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  • L’Iran au carrefour de l’histoire

    L’Iran au carrefour de l’histoire

    Iran, ONU, OTAN, Etats-Unis, pétrole, Union Européenne,

    À première vue, le rapprochement entre les États-Unis et l’Iran connaît un départ cahoteux. L’utilisation du terme « rapprochement » est délibérée – et sera contestée – car, à court terme du moins, ce que l’on peut attendre si un accord est effectivement conclu à Vienne, ce qui reste une question ouverte, ne peut être qu’un état de relations cordiales entre les deux pays, qui ne sont plus hostiles mais pas encore amicales non plus.

    PAR M. K. BHADRAKUMAR

    Dans une interview perspicace accordée à la chaîne PBS il y a deux jours, le représentant spécial des États-Unis pour l’Iran, Robert Malley, le négociateur en chef des pourparlers de Vienne, a évité toute forme de menace à l’encontre de l’Iran, tout en affirmant que l’administration Biden a mené une négociation serrée à Vienne.

    Le fait que Malley se soit montré optimiste avant même qu’un accord ait été conclu est surprenant. Peut-être Malley avait-il besoin de tenir bon, car l’image a une incidence sur l’humeur nationale aux États-Unis et en Israël.

    Malley a habilement fait savoir que l’administration Biden n’a fait aucun compromis et que l’accord, s’il y en a un, sera strictement conforme à la position de base des États-Unis, à savoir que « nous sommes prêts à nous remettre en conformité avec l’accord nucléaire si l’Iran fait de même ». Rien de plus, rien de moins.

    Toutefois, M. Malley a souligné que le dossier de l’AIEA sur l’Iran ne sera pas clos tant que Téhéran n’aura pas fourni des « réponses crédibles » à l’AIEA sur la question controversée de la présence injustifiée de particules d’uranium, à la pleine satisfaction de cette dernière. Il a insisté sur le fait qu’une « exploration préhistorique ou historique » par l’Iran ne suffira pas, car la question aujourd’hui est de savoir « où se trouve cet uranium aujourd’hui, et de s’assurer qu’il est comptabilisé et qu’il est soumis à ce qu’on appelle des garanties. »

    Cela semble être une question difficile. De même, on a demandé directement à Malley si les États-Unis allaient « permettre aux non-Américains (lire Européens) de faire des affaires avec le Corps des gardiens de la révolution islamique et de contourner les sanctions essentiellement américaines ». La réponse de Malley a été un coup de maître dans l’esquive. Il a dit :

    « Nous ne négocierions pas, n’avons pas négocié et ne négocierons pas un abaissement de nos normes sur ce que les entreprises européennes ou autres doivent faire si elles veulent faire des affaires avec l’Iran. Elles doivent respecter nos sanctions.

    « Les sanctions sont très bien définies. Le département du Trésor publie des normes très claires sur ce que les entreprises doivent faire, sur le type de diligence raisonnable qu’elles doivent exercer. Et tout rapport affirmant le contraire et prétendant que nous allons abaisser ces normes, que nous allons les négocier, est tout simplement faux. »

    À première vue, cela signifie que l’Iran peut s’attendre à un « allègement des sanctions » en termes d’accès à ses fonds bloqués dans des pays étrangers et, surtout, « qu’il serait en mesure de vendre du pétrole, ce qu’il ne peut pas faire actuellement, et d’obtenir le produit de la vente de pétrole. » Mais les sanctions contre l’IRGC peuvent être maintenues.

    En clair, l’Union européenne peut désormais acheter le pétrole iranien pour remplacer le pétrole russe. En effet, le pétrole supplémentaire qui entre sur le marché fera également baisser les prix (et réduira les revenus de la Russie.) Ces deux éléments servent les intérêts des États-Unis.

    Les États-Unis s’attendent à ce que les intérêts de l’Iran et de la Russie, en tant que pays exportateurs de pétrole, se heurtent inévitablement lorsqu’ils se disputeront les marchés. La Russie a déjà remplacé le pétrole de l’Iran sur le marché asiatique par des ventes à prix réduit. Les États-Unis espèrent que l’Iran leur rendra la pareille sur le principal marché de la Russie, à savoir l’Europe. Cela n’a rien à voir avec l’Iran. C’est la Russie, idiot !

    Et, bien sûr, les États-Unis estiment que le besoin désespéré d’argent de l’Iran finira par modérer son comportement global en tant qu’aberration. En prévision d’un comportement approprié du régime de Téhéran, le département d’État américain a menacé la semaine dernière de sanctions sévères si l’Iran vendait des drones à la Russie !

    Tant que les sanctions américaines resteront en place, il est peu probable que les entreprises européennes soient suffisamment confiantes pour faire des affaires avec l’Iran à plein régime. C’est du moins ce qui s’est passé, même après la signature de l’accord de 2015. Aujourd’hui, la solidarité transatlantique est beaucoup plus forte qu’il y a sept ans et il est hors de question que les Européens se débarrassent des garde-fous que les États-Unis mettent en place.

    Il est concevable qu’en cas d’accord, la voie s’ouvre pour que des pays non européens reviennent également dans l’économie iranienne. L’avantage va à la Chine, dont l’empressement à conclure rapidement un accord sur le JCPOA lors des négociations de Vienne est évident. La Chine a déjà mis en place une ambitieuse feuille de route de 400 milliards de dollars pour la collaboration économique avec l’Iran, y compris un mécanisme de paiement en monnaie locale.

    La grande question qui se pose est celle de la trajectoire future des relations Iran-Russie. Plus précisément, les liens avec l’Iran aideront-ils la Russie dans la sphère économique dans les conditions géopolitiques actuelles ? Il n’y a pas de réponse facile. Ne vous y trompez pas, les partenaires occidentaux vont travailler dur sur la classe moyenne iranienne.

    Une telle tactique a réussi dans le cas de l’Inde, comme en témoigne l’atrophie de ses relations avec la Russie au cours des trois dernières décennies. Curieusement, l’Iran et l’Inde présentent de fortes similitudes. Dans la sphère économique, en Inde comme en Iran, l’instinct bazari prévaut et le capitalisme de connivence est endémique. Au fil du temps, la trajectoire de l’Iran pourrait donc suivre celle de l’Inde.

    Beaucoup dépend de la résilience de la stratégie régionale américaine. Les choses ont commencé à s’améliorer pour les relations américano-indiennes après que Bill Clinton ait adopté une nouvelle attitude à l’égard de l’Inde au milieu des années 90, lorsque les perspectives économiques du pays ont commencé à s’améliorer et que les entreprises américaines ont senti des opportunités de marché.

    Il n’est pas exclu que les États-Unis adoptent une nouvelle attitude à l’égard de l’Iran, mais cela n’est pas facile à réaliser. Du côté iranien également, l’idéologie de la résistance est un héritage de la révolution iranienne et est ancrée dans la psyché chiite. Le nationalisme était une feuille d’ancrage de la révolution de 1979.

    En dernière analyse, Téhéran doit donc accepter le « texte final » proposé par l’UE au nom des États-Unis. Le fait est que les remarques de Malley suggèrent que Téhéran n’a pas reçu ce qu’il avait demandé en termes de retrait des IRGC de la liste des organisations terroristes américaines et que le dossier de l’AIEA reste ouvert. C’est une pilule amère à avaler pour Téhéran.

    L’influent Nour News a noté que « le processus d’expertise est toujours en cours et aucune décision négative ou positive n’a été prise. » En effet, le Guide suprême iranien Ali Khamenei devra donner l’approbation finale.

    PAR M. K. BHADRAKUMAR

    Source : Indian Punchline via Afrique-Asie

    #Iran #UE #Pétrole #Armes_nucléaires

  • Relations Algérie-Espagne : le toréador blessé !

    Relations Algérie-Espagne : le toréador blessé !

    Algérie, Espagne, Maroc, Union Européenne, Gaz,

    Le Maroc, l’Espagne et la France, un voisinage de l’Algérie assez tumultueux, et l’analyse de la situation de mon pays est dorénavant placée sous le signe de la menace représentée par l’expansion dans la crise diplomatique qui s’est ouverte avec la décision suprême de l’Algérie d’étendre sa souveraineté maritime avec l’Espagne, où les intérêts du pays sont engagés, nous pouvons comprendre que l’Espagne défende des points de vue qui ne s’identifient pas avec les nôtres, autant nous sommes en droit de nous étonner que pour leur part d’une politique d’équilibre, de bon voisinage en la matière de l’extension des eaux de Mer juridictionnelles de l’Algérie pour rejeter les limites maritimes proposées par l’Algérie.

    Aux termes de la Convention des Nations unies sur le droit de la Mer, l’Algérie, en tant qu’Etat côtier dispose de sa mer territoriale de 12 milles marins, de sa zone économique exclusive de 200 milles marins, de son plateau continental large d’au moins 200 milles marins et susceptible de s’étendre jusqu’à 350 milles marins à compter des lignes de base. Pour l’Algérie cette convention sert de base juridique pour rejeter les revendications territoriales absurdes de l’Espagne, qui, cherche à s’attribuer à elle seule, le droit à la Pêche sur toute la zone. Une frontière maritime doit être établie d’un commun accord, l’Espagne refuse les pourparlers.

    Contrairement au Maroc, qui a seulement exprimé son intérêt pour la délimitation de ses eaux l’Espagne avait montré son malaise et le Maroc avait décidé de reporter la mesure, l’Algérie avait déjà présenté sa vision sur la manière de délimiter les eaux juridictionnelles et la zone que l’Algérie se serait appropriée est un territoire d’environ deux cents milles nautiques (environ 370 kilomètres) conformément aux Droit International de la Mer.

    Ce qui me gêne le plus est que l’Espagne se mette à parler de manque de discernement, comme s’il avouait qu’il a fait quelque chose de mal, mais avec un esprit colonial, n’arrive pas à faire la différence des revendications Algériennes à celles du Maroc. !! Il est sur le chemin de l’autocensure, Le problème de la politique Espagnole est qu’elle fait systématiquement un tri sélectif des sujets qu’elle met en avant, c’est en réalité un groupement largement politisé.

    Ainsi, à l’escalade diplomatique de l’Algérie contre l’Espagne s’ajoute désormais une escalade économique, en effet l’Espagne en raison de son intention de revendre du gaz algérien au Maroc après le processus de regazéification sur le territoire espagnol,ce qui bien entendu semble être refuser par l’Algérie qui souhaite une révision des contrats de fourniture de gaz avec l’Espagne et qui estime que tout acheminement de quantités de gaz naturel algérien livrées à l’Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant l’Algérie à son client Espagnol.

