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  • L’UMA rattrapée par l’histoire d’un gazoduc

    Tags : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie, Union du Maghreb Arabe, UMA, Gazoduc, Sahara Occidental,

    Le passé rattrape toujours le présent. Il le rattrape nous dit-on, lorsque la compréhension nous échappe. Si l’on part de cet énoncé, on peut aussi déduire que le passé n’est jamais bien loin de nous. L’union du Maghreb est un projet des peuples libres de la région. Platon autrefois, définissait l’esclave par ces mots : « Un être qui exécute les projets conçus par d’autres ». On sait qu’un authentique projet trouve toujours son point de départ dans l’élan de ses élites. Toutefois, ni l’élan, ni l’impulsion et encore moins le désir ne réalisent un projet. Le projet suppose la vision d’un but clair, net et précis. Même s’il est vrai que le modèle déjà existant de la communauté économique Européenne (CEE) est pour beaucoup dans cette histoire. Le projet appelé, l’union du Maghreb arabe (U.M.A) assure se fonder sur un détour par l’histoire, qui serait particulièrement instructive à ce sujet si l’on s’acquitte d’un détour dans cette même histoire commune.

    L’Union Maghrébine, une revendication des mouvements nationaux.

    Évoquer en quelques lignes l’historique des mouvements nationalistes d’Afrique du Nord pendant la période coloniale mondiale serait en soi une tâche inutile puisque d’excellents ouvrages ont retracé cette histoire. Ainsi, les premières tentatives modernes sont liés aux au déballage du nationalisme arabe à l’aube du XXe siècle en exil notamment les Jeunes Tunisiens dont Ali Bach Hamba qui crée en 1916, le Comité de libération du Maghreb arabe. Mais, c’est, le rôle précurseur de l’Etoile nord-africaine (ENA) qui va porter les espoirs des masses sédentaires et paysannes, et en provoquant la prise de conscience des populations du Maghreb et l’indépendance de l’Algérie à partir de 1926.Les nationalistes algériens, marocains, et tunisiens se retrouvent au Caire où se tient le 1er congrès du Maghreb arabe du15 au 22 février 1947. Parmi les plus connus d’entre eux : Khider, Ben Bella, Ait Ahmed pour l’Algérie ; Salah Ben Youssef, Tayeb Slim, Rachid Driss, Brahim Tobal, pour la Tunisie et, pour le Maroc, l’émir Abdelkrim, Allal El Fassi, Ben Mellih, Majid Bengelloun. Une année plus tard, en janvier 1948, un « Comité de libération du Maghreb arabe » est créé sous l’égide de l’Émir Abd el Krim el Khattabi, Bourguiba secrétaire général et Ben Abboud trésorier.

    L’action politique à cette époque visait deux objectifs : mobiliser les forces du panarabisme contre le colonialisme et obtenir l’appui des Nations Unies. Mais, le grand mythe de l’unité de la Nation arabe a longtemps obscurci l’histoire réelle des rapports entre la Ligue arabe et les nationalismes maghrébins. Ce mythe a suscité des représentations fausses et illusoires.

    Le projet avant-gardiste de la conférence de Tanger en 1958.

    Enfin, en 1958, la révolution algérienne lance le projet de la conférence de Tanger entre les chefs des mouvements nationaux du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie dans le but d’entamer la création de cette union. Algériens, Tunisiens et Marocains, ont donc posé les premiers jalons de l’idée moderne d’une union Maghrébine.

    L’appel lancé à la conférence de Tanger le 27 au 30 avril 1958 qui occupe la place centrale dans le projet maghrébin. Ferhat Abbas, Abdelhafid Boussouf, Abdelhamid Mehri, ont représenté le FLN à cette conférence. Notons que, c’est Allal El Fassi, Ahmed Balafrej, Abderrahim Bouabid et Mehdi Ben Barka qui ont représenté le coté Marocain. Il est utile de rappeler que Mehdi Ben Barka, était enlevé le 29 octobre 1965 au boulevard Saint-Germain à Paris, puis assassiné ce jour là. Mais Son corps n’a jamais été retrouvé.

    Le retour à la période médiévale dans le projet d’union.

    D’une manière malencontreuse, et contrairement à l’optimisme qui prévaut à l’époque, l’esprit de Tanger ne durera pas après la mort du sultan Mohamed V. Dès 1962 apparaîtront les premières entraves au processus d’unification avec cette inutile guerre des Sables entre l’Algérie et le Maroc, en octobre 1963. Le contexte d’un Maghreb post-indépendance accompli en 1962 accouche d’un projet tout nouveau tout beau. À vrai dire, c’est une thèse Médiéviste, elle nous renvoie à la moitié d’un limpide onzième siècle. Tout en essayant de nous expliquer que dans l’histoire du Maghreb, les deux plus grandes tentatives d’une union de construction étatique, sont enregistrées au temps des Moravides (1040-1147) et Almohades (1147-1269). La question se pose, le Maghreb a-t-il constitué une la nation Maghrébine à cette époque ? Ainsi Cette thèse hybridée à un islamisme qui ne dit pas son nom, l’idée moderne d’une union maghrébine n’est pas tout à fait ce qu’on croit, puisque le projet d’union avait déjà existé selon cette thèse, sauf qu’il fallait maintenant, l’actualiser au temps présent. A première vue, la monarchie Marocaine dans ce cas d’union avec Marrakech comme capitale au contraire des autres républiques de la région, s’est investie dans la production et la réactualisation de son propre dispositif de légitimation. Pourtant, cette thèse ne justifie pas l’appellation union arabe puisque la première tentative est celle d’une dynastie berbère sanhajienne du sud, actuelle Mauritanie. La deuxième tentative des Almohades est celle des berbères Masmoudas dont le véritable fondateur et le chef mythique Abd-El-Moumène Ben Ali Agoumi né à Tejra entre Honaine et Nedroma en Algérie.

    Cependant, cette thèse est accepté par les élites politiques maghrébines parce qu’il faut comprendre que la période médiévale est présentée comme la base historique de la légitimation du combat national et d’indépendance. Certes, avec une place différente suivant les pays. Donc, il n’est guère étonnant que les élites des États issus de la décolonisation au Maghreb: aient produit un contre-récit valorisant l’inverse du discours colonial qui est la période médiévale.

    L’union maghrébine et le gazoduc Maghreb-Europe.

    La Tunisie est seule parmi les pays arabes, à reconnaître rapidement l’indépendance de la Mauritanie en 1960 et vote en faveur de son admission à l’Onu. Le Maroc ne l’accepte qu’en 1970 grâce aux efforts diplomatiques du feu Houari Boumediene, notamment avec l’échange d’ambassadeurs. Le problème technique de la « borne 233 » entre la Tunisie et l’Algérie est vite réglé en 1970. D’un autre coté, les accords entérinant les frontières issues de la colonisation entre le Maroc et l’Algérie se concrétisent en juin 1972. Ces accords sont ratifiés par Alger en mai 1973. Cependant, Rabat ne le fera que bien plutard en mai 1989. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? La mise au point se trouve dans le rapprochement entre Rabat et Alger sur la question de la création de l’union Maghrébine arabe. Il faudrait donc faire le lien entre ces deux événements dans la même année et bien évidemment le sommet de Zéralda moins d’une année auparavant. Bref, la fête pouvait commencer une fois le rapprochement concrétiser ! L’édification officielle du projet de l’UMA, s’est faite le 17 février 1989. L’UMA tiendra six sommets et adoptera bon nombre de conventions, mais ses activités seront totalement gelées en 1995 après une nouvelle crise entre Rabat et Alger, traduite comme on le sait par la décision du Maroc d’imposer des visas d’entrée aux Algériens et la fermeture par l’Algérie des frontières terrestres entre les deux pays.

