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  • Adhésion de l’Ukraine à l’UE: Les pays des Balkans mécontents

    Adhésion de l’Ukraine à l’UE: Les pays des Balkans mécontents

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    Crédibilité

    Alors que les Européens veulent prouver leur soutien au peuple ukrainien en acceptant la candidature du pays en guerre à une possible adhésion à l’Union européenne, d’autres pays comprennent mal l’empressement de Bruxelles vis-à-vis de Kiev, alors même que leurs propres demandes restent toujours, depuis des années d’attente, en suspens. Plusieurs dirigeants des pays des Balkans occidentaux candidats à l’adhésion ont donc fait savoir jeudi leur «mécontentement» et dénoncé le manque de «crédibilité» de l’UE à l’issue d’un Sommet avec les Vingt-Sept. «Nous n’avons rien obtenu», a résumé sèchement le président serbe, Aleksandar Vucic, au cours d’une conférence de presse commune à Bruxelles avec ses homologues albanais et macédonien. Le veto opposé par la Bulgarie à l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord pour des raisons de contentieux historiques et culturels a ulcéré les dirigeants des Balkans. Le Premier ministre albanais, Edi Rama, a dénoncé le blocage et le fait que les 26 autres membres de l’UE «restent assis et offrent un spectacle effrayant d’impuissance». «C’est un coup dur pour la crédibilité de l’Union européenne», a aussi lancé Dimitar Kovacevski.

    Les dirigeants des Balkans occidentaux n’ont pas caché non plus leur amertume devant l’empressement de leurs homologues auprès de l’Ukraine et de la Moldavie. L’UE a accordé aux deux pays le statut de candidat à l’adhésion au cours du sommet organisé après leur rencontre avec leurs homologues des Balkans. Mais avant de prendre cette décision, ils ont eu un long débat sur les demandes des Balkans. Ils se sont dits «prêts» à accorder le statut de pays candidat à la Bosnie-Herzégovine. Edi Rama a conseillé aux Ukrainiens de ne «pas se faire d’illusions» sur le statut de candidat, car le processus pour l’adhésion sera très long.

    «La Macédoine du Nord est candidate depuis 17 ans, si je n’ai pas perdu le compte, et l’Albanie depuis huit ans», a-t-il rappelé. La Serbie attend depuis 2012 et le Monténégro négocie depuis 2010. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, qui n’est pas reconnu par cinq membres de l’UE, ne sont encore que des «candidats potentiels». Les blocages pour l’ouverture des négociations sont sérieux. Les contentieux entre la Serbie et le Kosovo bloquent les aspirations de Belgrade. Aleksandar Vucic a été catégorique : pas question de reconnaître le Kosovo. La présidente du Kosovo, Vjosa Osmani-Sadriu, a mis en garde l’UE contre tout espace laissé à l’influence «d’autres acteurs», car «il est évident qu’ils l’utiliseront».

    La Russie, la Chine, la Turquie et les pays du Golfe gagnent en influence dans cette région dont les attentes sont déçues par les atermoiements de l’UE. Toutefois, au vu des difficultés qui perturbent régulièrement l’Europe des 27, l’on peut comprendre du côté de Bruxelles que l’on ne souhaite pas inclure plus de membres, créant ainsi plus de complications. Et à l’heure où de plus en plus de pays de l’UE rejettent l’invasivité croissante de Bruxelles sur leur fonctionnement interne, de nouvelles adhésions et donc de nouveaux chamboulements politiques et économiques pourraient pour le moins poser problème et créer de nombreuses dissensions.

    Fouzia Mahmoudi

    Le Jour d’Algérie, 27 juin 2022

    #UnionEuropéenne #UE #Ukraine #Balcans #Serbie #Kosovo #Macédoine #Bosnie

  • Énergie: Vers des hausses historiques des prix du gaz

    Énergie: Vers des hausses historiques des prix du gaz

    Energie, gaz, Algérie, Russie, Ukraine, Union Européenne, Allemagne, Italie, investissement, prospection,

    La guerre quasi-déclarée que se mènent russes et occidentaux est en train de prendre une tourune plus délicate pour les européens. Les pric du gaz ont atteint des proportions telles que des économies solides de l’UE se voient déstabilisées.

    La guerre en Ukraine n’est pas la seule raison de cette hausse vertigineuse des prix. Le désinvestissement dans le secteur gazier durant les dernières années n’y est pas étranger.

    Cette crise oblige maintenant les occidentaux à réinvestir dans la prospection dans les pays producteurs et à revenir vers la conclusion de contrats d’achat à long terme.

    L’Allemagne qui projette d’exproprier la partie de Nord Stream 2, le gazoduc russe qui traverse presque pour rien une partie de son territoire. La France qui multiplie les pistes pour parvenir à remplir ses réserves de gaz avant le 1er novembre. L’Italie qui se déploie dans tous les sens pour devenir un partenaire privilégié de nombreux pays producteurs. Et l’Algérie qui invite les Occidentaux à changer de stratégie et penser à investir plus avec les pays producteurs dans l’amont pétro-gazier. Le monde du GNL connaît sa période la plus troublée de l’histoire.

    Elle ne risque pas de s’écourter la séquence qui voit depuis plusieurs mois maintenant l’ordre énergétique mondial soumis à des turbulences telles que la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande se retrouve mise entre parenthèses. La guerre qui ne dit pas son nom autour du gaz naturel liquéfié (GNL) est en train de prendre une tournure plus délicate pour les Occidentaux depuis que la Russie a décidé, à compter de la semaine dernière, de réduire ses livraisons de gaz à plusieurs pays de l’Union européenne, notamment des pays parmi ceux qui comptent le plus dans le PIB de l’UE. Une autre parmi la multitude d’incidences qui ont fait que la demande sur le GNL atteint désormais des proportions telles que les prix se révèlent déstabilisants même pour des économies aussi robustes que celles des 27 de l’UE.