    En exacerbant la crise entre l’Algérie et l’Espagne et en l’enveloppant dans un langage emprunté à la guerre froide, le changement diplomatique sur la question du Sahara occidental un territoire non autonome dont le statut final reste à déterminer et qui est éligible à l’autodétermination conformément à la légalité internationale, le revirement en question n’a pas une seule fois répondu aux questions sur la crise bilatérale entre les deux Pays, mais faire croire que le Sahara Occidental est partie intégrante du Maroc est d’une malhonnêteté sans nom. Il est à se demander pour l’Espagne si les choses sont aussi simples, alors pourquoi y a t il des indépendantistes catalans dans son propre pays ?

    En effet derrière tout cela, il y avait le malaise du Maroc qui ne recevait pas le soutien de l’Espagne sur le Sahara occidental. Cependant si les Algériens, qui ont pour coutumes de prendre leur temps avant de prendre des décisions de portée importante, ne vont pas fermer les vanneries du gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne, ils iront sans aucun doute privilégier dans un futur proche le Transmed, le gazoduc qui relie leur pays à l’Italie.

    L’Algérie considère comme injustifiable le changement de la position historique de l’Espagne par rapport au Sahara occidental qui a soutenu le 18 mars la proposition marocaine d’autonomie sur le Sahara Occidental. Mais toutes ces interprétations ne peuvent pas expliquer entièrement la démesure du revirement espagnol, elle qui n’avait jamais admis le rattachement de son ancienne colonie du Sahara au Maroc, elle s’est mise également à son tour au coté du Maroc, ce qui équivaut à la reconnaissance indue de la marocanité du Sahara occidental.

    D’autant plus qu’en Espagne, les sympathisants, qui communient le plus avec les indépendantistes sahraouis sont assez nombreux. Pour eux, il y a quelque chose de mystérieux dans ce revirement, car chercher altercation à l’Algérie, premier fournisseur de gaz de l’Espagne, reste une certaine folie, certains analystes s’inquiètent, en mettant en avant la vulnérabilité énergétique de leur pays.

    L’Algérie rompt son traité d’amitié avec l’Espagne en réaction à la position réitérée de l’Espagne, d’abord pour son refus dans la délimitation maritimes proposées par l’Algérie, pour son intention à revendre le Gaz Algérien vers le Maroc, et ensuite pour son soutien au Makhzen en ce qui concerne le statut légal du Sahara occidental, et la saisine par Madrid pour mobiliser ses alliés de l’Union Européenne contre l’Algérie, c’est dire de l’image dégradée de la politique Espagnole, un des pays qui ne savent pas gérer seuls leur diplomatie et recourent à l’Union européenne.C’est scandaleux !!!!

    En passant, le communiqué de l’U.E à propos de la crise entre l’Algérie et l’Espagne, est d’une totale ambiguïté. Ah pour l’Europe de Bruxelles bourrée de certitudes, c’est plus qu’obsessionnel ! C’est une répétition de rengaine faite de phrases ritualisées qu’elle ressort à toutes les sauces pour intervenir. C’est tellement inadapté et répétitif que s’en est le plus souvent ridicule pour illustrer les thèses qu’elle prétend défendre. C’est de la paraphrasie incrustée de prétention et chargée de mépris.

    Un parti pris de l’U.E est largement fantaisiste et hypocrite afin d’apporter un soutien aveugle et une solidarité à toute épreuve à l’Espagne et pourtant l’Espagne n’est même pas condamnée par la cour européenne pour ses prisonniers politiques et on ne cesse de nous parler sempiternellement de la grande démocratie européenne. Certes ce n’est assez de dire que l’Union Européen a été une usurpation de souveraineté, obtenue par le mensonge en jouant sur le mensonge, l’ambition, les fausses promesses et le complot contre les nations et les peuples. C’est un des crimes les plus graves qui puisse exister, contre les peuples.

    Qu’on puisse le dire haut et fort, l’Algérie n’a rien à perdre dans cette brouille diplomatique avec l’Espagne accompagnée de l’Union Européen bien au contraire, elle sortira sans aucun doute grandie, souveraine surtout pour avoir revendiquer la délimitation des eaux juridictionnelles de son rivage méditerranéen, de vendre son Gaz naturel au prix révisé et imposer son droit de refus à la revente de son Gaz à un tiers (Maroc) et surtout de dénoncer tous les coups bas d’une politique polichinelle, bien entendu être tributaire d’un pays peut être mauvais pour ce qui est de l’essentiel, d’où un constant marchandage de l’Espagne pour flirter avec les dessous de la carte du Sahara Occidental afin de faire revenir l’Algérie sur ses revendications maritimes, sur ses revendications gaziers et ses revendications relationnelles.

    N’en déplaise à nos voisins Espagnols, Marocains et Français les plus tumultueux, une sinistre association paritaire d’États, bien entendu celui qui fournit et paie les joueurs du Folklore qui décide.

    Islam, une voie de vérité!, 27/06/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #Union_Européenne #Gaz

  • Lutte contre l’immigration illégale: 500 millions pour le Maroc

    Lutte contre l’immigration illégale: 500 millions pour le Maroc

    Maroc, Union Européenne, lutte contre l’immigration, Commission Européenne,

    Il s’agit de la plus importante allocation à ce jour donnée par la Commission

    L’Union européenne (UE) va accorder plus de 500 millions d’euros au Maroc pour tenter de stopper l’immigration clandestine.

    Il s’agit de la plus importante aide accordée à ce jour par la Commission européenne. En fait, elle dépasse de 50 % ce qui avait été établi par le cadre de financement précédent. Cet argent devrait être utilisé pour couvrir jusqu’en 2027 la coopération en matière de migration.

    Parmi les mécanismes qui sont inclus dans cette aide, il convient de mentionner le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière (y compris les enquêtes conjointes), la sensibilisation aux dangers de l’immigration irrégulière et le renforcement de la coopération avec les agences de l’UE.

    Il est également prévu d’encourager les politiques d’intégration et de protection des réfugiés au Maroc et la lutte contre les mafias.

    Tout cela vise à améliorer le contrôle aux frontières et à aborder la collaboration en matière de migration pour faire face aux nouvelles méthodes utilisées par les mafias qui se consacrent à ce business.

    Réunion précédente
    Rappelons qu’en juillet dernier, il y a eu une rencontre à Rabat entre le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska ; son homologue marocain, Abdelouafi Laftit ; et le commissaire européen aux affaires intérieures, Yiva Johansson. Comme l’expliquait à l’époque le ministre espagnol, le but de la rencontre était « d’empêcher toute autre attaque violente aux frontières de l’Union européenne, qui sont évidemment aussi les frontières espagnoles, à Melilla et Ceuta ».

    Il s’agissait de la première visite au Maroc du ministre espagnol depuis que Madrid et Rabat ont surmonté leur crise bilatérale en mars dernier, bien que l’agenda du voyage de Marlaska, qui n’a duré qu’une seule journée, n’ait tourné qu’autour de la question de la migration.

    Après la rencontre avec le responsable marocain, Abdeluafi Laftit, la Commission européenne et le Maroc ont publié une déclaration conjointe et l’Espagne une autre, recueillant la nouvelle collaboration dans cette affaire, qui se traduira par un renforcement de la coopération policière, y compris des enquêtes conjointes.

    El Faro de Melilla, 15/08/2022

    #Maroc #UE #Immigration



  • Un gazoduc Espagne-Italie pour acheminer du gaz vers l’Europe

    Un gazoduc Espagne-Italie pour acheminer du gaz vers l’Europe

    Union Européenne, Espagne, Italie, Portugal, Gazoduc, gaz, France,

    LISBONNE, Portugal (AP) – Les autorités européennes envisagent un gazoduc de gaz naturel liquéfié entre l’Espagne et l’Italie comme moyen de contourner l’opposition de la France à une liaison gazière à travers les Pyrénées entre la péninsule ibérique et l’Europe centrale, a déclaré vendredi le Premier ministre portugais. .

    Le Portugal et l’Espagne pourraient envoyer une grande partie du gaz naturel liquéfié, ou GNL, qu’ils reçoivent du monde entier vers d’autres pays de l’Union européenne, a déclaré le Premier ministre Antonio Costa. Il n’a donné aucun autre détail, mais un tel pipeline sous-marin prendrait probablement des années à être achevé.

    Les pays de l’UE ont eu du mal à trouver un terrain d’entente sur la manière de sevrer le bloc de sa dépendance au gaz naturel russe. Le président russe Vladimir Poutine a militarisé les exportations de gaz pour faire pression sur le bloc afin qu’il réduise ses sanctions contre la guerre en Ukraine. Poutine a déjà interrompu les exportations de gaz vers plus d’une douzaine de pays de l’UE et réduit les exportations vers des puissances industrielles clés comme l’Allemagne. De nombreux responsables européens craignent qu’il ne coupe les exportations de gaz vers la majeure partie de l’Europe au cours de l’hiver, une période de demande clé.

    Les deux pays ibériques reçoivent du GNL par pipeline depuis l’Algérie et le Maroc, ainsi que par bateau depuis des pays comme les États-Unis et le Nigeria. Mais il existe actuellement peu de connexions énergétiques entre l’Espagne et le Portugal et le reste de l’Europe.

    « La péninsule ibérique a la capacité de remplacer une grande partie du gaz naturel liquéfié que l’Europe centrale importe aujourd’hui de Russie », a déclaré Costa aux journalistes.

    Avec six usines de GNL en Espagne – dont la plus grande d’Europe, à Barcelone – et une au Portugal, les voisins ibériques représentent un tiers de la capacité de traitement de GNL en Europe. Les terminaux portuaires transforment des cargaisons de GNL surfondu en gaz qui se déverse ensuite dans les foyers et les entreprises.

    Costa a déclaré que les usines ibériques pourraient également envoyer plus de GNL par bateau vers d’autres ports européens pendant la construction d’un pipeline.

    Costa a déclaré que le gouvernement français était toujours contre un pipeline à travers les Pyrénées, invoquant des préoccupations environnementales, et a ajouté que la Commission européenne évaluait un lien vers l’Italie.

    Les commentaires de Costa sont intervenus après que le chancelier allemand Olaf Scholz, s’exprimant jeudi à Berlin, a déclaré: «J’ai passé beaucoup de temps à gérer un pipeline qui nous manque cruellement, à savoir le pipeline qui aurait dû être construit entre le Portugal, l’Espagne via la France vers l’Europe centrale .”

    Il a ajouté: « Cela contribuerait désormais massivement à soulager et à apaiser la situation de l’approvisionnement. »

    Scholz a déclaré qu’il avait été en pourparlers avec l’Espagne, le Portugal, la France et la Commission européenne au sujet du projet.

    Les propos de la chancelière allemande ont été bien accueillis par le Portugal et l’Espagne, qui pourraient récolter les fruits de leurs investissements dans le GNL.