    Certes, l’U.M.A répond à une volonté de renforcer les liens de fraternité qui unissent les Etats membres et leurs peuples. Mais, cette union Maghrébine arabe jusqu’à preuve du contraire, n’est pas ce qu’on peut appeler une réelle union homogène et cohérente. Elle est plutôt un rapprochement stratégique entre l’Algérie et le Maroc. En effet, le gazoduc Maghreb-Europe est une preuve d’un réel engagement de l’Algérie envers l’union des peuples et pays du Maghreb. Et pour savoir si cet engagement en valait la peine. Apparemment, il n’y avait qu’un seul moyen de le vérifier : Laisser le temps au temps. Après, un essai de 25 années. Peut-on alors penser que le Maroc a été rattrapé par ses vieux démons du moyen âge ?

    Accompagnons le bluffeur jusqu’à la porte de sa maison.

    Le gazoduc Maghreb-Europe (GME) fait partie des projets de réseaux transeuropéens (RTE) prioritaires qui ont été approuvés en décembre 1994. Cette infrastructure jouait un rôle important pour l’économie du Maroc aussi, puisque le gazoduc Maghreb-Europe alimentait d’abord la production d’électricité marocaine avant d’arriver à la destination finale qui est l’Espagne. Le contrat de ce gazoduc, a pris fin après 25 longues années, le 31/10/2021. Il n’a pas été reconduit.

    Il faut rappeler que ce grand projet d’union maghrébine n’a guère évolué depuis sa création en 1989. Rappelons que l’union Maghrébine arabe (U.M.A) est d’abord un rapprochement avant d’être une union étroite entre cinq pays de façon à former un tout homogène ou à faire plus qu’un tout harmonieux. Le premier sommet de ce projet, le 10 juin 1988 à Zéralda en Algérie formule dans son texte que la concrétisation du projet d’ensemble régional se fera par un « regroupement économique » et non pas par une union politique au grand dam du projet insurmontable du « Guide » libyen. Ce dernier a d’ailleurs, préféré s’aventurer vers un projet vide nommé : l’union des pays du sahel et du Sahara en 1997. On le voit bien, dés le début, le but n’est pas clair. Il faut me croire sur parole, dit le menteur. Pour la Tunisie et la Mauritanie, il s’agissait de profiter de l’opportunité que le temps leur offrait. Pour le Maroc, on peut affirmer aujourd’hui, qu’à la base, le royaume chérifien ne briguait que le versant économique ou plutôt commercial du projet de l’union.

    Depuis 1989, le volume des échanges entre États du Maghreb est très faible. Il ne dépasse guère les 5 %. Pour aller plus loin, il fallait mettre sur pied un projet de « marché commun maghrébin » disent certains. Mais, celui-ci n’était pas d’actualité et même jusqu’à aujourd’hui. Hormis entre la Tunisie et l’Algérie, il n’y a aucune mesure de libre circulation. Là où les réticences se manifestent le plus, c’est entre le Maroc et l’Algérie, notre pays pensait qu’il n’y gagnera rien dans ce rapprochement. On peut affirmer aujourd’hui, qu’il avait raison. Cependant, pour l’Algérie un gazoduc Maghreb – Europe (GME) opérationnel depuis 1996, « était un pari sur l’avenir et une preuve de notre réel engagement envers les peuples maghrébins », confirme lundi dernier un responsable Algérien. Tout en ajoutant, que sa réalisation était « une expression tangible et réaliste de notre profonde conviction concernant l’importance de la fusion régionale et de la valeur ajoutée que représentent ces infrastructures réalisées pour la complémentarité maghrébine. En contrepartie, le Maroc, s’est engagé dans cette union à accepter que le conflit bien évidemment politique du Sahara Occidentale doit se régler dans les offices des nations unis (O.N.U). En 1991, le roi Hassan II, accepte un référendum d’autodétermination tout en le rangeant dans un tiroir, après avoir récupéré ses centaines de prisonniers détenus par le Polisario. D’ailleurs, la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été créée dans ce sens par la résolution 690 du Conseil de sécurité en date du 29 avril 1991, suite à l’acceptation des propositions de règlement par le Maroc et le Front POLISARIO, le 30 août 1988 et donc moins de trois mois après le sommet de Zéralda à Alger. Apparemment, la république Algérienne s’adonnait « inéluctablement » à appliquer l’adage bien de chez nous : « Accompagne le bluffeur jusqu’à la porte de sa maison».

    Pour conclure, certains aiment radoter le proverbe juif : « C’est un grand art que de vendre du vent ». Mais attention là, il s’agit des peuples de la région du Maghreb. Amadouer les peuples a des limites. Voila pourquoi un détour historique était inévitable. Ce projet de l’union du Maghreb arabe est quasiment incomparable à celui de l’union Européenne. Cette U.M.A a beau être un projet pour les cinq pays de la région. Hélas, le Maroc n’était pas à la hauteur de l’ambition historique et stratégique que représente cet immense projet pour le grand Maghreb. Il est donc présumable que, le boiteux projet d’union déclenché en 1989 est bel et bien mort et enterré.

    Par Al-Mecherfi.

