major général international de l’OTAN. Au cours des entretiens, qui ont également porté sur la coopération bilatérale, le général de division Saïd Chengriha, chef de l’Etat-major international de l’OTAN, s’est rendu à Alger. Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, a réaffirmé l’attachement de son pays à une politique neutraliste, qui apparaît de plus en plus comme un trait commun dans la région et au-delà.

    Le spectre de Bandung, relancé avec pertinence par certains auteurs, ne hante pas seulement le Maghreb mais a des ramifications étendues qui décrivent bien la fluidité de la géopolitique régionale. Avant de se rendre en Italie pour renforcer le partenariat bilatéral dans le secteur de l’énergie, le président algérien Abdelmajid Tebboune était également en Turquie, qui a également adopté une position pragmatique pendant le conflit en Ukraine, offrant ses bons offices aux deux parties et récoltant les fruits de son ambivalence. Ces deux visites peuvent être considérées comme le signe d’une politique étrangère de plus en plus proactive visant à consolider le statut et la centralité de l’Algérie, dans la perspective d’un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en 2023-2024. Cependant, la visite de Tebboune à Ankara attire certainement plus d’attention car elle montre que, bien que la détente reste le leitmotiv dans la région pour le moment, la convergence entre Alger et Ankara pourrait potentiellement devenir structurelle, facilitée par une position anti-normalisation commune.

    Umberto Profazio
    Associate Fellow pour le programme Conflit, Sécurité et Développement de l’IISS et analyste Maghreb pour la Fondation du Collège de Défense de l’OTAN, il publie régulièrement sur des sujets tels que les développements politiques, la sécurité et le terrorisme dans la région de l’Afrique du Nord.

    NATO Defense College Foundation, 03/06/2022

    Lire aussi : L’Algérie, plus grand bénéficiaire de la guerre en Ukraine -Washington Post-

    Lire aussi : Les conséquences sur l’Algérie du conflit en Ukraine

    Lire aussi : Entre la Turquie et l’Algérie, c’est l’entente cordiale

    #Algérie #Maroc #UE #OTAN #Russie #Ukraine #Energie #Turquie

  • Embargo de l’UE sur le pétrole russe : Quelles conséquences?

    Embargo de l’UE sur le pétrole russe : Quelles conséquences?

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    Embargo de l’Union Européenne sur le pétrole russe : Quelles conséquences sur les prix de l’or noir sur le marché mondial ?

    Le sixième paquet de sanctions de l’Union Européenne (UE) sur la Russie a été annoncé le 30 mai dernier par ses dirigeants.

    Ce fut laborieux, mais les chefs d’Etats des 27 pays de l’UE réunis lors d’un sommet à Bruxelles ont trouvé enfin un compromis pour réduire d’environ 90 % leurs importations de pétrole en provenance de la Russie d’ici à la fin de l’année 2022. Toutefois, une exemption temporaire a été prévue sur le pétrole russe qui est acheminé par oléoduc dans le but de lever le veto de la Hongrie.

    Avant l’adoption du sixième paquet de sanctions de l’UE voulu sur le pétrole en provenance de la Russie, le ministre allemand de l’économie, Mr Robert Habeck avait déclaré que  » l’unité de l’UE commence à se désagréger ». Et pour cause, il y avait une opposition catégorique de certains pays membres, telle que la République Tchèque, la Slovaquie et particulièrement la Hongrie, soucieuses pour leurs approvisionnements énergétiques (pays n’ayant pas d’accès à la mer). En effet, la Hongrie avait bloqué le projet d’embargo, invoquant des craintes pour son approvisionnement énergétique car le pays est dépendant pour 65 % de ses besoins en pétrole brut russe qui est fourni par l’oléoduc Droujba (dont le nom désigne  » amitié  » en russe).

    Ainsi, la Hongrie n’était pas en position d’accepter ce sixième paquet de sanctions des pays de l’Union Européenne avant que les négociations n’aboutissent à résoudre toutes les questions non résolues. La Hongrie demandait du temps et de l’argent, à savoir, disposer d’au moins 800 millions d’euros de fonds européens et quatre ans pour permettre d’adapter ses raffineries au traitement du pétrole brut provenant d’autres pays. En somme, l’adoption du sixième paquet de sanctions de l’UE voulu sur le pétrole russe est un accord européen qualifié d’un traitement à la carte, et qui pourrait donner aux pays européens bénéficiaires, un avantage compétitif.

    Ainsi, pour contourner le veto de la Hongrie, les pays européens ont décidé d’agir en deux temps. Ils ont distingué entre le pétrole russe acheminé par voie maritime à bord de bateaux pétroliers (tankers), qui représente 2/3 des importations de l’UE, et qui sera interdit d’ici six mois ; et le pétrole livré par voie terrestre via l’oléoduc Droujba (qui fournit des pays comme l’Allemagne, la Pologne, mais aussi la Slovaquie, la République Tchèque et la Hongrie), et qui représente 1/3 des importations de l’UE. L’Allemagne et la Pologne se sont engagées à cesser d’acheter le pétrole russe transporté par oléoduc d’ici la fin de l’année. Ensuite, l’UE se prononcera  » aussi vite que possible  » sur le pétrole livré par oléoduc à la Hongrie.

    L’UE va donc tarir de 90 % les livraisons de pétrole russe d’ici la fin 2022. C’est dans ce contexte que, Mr Charles Michel, président du Conseil européen s’est félicité dans un Tweet. Mais pourquoi cet embargo européen sur le pétrole russe après celui imposé par les Etats-Unis et le Royaume-Uni ? D’abord, il faut savoir que la Russie (en conflit militaire avec l’Ukraine) dépend considérablement des exportations des hydrocarbures. En effet, son pétrole représente jusqu’à 40% des recettes de ses exportations.

    Selon l’Agence internationale de L’Energie (AIE), au premier trimestre 2022, l’offre de la Russie en matière de pétrole s’élevait à 12,6 millions de barils par jour, ce qui représente prés de 13% de l’offre mondiale. L’Europe (avec le Royaume-Uni), est le premier client de la Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole. Il faut savoir aussi que la Russie fournit environ 1/4 des importations de pétrole des 27 pays de l’UE. Cela représente 2,2 millions de baril de pétrole brut par jour et 800 000 de barils de pétrole par jour par oléduc.

    Selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Research on Energy and Clean Air -CREA), depuis le début du conflit Russo-Ukrainien, les pays de l’UE ont acheté des hydrocarbures pour plus de 54 milliards d’euros à la Russie, dont près de 28 milliards seulement pour le pétrole. Et depuis le début du conflit Russo-Ukrainien le 24 février dernier, avec les Etats-Unis, l’Union européenne multiplie les sanctions à l’encontre de la Russie en frappant son secteur bancaire, financier et ses exportations via notamment son exclusion de la base Swift, plateforme tournante pour les transactions financières et la sécurisation des échanges commerciaux mondiaux.

    Ainsi, à travers le projet d’embargo sur le pétrole russe, l’UE voudrait obliger les compagnies pétrolières russes à fermer d’avantage de puits et assécher ainsi le financement de l’effort de guerre menée en l’Ukraine par la Russie. Dans un Tweet, le président du Conseil européen, Mr Charles Michel a déclaré que l’embargo de l’UE sur le pétrole russe va couper une énorme source de financement de sa machine de guerre et exercer une pression maximum sur Moscou pour l’inciter à arrêter la guerre. La question qui se pose maintenant, quelles seront les conséquences de l’embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe ?

    En ce qui concerne les 27 pays de l’UE, primo, le raffinage (transformation du pétrole brut en produits énergétiques, tels que carburant et combustibles, et en produits non énergétiques) est le premier obstacle que certains pays européens vont devoir régler dans les mois à venir. En effet, les pays de l’Europe orientale (Bulgarie, Slovénie, Slovaquie, République Tchèque..) possédant de fortes capacités de raffinage ne devront ainsi qu’adapter leurs raffineries à de nouveaux produits pétroliers bruts. Par contre, les pays de l’Europe occidentale (Allemagne, France, Espagne, Belgique..) qui ont dans un passé récent réduit leurs capacités de raffinage (notamment à cause des problèmes de pollution) devront relancer leurs systèmes de raffinage.

    Secondo, les pays de l’UE vont également devoir aller chercher d’autres sources d’approvisionnement de pétrole brut. Et à ce titre, il faut aussi souligner que la logistique pour le transport du pétrole brut via des pétroliers d’autres endroits du monde n’est néanmoins pas identique. En effet, les coûts de transport depuis le Moyen-Orient par exemple ne sont pas les mêmes que ceux depuis la Russie, car les coûts d’acheminement sont élevés. Ainsi, il est évident que la situation est différente quand on importe du pétrole depuis la Russie, car les coûts sont moins élevés.

    En ce qui concerne les conséquences sur la Russie, elle va essayer de vendre son pétrole à la Chine et l’Inde, dont les relations sont restées pratiquement fortes pendant le conflit Russo-Ukrainien. Si l’Inde a énormément augmenté ses importations de pétrole russe récemment, la Russie a fait des efforts pour séduire ce pays en pratiquant des réductions de prix extrêmement conséquentes sur son pétrole (30 à 40 dollars par baril). Dès lors, la Russie va probablement continuer à vendre son pétrole à l’Inde à des prix attractifs, mais cela va diminuer ses recettes financières.

    Pour ce qui est de la Chine, un grand pays ami, il faudrait compter sur son déconfinement lié à la pandémie de la Covid-19 pour que sa reprise économique entraine une augmentation de sa consommation énergétique. Il reste maintenant un scénario où les prix du pétrole peuvent augmenter sur le marché mondial (jeu de l’offre et la demande), ce qui va permettre à la Russie de maintenir des recettes financières élevées. C’était en tout cas l’objectif de la Russie avant la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) le 02 juin dernier. La Russie souhaitait que l’OPEP+ n’augmente pas ses volumes, et donc les prix de pétrole se maintiendront à des niveaux extrêmement hauts. Mais, l’OPEP, allié depuis cinq ans à dix autres Etats conduits par la Russie, a décidé d’augmenter sa production de 648.000 barils par jour en juillet, puis le même volume en août, sans toutefois mettre à l’écart la Russie qui subit un embargo américain et européen sur son pétrole. Alors que les cours du pétrole sont toujours à leur haut niveau ((plus de 100 dollars le baril), l’OPEP+ a décidé ainsi de relâcher un peu de pression. Si maintenant on fait une simple opération mathématique, c’est-à-dire : 2,2 millions barils par jours de pétrole (suite à l’embargo de l’UE sur le pétrole russe) – la production de l’OPEP+ qui sera ajustée à la hausse de 648 000 barils par jour, le marché manquera de 1 552 000 barils par jour. Dès lors, les 27 pays de l’UE doivent chercher d’autres pays exportateurs de pétrole non OPEP pour leur fournir les quantités de pétrole manquantes. En conséquence, on est face à un scénario où les prix de l’or noir ne seront pas prêts à baisser dans les prochains mois ou semaines à venir. Mais au contraire, ils risquent d’augmenter, ou du moins rester au-dessus de la barre des 100 dollars le baril. En tout les cas, un jour après l’annonce de l’OPEP+ d’une hausse de la production de pétrole, les cours de l’or noir ont continué d’augmenter (+3,15% pour le pétrole Brent, soit 121,31 dollars le baril- vendredi 03 juin 2022).