    « L’Espagne est bien préparée », a déclaré vendredi le ministre espagnol de l’Industrie, Reyes Maroto, à la télévision Antena 3. « Nous espérons que si la proposition de la chancelière allemande aboutit, nous aurons une meilleure gazéification et plus d’interconnexions en Europe afin de ne pas dépendre du gaz russe et d’être autosuffisant énergétiquement. »

    Le gouvernement et les entreprises américaines envisagent depuis longtemps le port atlantique portugais en eau profonde de Sines comme tremplin pour leur expansion. Ils ont identifié Sines comme une porte d’entrée potentielle vers l’Europe pour le gaz de fracturation aux États-Unis, ce qui a permis aux États-Unis de stimuler les exportations de GNL et d’offrir des prix bas.

    AP

    #UE #Gaz #Espagne #Italie #Portugal #Gazoduc

  • 12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    Union Européenne, Pegasus, logiciel espion, malware, espionnage,

    Pegasus Spyware Maker NSO Group a des contrats dans 12 pays de l’UE : rapport
    Le logiciel espion Pegasus permet d’infecter le téléphone portable de la victime de la surveillance et permet à l’opérateur d’écouter les conversations et de lire des applications avec des messages cryptés.

    Jérusalem : La société technologique israélienne NSO Group, qui a attiré l’attention mondiale, y compris en Inde, au milieu d’allégations d’utilisation abusive de son logiciel espion controversé Pegasus, a apparemment une présence importante dans l’Union européenne avec au moins 22 contrats couvrant 12 des 27 États membres, selon un rapport des médias publié mercredi.

    Les logiciels espions Pegasus et les produits concurrents permettent d’infecter le téléphone portable de la victime de la surveillance, et permettent ensuite à l’opérateur d’écouter les conversations, de lire des applications avec des messages cryptés et de fournir un accès total aux contacts et aux fichiers sur l’appareil.

    Il permet d’écouter en temps réel ce qui se passe autour du téléphone portable en actionnant la caméra et le microphone.

    Des représentants de la commission d’enquête du Parlement européen sur le logiciel espion Pegasus se sont récemment rendus en Israël et ont appris du personnel de l’ONS que la société avait des contrats actifs avec 12 membres de l’Union européenne, a rapporté le quotidien Ha’aretz.

    Les réponses de la société israélienne de cyberguerre aux questions du comité, qui ont été obtenues par le journal, révèlent que la société travaille désormais avec 22 organisations de sécurité et d’application de la loi dans l’UE, a-t-il ajouté.

    Les représentants de la société dans leurs conversations et échanges avec PTI ont soutenu que leur logiciel espion est utilisé par des « clients gouvernementaux » pour cibler des terroristes et d’autres crimes graves.

    Des membres de la commission d’enquête du Parlement européen venus en Israël auraient été surpris de découvrir des contrats avec leur pays d’origine.

    Les représentants du Comité se sont rendus en Israël ces dernières semaines « pour en savoir plus sur l’industrie locale de la cyberguerre » et ont eu des discussions avec des employés de l’ONS, des représentants du ministère israélien de la Défense et des experts locaux.

    Parmi les membres du comité se trouvait un législateur catalan dont le téléphone portable a été piraté par un client de l’ONS, note le rapport.

    « Le comité a été créé après la publication du projet Pegasus l’année dernière, et son objectif est de créer une réglementation paneuropéenne pour l’acquisition, l’importation et l’utilisation de logiciels de cyberguerre tels que Pegasus », indique le rapport.

    « Mais alors que les membres du comité étaient en Israël, et en particulier depuis leur retour à Bruxelles, il a été révélé que l’Europe a également une industrie de la cyberguerre bien développée et que nombre de ses clients sont des pays européens », a-t-il déclaré.

    Les législateurs de l’UE ont été chargés de connaître l’identité des clients de NSO en Europe à l’heure actuelle et ont été surpris de découvrir que la plupart des pays de l’UE avaient des contrats avec l’entreprise : 14 pays ont fait affaire avec NSO dans le passé et au moins 12 utilisent encore Pegasus pour interception légale d’appels mobiles, conformément à la réponse de NSO aux questions du comité.

    En réponse aux questions des législateurs, la société a expliqué qu’à l’heure actuelle, NSO travaille avec 22 organisations de sécurité et de renseignement « utilisateurs finaux » et les autorités chargées de l’application de la loi dans 12 pays européens.

    Dans certains pays, il y a plus d’un client car ils sont avec des organisations d’exploitation, selon le rapport.

    Dans le passé, selon la soumission de NSO, la société a travaillé avec deux autres pays avec lesquels les liens ont maintenant été rompus. NSO n’a pas révélé quels pays sont des clients actifs et avec quels deux pays le contrat a été gelé, a-t-il déclaré.

    NSO n’aurait pas répondu à la demande de commentaire de Haaretz.

    Israël, plus tôt en janvier de cette année, a pris ses distances avec la controverse déclenchée par l’inscription sur la liste noire du groupe NSO après des allégations d’utilisation illégale de son logiciel espion Pegasus pour cibler des responsables gouvernementaux, des militants et des journalistes dans le monde entier, affirmant qu’il s’agit d’une entreprise privée et qu’elle a rien à voir avec la politique du gouvernement israélien.

    « NSO est une entreprise privée, ce n’est pas un projet gouvernemental et donc même s’il est désigné, cela n’a rien à voir avec la politique du gouvernement israélien », avait déclaré à la presse Yair Lapid, alors ministre israélien des Affaires étrangères et aujourd’hui Premier ministre. jours de conférence après que la société a été mise sur liste noire par le département américain du Commerce.

    NDTV, 10/08/2022

    #UE #Pegasus #Logiciel_espion #NSO_Group

  • Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Algérie, Maroc, Union Européenne, Gaz, Ukraine, Russie, Sahara Occidental, Espagne, Pedro Sanchez,

    Les retombées mondiales du conflit en Ukraine ont été particulièrement visibles dans le domaine de l’énergie, où les sanctions mises en place contre la Russie ont contraint l’Europe à chercher ailleurs ses approvisionnements énergétiques. Dans cette ruée vers le gaz, particulièrement controversée car elle reporte irrémédiablement des agendas ambitieux de sortie des énergies fossiles, les Etats membres européens ont déplacé leur attention de l’Est désormais turbulent, où le découplage économique avec Moscou semble inéluctable, vers le Sud, périphérie régionale la plus souvent négligée, et qui n’attire l’attention de Bruxelles et de Washington que lorsque des préoccupations urgentes en matière de sécurité deviennent trop impossibles à ignorer. Dans la plus récente poussée énergétique qui a emmené des diplomates étrangers, des dignitaires et des officiers de haut rang en tournée dans plusieurs capitales du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord riches en pétrole, il y a un endroit qui a immédiatement été en tête de liste des plus destinations recherchées capables de compenser en partie la baisse des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie : l’Algérie.

    Une opportunité incontournable

    Compte tenu de sa géographie et de ses infrastructures de gazoducs, l’Algérie est un partenaire de longue date de l’Europe dans le secteur de l’énergie. Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le pays est un important producteur de pétrole et de gaz fortement tributaire des exportations d’hydrocarbures.[1] Par rapport à une Libye de plus en plus instable, où la dernière bifurcation politique a déjà eu un impact sur la fragile industrie pétrolière du pays, l’Algérie offre également des conditions beaucoup plus stables. L’époque du mouvement d’opposition Hirak, lorsque les manifestations de masse ont mis fin au régime du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, semble révolue et l’opposition a été muselée par une combinaison de facteurs, notamment un virage autoritaire répressif et la décision des manifestants de suspendre les rassemblements à la suite de la pandémie de COVID-19. La brève transition, qui comprenait des changements cosmétiques à la constitution, une lutte instrumentale contre la corruption et des élections marquées par un faible taux de participation, a abouti à un changement de leadership qui a donné à l’ancien Premier ministre Abdelmajid Tebboune la présidence, tandis que le pouvoir réel repose fermement entre les mains de les militaires guidés par le général de division Saïd Chengriha.

    La transition politique a été caractérisée et partiellement entraînée par un ralentissement économique causé par la chute du pétrole de 2014, qui a considérablement érodé les réserves de change (passant de 121,9 milliards de dollars en octobre 2016 à 42 milliards de dollars en mars 2021). Cependant, la guerre en Ukraine a représenté un tournant, offrant à l’Algérie une occasion incontournable de réaliser ses ambitions pour devenir enfin un hub énergétique capable de satisfaire les exigences des partenaires européens cherchant désespérément à diversifier les approvisionnements en gaz loin de la Russie. Poussé par une demande mondiale plus élevée, le pic pétrolier relance la production pétrolière de l’Algérie, aidant à équilibrer le déficit budgétaire qu’Alger a accumulé au cours des dernières années.[2] La conjoncture économique favorable attire également des investissements directs étrangers (IDE) indispensables qui pourraient contribuer à moderniser une industrie pétrolière vieillissante et à renforcer la capacité de production. Dans ce contexte, les récents accords signés entre la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach et son homologue italien ENI sont particulièrement remarquables. Le protocole d’accord (MoU), signé à l’occasion de la visite de Tebboune à Rome et à Naples en mai 2022, devrait stimuler l’exploration gazière et le développement de l’hydrogène vert en Algérie, et prévoit un projet d’interconnexion électrique via des câbles sous-marins. [3] L’accord a également confirmé l’augmentation des exportations de gaz de l’Algérie vers l’Italie, passant de 22 milliards de mètres cubes (bcm) par an à 31 bcm, suite à un accord conclu en avril lors de la visite du Premier ministre italien Mario Draghi à Alger. Les 9 milliards de m3 supplémentaires de gaz supplémentaire par an (qui, selon le calendrier convenu, seront livrés d’ici 2023-2024) pousseront le gazoduc offshore transméditerranéen (TransMed) reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie à pleine capacité.

    La faille qui coupe les ailes de l’Algérie

    Les accords récents contribueront certainement à consolider la position de l’Algérie en tant que l’un des principaux fournisseurs d’énergie de l’Italie, contribuant à compenser la réduction de l’approvisionnement en gaz de Moscou. Cependant, cette réalisation remarquable ne suffira peut-être pas à réaliser les rêves de l’Algérie de jouer un rôle central dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe à partir de son flanc sud. Parallèlement à des années de sous-investissement dans l’industrie pétrolière, des obstacles politiques sont également susceptibles de limiter la capacité de l’Algérie à augmenter ses exportations de pétrole et de gaz. En effet, le renforcement des relations bilatérales entre Alger et Rome contraste fortement avec la détérioration des relations entre l’Algérie et l’Espagne, toutes deux engagées dans une querelle diplomatique exacerbée par les développements récents. La suspension du traité d’amitié et de coopération de 2002 n’est que la dernière étape d’une détérioration rapide des relations bilatérales principalement motivée par le ressentiment de l’Algérie envers le nouveau cap de politique étrangère fixé par le gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, qui a jusqu’à présent été le point principal de discorde qui anime la compétition régionale entre l’Algérie et le Maroc. En effet, dans une décision surprenante annoncée en mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé que Madrid reconnaissait enfin le plan d’autonomie du Maroc pour la région contestée comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour résoudre le conflit, soutenant efficacement la position de Rabat.

