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  • Liste des pays africains reconnaissant la RASD, selon le Maroc

    Liste des pays africains reconnaissant la RASD, selon le Maroc

    Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine, RASD, Front Polisario,

    Selon une note datant du 04 mai 2014, voici la listes des pays reconnaissant la RASD, ceux qui ont retiré ou gelé leur reconnaissance et ceux pour lesquelles le Sahara Occidental appartient au Maroc:

    Ministère des Affaires Etrangères

    et de la Coopération

    Direction des affaires africaines

    Attitude des pays Africains à l’égard de la question du Sahara

    Pays qui n’ont jamais reconnu la « rasd »
    Pays reconnaissant la « rasd »
    Date de reconnaissance
    Pays ayant retiré ou gelé leur reconnaissance
    Date

    Pays ayant reconnu la Marocanité du Sahara
    1– Cameroun 2-Centrafrique 3- Comores 4-R.D.Congo 5-Côte d’Ivoire 6- Djibouti 7-Egypte 8-Erythrée 9-Gabon 10-Gambie 11-Guinée 12-Niger 13-Sénégal 14-Somalie 15-Soudan 16-Tunisie 17- Libye***
    1-Algérie 2-Angola 3-Mozambique 4-Rwanda 5-Ghana 6-Tanzanie 7-Ethiopie 8-Ouganda 9-Lesotho 10-Botswana 11-Zimbabwe 12-Mali 13-Mauritanie 14-Nigeria 15-Namibie 16-Afrique du Sud 17- Sud Soudan
    + 18- Malawi
    06/03/1976 10/03/1976 13/03/1976 31/03/1976 28/08/1978 09/11/1978 24/02/1979 06/09/1979 09/10/1979 13/05/1980 23/05/1980 03/07/1980 27/02/1984 11/11/1984 29/05/1990 15/09/2004 09/07/2011

    1- Guinée Equ.(R) 2- Burkina Faso (R) 3- Congo (Brazaville) (R) 4- SaoTome et Principe (R) 5- Bénin (S) 6- Togo (R) 7- Swaziland (R) 8- Libéria (R) 9- Sierra Leone (G) 10- Madagascar (G) 11- Tchad (R) 12- Kenya* (G) 13- Cap Vert (G) 14- Seychelles (R) 15- Malawi**(R) 16- Guinée Bissau 17- Burundi 18- Zambie 19- Maurice

    12/05/1980 05/06/1996 13/09/1996 03/10/1996 1996
    02/07/1997 05/09/1997 16/07/2003 07/03/2005 17/03/2006


    26/06/2007 27/07/2007 17/03/2008 15/09/2008 26/03/2010 25/10/2010 06/03/2010 29/03/2011 15/01/2014
    1-Burkina Faso  2- Centrafrique  3-R.D. Congo 4-Gambie 5-Guinée Equatoriale  6-Sénégal 7-Sierra leone 8- Bénin

    R  : Retrait de la reconnaissance.

    G  : Gel de la reconnaissance.

    S  : Suspension de la reconnaissance.

    (*) : Le kenya a suspendu ses relations diplomatiques avec la pseudo « rasd » le 18 octobre 2006 puis le 26 juin 2007,

    ce pays a gelé la reconnaissanec de la « rasd ». Toutefois, il a été procédé, le 06 février 2014, à la réouverture de l’ambassade

    de la « rasd » fermée depuis 2006, avec comme chef de poste une chargée d’affaires.

    (**) : Après le retrait de reconnaissance opéré en mars 2010, il semble que le Malawi ait tendance à revoir sa position suite à la

    présentation par le présumé ambassadeur de la « rasd » de ses lettres de créance à la Présidente malawite, le 06 mars 2014.

    (***) : la Libye déclare reconnaître le polisario mais pas la prétendue « rasd ».

    RECONNAISSANCES PAR REGION :

    Afrique du Nord : 2 sur 6pays : Algérie Mauritanie 
    
    Afrique de l'Ouest : 3 sur 15 pays : Ghana Nigeria Mali
    
    Afrique Centrale : 0 sur 8 pays 
    
    Afrique Orientale : 6 sur 11 pays : Kenya Tanzanie Ouganda Rwanda Éthiopie Soudan du Sud 
    
    Afrique Australe : 9 sur 13 : AF du Sud Zimbabwe Zambie Angola Mozambique Namibie Malawi Lesotho Botswana 

    #Maroc #Afrique #Union_Africaine #Sahara_Occidental #RASD

  • Relations et visées du Maroc en Afrique

    Relations et visées du Maroc en Afrique

    Maroc, Union Africaine, Sahara Occidental, RASD, lobbying, CEDEAO, CEN-SAD,

    Le Maroc a toujours considére les relations avec l’Afrique une priorité de la politique étrangère pour plaider sa souveraineté sur le Sahara Occidental. Durant ces derniéres années, il a oeuvré inlassablement pour se positionner en tant qu’acteur important dans l’agenda africain, aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral.

    Sur le plan multilatéral, Mohamed 6 a enchaîné les visites pour renforcer davantage les relations bilatérales avec les principaux partenaires de son pays, qui sont le Sénégal, la Cote d’Ivoire, la Guinée et le Gabon. Ce renforcement du partenariat stratégique avec ses pays-clés est inscrit dans la priorité de l’action diplomatique en Afrique.

    Le deuxiéme cercle est composé de pays d’Afrique Occidentale et Centrale tels que le Burkina Faso, le Niger, le Togo, le Benin, le Tchad, la RDC, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, le Congo, les Comores et la RCA, avec lesquel le Maroc envisage d’établir également un partenariat stratégique.

    Le Mali a été exclu du champ d’action diplomatique du Maroc, en raison de son soutien à la République Arabe Sahroui Démocratique d’une part et d’autre part du retour en force de l’Algérie sur la scène malienne.

    Le troisième cercle est constitué de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Cap Vert, du Liberia, de la Sierra Leone, de Sao Tomé et Principe, de Djibouti, de l’Erythrée, du Burundi, du Ghana, du Kenya, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles.

    Un quatrième cercle est constitué de l’Angola, de l’Ethiopie, du Rwanda et de la Tanzanie qui, selon leur analystes, offrent des perspectives encourageantes soit sur le plan politique soit sur le plan économique.

    Le dernier cercle est constitué en majorité de pays de l’Afrique australe et orientale dont la majorité sont défaroble au Maroc sur le dossier du Occidental. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de la Namibie et de l’Ouganda.

    Pour le Maroc, l’Afrique du Sud, du fait de son poids politique et économique au niveau continental et mondial et de l’influence déterminante qu’elle exerce dans sa région d’influence, est un pays incontournable avec lequel le Maroc envisageait une amélioration des relations, en établissant des canaux de dialogue politique ainsi qu’avec les autres pays.

    SUR LE PLAN SOUS REGIONAL

    Le Maroc considére vitale la conclusion d’un accord de partenariat économique avec la CEDEAO et avec la CEEAC. Cette nécessité devient urgente pour ce pays du fait de la conclusion par l’Union Européenne des APE avec ces pays, accords destinés à remplacer la Convention de Lomé qui régissait les relations sur le plan commercial entre l’UE et les pays ACP.

    Au plan politique, la CEN-SAD est la seule et unique organisation, qui offre un espace d’ouverture régionale au Maroc, avant son adhésion à l’UA. Cette organisation, qui regroupe 24 pays africains dont la majorité appartient à la zone Saharo-Sahélienne, constitue le cheval de Troie du Maroc pour s’imposer dans la zone Saharo-Sahélienne avec pour objectif de faire échec à l’Algérie dans cette zone stratégique.

    Au plan continental

    L’Union Africaine constituait un obstacle aux aspirations du Maroc en Afrique. Le Maroc voyait d’un mauvais oeil que cette organisation ait entrepris un large processus visant à placer sous son égide tous les processus d’intégration continentale, car craignant que toutes les Conférences ministérielles africaines sectorielles qui préexistaient à l’Union Africaine et auxquelles le Maroc était membre, seront à court terme concernées par cette stratégie.

    Le Maroc voyait également d’un mauvais oeil que l’Union Africaine voulait s’imposer comme l’interlocuteur privilégié voire exclusif des acteurs internationaux dans le cadre des partenariats régionaux avec l’Union Européenne, le Japon, la Chine, la France, les Etats Unis, la Corée, la Ligue Arabe, l’Amérique du Sud, la Turquie, l’Inde, la Russie, la Thaïlande, le Vietnam.

    SAHARA OCCIDENTAL: STRATEGIE DU MAROC EN AFRIQUE

    L’Afrique est au cœur de la politique étrangère du Maroc. Ce continent représente pour le Maroc une opportunité à même de lui permettre de se positionner en tant que leader de ce continent, en pleine mutation et en plein essor. L’Afrique constitue également pour le Maroc un espace vital pour lutter contre la présence de la RASD à l’Union Africaine.

    Cependant la mise en œuvre de sa stratégie en Afrique nécessite le renforcement de son maillage diplomatique notamment dans les régions ou sa présence est faible voire quasi absente, ce qui est le cas en Afrique Orientale et Australe. En 2014, le Maroc ne disposait que de 19 Ambassades en Afrique au Sud du Sahara (8 en Afrique de l’Ouest qui compte 15 pays, 6 en Afrique Centrale qui compte 8 pays, 3 en Afrique Australe qui compte 13 pays et 2 en Afrique Orientale qui compte 10 pays) contre 24 pour l’Algérie, 33 pour l’Afrique du Sud et 32 pour l’Egypte.

    Cette sous représentation en Afrique Australe et Orientale est préjudiciable à ses intérêts tant au plan politique qu’économique. C’est en effet dans ces deux sous régions que se trouve la totalité des pays qui reconnaissent la République Arabe Sahraoui Démocratique.

    Pour y remédier, le Maroc a planifié dans le court terme à l’ouverture d’Ambassades dans les pays suivants : Tanzanie, Rwanda, Ouganda, Zambie, Namibie et Botswana. Et dans un deuxième temps, en République du Congo, au Benin, au Togo, aux Comores et au Zimbabwe.