    Mais le conflit Russo-Ukrainien ne semble pas prêt à arrêter le développement de la géopolitique et la géoéconomique au niveau mondial. A terme, l’Iran pourrait jouer un rôle majeur en augmentant ses exportations dés la levée des sanctions américaines. En effet, le ministre iranien de l’Energie avait annoncé le 6 février dernier la capacité de son pays à pouvoir exporter 2,5 millions de barils par jour de pétrole. Ainsi, avec les négociations sur son nucléaire qui se déroulent en ce moment à Vienne, l’Iran a bien compris que si ses volumes de pétrole arriveraient de nouveau sur le marché, cela serait très favorable à l’UE et la stabilité (plus au moins) des cours du pétrole sur le marché mondial.

    Rédha Younes Bouacida

    Lemaghrebdz.com, 06/06/2022

    #Russie #UE #Embargo #Pétrole #Prix

  • Ukraine: Kyev frappée, la bataille fait rage dans l’Est

    Ukraine, Kyev, Russie

    -Des explosions secouent la capitale ukrainienne ; un blessé
    -Kyiv et Moscou revendiquent tous deux des gains autour de Sievierodonetsk
    -Le gouverneur affirme que les troupes ukrainiennes contrôlent la moitié de la ville
    -Macron dit qu’il est important de ne pas humilier la Russie



    KYIV, 5 juin (Reuters) – La Russie a frappé dimanche matin la capitale ukrainienne Kyiv avec des missiles pour la première fois depuis plus d’un mois, tandis que des responsables ukrainiens ont déclaré qu’une contre-attaque sur le principal champ de bataille à l’est avait repris la moitié de la ville de Sievierodonetsk.

    De la fumée noire pouvait être vue à plusieurs kilomètres de distance après l’attaque contre deux quartiers périphériques de Kyiv. L’Ukraine a déclaré que la grève avait frappé un chantier de réparation de wagons; Moscou a déclaré avoir détruit des chars envoyés par des pays d’Europe de l’Est en Ukraine.
    Au moins une personne a été hospitalisée bien qu’aucun décès n’ait été signalé dans l’immédiat. La grève a été un rappel soudain de la guerre dans une capitale où la vie normale est largement revenue depuis que les forces russes ont été chassées de sa périphérie en mars.

    « Le Kremlin recourt à de nouvelles attaques insidieuses. Les frappes de missiles d’aujourd’hui sur Kyiv n’ont qu’un seul objectif : en tuer le plus possible », a tweeté le conseiller présidentiel ukrainien Mikhailo Podolyak.


    L’Ukraine a déclaré que la Russie avait mené l’attaque en utilisant des missiles lancés par air à longue portée tirés de bombardiers lourds aussi loin que la mer Caspienne – une arme bien plus précieuse que les chars que la Russie prétendait avoir touchés.

    L’opérateur nucléaire ukrainien a déclaré qu’un missile de croisière russe avait volé « à une basse altitude critique » au-dessus de la deuxième plus grande centrale nucléaire du pays.

    L’attaque de dimanche était la première grande frappe sur Kyiv depuis fin avril, lorsqu’un missile a tué un journaliste. Ces dernières semaines, la Russie a concentré sa puissance destructrice principalement sur les lignes de front à l’est et au sud, bien que Moscou frappe occasionnellement ailleurs dans ce qu’elle appelle une campagne visant à dégrader l’infrastructure militaire de l’Ukraine et à bloquer les livraisons d’armes occidentales.

    L’UKRAINE REVENDIQUE LA MOITIÉ DE SIEVIERODONETSK

    La Russie a concentré ses forces ces dernières semaines sur la petite ville industrielle orientale de Sievierodonetsk, poursuivant l’une des plus grandes batailles terrestres de la guerre dans le but de capturer l’une des deux provinces orientales – Lougansk et Donetsk – qu’elle revendique au nom de mandataires séparatistes.

    Après avoir reculé régulièrement dans la ville ces derniers jours, l’Ukraine y a lancé une contre-attaque qui, selon elle, a pris les Russes par surprise. Après avoir repris une partie de la ville, les forces ukrainiennes en contrôlaient désormais la moitié et continuaient à repousser les Russes, a déclaré Serhiy Gaidai, gouverneur de la province de Louhansk qui comprend Sievierodonetsk.

    Les affirmations n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante. Les deux parties disent avoir infligé d’énormes pertes à Sievierodonetsk, dans une bataille qui pourrait déterminer quelle partie portera l’élan dans une guerre d’usure prolongée dans les mois à venir.

    Dans un autre signe que l’Ukraine a retenu l’avance russe, Gaidai a déclaré que les évacuations avaient repris dimanche depuis la partie ukrainienne de la province de Lougansk et que 98 personnes s’étaient échappées. Les forces russes tentent depuis des semaines de couper la route principale pour y encercler les troupes ukrainiennes, et les évacuations ont été interrompues la semaine dernière après qu’un journaliste a été tué par un bombardement.

    Le ministère britannique de la Défense a déclaré dimanche que les contre-attaques ukrainiennes à Sievierodonetsk au cours des dernières 24 heures étaient susceptibles d’émousser tout élan opérationnel acquis par la Russie. Moscou déployait des combattants séparatistes mal équipés dans la ville pour limiter le risque pour ses forces régulières, a-t-il déclaré.

    Dans la province voisine de Donetsk, les forces russes ont avancé ces derniers jours sur le territoire au nord de la rivière Siverskiy Donets, avant ce que l’Ukraine anticipe pourrait être une poussée sur la grande ville de Sloviansk.

    Des responsables ukrainiens ont déclaré qu’au moins huit personnes avaient été tuées et 11 blessées dans des bombardements russes dans la province pendant la nuit.

    Dans un discours prononcé dimanche à Rome, le pape François a noté que plus de 100 jours s’étaient écoulés depuis « le début de l’agression armée contre l’Ukraine », et a qualifié la guerre de « négation du rêve de Dieu ».

    Poutine minimise les nouvelles fusées américaines

    Les États-Unis ont déclaré la semaine dernière qu’ils enverraient de nouveaux systèmes de fusées à moyenne portée avancés à l’Ukraine, ce qui, espère-t-il, contribuera à faire pencher la balance dans le conflit. Washington a exclu l’envoi de munitions à plus longue portée et affirme que Kyiv a promis de ne pas frapper à l’intérieur de la Russie.

    Dans une interview accordée à la télévision d’État russe, le président Vladimir Poutine a minimisé l’impact des nouvelles fusées, bien qu’il ait averti Washington de ne pas en envoyer de plus longues.

    Les roquettes que Washington avait promises jusqu’à présent étaient comparables aux armes de l’ère soviétique que l’Ukraine possédait déjà, a déclaré Poutine. Lire la suite

    « Ce n’est pas nouveau. Cela ne change rien au fond », a déclaré Poutine. Si Washington devait livrer des roquettes à plus longue portée, « nous frapperons les cibles que nous n’avons pas encore atteintes », a-t-il déclaré. Il a également rejeté l’impact des drones occidentaux, affirmant que la Russie les avait « cassés comme des noix ».

    Kyiv a réprimandé samedi le président français Emmanuel Macron pour avoir déclaré qu’il était important de ne pas « humilier » Moscou.

    L’Ukraine s’est hérissée de ce qu’elle considère comme une pression de la part de certains alliés européens pour abandonner le territoire afin d’obtenir un cessez-le-feu.

    « Les appels à éviter l’humiliation de la Russie ne peuvent qu’humilier la France et tous les autres pays qui l’appelleraient », a tweeté le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba en réponse aux propos de Macron.

  • Guerre digitale en Ukraine

    Guerre digitale en Ukraine

    Ukraine, Russie, cyberguerre, guerre numérique, Chine, OTAN,

    L’Ukraine est la première guerre viralisée, avec un nombre sans précédent d’acteurs en ligne prenant part à la confrontation. Les grandes plateformes technologiques sont également devenues des instruments du conflit : collecte et partage de données avec les gouvernements, contrôle de l’information, participation à des boycotts internationaux, suppression de comptes de médias sociaux, ou encore instruments de mobilisation et d’émotion. L’Ukraine pourrait devenir le premier front de guerre où les deux grandes tendances mondiales de la numérisation et de leurs plateformes mesurent leurs forces : le techno-autoritarisme de la Russie et de la Chine, et le modèle américain de la Silicon Valley.

    Si les cartes sont toujours essentielles dans tout conflit, dans la guerre ukrainienne, c’est toute une bataille d’images et de (fausses) informations qui se joue sur les réseaux sociaux. Un nombre sans précédent d’acteurs en ligne prennent part à cette confrontation asymétrique, qu’il s’agisse de volontaires Anonymus, de traqueurs numériques, d’équipes de cyberdéfense de l’OTAN ou de la toute nouvelle équipe d’intervention rapide de l’Union européenne, dirigée par la Lituanie. Les grandes plateformes technologiques – quelle que soit leur origine, de la Silicon Valley à la Russie ou à la Chine – sont devenues des instruments de conflit : collecte et partage de données avec les gouvernements, piratage de sites web ou contrôle de l’information, adhésion à des boycotts internationaux, suppression de comptes de médias sociaux ou utilisation comme instruments de mobilisation et d’émotion. Mais, surtout, la guerre d’Ukraine est la première guerre viralisée ; diffusée en temps réel à partir de fragments d’images qui, en quelques secondes, tentent de refléter les menaces, les peurs, l’héroïsme et la dévastation.