    Karim OULDENNEBIA

    Bel-Abbès Info, 08 Novembre 2021

    #Maghreb #UMA #Maroc #Algérie #Tunisie #Mauritanie #Libye #Sahara_Occidental

  • Maghreb: le Makhzen, poison politique et trublion régional

                                    Maroc, Algérie, Maghreb, Makhzen, UMA, Israël, Pegasus, Espionnage

    par Mahdi Boukhalfa*
    Le 24 août 2021, l’Algérie annonce qu’elle rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc, son voisin de l’ouest.
    L’annonce du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’a pas fait l’effet d’une bombe dans le paysage médiatique, diplomatique et politique international, tant la brouille persistante entre les deux pays était devenue en quelque sorte une constante tendancielle de leurs relations depuis plus d’un demi siècle. En particulier durant les dernières années du long règne d’Abdelaziz Bouteflika : A la veille des festivités nationales en 2013 du déclenchement de la révolution armée algérienne, le 31 octobre au soir, un jeune marocain est monté, excité et encouragé par une foule déchaînée lors d’une de ces récurrentes manifestations anti-algériennes, sur le toit du consulat d’Algérie à Casablanca et a enlevé de son socle le drapeau algérien. L’incident diplomatique, s’il en est, n’a pas trop formalisé Alger, juste une note de protestation. Les autorités algériennes étant habituées par ce genre d’actes hostiles de leur voisin, ont préféré se concentrer sur les festivités marquant le 59eme anniversaire du 1er novembre 1954.
    A Rabat également, aucune réaction officielle ; on s’est tu, et aucun communiqué du gouvernement ou de la diplomatie marocaine, en d’autres occasions si prompte à bomber le torse, n’a été émis pour sanctionner cette grave atteinte contre l’honneur de l’Algérie, un pays ami et voisin. Le ‘’quidam », sans doute manipulé, n’a écopé que d’un mois de prison, avec sursis. 
    Ailleurs, si l’incident s’était déroulé à Alger, cela aurait déclenché les plus vives protestations du Makhzen, le rappel de l’ambassadeur, et une large campagne médiatique contre l’Algérie. Mais, dans l’océan trouble des relations en dents de scie entre les deux pays, il y a eu pire, puisque c’est l’état marocain lui-même qui en est le responsable, sinon l’instigateur. 
    En juin 2005, une délégation ministérielle algérienne de haut niveau conduite par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, devait se rendre à Rabat pour discuter de plusieurs dossiers de la coopération bilatérale entre les deux pays, notamment les questions consulaires, politiques et économiques. Cette visite de travail devait également, in fine, ouvrir la voie à des discussions plus poussées pour la réouverture des frontières. Pourtant, à la veille de cette visite, Rabat se fend d’un communiqué de son ministère des Affaires étrangères et de la coopération pour inviter la délégation ministérielle algérienne à surseoir à son déplacement au Maroc.
    A Alger, c’est la douche froide. Une volte-face dont le Maroc a habitué autant ses partenaires économiques, politiques que les organisations internationales, les Nations Unies au premier rang. Le Maroc est un état qui donne cette désagréable sensation que l’on a affaire à un enfant gâté ; si ses désirs ne sont pas satisfaits, il se met à crier et à tout casser, y compris tout ce qui le lie avec ses voisins, et même ses protecteurs. 
    La seconde crise créée par Rabat cet été est celle des migrants subsahariens, qu’il a encouragés à envahir l’enclave espagnole de Melilla, ainsi que celle où plus de 6000 Marocains avaient gagné à la nage en mai 2021 l’autre enclave espagnole, Ceuta. Ces manquements aux accords de Rabat avec l’UE en matière de gestion des flux migratoires sont interprétés comme une sorte de chantage du Makhzen contre Madrid, Paris et Bruxelles pour entériner définitivement son annexion du Sahara Occidental. 
    Cette nouvelle phase dans le bras de fer que veut mener le Maroc avec ses partenaires européens s’explique en fait par le deal entre Washington, Mohamed VI et l’entité sioniste en décembre 2020, alors que Donald Trump, battu aux présidentielles, avait engagé els USA sur une mauvaise pente.
    Le Maroc, début 2021, pense ainsi être bien protégé par le parapluie américain, après avoir accepté un accord de dupes avec le président sortant Donald Trump, qui avait proposé au Palais royal de normaliser ses relations diplomatiques avec l’entité sioniste, pour la réintroduire dans la sous-région maghrébine, en échange d’une reconnaissance par Washington de ‘’la souveraineté » marocaine au Sahara Occidental. 
    Cette proposition faite par Trump le 10 décembre 2020 a donc été bien évidemment acceptée par Rabat. Dopé par l’appui US à ses revendications territoriales illégitimes, le royaume du Maroc a donc tout naturellement ressorti l’arme du chantage migratoire, en ouvrant deux fronts de tension avec Madrid et Berlin, deux Etats importants de l’Union européenne. Cela correspond à l’invasion en mai 2021 des marocains de l’enclave espagnole de Ceuta, sous l’œil complice de la police et les ‘’M’khaznias », la police communale, ainsi appelée au Maroc. La raison de cette incartade diplomatique de Rabat : Madrid avait accepté pour des raisons humanitaires l’hospitalisation sur son sol du président de la RASD Brahim Ghali. 
    Avec Berlin, Rabat est allé plus loin en rappelant son ambassadeur pour consultation, après avoir ouvertement accusé le gouvernement allemand ‘’d’actes hostiles ». Ces ‘’actes hostiles » se résument en réalité à la position de l’Allemagne qui n’a pas ajouté un quelconque crédit à la ‘’reconnaissance de Washington », sous le règne finissant de Trump, de la souveraineté marocaine au Sahara Occidental. L’Allemagne d’Angela Merkel avait ‘’pris ses distances » avec la proposition de Trump en demandant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara occidental, un territoire occupé depuis 1975 par le Maroc. 
    Berlin, fidèle aux résolutions onusiennes, n’avait fait que rappeler le respect du droit international, en vertu de la résolution sur la tenue d’un référendum d’autodétermination que le Maroc a toujours refusé et repoussé sans cesse ‘’aux calendes grecques ». Pour autant, la crise de Ceuta a davantage malmené l’image déjà terne du royaume chérifien auprès des gouvernements européens. 
    Les révélations en juillet par les médias internationaux de l’utilisation par le Maroc contre la France ou l’Algérie du logiciel espion Pegasus, fourni par la société israélienne NSO, ont encore enfoncé le Maroc. Dans le cas par ailleurs de Bruxelles, Rabat exerce sur l’union européenne le chantage économique à travers l’accord de pêche en vertu duquel la flotte espagnole surtout, mais également française, pille les richesses halieutiques des eaux extrêmement poissonneuses du Sahara Occidental. Et, sur ce chapitre, le Maroc a toujours joué pour faire monter la pression politique, et la tension économique à Madrid, en traînant des pieds pour ratifier un accord de pêche de toute façon illégal ; et qu’on a toujours dénoncé à Strasbourg. Le cas français, par contre, est encore plus symptomatique des manœuvres de chantages et d’atermoiements du Maroc pour obtenir gain de cause, en dépit de la légalité et les lois internationales, auprès de certains de ses partenaires politiques.
    Il en est ainsi de l’affaire Hammouchi, Abdellatif de son prénom, qui a défrayé la chronique judiciaire et diplomatique entre Paris et Rabat entre 2014 et 2016. Le Maroc, cela est connu dans toutes les chancelleries, traîne beaucoup de casseroles, dont celle qui voudrait que le pays souffle le chaud et le froid dans ses relations diplomatiques, qu’il n’inspire pas tellement confiance quant au respect de se ses engagements internationaux. Il en est ainsi de l’affaire de justice, qui avait éclaté en février 2014, à la suite du dépôt d’une première plainte en mai 2013 d’une association française de lutte contre la torture visant le patron du contre–espionnage marocain Abdellatif Hammouchi.