    Le passage diplomatique d’une approche basée sur le respect des résolutions de l’ONU et du principe d’autodétermination au plan d’autonomie, sur lequel Rabat insiste depuis 2007, est en effet le résultat d’une année de vie dangereuse à travers l’étroit détroit de Gibraltar . L’origine du réalignement en cours doit en effet être recherchée dans une querelle diplomatique qui a opposé en avril 2021 Madrid à Rabat à la suite de l’hospitalisation du chef du Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et Rio de Oro (Front Polisario, le groupe rebelle mouvement luttant pour l’indépendance du Sahara Occidental vis-à-vis du Maroc et soutenu par l’Algérie) Brahim Ghali en Espagne pour le COVID-19. Apparemment amené en Espagne par un avion algérien et sous un faux nom, Ghali a passé quelques semaines à l’hôpital de Logroño, provoquant de véhémentes manifestations à Rabat. L’augmentation sans précédent du nombre de migrants tentant d’entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta en mai 2021 (avec plus de 9 000 entrées enregistrées en deux jours seulement, dont 1 500 enfants) ressemblait à une représaille inévitable après que des informations suggéraient que la police et les gardes-frontières marocains contrôles détendus.[4] Le nombre croissant de migrants arrivant en Espagne le long de la route de la Méditerranée occidentale a probablement convaincu la Moncloa de revenir sur sa position. Le limogeage de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Maria Aranzaz « Arancha » Gonzalez Laya, qui a payé le prix de l’affaire Ghali, a certainement été un premier signe de la réélaboration de la politique du Sahara occidental en cours à Madrid depuis l’été dernier.

    L’épreuve décisive du Sahara occidental

    En intensifiant la pression migratoire vers Ceuta et Melilla, souvent la cible de la rhétorique irrédentiste de Rabat, le Maroc a touché une corde sensible dans le processus décisionnel espagnol, où le gouvernement de coalition minoritaire de Sanchez a récemment subi une pression croissante à la suite de révélations sur son utilisation du puissant logiciel espion Pegasus.[5] Il a également confirmé la confiance croissante du Maroc dans l’imposition de son programme, dont l’objectif principal est de rallier un soutien plus large pour légitimer ses revendications sur un Sahara occidental qui ressemble de plus en plus à un test décisif pour voir où se situent réellement les principaux partenaires dans un Maghreb reconfiguré et multipolaire. L’affirmation du Makhzen s’est certainement accrue après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur les territoires contestés en échange du rétablissement des relations diplomatiques entre Rabat et Israël. L’accord, conclu au crépuscule de l’administration Trump, représentait l’aboutissement d’une politique transactionnelle qui a poussé le Maroc sur le front de la normalisation établi après les accords d’Abraham, qui comprenait Bahreïn, Israël, le Soudan et les Émirats arabes unis. Dans le même temps, le nouveau cap des États-Unis sur le Sahara occidental, qui n’a pas été inversé par l’administration Biden, a certainement contribué à l’escalade militaire dans les territoires contestés, où le Front Polisario avait déjà déclaré la fin du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 dans un contexte caractérisé par la reprise des combats dans la zone tampon de Guerguerate.

    L’effondrement d’un conflit gelé, qui s’est jusqu’à présent limité à des raids sporadiques du Polisario contre l’avant-poste des Forces Armées Royales (FAR, l’armée marocaine) et à des frappes aériennes et de drones marocains contre des combattants sahraouis, a réintroduit une nouvelle point chaud en Afrique du Nord. Conjuguée au conflit gelé en Libye et à la spirale de la violence djihadiste au Sahel, la reprise de la lutte au Sahara occidental risque de plonger toute la région nord-africaine dans une nouvelle saison de chaos, une décennie après les bouleversements politiques du printemps arabe. Le contrôle des dégâts a jusqu’à présent réussi à contenir les tensions, et les exercices militaires des deux côtés de la frontière (fermée depuis 1994) ressemblent plus à une posture qu’à de véritables menaces à la paix et à la sécurité de la région. Tant à Alger qu’à Rabat, il n’y a clairement aucun appétit pour une nouvelle guerre des sables ou un nouveau conflit sur le Sahara occidental. Le Maroc tire parti du changement de politique étrangère des États-Unis pour consolider sa position, poussant les partenaires européens à embarquer dans la reconnaissance de son contrôle territorial sur le territoire contesté. Dans le même temps, les difficultés intérieures ont certainement découragé l’Algérie d’utiliser son pouvoir dur pour soutenir le Polisario pour le moment. Cependant, alors que le régime cherche à consolider sa légitimité et que de nouveaux amendements constitutionnels permettent à l’Armée nationale populaire (ANP, l’armée algérienne) d’assumer une approche proactive dans la région, le Sahara occidental peut encore être une carte utile à jouer pour unir l’opinion publique contre un ennemi commun tout en détournant l’attention de problèmes nationaux plus urgents.

    La militarisation de tout

    De manière générale, les nouvelles générations en Algérie semblent beaucoup plus soucieuses d’accroître leur représentativité et d’instaurer un véritable système démocratique que de soutenir une cause qui plonge ses racines dans un passé très lointain et lointain. Pour cette raison, il apparaît de plus en plus évident que les tensions diplomatiques les plus récentes entre l’Algérie et le Maroc ont été beaucoup plus motivées par la tendance à la normalisation et la décision de Rabat de rétablir les liens avec Israël que par la reprise du conflit au Sahara Occidental. En effet, la décision d’Alger de resserrer les relations diplomatiques avec le Maroc est intervenue immédiatement après la visite du ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid à Rabat en août 2021. Il est intéressant de noter qu’à cette occasion, Lapid a déclaré que l’Algérie se rapprochait de l’Iran, un indication supplémentaire d’une politique étrangère élaborée en fonction de la constitution de nouveaux blocs régionaux issus du réalignement impulsé par le processus de normalisation. La remarque de Lapid a certainement contribué à la rupture diplomatique algéro-marocaine, dans un contexte marqué par l’escalade des tensions suite au soutien de Rabat à l’autodétermination de la région kabyle en Algérie, qui faisait le parallèle avec le soutien d’Alger au Polisario.[6]

    La nouvelle fracture maghrébine a également produit des externalités négatives qui sont allées au-delà du contexte local déjà clivant, notamment après la décision de l’Algérie de ne pas renouveler le contrat de 25 ans pour la fourniture de gaz au Portugal et à l’Espagne via le Maroc via le Gazoduc Maghreb-Europe (MEGP) . Le gazoduc de 12 milliards de m3 par an a cessé ses activités en octobre 2021, privant de fait le royaume alaouite de ses redevances d’une valeur de 0,5 milliard de m3 de gaz, qui représentaient la moitié de la consommation intérieure moyenne du Maroc par an. Alors que l’Algérie a confirmé qu’elle continuerait néanmoins à respecter son engagement d’approvisionner Madrid en gaz naturel via le gazoduc offshore Medgaz de 10,5 milliards de mètres cubes par an, et en stimulant l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis ses ports, la politique pétrolière est devenue la nouvelle frontière de l’affrontement entre les deux rivaux maghrébins.[7] Tout comme les pressions migratoires sur l’Espagne facilitées par Rabat lors de l’affaire Ghali, la décision de l’Algérie de fermer le MEGP pour punir le Maroc de s’être rapproché d’Israël s’inscrit dans ce qui a été décrit avec succès comme une militarisation de tout[8], dans laquelle les prétendants utilisent tous les moyens et toutes les mesures à l’exception de la guerre pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

    A posteriori, la fermeture du MEGP pourrait bien être interprétée comme une blessure auto-infligée à l’Algérie, surtout en période de manne gazière. À y regarder de plus près, cependant, la hausse des prix sur le marché du pétrole cette année signifie que les revenus continueront à être importants, permettant également aux autorités algériennes de choisir de déplacer une partie de leurs approvisionnements en gaz des contrats à long terme les moins rentables vers les plus marché au comptant lucratif. Ayant déjà réduit de moitié le volume de gaz exporté vers l’Espagne avant l’actuelle querelle diplomatique avec Madrid, l’Algérie se sent certainement plus confiante pour trouver un juste équilibre entre la tentation de tout mettre en œuvre et de couper complètement l’approvisionnement en gaz de Madrid pour sa politique remaniée au Sahara Occidental et le maintien le flux constant de revenus entrant dans ses coffres. Les menaces d’augmentation du prix du gaz livré aux clients espagnols, proférées en avril par le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar, en sont un exemple et sont intervenues, pas par hasard, alors que les relations entre Alger et Madrid allaient de mal en pis. En effet, à cette époque, le Maroc et l’Espagne discutaient de la manière de détourner le flux de la MEGP pour fournir à Rabat du gaz naturel acheté sur les marchés internationaux. Les discussions ont mis Alger de plus en plus mal à l’aise, poussant le gouvernement algérien à menacer de résilier le contrat avec l’Espagne si le gaz naturel en provenance d’Algérie était détourné vers le Maroc.

    La ruée vers le gaz africain

    L’hybridation de la guerre transforme non seulement les États membres de l’UE en importateurs nets de la spirale du fossé maghrébin, mais pousse également leurs politiques pétrolières sur une trajectoire de collision, selon les différentes politiques adoptées sur la question du Sahara occidental. En outre, les ramifications de cette lutte pour la suprématie régionale s’étendent également au continent africain, où les politiques régionales d’Alger et de Rabat sont toujours empêtrées dans le jeu à somme nulle qui alimente déjà la détérioration de leurs relations bilatérales. En particulier, le secteur de l’énergie devient un champ de bataille, où la ruée vers le gaz africain s’est accélérée, notamment au lendemain du conflit en Ukraine. Le Maroc, par exemple, a accéléré ses plans à long terme pour rivaliser avec son voisin oriental, sur la base d’une stratégie ambitieuse qui ferait à terme de Rabat une puissance dans l’exportation de combustibles fossiles et d’énergies renouvelables. Dans le cadre de sa nouvelle politique africaine, soulignée par le retour de Rabat à l’Union africaine (UA) en 2017, le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) de 5 560 km a récemment été accéléré suite à l’approbation du gouvernement d’Abuja. Le gazoduc serait une extension du gazoduc existant qui fournit du gaz nigérian au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010. Le 2 juin, le gouvernement nigérian a chargé la Nigeria National Petroleum Company de conclure un accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour la construction du gazoduc, qui acheminera à terme le gaz nigérian vers l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, et de là vers l’Europe également à partir de 2046.