    Les propos tenus vendredi dans un média suisse par Jean Abiteboul, le président du GIIGNL (Groupement international des importateurs de gaz naturel liquéfié), en disent long sur la crise. « Le marché du GNL était déjà tendu avant même la crise ukrainienne. Depuis 3-4 ans, on sousinvestit de façon significative dans les chaînes GNL, notamment sous la pression environnementale. Les prix du gaz avaient commencé à augmenter dès l’automne dernier, ils avaient déjà été multipliés par 3 ou 4. La crise ukrainienne n’a fait qu’empirer la situation », a résumé le président des importateurs mondiaux de GNL, le gaz liquéfié qui donne lieu depuis quelques mois à une course effrénée entre les pays consommateurs même si, il faut le souligner, les problèmes d’infrastructures d’accueil sont un sérieux écueil pour les pays même les plus développés.

    Une course effrénée qui, comme le révèle un rapport de la publication américaine Oil and Gas Journal, est illustrée par la forte demande de contrats de GNL à long terme. Une demande qui a fortement augmenté au cours de l’année en cours, les fournisseurs profitant d’une demande robuste en raison de la réduction des importations russes. Les nouveaux contrats long terme sont conclus à des prix beaucoup plus élevés qu’il y a quelques mois. Et cela met une grande pression sur les pays demandeurs de gaz, à l’instar de l’Allemagne qui envisage de carrément exproprier la partie du gazoduc Nord Stream 2 traversant son territoire et de l’utiliser pour se connecter au réseau d’approvisionnement en GNL qui proviendra des ports de la mer Baltique, si l’on doit se fier à ce que rapportait vendredi le magazine Der Spiegel, la même publication à laquelle le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, a accordé une interview, la semaine dernière (voir Le Soir d’Algérie du 23 juin 2022), dans laquelle il répondait de la manière la plus pragmatique qui soit à une question sur la possibilité que l’Algérie fournisse du gaz à l’Allemagne : « Si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors ouvrez de nouveaux gisements avec nous, comme le font les Italiens avec le groupe Eni. Nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrogazier d’ici 2026. Sonatrach lèvera la majorité, et nous recherchons des partenaires pour le reste. Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et nous laisseront seuls avec les investissements. Pendant longtemps, l’Europe a défendu la protection de l’environnement et n’a fait aucune distinction entre le pétrole et le gaz. En conséquence, aucun investissement n’a été réalisé.».

    Un choix que les Européens, notamment les Allemands, sont en train de payer maintenant au point d’élever le niveau d’alerte en appelant à «un effort national» afin de réduire la consommation de gaz et espérer éviter d’en venir à l’ultime solution, le rationnement.

    Azedine Maktour

    Le Soir d’Algérie, 26 juin 2022

    #Algérie #Energie #Gaz #UE

  • Maroc : Les migrants subsahariens massacrés par la police

    Maroc : Les migrants subsahariens massacrés par la police

    Maroc, migration, subsahariens, Afrique, Ceuta, Melilla, Espagne, Union Européenne,

    Le bilan officiel fait état de 18 morts, mais des sources locales, comme la branche Nador de l’Association Marocaines des Droits de l’homme parlent de presque 30 morts, alors que según l’activiste humanitaire espagnole Helena Maleno confirme le chiffre de 27 morts. « Les victimes de la tragédie de Melilla ont agonisé pendant des heures sous le cruel regard de ceux qui devaient les secourir et ne l’ont pas fait », accuse-t-elle.

    « De cette manière violente et inhumaine les migrants ont été traités hier à la barrière de Barrio Chino à Nador. Abandonnés sans secours sur place pendant des heures, ce qui a augmenté le nombre de décès », rapporte l’AMDH-Nador.

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    L’AMDH Nador alerte contre toute tentative d’ordonner l’enterrement rapide des migrants subsahariens et soudanais décédés hier sans l’ouverture d’une enquête globale, rapide et sérieuse pour déterminer les responsabilités et les manquements.

     » Et nous n’avons pas le droit de massacrer des gens qui veulent quitter notre pays. Surtout que, quand les choses tournent mal avec l’Espagne, le régime marocain utilise ces pauvres hères pour intimider Madrid et Bruxelles, et quand elles vont bien, il les réprime », dénonce le journaliste marocain Ali Lmrabet.

    Certes, les responsables de ce massacre sont les autorités marocaines, mais aussi ceux qui font pression pour que le Maroc fasse le sale boulot d’être le gendarme de l’Europe. Les mêmes qui ont créé les conditions pour maintenir l’Afrique sous-développée et affamée. Ceux-là même qui critique la Chine et la Russie et se taisent lorsqu’il s’agit du Maroc.

    #Maroc #Migration #Ceuta #Melilla #UE #Subsahariens

  • La Russie cherche de nouveaux marchés de carburant en Afrique

    La Russie cherche de nouveaux marchés de carburant en Afrique

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    MOSCOU, 23 juin (Reuters) – La Russie augmente ses livraisons d’essence et de naphta à l’Afrique et au Moyen-Orient car elle peine à vendre du carburant en Europe, alors que l’Asie absorbe déjà des volumes plus importants de brut russe, selon les données de Refinitiv Eikon et des sources.

    Cette évolution est susceptible d’accroître la concurrence pour les clients asiatiques entre la Russie et les autres grands exportateurs de carburant – l’Arabie saoudite et les États-Unis – qui sont les trois premiers fournisseurs de l’Asie.

    L’Union européenne a lentement réduit ses importations de brut et de carburant russes depuis mars et a décidé d’un embargo complet qui prendra effet à la fin de l’année 2022. en savoir plus

    Les acheteurs asiatiques sont intervenus pour augmenter rapidement leurs achats de brut russe, même si l’Asie n’est pas un marché naturel pour le carburant russe, car elle raffine plus de pétrole qu’elle n’en a besoin et est un exportateur net de carburant.