    A travers l’ouverture d’Ambassades dans ces pays d’Afrique australe et orientale, le Maroc veut surtout envoyer un signal politique fort en direction de ces pays et de tous les autres partenaires qui y verraient la manifestation de l’intérêt du Maroc pour l’ensemble du continent et non pas seulement pour les régions francophones traditionnellement proches. Une telle démarche projetterait le Maroc dans une nouvelle dimension et en ferait un véritable pays pivot à l’échelle continentale, est-il envisagé à Rabat.

    L’ouverture d’Ambassades dans ces régions donnerait également au Maroc une nouvelle et plus grande ouverture dans des zones en pleine mutation et en plein essor économique, se traduisant par une amélioration des relations politiques avec ces pays et ouvrant de larges perspectives de coopération pour les entreprises marocaines.

    Les manoeuvres du Maroc au sein de l’Union Africaine

    Depuis ces derniéres années, le Maroc a renforcé le travail de lobbying au niveau de l’Union Africaine car craignant que l’Union Africaine s’accapare et monopolise le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. Pour limiter une telle perspective, le Maroc a toujours oeuvré auprés de ses alliés traditionnelles, de maniére que le rôle qui sera attribué à l’Union Africaine ne soit en aucun cas exclusif et que les Organisation sous-régionales africaines, comme la CEDEAO, la CEEAC, la CEN-SAD, soient confirmée comme des acteurs primordiaux et directement responsables dans ce cadre. Ce qui offrirait au Maroc de continuer à participer aux efforts de paix et de sécurité sur le Continent africain.

    Le Maroc appréhendait que le Partenariat France-Afrique, traditionnellement fondé sur les relations entre la France et les pays africains, devient comme les autres partenariats avec l’Afrique, c’est à dire un partenariat France-Union Africaine. Ce pays voyait d’un mauvaise oeil que la France s’écarte de la « françafrique », au nom d’une certaine normalité, ce qui risquait de porter préjudice à ses relations privilégiées avec certains pays africains, notamment, francophones. « Une tendance lourde semble se dessiner à la veille du Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique qui aura lieu à Paris les 6 et 7 Décembre 2013, est que la France pourrait concéder dans le cadre de la nouvelle alliance France-Afrique, un rôle central à l’Union Africaine, notamment en matière de paix et de sécurité. A cet égard, et en vue de permettre à l’Afrique de capitaliser sur l’ensemble de ses acquis et des ses expériences, il sera de mise à ce que le rôle de l’UA ne pourra aucunement être exclusif et devra être conforté par le renforcement de la responsabilité directe des organisations régionales africaines qui au demeurant ont accumulé une grande expérience et expertise dans ce domaine et disposent d’atouts pertinents, eu égard à la particularité du continent africain, pour se positionner comme partenaire central en matière de paix et de sécurité », remarque Tagma.

    Le renforcement de l’UA, sous hégémonie de l’Algérie et de l’Afrique du sud – et plus généralement de l’Afrique anglophone-, va affaiblir davantage l’Afrique francophone qui constitue le prolongement stratégique du Maroc.

    Le Maroc appréhendait aussi que l’Union Africaine s’ingére dans le processus de règlement de la question du Sahara Occidental. Ce pays voulait que cela reléve du ressort exclusif du Conseil de Sécurité de l’ONU, en insistant sur la nécessité de la persévération du processus politique onusien en cours, tel que confirmé par la résolution 2152/2014 du Conseil de Sécurité et le maintien de la centralité de la proposition marocaine d’autonomie.

    Le format des partenariats stratégique de l’Afrique avec le reste du Monde, constituait également un souci pour le Maroc car il impliquait l’Union Africaine dans ce processus. Il compte sur ses alliés traditionnels tels que le Sénégal qui a été toujours à l’avant garde du combat pour défendre la marocanité du Sahara Occidental, ainsi que la Cote d’Ivoire et le Burkina Faso

    Le Maroc considère le Conseil Paix et sécurité (CPS), qui était à l’époque présidé par l’Algérien Chergui, un risque pour les intérêts du Maroc. Pour miniser ce risque, le Maroc compte mobiliser ses alliés, membres du Conseil Paix et Sécurité pour faire barrage à toute initiative visant à présenter un rapport sur le Sahara Occidental.

    Lors du Sommet de juin 2014 à Malabo, le Maroc avait dépêché une délégation, conduite par Moha Ouali Tagma, Directeur des Affaires Africaines, pour mener des investigation sur le Conseil Paix et sécurité (CPS), afin de déceler toute manoeuvres contraires aux intérêt du Maroc. Sur place, cette délégation avait relevé que sur les 15 pays composant le CPS, 8 étaient défavorables au Maroc dans le cadre du dossier du Sahara Occidental (Algérie-Afrique du Sud-Nigeria-Tanzanie-Mozambique-Namibie-Ouganda-Éthiopie-). En face, le Maroc ne pouvait compter que sur la Guinee-la Guinee Équatoriale -la Gambie -le Niger -le Burundi et le Tchad-le 15eme étant la Libye.

    Cette délégation avait également pour objectif de:

    – contrer toute décision contraire au processus onusien de recherche d’une solution politique au différend du Sahara Occidental.
    – promouvoir et vulgariser la Résolution 2152 du 29 Avril 2014.
    – empêcher la modification du format des Partenariats et l’atteinte au Format du Caire.
    – poursuivre les contacts avec les délégations des pays qui reconnaissent encore la République Arabe Sahraoui Démocratique.
    – maintenir la connivence avec les délégations alliés du Maroc.
    – contacter les Représentants des autres pays extra-africains (France ; Espagne ; Etats-Unis ; Russie ; Chine, et plus si nécessaire).
    – effectuer quelques visites de courtoisies à des responsables d’institutions telles que la CEA et du Ministère des Affaires Etrangères Ethiopien.

    Les actions prioritaires du Maroc en Afrique:

    Parmi les actions prioritaires du Maroc en Afrique figure la CENSAD qui constitue la meilleure réponse pour contrecarrer les initiatives sur le dossier du Sahara Occidental. Cet espace qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge est l’endroit idoine pour le le Maroc afin de faire prévaloir son leadership et démontrer l’inanité du jeu des alliés de la République Arabe Sahraoui déocratique.

    Dans sa stratégie, le Maroc avait prévu trois mesures:

    – Organiser un sommet de la CENSAD au Maroc
    – Réunir un atelier ministériel sur la Migration au Maroc
    – Convoquer une réunion à Rabat des plénipotentiaires pour l’adoption de la Stratégie CENSAD pour le SAHEL.

    Le deuxième axe de renforcement du positionnement du Maroc en Afrique concernait la création de l’espace Nord-Ouest-Africain, consistant de réunir dans le cadre d’un forum de coopération politique et économique les pays de cette région de l’Afrique : MAROC-SENEGAL-CAP VERT-MAURITANIE et l’Espagne à travers les ILES CANARIES. Une réunion préparatoire entre les hauts fonctionnaires devait être organisée par le Maroc au cours de laquelle les axes de coopération devaient être discutés. Une mission de consultation devait être entreprise auprès de ces pays avant d’entamer les démarches devant conduire à la tenue de cette réunion préparatoire.

    Le troisième axe concerne la conclusion d’un accord de coopération économique et d’investissement avec l’UEMOA et avec la CEDEAO. A cet effet les Ministères marocains concernés devaient entreprendre des démarches dans ce sens.

    Le quatrième axe concernait la tenue en priorité des Commissions Mixtes avec les pays de la zone SAHEL ainsi qu’avec certains pays fragiles (Guinée Bissau, Sao Tome et Principe, Liberia, Sierra Leone) et les forums économiques avec le TCHAD et le NIGER.

     NOTE SUR L’OUVERTURE D’AMBASSADES EN AFRIQUE ORIENTALE ET AUSTRALE  

    L’Afrique, placée par Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, au cœur de la politique étrangère du Maroc, représente une opportunité à même de permettre à notre pays de se positionner en tant que leader d’un continent en pleine mutation et en plein essor.

    L’Afrique constitue également pour notre pays son espace vital naturel de rayonnement politique, culturel et économique.

    Cependant la mise en œuvre de la stratégie de notre pays en Afrique demande le renforcement du maillage diplomatique notamment dans les régions ou la présence de notre pays est faible voire quasi absente, ce qui est le cas en Afrique Orientale et Australe.

    Notre pays ne dispose que de 19 Ambassades en Afrique au Sud du Sahara (8 en Afrique de l’Ouest qui compte 15 pays, 6 en Afrique Centrale qui compte 8 pays, 3 en Afrique Australe qui compte 13 pays et 2 en Afrique Orientale qui compte 10 pays) contre 24 pour l’Algérie, 33 pour l’Afrique du Sud et 32 pour l’Egypte.

    Cette sous représentation en Afrique Australe et Orientale est préjudiciable aux intérêts de notre pays tant au plan politique qu’économique. C’est en effet dans ces deux sous régions que se trouve la totalité des pays (19) qui reconnaissent l’entité fictive. L’absence d’Ambassades explique dans une large mesure ce fait.

    Une des mesures immédiates pour corriger cette carence consiste à procéder dans le court terme à l’ouverture d’Ambassades dans les pays suivants : Tanzanie, Rwanda, Ouganda, Zambie, Namibie et Botswana. Dans un deuxième temps il serait souhaitable d’envisager l’ouverture de représentations diplomatiques en République du Congo, au Benin, au Togo, aux Comores et au Zimbabwe.

    L’ouverture d’Ambassades dans ces pays d’Afrique australe et orientale serait un signal politique fort en direction de ces pays et de tous les autres partenaires qui y verraient la manifestation de l’intérêt du Maroc pour l’ensemble du continent et non pas seulement pour les régions francophones traditionnellement proches.