    En février 2014, se rendant compte que le chef de la DGST du Maroc faisait partie de la délégation officielle menée alors par le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, ancien wali de Tanger, l’Acat réactive sa plainte pour torture contre le chef de la DGST. Et donc, juste après que l’information sur la présence sur le sol français d’Abdellatif Hammouchi a fuité, Atac réactive sa plainte et le parquet parisien envoie sept policiers à Neully-sur-Seine, lieu de la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris, pour notifier au chef du contre-espionnage marocain une convocation émanant d’un juge d’instruction. A Rabat, on s’indigne et on crie au crime de ‘’lèse majesté ». L’ambassadeur de France, Charles Fries, est convoqué par le ministère des Affaires étrangères marocain ‘’pour lui signifier la protestation vigoureuse du royaume ». 
    Dans la foulée, les marocains suspendent sine die leur coopération judiciaire avec la France, au plus fort de la radicalisation de ressortissants français d’origine marocaine notamment et déposent une plainte pour ‘’dénonciations calomnieuse ». La justice française statuera de son côté en juillet 2016 dans cette affaire, classant ‘’sans suite » autant la plainte de l’Acat que celle des autorités marocaines. Mais, la suspension par le Maroc de sa coopération judiciaire, en particulier le volet de la lutte antiterroriste avec Paris avait provoqué une véritable panique au sein des services de sécurité de l’Hexagone. 
    La France passe donc l’éponge, Rabat rétablit sa coopération judiciaire avec Paris, qui, pour accompagner ce geste, récompense un tortionnaire, selon les ONG de défense des droits de l’homme à Rabat, au rang de ‘’Chevalier de la Légion d’Honneur ». Ce sera Bernard Caseneuve, ministre de l’Intérieur à l’époque, qui va s’exécuter et remettre samedi 14 février 2015 à Rabat, en personne et en tant que premier policier Français, la décoration à son controversé récipiendaire.
    C’était une offrande des socialistes français. ‘’ La France avait déjà eu l’occasion de distinguer monsieur Hammouchi en 2011 en lui attribuant le titre de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Elle saura prochainement lui témoigner à nouveau son estime en lui remettant cette fois les insignes d’Officier », avait déclaré à Rabat Bernard Caseneuve. Cette affaire résume tristement le comportement d’un pays, qui exerce autant le chantage que la provocation dans ses rapports avec la communauté internationale. Et celle de la France officielle qui, pour maintenir son influence dans la région, est capable des pires compromissions.
    Pour les autorités algériennes, ce comportement est symptomatique des nombreuses fuites en avant du Maroc et de la France devant leurs responsabilités internationales. Et, surtout, que l’on doit se méfier de toute ouverture qui viendrait à contre courant de la conjoncture internationale, ou régionale qui émanerait du Makhzen. Et donc la réaction outrée d’une Algérie fatiguée de supporter les incartades diplomatiques de son voisin de l’est, n’a pas surpris les capitales arabes et occidentales. Officiellement, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc après une série d’ ‘’actes hostiles » répétés de ce dernier. La réaction de la diplomatie algérienne est en fait l’annonce de la décision prise quelques jours plus tôt par le Haut conseil de sécurité (HCS) algérien à l’issue d’une réunion extraordinaire, qui a souligné que la répétition des actes hostiles du Maroc avait ‘’nécessité la révision des relations entre les deux pays ‘’. 
    Parmi les actes hostiles dont fait mention le HCS algérien, l’appel du Maroc aux pays Non Alignées, mi-août 2021, à soutenir un mouvement séparatiste algérien, classé par Alger comme organisation terroriste. Un appel à la sédition dans une Algérie alors en lutte sur un double front : contre une forte propagation de la pandémie du Covid-19, et d’impressionnants feux de forêts d’est en ouest du pays, qui ont causé des dizaines de morts, entre familles entières, de jeunes éléments de l’ANP et des citoyens des régions touchées par cette catastrophe naturelle. 
    C’est dans ces pénibles circonstances, dramatiques même, que le Maroc, le voisin de l’ouest, a lancé une ‘’énième » attaque frontale, peu glorieuse, contre Alger pour exiger des pays Non Alignés qu’ils entérinent la partition de l’Algérie en soutenant le MAK (mouvement pour l’autonomie de la Kabylie), une organisation interdite, classée comme terroriste, dont les principaux responsables sont en France. 
    Pire, Rabat a été une rampe de lancement pour une attaque frontale de l’entité sioniste contre l’Algérie, critiquant les relations d’Alger avec l’Iran ; une réaction explicite et à chaud d’Israël après le refus de l’Union africaine de l’accepter comme ‘’membre observateur » à l’issue d’une intense campagne algérienne contre la présence de l’entité sioniste au sein de l’Union. 
    Le Maroc hypothèque en permanence l’avenir d’un ensemble maghrébin dont les pères fondateurs avaient voulu qu’il soit un bel espace d’entente, d’union et de prospérité, solide sur ses assises historiques, bien intégré entre l’Afrique et l’Europe, entre ses différents peuples, qui parlent la même langue, ont de profondes relations familiales, et ont combattu ensemble la colonisation française.
    Fatalement, pour l’hiver prochain et probablement les années qui s’annoncent, si les relations ne sont pas rétablies d’ici là entre les deux pays, c’est bien le Maroc qui va sentir la moutarde algérienne lui monter au nez, après la fin du contrat sur le Gazoduc Maghreb Europe (GME), qui alimentait en gaz naturel algérien plusieurs centrales électriques marocaines. Après l’épisode douloureux de l’agression militaire du Maroc d’octobre 1963, lorsqu’Hassan II avait voulu annexer de force Tindouf et une partie de la région de Béchar, l’arrivée de Houari Boumediène en juin 1965 au pouvoir à Alger a calmé la situation, et refréné les appétits territoriaux d’Hassan II.
    Il y a eu dans la foulée de cette « lune de miel » de la fin des années 1960, le Traité d’Ifrane sur la mise en place d’une nouvelle relation de coopération entre les deux Etats.
    A Rabat, le jeudi 15 juin 1972, les deux chefs d’état, après s’être entendus sur le tracé définitif de leurs frontières, avaient dans un communiqué commun souligné officiellement que ‘’la qualité des relations de fraternité qui existent entre l’Algérie et le Maroc ne saurait ériger la frontière en obstacle, mais en faire au contraire un lieu d’interpénétration des sentiments et des intérêts «. Le même communiqué ajoute que les deux chefs d’Etat entendent, ‘’par la conclusion et la signature de la convention définissant la frontière algéro-marocaine et la convention de coopération pour la mise en valeur de la mine de Gara-Djebilet, établir une paix permanente pour les siècles à venir «. Un vœu pieu, car quelques années après, Hassan II confirme en 1975 toute l’inconstance et la versatilité souvent puérile de la diplomatie marocaine : il annexe le Sahara Occidental et ouvre un front de tension avec l’Algérie, et, dans la foulée, ferme les frontières communes.
    Aujourd’hui, le Maroc devra avoir le courage politique pour effacer toutes ses erreurs passées, ses fuites en avant, ses multiples agressions, politiques et militaires contre son voisin de l’est, ses coups de boutoir contre un pays plus que patient ; plus que tolérant, à l’image du grand frère qui ne se formalise pas trop devant les idioties et les imbécilités de son cadet. Oui ; mais la patience a ses limites, n’est-ce pas ? En attendant des jours meilleurs, c’est la construction du Maghreb des peuples, qui est ainsi retardée, hypothéquée par le Maroc, qui s’obstine à imposer à la communauté internationale des prétentions politiques sur un territoire qu’un simple référendum d’autodétermination au Sahara Occidental aurait résolu depuis longtemps.
    *(Auteur ; journaliste)
    Ancien collaborateur du Quotidien d’Oran, Mahdi Boukhalfa a notamment écrit « La révolution du 22 février, de la contestation à la chute des Bouteflika » (Chihab Editions, Alger Oct.2019), ‘’La Cantera », il était une fois Bab El Oued », Editions El Qobia, Alger juillet 2021, ‘’Pavillon Covid-19, sept jours en enfer », Editions El Qobia, Alger, Mars 2021 ; ‘’La marche d’un peuple, les raisons de la colère », Editions du Net, Paris, Août 2020.
  • Une intégration maghrébine sans le Maroc, un impératif

    Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Maghreb, UMA, #Maroc, #Algérie, #Sahara,

    Une intégration maghrébine sans le Maroc, désormais un impératif incontournable

    Les espoirs suscités en 1989 par la création de L’union du Grand Maghreb ont fini par voler totalement en éclats à la suite de la rupture, ce 24 août ,des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. De reniements en palinodies, le Maroc est parvenu à faire de cette Union géostratégique importante bénie par tous les peuples de la région, une coquille vide.

    Depuis 1991, date à laquelle le Maroc, profitant de la grave crise politique en Algérie, a commencé à revenir sur ses engagements pour la mise en place, dans le cadre maghrébin, d’un référendum pour le Sahara Occidental, l’Union maghrébine commençait à battre de l’aile et à n’avoir qu’une existence symbolique.

    La décision intempestive du Maroc en 1994 d’imposer les visas aux ressortissants algériens a rendu cette Union quasiment caduque ,puisque depuis cette date le Conseil des chefs d’État des pays membres ne se s’est plus jamais réuni.

    Le Maroc qui a montré ses crocs en 1991 en croyant que l’Algérie va être emportée dans le tourbillon du terrorisme islamiste, vient de refaire trente ans plus tard, les mêmes gestes belliqueux, cette fois-ci en espionnant les responsables algériens à laide d’un logiciel israélien et en plaidant pour la nécessité de faire jouir pleinement les Kabyles d’un droit à l’autodétermination.

    Il faut dire que le Maroc n’a jamais cessé d’afficher depuis la création de l’union maghrébine son peu de cas qu’il fait de cette Union qu’il a voulu utiliser à son profit en réglant en sa faveur la question du Sahara occidental. Les pays du grand Maghreb doivent penser d’ores et déjà à se passer de ce voisin encombrant.

    La création des espaces économiques communs est un impératif incontournable et cela doit se faire même si le Maroc continue à jouer au trublion.

    L’heure est à l’intégration régionale et à la construction de communautés économiques fortes en Afrique pour répondre aux grands défis des regroupements et du développement régionale qu’impose la logique de l’époque.

    Les Etats du Grand Maghreb doivent aller rapidement, sans attendre le bon vouloir du makhzen marocain, vers la mise en place de tous les dispositifs permettant de créer une communauté économique viable dans la région. Les objectifs de création d’une monnaie unique, d’une banque centrale maghrébine, d’un parlement maghrébin… et d’autres outils au service de cette réalisation doivent être atteints à l’horizon 2030. C’est une nécessité absolue pour éviter de mettre toute la région dans l’œil du cyclone, d’autant plus que l’entité sioniste y a déjà mis le pied avec le concours de Rabat.

    Il faut dès maintenant ouvrir les frontières aux personnes, aux capitaux et aux marchandises entre les pays de cet ensemble atteint actuellement d’atrophie à cause des rétropédalages marocains. Les diplomaties des pays de l’Afrique du Nord pays doivent redoubler de dynamisme ces temps-ci pour assainir les différends et lever tous les obstacles qui se dressent sur le chemin de la coopération et de l’intégration régionale.

    La nouvelle union doit inclure non seulement les pays dits du Maghreb mais également les pays du Sahel à l’image du Mali’ le Niger, le Nigéria…

    L’Express, 29/08/2021

  • L’UMA: un projet mort-né

    L’UMA: un projet mort-né

    Union du Maghreb Arabe, UMA, Maghreb, France, Maroc, Algérie, #Maroc, #Algérie

    Pour créer un Etat national, il faudrait qu’une certaine culture de cet Etat soit une réalité vécue parmi les gouvernants et les gouvernés. La même chose pour créer un ensemble régional, à l’instar de l’Union du Maghreb Arabe, par exemple, né, il y a 32 ans, pour créer une organisation économique et politique, visant à unifier l’ensemble des cinq Etats de cette aire géographique connue sous le «très ancien» nom du Maghreb, Maghreb Arabe ou Grand Maghreb…

    Le but n’était autre que d’unifier les moyens et les efforts afin de créer une force politique et économique, pouvant avoir son mot à dire, dans la politique régionale… Un peu plus de 100 millions d’habitants et une très vaste superficie géographique, dotée d’immenses richesses.

    Un tel ensemble, s’il avait la chance d’être réalisé, selon ses rêves et ses aspirations, pourrait rivaliser avec l’Union Européenne.

    A vrai dire, ni l’Espagne, ni la France n’accepteront de voir une force, véhiculant une langue, une culture, une religion qui ont été, tout au long de l’Histoire, une source de conflits avec le partenaire de la rive nord de la grande bleue.

    Une certaine lecture propagandiste en provenance de la rive nord, laissant croire que l’échec du projet serait dû, essentiellement, aux conflits opposant quelques pays membres, notamment l’Algérie et le Maroc. Le grand point faible de ces entités politiques du Maghreb, c’est bien l’absence de souveraineté. Ce sont des pays presque pris en otage par l’ancienne puissance coloniale. Et cette dernière préfère voir les indigènes de ses anciennes colonies s’entredéchirer par et pour de faux problèmes.

    Dans les cinq pays subsistent toujours, des personnalités influentes, des courants politiques, linguistiques, culturels et idéologiques qui sont reliés, comme par un cordon ombilical, à l’ancienne puissance colonisatrice d’où, ils puisent leur raison d’exister. Donc, il n’y aurait pas de projet UMA, tant que ce projet porte en son sein une religion qui a été pendant plus de mille ans, une source de conflits.

    La France aime bien voir des entités maghrébines stables et sans problèmes. Cependant, elle préfère voir des pays de la rive sud faibles, anéantis, dépendant politiquement et économiquement de sa seule volonté. Rappelez-vous que c’est une opération, menée par «des services de renseignements», qui avait donné le coup de grâce à un projet qui venait de boucler ses cinq années d’existence.

    Actuellement, l’UMA existe toujours, mais c’est plutôt une existence fantomatique. Les ennemis de dehors et leur cinquième colonne de dedans, continuent sans relâche à ce que ce projet ne revoie plus le jour…

    Le Carrefour d’Algérie, 08/09/2021

  • Union du Grand Maghreb : Le rêve différé

    Maroc, Algérie, Maghreb, UMA, #Maroc, #Algérie,

    L’Union du Grand Maghreb stagne et sa réactivation est de nouveau remise aux calendes grecques, après la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc.

    L’animosité historique du royaume qui s’est confirmée au fil des années à travers ses actions aussi hostiles que malveillantes à l’égard de notre pays n’a comme seul résultat que de compromettre l’avenir de cette organisation.

    L’Union s’est, d’ailleurs, transformée en une entité administrative protocolaire, menacée de disparition, après la recrudescence des tensions entre Alger et Rabat.

    Si pour certains l’espoir d’unification de millions de Maghrébins est invincible, pour d’autres, il est difficile de s’accrocher à cet idéal, alors que l’Union est dans un état léthargique prolongé. L’organisation n’a pu, en effet, depuis 1994 tenir aucun sommet économique réunissant les cinq pays.

    L’annonce de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA), le 17 février 1989, fut un moment historique pour les peuples de l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie qui avaient toujours espéré unir leurs forces économiques qui se complètent.

    Tout y concourait : un relief favorisant des échanges humains, une langue commune et un fonds de croyances et de traditions communes.