    Il est donc primordial pour la Russie de trouver de nouveaux débouchés, comme l’Afrique et le Moyen-Orient, afin de protéger sa part du marché mondial et d’éviter un déclin plus important des exportations et de la production de pétrole.

    « L’Afrique et le Moyen-Orient semblent être les principales options pour les fournisseurs de produits pétroliers russes, nous nous attendons donc à davantage d’expéditions dans la seconde moitié de l’année à mesure que l’embargo de l’UE se rapproche », a déclaré à Reuters un négociant impliqué dans le commerce des produits pétroliers russes.

    La Russie exportait plus de 2,5 millions de barils par jour (bpj) de brut et quelque 2 millions de bpj de carburant vers l’Europe avant les sanctions visant le secteur financier russe, qui ont rendu les échanges beaucoup plus difficiles.

    Les compagnies pétrolières russes ont récemment augmenté leurs livraisons d’essence et de naphte vers l’Afrique et le Moyen-Orient à partir des pays baltes, ont indiqué les négociants. Avant les sanctions, la plupart des approvisionnements russes vers ces régions provenaient des ports de la mer Noire.

    Selon les données de Refinitiv, au moins cinq cargaisons transportant environ 230 000 tonnes d’essence et de naphta ont été livrées en mai-juin du port balte d’Ust-Luga à Oman et au centre pétrolier émirien de Fujairah.

    Au total, les livraisons de naphta et d’essence depuis les ports russes vers Oman et les EAU ont atteint près de 550 000 tonnes cette année, contre zéro pour l’ensemble de la période 2021, selon les données.

    Le Nigeria et le Maroc ont été les principales destinations en Afrique pour l’essence et le naphta russes ces derniers mois, selon les données Eikon de Refinitiv et les traders, tandis que plusieurs cargaisons ont également été fournies au Sénégal, au Soudan, à la Côte d’Ivoire et au Togo.

    L’offre mensuelle globale d’essence et de naphta russes à destination de la région s’est élevée à environ 200 000 tonnes au cours des derniers mois, y compris les volumes expédiés depuis les entrepôts des ports lettons et estoniens, selon les données de Refinitiv Eikon.

    Les expéditions de diesel russe vers les pays africains ont atteint 1 million de tonnes depuis le début de l’année, contre 0,8 million de tonnes en janvier-juin 2021, avec le Sénégal et le Togo comme principales destinations, selon les données de Refinitiv et les calculs de Reuters.

    En mai, les arrivées de fioul russe dans le hub pétrolier émirati de Fujairah ont également fait un bond en avant. en savoir plus

    Malgré des coûts d’expédition plus élevés, la fourniture de produits pétroliers russes en Afrique et au Moyen-Orient aide les sociétés de négoce à préserver leurs marges, car les options de revente de produits pétroliers en Europe ont été limitées en raison des sanctions, ont déclaré les négociants.

    « Sohar (à Oman) et Fujairah (aux EAU) pourraient offrir des capacités de stockage et de mélange pour tous ces barils, alors que les ports européens ont commencé à refuser les produits pétroliers russes », a déclaré une source du marché impliquée dans le commerce des produits pétroliers russes.

    BOULEVERSEMENT DU MARCHÉ INTÉRIEUR

    L’évolution des marchés d’exportation de la Russie a entraîné une disparité sans précédent sur le marché intérieur russe. Le diesel d’été se négocie actuellement à des prix de 30 à 40 % supérieurs à ceux de l’essence, selon les données de Reuters. L’essence est normalement plus chère que le diesel.

    Auparavant, la Russie exportait de l’essence et du naphta vers les centres de négoce européens, mais elle a dû se tourner vers l’Afrique et le Moyen-Orient en raison de la faiblesse de la demande en Europe, selon les traders.

    En conséquence, les prix intérieurs de ces produits en Russie se sont effondrés en raison de l’abondance de l’offre.

    L’essence russe s’est négociée 250 à 300 dollars par tonne en dessous du produit européen non sanctionné, qui a été récemment évalué à environ 1 330 dollars par tonne sur la base FOB.

    Les cargaisons de diesel ont fait l’objet de remises beaucoup moins importantes – environ 40 à 50 dollars par tonne en dessous du produit européen non sanctionné – car la demande reste forte, selon les traders.

    #Russie #Carburants #Pétrole #Gaz #Afrique #MoyenOrient

  • Conflit Alger-Madrid: Paris et Berlin partagent le butin

    Conflit Alger-Madrid: Paris et Berlin partagent le butin

    Algérie, Espagne, Allemagne, France, Union Européenne, Sahara Occidental, Maroc, Gaz, Maghreb,

    La France et l’Allemagne pressent la crise de l’Espagne avec l’Algérie au détriment de l’Europe
    La crise du Sahara occidental sert à repositionner les deux grandes puissances européennes au Maghreb, qui profitent du boycott algérien de Madrid pour se partager le butin.

    Eugenio García Gascón

    Ce n’est un secret pour personne que la politique étrangère européenne est un désastre lorsqu’il s’agit de l’occupation israélienne, de l’Iran et de l’Afrique du Nord, et que cela est dû au fait que Berlin et Paris font passer leurs intérêts nationaux de clocher avant ceux de l’Europe dans son ensemble, dictant des politiques clairement anti-européennes que les autres membres d’un Club de plus en plus en crise doivent taire pour ne pas déplaire aux dirigeants allemands et français.

    C’est le cas depuis des temps immémoriaux et ce sera le cas tant que Paris et Berlin maintiendront leurs positions cyniques et forceront leurs partenaires à sauter à travers des cerceaux, encore et encore, sans explication publique, bien que dans un langage non verbal clair et compréhensible. Un bon exemple en est les mouvements lugubres que l’on observe au Maghreb depuis un certain temps et qui deviennent particulièrement transparents aujourd’hui.