    Une telle démarche projetterait le Maroc dans une nouvelle dimension et en ferait un véritable pays pivot à l’échelle continentale.

    L’ouverture d’Ambassades dans ces régions donnerait également à notre pays une nouvelle et plus grande ouverture dans des zones en pleine mutation et en plein essor économique.

    Cette ouverture se traduirait par une amélioration des relations politiques avec ces pays et ouvrirait également de larges perspectives de coopération pour les entreprises marocaines.

    #Maroc #Afrique #Union_Africaine #Sahara_Occidental #RASD #Lobbying

  • Maroc: 5000 euros pour les ambassadeurs de 30 pays africains

    Maroc: 5000 euros pour les ambassadeurs de 30 pays africains

    Maroc, Union Africaine, Sommet de Malabo, Sahara Occidental, RASD, lobbying, corruption,

    En date du 05/05/2014, Moha tagma, Directeur des affaires africaines transmet à plusieurs correspondants dont le Ministre des affaires Etrangéres et de la Copération, SalahEddine Mezouar, une note sur les propositions relatives à la préparation du prochain Sommet de l’Union Africaine:

    Il joint à son mail trois documents:

    -Le premier est une fiche sur la Mission à Addis Abéba

    -Le deuxiéme sur le Sommet de l’Union Africaine

    -Le troisième sur les Accords finalisés suite à la réunion préparatoire de la sixième session de la Grande Commission Mixte de coopération Royaume du Maroc/République de Guinée Equatoriale.

    Interessons-nous au premier document concernant la fiche sur la Mission à Addis Abéba, car il renferme des indications précises sur les méthodes de corruption utilisées par les autorités marocaines afin d’amener les diplomates africains à défendre leurs revendications sur le Sahara Occidental.

    En effet, Tagma rappelle l’existence de « enveloppes individuelles de 5 000 Euros pour les amis dont la liste est ci- jointe (30 pays) ». Ensuite, il énumère ces pays: « Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Gabon, Burkina Faso, Benin, Togo, Comores, Djibouti, Niger, Mali, Erythrée, Gambie, Burundi, RDC, Congo, Cameroun, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale (Pays hôte du Sommet), Tchad, Sao Tomé et Principe, Sierra Léone, Liberia, Somalie, Soudan, Madagascar, Malawi, Maurice, Seychelles, Mauritanie (Préside le Conseil de l’UA) ».

    Le document parle de lui même. Le Makhzen a remis de l’argent à la veille de la tenue du Sommet de Malabo dans le but de encourager les ambassadeurs des pays cités à s’opposer à l’inscription de la question sahraouie dans l’agenda du Sommet de l’Union Africaine célébré à Malabo, en Guinée Equatoriale.

    Mission accomplie, écrira Tagma dans un courrier envoyé à ses supérieurs à Rabat après ce sommet qui s’est clôturé sans parler du conflit du Sahara Occidental.

    Fiche sur la Mission à Addis Abéba


    ⦁ Période  : du 4 au 10 juin

    ⦁ Composition  de la délégation : Directeur Afrique – Inspecteur Général – Directeur des Nations Unies – Directeur Général de l’AMCI – Chef de Cabinet de madame la ministre déléguée.

    ⦁ Objet  : Mobilisation des Ambassadeurs Représentants des pays amis.

    ⦁ Objectifs  :

    1- Contrer toute décision contraire au processus onusien de recherche d’une solution politique au différend du Sahara.

    2- Promouvoir et vulgariser la Résolution 2152 du 29 Avril 2014.

    3- Empêcher la modification du format des Partenariats et l’atteinte au Format du Caire.

    4- Continuer les contacts avec les délégations des pays qui reconnaissent encore l’entité fictive.

    5- Maintenir la connivence avec les délégations amies.

    6- Contacter les Représentants des autres pays extra-africains (France  ; Espagne  ; Etats-Unis  ; Russie  ; Chine, et plus si nécessaire).

    7- Effectuer quelques visites de courtoisies à des responsables d’institutions telles que la CEA et du Ministère des Affaires Etrangères Ethiopien.

    ⦁ Déroulement  :

    ⦁ Plusieurs visites.

    ⦁ Une ou deux réunions avec les Représentants Permanents.

    ⦁ Organisation de déjeuners  : – avec le Groupe des Pays amis – avec certains leaders de ce groupe.

    ⦁ Moyens  :

    ⦁ Prise en charge intégrale des frais d’hôtellerie.

    ⦁ Enveloppe pour les frais généraux  : location d’un ou deux véhicules, déjeuners…..

    ⦁ Enveloppes individuelles de 5  000 Euros pour les amis dont la liste est ci- jointe (30 pays).

    Liste des pays

    Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Gabon, Burkina Faso, Benin, Togo, Comores, Djibouti, Niger, Mali, Erythrée, Gambie, Burundi, RDC, Congo, Cameroun, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale (Pays hôte du Sommet), Tchad, Sao Tomé et Principe, Sierra Léone, Liberia, Somalie, Soudan, Madagascar, Malawi, Maurice, Seychelles, Mauritanie (Préside le Conseil de l’UA).

    ———————–


    Note à Monsieur le Ministre

    Objet  : Sommet de l’Union Africaine

    J’ai l’honneur de vous faire part de ce que le prochain Sommet de l’Union Africaine aura lieu à Malabo du 20 au 27 juin 2014. Conformément à la décision prise lors du Sommet de Janvier à Addis Abéba, le Rapport sur la question du Sahara demandé à la Présidente de la Commission, sera présenté à cette occasion.

    Les travaux préparatoires au niveau d’Addis Abeba commenceront dès le 9 juin 2014.

    Aussi et dans le but d’anticiper des décisions qui pourraient être prises lors du Sommet de Malabo, je vous suggère le programme de travail suivant  :

    1 – Entreprendre dès que possible, une mission à Malabo pour examiner avec les autorités équato-guinéennes les modalités de la présence de la délégation marocaine en marge du Sommet (Appui, facilités etc.…)

    Cette visite pourra être l’occasion de présider la 6ème Session de la Commission Mixte dont les travaux préparatoires avaient eu lieu à Malabo du 09 au 11 janvier dernier, et procéder à la signature des accords qui avaient été finalisés (liste en annexe).

    2- Envoi d’une délégation dès le 4 juin 2014, à Addis-Abeba pour suivre le travail préparatoire au niveau des Ambassadeurs Représentants Permanents auprès de l’Union Africaine.

    Cette délégation qui sera composée du Directeur des Affaires Africaines, de l’Inspecteur Général, du Directeur des Nations Unies, du Directeur Général de l’AMCI et du Chef de Cabinet de Madame la Ministre déléguée, aura pour mission de faire échec à toutes les tentatives du camp adverse de saper les acquis du Maroc au niveau des Nations Unies, sur la question du Sahara et d’empêcher aussi les modifications du format des partenariats bilatéraux avec l’Afrique.

    Une fiche détaillée sur les aspects confidentiels de cette mission vous est présentée en annexe.

    Une lettre de cadrage de la mission à destination de l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Addis Abeba, vous sera également proposée.

    Haute considération.

    ———————————————–


    Dans le même sillage, la mission a été précédé de la signature de quelques accords avec le pays anfitrion qui assumera la présidence de l’organisation. Une note rappelle ces accords:

    Accords finalisés suite à la réunion préparatoire de la sixième session de la Grande Commission  Mixte de coopération Royaume du Maroc/République de Guinée Equatoriale

    (Malabo, 09-11 janvier 2014)

    ⦁ Projet d’Accord en matière de formation et de gestion des établissements pénitentiaires  ;

    ⦁ Projet d’Accord en matière de la jeunesse et des sports  ;

    ⦁ Projet d’Accord de coopération en matière de l’aviation civile  ;

    ⦁ Projet d’Accord pour la mise à niveau de la compagnie aérienne CEIBA  ;

    ⦁ Projet d’Accord entre le Ministère de l’Intérieur et la société marocaine MWPC sur l’alimentation en eau potable dans les communes de la région de Mongamo.

    ⦁ Accords en cours de finalisation  :

    ⦁ Projet d’Accord de coopération en matière de sécurité intérieur  ;

    ⦁ Projet de Protocole d’Entente relatif à la coopération dans le domaine de la santé  ;

    ⦁ Projet d’Accord de coopération dans le domaine de la communication  ;

    ⦁ Projet d’Accord relatif aux services aériens  ;

    ⦁ Projet de Convention tendant à éviter la double imposition et à prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu  ;

    ⦁ Projet d’Accord de coopération en matière de défense nationale  ;

    ⦁ Projet d’Accord cadre en matière de formation portuaire  ;

    ⦁ Projet de Mémorandum de coopération entre l’Agence Nationale des Ports et l’Autorité Portuaire de la Guinée Equatoriale  ;

    ⦁ Projet d’Accord de coopération en matière de protection civile.

    #Maroc #Union_Africaine #Sommet_de_Malabo #Sahara_Occidental #RASD

  • Média: La réadmission du Maroc à l’UA était-elle une erreur?

    Média: La réadmission du Maroc à l’UA était-elle une erreur?

    Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine, Tunisie, RASD, Japon, TICAD 8, Mohammed VI,

    Correspondant Gibson Nyikadzino

    Le 8e sommet de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui vient de s’achever en Tunisie la semaine dernière présente des opportunités fondées sur la valeur pour les pays animés par l’éthos panafricain pour mesurer la sincérité du Maroc en tant qu’Union africaine (UA) membre.

    Les développements qui se sont produits, comme ayant été déclenchés par le Maroc, sont un scénario éhonté que le Maroc expose au monde sur sa position contre la présence du chef du Front Polisario qui fait pression pour l’autonomie de la République arabe sahraouie démocratique (RASD ).

    La présence de la RASD au sommet de la TICAD a exaspéré le Maroc qui a dû rappeler son ambassadeur à Tunis pour « consultation », car il a par la suite annulé sa participation à la conférence sur l’investissement.