    Fait intéressant, l’accélération est intervenue après les récents progrès réalisés par l’Algérie dans l’avancement d’un projet rival connu sous le nom de gazoduc transsaharien (TSGP). D’une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an, le TGSP est un projet de 4 128 km qui acheminerait à terme le gaz naturel du Nigéria vers l’Algérie via le Niger, renforçant la capacité d’Alger à satisfaire ses besoins intérieurs et à stimuler les exportations de gaz vers l’Europe. La déclaration de Niamey signée en février 2022 entre les ministres du pétrole algérien, nigérien et nigérian a relancé le projet, qui était en sommeil depuis plusieurs années en partie en raison de problèmes de sécurité concernant le pipeline transitant par une région sahélienne de plus en plus instable, où plusieurs groupes terroristes sont actifs. . Compte tenu de ses réserves abondantes, le Nigeria est évidemment bien placé pour fournir à l’Europe une quantité croissante de gaz naturel qui compenserait en partie l’approvisionnement réduit de la Russie en raison du conflit en cours en Ukraine. En outre, le NMGP et le TSGP seraient évidemment des instruments précieux pour satisfaire la demande intérieure croissante des États en développement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Le risque, cependant, est que ces projets de gazoducs soient victimes de l’approfondissement du fossé entre l’Algérie et le Maroc, qui oblige à la fois les exportateurs de pétrole et de gaz en Afrique (comme le Nigeria) et les importateurs d’énergie en Europe (comme l’Italie et l’Espagne) à naviguer un contexte hautement conflictuel et clivant, irradié par une rivalité régionale qui s’étend bien au-delà des frontières traditionnelles du Maghreb.

    Références

    [1] Selon les données de la Banque mondiale, sur la période 2015-2020, les exportations pétrolières algériennes représentaient 19 % du produit intérieur brut (PIB), 94 % des exportations totales et 40 % des recettes budgétaires : https://thedocs. worldbank.org/en/doc/65cf93926fdb3ea23b72f277fc249a72-0500042021/related/mpo-dza.pdf.

    [2] La production de pétrole est déjà passée de 175,9 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) en 2020 à 185,2 millions en 2021, tandis que les recettes d’exportation sont passées de 20 milliards de dollars à 34,5 milliards de dollars. Voir, Francisco Serrano, « Higher Oil Prices are Giving Algeria’s Regime Breathing Room », 25 mai 2022, Middle East Institute, https://www.mei.edu/publications/higher-oil-prices-are-giving-algerias- régime-respiratoire.

    [3] La production de gaz dans les zones couvertes par le protocole d’accord devrait atteindre 3 milliards de mètres cubes (bcm) par an et contribuera à augmenter la capacité d’exportation de gaz de l’Algérie vers l’Italie. Le protocole d’accord couvre également l’évaluation technique et économique d’un projet d’hydrogène vert à Bir Rebaa Nord. Voir, « Le géant italien de l’énergie Eni signe un accord pour stimuler l’approvisionnement en gaz algérien », Al-Jazeera, 26 mai 2022, https://www.aljazeera.com/economy/2022/5/26/italys-power-giant-eni -encres-deal-pour-booster-les-importations-de-gaz-algeriennes.

    [4] Umberto Profazio, « Les relations Maroc-Europe atteignent un point d’inflexion », 6 septembre 2021, Institut international d’études stratégiques (IISS), https://www.iiss.org/blogs/analysis/2021/09/morocco -relations-européennes.

    [5] Le gouvernement a été accusé d’avoir utilisé le logiciel espion de la société israélienne NSO Group pour pirater les téléphones portables de personnalités politiques des mouvements indépendants de Catalogne. Les révélations, qui ont provoqué le limogeage de Paz Esteban (chef de l’agence de renseignement espagnole), ont également conduit à une tournure inattendue, après que le gouvernement a déclaré que les téléphones portables de Sanchez et de la ministre de la Défense Margarita Robles avaient également été piratés par un tiers anonyme. faire la fête. Voir, Raphael Minder, « Spain Says Cell Phones of Prime Minister and Defence Minister Were Hacked », 2 mai 2022, New York Times, https://www.nytimes.com/2022/05/02/world/europe/spain -premier-ministre-pegasus-spyware.html. Les allégations selon lesquelles le Maroc aurait fréquemment utilisé Pegasus sont apparues l’année dernière mais ont toujours été démenties par Rabat.

    [6]Dans le même temps, Alger a décidé d’aller de l’avant avec l’inscription sur la liste noire du mouvement séparatiste pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) et a blâmé le Maroc pour les incendies qui ont englouti la région agitée à l’est d’Alger au cours de l’été de l’année dernière .

    [7] Umberto Profazio, « Oil Politics Set to Worsen the Maghreb Rift », 29 septembre 2021, Fondation du Collège de défense de l’OTAN, https://www.natofoundation.org/maghreb/oil-politics-set-to-worsen-the -maghreb-rift/.

    [8] Mark Galeotti, The Weaponization of Everything : A Field Guide to the New Way of War (New Haven et Londres : Yale University Press, 2022).

    Dr. Umberto Profazio

    Trends, 11/08/2022

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #UE #Gaz #Espagne #Maghreb

  • Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    Espagne, gaz, Russie, Algérie, Union Européenne,

    L’Espagne augmente ses importations de gaz russe malgré la guerre en 2022 tout en réduisant son lien énergétique avec l’Algérie

    Sur les sept mois de l’année, les achats de gaz à Moscou ont augmenté de 15 % et les importations en provenance d’Alger ont chuté de 42 %.
    La Russie reste le quatrième fournisseur mondial derrière l’Algérie, les États-Unis et le Nigeria.

    L’Espagne a ouvert une double interdiction du point de vue énergétique: au cours des sept mois de 2022, elle a acheté plus de gaz à la Russie et beaucoup moins à l’Algérie, à la fois au milieu de l’invasion de l’Ukraine et au milieu du conflit diplomatique avec le pays africain en raison du changement de position du gouvernement de Pedro Sánchez sur le Sahara. En effet, les achats en provenance de Russie ont augmenté de 15,6 % depuis janvier, tandis que les importations en provenance d’Algérie ont chuté de 42 %, selon le Bulletin statistique Enagás.

    Si les données de juillet 2021 et de juillet 2022 sont comparées, on constate un changement de tendance qui favorise des pays comme les États-Unis, le Nigeria, précisément la Russie, et dans un échelon inférieur également le Qatar. De l’autre côté, le tournant fait mal à l’Algérie. Dans le cas du pays d’Afrique du Nord, l’Espagne a acheté 8 572 gigawattheures (GWh) en juillet de cette année, contre 16 192 au même mois de 2021, avant l’affrontement sur la question sahraouie. Avec les États-Unis, la dynamique s’est inversée, puisque 8 530 GWh ont été importés dans le mois qui vient de s’achever, alors qu’en juillet 2021 ils étaient 2 664. La Russie est passée, par rapport aux mois de juillet, de 2 204 l’an dernier à 5 317 cette année et le Nigeria a exporté 1 142 GWh vers l’Espagne en juillet de l’année dernière et 5 882 le même mois cette année.

    Au cours du premier semestre, l’Espagne a acheté 64 534 gigawattheures de gaz à l’Algérie, dont 60 056 GWh (environ 93 %) sont venus par tube, via le Medgaz et le reste dans des méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié. En un an, la dépendance vis-à-vis de l’Algérie s’est considérablement réduite : jusqu’en juillet, le quota d’importation algérien s’élevait à 24,5 %, contre 48,8 % un an plus tôt au cours des sept premiers mois.

    L’Algérie (23,3%), les États-Unis (23,2%) et le Nigeria (16%) sont les trois principaux exportateurs de gaz vers l’Espagne en juillet 2022, et la Russie occupe déjà la quatrième place avec 14,5% du total, juste devant le Qatar. , qui est loin derrière avec 5,5 %. Dans une moindre mesure, d’autres pays comme Trinidad, la France, l’Angola ou l’Egypte ont eu une certaine pertinence. Dans ce scénario, l’Espagne a acheté 28 265 GWh à Moscou jusqu’en juillet et 5 317 GWh seulement pendant le septième mois de l’année.

    Le chiffre du mois qui vient de se terminer, oui, représente une réduction de pratiquement 40% par rapport aux données de juin. Ensuite, un total record d’importations en provenance de Russie a été atteint, avec un total de 8 752 GWh. Il y a peu de changements si l’on regarde le cumul entre janvier et juillet : la Russie y représente une part de 10,7 % du total de gaz acheté par l’Espagne, un chiffre très similaire à celui qui s’est produit à la même période de 2021.

    Un changement important a également été observé avec les importations en provenance des États-Unis. Depuis le début de la guerre, le pays s’est positionné en termes d’exportations de gaz vers l’Espagne avec une part de 32,9%, soit près de 10 points de plus que l’Algérie, après avoir cumulé des achats pour 86 609 GWh au cours des sept premiers mois de 2022. En outre, ce qui est frappant, c’est que sur la même période mais en 2021, les États-Unis ne représentaient que 9,1 % des importations de gaz. En conclusion, les États-Unis, l’Algérie et la Russie continuent de représenter 70 % des importations de gaz de l’Espagne.

    Concernant les exportations avec la France, à travers l’interconnexion VIP Pyrénées, elles s’élevaient en juillet à 3 077 GWh, contre 3 051 GWh en juin 2022. Habituellement utilisé pour importer du gaz naturel du pays voisin, depuis la guerre d’Ukraine a entraîné un changement total, faisant de l’Espagne un exportateur vers l’Europe.

    Déjà en avril, un chiffre d’exportation de l’Espagne vers la France de 5 618 GWh a été atteint et en mai, il a augmenté de 10 % par rapport au mois précédent, jusqu’au chiffre record de 6 185 GWh. En juillet, il a également mis en évidence l’augmentation significative du rejet des navires, qui a doublé par rapport au même mois de l’année précédente, jusqu’à 26 448 GWh. Ainsi, le nombre de navires déchargés a augmenté de 92,9 % au cours du mois de juillet, pour s’établir à 27 unités, soit treize de plus qu’au même mois de 2021.

    Il y a eu des voix qui ont critiqué ces données sur les importations de gaz par l’Espagne, et de Vox son porte-parole Jorge Buxadé a directement pointé du doigt le PP et le PSOE. « Je me demande combien d’anciens politiciens du PSOE et du PP profitent désormais du boom des prix, de l’utilisation et des exportations du gaz des conseils d’administration des opérateurs alors qu’ils prêchent en faveur du confinement énergétique », a écrit l’eurodéputé sur ses réseaux sociaux.