    La grave erreur commise par le président Pedro Sánchez avec le Sahara occidental a donné le signal de départ pour que d’autres pays se précipitent pour prendre la place de l’Espagne. Ces dernières semaines, de nombreuses capitales européennes ont commencé à prendre position pour partager le gâteau algérien, et parmi elles, outre la voisine Rome, se trouvent Berlin et Paris, ce qui n’est pas une simple coïncidence.

    Au lieu d’aider le partenaire espagnol à surmonter la crise avec l’Algérie, l’Allemagne et la France se sont lancées dans une chasse aux contrats que les entreprises espagnoles détenaient jusqu’à présent, signe que les deux grandes puissances mènent une politique de vautours. Les mêmes dirigeants qui font tout un foin lorsqu’ils parlent publiquement de l’unité de l’Europe profitent en fait effrontément d’une crise comme celle qui sévit en Espagne et en Algérie.

    Cette crise est la preuve que l’Europe est sur la mauvaise voie, et peut servir d’avertissement non seulement aux partenaires les plus faibles, mais aussi à l’axe Paris-Berlin, pour leur dire que leurs ambitions sèment des mines dans la construction d’une Europe qui peut encore être nécessaire, mais que si l’on regarde la façon dont les choses évoluent, y compris les élections législatives françaises du week-end, il est raisonnable de penser que de profonds changements attendent le continent, parmi lesquels un effondrement ne peut être exclu.

    Il ne faut pas ignorer que la chute de l’Europe est dans l’intérêt de grandes puissances telles que la Russie, les États-Unis et Israël, mais la partie la plus grave de l’équation est le comportement cynique de Paris et de Berlin, qui non seulement ne favorise pas une unité européenne progressiste et unie, mais aussi détricote un rêve qui a duré quelques décennies mais qui devient chaque jour plus flou et précaire.

    La crise du Sahara occidental a provoqué un rapprochement entre l’Allemagne et la France et l’Algérie, mais aussi un certain rapprochement, encore trop vague, entre l’Espagne et le Maroc, un pays qui a solidement démontré, et continue de démontrer, qu’il n’est pas un partenaire fiable. C’est comme si Madrid avait vu que Paris et Berlin lui prenaient ses affaires en Algérie sans sourciller et qu’elle cherchait à les remplacer par des affaires marocaines.

    Vendredi, le président Emmanuel Macron a téléphoné à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune précisément pour « développer les relations » entre les deux pays, étant entendu que ce sera principalement dans le domaine économique, étant donné la décision d’Alger de geler les relations avec l’Espagne. C’est un coup de poignard à Madrid, mais c’est aussi une réponse au jeu « suprémaciste » joué par Paris et Berlin, auquel les autres États européens doivent se plier sans protester.

    L’Algérie conditionne son rapprochement avec Madrid au départ de Pedro Sánchez de la Moncloa, ce qui prendra encore du temps. L’Allemagne, la France et l’Italie ont donc un temps précieux devant elles pour supplanter les entreprises espagnoles, et c’est ce qu’elles font. Cela révèle que l’Europe est sur la mauvaise voie, surtout maintenant que les partis les plus extrêmes de droite et de gauche viennent de montrer les dents lors des élections françaises.

    Paris tente de combler le vide de l’Espagne en Algérie au moment même où ses relations avec Rabat sont glaciales et où les visites de hauts responsables français et marocains dans l’autre pays sont depuis longtemps gelées. Macron n’a pas parlé à Mohammed VI au téléphone depuis près d’un an, et le roi du Maroc vient de se rendre à Paris pour une visite privée sans rencontrer le président français.

    L’intérêt du Maroc

    Selon le quotidien Al Quds al Arabi, cette situation explique pourquoi le Maroc souhaite relancer ses relations avec l’Espagne. Elle estime que la France ne s’est pas occupée de ses affaires pendant sa présidence de l’UE au premier semestre 2022. Mais il convient de souligner que Rabat n’a jamais été un partenaire fiable et que ses politiques ont fortement évolué d’un côté comme de l’autre lorsqu’il l’a jugé bon.

    Une politique européenne unie aurait probablement permis d’éviter les problèmes avec le Maroc et l’Algérie, mais ni Paris ni Berlin n’ont montré le moindre intérêt à cet égard, orientant plutôt leurs actions en fonction des performances économiques nationales.

    Pedro Sánchez semble en avoir pris note et renforce la coopération avec le Maroc, comme en témoigne l’achat de gaz naturel sur le marché international qui arrive à Huelva avant d’être acheminé vers le Maroc, qui a perdu le gaz algérien également à cause de l’imbroglio du Sahara occidental. Le contexte n’invite pas à l’optimisme à court, moyen et long terme.

    Sans aucun signe de volonté de Paris et de Berlin de changer de direction, et avec des nuages noirs s’accumulant après chaque élection européenne, il est probable que tous les Européens finiront bientôt par payer un prix élevé pour les décisions de la France et de l’Allemagne.

    Público, 21 juin 2022

    #Algérie #Espagne #France #Allemagne #Gaz #SaharaOccidental #Maroc #Europe #UE

  • L’UE, Sanchez, le Makhzen et …les autres

    L’UE, Sanchez, le Makhzen et …les autres

    Union Européenne, Algérie, Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Pedro Sanchez,

    L’Algérie est un partenaire clé pour l’Europe en ce sens qu’elle est un partenaire fiable lui assurant une part non négligeable de ses besoins énergétiques …

    Rien ne va plus entre Alger et Madrid. Le revirement du gouvernement de Pedro Sánchez sur la question du Sahara occidental chamboule les relations entre les deux pays du pourtour méditerranéen, par ricochet le partenariat avec l’Union Européenne et pourrait changer la donne géopolitique et stratégique de la région euro-méditerranéenne. C’est une sidération qui a saisi l’Espagne et les membres de l’UE par la riposte en haute intensité de l’Algérie qui sont surpris par son offensive diplomatique. Et d’une, la crise s’installe dans la durée, dont les conséquences ne sont pas mesurables à court terme et d’autre part, l’Algérie est un partenaire clé pour l’Europe en ce sens qu’elle est un partenaire fiable lui assurant une part non négligeable de ses besoins énergétiques par sa proximité géographique, elle assure aussi la stabilité de la région, notamment sur les questions de sécurité et d’immigration, outre celles liées au domaine économique.