    Pour comprendre les actions du Maroc, il faut comprendre les événements qui se sont produits une semaine avant le sommet lorsque le dirigeant du pays, le roi Mohammed VI, a été filmé trébuchant ivre dans les rues de Paris, en France.

    Il possède un palais près de la Tour Eiffel.

    Le maître s’est saoulé

    Une vidéo tendance montre le roi Mohammed VI ivre et titubant à Paris. On voit également des membres de sa sécurité essayer d’empêcher les gens de filmer le moment décevant du monarque marocain.
    Alors qu’il titubait, le roi tenait toujours sa bouteille de boisson alcoolisée.

    Il y a aussi une opinion que depuis son divorce avec la princesse Lalla Salma, le roi Mohammed VI n’est plus lui-même car la structure familiale qui le soutenait depuis 2002 s’est effondrée.

    Plus d’informations qui ont été laissées dans le domaine public indiquent que la vidéo du monarque ivre a été divulguée par des membres d’un service secret d’un pays européen, qui tiennent à montrer au monde que le roi Mohammed VI n’est pas ce qu’il semble être.

    Ligne scénarisée pour influencer l’opinion

    Avant la TICAD des 27 et 28 août, le Maroc a déclenché une querelle diplomatique avec la Tunisie sur la participation de la RASD.

    En principe, la RASD avait le droit d’assister au sommet de la TICAD comme n’importe quel autre membre de l’UA, car il en est un depuis 1984, lorsque le Maroc s’est retiré en signe de protestation et a tenté de rejoindre la Communauté économique (CEC) avanr d’être rejeté.

    Le sommet de la TICAD est l’un des forums internationaux les plus importants pour la coopération au développement entre les pays africains, le Japon et les instances internationales.

    Les représentants marocains ont tenté en vain de convaincre toutes les délégations africaines de la nécessité d’exclure la RASD en avançant de vains arguments selon lesquels « le partenariat liant les pays africains au Japon ne rentre pas dans le cadre de l’UA ».

    Sur le plan institutionnel, lors d’une réunion de l’UA qui a eu lieu en juillet à Lusaka, en Zambie, les États membres avaient une résolution contraignante selon laquelle la RASD devait participer à la TICAD.

    L’UA, en plus de partager la solidarité et le panafricanisme, est également régie par des valeurs de coopération entre les États membres pour faire avancer les intérêts de l’organisme. Ce qui est lié au niveau institutionnel devrait être reflété par les États membres.

    Comme ce que l’UA a fait dans le cas du dialogue UE-Afrique concernant ses États membres, ils devraient tous être présents. Cela explique pourquoi le président Mnangagwa s’est rendu à Bruxelles.

    Pour le Maroc, il voulait politiser un sommet multilatéral et le présenter comme une question bilatérale à l’UA.

    Cela convient donc à la raison pour laquelle le Maroc a rappelé son ambassadeur.

    Premièrement, le rappel, qui a suivi la vidéo d’un roi Mohammed VI ivre à Paris, était un récit national préparé dans lequel le gouvernement monarchiste de Rabat s’est délibérément déployé pour détourner l’attention régionale afin de couvrir le comportement de son roi.

    En plus d’essayer de déstabiliser l’Afrique du Nord, le Maroc l’a fait pour essayer d’influencer l’opinion publique au niveau national et spécifiquement dans le monde arabe que la position de l’UA de soutenir la RASD ne correspondait pas à sa politique étrangère qui, selon lui, est ancrée sur le maintien de la domination sur la RASD.

    Deuxièmement, tout en influençant l’opinion publique, le roi Mohammed VI a également compris que sa position de chef du comité judéo-arabe serait entachée par la vidéo divulguée, il devait donc trouver un moyen d’expier ses actions depuis son train de normalisation de 2020 avec Israël.

    Provocation et représentation trompeuse

    L’année dernière, la responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Laura Palatini, a déclaré que « le Maroc est l’un des rares pays qui se présente comme un modèle pour la gestion des problèmes d’immigration et le traitement civilisé des étrangers, tout en offrant une vie digne ».

    Palatini a présenté le Maroc comme un réformateur. Mais cette représentation idéaliste s’est avérée trompeuse.
    La mort de 37 migrants africains à Melilla, en Espagne, le 24 juin par collusion hispano-marocaine souligne la politique de sécurité autoritaire du Maroc contre les migrants africains.
    Une telle tragédie n’a reçu que peu ou pas de condamnation de la part de l’UE car, aidé par des fonds européens, le Maroc est à son tour récompensé par le silence face à des catastrophes comme à Melilla.

    Depuis sa réadmission à l’UA en 2017 après que 39 membres de l’UA ont voté pour en faire le 55e membre de l’instance, le Maroc, par son comportement, fait avancer un agenda anti-africain et préserve les intérêts de l’Occident en jouant une carte alliée des États-Unis et l’UE; maltraitant et dans d’autres cas tuant des immigrants africains pour protéger les intérêts de l’UE en servant de tampon pour limiter l’afflux d’Africains en Europe.

    Cela se produit en raison du rôle de longue date du Maroc en tant que partenaire de l’UE dans la politique migratoire de la région de la Méditerranée occidentale, qui vise à empêcher les migrants sans papiers de quitter le territoire marocain pour l’Espagne, une ligne de conduite souvent condamnée pour non-conformité avec le droit international.

    Cela se produit parce que le Maroc a toujours agi en tant que partenaire de l’UE dans sa politique migratoire en Méditerranée occidentale, dans le but d’empêcher les migrants irréguliers de quitter le territoire du pays pour l’Espagne.

    Une politique maintes fois critiquée comme peu compatible avec le droit international.

    Africains à cause des valeurs

    Alors que le continent cherche la bonne voie vers l’Agenda 2063, il est impératif de souligner que ce qui fait de l’UA un organe continental est davantage lié aux valeurs et à l’architecture pan-ubuntuistes de l’Afrique qu’à la géographie.

    La géographie seule ne doit pas être utilisée pour embrasser un pays comme africain car le Maroc a toujours, pendant longtemps, pensé à remplir l’agenda européen et américain plutôt qu’à défendre les valeurs de l’Afrique.

    Dans tous les domaines, l’Afrique a besoin d’une voix unitaire qui ait son mot à dire dans ce monde en mutation, tant pour les membres que pour les étrangers.

    Démolir l’unité qui a été formulée dans la lutte contre le colonialisme en ce moment est une initiative qui ne profitera qu’à ceux qui complotent contre le continent.

    The Herald, 05/09/2022

    #Maroc #Union_Africaine #RASD #Sahara_Occidental #Tunisie #TICAD8

  • Admission du Maroc à l’UA: une victoire à la Pyrrhus

    Admission du Maroc à l’UA: une victoire à la Pyrrhus

    Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine,

    L’admission du Maroc à l’Union africaine après des décennies d’absence a été reçue comme une victoire, mais qu’est-ce que cela signifie pour le Sahara occidental ?

    Abdelkader Abderrahmane*

    Un verre à moitié plein ou à moitié vide ?
    L’adhésion du Maroc à l’UA peut être vue sous deux angles différents, mais ce n’est, après tout, rien d’autre qu’un mouvement naturel. Certains disent même que l’absence du Maroc dans la famille panafricaine depuis 1984 est une anomalie.

    Il serait présomptueux de croire que les choses iront désormais sans heurts pour Rabat et ses alliés.

    Pour rejoindre l’UA, Rabat devait remplir les conditions d’admission, notamment la reconnaissance de l’intangibilité des frontières nationales héritées du colonialisme. Plus important encore, comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Salem Ould Salek, non seulement « le Maroc n’a pas imposé de conditions, mais sa présence « dans la même pièce » permettrait à la RASD de faire pression sur les Marocains pour qu’ils respectent leurs obligations, permettant ainsi un référendum conformément à une décision de 1975 de la Cour internationale de justice.

    Il serait présomptueux de croire que les choses iront désormais sans heurts pour Rabat et ses alliés. En effet, il y a des signes clairs indiquant que le Maroc sera étroitement surveillé et tenu de respecter les règles de l’UA.

    En fait, le Maroc n’a pas obtenu le soutien des puissances continentales, à savoir le Nigeria, l’Algérie et l’Afrique du Sud (ainsi que d’autres nations comme le Zimbabwe, la Namibie et l’Ouganda). En Afrique du Sud, l’admission du Maroc a même été une vraie déception. L’Assemblée nationale africaine (ANC) a publié un communiqué déclarant qu’ »elle regrette la décision de l’UA de réadmettre le Maroc dans l’organisation ».

    De même, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, a déclaré que « le vote pour réadmettre le Maroc à l’UA montre un manque d’idéologie chez certains dirigeants africains […] qui n’ont pas eu la même expérience révolutionnaire que nous tous, et qui sont trop dépendants de leur passé ». colonisateurs ».

    Par ailleurs, le Maroc espérait voir le Sénégalais Abdoulaye Bathily élu président de l’UA. Allié historique et ardent défenseur de l’intégration du Maroc, le Sénégal, à travers Abdoulaye Bathily, aurait poursuivi son lobbying auprès de l’UA et des Nations unies, pour une solution durable en faveur de Rabat sur le conflit du Sahara occidental. Mais c’est plutôt le Tchadien Moussa Faki Mahamat qui a été élu, candidat plus consensuel et favorable à l’autodétermination des Sahraouis.

    Gardez vos amis proches et vos ennemis plus proches encore
    Le Maroc pourra indéniablement travailler au sein de l’UA pour rallier davantage de soutien à sa cause, mais il sera surveillé de près et scruté par les Sahraouis et les autres membres de l’UA, rappelant toujours à Rabat ses obligations en tant qu’État membre de l’UA.