    Le rôle de l’Espagne dans la crise énergétique
    Dans un scénario aussi compliqué, l’Espagne aspire à jouer un rôle fondamental. À tel point que le ministre des Affaires étrangères Olaf Scholz s’est entretenu ce jeudi avec Madrid et Lisbonne pour faire part de son idée qu’ils pourraient augmenter les exportations de gaz de la péninsule ibérique vers l’Allemagne, l’un des pays les plus dépendants du gaz russe dans toute l’UE. Ainsi, Berlin veut un gazoduc qui facilite le transfert sud-nord, de manière à réduire la dépendance vis-à-vis de Moscou.

    La France joue alors un tour important, car l’infrastructure traverserait son territoire. Et le projet existe déjà : c’est le MidCat, qui, oui, est paralysé depuis des années en raison de ses coûts élevés et du faible prix de l’offre russe. Il reste encore 226 kilomètres de canalisations à construire entre la ville catalane d’Hostalric et la ville française de Barbaira, et l’Espagne demande à l’UE de couvrir les coûts.

    Scholz sait qu’il est en retard et suppose que si les connexions avec la péninsule ibérique avaient été renforcées plus tôt, cela aurait été « une contribution massive pour atténuer et alléger la situation » de l’approvisionnement en gaz, que l’Allemagne a essentiellement reçu de la Russie ces dernières années. En septembre, il présentera cette idée à la fois à Sánchez et à Costa, ainsi qu’à Emmanuel Macron et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, puisque Bruxelles prévoit de présenter ce même mois son plan de choc pour réduire le lien énergétique. avec le régime de Vladimir Poutine.

    Du côté du gouvernement, la vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a ramassé le gant. « Nous apprécions positivement le message du ministre des Affaires étrangères », a-t-il déclaré. Ribera a également souligné que l’intégration des politiques énergétiques européennes présente « de grands avantages pour tous et nécessite une plus grande et meilleure coordination des infrastructures ». Là, l’Espagne veut être un protagoniste et la vice-présidente a rappelé qu’ »elle a toujours montré sa disponibilité et exigé une plus grande interconnexion », d’autant plus dans une crise qui, dit-elle, « montre les avantages d’avoir plus d’intégration européenne ».

    Actuellement, seuls deux gazoducs passent du sol espagnol à l’autre côté des Pyrénées et totalisent une capacité d’à peine 8 000 millions de mètres cubes par an, quand Nord Stream 2, le projet raté proposé pour exporter du gaz de la Russie vers l’Allemagne, peut transporter quelque 55 000 millions de mètres cubes.

    Révision à la hausse des prix du pétrole
    D’autre part, les prix élevés du gaz dans le sillage de la crise d’approvisionnement russe entraînent un virage « vertigineux » vers l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité, incitant l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à revoir à la hausse ses prévisions de consommation mondiale. L’augmentation de l’offre de pétrole et les inquiétudes croissantes concernant une détérioration des perspectives économiques ont fait chuter les prix d’environ 30 dollars le baril par rapport aux sommets de juin.

    Cependant, l’agence s’attend à ce que la demande mondiale de pétrole augmente de 2,1 millions de barils par jour en 2022, ce qui représente une augmentation de 380 000 barils par jour par rapport à la projection précédente. « Avec plusieurs régions connaissant des vagues de chaleur torrides, les dernières données confirment une augmentation de la consommation de pétrole dans la production d’électricité, en particulier en Europe et au Moyen-Orient, mais aussi dans toute l’Asie », a-t-il noté.

    20minutos.es, 11/08/2022

    #Espagne #Algérie #Russie #Gaz #UE

  • Le dangereux litige entre l’Algérie et l’Espagne sur le Sahara

    Le dangereux litige entre l’Algérie et l’Espagne sur le Sahara

    Sahara Occidental, Algérie, Union Européenne, Gaz, Espagne, Italie,

    Giorgio Cafiero

    L’absence de médiateur dans la crise du Sahara occidental risque, sur le long terme, de nuire aux relations entre l’Algérie et l’Union européenne

    Ces dernières années, les gouvernements occidentaux et arabes se sont rapprochés des positions et des discours du Maroc sur le conflit au Sahara occidental.

    Cette tendance suscite la colère de l’Algérie, principal soutien étatique du Front Polisario. En mars, l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, a approuvé le plan d’autonomie marocain de 2007, alignant ainsi les positions de Madrid et Rabat.

    En réponse, l’Algérie a pris une série de mesures en guise de sanctions, puis, le 8 juin, a suspendu le traité d’amitié et de coopération signé avec l’Espagne en 2002, une information que l’Algérie a ensuite démentie. Il a par ailleurs été rapporté que l’Algérie serait allée encore plus loin en suspendant les relations commerciales avec l’Espagne, ce qui est faux.

    En revanche, l’État algérien a cessé de faciliter les opérations de change pour les entreprises algériennes pratiquant différents commerces de marchandises avec l’Espagne, ce qui a entraîné la suspension de la quasi-totalité des importations et exportations, à l’exception des contrats à long terme existants, notamment les importations espagnoles de gaz naturel.

    Cette décision est considérée comme une sanction contre l’Espagne pour avoir abandonné sa neutralité vis-à-vis du Sahara occidental, ce qui constitue selon Alger une « violation [des] obligations légales, morales et politiques » de Madrid.

    L’UE a deux options
    Dans le sillage de la guerre en Ukraine, l’Italie et d’autres pays de l’Union européenne (UE) ont commencé à considérer l’Algérie comme un géant de l’énergie qui pourrait les aider à se sevrer rapidement des hydrocarbures russes.

    Étant donné que les pays européens développeront probablement une plus grande dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz algériens, et alors que les tensions entre l’Occident et la Russie demeurent vives, les membres de l’UE doivent examiner attentivement les risques liés à des mesures susceptibles de contrarier Alger dans le contexte géopolitique actuel.

    Ces circonstances placent l’UE, qui maintient officiellement sa neutralité dans le conflit au Sahara occidental, face à un dilemme délicat, puisque le bloc de 27 membres doit convenir de la réponse à apporter à ce litige entre Alger et Madrid.

    L’UE a deux options : elle pourrait publier un communiqué pour réprimander l’Algérie – sans aller plus loin – et attendre que les tensions se calment. Autrement, le bloc pourrait exprimer une forte solidarité avec l’Espagne et faire pression sur Alger en vue d’un abandon de ses moyens de pression sur Madrid.

    « J’imagine que l’UE préférera l’Espagne, simplement parce que l’Algérie a la réputation d’être un pays très raisonnable », indique à Middle East Eye Jalel Harchaoui, chercheur spécialiste de la Libye.

    Les pays européens considèrent l’Algérie comme un pays qui évite traditionnellement l’escalade des tensions avec les membres de l’UE.

    « En général, dans de telles situations, l’Algérie ne se montre pas déloyale. Le Maroc est plus enclin à menacer l’État espagnol – et l’Europe indirectement – avec des questions liées à la sécurité et aux flux migratoires lorsqu’il ne répond pas aux objectifs [de Rabat] », explique à MEE Leticia Rodriguez, chercheuse à l’université de Grenade.

    « Ainsi, maintenant que les Algériens expriment leur colère, le bloc européen sera tenté de se montrer assez dur envers l’Algérie en la dépeignant comme une nation déraisonnable parce qu’on attend d’elle une très bonne attitude », ajoute Jalel Harchaoui.

    Il convient d’examiner les ramifications potentielles de cette querelle diplomatique du point de vue de la coopération entre l’Algérie et l’UE en matière de sécurité.

    En ce qui concerne les flux migratoires et la surveillance des risques sécuritaires, l’Algérie comme le Maroc échangent des informations cruciales avec les pays d’Europe du Sud.

    « L’Algérie est l’un des pays les plus impliqués dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », précise Leticia Rodriguez. « La moitié des opérations menées ces dernières années l’ont été grâce à des échanges d’informations entre les services de renseignement européens et algériens. »

    Comme l’a souligné la crise de Ceuta en mai 2021, qui a mis à mal les relations entre le Maroc et l’Espagne, les membres de l’UE n’ont jamais considéré la coopération de Rabat comme acquise.

    Relation avec la Russie
    Selon Jalel Harchaoui, la décision de l’Espagne d’abandonner sa position de neutralité au Sahara occidental est probablement liée à la crainte d’un chantage du Maroc autour des flux migratoires et d’autres questions.

    En revanche, les pays européens n’ont pas les mêmes craintes vis-à-vis de l’Algérie. « L’Algérie n’aime pas utiliser le chantage, ce que l’on appelle “linkage” dans le milieu de la diplomatie : “Si vous ne me donnez pas ceci, j’arrêterai de vous donner cela.” Ce n’est pas dans l’ADN de l’Algérie », souligne Jalel Harchaoui.

    Même sans faire de chantage aux pays européens sur la question du Sahara occidental, la suspension par l’Algérie de son traité de 2002 avec l’Espagne est un développement significatif.

    Compte tenu de l’instabilité géopolitique croissante résultant de la guerre en Ukraine et de l’accroissement du clivage est-ouest, cette querelle se déroule dans un contexte où la diabolisation des pays africains jugés « trop proches de la Russie » s’intensifie en Occident.

    L’Algérie et la Russie entretiennent effectivement une relation spéciale remontant à la guerre froide.

    Le pays d’Afrique du Nord achète la plupart de ses armes à la Russie. Moscou a effacé 4,7 milliards de dettes algériennes et lors du mouvement de protestation de 2019 en Algérie, le régime s’est tourné vers le Kremlin pour obtenir un soutien.

    Il existe par ailleurs un discours, vendu et exploité par le Maroc, qui affirme qu’Alger est redevable envers le Kremlin et constitue un « intermédiaire » de la Russie au Maghreb.

    Par ailleurs, compte tenu de la recrudescence des tensions entre l’Algérie et le Maroc à la suite de l’adhésion de Rabat aux accords d’Abraham en vue d’une normalisation israélo-arabe en 2020, l’Algérie a considéré sa coopération avec Moscou comme essentielle pour contrer la position géopolitique du Maroc au Maghreb.

    Néanmoins, l’Algérie est loin d’être un « intermédiaire » de la Russie, comme le soulignent le refus d’Alger d’autoriser les Russes à établir une base navale sur son territoire et l’approfondissement des relations économiques et énergétiques entre l’Algérie et les adversaires européens de la Russie.

    Début mars, l’Algérie – au contraire de la Syrie – n’a pas voté contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies rédigée par les États-Unis et condamnant l’agression russe en Ukraine. Elle a été le seul État arabe à s’abstenir. De plus, dans la guerre civile libyenne de 2014 à 2021, l’Algérie n’a pas suivi la position pro-Haftar de la Russie.

    Pourtant, cette nuance ne parvient pas aux spectateurs occidentaux dans le discours sur les relations russo-algériennes.

    L’absence de médiateur
    « Il n’y a pas d’armée de journalistes, de propagandistes, de trolls ou de sociétés de conseil à Washington pour défendre l’image de l’Algérie », poursuit Jalel Harchaoui, qui ajoute que l’Algérie ne dispose pas des lobbies et du soft power que l’on attribue davantage à des pays comme Israël, le Maroc et les Émirats arabes unis.