    La stratégie du gouvernement Sanchez est de se poser en victime politique d’Alger. En premier lieu, il a cherché à obtenir le soutien de Bruxelles. Ce qu’il a arraché. La riposte forte d’Alger n’a pas tardé. Le ministère des affaires étrangères a dénoncé, dans une sévère mise au point rendue publique le samedi 11 juin, « le parti pris » de l’Union Européenne en faveur de l’Espagne dans le différend politique qui l’oppose à l’Algérie, qualifiant de « fantaisistes » les insinuations de la commission européenne s’agissant des contrats gaziers liant Alger à Madrid.

    Après s’être plaint à Bruxelles, Pedro Sanchez évoque, avec ridicule, la « main de Poutine » derrière la décision algérienne. Une grossière manœuvre qui ne passe pas auprès de l’opinion publique espagnole, ni les allégations émanant du Makhzen sur une «prétendue réunion extraordinaire de la Ligue arabe en vue d’en sortir avec une déclaration de solidarité avec l’Algérie ».

    La répartie d’Alger est aussi cinglante que forte pour ceux qui doute de la diplomatie algérienne à faire face à ces assertions. «L’Algérie, qui est convaincue du bien-fondé de sa position et de la justesse des décisions politiques souveraines qu’elle a prises à cet égard, se passe de l’obtention des positions de soutien, que ce soit des pays frères ou amis ou des organisations internationales », souligne un communiqué du ministère des affaires étrangères qui dément formellement ces allégations, en contradiction totale avec les valeurs de la diplomatie algérienne qui exerce ses fonctions en toute transparence et souveraineté.

    Il rappelle une nouvelle fois le caractère strictement bilatéral et politique de la crise actuelle avec le gouvernement espagnol actuel en raison du manquement de ce dernier à ses devoirs envers la décolonisation du Sahara Occidental selon le droit international.

    Fil d’Algérie, 19 juin 2022

    #Algérie #Espagne #PedroSanchez #SaharaOccidental #Maroc #UE

  • Alger-Madrid: De la fuite en avant du pyromane Albares

    Alger-Madrid: De la fuite en avant du pyromane Albares

    Algérie, Espagne, Sahara Occidental, Union Européenne,

    Voila près de trois mois maintenant, que les relations algéro-espagnoles vivent une crise sans précédent. Les récentes pérégrinations du chef de la diplomatie espagnole entre Madrid et Bruxelles, poussent à s’interroger sur les capacités d’un diplomate indigne de ce grand pays méditerranéen et de son grand peuple qui a toujours inspiré le respect.

    M. Albares, entré en diplomatie par effraction et jamais à cours de maladresses, a réussi (il faut le lui reconnaitre!) à manipuler un compatriote, camarade de parti, ancien ministre des affaires étrangères de son état et aujourd’hui à la tête des relations extérieures de l’Union européenne, à tristement entacher la crédibilité de cette très importante institution communautaire, par la publication d’un communiqué sans fondement à l’encontre de l’Algérie.

    A retenir également la déclaration guignolesque, faite le jour même sur le parvis de la Commission de l’UE, appelant, voire intimant aux autorités algériennes au dialogue, et ce avec un langage aux contours irrévérencieux et surtout indigne de sa fonction…

    Alger, par le biais d’un communiqué de sa Représentation à Bruxelles, a vite réagi pour déplorer l’incursion précipitée et maladroite de la Commission européenne dans cette affaire en écartant allégations et chimères concernant les risques encourus par les échanges commerciaux entre les deux pays.

    Cela n’a pas manqué! les médias affidés à l’exécutif espagnol de l’heure ont vite accouru pour sonner trompettes et victoires: l’Algérie recule!

    Quel sentiment de tristesse face au caractère grotesque du spectacle diplomatique de ce personnage aux allures contrastant avec les illustres diplomates et ministres des affaires étrangères de l’Espagne a inscrits dans le panthéon de la diplomatie internationale.

    Mais le burlesque de ce quidam qui s’st vu confier la lourde tâche de conduire la politique étrangère du Royaume d’Espagne et, de retour de Bruxelles, ledit pseudo diplomate a laissé entendre, qui veut l’entendre, que c’est ni plus ni moins la Russie, Poutine lui-même, qui serait à l’origine de cette crise. Pitoyable appel du pied aux Etats-Unis et à l’Otan pour secourir un petit ministre dépassé par ses propres turpitudes, après avoir vainement tenté de mobiliser l’Union européenne. De même, met-il également en avant l’épouvantail russe pour convaincre les pairs européens pour se tenir à ses côtés.

    Ainsi donc et pour ceux qui pouvaient encore douter de l’incompétence de ce ministre amateur, qui a réussi, avec de plaisantes inventions, à ridiculiser son gouvernement en l’isolant tant au sein du Parlement que de l’opinion publique espagnole, la fuite en avant amorcée dès le 18 mars passé par l’annonce de la trahison du consensus historique espagnol sur la question du Sahara Occidental (annonce faite par un pays tiers… Une première dans les annales!).

    La fuite en avant affichée par le pseudo-ministre des affaires étrangères espagnol qui ne cesse d’envenimer une crise qui, de l’avis de tous, des deux côtés de la Méditerranée, aurait pu être évitée, tranche avec l’approche sage et sereine adoptée par Alger, en tant que pays pivot, stabilisateur et conscient de ses responsabilités régionales et en tant que pays essentiel du Mouvement des Non-Alignés.