    De plus, en signe clair de son empressement à trouver une solution durable au conflit du Sahara occidental, immédiatement après l’admission du Maroc, l’UA a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) à « assumer ses responsabilités et à rétablir le « plein fonctionnement » du Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), qui est essentielle pour la supervision du cessez-le-feu et l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

    Dans le même communiqué, l’UA a également appelé le CSNU à « trouver des solutions aux problèmes des droits de l’homme et de l’exploration et de l’exploitation illégales des ressources naturelles sur son territoire, suite à la décision prise par l’Union européenne (UE) le 21 décembre 2016 ». sur les accords signés en 2012 entre l’UE et le Maroc sur la libéralisation mutuelle des échanges de produits agricoles et de la pêche.

    La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé en décembre 2016 que l’accord entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc « doit être interprété, conformément aux règles pertinentes du droit international applicables aux relations entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc, comme signifiant qu’il ne s’applique pas au territoire du Sahara Occidental », soulignant désormais que ni le Maroc ni l’Union européenne (UE) n’ont le droit d’exploiter les ressources du Sahara Occidental.

    L’admission du Maroc au sein de l’UA ne doit être considérée comme rien d’exceptionnel, mais plutôt comme une décision naturelle

    Cette décision de justice rappelle la résolution 1803 (XVII) de l’ONU qui stipule que « les États et les organisations internationales doivent respecter strictement et consciencieusement la souveraineté des peuples et des nations sur leurs richesses et ressources naturelles conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes contenus dans La résolution ». A cet égard, dans son rapport d’avril 2014, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a souligné qu’il était opportun d’appeler tous les acteurs concernés à « reconnaître le principe selon lequel les intérêts des habitants de ces territoires [du Sahara occidental] sont primordiale, conformément au chapitre XI de l’ONU, article 73 de la Charte.

    Une victoire à la Pyrrhus

    L’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc est une violation du droit international. En 1963, le Sahara occidental a été inclus dans une liste de territoires, identifiée par l’ONU, qui a demandé l’autodétermination. La notion d’autodétermination était déjà inscrite dans la Charte des Nations Unies et est soutenue par la résolution 1514 de l’ONU qui stipule que « tous les peuples ont le droit à l’autodétermination ». Cela a été soutenu par la CIJ dans un arrêt du 16 octobre 1975 lorsqu’elle a déclaré que le Sahara occidental n’était pas un territoire sans maître (terra nullius) au moment de sa colonisation par l’Espagne. Le jugement de la CIJ a donc déclaré que le Maroc n’avait aucune revendication valable sur le Sahara fondée sur un titre historique et que, même si c’était le cas, le droit international contemporain accordait la priorité au droit sahraoui à l’autodétermination. Au passage, le prince marocain, Moulay Hicham, a expliqué lors d’une interview donnée au quotidien français Le Monde en avril 2014, que toute négociation sur le Sahara Occidental doit être menée dans le respect du droit international.

    Siéger dans les mêmes locaux que la RASD à Addis-Abeba est pourtant une reconnaissance implicite de cette dernière par Rabat.

    Si les Marocains et leurs alliés ont célébré haut et fort leur admission à l’UA, le Maroc siégeant dans les mêmes locaux que la RASD à Addis-Abeba n’en est pas moins une reconnaissance implicite de cette dernière par Rabat. Confirmant donc ce que la CIJ, l’ONU et la CJUE ont déjà dit, à savoir que Rabat n’a aucune autorité sur le territoire occupé du Sahara Occidental.

    L’admission du Maroc au sein de l’UA ne doit être considérée comme rien d’exceptionnel, mais plutôt comme une décision naturelle pour cette nation nord-africaine qui a quitté l’Organisation de l’Union africaine (OUA) en 1984 pour protester contre l’admission de la RASD dans l’organisation africaine de l’époque. Si Rabat n’abandonnera pas son rêve de « Grand Maroc », les Etats membres de l’UA avides de justice et de dignité n’hésiteront certainement pas à lui rappeler ses obligations vis-à-vis non seulement du territoire occupé du Sahara Occidental mais aussi de ses pairs africains. En attendant, chacun est libre de voir son verre comme il l’entend : à moitié plein ou à moitié vide !

    *Expert à l’Institut des Etudes de Sécurité (ISS)

    Open Democracy, 06/02/2017

    #Maroc #Sahara_Occidental #Union_Africaine #RASD

  • Pourquoi le Maroc voulait absolument adhérer la CEDEAO

    Pourquoi le Maroc voulait absolument adhérer la CEDEAO

    Maroc, CEDEAO, Union Africaine, Sahara Occidental, Sénégal, Abdoulaye Bathily,

    Le 1er août 2014, le Ministère marocain des affaires étrangères a élaboré une note de présentation de la CEDEAO dans laquelle il énumère, entre autres, les avantages d’une éventuelle adhesion à cette organisation :

    -Accroitre l’influence politique de notre pays afin de marginaliser l’Algérie;
    -Utilisation de cet espace comme tribune pour véhiculer des message favorable au Maroc au sein de l’UA
    -Consolider le rôle de leadership du maroc en matiére de lutte contre le terrorisme au détriment de l’Algérie qui jusqu’à présent occupe ce rôle;
    -Renforcer les relations diplomatiques avec certains pays, membre de la CEDEAO notamment ceux reconnaissant la RASD en vue de les amener à retirer cette reconnaissance;

    La demande d’adhesion à la CEDEAO vise les objectifs suivants :

    1- Isoler et affaiblir l’Algérie sur la scéne africaine et ce, dans la perspective d’atteindre son objectif final qui est celui d’exclure la RASD de l’Union Africaine.

    2- Réduire l’influence de l’Algérie au Sahel où elle jouit d’un poids considérable, notamment aux yeux de l’Union Européenne qui a désigné le 18 mars 2013, un Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel.
    3- Lutter contre l’engagement de plus en plus de l’Union Africaine, et surtout la Commission Africaine, dans la défense du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Pour arriver à ses fins, le Maroc compte sur ses alliés dont la majorité sont des pays membres de la CEDEAO. Ceux-ci lui ont conseillé de s’adhérer á l’Union Africaine pour leur donner un argument pour défendre ses intérêts. L’adhésion du Maroc à l’organisation panafricaine était le plan A.

    Le plan B vint de Dakar, mais il a échoué, avec l’échec de la candidature du sénégalais Abdoulaye Bathily pour succéder Mme Dlamini Zuma à la tête de la Commission Africaine.

    L’adhésion du Maroc à la CEDEAO serait le plan C pour s’assurer davantage de soutien des pays membres de cette organisation et bénéficier des avantages économiques offerts par l’Union Européenne à cette assemblée régionale.

    Une fois le loup dans la bergèrie, il pourra sévir en toute liberté, notamment en utilisant l’arme dans laquelle le Maroc excelle : la corruption.

    P.S. : Lors de son message adressé au Somment des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tenu à Yamoussoukrou (Côte d’Ivoire) en mars 2013, le roi du Maroc a déclaré que « « La CEDEAO constitue aujourd’hui un cadre fédérateur des aspirations légitimes des peuples de la région ouest-africaine et un acteur privilégié pour ses partenaires africains et internationaux. A la faveur des évolutions constatées et des ambitions partagées, Je confirme aujourd’hui la volonté du Royaume du Maroc à approfondir davantage sa coopération avec la CEDEAO, en élargissant à de nouveaux horizons son statut de membre observateur, lui conférant un contenu significatif et singulier, sur les plans politique, économique, socio-culturel et stratégique »

    #Maroc #CEDEAO #Sénégal #Abdoulaye_Bathily #Union_Africaine

  • Maroc: Notes confidentielles sur la Guinée Bissau

    Maroc: Notes confidentielles sur la Guinée Bissau

    Maroc, Guinée Bissau, Sahara Occidental, CEDEAO, Union Africaine,

    De : Moha Tagma m.ouali.tagma@gmail.com
    Date : 22/10/2013 12:50 (GMT+00:00)
    A : Mohammed sitri sitri@maec.gov.ma
    Objet : GUINEE BISSAU

    Guinée Bissau

    La Guinée Bissau , ancienne colonie portugaise, depuis son indépendance le 10 Septembre 1974 connaît une instabilité chronique et une succession de Coups d’Etat et des retours épisodiques a l’ordre constitutionnel qui ne durent guère que quelques années.

    Cette situation assez atypique par rapport a la sous région de la CEDEAO trouve son origine dans la période post- guerre de libération. Les guérilleros du PAIGC, mouvement de libération fondé par Amilcar Cabral , n’ont en réalité jamais déposé les armes même après l’indépendance.

    Le pays est devenue depuis ces dix dernières une plaque tournante pour le trafic de la drogue en provenance de l’Amérique Latine et à destination de l’Europe.

    La Guinée Bissau, qui a une frontière commune avec le Sénégal a également pendant longtemps abrité les indépendantistes Casamançais , région du sud du Sénégal où un mouvement indépendantiste , le MFDC, a mené des actions armées contre l’armée sénégalaise.

    Le pays est actuellement dirigé par un Président intérimaire, M . Manuel Serifo Nhamadjo après un Coup d’Etat militaire qui a interrompu le processus électoral organisé après le décès du Président Malam Bacai SANHA. Les résultats ayant donné la victoire à l’ex Premier Ministre Carlos Gomes Junior, actuellement en exil au Portugal, ont été contestés par l’ex Parti au pouvoir ( PAIGC).

    Des nouvelles élections sont prévues le 24 Novembre 2013. La CEDEAO, l’Union Européenne et les Nations Unies font pression pour que les élections aient lieu à la date prévue.

    Le financement, soit 20 Millions de Dollars sera assuré par les pays de l’Union Européenne et par la CEDEAO.

    Le Sénégal met cependant un veto à ce que Carlos Gomes Junior puisse se présenter en raison du soutien affiché qu’il apporte au mouvement séparatiste Casamançais.

    Le Portugal et les autres pays lusophones, l’Angola notamment, sont des parties prenantes incontournables dans tout ce qui concerne la Guinée Bissau.