    Pendant les premières semaines, le Washington Post a pu suivre le mouvement des troupes russes en Ukraine en utilisant uniquement des vidéos téléchargées sur TikTok par des utilisateurs qui partageaient des images de chars et de soldats de manière de plus en plus virale, au point que le New Yorker a surnommé l’invasion de l’Ukraine « la première guerre TikTok ». L’application chinoise comptant plus d’un milliard d’utilisateurs, qui est devenue le réseau social des chorégraphies familiales virales en pleine pandémie, est désormais une source d’information pour des centaines de milliers de jeunes, qui suivent les images de la guerre en Ukraine en faisant glisser leur téléphone portable. Passant indistinctement de l’émotionnel aux scènes de guerre et aux mèmes, les faits et la fiction se mêlent. L’une des vidéos les plus diffusées sur l’Ukraine, avec plus de sept millions de vues, montrant des soldats fatigués disant au revoir à leur famille, s’est avérée être une scène d’un film ukrainien de 2017.

    Tik Tok est devenu une source de soutien galvanisante pour les Ukrainiens, mais aussi un terrain fertile pour la prolifération de comptes frauduleux distribuant du faux contenu dans le but de gagner de l’argent rapidement grâce à des vidéos demandant des dons pour la cause ukrainienne. Les créateurs de contenu sur ce réseau peuvent recevoir des cadeaux virtuels, tels que des roses et des pandas numériques, pendant les diffusions en direct et les convertir en diamants, une monnaie TikTok qui peut ensuite être retirée comme de l’argent réel. TikTok prélève une commission de 50 % sur l’argent dépensé en cadeaux virtuels. L’ensemble du système a été dénoncé pour ses mauvais contrôles de modération du contenu et pour le business qui se cache derrière la viralisation de certaines vidéos.

    La confrontation technologique

    Les géants américains de la technologie sont également des acteurs privés dans cette guerre, alignés sur la stratégie occidentale, que ce soit pour exercer des pressions politiques (comme Apple qui suspend la vente d’iPhones et d’autres produits en Russie) ou pour capturer et contrôler des données et des informations (de la cartographie à la censure). Conscient que Google Maps pourrait être utilisé comme un autre outil de guerre par les parties russe et ukrainienne lorsqu’il s’agit d’élaborer des stratégies militaires, Google a décidé de désactiver temporairement cette fonctionnalité dans cette partie du monde. En outre, le train de sanctions approuvé par les États-Unis et l’Union européenne comprend un boycott des exportations de technologies. Depuis, Microsoft, Apple, Samsung, Oracle et Cisco ont refusé de vendre des services en Russie ou y ont mis fin à leurs activités.

    Cette collaboration s’étend également au domaine de la sécurité. À la mi-janvier, alors que la Russie massait des troupes et des armes à sa frontière dans l’est de l’Ukraine, une attaque informatique baptisée WhisperGate a désactivé pendant des heures quelque 70 sites web du gouvernement ukrainien, qui ont fini par afficher un message invitant la population à « avoir peur et à s’attendre au pire ». À la suite du piratage, Microsoft a décidé de partager son analyse et les détails techniques de l’attaque, ainsi que des recommandations aux personnes concernées pour accroître leur résilience.

    Une autre entreprise de cybersécurité fondée à Kiev en 2017, Hacken, a rassemblé une armée comptant jusqu’à 10 000 hackers dans 150 pays différents, selon ses propres déclarations, qui se consacre à s’introduire dans les plateformes médiatiques russes et à amplifier les récits ukrainiens du conflit sur les médias sociaux.

    S’il s’agit, comme l’affirme le philosophe français centenaire Edgar Morin, de « la première cyberguerre de l’histoire de l’humanité », l’Ukraine pourrait devenir le premier front de guerre où les deux grandes tendances mondiales de la numérisation mesurent leurs forces : le techno-autoritarisme et le modèle américain de la Silicon Valley, où les entreprises privées déploient le « capitalisme de surveillance » que dénonce Shoshana Zuboff.

    Bien avant l’invasion, le monde numérique avait déjà commencé à se diviser en une confrontation technologique marquée par la rivalité entre la Chine et les États-Unis. La « souveraineté » de l’internet russe était déjà fondée sur la censure de l’information et la persécution de l’opposition politique. Les alliés du Kremlin contrôlaient VKontakte, le Facebook russe, et depuis 2019, la loi sur la souveraineté d’internet obligeait déjà tous les fournisseurs de services en ligne à passer par les filtres du censeur numérique Koscomnadzor. Malgré cela, la guerre a accéléré et approfondi la portée de ce rideau de fer numérique qui vise à isoler les Russes de tout récit qui s’écarte de l’argument officiel du Kremlin pour la construction de son casus belli.

    Dans un tel scénario polarisé de guerre de l’information, où la censure et l’émotionnalité narrative sont devenues une partie essentielle du récit de guerre, l’engagement de la communauté en faveur de la suppression de certains médias, ainsi que l’instrumentalisation des grands monopoles numériques en faveur de leur propre stratégie, posent également des contradictions avec l’idée de liberté d’expression défendue par l’un ou l’autre.

    Le fondateur et PDG du réseau russe de messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a averti les internautes de « douter de toutes les informations » qu’ils peuvent trouver sur la plateforme et a explicitement demandé aux utilisateurs de ne pas utiliser l’outil pour « exacerber les conflits et inciter à la discorde interethnique ». Telegram est devenu un instrument parfait pour mesurer le choc des récits sur la guerre. La plateforme s’est récemment positionnée comme un outil d’information utile pour les journalistes en Ukraine, notamment pour la création de chaînes d’information spécifiquement destinées à un public de moins de 25 ans qui a cessé d’écouter la radio ou de regarder la télévision traditionnelle. Contrairement à WhatsApp, Telegram ne limite pas le nombre d’utilisateurs sur un même canal et, dans le même temps, comme il n’y a presque pas de modération du contenu, il a également fonctionné comme un espace de mobilisation du soutien aux troupes russes, comme le montre la capacité de pénétration du canal « Intel Slava Z ».

    Si, selon les experts, l’impasse militaire sur le terrain peut accélérer la cyberguerre, à court terme, la stratégie de la Russie reste axée sur la censure et le contrôle narratif : sur la puissance de la  » ferme à trolls  » russe, l’Agence de recherche sur Internet basée à Saint-Pétersbourg, et sa capacité à créer des contenus et à orchestrer des réactions organisées.

    Au plus fort de la confusion, une enquête de Pro Publica a montré comment, dans la guerre d’Ukraine, on a même eu le paradoxe d’utiliser de faux fact-checkers pour apparemment déboulonner des faux inexistants. Les chercheurs ont identifié au moins une douzaine de vidéos dénonçant de prétendues campagnes de propagande ukrainiennes qui n’ont jamais eu lieu. L’objectif, selon les experts, était de jeter le doute sur toute image ultérieure dénonçant l’impact des prétendues attaques russes.

    Dilemmes éthiques et stratégiques

    La bataille pour le contrôle de la narration est également menée par l’UE elle-même, qui est depuis longtemps consciente de la capacité de la Russie à pénétrer et à influencer l’opinion publique européenne. À la demande de Bruxelles, Google, Meta et Twitter ont décidé de prendre des mesures à l’encontre des comptes liés au Kremlin afin d’empêcher la diffusion de désinformation, et notamment l’accès aux contenus des chaînes officielles russes telles que RT et Sputnik ; Apple a retiré l’application RT News de sa boutique et YouTube a bloqué la chaîne d’information russe. Annoncer une interdiction des émissions de RT et de Sputnik dans l’UE est non seulement politiquement risqué, mais aussi difficile à appliquer juridiquement.

    Dans un tel scénario polarisé de guerre de l’information, où la censure et l’émotivité narrative sont devenues une partie essentielle du récit de guerre, l’engagement de l’UE en faveur de la suppression de certains médias, ainsi que l’instrumentalisation des grands monopoles numériques en faveur de sa propre stratégie, pose également des contradictions avec l’idée de liberté d’expression défendue par les deux camps.

    La guerre hybride étend l’impact perturbateur d’une confrontation qui va au-delà des avancées militaires russes et de la résilience ukrainienne. Il se déploie par le biais de la désinformation et dans toute tentative d’infecter les infrastructures et les canaux de communication avec des logiciels malveillants. Bots, trolls ou chevaux de Troie, tout est bon pour affaiblir l’ennemi.

    Carme Colomina, chercheur principal, CIDOB @carmecolomina

    BARCELONA CENTRE FOR INTERNATIONAL AFFAIRS, mai 2022

    #Ukraine #Russie #Guerre_digitale #Guerre_numérique

  • Nationalism, Liberalism and the War in Ukraine

    Nationalism, Liberalism and the War in Ukraine

    Russia, Ukraine, NATO, European Union, Etats-Unis, nationalism,

    by Hadas Aron and Emily Holland

    Hadas Aron is a visiting assistant professor at New York University’s Center for European and Mediterranean Studies specialising on populism, nationalism, democracy, and European politics. Emily Holland is an assistant professor at the Russian Maritime Studies Institute at the US Naval War College, specialising in Russian foreign policy, the geopolitics of energy and European politics.

    During a recent night-time address to the Ukrainian people, president Volodymyr Zelensky proclaimed that Kyiv is now “the capital of global democracy, the capital of the struggle for freedom for all on the European continent”.1 Zelensky has been a powerful communicator throughout Russia’s war against Ukraine. His speeches paint a stark picture: the darkness of Russian dictatorship marching over Ukraine to extinguish the beacon of liberal democracy.

    The world is watching the alliance of liberalism and nationalism in Ukraine’s struggle for survival. These two ideas were the defining ideology of foundational struggles 1 Ukrainian Presidency, Kyiv Is Now the Capital of Global Democracy, the Capital of the Struggle for Freedom for All in Europe – Address by President Volodymyr Zelenskyy, 6 April 2022, . for liberation from tyranny like the French Revolution and the revolutions of 1989. Yet, nationalism and liberalism have contradictory elements that arise once moments of crisis have passed. After the revolutions of 1989, the West, drunk on the triumph of liberalism, misunderstood the centrality of nationalism and implemented policies that ultimately reinforced exclusionary nationalism and weakened liberalism.

    Nationalism, the struggle for sovereignty and self-determination, is not often associated with liberalism, the political philosophy that emphasises protection of individual rights. In recent years in particular, nationalism has come to mean exclusionary nativism. Movements like the Proud Boys and the Oath Keepers are anything but liberal: they are white supremacists that try to undermine global liberal democracy. Historically however, liberalism and nationalism were on the same side in certain crucial historical junctures.

    As history demonstrates, these forces align when they have a common enemy in tyranny but often become contradictory after the struggle for liberation is achieved. In Europe, until the 1848 revolutions, nationalists like Lafayette, Garibaldi and Mazzini were liberals. They sought to unite their nations under constitutions that would guarantee individual rights. But the liberal revolution failed and after the restoration of monarchies in 1849, the goals of liberals and nationalists diverged.