    Le conflit au Sahara occidental manque actuellement d’un médiateur, ce qui présente un danger. Pendant des décennies, le soutien des États-Unis au Maroc a menacé leurs prétentions à servir de médiateur neutre en vue de la paix.

    Les choses ont fini par être claires en décembre 2020 lorsque l’administration Trump a adopté la position de Rabat et reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Aujourd’hui, l’administration Biden semble avoir la ferme intention de maintenir cette position.

    L’Espagne a renoncé à sa neutralité en mars. La France, la Turquie et d’autres pays membres de l’OTAN ne peuvent pas servir d’États neutres compte tenu de leurs positions pro-Rabat.

    Avec la crise ukrainienne qui affaiblit considérablement la crédibilité de l’ONU, cette dernière n’est pas en mesure de contribuer à la résolution de la crise au Sahara occidental. Ainsi, comme l’affirme Jalel Harchaoui, « cette crise va probablement s’aggraver avant que les choses ne s’améliorent ».

    – Giorgio Cafiero est le PDG de Gulf State Analytics (@GulfStateAnalyt), une société de conseil en risques géopolitiques basée à Washington. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @GiorgioCafiero.

    Middle East Eye, 10/08/2022

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Gaz #Espagne #Italie #UE

  • Adhésion de l’Algérie aux BRICS: Un choix stratégique

    Adhésion de l’Algérie aux BRICS: Un choix stratégique

    Algérie, BRICS, Abdelmadjid Tebboune, Union européenne,

    Lors de sa récente rencontre avec les médias, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué le projet de son pays de rejoindre les BRICS, une organisation à dimension économique avant tout.

    D’emblée, la déclaration du président doit être replacée dans son véritable contexte, alors que les relations avec les autres partenaires, notamment l’Union européenne, sont en crise depuis longtemps, renforcées par l’exigence de l’Algérie de revoir l’accord d’association, d’une part, et la sortie de certains autres partenaires, comme l’Espagne, d’autre part, d’une ligne de relations qualifiée de stratégique, qui a ouvert la porte en grand, si l’on ajoute à cela la tension dans la nature des relations fluctuantes entre le bien et le mal avec la France, à l’option de rechercher de nouveaux partenariats qui permettraient à l’Algérie de tirer parti des efforts de nombreux pays pour se repositionner sur la carte. Le monde qui se refaçonne sur fond de trois crises successives, la monde post-pandémique, la guerre russo-ukrainienne et ses répercussions sur deux questions vitales, l’énergie et la sécurité alimentaire.

    Il est légitime que l’Algérie cherche à se positionner dans ce cadre, d’autant plus qu’elle est passée d’une position d’État rentier à la possibilité d’influencer le gaz, notamment, sur de nombreux dossiers de la région, qui, en tant que profondeur stratégique pour l’Algérie, couvre l’ouest de la Méditerranée et la région côtière-saharienne, qui est une vaste zone car on voit que ses acteurs ont des intérêts oscillant entre la volonté de maintenir la position de puissance (l’Union européenne, l’OTAN, les grandes puissances) et la recherche pour un nouveau poste (France, Allemagne, Turquie, Italie, Espagne), ou un repositionnement au service des options pour bénéficier du processus de recomposition du monde et de la région, en particulier, ce qui est le cas de l’Algérie, maintenant, avec les possibilités que l’article va pointer, notamment sur le plan énergétique.

    L’Algérie cherche à faire de Rome un fournisseur majeur de gaz pour les Européens, en doublant la quantité, et les travaux d’exploration qui ajouteront aux réserves des quantités plus importantes.

    Les relations avec les partenaires actuels, sur le plan économique, sont la locomotive que l’Algérie veut conduire vers le dévoilement de ses qualifications pour occuper une place plus importante que celles sur lesquelles elle se situe. Le déclin dans le labyrinthe des emprunts extérieurs, la restructuration économique, et la régression vers une position stratégique proche de l’échec (au sens stratégique).Pour cette raison, l’Algérie a ouvert plus d’un atelier stratégique, qu’elle a commencé par nommer des émissaires pour les dossiers liés aux futures sphères d’influence de l’Algérie, en plus des positions sur les crises mondiales actuelles, notamment énergétiques, en déplaçant sa boussole vers l’Italie pour l’avenir partenariat basé sur une ressource devenue l’objectif suprême des Européens, et l’Algérie cherche, à travers elle, à faire de Rome un fournisseur majeur de gaz aux Européens, en doublant la quantité d’une part, et les travaux exploratoires qui ajouteront aux stocks de plus grandes quantités, à court terme, d’autre part, sans négliger l’étape stratégique de la signature de l’accord matérialisant la construction du gazoduc du Nigeria à travers le Niger vers l’Algérie, pour être le plus grand bloc de construction sur le chemin de la construction de cette force et l’incarnation réelle de ce nouveau positionnement, à savoir la Chine et la Russie, qui est une étape d’équilibre pour les démarches se déroulant aux frontières occidentales de l’Algérie, dans lesquelles l’entité s’est rapprochée de l’Algérie, à travers une base militaire et une industrie de défense développée, en plus d’un accord de défense/sécurité avec, et même une coordination croissante dans ces domaines, qui semble viser à menacer l’Algérie et son retour, dans les relations tendues entre les deux voisins, l’Algérie et le Maroc, à un indicateur de supériorité militaire et de concurrence stratégique dans la région. Mais cette fois, avec de nouveaux outils adaptés à la période que nous abordons, chacun (Algérie et Maroc) a choisi une voie contradictoire pour ses futurs partenariats.

    Un dilemme d’ordre financier dont souffre l’Algérie, qui est la nécessité de fixer le prix du pétrole (et du gaz) en dollars américains, alors que les importations se font majoritairement en euros.

    Le deuxième objectif pivot dans la voie de l’adhésion à l’option BRICS est de contester la transformation de l’indice rentier en un outil d’influence dans la région (profondeur stratégique) afin de renforcer une position qu’aurait occupé l’Algérie n’eut été des conditions politiques internes qui ont empêché, au cours de la décennie précédente, de parvenir à sa réalisation. Cette démarche repose sur un bon positionnement et compatible avec les principes des orientations stratégiques, d’une part, et avec les transformations du marché mondial de l’énergie, d’autre part, notamment dans la région méditerranéenne (Est et Ouest), qui deviendra inévitablement, dans la prochaine décennie, le centre de la dépendance énergétique européenne à l’horizon de l’indépendance vis-à-vis de l’Europe, dépendance énergétique de la Russie (il y a une décision européenne d’interdire l’importation de gaz et de pétrole de Russie, qui se met en œuvre progressivement).

    On peut pointer, ici, un dilemme d’ordre financier dont souffrait l’Algérie, qui est la nécessité de fixer le prix du pétrole (et du gaz) en dollars américains, alors que les importations se font majoritairement en euros. Le taux de change fluctuant entre les deux monnaies, en faveur de l’euro, a poussé l’Algérie pendant des années à perdre des sommes colossales que les nouvelles conditions du marché mondial peuvent permettre (tarification du gaz russe en roubles et tendance des  » BRICS  » à la stratégie d’utilisation des monnaies nationales dans les échanges commerciaux, loin des principales devises que sont le dollar US, l’euro, la livre sterling) de lier la tarification à un panier de devises qui sera dans l’intérêt des indicateurs du marché algérien et de son équilibre tout en poussant un objectif pivot et fondamental au premier plan de l’action pivot, qui est de lier l’indice rentier et ses transformations à une stratégie de sécurité alimentaire et au transfert de technologie comme les deux fondements d’une économie complètement transformée à moyen terme (Horizon 2030 ) .

    Quant au troisième objectif pivot, il a à voir avec ce qui se passe actuellement dans l’économie mondiale, qui est principalement lié à la dépendance de l’Algérie aux fluctuations du prix mondial du blé, avec les répercussions de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui sont deux des plus grands exportateurs de ce matériau stratégique, comme l’Algérie a appris la leçon, et rouvre aujourd’hui les anciens cahiers de stratégie algériens, lorsque le pays était le panier alimentaire de la Méditerranée, dépendaient de la conversion des revenus des transformations du marché mondial de l’énergie en un outil pour parvenir à la sécurité alimentaire.

    Cependant, en s’appuyant, dans un avenir prévisible, sur des relations fortes avec la Russie, le principal acteur du marché mondial du blé, qui ouvre la porte en grand pour activer cette stratégie de sécurité essentielle.

    Les gains de la volonté algérienne de rejoindre  » les BRICS sont nombreux et importants, et par conséquent, le déroulement de cet acte doit être accompagné de décisions stratégiques « .

    Tels sont les objectifs du choix stratégique de l’Algérie en cherchant à rejoindre les  » BRICS « , accompagné de deux autres candidats aux mêmes objectifs, à savoir l’Iran et l’Argentine, qui feront du choix de l’Algérie un acte stratégique efficace, et non une impasse stratégique comme les analystes européens ont voulu souligné lorsqu’on leur a demandé de commenter la volonté d’adhésion de l’Algérie. A l’assemblée, focalisée sur l’avenir dans le proche voisinage géographique, c’est-à-dire l’Union européenne, oubliant, délibérément, que le pôle européen traite son voisinage avec polarisation, faisant de la prise de conscience sécuritaire et de la menace venant de la rive Sud la seule vision possible de relations qui sont toutes des pertes pour le Maghreb, et des gains complets pour lui, comme s’il vivait une période de néo-colonialisme avec de nouvelles normes et concepts qu’il fait seul sans les autres.

    Se pose en revanche le problème de savoir comment faire de cette option une action stratégique, et non une action liée à un objectif tactique pour répondre à des enjeux immédiats ? La vérité est que les gains de la volonté de l’Algérie de rejoindre les « BRICS », comme les lignes présentées ci-dessus, sont nombreux et importants, et par conséquent, le déroulement de cet acte doit être accompagné de décisions stratégiques, à plus d’un niveau, qui précèdent , accompagner, puis être postérieur à l’option d’adhésion, ce qui est évident. taille des acteurs internationaux, dont l’objectif est de développer une nouvelle carte du monde, dans laquelle le positionnement est très vital, surtout si ce positionnement est basé sur des qualifications au niveau de ce que l’Algérie a, en plus de l’équilibre des expériences du pays dans la résolution des crises et sa position sur la carte des transformations, notamment énergétiques, à venir.