    Note sur
    la Guinée-Bissau

    I- Les origines de la crise en Guinée-Bissau

    1 – La Guinée-Bissau est marquée par une instabilité politique et par de fréquents soulèvements de l’armée. la stabilité du pays est hypothéquée par les tensions entre le pouvoir civil et militaire, les luttes de pouvoir et la collusion avec le trafic de drogue. L’ancienne colonie portugaise a toujours connu une fragilité institutionnelle faisant face à la corruption persistante et au trafic de drogue. L’apogée de la crise Bissau-guinéenne a été atteint le 2 mars 2009 avec l’assassinat du chef d’état major, le général Batista Tagmé Na Waie et le président Joao Bernardo Vieira.

    2 – La présence des Nations Unies (Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), depuis 2010 a permis de stabiliser relativement la situation dans ce pays mais l’année 2011 a connu une reprise de tensions politiques et une tentative de coup d’Etat accentuée par le décès, le 9 janvier 2012, du Président Malam Bacai Sanha.

    3 – Les élections présidentielles organisées en mars 2012, ont permis à M. Carlos Gomes Junior, Premier Ministre de remporter 48,97% des voix dans des élections jugées « libres et transparentes » par les observateurs de l’Union Africaine et de la CEDEAO. Devant la contestation de ces résultats par l’ex parti au pouvoir, PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), un coup d’Etat est perpétré, le 12 avril 2012.

    4 – Des tractations entre la junte militaire et les partis politiques sous les pressions de la communauté internationale et des organisations régionales (CEDEAO) , a débouché sur la création d’un Conseil national de transition et la mise en place d’une période de transition de deux ans. Un président de la République intérimaire Manuel Sherifo Nhamadjo est nommé.

    5 – Un Pacte de Transition politique, a été signé, le 17 janvier 2013, par tous les Partis politiques de la Guinée Bissau, y compris le PAIGC, pour assurer une plus grande participation politique à la gestion de la période de transition.

    6 – Ainsi, la Guinée-Bissau est confrontée à d’autres problèmes d’ordre sécuritaire dont le crime organisé, les conflits armés, la corruption et le trafic de drogues, d’armes, d’organes, de femmes et d’enfants. L’économie bissau-guinéenne est minée particulièrement par le poids d’une dette très lourde et par un chômage touchant près de 40% de la population active. Des doutes subsistent autour d’une probable implication des forces armées dans le trafic de drogues sont inquiétantes.

    7 – Par ailleurs, l’Armée ne veut pas perdre ses prérogatives liées à la détention de la réalité du pouvoir politique dans le pays. Les militaires n’accepteront jamais le retour de Carlos Junior à la tête du gouvernement.

    II- Les Elections présidentielles de 2013

    1 – Les élections générales sont prévues pour le 24 novembre 2013. Les principaux candidats à ces élections sont Carlos Gomes Júnior, le Premier ministre sortant, candidat du PAIGC (gauche) ;

    Kumba Ialá, président de la République de 2000 à 2003 (renversé par un coup d’État), candidat du Parti pour le renouveau social (PRS ; centre-gauche) ;

    Manuel Serifo Nhamadjo, dissident du PAIGC, se présentant sans étiquette ;
    Henrique Rosa, ancien homme d’affaires, président de la République par intérim de 2003 à 2005, candidat sans étiquette.

    Baciro Dja – ministre de la Défense le plus jeune candidat (33 ans) et membre dissident du PAIGC, se présentant à la présidentielle sans étiquette.

    2 – La Mission des Nations Unies pour évaluer les besoins électoraux a été installée le 3 juillet 2013 et le Représentant spécial du SGNU, José Ramos-Horta a relevé le 15 Juillet 2013, au cours d’une rencontre avec le Président de la transition la détermination des acteurs politiques de tenir les élections comme prévu, le 24 novembre 2013 mais a clairement indiqué qu’il existe « la possibilité de report des élections ».

    3 – Faute de moyens de recensement biométrique des populations et suite aux lenteurs dans le déblocage des fonds nécessaires (corps électoral estimé à 550.000), ces élections pourraient être reportées pour l’organisation du scrutin. Les experts électoraux des Nations unies prévoit un report au mois de février 2014, ou même mai 2014 pour permettre la préparation pour l’utilisation d’un logiciel informatique spécial.

    III- Relations bilatérales :

    1 – Pendant le mandat du Feu le Président Vieira, les relations entre le Maroc et la Guinée-Bissau étaient bonnes. Plusieurs Ministres et hauts responsables bissau-guinéens avaient effectué plusieurs visites au Maroc. Les relations avec le gouvernement de transition sont équilibrées.

    2 – Le Maroc a condamné le coup de force militaire et réitéré sa ferme opposition à toute prise de pouvoir par la force, réaffirmant son attachement au respect de l’ordre constitutionnel. , appréciant et appuyant les efforts de la CEDEAO ainsi que la réaction immédiate africaine.

    3 – S’agissant de la question du Sahara, la Guinée Bissau a eu des positions changeantes à ce sujet, après avoir reconnu la pseudo « rasd » en 1976 et soutenu, pendant longtemps, les thèses algériennes, la Guinée-Bissau a décidé , sous le mandat du Président Vieira, en mars 1997, de retirer sa reconnaissance. En mai 2009 elle rétablie, une autre fois, des relations diplomatiques avec la pseudo « rasd » et le 31 mars 2010, elle ne la reconnaît plus et soutient l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc.

    4 – La Commission Mixte créée par l’Accord du 15 mai 1996, a tenu sa première session les 14 et 15 mai 1996 à Rabat. La deuxième session a eu lieu à Rabat en 2008. La 3ème session de la Commission Mixte prévue a Bissau en 2011, n’a pu se tenir à cause de la situation de transition.

    5 – La coopération économique entre les deux pays est presque inexistante hormis les bourses (50 places) par an), une assistance financière et technique et des stages de formation professionnelle

    6 – Le 14 décembre 2011, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) a ouvert une ligne aérienne reliant Casablanca à Bissau. Les entreprises marocaines ont également exploré la possibilité de construire des logements sociaux et une cimenterie. Des investissements marocains peuvent aussi concerner, notamment le secteur des télécommunications, l’exploration et exploitation minières, tourisme, pêches maritimes et les banques.

    Fiche sur la République de Guinée-Bissau
    (septembre 2013)

    Données générales :

    Nom officiel : La République de Guinée-Bissau
    Superficie : 36.125 Km²
    Capitale : Bissau
    Villes principales : Bissao, Cacheu, Bafata, Gabu
    Langue officielle : Portugais
    Monnaie : Franc CFA (100 FCFA= 0.15 €)
    Fête nationale : 24 septembre (fête de l’indépendance)

    Données démographiques :

    Population : 10503,182 hab. (2008)
    Croissance démographique : 3% (PNUD 2008)
    Taux d’alphabétisation : 39.6 % (PNUD 2005)
    Religion : Musulmans (55%), chrétiens (10%), animistes (35%)
    Indice du développement humain (IDH) : 0,374, 175ème pays (PNUD 2007-2008)

    Données politiques :

    Date d’indépendance : 10 septembre 1974
    Président : M. Manuel Serifo Nhamadjo (président de transition pour un an)
    Premier ministre : M. Rui Duarte Barros
    Ministre des Affaires Etrangères (MAE) : M. Fernando Delfilm da Silva juin 2013
    Date des prochaines élections : décembre 2013
    Type du régime politique : République multipartite représentative semi-présidentielle
    Principaux partis politiques : PAIGC, PRS
    Appartenance aux CER : CEDEAO, UEMOA, CEN-SAD

    Données économiques :
    PIB : 878 MUSD (2009)
    Taux de croissance : 3,5 (2009)
    Taux d’inflation : -1,7 % (2009)
    Balance commerciale : -82,6 MUSD (2010)
    Principaux clients : Inde (45%), Nigeria (33%), Espagne (5%)
    Principaux fournisseurs : Portugal (29,5%), Sénégal (25,4%), Brésil (8%)
    Part secteurs d’activité : Agriculture: 56% ; industrie : 12, 8% ; services : 31,2%
    Exportations : Noix de cajou
    Importations : Riz, boissons, bien de consommation

    Données bilatérales :

    Ambassadeur de la Guinée-Bissau à Rabat :
    Ambassadeur du Maroc : M. Taleb Barrada avec résidence à Dakar
    Question du Sahara : Suspension de la reconnaissance de la « rasd » le 31 mars 2010 et soutien l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc
    Dernière Commission Mixte : 2008 à Rabat

    A – Le pays

    1 – Situation politique intérieure :

    L’histoire récente de la Guinée-Bissau est marquée par une instabilité politique et par des fréquents soulèvements de l’armée. L’ancienne colonie portugaise fait face à un processus de décomposition politique et économique due à la fragilité de ses institutions, à la corruption persistante et au trafique de drogue. Le pays est présenté comme un important point de transit de la cocaïne sud-américaine vers l’Europe.

    L’apogée de la crise Bissau- guinéenne semble avoir été atteint le 2 mars 2009 avec l’assassinat du président Joao Bernardo Vieira et en juin de la même année, les 13 candidats à l’élection présidentielle anticipée.

    En septembre 2009, M. Malam Bacaï Sanha, candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap vert (PAIGC, parti au pouvoir), a été élu Président de la République. En janvier 2012, suite à son décès, une élection présidentielle anticipée ont eu lieu en mars 2012.

    Carlos Gomes Junior, a remporté le 1er tour avec 48,97% et  Kumba Yala, avec23,36% . Ces résultats ont été rejetés par L’ensemble des candidats adversaires de M.Gomes et ont décidé de boycotter le deuxième tour du scrutin déclarant les fraudes massives orchestrées par le candidat vainqueur.

    Le 12 avril 2012, un coup d’Etat militaire a eu lieu le président de la République par intérim, Raimundo Pereira, et le Premier ministre, Carlos Gomes Junior ont été séquestrés. La junte militaire , en accord avec quelques partis de l’opposition, ont décidé de la dissolution des institutions de l’Etat et de la création d’un Conseil national de transition.