    Les populations du Maghreb ont vu, par-delà les vicissitudes de cette histoire elle-même, le sentiment de leur unité spécifique s’affermir et se consolider.

    Ce rêve d’intégration sur le modèle de l’Union européenne est, désormais, dans une impasse et l’espoir de voir l’Union maghrébine se concrétiser s’amenuise au vu des différends qui perdurent entre les pays voisins les empêchant de converger vers un projet unique.

    Car, outre les tensions aiguës qui existent entre l’Algérie et le Maroc, le reste des pays du Maghreb sont confrontés à de nombreuses crises politiques, économiques et sécuritaires.

    Devant cette situation complexe, beaucoup espèrent voir à l’avenir ressurgir une nouvelle réflexion constructive de l’idée d’unité nord-africaine.

    Mais au-delà de l’obligation pour les cinq pays d’avoir un objectif commun, ce projet a besoin de paix et de la libre circulation des personnes. Des éléments qui ne sont toujours pas réunis dans la région. L’émergence d’une telle force régionale constituerait, en somme, la pierre angulaire pour relancer les initiatives de coopération et d’intégration auxquelles aspirent les populations nord-africaines depuis leur indépendance.

    Le chef du Conseil présidentiel libyen, Mohamed El Manfi, a appelé, dans ce sillage, à la reprise des réunions de l’UMA. El Manfi a souligné, lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie mauritanienne, «l’importance d’activer l’Union du Maghreb arabe et de soutenir ses institutions», ajoutant que «la Libye fera tout ce qui est en son pouvoir pendant la période actuelle pour atteindre cet objectif, en coopération avec les frères en sa qualité d’actuel président de l’Union».

    Dans cette optique, le président tunisien a exprimé sa volonté de voir les réunions de l’UMA qui on été suspendues à différents niveaux relancées.

    Horizons, 29/08/2021

  • Le Maroc est derrière l’échec de l’Union du Maghreb

    Algérie, Maroc, Union du Maghreb Arabe, UMA,

    S’agissant de l’engagement lié à l’accélération de la construction de l’Union du Maghreb , et après la constitution de l’Union du Maghreb Arabe en tant qu’organisation régionale dont la création s’est inscrite dans le prolongement de la normalisation des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, il est clair que le Royaume du Maroc est l’Etat membre qui a ratifié le moins d’accords à l’exception volontaire des accords structurant l’espace maghrébin.
    La meilleure preuve de cette tendance est peut-être la décision unilatérale marocaine, en date du 20 décembre 1995, de geler les activités des institutions de l’Union du Maghreb arabe, poussant ainsi progressivement l’Union du Maghreb vers une mort lente.
    Il est clair que le Royaume du Maroc a automatiquement et définitivement sapé l’accord consensuel sur lequel les deux pays se sont appuyés pour dessiner les traits d’une relation fraternelle fondée sur la bonne foi, la confiance mutuelle, le bon voisinage et la coopération.
    Ainsi, les dirigeants du Royaume du Maroc portent la responsabilité de la succession de crises, les unes après les autres, dont la gravité n’a cessé de croître, entraînant ainsi les relations algéro-marocaines dans une impasse.
    Ce comportement marocain entraîne inévitablement les peuples de la région vers le désaccord et la confrontation au lieu de la fraternité, de l’intégration, de l’intégration et de l’unité, car il met gravement en péril leur présent et leur avenir.
  • Champ politique maghrébin: L’intrusion de l’entité sioniste se confirme

    Algérie, Maroc, Israël, Union du Maghreb Arabe, UMA, Union Africaine, UA, Ligue Arabe, monarchies du Golfe,