    Liberals sought to preserve their new constitutional rights, whereas nationalists continued to fight for national unity but in an exclusive and conservative form. In Germany, instead of aligning German speaking people under one set of civic liberal ideals, the militant Prussian state united Germans through war and expansion. In France, republicans sought democratic rights and socio-economic equality, while nationalists wanted to restore France to its monarchical glory. These two forces became the defining cleavage of the French political system until at least World War II.

    In 1989, the peoples of Central and Eastern Europe took to the streets to demand freedom from Soviet oppression, physically tearing down the walls that separated east from west. Among them was a long-haired, 26 year-old Viktor Orbán, Hungary’s controversial prime minister, who was the embodiment of the combination of liberalism and nationalism. In a famous speech he proclaimed that young people were “fighting for the establishment of liberal democracy in Hungary”.2

    Yet, beginning in the early 1990s, Orbán, then a member of parliament and the leader of the Fidesz party, took a hard turn towards the right and emphasised nationalism. In recent decades he has become an enemy of liberalism, rewriting the Hungarian constitution, dismantling the courts and limiting independent media and civil society.3 Today, Hungary is no longer considered a democracy.4

    In Poland, the liberal nationalist Solidarity, the emblematic movement of 1989, split into liberal and nationalist factions directly after the transition and these remain locked in an existential struggle over the future of Poland.5 Just prior to Russia’s invasion of Ukraine, Poland, like Hungary, was facing severe European Union sanctions for the ruling party’s degradation of the rule of law.6

    In both Poland and Hungary, deep animosity between liberals and nationalists led to a nationalist attack on liberal democracy and worrying democratic decline in the two most promising cases of post-Soviet democratisation.

    The past decade has indeed seen a rise of nationalism all over the world, a surprising setback for liberalism. The number of people living in liberal democracies is the lowest it has been since 1989,7 essentially erasing the advances made since the end of the Cold War. But nationalism did not re-emerge out of thin air: a close historical examination reveals strong nationalist themes in the struggle for freedom from communist rule. In that triumphant liberal moment the West regarded nationalism as a bygone ideology that would no longer shape political outcomes.

    The end of history?

    Francis Fukuyama’s “The End of History?” captured the post-1989 heady sense of victory. According to Fukuyama, liberalism had finally triumphed over all alternative political ideologies – communism, fascism and nationalism were all to be relegated to the dustbins of history.8 Though Fukuyama warned of the dangers of populism and rising ethnic and nationalist violence, his central argument became the defining creed of the post-Cold War era, and policy makers relied on it to design the architecture of a “new world order”.

    The most prominent policy implication of the triumph of liberalism was the belief that the West can and should export democracy for the benefit of humanity. Democracy promotion became an umbrella for a host of policies including economic reforms in foreign countries, the design of political institutions, investing in civil society and even the expansion of NATO.9

    But the promise of the end of history did not materialise. In less than a decade Yugoslavia shattered into a series of bloody nationalist wars, and the nascent promise of Russian democracy collapsed into chaos and instability. The democracy promotion agenda was not tailored to the particular history and social contexts of the countries they targeted. Consequentially, even in countries that were already moving towards democracy, like Hungary and Poland, this top down intervention in domestic politics kindled a backlash against liberalism that erupted after the financial crisis of 2008. Voters blamed liberals, who they associated with global neoliberal reforms, for their hardships.

    The Clinton administration championed one-size fits all economic reforms, which in some places failed almost immediately. In many postcommunist states, the first set of reforms, privatisation, happened quickly, but necessary regulatory reforms lagged. This incentivised corrupt actors to take over services and benefit from partial reform.10 The collapse of the Russian currency twice in the 1990s followed suit, ultimately supporting the rise of Vladimir Putin as a saviour of the nation from the pains and instability of liberalism.11 This also happened in Ukraine in the 1990s, creating a powerful class of oligarchs that plundered the state and blocked further reforms.12

    Anti-corruption efforts have had mixed results and are ongoing. Western actors have also profited from Ukrainian corruption in various ways.13 Paul Manafort is a shameful example of a political actor who advanced the interests of pro-Russian Ukrainian oligarchs for personal gain.14 More broadly, widespread corruption and mercenary exploitation supported the nationalist assertion that Western liberalism was hypocritical window dressing for economic interests. Far more promising than outside reform efforts is increasing pressure from Ukrainian citizens fed up with a corrupt system, which translated to political change.15

    For people who experienced communism, trust in state institutions was almost non-existent. After the transition, there was no major attempt to convince citizens that liberalism was an important value system. Instead, the rapid imposition of strongly liberal institutions like powerful constitutional courts did not leave room for the development of rule of law norms and eventually sparked a backlash. In Ukraine, the constitutional court is already considered a political actor,16 though not necessarily a liberal one. Ukraine should practice judicial restraint and understand the limitations of courts in liberalising societies.

    EU membership is the holy grail for democratising countries. Ukraine’s frequent appeals for expedited membership during a deadly war demonstrate that the cultural and economic benefits of membership remain a top priority for prospective states. Central and Eastern Europeans watched enviously as their Western neighbours grew rich and prospered after WWII.

    For political elites in Central and Eastern Europe the prospect of joining the EU was so attractive that there was no political discussion about the direction of required reforms. This often a means a fundamental transformation of the structure of the state. Going through this transformation without deliberation meant that when European accession did not deliver on its unrealistic promises, domestic liberals were accused of trading the national interest for their own benefit. They became the domestic agents of a demeaning foreign process.

    Nationalism and liberalism in Ukraine

    Since 1991, Ukrainian politics has been deeply polarised, chaotic, marked by endemic corruption and its development stymied by the penetration of pro-Russian interests. As a result, the Ukrainian political system has been paralysed leading to outrage and two popular revolutions in 2005 and 2014.

    Yet, as sociologist Charles Tilly famously theorised, states are consolidated through warfare.17 Since the Maidan Revolution and the annexation of Crimea in 2014 Ukraine has been undergoing a process of change.18 For Ukrainians, a sense of unified national identity has grown stronger. The current war is bound to further solidify Ukrainian national identity that is composed of nationalist and liberal elements because Ukrainian nationalism inherently opposes illiberal Russian imperialism.

    The alignment of nationalist and liberal forces also occurred in Central and Eastern Europe in the late 1980s because national identity in the region opposed illiberal Soviet oppression. However, once the threat of Russian invasion diminished, the two forces were torn apart. As long as there is a prominent Russian threat against Ukraine, nationalism may continue to be a liberal force. Hopefully, the current conflict will be resolved soon, but this will hardly remove the geographic and strategic reality of having Russia as its next-door neighbour. Regardless, history demonstrates that there is no guarantee that nationalism will remain liberal.

    After the conflict, Ukraine will need significant reconstruction, but it is crucial that this process give space and autonomy for Ukraine to internally resolve the tension between nationalism and liberalism. For the West it is important to support the demand for liberalism in Ukraine – liberalism is a tenet of the Western way of life and its most important discursive tool in its competition with China. At the same time, it is important to avoid outcomes like contemporary Hungary and Poland, where liberalism has lost ground to illiberal exclusionary nationalism. Ukraine has been mired in trouble since independence, but prior to WWII many Western European countries were non-democratic, and in some cases fascist. Ukraine’s history and future development should not be treated as deterministic.

    25 May 2022

    1 Ukrainian Presidency, Kyiv Is Now the Capital of Global Democracy, the Capital of the Struggle for Freedom for All in Europe – Address by President Volodymyr Zelenskyy, 6 April 2022, https://www.president.gov.ua/en/news/zarazkiyiv-ce-stolicya-globalnoyi-demokratiyistolicya-boro-74129.

    2 For a translation of the speech see: “Fill in the Blanks”, in The Orange Files, 20 June 2013, https://wp.me/p3vCr9-5i.

    3 Human Rights Watch, Wrong Direction on Rights. Assessing the Impact of Hungary’s New Constitution and Laws, 16 May 2013, https:// www.hrw.org/report/2013/05/16/wrongdirection-rights/assessing-impact-hungarysnew-constitution-and-laws; Patrick Kingsley, “After Viktor Orban’s Victory, Hungary’s Judges Start to Tumble”, in The New York Times, 1 May 2018, https://www.nytimes.com/2018/05/01/ world/europe/hungary-viktor-orban-judges. html; Krisztián Simon and Tibor Rácz, “Hostile Takeover: How Orbán Is Subjugating the Media in Hungary”, in Heinrich-Böll-Stiftung Articles, 22 August 2017, https://www.boell.de/en/ node/62129.

    4 Freedom House, “Hungary”, in Nations in Transit 2020, https://freedomhouse.org/ node/3458.

    5 Krzysztof Jasiewicz, “From Solidarity to Fragmentation”, in Journal of Democracy, Vol. 3, No. 2 (April 1992), p. 55-69.

    6 “EU Fines Poland €1 Million per Day over Judicial Reforms”, in Deutsche Welle, 27 October 2021, https://p.dw.com/p/42DrB. 7 Vanessa A. Boese et al., Autocratization Changing Nature? Democracy Report 2022, Gothenburg, V-Dem Institute, March 2022, https://v-dem.net/media/publications/dr_2022. pdf.

    8 Francis Fukuyama, “The End of History?”, in The National Interest, No. 16 (Summer 1989), p. 3-18. 9 Michael Mandelbaum, “Preserving the New Peace. The Case against NATO Expansion”, in Foreign Affairs, Vol. 74, No. 3 (May-June 1995), p. 9-13.

    10 Joel S. Hellman, “Winners Take All: The Politics of Partial Reform in Postcommunist Transitions”, in World Politics, Vol. 50, No. 2 (January 1998), p. 203-234.

    11 Kristy Ironside, “The Ruble Has Plummeted. It’s Not the First Time”, in The Washington Post, 28 February 2022, https://www. washingtonpost.com/outlook/2022/02/28/ ruble-has-plummeted-its-not-first-time.

    12 Serhiy Verlanov, “Taming Ukraine’s Oligarchs”, in UkraineAlert, 19 November 2020, https://www.atlanticcouncil.org/?p=322616.

    13 OECD Anti-corruption Network for Eastern Europe and Central Asia, Anti-Corruption Reforms in Ukraine: Prevention and Prosecution of Corruption in State-Owned Enterprises. 4th Round of Monitoring of the Istanbul AntiCorruption Action Plan, Paris, OECD, 4 July 2018, https://www.oecd.org/corruption/anticorruption-reforms-in-ukraine.htm.