    Le 11 mai 2012, une délégation de la de la CEDEAO a désigné, après consultation, avec le commandement militaire, les partis politiques, les chefs religieux et le mouvement de la société civile. Manuel Serifo Nhamadjo, Président de la République de transition de la Guinée-Bissau pour une période d’un an.

    Le 17 Janvier 2013 : un Pacte de Transition Politique, a été signé par les Partis politiques de la Guinée Bissau, y compris le PAIGC, ancien parti au pouvoir, majoritaire dans le pays et écarté par le Coup d’Etat d’avril 2012. la Signature de ce pacte a pour objectif d’assurer une plus grande participation à la gestion de la période de transition politique que connaît le pays.
    Les prochaines élections sont prévues en décembre 2013

    2 –Situation économique :

    Sur le plan économique et budgétaire, la Guinée-Bissau demeure fragile, mais nombre de réformes sont en cours, réformes qui visent des résultats positifs en matière de stabilisation macroéconomique et croissance économique.

    L’économie bissau-guinéenne est minée particulièrement par le poids d’une dette très lourde et par un chômage touchant près de 40% de la population active. Depuis 1986, la politique économique a radicalement changé; le gouvernement ayant renoncé au dirigisme. Des programmes d’ajustement structurel successifs, touchant également l’agriculture et accompagnés d’une politique de stabilisation économique, ont été mis en œuvre depuis 1987, avec le soutien du FMI et de la Banque mondiale. Cette politique semble porter ses fruits mais n’a pas réussit à réduire l’extrême fragilité de l’économie.

    L’économie de la Guinée-Bissau est principalement agricole. L’agriculture (environ 56% du PIB) occupe entre 75 et 80% de la population active, avec une production vivrière destinée au marché local et surtout la culture de la noix de cajou, qui représente 90% des recettes d’exportation. Les activités dans les secteurs secondaire (12% du PIB) et tertiaire (30% du PIB) se rapportent essentiellement à la transformation de la noix de cajou et aux activités de services liées (transport, banque, commerce…). Même si la Guinée-Bissau se réjouit d’une importante façade maritime, la pêche reste un secteur d’activité peu développé, dont la contribution au PIB reste faible. Un potentiel existe dans le secteur minier, avec des ressources en bauxite et phosphate, sous condition d’investissement dans les infrastructures portuaires. L’activité économique reste fortement pénalisée par l’état très dégradé des infrastructures, notamment dans le secteur énergétique, le pays étant quasiment privé de production d’électricité (une capacité de production de 5 MW, pour une production effective de 1,5 MW).

    3 Politique extérieure :

    La Guinée Bissau est le seul pays lusophone d’Afrique de l’ouest avec le Cap-Vert, qui est longtemps restée isolée en raison de son alignement sur l’URSS. Elle fut néanmoins membre fondateur de la CEDEAO en 1975 et de l’Union africaine en 2000, et a adhéré au traité UEMOA le 2 mai 1997. La Guinée-Bissau est devenue membre de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) en 2004 et a organisé avec succès le 6ème sommet des chefs d’Etat de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) en juillet 2006.

    La Guinée-Bissau entretient des relations étroites avec le Sénégal sur le dossier de la Casamance. En 2006 en concertation avec Dakar, l’Armée a conduit une offensive le long de la frontière avec le Sénégal contre les bases de Salif Sadio, chef d’une frange radicale du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) qui utilisait le territoire bissau-guinéen comme sanctuaire.

    Devant le besoin pressant de ressources financières, la politique étrangère de la Guinée-Bissau est avant tout dirigée vers la recherche de nouvelles aides extérieures. La seconde réunion du Groupe international de contact sur la Guinée-Bissau s’est tenue à Lisbonne le 26 mars 2012. Un appel a été lancé au renforcement de laide des partenaires étrangers.

    Les Nations unies sont représentées en Guinée-Bissau par le Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS. L’objectif de BINUGBIS est d’appuyer un processus national de dialogue et de réconciliation, soutenir la mise en œuvre de la stratégie de sécurité RSS, assister à la lutte contre le trafic d’armes et de drogues, ainsi que de renforcer la coopération avec les organisations régionales.

    La Guinée-Bissau est l’un des cinq pays inscrit à l’ordre du jour de la Commission de Consolidation de la Paix de l’ONU.

    B – Les relations bilatérales :

    1- Les relations politiques :
    Pendant le mandat du Feu le Président Vieira, les relations entre le Maroc et la Guinée-Bissau étaient bonnes. Plusieurs Ministres et hauts responsables bissau-guinéens avaient effectué des visites au Maroc. Les relations avec le gouvernement de transition sont équilibrées.

    S’agissant de la question du Sahara, la Guinée Bissau a des positions changeantes à ce sujet, après avoir reconnu la pseudo « rasd » en 1976 et soutenu, pendant longtemps, les thèses algériennes, la Guinée-Bissau a décidé ,sous le mandat du Président Vieira, en mars1997,de retirer sa reconnaissance. En mai 2009 elle rétablie, une autre fois, des relations diplomatiques avec la pseudo « rasd » et le 31 mars 2010, elle ne la reconnaît plus et soutient l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc.
    La Guinéé Bissau n’a pas participé à l’atelier tenu du 22 au 25 février 2013 à Tindouf, sur l’approbation des ressources naturelles des pays africains, et ce en marge de la réunion d’Alger sur l’examen des statuts du Comité du Renseignement et des services de sécurité de l’U A

    2 – Coopération bilatérale

    Commission Mixte :
    Créée par l’Accord du 15 mai 1996, elle a tenu sa première session les 14 et 15 mai 1996 à Rabat. La deuxième session a eu lieu à Rabat en 2008.
    La 3ème session de la Commission Mixte devant se tenir a Bissau en 2011 a été reportée à cause de la situation de transition que le pays vie actuellement.

    Coopération économique
    La coopération entre les deux pays est presque inexistante hormis les bourses et quelques stages de formation professionnelle

    Le 14 décembre 2011, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) a ouvert une ligne aérienne reliant Casablanca à Bissau.

    Les autorités bissau-guinéennes avaient exprimé le souhait que soit débloqué le montant de 150.000 Euros, assistance financière que Monsieur le Premier Ministre, Driss Jettou, s’était engagé à accorder à Feu le Président de la République Joao Bernardo Vieira, à la demande de ce dernier.

    #Maroc #Guinée_Bissau #Sahara_Occidental #CEDEAO

  • Libye: Pourquoi le Maroc se réjouit de la nomination de Bathily

    Libye: Pourquoi le Maroc se réjouit de la nomination de Bathily

    Libye, Maroc, Union Africaine, Abdoulaye Bathily, Commission Africaine, CEDEAO, Dlamini Zuma,

    Dans un communiqué publié dimanche par le ministère des Affaires étrangères, de la coopération Africaine et des Marocains résidant à l’étranger, le Maroc se félicite de la nomination par le secrétaire général de l’ONU, de sénégalais Abdoulaye Bathily, un diplomate chévronné, au poste de Représentant spécial pour la Libye et chef de la MANUL, la mission onusienne dans ce pays ravagé par la guerre civile depuis l’assassinat de Kadhafi.

    Le 27 août 2016, Bathily a été désigné par la CEDEAO, dont les pays membres sont très proches du Maroc, notamment le Sénégal, chef de file du lobbying marocain à l’Union Africaine, candidat unique au poste de Président de la Commission de l’Union africaine (Ua) lors des élections qui auront lieu au prochain sommet de l’UA prévu les 30 et 31 janvier 2017 à Addis Abeba.

    Selon un expert de l’Institut des Etudes Sécurité (ISS), « le Maroc espérait voir le Sénégalais Abdoulaye Bathily, élu à la présidence de l’UA. Allié historique et fervent défenseur de l’intégration du Maroc, le Sénégal, à travers Abdoulaye Bathily, aurait poursuivi son lobbying auprès de l’UA et des Nations Unies, pour une solution durable en faveur de Rabat sur le conflit du Sahara Occidental. Mais au lieu de cela, c’est le Tchadien Moussa Faki Mahamat qui a été élu, un candidat plus consensuel et favorable à l’autodétermination des Sahraouis ».

    Bathily à la tête de la Commission Africaine aurait permit à Rabat de se débarrasser de la sudafricaine Dlamini Zuma dont le mandat a été caractérisé par de nombreuses initiatives visant une solution du conflit du Sahara Occidental favorable au peuple sahraoui. Il aurait aussi facilité l’adhésion du Maroc à l’organisation panafricaine et les plans concoctés par Rabat en vue d’expulser la RASD de l’UA.

    #Maroc #Abdoulaye_Bathily #Sénégal #CEDEAO #Union_Africaine #Libye #Commission_africaine

  • Bissau quémande au Maroc le prix de 5 billets pour New York

    Bissau quémande au Maroc le prix de 5 billets pour New York

    Guinée-Bissau, Maroc, Union Africaine, corruption, consulats au Sahara Occidental,

    Pour le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, annoncer l’ouverture de consulats au Sahara Occidental est devenu le seul moyen de contourner le légalité internationale et imposer le fait accompli de l’occupation illégale. Non sans raison il a été qualifié de « collectionneur impénitent de consulats fictifs ». Mais, qui sont ces pays qui ont accepté de se joindre au Maroc dans sa mésaventure saharienne?

    En scrutant la liste de ces pays, la première remarque relevée est leur dimension géographique. Sur la carte géographique, certains ne sont visibles qu’à la loupe. Deuxièmement, tous répondent au critère de la fameuse expression « république bananière », synonime de misère, famine et corruption et où la démocratie n’est qu’une façade, voire une farce de mauvais goût.
    Leurs pratiques mesquines ont été largement dénoncées par le hacker Chris Coleman en 2014, notamment leurs lettres quémandant de l’argent d’un « billet pour Paris », des sommes pour aider des parents présumés au pèlerinage. A titre d’exemple, il y a lieu de citer la Guinée-Bissau, le pays de tous les trafics et toutes les interdictions.