    La succession de déclarations hostiles à l ‘Algérie faites par des responsables de l’entité sioniste confirme le constat selon lequel les Israéliens ont bel et bien fait intrusion dans le champ politique maghrébin, qui n’aurait pas été possible sans l’aide du Maroc.
    Quelques jours après les propos hostiles à l’Algérie tenus par le chef de la diplomatie israélienne, deux autres responsables de l’entité sioniste ont pris le relais dès l’annonce par Ramtane Lamamra de la rupture des relations avec le Maroc, allié des Israéliens au Maghreb. Le ministre des Affaires étrangères israélien avait critiqué, lors de sa récente visite à Rabat, le fait que l’Algérie se soit opposée à l’adhésion de l’entité sioniste à l’Union africaine en tant qu’observateur, exprimant son «inquiétude» quant à l’existence d’une «coopération entre l’Algérie et l’Iran».
    Ce même reproche a été exprimé, quelques jours plus tard, par le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Un troisième responsable de l’entité sioniste, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat à l’AFP, a critiqué lui aussi les positions algériennes.
    Lors de la conférence de presse du 24 août, durant laquelle il a annoncé la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, le ministre algérien des Affaires étrangères a pointé du doigt l’intrusion israélienne dans l’espace maghrébin et le rôle joué, dans ce sens, par le Maroc. «Il faut bien se rendre compte que jamais depuis 1948 un membre d’un gouvernement israélien n’a été entendu émettre des jugements et proférer des messages contre un pays arabe à partir du territoire d’un autre pays arabe», a-t-il déclaré.
    Le 15 août courant, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi aux propos du chef de la diplomatie israélienne estimant que ses «déclarations fallacieuses et malveillantes» traduisaient une «sourde volonté» d’entraîner l’entité sioniste dans une «aventure hasardeuse» dirigée contre l’Algérie. Il s’agissait, selon la diplomatie algérienne d’une «sortie intempestive, dont le véritable instigateur n’est autre que Nasser Bourita en sa qualité de ministre des Affaires étrangères du royaume du Maroc».
    Dans leur démarche de rapprochement avec le royaume du Maroc, les responsables israéliens ont mis en avant une prétendue volonté d’assurer la paix et la prospérité pour «toute la région». Un pari d’autant plus difficile que l’entité sioniste est impliquée dans des crimes de guerre contre les populations palestiniennes. Elle est notamment accusée par l’organisation Amnesty international d’avoir commis des crimes de guerre, au moins, depuis l’année 2014.
    Entretien réalisé par Karima Alloun
    L’analyste politique et président du think tank Club Emergences, Badis Khenissa, aborde, dans cet entretien, les retombées de la décision de notre pays de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, sur les deux pays et leur environnement.
    Quelles sont les motivations qui ont poussé l’Algérie à couper ses relations diplomatiques avec le Maroc ?
    Sa diplomatie hyperactive traduit, à elle seule, la volonté de notre pays de reprendre la place qui lui revient de droit : être au rang des grandes nations comme par le passé. Ce retour retentissant sur la scène internationale par une implication dans la résolution de conflits régionaux, sa médiation dans les contentieux géopolitiques et son soutien indéfectible aux causes justes font de l’Algérie une cible désignée.
    Le Maroc, animé par des ambitions hégémoniques en Afrique subsaharienne et au Maghreb, voit en l’Algérie un un acteur sécuritaire de l’Union africaine et un allié privilégié de grandes puissances. En somme, un véritable rempart et un pays à isoler quoi qu’il en coûte.
    Un think tank allemand très influent avait, dès la fin 2020, conseillé à l’Union européenne de revoir ses relations avec le Maroc et freiner sa boulimie d’expansionnisme violent et sauvage en Afrique subsaharienne et au Maghreb. Il a souligné avec prémonition sa volonté d’exacerber les tensions avec l’Algérie. L’Allemagne et l’Espagne sont excédées par l’attitude hautaine du Maroc dopée virtuellement par le deal Trump, un troc illégal, enterré définitivement avec son départ.
    La rupture est une riposte logique aux tentatives incessantes du Maroc et de son allié historique, à vouloir depuis des décennies, porter atteinte à notre intégrité nationale et contrecarrer nos avancées depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune.
    Dans un plaidoyer à charge, Lamamra n’a laissé planer aucun doute sur le bien-fondé de la regrettable décision qui était inéluctable, voire salutaire. L’Algérie souveraine dans ses décisions, et dernier bastion de résistance à la doctrine du remodelage du grand Moyen Orient, a adressé au monde un message ferme : elle doit être respectée, entendue et sera intransigeante contre toute attaque.
    Une campagne médiatique hostile est déclenchée contre l’Algérie. Quels en sont les instigateurs ?
    Le vrai travail commence pour l’Algérie, dès lors que le commis de l’Etat hébreu a eu gain de cause en poussant l’Algérie à ce qu’il croit être une erreur diplomatique. Il va vouloir la diaboliser davantage, l’isoler et la terrasser à base de millions de dollars, en s’appuyant sans nul doute sur les médias occidentaux mercenaires ou aux ordres afin d’orchestrer une opération médiatique internationale: l’«Algérie bashing ». Il est question d’acculer l’Algérie pour la pousser à terme à normaliser ses relations avec l’ennemi juré dans un deal qui aurait pour devise : la stabilité contre la paix. Mais, c’est mal connaître l’Algérie et son armée digne héritière de l’ALN. Par contre, le Maroc, lui, à la veille d’échéances électorales incertaines et une instabilité politique risque d’avoir un retour de bâton.
    Cette rupture de mon point de vue qui risque de s’éterniser quelques années aura pour conséquences immédiates pour le Maroc l’exacerbation des agitations sociales, du mécontentement populaire, l’expression de plus en plus franche et claire du rejet massif de la normalisation du Makhzen avec l’entité sioniste que le peuple marocain rejette.
    Des organisations arabes et des Etats appellent à la retenue. Les relations en Alger et Rabat pourront-elles se rétablir ?
    Certaines organisations régionales seront le théâtre d’une course au soutien. L’Algérie, par son aura et position juste et respectueuse des Etats, a un avantage considérable. Elle a su être un partenaire fiable, une valeur ajoutée aux peuples et pays affaiblis, un catalyseur de solidarité économique et coordinateur de premier choix des efforts internationaux, pour la souveraineté des Etats africains, leur droit au développement, l’unité de L’UA. Le Maroc ne voit en l’UA qu’un levier pour son essor et influence. En 1984, il n’a pas hésité à quitter l’UA qui a reconnu la Rasd. Cela va sans doute jouer en faveur de l’Algérie.
    L’Algérie a des alliés de poids, comme la Russie et la Chine, qui n’hésiteront pas à réagir si besoin. Nous aurons 3 groupes : les médiateurs, les neutres et les soutiens. Je n’exclue pas que des pays membres du Conseil de coopération du Golfe aient un penchant pour le Maroc. Un risque de distorsion et fragmentation au sein de ces organisations à l’instar de l’UA et de la Ligue arabe… va imposer inexorablement des statu quo et blocages.
    Le Maroc aidé par le lobby israélien risque de créer des interférences dans les relations entre l’Algérie et des pays d’Afrique de l’Ouest, la Corne africaine dont l’Ethiopie.
    On risque aussi d’assister à une course effrénée au contrôle de la Banque africaine de développement.
    Toutes les hypothèses sont ouvertes mais un conflit armé est exclu.
    Le projet du grand Maghreb risque d’être enterré et les pays occidentaux vont engager rapidement des pourparlers car la situation est préjudiciable en matière de lutte antiterroriste et de gestion des flux migratoires.
    Horizons, 28/08/2021
  • Rahabi : La rupture des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc aurait pu être évitée si…

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Maghreb, UMA, #Algérie, #Maroc,

    L’ancien diplomate et ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi a déclaré, jeudi, dans une interview à l’APS, que la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc aurait pu être évitée par un geste du roi suite à la demande de clarification exprimée par le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, concernant « la dérive dangereuse » d’un diplomate marocain à l’ONU.
    Question : Que signifie la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ?
    Réponse : C’est une situation qui n’est pas courante dans les relations entre Etats mais elle révèle une grave crise que les moyens diplomatiques traditionnels n’ont pas réussi à résoudre souvent en raison de l’absence d’un climat de confiance, ou l’inopérance des canaux de communication entre les deux Etats.
    Dans cette situation, j’estime que l’appel lancé à l’ONU par le Maroc, en juillet dernier, visant à provoquer une sédition en Algérie, a été un point de rupture, pouvant être atténué par un geste du roi du Maroc qui curieusement est venu sous la forme d’une demande de réouverture des frontières.
    Cela a été considéré comme un manque de considération et une attitude qui prend la forme d’une caution à l’appel à la sédition en Algérie.
    Je pense encore que l’Algérie a fait preuve de retenue et de responsabilité en pariant favorablement sur une réaction royale à la hauteur de la gravité de l’ingérence directe du Maroc contre l’unité de son peuple.
    Question : Quelle seraient les répercussions de la décision prise par l’Algérie sur l’échiquier maghrébin en termes géostratégique ?
    Réponse : Le projet d’intégration maghrébine a été conçu avec beaucoup d’arrières pensées. Il s’appuie d’abord sur un discours porté par le projet lui même comme l’expression de la volonté des peuples dans l’esprit de la déclaration de Tanger de 1958, alors que la société maghrébine est loin d’être un acteur déterminant dans le déroulement d’un processus qui aura vécu moins de 5 années.
    De plus, les Marocains et les Tunisiens étaient les plus ouverts sur l’Occident que les Algériens et envisageaient déjà leur intégration avec l’Europe en signant dès 1994 et 1995 des accords d’association avec l’Union européenne (UE) en pleine crise politique et sécuritaire en Algérie, violant ainsi le principe de solidarité qui est le socle normatif de tout projet d’intégration.
    Enfin, l’Afrique du Nord et le Sahel sont devenus des enjeux dans la géopolitique des grandes et moyennes puissances et un théâtre de luttes d’influence régionale ce qui a forcément conduit les Maghrébins à s’inscrire dans des alliances ou des positions différentes et parfois antagoniques.
    L’Algérie reste le pays le plus engagé dans l’effort de stabilisation de la région en raison de sa considérable masse territoriale. Les frontières restent des lignes de souveraineté à défendre de façon vigilante et permanente car elles appartiennent à une zone en perpétuelle recomposition, confrontée à de nouvelles formes de menaces issues de guerres irrégulières.
    Les relations avec le Maroc avec lequel nous n’avons pas de problèmes de frontières ne doivent pas nous distraire de notre ambitieux agenda régional dans ses dimensions diplomatique, militaire et économique.
    Question : A quoi faudrait-il s’attendre concrètement après l’annonce faite le MAE algérien ?
    Réponse : Je pense que la déclaration liminaire faite par le ministre Ramtane Lamamra en présentant les fondements de la décision de rupture, renseigne sur les limites de l’action purement diplomatique dans les relations internationales, car il y a souligné la volonté de nuire délibérée et matérialisée du Maroc qui dépasse le stade de la conjoncture.
    Il y a des attitudes durables qui relèvent d’une hostilité permanente très peu courante dans les relations internationales et surtout entre pays voisins.
    A-t-il pu le faire sans le soutien inconditionnel ou bienveillant des pays alliés du Maroc. Cette question se pose et pose celle de l’opportunité de réexaminer avec sérénité, et en tenant compte de nos intérêts, l’ensemble de nos relations avec ces pays.
    El Moudjahid, 27/08/2021
  • Maroc-Algérie: Les raisons d’une rupture