    14 Ilya Marritz, “Let’s Recall What Paul Manafort and Rudy Giuliani Were Doing in Ukraine”, in ProPublica, 1 March 2022, https://www. propublica.org/article/lets-recall-what-exactlypaul-manafort-and-rudy-giuliani-were-doingin-ukraine.

    15 Steven Pifer, “Ukraine: Six Years after the Maidan”, in Order from Chaos, 21 February 2020, https://brook.gs/3bXkGmx.

    16 Alina Cherviastova, “False Dilemma”, in Verfassungsblog, 21 February 2021, https:// verfassungsblog.de/false-dilemma.

    17 Charles Tilly, Coercion, Capital, and European States, AD 990–1992, Cambridge, Basil Blackwell, 1990.

    18 Sofiya Kominko, “Ukraine’s Nation-Building Journey and the Legacy of the Euromaidan Revolution”, in UkraineAlert, 20 April 2021, https://www.atlanticcouncil.org/?p=380204.

    Istituto Affari Internazionali

  • Le conflit russo-ukrainien et les think tanks (II)

    Le conflit russo-ukrainien et les think tanks (II)

    Russie, Ukraine, OTAN, Occident, Donbass, nationalisme, Transnistrie, Crimée, Union Européenne, UE,

    Donbass et au-delà : l’autodétermination invoquée par la Russie n’a pas apporté de droits

    Parmi les diverses raisons invoquées par le Kremlin pour justifier la soi-disant « opération militaire spéciale » en Ukraine, le prétendu soutien à l’autodétermination des peuples est particulièrement évocateur et donc favorable à la propagande russe.

    D’autre part, il n’est pas difficile de tomber dans le piège de la communication où la Russie se bat pour une fin noble et altruiste, en subissant des pertes très élevées dans ses rangs pour que d’autres puissent se libérer de la domination de Kiev et choisir librement leur propre système de gouvernement.

    Admettons ou non que l’on puisse parler d’un peuple à part entière dans le contexte du Donbass oriental ou de la Crimée, qu’est-ce que cela veut dire et, surtout, comment se traduit concrètement l’autodétermination des peuples souvent invoquée par Moscou ?

    Dans le Donbass, les droits civiques n’ont connu aucune amélioration

    Pour comprendre la signification juridique et politique complexe de ce principe, il faut remonter à la seconde période d’après-guerre et au début du processus de décolonisation, c’est-à-dire le processus qui a permis à presque toutes les possessions coloniales d’accéder à l’indépendance nationale.

    Dans ce contexte historique, les dirigeants des mouvements de libération nationale ont réadapté le principe d’autodétermination des peuples, en en faisant un incontournable de leur communication politique. Ils ont alors commencé à présenter ce principe comme un droit humain fondamental et collectif , c’est-à-dire comme une condition nécessaire et préalable à la jouissance des libertés individuelles consacrées par les conventions internationales relatives aux droits de l’homme.

    L’argument est immédiatement convaincant : à quoi bon parler des droits de l’homme au niveau individuel quand la communauté ne peut pas décider de son destin ?

    De 1945, année de la fondation des Nations Unies, à 1975, année du démantèlement définitif de l’empire portugais, le nombre d’États reconnus comme indépendants et donc admis dans ladite organisation est passé de 51 à l’origine à 144 ; à la fin du siècle, le total était encore passé à 189.

    Ce qui se passe aujourd’hui dans l’est du Donbass et en Crimée n’entre certainement pas dans le cadre historique ou géographique du processus de décolonisation , mais la prétendue relation causale entre l’indépendance de l’État et la pleine jouissance des droits de l’homme au niveau individuel reste d’une actualité brûlante et inchangée. intérêt académique. . En termes simples, un Donbass indépendant serait-il le signe avant-coureur de plus de libertés et de droits pour ceux qui y vivent ? En ce qui concerne la Crimée, y a-t-il eu des améliorations socio-juridiques depuis son rattachement à la Fédération de Russie, rien du point de vue du droit international mais néanmoins présenté comme l’expression de la volonté populaire ?

    Pour tenter de répondre à ces questions, cette contribution s’appuie sur les données publiées par Freedom House et relatives à la période quinquennale 2017-2021.

    Avant de procéder à l’analyse des données, il convient de mentionner que, bien qu’autorisée et forte de 80 ans d’expérience, Freedom House est largement financée par le gouvernement fédéral américain. Bien qu’il existe des alternatives valables au score Freedom House Global Freedom (pensez, par exemple, à l’Economist Democracy Index), seul celui-ci considère les territoires de facto indépendants et ceux sous occupation étrangère de manière autonome par rapport au pays auquel ils appartiennent formellement. Une telle analyse permet d’appréhender d’éventuels changements, pour le meilleur ou pour le pire, à moyen terme. La note attribuée annuellement par Freedom House concerne exclusivement les droits civils et politiques et est exprimée en centièmes ; plus le score est élevé, meilleure est la situation dans ce pays ou territoire.

    Compte tenu de ce qui précède, le mauvais score de 4/100 révèle à quel point la situation dans l’est du Donbass est non seulement dramatique, mais également stable au cours de la période sous revue.

    L’absence quasi totale de droits s’explique en grande partie par la persistance de l’état de guerre civile qui touche depuis 2014 les provinces sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk, auquel se réfère le score. À titre de comparaison, Freedom House a attribué des scores similaires à d’autres pays ou territoires où sévissent un conflit armé ou une violence politique généralisée, de la Syrie au Soudan du Sud, de la République centrafricaine au Sahara occidental.

    Limitation des droits de vote et absence de garanties légales

    Admettons donc les circonstances atténuantes, voyons maintenant ce qui se passe dans les territoires sous le contrôle des forces séparatistes de Donetsk et Lougansk. Selon Freedom House, il n’y a pas d’élections libres dans l’est du Donbass, ni d’autorités électorales indépendantes pouvant certifier leur régularité . Pour ceux qui décident tout de même d’aller aux urnes, le choix est réduit au minimum, avec seulement deux partis autorisés par province. Même choisir pour qui voter n’est pas facile, étant donné que le programme électoral des partis est presque identique et résolument pro-russe.

    Les restrictions au droit de vote ne sont pas un cas isolé dans l’est du Donbass. Les constitutions des républiques sécessionnistes garantissent formellement l’égalité des droits indépendamment de l’ethnicité, de la race ou des croyances religieuses, mais dans la pratique, les groupes ethniques et religieux non affiliés à la Russie sont exclus de la vie politique .

    Aucune frange de la société n’est donnée pour s’organiser de manière indépendante pour défendre ses intérêts dans la sphère politique. La liberté d’expression est également sévèrement limitée ; exprimer des sympathies pro-ukrainiennes est même considéré comme dangereux pour ceux qui lui donnent une voix. La télévision et la radio sont sous le contrôle strict des autorités provinciales ; Les journalistes et les blogueurs qui critiquent les dirigeants séparatistes essaient d’opérer le plus possible dans l’anonymat, sachant que leur identification serait suivie d’une arrestation et d’une détention.

    En ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement provincial, la situation n’est pas meilleure. Il n’y a aucune transparence dans le processus décisionnel , ni aucune garantie légale contre les abus fréquents perpétrés par des policiers ou des membres de l’appareil de sécurité.

    Depuis 2014, de nombreux résidents identifiés comme Ukrainiens sont partis, souvent sous la menace ou la contrainte. Pour ceux qui ont choisi de rester, la vie devient chaque jour plus difficile : les deux provinces ont imposé le russe comme seule langue officielle . L’inexorable processus de russification a également affecté le secteur de l’éducation, où les programmes scolaires et universitaires ont été progressivement alignés sur ceux en vigueur dans la Fédération de Russie.

    Qui contrôle vraiment les territoires, c’est la Russie

    Si le présent est sombre, l’avenir n’augure rien de bon. Au cours des huit dernières années, la Russie a d’abord établi et accru son contrôle sur tous les aspects de la vie quotidienne dans l’est du Donbass , y compris les affaires politiques. Les citoyens russes occupent des postes clés au sein de l’administration publique, des grandes activités commerciales, des télécommunications et du système éducatif.

    Cependant , le principal instrument du pouvoir russe dans le Donbass reste le ministère de la Sécurité d’État , qui, selon Freedom House, est directement contrôlé par le Service fédéral de sécurité russe (également connu sous le nom de FSB).

    On pense également que des officiers réguliers de l’armée russe commandent les soi-disant « milices populaires » de l’est du Donbass , fortes de dizaines de milliers d’hommes.

    Cela dit, pourquoi la pénétration russe dans les structures politiques et militaires et le tissu économique des provinces séparatistes représente-t-elle un grave problème tant pour les perspectives de paix en Ukraine que pour les espoirs de plus grands droits pour ceux qui y vivent dans le Donbass ? La réponse est facile à comprendre : la présence russe massive et enracinée limitera davantage l’espace de manœuvre militaire, politique et économique des provinces séparatistes, les condamnant à une dépendance toujours plus grande vis-à-vis de Moscou .

    Pas de nouvelle liberté pas même en Transnistrie et en Crimée

    À ce stade, il est légitime de se demander si le Donbass oriental est un cas à part ou s’il reflète la tendance générale de tous les territoires contrôlés par les forces séparatistes pro-russes ( comme l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Transnistrie) ou occupés en permanence par les Russes. (par exemple la Crimée ). Les scores de Freedom House pour ces territoires nous permettent de tirer quelques conclusions préliminaires.

    En premier lieu, l’autonomie obtenue par les militaires de ces territoires n’est pas une condition suffisante pour l’amélioration progressive des libertés fondamentales et des droits civils de ceux qui y résident. C’est certainement le cas de la Transnistrie, région de Moldavie mais de fait autonome depuis 1992, dont le score, déjà bas dès le départ, a chuté de six points ces cinq dernières années, atteignant les 18/100 actuels.

    Même l’Abkhazie, qui malgré le score le plus élevé parmi tous les territoires susmentionnés (40/100), n’a enregistré aucune amélioration au cours des cinq dernières années, perdant en fait un point de pourcentage.

    Deuxièmement, les territoires autonomes de facto obtiennent des scores nettement inférieurs à ceux des États souverains auxquels ils appartiennent formellement (Géorgie 58/100 ; Moldavie 62/100 ; Ukraine 61/100).

    Troisièmement et enfin, l’annexion à la Fédération de Russie, même là où elle représente la volonté populaire, ne s’est pas traduite par de plus grandes libertés pour les « nouveaux Russes ».