    Pour ceux qui pensaient que la trahison de la cause sahraouie et du consensus espagnol sur la question, ne susciterait qu’une colère épidermique passagère du côté d’Alger, c’est bien mal connaître l’Algérie, et sa défense de la légalité internationale et du droit des peuples et ce, parfois au détriment de ses propres intérêts.

    Aussi, l’histoire ne retiendra pas grand-chose d’Albares, car rien de grand ne naît de la petitesse. En exacerbant la crise entre l’Algérie et l’Espagne et en l’enveloppant dans un langage emprunté à la guerre froide ne grandit pas Albares non plus.

    Le Citoyen, 14 juin 2022

    #Algérie #Espagne #JoseManuelAlbarec #SaharaOccidental

  • L’Ukraine et le rêve européen

    L’Ukraine et le rêve européen

    Ukraine, Russie, Union Européenne, Volodymyr Zelenskiy, Sievierodonetsk,

    -La candidature de l’Ukraine à l’UE marque un changement majeur dans la géopolitique européenne
    -Poutine cherche à minimiser la question de l’UE
    -La bataille de Sievierodonetsk se poursuit
    -Selon les médias russes, deux Américains surpris en train de se battre pour l’Ukraine

    BRUXELLES/Kyiv, 18 juin (Reuters) – Alors que la guerre fait rage dans l’est de l’Ukraine, Kyiv a reçu un coup de pouce majeur vendredi lorsque l’Union européenne a recommandé qu’elle devienne candidate pour rejoindre le bloc, préfigurant un changement géopolitique dramatique à la suite de l’invasion russe. .

    Lors d’un sommet la semaine prochaine, les dirigeants de l’UE devraient approuver les recommandations de l’exécutif du bloc pour l’Ukraine et la Moldavie voisine.

    Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a déclaré sur Twitter que la bravoure des Ukrainiens avait offert à l’Europe l’occasion de « créer une nouvelle histoire de liberté et enfin de supprimer la zone grise en Europe de l’Est entre l’UE et la Russie ».

    Alors que la diplomatie progressait avec Bruxelles, des combats intenses se poursuivaient dans la région orientale du Donbass, où la Russie cherche à consolider et à étendre les gains récents, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson effectuait une visite surprise dans la capitale, Kyiv.

    Zelenskiy a déclaré dans une allocution télévisée nocturne que la décision des États membres de l’UE reste à voir, mais a ajouté : « Vous ne pouvez qu’imaginer une force européenne vraiment puissante, une indépendance européenne et un développement européen avec l’Ukraine ».

    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la décision en portant les couleurs ukrainiennes, représentées par un blazer jaune sur un chemisier bleu.

    « Les Ukrainiens sont prêts à mourir pour la perspective européenne », a-t-elle déclaré. « Nous voulons qu’ils vivent avec nous le rêve européen. »

    Le président russe Vladimir Poutine s’est insurgé contre l’Occident, les États-Unis en particulier, dans un discours rempli de griefs à Saint-Pétersbourg, mais a cherché à minimiser la question de l’UE.

    « Nous n’avons rien contre », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas un bloc militaire. C’est le droit de tout pays de rejoindre l’union économique. »

    Cependant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie suivait de près la candidature de l’Ukraine à l’UE, en particulier à la lumière de la coopération accrue en matière de défense au sein du bloc des 27 membres.

    L’Ukraine a demandé à rejoindre l’UE quatre jours après que les troupes russes ont traversé sa frontière fin février. En quelques jours, il a été rejoint par la Moldavie et la Géorgie, de plus petits anciens États soviétiques aux prises avec des régions séparatistes soutenues par la Russie.

    Bien que ce ne soit que le début d’un processus qui pourrait durer des années et nécessiter de vastes réformes, la décision de la Commission européenne met Kyiv sur la bonne voie pour réaliser une aspiration considérée comme hors de portée il y a quelques mois à peine.

    L’un des objectifs déclarés de Poutine en lançant ce que Moscou appelle une « opération militaire spéciale » qui a tué des milliers de personnes, détruit des villes et envoyé des millions de personnes en fuite était d’arrêter l’expansion de l’Occident vers l’est via l’alliance militaire de l’OTAN.

    Mais l’annonce de vendredi a souligné comment la guerre a eu l’effet inverse : convaincre la Finlande et la Suède de rejoindre l’OTAN, et maintenant l’UE de se lancer dans son expansion potentiellement la plus ambitieuse depuis l’accueil des États d’Europe de l’Est après la guerre froide.

    Pour intensifier la confrontation mondiale, les médias russes ont diffusé des images de ce qu’ils ont qualifié de deux Américains capturés alors qu’ils se battaient pour l’Ukraine. « Je suis contre la guerre », ont déclaré les hommes dans des clips vidéo séparés publiés sur les réseaux sociaux.

    GÉNÉRATION POST-SOVIETIQUE

    L’adhésion à l’UE n’est pas garantie – les pourparlers sont au point mort depuis des années avec la Turquie, candidate depuis 1999. Mais si elle était admise, l’Ukraine serait le plus grand pays de l’UE en termes de superficie et le cinquième le plus peuplé.

    L’Ukraine et la Moldavie sont beaucoup plus pauvres que les membres actuels de l’UE et ont des histoires récentes de politique instable et de crime organisé, en plus de leurs conflits avec les séparatistes soutenus par la Russie.

    Mais à Zelenskiy, 44 ans, et Maia Sandu, 50 ans, ils ont des dirigeants pro-occidentaux qui ont atteint leur majorité en dehors de l’Union soviétique.

    Johnson, le dernier d’une série de dirigeants étrangers en visite à Kyiv, a offert une formation aux forces ukrainiennes et a déclaré que la Grande-Bretagne se tiendrait aux côtés du peuple ukrainien « jusqu’à ce que vous finissiez par l’emporter ».

    Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a exhorté l’Occident à ne pas « suggérer des initiatives de paix dans des conditions inacceptables », dans une référence apparente aux propos tenus ce mois-ci par le président français Emmanuel Macron selon lesquels trouver une solution diplomatique ne nécessite pas d’humilier la Russie.

    Au lieu de cela, a écrit Kuleba dans un article en ligne du magazine Foreign Policy, l’Occident devrait aider l’Ukraine à gagner, non seulement en fournissant des armes lourdes, mais en maintenant et en augmentant les sanctions contre Moscou.

    « L’Occident ne peut pas se permettre la lassitude des sanctions, quels que soient les coûts économiques plus larges », a-t-il écrit. « Il est clair que le chemin de Poutine vers la table des négociations passe uniquement par des défaites sur le champ de bataille. »

    Depuis que l’Ukraine a vaincu la tentative de la Russie de prendre d’assaut Kyiv en mars, Moscou s’est recentrée sur la région orientale du Donbass, qu’elle revendique au nom de mandataires séparatistes, et ses forces ont utilisé leur avantage d’artillerie pour se frayer un chemin dans les villes dans une phase punitive de la guerre.

    La Russie en prend aussi un coup.

    Son armée « subit de lourdes pertes » après avoir concentré la grande majorité de sa puissance de combat disponible pour capturer Sievierodonetsk et sa ville sœur, Lysychansk, au détriment d’autres axes d’avance, a déclaré le groupe de réflexion basé à Washington, l’Institute for the Study of War. dans une note vendredi.

    Reuters, 18 juin 2022

    #Ukraine #Russie #UE

  • Entre précarités, y a-t-il une issue à la crise algérienne ?

    Entre précarités, y a-t-il une issue à la crise algérienne ?

    Espagne, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Union Européenne,

    -La surenchère, la précipitation et l’absence de calcul ont été le point commun de la politique étrangère d’Alger, de Rabat et de Madrid au cours des deux dernières années.

    -Alger et Madrid sont pris dans un imbroglio dont aucune des parties ne peut se sortir à court terme.

    Il y a des fronts où rien de pertinent ne semble se produire pendant des années et des semaines – dans ce cas, quatre jours ont suffi – où l’histoire (avec des lettres minuscules, oui) appuie sur la pédale d’accélérateur. Le temps écoulé entre la note dans laquelle la Présidence algérienne a annoncé ce mercredi la suspension du Traité d’Amitié, de Bon Voisinage et de Coopération signé avec Madrid en 2002 et la deuxième réprimande du régime algérien à l’UE pour sa défense des intérêts de l’Espagne ce samedi a été suffisant pour confirmer que le soutien espagnol au Maroc au Sahara Occidental a déclenché une crise permanente avec l’Algérie dont ni le régime militaire ni l’Exécutif Sánchez ne savent probablement comment sortir.

    Indépendamment du fait que la décision d’accorder du crédit à la proposition d’autonomie de Rabat pour le Sahara Occidental soit la bonne pour les intérêts stratégiques à long terme de l’Espagne ou non, à en juger par ses résultats, la manière de résoudre la crise avec le Maroc a conduit à une quantité considérable de conséquences imprévisibles. Il est difficile de croire que le gouvernement n’a pas envisagé la possibilité que l’Algérie, principal soutien du mouvement indépendantiste sahraoui, réagisse par une rebuffade et profite de l’occasion pour exploiter ce qui s’est passé (et tenter ainsi de gagner de l’oxygène sur le front intérieur). Une chose différente serait que l’exécutif de Pedro Sánchez ait adopté la décision qu’il a prise en mars, conscient de ce qui allait se passer. En l’absence d’informations honnêtes et détaillées de la part des représentants espagnols, nous évoluons toujours sur le terrain de la spéculation. « On ne peut pas faire pire. Le gouvernement a fait preuve d’ignorance et de peu de professionnalisme. Je le vois mal », confesse à NIUS un ancien haut représentant de la représentation espagnole à Alger. Un avis similaire est émis par le professeur de relations internationales de l’université d’Exeter, Irene Fernández-Molina. « Il sera difficile de sortir de cette flaque », prédit à NIUS cette spécialiste de la politique nord-africaine.

    Jouer les désemparés

    L’impression est désormais que le gouvernement Sánchez et le régime algérien lui-même ont été entraînés dans un imbroglio qui, à court et moyen terme, n’a pas de solution. L’exécutif espagnol ne peut plus revenir sur son soutien à Rabat, car cela pourrait entraîner un nouveau séisme avec le Maroc, et Alger n’est pas non plus en mesure de faire marche arrière. Aussi bien dans le communiqué publié par la représentation algérienne devant l’UE ce vendredi que dans la note du MAE ce samedi, l’apparente rectification d’Alger ressemble à un jeu d’omission. Dans la note, l’ambassade d’Algérie à Bruxelles dément un boycott commercial que les hommes d’affaires espagnols subissent depuis des semaines. L’instruction d’Alger est signée à titre personnel par le DG de l’Association professionnelle des banques et entités financières ; il n’est pas un représentant de l’État. En outre, la communication incite à « geler les domiciliations » dans les opérations commerciales dont la destination et l’origine sont en Espagne et non à boycotter le commerce avec notre pays. Quoi qu’il en soit, de nombreux dommages peuvent être causés aux intérêts commerciaux espagnols. Et personne ne sait quelle sera la prochaine idée des autorités algériennes à cet égard.

    Une lune de miel avec le Maroc ?