    Quant à l’autre problème, il concerne les relations stratégiques avec l’Union européenne, est-il en conflit avec le nouveau partenariat avec les  » BRICS « , ou s’y substitue-t-il ? Dans un troisième cas, le partenariat avec les  » BRICS  » sera-t-il un catalyseur pour modifier l’équilibre des relations avec l’Union européenne et son bras militaire, l’OTAN ? Ce sont des questions vitales qui fondent la volonté de l’Algérie d’adhérer aux  » BRICS « , et elle en a le droit, car le but est de se positionner sur une carte d’un monde refaçonné, et le gain, tout le gain, dans la recherche d’une place sur cette carte, et à travers un acte stratégique et des partenariats qui seront des plus bénéfiques pour l’Algérie, Et pour la région, aussi.

    A. Z. -Source El Arabi Aldjadid

    Lemaghreb.dz, 10/08/2022

    #Algérie #BRICS

  • La militarisation du Sahel ne rendra pas l’Europe plus sûre

    La militarisation du Sahel ne rendra pas l’Europe plus sûre

    Sahel, Union Européenne, UE, Mali, France, Barkhane, Burkina Faso, Takuba, Tchad, Niger,

    L’obsession de l’UE pour la sécurité au Sahel est le reflet de ses propres angoisses – et une trahison de ses valeurs.

    Par Delina Goxho, doctorante à la Scuola Normale Superiore, et Yvan Guichaoua, maître de conférences à la Brussels School of International Studies de l’université du Kent.

    Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye il y a 11 ans et la crise sécuritaire qui a suivi au Mali, l’Europe a accéléré le processus de repoussage des frontières de son voisinage immédiat au sud. Elle a engagé davantage de dépenses, lancé plus de programmes de développement et de stabilisation, et renforcé son empreinte militaire étrangère dans les pays du Sahel africain, en particulier le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui sont désormais considérés comme faisant partie du « seuil » de l’Europe. »

    Avant 2011, la région du Sahel était perçue par les décideurs européens comme une terre désertique éloignée, sujette aux sécheresses et ayant besoin d’infrastructures et d’aide humanitaire. Elle est désormais considérée comme la source d’une croissance démographique dangereuse, d’une migration indésirable et d’un extrémisme violent, et comme le terrain de prédilection de mercenaires russes cupides. Elle a donc été transformée en un laboratoire où l’Europe met en scène ses insécurités géopolitiques.

    L’Europe aime se considérer comme une puissance normative – un diffuseur mondial d’idées libérales par le biais de sa politique étrangère généreuse – mais chercher à freiner la migration dans des régions comme Agadez au Niger, insister sur le fait que le Sahel est un laboratoire pour les ambitions de l’Europe en matière de sécurité et de défense, et finalement permettre la militarisation de toute une région sont des politiques qui vont à l’encontre de la promotion des droits de l’homme, de l’égalité des sexes et des solutions diplomatiques aux crises.

    Pour faire face aux multiples crises dans la région, dont le Mali est l’épicentre, l’Union européenne et ses États membres ont mis en place un nombre considérable d’initiatives dans lesquelles la sécurité est la préoccupation primordiale.

    La stratégie européenne pour le Sahel 2021 met en avant une variété de menaces présumées, mêlant un peu tout : terrorisme international, flux migratoires incontrôlés, trafics illicites, instabilité politique et réchauffement climatique. Ces multiples menaces, regroupées dans un même panier éclectique, semblent représenter différents degrés de peur. Le pronostic d’un boom démographique africain (ou d’une « bombe à retardement », comme l’appellent de nombreux responsables européens) de jeunes hommes sans emploi, éventuellement radicalisés, qui alimenteront la prochaine crise migratoire, est considéré comme la principale menace pour la sécurité européenne. La pauvreté, le trafic de marchandises et le réchauffement climatique sont présentés comme des facteurs exacerbants.

    Le Sahel est présenté à Bruxelles comme un problème pour l’avenir de l’Europe. L’endiguement des migrations et la promotion de la collaboration européenne en matière de sécurité sont les principaux objectifs de l’UE. La guerre en Ukraine et l’expansionnisme diplomatique et militaire agressif de la Russie en Afrique – qui se manifeste par le déploiement de ses mercenaires au Mali et ailleurs sur le continent (principalement en République centrafricaine, mais aussi en Libye et au Soudan) – ont ajouté une nouvelle couche d’anxiété.

    Le Sahel est désormais aussi un terrain de jeu où des pays que l’Europe considère comme des concurrents stratégiques, tels que la Russie, la Chine et la Turquie, doivent être tenus en échec. Alors que des mercenaires du groupe russe Wagner tentent actuellement de séduire le régime militaire du Burkina Faso après avoir fait une percée au Mali, il est urgent de discuter à Bruxelles de l’accélération des moyens de dépenser la Facilité européenne de soutien à la paix, un instrument financier au nom ironique qui permettrait à l’UE de fournir des armes létales aux dirigeants sahéliens, pour relever le défi.

    La France, qui est intervenue militairement au Mali début 2013 après que les deux tiers du territoire du pays soient tombés aux mains des forces djihadistes, a demandé aux partenaires européens de se joindre à son aventure militaire, complétée par une aide au développement accrue. Une dynamique vertueuse – combinant fourniture de sécurité et développement – était censée suivre. Sur le plan militaire, l’effort de partage du fardeau s’est traduit par la Task Force Takuba, une coalition de volontaires intégrée à l’opération française Barkhane.

    L’objectif était d’offrir un encadrement plus étroit aux armées sahéliennes par le déploiement de forces spéciales tout en répartissant le coût financier et politique entre un plus grand nombre de participants. L’européanisation de l’interventionnisme était, selon le raisonnement français, un moyen de diluer les accusations de néocolonialisme et d’affirmer en même temps l’autonomie stratégique de l’Europe vis-à-vis de l’OTAN. La Task Force Takuba était de petite taille, mais elle était censée ouvrir la voie à des plans plus ambitieux en vue de la création d’une véritable défense européenne défendue par la France.

    Mais la Task Force Takuba a finalement pris fin avant de se concrétiser, tout comme la mission de formation spécifique de l’UE au Mali. Leur rejet par les autorités maliennes après un second coup d’État militaire en mai 2021 est la principale raison de leur arrêt. Près de dix ans d’efforts français de lutte contre le terrorisme, pour la plupart inefficaces, ont rendu l’interventionnisme occidental malvenu.

    Du côté européen, les choses ne se sont pas passées sans heurts non plus, l’unilatéralisme français ayant provoqué la frustration des partenaires européens. En outre, l’appétit de participer à l’aventure militaire était inégalement réparti. De nombreuses forces européennes sont intégrées dans la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali, et elles n’ont pas l’intention d’investir davantage de troupes, mais comptent plutôt sur des formes de participation militaire plus éloignées, telles que la puissance aérienne ou les missions de formation.

    L’adhésion à la coalition des volontaires était aussi principalement basée sur la diplomatie transactionnelle. Par exemple, l’Estonie n’a que peu d’intérêt pour le Sahel, mais elle tient à renforcer sa relation de sécurité avec la France en raison de ses propres inquiétudes concernant la Russie. Il est important de noter que les objectifs de la France en matière de lutte contre le terrorisme ne sont pas aussi importants pour plusieurs de ses partenaires européens, tels que l’Italie et l’Espagne, qui sont plus préoccupés par la migration, et l’absence d’accord sur un sujet aussi crucial semble avoir un effet fragmentant sur les efforts européens au Sahel.

    Paris dirait à Madrid : « Oui, le contre-terrorisme n’est pas votre objectif principal, mais je suis sûr que vous vous souciez de la migration – pourquoi n’envoyez-vous pas vos gendarmes pour endiguer les flux de migrants ? Cela contribuera également à mes objectifs de lutte contre le terrorisme. » Selon cette logique, tout le monde est politiquement gagnant – même si, sur le plan opérationnel, un patchwork désordonné d’initiatives de sécurité finit par être mis en œuvre.

    Alors qu’à Bruxelles, les responsables peuvent penser que les populations du Sahel ignorent totalement quels sont les objectifs de l’UE, les Sahéliens savent que les Européens ne sont pas là avec les mêmes objectifs qu’avant la crise malienne de 2012, à savoir le développement et la coopération. Ces jours-ci, l’ordre du jour est l’endiguement des menaces. L’accusation de néocolonialisme que la France voulait esquiver a été largement déviée vers l’Europe plus largement.

    L’opinion publique régionale, déjà bien versée dans les récits anti-impérialistes, approuve de plus en plus les théories du complot qui envahissent les médias sociaux sahéliens. Le rejet brutal de l’interventionnisme occidental par le Mali ne le fait pas disparaître. Désormais, l’opinion fermement ancrée selon laquelle le Sahel dans son ensemble est un problème de sécurité crucial signifie que les efforts de sécurisation européens doivent être placés sur les pays voisins.

    Mais les leçons maliennes ont-elles été tirées ? L’opération militaire française Barkhane va redéployer une version transformée d’elle-même au Niger, et il est également probable que la présence de la France y soit contestée. Même une approche légère pourrait ne pas suffire, car l’approche de guerre à distance choisie par les puissances occidentales entraîne des problèmes qui lui sont propres, tels que la saturation de l’aide militaire, la coordination, l’efficacité stratégique et la responsabilité. Ce qui est considéré comme de l’interventionnisme à distance dans les capitales européennes n’est pas perçu de cette manière au Sahel, où les donateurs et les troupes européennes provoquent une distorsion des dynamiques nationales et régionales.

    Une perception déformée du Sahel, qui met trop l’accent sur les menaces démographiques et sécuritaires pour l’Europe, a fait d’une certaine forme d’intervention européenne une nécessité aux yeux des décideurs européens. Les craintes à l’égard du Sahel ont augmenté à un point tel que la non-intervention est devenue impossible.

    Mais un catalogue de craintes ne devrait pas faire une politique – et l’histoire récente des relations entre l’Europe et le Sahel a jeté un doute sur les moyens efficaces d’intervenir. Compte tenu de la valeur que l’Europe a accordée à la région, un échec au Sahel pourrait plonger l’Europe dans un puits d’insécurité plus profond.

    Pour élaborer des politiques européennes efficaces, il faut reconnaître certaines réalités fondamentales. L’élaboration de politiques fondées uniquement sur les craintes européennes a peu de chances de répondre aux aspirations des Sahéliens à un changement significatif. L’époque de l’édification d’un État par l’étranger est révolue. La construction d’une future politique stable au Sahel nécessite des négociations locales auxquelles les insurgés peu libéraux devront peut-être participer. Pour ce faire, un espace civique ouvert et sain est nécessaire. À court terme, la réponse aux besoins humanitaires causés par la crise prolongée nécessitera une mobilisation importante de ressources, ce qui signifie également qu’il faut laisser les gens se déplacer.

    L’Europe peut apporter une aide significative et humble dans ces domaines, mais catastrophiser la région et la militariser davantage ne fera qu’empirer les choses.

    Foreign policy, 05/08/2022

    #Sahel #Mali #Union_européenne #UE #France #Barkhane #Takuba #Burkina_Faso #Tchad #Niger