    Comme preuve de ce qui a été écrit, pensez à la situation tragique des Tartares, reconnus comme une population indigène de la Crimée soviétique il y a exactement un siècle et depuis 2014 à nouveau l’objet de persécutions systématiques. Sur les quelque 100 000 personnes qui ont quitté la Crimée depuis l’annexion de 2014, environ la moitié appartiennent à la minorité tatare. [1] Cela est vrai tant pour les territoires déjà formellement annexés (Crimée 7/100) que pour ceux qui y aspirent (Ossétie du Sud 11/100), dont les citoyens doivent endurer des limitations de liberté encore plus importantes que les vrais Russes. (19/100).

    Tout en reconnaissant que l’indépendance convoitée (avec la reconnaissance internationale qui en découle) est une condition différente et plus précieuse que l’autonomie dont jouissent actuellement ces territoires, il n’existe cependant aucune preuve empirique pour étayer l’argument selon lequel l’autodétermination des peuples précède et crée la conditions d’une transition démocratique et de droits accrus.

    Marco Bocchese

    Institut Italien d’Etudes Politiques Internationales, 16 mai 2022

    Au-delà de la « fin de l’histoire » : Nationalisme, libéralisme et la guerre en Ukraine
    par Hadas Aron et Emily Holland

    Hadas Aron est professeur assistant invité au Centre d’études européennes et méditerranéennes de l’Université de New York. Elle est spécialisée dans le populisme, le nationalisme, la démocratie et la politique européenne. Emily Holland est professeur assistant à l’Institut d’études maritimes russes de l’US Naval War College, spécialisée dans la politique étrangère russe, la géopolitique de l’énergie et la politique européenne.

    Lors d’un récent discours nocturne au peuple ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a proclamé que Kiev était désormais « la capitale de la démocratie mondiale, la capitale de la lutte pour la liberté de tous sur le continent européen ».1 Zelensky a été un puissant communicateur tout au long de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Zelensky a été un puissant communicateur tout au long de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Ses discours dressent un tableau saisissant : les ténèbres de la dictature russe marchant sur l’Ukraine pour éteindre le phare de la démocratie libérale.

    Le monde observe l’alliance du libéralisme et du nationalisme dans la lutte de l’Ukraine pour sa survie. Ces deux idées étaient l’idéologie déterminante des luttes fondatrices 1 Présidence ukrainienne, Kyiv est maintenant la capitale de la démocratie mondiale, la capitale de la lutte pour la liberté pour tous en Europe – Discours du président Volodymyr Zelenskyy, 6 avril 2022, . pour la libération de la tyrannie comme la Révolution française et les révolutions de 1989. Pourtant, le nationalisme et le libéralisme comportent des éléments contradictoires qui apparaissent une fois les moments de crise passés. Après les révolutions de 1989, l’Occident, ivre du triomphe du libéralisme, a mal compris la centralité du nationalisme et a mis en œuvre des politiques qui ont finalement renforcé le nationalisme d’exclusion et affaibli le libéralisme.

    Le nationalisme, la lutte pour la souveraineté et l’autodétermination, n’est pas souvent associé au libéralisme, la philosophie politique qui met l’accent sur la protection des droits individuels. Ces dernières années en particulier, le nationalisme en est venu à signifier un nativisme d’exclusion. Des mouvements comme les Proud Boys et les Oath Keepers sont tout sauf libéraux : ce sont des suprémacistes blancs qui tentent de saper la démocratie libérale mondiale. Historiquement, cependant, le libéralisme et le nationalisme étaient du même côté à certains moments cruciaux de l’histoire.

    Comme l’histoire le démontre, ces forces s’alignent lorsqu’elles ont un ennemi commun, la tyrannie, mais deviennent souvent contradictoires une fois la lutte de libération achevée. En Europe, jusqu’aux révolutions de 1848, les nationalistes comme Lafayette, Garibaldi et Mazzini étaient des libéraux. Ils cherchaient à unir leurs nations sous des constitutions qui garantiraient les droits individuels. Mais la révolution libérale a échoué et après la restauration des monarchies en 1849, les objectifs des libéraux et des nationalistes ont divergé.

    Les libéraux cherchent à préserver leurs nouveaux droits constitutionnels, tandis que les nationalistes continuent à lutter pour l’unité nationale, mais sous une forme exclusive et conservatrice. En Allemagne, au lieu d’aligner les germanophones sur un ensemble d’idéaux civiques libéraux, l’État prussien militant a uni les Allemands par la guerre et l’expansion. En France, les républicains recherchent les droits démocratiques et l’égalité socio-économique, tandis que les nationalistes veulent redonner à la France sa gloire monarchique. Ces deux forces sont devenues le clivage déterminant du système politique français au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

    En 1989, les peuples d’Europe centrale et orientale sont descendus dans la rue pour réclamer leur libération de l’oppression soviétique, abattant physiquement les murs qui séparaient l’Est de l’Ouest. Parmi eux se trouvait un jeune homme de 26 ans aux cheveux longs, Viktor Orbán, le controversé premier ministre hongrois, qui était l’incarnation de la combinaison du libéralisme et du nationalisme. Dans un discours célèbre, il a proclamé que les jeunes se battaient « pour l’établissement d’une démocratie libérale en Hongrie ».2

    Pourtant, dès le début des années 1990, Orbán, alors député et chef du parti Fidesz, a pris un virage à droite et mis l’accent sur le nationalisme. Ces dernières décennies, il est devenu un ennemi du libéralisme, réécrivant la constitution hongroise, démantelant les tribunaux et limitant les médias indépendants et la société civile.3 Aujourd’hui, la Hongrie n’est plus considérée comme une démocratie.4

    En Pologne, le mouvement libéral nationaliste Solidarité, mouvement emblématique de 1989, s’est scindé en factions libérales et nationalistes directement après la transition, et celles-ci restent enfermées dans une lutte existentielle pour l’avenir de la Pologne5 .

    En Pologne comme en Hongrie, une profonde animosité entre libéraux et nationalistes a conduit à une attaque nationaliste contre la démocratie libérale et à un inquiétant déclin démocratique dans les deux cas les plus prometteurs de démocratisation post-soviétique.

    La dernière décennie a en effet vu une montée du nationalisme dans le monde entier, un revers surprenant pour le libéralisme. Le nombre de personnes vivant dans des démocraties libérales n’a jamais été aussi bas depuis 19897, effaçant pour l’essentiel les avancées réalisées depuis la fin de la guerre froide. Mais le nationalisme n’est pas réapparu comme par enchantement : un examen historique attentif révèle l’existence de thèmes nationalistes forts dans la lutte pour se libérer du régime communiste. Dans ce moment libéral triomphant, l’Occident a considéré le nationalisme comme une idéologie révolue qui n’influencerait plus les résultats politiques.

    La fin de l’histoire ?

    L’ouvrage de Francis Fukuyama intitulé « La fin de l’histoire » traduit bien le sentiment de victoire de l’après-1989. Selon Fukuyama, le libéralisme avait finalement triomphé de toutes les idéologies politiques alternatives – le communisme, le fascisme et le nationalisme devaient tous être relégués dans les poubelles de l’histoire.8 Bien que Fukuyama ait mis en garde contre les dangers du populisme et la montée de la violence ethnique et nationaliste, son argument central est devenu le credo de l’après-guerre froide, et les décideurs politiques s’y sont appuyés pour concevoir l’architecture d’un « nouvel ordre mondial ».

    L’implication politique la plus importante du triomphe du libéralisme a été la conviction que l’Occident peut et doit exporter la démocratie au profit de l’humanité. La promotion de la démocratie est devenue un parapluie pour toute une série de politiques, y compris les réformes économiques dans les pays étrangers, la conception d’institutions politiques, l’investissement dans la société civile et même l’expansion de l’OTAN9 .

    Mais la promesse de la fin de l’histoire ne s’est pas concrétisée. En moins d’une décennie, la Yougoslavie a éclaté en une série de guerres nationalistes sanglantes, et la promesse naissante de la démocratie russe s’est effondrée dans le chaos et l’instabilité. Le programme de promotion de la démocratie n’était pas adapté à l’histoire et aux contextes sociaux particuliers des pays qu’il visait. En conséquence, même dans les pays qui évoluaient déjà vers la démocratie, comme la Hongrie et la Pologne, cette intervention descendante dans la politique intérieure a déclenché une réaction brutale contre le libéralisme, qui a éclaté après la crise financière de 2008. Les électeurs ont rendu les libéraux, qu’ils associaient aux réformes néolibérales mondiales, responsables de leurs difficultés.

    L’administration Clinton s’est faite la championne des réformes économiques à taille unique qui, dans certains endroits, ont échoué presque immédiatement. Dans de nombreux États postcommunistes, la première série de réformes, la privatisation, a été mise en œuvre rapidement, mais les réformes réglementaires nécessaires ont tardé. Cela a incité les acteurs corrompus à s’emparer des services et à bénéficier d’une réforme partielle.10 L’effondrement de la monnaie russe à deux reprises dans les années 1990 a suivi cette tendance, favorisant finalement l’ascension de Vladimir Poutine en tant que sauveur de la nation des douleurs et de l’instabilité du libéralisme.11 Cela s’est également produit en Ukraine dans les années 1990, créant une classe puissante d’oligarques qui ont pillé l’État et bloqué les réformes ultérieures.12

    Les efforts de lutte contre la corruption ont eu des résultats mitigés et se poursuivent. Les acteurs occidentaux ont également profité de la corruption ukrainienne de diverses manières.13 Paul Manafort est l’exemple honteux d’un acteur politique qui a défendu les intérêts des oligarques ukrainiens pro-russes pour son profit personnel.14 Plus généralement, la corruption généralisée et l’exploitation mercenaire ont soutenu l’affirmation nationaliste selon laquelle le libéralisme occidental était une façade hypocrite pour des intérêts économiques. Bien plus prometteuse que les efforts de réforme extérieurs est la pression croissante des citoyens ukrainiens qui en ont assez d’un système corrompu, ce qui s’est traduit par un changement politique15 .

    Pour les personnes qui ont connu le communisme, la confiance dans les institutions de l’État était presque inexistante. Après la transition, il n’y a pas eu de tentative majeure de convaincre les citoyens que le libéralisme était un système de valeurs important. Au lieu de cela, l’imposition rapide d’institutions fortement libérales, telles que de puissantes cours constitutionnelles, n’a pas laissé de place au développement des normes de l’État de droit et a finalement déclenché une réaction brutale. En Ukraine, la cour constitutionnelle est déjà considérée comme un acteur politique16, mais pas nécessairement comme un acteur libéral. L’Ukraine devrait faire preuve de retenue judiciaire et comprendre les limites des tribunaux dans les sociétés en voie de libéralisation.