    Dans une lettre datée du 1er septembre 2014, envoyée par l’Ambassade du Maroc à Dakar, rapporte que « le ministre guinéen des affaires étrangères exprime le souhait de voir le Maroc prendre en charge, à l’instar des années précédentes, la participation de la délégation de la Guinée-Bissau à la 69ème Assemblée Générale de l’ONU, composée de cinq responsables, dont le coût est estimé à 46964 USD, et ce, compte tenu des difficultés budgétaires que rencontrent les nouvelles qutorités de Bissau ».

    « Il est à souligner que le Maroc prend en charge chaque année la délégation de la Guinée-Bissau, pour mémoire, la délégation bissau-guinéenne pour la 67ème AG de l’ONU, a été prise en charge pour un montant de 400 mille DH », ajoute-t-on.

    « Je vous prie de bien vouloir faire communiquer à cette embassade la suite réservée à la présente requête des autorités de la Guinée-Bissau », conclue la lettre.

    Dans une autre lettre datée du 328 juillet 2014, la même Ambassade rapporte avoir reçu un courrier du président de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau destiné àa son homologue marocain Rachid Talbi Alami, l’invitant à effectuer une visite de travail en Guinée-Bissau.
    « Par ailleurs, précise la lettre, le président de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau sollicte, à travers sa lettre, un soutient financier de la Chambre des Représentants, d’au moins 600 millions de FCFA (soit 916.000 euros), et ce, pour couvrir une partie des besoins en budget de contionnement et de remise en marche des services de son Institution, qui s’élèvent à 2 milliards de FCFA (soit 3816793 euros).
    « Je vous prie de bien vouloir faire connaître à cette Ambassade la suite réservée à cette invitation et à la requête de financement ci-dessus », conclue la source.

    Ces montants ridicules et infimes ont valu aux autorités bissau-guinéennes l’annonce de leur allégeance au Maroc dans la question du Sahara Occidental dans les instances de l’Union Africaine.

    Dans cette lettre, un ministre sollicite une aide pour, théoriquement, payer les frais de pèlerinage de 100 personnes. Il est fort probable que sa destination finale soit les poches des responsables du pays.

    #Guinée_Bissau #Maroc #Union_Africaine #Lobbying #Corruption

  • Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    TICAD 8, Union Africaine, Japon, Russie, Chine, Ukraine, crise alimentaire,

    En Tunisie, le Japon a tenté de se présenter comme un partenaire ayant une approche différente de celle de la Chine, qui accorde beaucoup de prêts, mais dans le contexte de la dislocation de l’économie mondiale, cette remise à zéro pourrait avoir un impact limité.

    Angus Chapman

    Ce fut un étrange week-end à Tunis.

    Lors de la cérémonie d’ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), pierre angulaire de l’influence économique, politique et de développement du Japon dans la région, étroitement liée à l’héritage de Shinzo Abe, disparu tragiquement, le Premier ministre japonais Fumio Kishida n’a pas mâché ses mots.

    L’ordre international fondé sur des règles est essentiel », a-t-il déclaré aux délégués, accusant à la fois la Chine et la Russie de saper cet ordre, dans une déclaration forte de son intention de regagner du terrain pour ce qui a été appelé à plusieurs reprises une approche distinctement « japonaise » du développement, enracinée dans la paix, la démocratie et l’épanouissement humain, avec un accent sur les droits sociaux, politiques et humains. L’Ukraine, en particulier, a occupé une place importante, presque toutes les interventions – du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Fakih Mahamat, à Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies, en passant par la multitude de déclarations des 48 pays africains représentés à la conférence – commençant par évoquer les coûts terribles que l’invasion russe a imposés au continent africain. La déclaration de Tunis, adoptée lors de la clôture de la TICAD dimanche, est allée encore plus loin, s’ouvrant sur un engagement à « maintenir la paix et la stabilité internationales » avant de se faufiler dans un défi direct à la Chine, prenant « bonne note de l’initiative d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».

    Des crises aggravées

    Mais comme l’ont souligné plusieurs intervenants, l’environnement économique mondial n’est pas nécessairement propice à une réinitialisation ambitieuse des relations nippo-africaines.

    « Les choses se sont compliquées », a déclaré Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’un des coorganisateurs de la TICAD. Il a énuméré une série de vents contraires auxquels l’organisation est confrontée dans sa lutte pour mettre fin aux perspectives de développement de l’Afrique.

    « La pandémie a fait dévier de nombreux pays de leur trajectoire ; des dizaines de millions de personnes se sont appauvries et, pour couronner le tout, l’attaque de la Russie contre l’Ukraine a provoqué d’énormes perturbations. Nous essayions d’investir dans le développement, nous essayions d’investir dans l’économie numérique en Afrique, au lieu de cela nous devons [maintenant] nous concentrer sur la manière dont les gens ont accès à la nourriture et aux engrais. Sans parler de la récession économique mondiale, où le coût du capital explose et frappe les économies africaines à un point d’endettement maximal. »

    M. Steiner ajoute qu’au-delà de l’économie, « nous sommes confrontés à un moment où les questions d’inégalité et de polarisation politique, le manque de confiance dans le gouvernement sont en train de déchirer les coutures de la cohésion sociale et la fonctionnalité du gouvernement. »

    C’est dans ce contexte que le Japon tente de se réaffirmer et de se distinguer de la Chine, alors que l’approche de son rival régional en matière de développement africain, fondée sur les prêts, lui vaut d’être accusé de « diplomatie du piège de la dette » sur tout le continent.

    Alors que l’on a l’impression que la TICAD a perdu de son lustre – le nombre de hauts fonctionnaires des pays africains présents a diminué de plus de la moitié, pour atteindre 20 personnes seulement, par rapport à la TICAD 7 à Yokohama il y a trois ans – la promesse élevée du Japon de consacrer 30 milliards de dollars supplémentaires au cours des trois prochaines années pour contribuer au développement de l’Afrique a été bien accueillie. Bien que l’intention soit de mobiliser conjointement des fonds provenant de sources publiques et privées, conformément à la réorientation en cours vers un développement dirigé par le secteur privé, établie lors de la TICAD 7, la répartition jusqu’à présent penche fortement en faveur du gouvernement et des autres institutions officielles de développement. Outre un fonds de 10 milliards de yens (70 millions de dollars) créé par les milieux d’affaires japonais dans le but de soutenir les jeunes entreprises africaines, 4 milliards de dollars sont consacrés à une nouvelle « initiative de croissance verte avec l’Afrique », 5 milliards de dollars seront fournis sous forme de cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi qu’aux problèmes de santé publique, 5 milliards de dollars seront fournis en cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi que de transparence et de viabilité de la dette, avec 300 millions de dollars supplémentaires pour la facilité de production alimentaire d’urgence de la BAD, 1 milliard de dollars ira à un fonds mondial pour la prévention des maladies infectieuses et, enfin, 300 000 professionnels africains supplémentaires seront formés au Japon.

    Aussi bien intentionné et précieux que soit le soutien du Japon, il n’est cependant pas certain que la TICAD 8 ait constitué une grande réinitialisation de la coopération nippo-africaine. Encore moins s’il s’agissait d’un rempart bilatéral défiant les forces globales et multidimensionnelles qui exercent une pression sur le continent. Malgré toutes les références du Japon à la qualité, et non à la quantité, de la coopération et de la croissance, et malgré l’accent mis sur l’importance de l’agence, de la consolidation de la paix, de la justice, de la durabilité et du capital humain, la réalité désagréable est que le changement radical des investissements japonais en Afrique – le principal levier prévu pour obtenir des résultats positifs en matière de développement – ne s’est pas encore concrétisé. Les États-Unis ont investi 44 milliards de dollars d’IDE en 2021, le Royaume-Uni et la France environ 60 milliards de dollars chacun et la Chine 43 milliards de dollars, les 5 milliards de dollars du Japon restant loin derrière, alors même que ses dirigeants politiques et économiques vantaient la jeunesse, le dynamisme et le potentiel économique inexploité du continent. Bien qu’on ne puisse attendre du Japon qu’il fasse tout à lui seul, il reste la troisième plus grande économie du monde en termes de PIB et peut se targuer d’un héritage riche et partageable en matière d’industrialisation de haute technologie, d’administration publique efficace, d’infrastructures transformatrices et de contributions de soutien aux affaires mondiales. Elle peut certainement faire plus. Dans le même temps, le recours fréquent aux changements du système mondial, comme l’insistance de M. Kishida pour que l’Afrique dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies – ce qui correspond aux ambitions du Japon dans cette arène – a été un rappel constant de l’ampleur des oscillations de la politique, de l’économie, de la finance et de la diplomatie internationales.

    Le changement climatique, la détérioration de l’économie, l’inégalité, le recul de la démocratie et l’agression nucléaire sont de véritables défis mondiaux, dont l’Afrique ressent l’extrémité plus que tout autre continent. Alors que j’écoutais le discours d’ouverture du Premier ministre Kishida, j’étais assis en face du chef de bureau d’une grande agence de presse internationale. Lors d’un appel Skype avec des collègues de la Libye voisine, il m’a dit, par-dessus le bruit des tirs, que des militants avaient commencé à tirer des coups de feu près de leur bureau.

    Dans un contexte d’élections nationales difficiles, de privations économiques croissantes, de sécheresse et de luttes pour le contrôle de l’industrie pétrolière nationale en raison de la flambée des prix induite par la guerre, il semblait inévitable que la violence qui sévit dans le pays depuis plus de dix ans et qui implique d’innombrables acteurs régionaux, internationaux et multinationaux, reprenne.

    Le Japon fait peut-être – ou peut-être pas – de son mieux, mais malgré les discours enthousiastes, les plénières, les promesses et la bonne volonté authentique et abondante de la TICAD 8, ses nobles ambitions pour l’Afrique restent frustrantes et hors de portée.

    African business, 30(08/2022

    #TICAD #Union_Africaine #Japon