    Maroc, Algérie, Maghreb, UMA, #Maroc, #Algérie, 

    A s’interroger sur l’opportunité de ne pas se contenter de la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc, en rompant purement et simplement toute relation diplomatique avec le Maroc, la réponse s’impose d’elle-même compte tenu des derniers développement sur la scène régionale. 
    Outre son soutien éhonté d’une prétendue autodétermination de la Kabylie, de la permission octroyée au ministre israélien des Affaires étrangère de menacer l’Algérie à partir de son territoire, le Maroc est en guerre quasi-ouverte contre l’Algérie en usant des réseaux sociaux dans une tentative de démoraliser les Algériens. 
    Chaque agissement commis par Rabat, ces derniers jours est un acte d’hostilité manifeste. Il n’y a pas de doute là-dessus.
    A la question de savoir ce qu’attend l’Algérie de son voisin, à part des relations positives de bon voisinage ? La réponse est rien du tout. Le Maroc ne pèse pas du tout dans la balance commerciale, les investissements ou encore dans un quelconque apport en matière de savoir-faire. C’est un pays classé au 120e rang dans le classement mondial de l’Indice de développement humain.
    En réalité la seule valeur ajoutée susceptible de faire du Maroc un partenaire viable tient dans l’édification de l’Union du Maghreb. Il a été établi qu’un large marché commun dans la région amènerait plus de prospérité et de croissance aux peuples des cinq pays maghrébins. Le Tunisien, le Marocain, le Libyen et le Mauritanien pourrait bénéficier d’une manière ou d’une autre de la manne énergétique algérienne. 
    De son côté, l’Algérien consoliderait son pouvoir d’achat et pourrait envisager une croissance solide de son PIB. Cela en plus de l’effet stratégique qui mettrait l’Union du Maghreb face à l’Union européenne et la CDEAO de l’Afrique de l’ouest. Mais là aussi, posons-nous la question de savoir le Maghreb que nous propose donc le voisin marocain. 
    En laissant faire les trafics en tout genre, tout le long de la frontière, le gouvernement marocain se comporte comme un cartel de maffieux qui use de moyens pour le moins, peu conventionnels, pour gérer la grande pression sociale qui couvent depuis des années.
    Symptomatiques de l’échec de toutes les politiques mises en place depuis plus de cinquante ans, le trafic drogue qui fait de l’Algérie sa zone de transit et de consommation, impose une situation de faite, totalement kafkaïenne et inimaginable dans le monde entier en matière de gestion du voisinage entre deux nations souveraines. 
    Il faut savoir que dans les deux plaies qui font vraiment mal au Maghreb et qui menacent de mettre en place une sorte de Maghreb parallèle de la criminalité, le royaume marocain donne l’impression d’avoir choisi cette voie. 
    Alors à quoi bon espérer l’édification d’un Maghreb uni ?
    Par Nabil G.
    Ouest Tribune, 26/08/2021
  • Maroc : Algérophobie

    par Brahim Taouchichet

    Depuis quelques années déjà, notre voisin de l’Ouest s’adonne à son sport national favori : casser du sucre sur le dos de son voisin de l’Est. Vent d’est, vent d’ouest qui charrient, chaque jour que Dieu fait, des nouvelles pas trop reluisantes et qui couvrent de tous les maux nos dirigeants et les généraux coupables de ne pas se laisser compter, peu importe les mensonges flagrants et les attaques diffamantes.

    Les médias de sa Majesté ne s’offusquent pas de quolibets, d’accusations gratuites, et cela presque depuis toujours. Dans l’indignité. Notre désolation est grande de voir des officiels marocains, quel que soit leur rang, réclamer l’ouverture des frontières fermées en 1994, comme préalable à tout. Si rien n’y fit, les maîtres du Makhzen n’hésitent pas à battre le rappel de leurs amis – lesquels d’ailleurs ne nous portent pas dans leurs cœurs. Passons sur les avantages que leur procurent les services rendus à sa Majesté. Deux pays si proches mais que sépare un désamour surprenant dans sa continuité. Ah, l’ennemi classique ! Si l’un fait de l’allégeance et de la soumission une règle, a contrario, l’autre est de tout temps sourcilleux pour tout ce qui touche à sa fierté. Mais afin de dépasser le ridicule de l’impasse, l’on a usé d’artifices. Quoi de mieux que d’unir nos ressources et nos intelligences dans un cadre moins étriqué, à l’heure des grands ensembles. Les nationalistes de la première heure s’étaient réunis à Tanger et se sont quittés avec moult promesses et embrassades émues. Elles devaient être concrétisées dans l’Union du Maghreb arabe (UMA) annoncée en grande pompe. C’est ne pas tenir compte des intérêts contradictoires et des tiraillements qui en feront une coquille vide.

    2008, la conférence d’Alger, à l’initiative du RCD, donnera «La déclaration d’Alger» qui restera lettre morte. Etaient présents 4 partis maghrébins. Mais les calculs du voisin de l’Ouest étaient autres, comme vont l’apprendre avec amertume les nationalistes algériens qui ne comprennent pas les revirements de leurs «frères». L’affaire du Sahara Occidental va ainsi mettre au jour tous les non-dits. Le principe de la décolonisation est foulé aux pieds. C’est oublier les désirs du Makhzen d’usurper les terres des autres. La guerre des sables restera un épisode douloureux pour tous ceux qui l’ont vécue dans leur chair, et une totale désillusion de la fraternité tant chantée. La Mauritanie n’échappera pas à ces appétits expansionnistes, jusqu’en 1960, date à laquelle sa souveraineté sera reconnue par l’organisation onusienne. Et l’Algérie.

    Hassan II qui n’en était pas à sa première forfaiture poignardera l’UMA dans le dos et ordonne avec cynisme, la pseudo-marche verte. Son rejeton poursuivra son œuvre jusqu’à franchir le Rubicon avec la reconnaissance de l’État d’Israël. Nos officiels vont-ils enfin comprendre que ce Maroc-là n’a jamais inscrit dans son agenda la grandeur et l’unité de cet ensemble maghrébin rêvé ? Qu’il est plutôt prompte à se tourner vers l’Europe, l’Occident, et être le réceptacle de leurs fantasmes et dont le moindre est d’être pour toujours les maîtres du jeu ?
    B. T.
    taouchichetbrahim@gmail.com

    Le Soir d’Algérie, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Makhzen, algérophobie, attaques diffamantes, médias marocains, réclamer l’ouverture des frontières, ennemi classique, l’Union du Maghreb arabe, UMA, La déclaration d’Alger, Sahara Occidental, usurper les terres des autres, Mauritanie, expansionnisme, frontières héritées du colonialisme,