    L’adhésion à l’UE est le Saint Graal pour les pays en voie de démocratisation. Les appels fréquents de l’Ukraine pour une adhésion accélérée pendant une guerre meurtrière montrent que les avantages culturels et économiques de l’adhésion restent une priorité absolue pour les pays candidats. Les Européens centraux et orientaux ont observé avec envie leurs voisins occidentaux s’enrichir et prospérer après la Seconde Guerre mondiale.

    Pour les élites politiques d’Europe centrale et orientale, la perspective d’adhérer à l’UE était si attrayante qu’il n’y avait pas de débat politique sur l’orientation des réformes requises. Cela signifie souvent une transformation fondamentale de la structure de l’État. Lorsque l’adhésion à l’UE n’a pas tenu ses promesses irréalistes, les libéraux nationaux ont été accusés de sacrifier l’intérêt national à leur propre intérêt. Ils sont devenus les agents nationaux d’un processus étranger avilissant.

    Nationalisme et libéralisme en Ukraine

    Depuis 1991, la politique ukrainienne est profondément polarisée, chaotique, marquée par une corruption endémique et son développement est entravé par la pénétration d’intérêts pro-russes. En conséquence, le système politique ukrainien a été paralysé, ce qui a conduit à l’indignation et à deux révolutions populaires en 2005 et 2014.

    Pourtant, comme l’a théorisé le sociologue Charles Tilly, les États sont consolidés par la guerre.17 Depuis la révolution de Maidan et l’annexion de la Crimée en 2014, l’Ukraine connaît un processus de changement.18 Pour les Ukrainiens, le sentiment d’une identité nationale unifiée s’est renforcé. La guerre actuelle ne peut que solidifier davantage l’identité nationale ukrainienne qui est composée d’éléments nationalistes et libéraux, car le nationalisme ukrainien s’oppose par nature à l’impérialisme russe illibéral.

    L’alignement des forces nationalistes et libérales s’est également produit en Europe centrale et orientale à la fin des années 1980, car l’identité nationale de la région s’opposait à l’oppression soviétique illibérale. Cependant, une fois que la menace d’une invasion russe a diminué, les deux forces se sont déchirées. Tant qu’il existe une menace russe importante contre l’Ukraine, le nationalisme peut continuer à être une force libérale. Il faut espérer que le conflit actuel sera bientôt résolu, mais cela n’effacera guère la réalité géographique et stratégique que constitue le fait d’avoir la Russie comme voisin immédiat. Quoi qu’il en soit, l’histoire démontre que rien ne garantit que le nationalisme restera libéral.

    After the conflict, Ukraine will need significant reconstruction, but it is crucial that this process give space and autonomy for Ukraine to internally resolve the tension between nationalism and liberalism. For the West it is important to support the demand for liberalism in Ukraine – liberalism is a tenet of the Western way of life and its most important discursive tool in its competition with China. At the same time, it is important to avoid outcomes like contemporary Hungary and Poland, where liberalism has lost ground to illiberal exclusionary nationalism. Ukraine has been mired in trouble since independence, but prior to WWII many Western European countries were non-democratic, and in some cases fascist. Ukraine’s history and future development should not be treated as deterministic.

    25 May 2022

    Notes :

    1 Ukrainian Presidency, Kyiv Is Now the Capital of Global Democracy, the Capital of the Struggle for Freedom for All in Europe – Address by President Volodymyr Zelenskyy, 6 April 2022, https://www.president.gov.ua/en/news/zarazkiyiv-ce-stolicya-globalnoyi-demokratiyistolicya-boro-74129.

    2 For a translation of the speech see: “Fill in the Blanks”, in The Orange Files, 20 June 2013, https://wp.me/p3vCr9-5i.

    3 Human Rights Watch, Wrong Direction on Rights. Assessing the Impact of Hungary’s New Constitution and Laws, 16 May 2013, https:// www.hrw.org/report/2013/05/16/wrongdirection-rights/assessing-impact-hungarysnew-constitution-and-laws; Patrick Kingsley, “After Viktor Orban’s Victory, Hungary’s Judges Start to Tumble”, in The New York Times, 1 May 2018, https://www.nytimes.com/2018/05/01/ world/europe/hungary-viktor-orban-judges. html; Krisztián Simon and Tibor Rácz, “Hostile Takeover: How Orbán Is Subjugating the Media in Hungary”, in Heinrich-Böll-Stiftung Articles, 22 August 2017, https://www.boell.de/en/ node/62129.

    4 Freedom House, “Hungary”, in Nations in Transit 2020, https://freedomhouse.org/ node/3458.

    5 Krzysztof Jasiewicz, “From Solidarity to Fragmentation”, in Journal of Democracy, Vol. 3, No. 2 (April 1992), p. 55-69.

    6 “EU Fines Poland €1 Million per Day over Judicial Reforms”, in Deutsche Welle, 27 October 2021, https://p.dw.com/p/42DrB. 7 Vanessa A. Boese et al., Autocratization Changing Nature? Democracy Report 2022, Gothenburg, V-Dem Institute, March 2022, https://v-dem.net/media/publications/dr_2022. pdf.

    8 Francis Fukuyama, “The End of History?”, in The National Interest, No. 16 (Summer 1989), p. 3-18. 9 Michael Mandelbaum, “Preserving the New Peace. The Case against NATO Expansion”, in Foreign Affairs, Vol. 74, No. 3 (May-June 1995), p. 9-13.

    10 Joel S. Hellman, “Winners Take All: The Politics of Partial Reform in Postcommunist Transitions”, in World Politics, Vol. 50, No. 2 (January 1998), p. 203-234.

    11 Kristy Ironside, “The Ruble Has Plummeted. It’s Not the First Time”, in The Washington Post, 28 February 2022, https://www. washingtonpost.com/outlook/2022/02/28/ ruble-has-plummeted-its-not-first-time.

    12 Serhiy Verlanov, “Taming Ukraine’s Oligarchs”, in UkraineAlert, 19 November 2020, https://www.atlanticcouncil.org/?p=322616.

    13 OECD Anti-corruption Network for Eastern Europe and Central Asia, Anti-Corruption Reforms in Ukraine: Prevention and Prosecution of Corruption in State-Owned Enterprises. 4th Round of Monitoring of the Istanbul AntiCorruption Action Plan, Paris, OECD, 4 July 2018, https://www.oecd.org/corruption/anticorruption-reforms-in-ukraine.htm.

    14 Ilya Marritz, “Let’s Recall What Paul Manafort and Rudy Giuliani Were Doing in Ukraine”, in ProPublica, 1 March 2022, https://www. propublica.org/article/lets-recall-what-exactlypaul-manafort-and-rudy-giuliani-were-doingin-ukraine.

    15 Steven Pifer, “Ukraine: Six Years after the Maidan”, in Order from Chaos, 21 February 2020, https://brook.gs/3bXkGmx.

    16 Alina Cherviastova, “False Dilemma”, in Verfassungsblog, 21 February 2021, https:// verfassungsblog.de/false-dilemma.

    17 Charles Tilly, Coercion, Capital, and European States, AD 990–1992, Cambridge, Basil Blackwell, 1990.

    18 Sofiya Kominko, “Ukraine’s Nation-Building Journey and the Legacy of the Euromaidan Revolution”, in UkraineAlert, 20 April 2021, https://www.atlanticcouncil.org/?p=380204.

    Source : Istituto Affari Internazionali



  • Russie-Ukraine: l’UE adopte un sixième train de sanctions

    Russie-Ukraine: l’UE adopte un sixième train de sanctions

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    Compte tenu de la poursuite par la Russie de sa guerre d’agression contre l’Ukraine et du soutien que la Biélorussie continue d’apporter à la Russie, ainsi que des cas signalés d’atrocités commises par les forces armées russes en Ukraine, le Conseil a décidé aujourd’hui d’imposer un sixième train de sanctions économiques et individuelles ciblant tant la Russie que la Biélorussie.

    Avec le train de mesures adopté aujourd’hui, par l’imposition de nouvelles sanctions économiques, nous limitons de plus en plus la capacité du Kremlin à financer la guerre. Nous interdisons l’importation de pétrole russe dans l’UE et tarissons ainsi une importante source de revenus pour la Russie. Nous excluons davantage de banques russes stratégiques du système de paiement international SWIFT. Nous sanctionnons également les responsables des atrocités commises à Boutcha et à Marioupol et nous mettons à l’index des agents de désinformation supplémentaires qui contribuent activement à la propagande de guerre du président Poutine.

    Le train de sanctions adopté comprend une série de mesures destinées à contrecarrer la capacité de la Russie à poursuivre son agression. (Josep Borrell)

    Pétrole
    L’UE a décidé d’interdire l’achat, l’importation ou le transfert de pétrole brut et de certains produits pétroliers de la Russie vers l’UE. Cette interdiction du pétrole russe se concrétisera progressivement, d’ici à 6 mois pour le pétrole brut et d’ici à 8 mois pour d’autres produits pétroliers raffinés.

    Une exception temporaire est prévue pour les importations de pétrole brut par oléoduc dans les États membres de l’UE qui, en raison de leur situation géographique, sont spécifiquement dépendants des approvisionnements russes et ne disposent pas de solution de rechange viable.

    En outre, la Bulgarie et la Croatie bénéficieront également de dérogations temporaires concernant l’importation, respectivement, de pétrole brut importé par voie maritime et de gazole sous vide en provenance de Russie.

    Exclusion d’autres banques russes et biélorusses du système SWIFT
    L’UE étend l’interdiction actuelle de fournir des services spécialisés de messagerie financière (SWIFT) à trois autres établissements de crédit russes – la plus grande banque russe, Sberbank, la Credit Bank of Moscow et la Russian Agricultural Bank – ainsi qu’à la Banque biélorusse pour le développement et la reconstruction.

    Radiodiffusion
    L’UE suspend les activités de radiodiffusion dans l’UE de trois médias publics russes supplémentaires: Rossiya RTR/RTR Planeta, Rossiya 24 / Russia 24 etTV Centre International. Ces structures ont été utilisées par le gouvernement russe pour manipuler l’information et promouvoir la désinformation sur l’invasion de l’Ukraine, y compris la propagande, dans le but de déstabiliser les pays voisins de la Russie ainsi que l’UE et ses États membres. Conformément à la charte des droits fondamentaux, ces mesures n’empêcheront pas ces médias et leur personnel de mener dans l’UE des activités autres que la radiodiffusion, telles que des recherches et des entretiens.

    Restrictions à l’exportation
    L’UE élargit la liste des personnes et entités soumises à des restrictions à l’exportation concernant les biens et technologies à double usage. Des entités aussi bien russes que biélorusses sont ainsi ajoutées à la liste. En outre, l’UE élargira la liste des biens et technologies susceptibles de contribuer au renforcement technologique du secteur russe de la défense et de la sécurité. Seront notamment incluses 80 substances chimiques qui peuvent être utilisées pour fabriquer des armes chimiques.

    Services de conseil
    L’UE interdira la fourniture à la Russie de services de comptabilité, de relations publiques et de conseil, ainsi que de services en nuage.

    Inscriptions individuelles sur les listes
    En outre, le Conseil a décidé de sanctionner d’autres personnes et entités: les responsables des atrocités commises par les troupes russes à Boutcha et Marioupol, des personnalités soutenant la guerre, des hommes et femmes d’affaires influents et des membres de la famille d’oligarques et de responsables du Kremlin inscrits sur la liste, ainsi que des entreprises actives dans le secteur de la défense et un établissement financier.

    L’UE condamne résolument la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. Elle demande instamment à la Russie de cesser immédiatement ses attaques sans discrimination contre des civils et des infrastructures civiles, et de retirer immédiatement et sans condition toutes ses troupes et tous ses équipements militaires de la totalité du territoire de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières reconnues au niveau international. Les atrocités qui continuent d’être commises par les forces russes ainsi que les souffrances et les destructions infligées dépassent l’entendement. L’UE appelle la Russie à autoriser l’accès immédiat de l’aide humanitaire et le passage en toute sécurité de tous les civils concernés. Elle demande également à la Russie de permettre immédiatement le retour en toute sécurité des ressortissants ukrainiens déplacés de force en Russie.

    L’Union européenne est inébranlable dans sa volonté d’aider l’Ukraine à exercer son droit naturel de légitime défense contre l’agression russe et à construire un avenir pacifique, démocratique et prospère.

    Les actes législatifs concernés seront bientôt publiés au Journal officiel.

    Source : Conseil Européen, 03 juin 2022

    #UnionEuropéenne #UE #Russie #Ukraine #Sanctions

  • Ukraine : 100ème jour de guerre

    Ukraine : 100ème jour de guerre

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    L’invasion de l’Ukraine par la Russie entre dans son 100e jour

    3 juin (Reuters) – L’invasion de l’Ukraine par la Russie est entrée vendredi dans son 100e jour sans fin en vue des combats qui ont tué des milliers de personnes, déraciné des millions de personnes et réduit des villes en ruines.

    Après avoir abandonné son assaut sur la capitale, Kyiv, la Russie poursuit son chemin à l’est et au sud face à la montée des sanctions et à une féroce contre-offensive ukrainienne renforcée par les armes occidentales.

    Quelques événements clés du conflit jusqu’à présent :

    * 24 février : La Russie envahit l’Ukraine sur trois fronts dans le plus grand assaut contre un État européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Des dizaines de milliers fuient.

    * Le président russe Vladimir Poutine annonce une « opération militaire spéciale » pour démilitariser et « dénazifier » l’Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy tweete : « La Russie s’est engagée sur la voie du mal, mais l’Ukraine se défend. »

    * 25 février : Les forces ukrainiennes combattent les envahisseurs russes au nord, à l’est et au sud. L’artillerie pilonne Kyiv et sa banlieue.

    * 1er mars : Un responsable américain déclare qu’une colonne blindée russe longue de plusieurs kilomètres qui fonce sur Kyiv est en proie à des problèmes logistiques.

    * La Russie frappe une tour de télévision à Kyiv et intensifie son bombardement à longue portée de Kharkiv dans le nord-est et d’autres villes, dans ce qui est considéré comme un changement de tactique de Moscou alors que ses espoirs d’une charge rapide sur la capitale s’estompent.

    * 2 mars : Les forces russes entament le siège du port sud-est de Marioupol, considéré comme vital pour les tentatives de Moscou de relier la région orientale du Donbass à la Crimée, la péninsule de la mer Noire dont la Russie s’est emparée en 2014.

    * Les troupes russes entrent dans le port de la mer Noire de Kherson, le premier grand centre urbain capturé.

    * Un million de personnes ont fui l’Ukraine, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés.

    * 4 mars : Les forces russes s’emparent de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe. L’OTAN rejette l’appel de l’Ukraine pour les zones d’exclusion aérienne, affirmant qu’elles aggraveraient le conflit.

    * 8 mars: Les civils fuient la ville de Soumy, au nord-est, dans le premier corridor humanitaire réussi convenu. Deux millions de personnes ont maintenant fui l’Ukraine, selon le HCR. en savoir plus * 9 mars : L’Ukraine accuse la Russie d’avoir bombardé une maternité à Marioupol, enterrant des gens sous les décombres. La Russie affirme que des combattants ukrainiens occupaient le bâtiment.

    * 13 mars : La Russie étend sa guerre profondément dans l’ouest de l’Ukraine, tirant des missiles sur une base près de la frontière avec la Pologne, membre de l’OTAN.

    * 16 mars : L’Ukraine accuse la Russie d’avoir bombardé un théâtre de Marioupol où se sont réfugiés des centaines de civils. Moscou le nie.

    * 25 mars: Moscou signale un changement d’orientation vers des gains à l’est, tandis que les forces ukrainiennes font pression pour reprendre les villes à l’extérieur de Kyiv.

    * 30 mars : Plus de 4 millions de personnes ont fui l’Ukraine, selon le HCR.

    * 3/4 ​​avril : L’Ukraine accuse la Russie de crimes de guerre après la découverte d’un charnier et de corps de personnes abattues à bout portant dans la ville reprise de Bucha. Le Kremlin nie toute responsabilité et affirme que des images de corps ont été mises en scène.

    * 8 avril : L’Ukraine accuse la Russie d’une attaque au missile contre une gare de Kramatorsk qui a tué au moins 52 personnes essayant de fuir l’offensive orientale imminente. Moscou nie toute responsabilité.


    * 14 avril : Le principal navire de guerre russe en mer Noire, le Moskva, coule après ce que l’Ukraine qualifie d’attaque de missile. La Russie accuse une explosion de munitions. en savoir plus * 18 avril : la Russie lance ce que l’Ukraine décrit comme la bataille du Donbass, une campagne visant à s’emparer de deux provinces et à sauver une victoire sur le champ de bataille. en savoir plus * 21 avril : Poutine déclare Marioupol « libérée » après près de deux mois de siège, mais des centaines de défenseurs résistent à l’intérieur des immenses aciéries Azovstal de la ville.

    * 25/26 avril : La région dissidente pro-russe de Moldavie en Transnistrie affirme que des explosions ont touché un ministère et deux antennes-relais. Il blâme l’Ukraine voisine. Kyiv accuse Moscou d’avoir organisé les attentats pour tenter d’élargir le conflit.

    * 28 avril: la Russie tire deux missiles sur Kyiv lors d’une visite du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, selon l’Ukraine. Le Kremlin accuse l’Ukraine d’attaquer les régions russes proches de la frontière.

    * 1er mai : Environ 100 civils ukrainiens sont évacués des aciéries en ruine d’Azovstal à Marioupol, dans ce que les Nations Unies qualifient d’ »opération de passage sûr ».

    * 7 mai: Pas moins de 60 personnes sont mortes après qu’une bombe a frappé une école de village à Bilohorivka, dans l’est de l’Ukraine, a déclaré le gouverneur régional.

    * 9 mai : Poutine exhorte les Russes à se battre dans un discours provocant du Jour de la Victoire, mais reste silencieux sur les plans d’une escalade en Ukraine.

    * 10 mai: L’Ukraine déclare que ses forces ont repris des villages au nord et au nord-est de Kharkiv lors d’une contre-offensive. en savoir plus * 12 mai : Plus de 6 millions de personnes ont fui l’Ukraine, selon le HCR.

    * 14 mai: Les forces ukrainiennes ont lancé une contre-offensive près de la ville d’Izium, tenue par la Russie orientale, a déclaré le gouverneur.

    * 18 mai: la Finlande et la Suède demandent à rejoindre l’OTAN, une décision qui conduirait à l’expansion de l’alliance militaire occidentale que Poutine visait à empêcher. e

    * 20 mai: La Russie déclare que les derniers combattants ukrainiens qui ont résisté aux aciéries d’Azovstal à Marioupol se sont rendus. Quelques heures plus tôt, Zelenskiy a déclaré que l’armée ukrainienne avait dit aux défenseurs qu’ils pouvaient sortir et sauver leur vie.

    * 21/22 mai : La Russie lance une offensive à Luhansk, l’une des deux provinces du Donbass, concentrant l’attaque sur les villes jumelles de Sloviansk et Sievierodonetsk.

    * 23 mai : Lors du premier procès pour crimes de guerre du conflit, un tribunal de Kyiv condamne un jeune commandant de char russe à la prison à vie pour avoir tué un civil non armé.

    * 25 mai : Poutine signe un décret simplifiant le processus d’acquisition de la citoyenneté et des passeports russes par les résidents des districts nouvellement capturés dans le but de renforcer l’emprise de Moscou sur le territoire saisi.

    * 29 mai : le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qualifie la « libération » du Donbass de « priorité inconditionnelle » pour Moscou, tandis que les forces russes semblent sur le point de s’emparer de toute la région de Louhansk après des jours de gains lents mais réguliers.

    * 31 mai : Les responsables locaux disent qu’il n’est plus possible d’évacuer les civils piégés à Sievierodonetsk, où les forces ukrainiennes tiennent toujours, mais une grande partie de la ville est sous contrôle russe.

    * 1er juin : La Russie critique la décision américaine de fournir des systèmes de roquettes avancés à l’Ukraine, avertissant qu’elle pourrait élargir le conflit et augmenter le risque de confrontation directe avec Washington.

    * 2 juin: Zelenskiy plaide pour plus d’armes occidentales pour aider l’Ukraine à atteindre un « point d’inflexion » et à l’emporter dans la guerre. L’Union européenne donne son approbation finale à de nouvelles sanctions contre le pétrole russe et la banque Sberbank.

    * 3 juin: L’Ukraine ne prévoit pas d’utiliser des systèmes de lance-roquettes multiples qu’elle reçoit des États-Unis pour attaquer des installations en Russie, a déclaré un conseiller présidentiel ukrainien. Le ministère britannique de la Défense a déclaré qu’au 100e jour de l’invasion russe, Moscou n’avait pas atteint ses objectifs initiaux de s’emparer de Kyiv et des centres du gouvernement, mais qu’il obtenait un succès tactique dans le Donbass.

    Reuters, 03 juin 2022

    #Ukraine #Russie