    En attendant, la toute nouvelle étape des relations avec le Maroc est loin d’être une lune de miel. Pour l’instant, au-delà du fait que le contact entre les administrations a été rétabli -ce qui n’est pas rien, bien sûr-, la seule chose tangible aujourd’hui -presque trois mois après l’envoi de la lettre de Sánchez à Mohamed VI- pour le gouvernement est la réouverture des frontières de Ceuta et Melilla, la tranquillité dans celles-ci et le retour des ferries entre le Maroc et l’Espagne. Les fronts ouverts et non résolus dans les négociations bilatérales ne sont pas petits, de la décision finale sur les douanes commerciales dans les villes autonomes à la délimitation des eaux territoriales. En somme, ce vendredi, Rabat est entré en scène pour donner une cape à Pedro Sánchez, assurant que la feuille de route convenue le 7 avril à Rabat « progresse à un rythme très satisfaisant ».

    Comme si cela ne suffisait pas, la situation entre les deux voisins nord-africains ne traverse pas exactement son meilleur moment. Tout a commencé à se détériorer en octobre 2020, lorsque le POLISARIO a déclaré rompu le cessez-le-feu avec le Maroc, en vigueur depuis 1991. Il est vrai que les tensions entre les deux pays n’ont pas conduit à une confrontation ouverte pendant tout ce temps. Après des mois d’accusations mutuelles – notamment d’espionnage -, Alger a rompu en août dernier ses relations diplomatiques avec Rabat. Ce jeudi, l’Algérie a de nouveau porté plainte contre ses voisins, les accusant de mener une « sale guerre » contre l’Espagne par le biais d’espionnage avec le cheval de Troie Pegasus et de pressions migratoires. Comme on peut le voir, des accusations graves, des ponts brisés, une guerre verbale ouverte. Le pire scénario pour la diplomatie espagnole est de tenter de réorienter la situation en exerçant une médiation entre Alger et Rabat.

    Y a-t-il une solution à court terme ?

    L’apparente rectification algérienne ne convainc personne et des mois difficiles sont à venir. « Il ne faut pas croire que la crise avec l’Algérie est loin d’être résolue. La suspension des opérations avec les entreprises espagnoles s’est poursuivie depuis avant l’annonce du 8 juin, les entreprises espagnoles sont bloquées et l’arrivée de petites embarcations augmente en croyant qu’il n’y aura pas de rapatriement », déclare sur Twitter le professeur de relations internationales à l’Université Complutense de Madrid et spécialiste des questions algériennes Rafael Bustos. « Ce n’est pas le jeu de l’oie qui peut revenir à la case départ. Même s’il sera possible de revenir à un point d’engrenage », affirme l’ancien haut fonctionnaire espagnol à Alger déjà cité. Outre le problème commercial, la plus grande crainte du gouvernement – qui continue à faire l’éloge de la collaboration algérienne, comme l’a fait jeudi le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska – est qu’Alger joue le tour migratoire dans les prochains mois, coïncidant également avec l’arrivée du beau temps en Méditerranée. La vérité, cependant, est que la plupart des migrants qui arrivent irrégulièrement sur le sol espagnol continuent de le faire par la route marocaine et non par la route algérienne. La succession de décisions – la plupart hâtives -, d’emportements et de mauvais calculs des gouvernements espagnol, algérien et marocain depuis un an et demi n’est rien d’autre que la preuve de la précarité de la situation pour tous après une longue pandémie et une crise économique accentuée par la guerre en Europe de l’Est. Dis-moi ce dont tu te vantes et je te dirai ce qui te manque. Le gouvernement espagnol, qui fait face à une grave crise économique, a dû une fois pour toutes normaliser ses relations avec le Maroc après plus d’un an de désaccord, motivé en premier lieu par la nécessité de rétablir la coopération sur la question migratoire.

    Avec son principal partenaire et sponsor – la Russie – embarqué dans une guerre à l’horizon incertain, une opposition intérieure croissante et la nécessité de maintenir de bonnes relations commerciales avec l’UE – à un moment où son gaz est un atout essentiel pour le Vieux Continent -, l’Algérie n’est pas pour faire trop de bruit. Alger sait combien l’enjeu est important si l’UE finit par adopter des mesures contraires à ses intérêts, aussi mesurera-t-elle la réaction de l’Espagne dans les mois à venir. En résumé, ce qui s’est passé sur le front maghrébin depuis la fin de l’année 2020 donne une leçon à Sánchez et aux gouvernements à venir : pour traiter avec les deux voisins nord-africains, il faut bien plus que des bonnes paroles et des éloges sur l’amitié et le bon voisinage. Une profonde compréhension de la psyché collective des deux pays et de leurs systèmes politiques est nécessaire, qui doit commencer par l’anticipation des mouvements possibles des partis et des scénarios. En tenant pour acquis l’exagération, les pratiques politiques – si différentes de celles des partenaires européens – et la posture de Rabat et d’Alger, il semble clair que le gouvernement a péché d’une inexpérience indéniable dans ses relations avec ses voisins du sud. Et le pire est peut-être encore à venir.

    El Confidencial, 14 juin 2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #UnionEuropéenne

  • Algérie-Espagne:Communiqué de Borrell et Dombrovskis

    Algérie-Espagne:Communiqué de Borrell et Dombrovskis

    Algérie, Espagne, Union Européenne, Josep Borrell, Valdis Dombrovskis,

    Algérie : déclaration du haut représentant/vice-président, Josep Borrell, et du vice-président exécutif, Valdis Dombrovskis, sur les dernières mesures prises par l’Algérie concernant l’Espagne

    La décision prise par l’Algérie de suspendre le traité d’amitié et de bon voisinage signé avec l’Espagne en 2002 est extrêmement préoccupante. Nous évaluons les implications des actions algériennes, y compris l’instruction donnée aux institutions financières d’arrêter les transactions entre les deux pays, qui semblent d’emblée être en violation de l’accord d’association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement . Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un État membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord.

    Nous sommes en contact étroit avec le gouvernement espagnol et tendons la main aux autorités algériennes pour clarifier rapidement la situation.

    Les relations bilatérales des pays tiers avec les différents États membres de l’UE font partie de leurs relations avec l’UE. L’unité et la solidarité au sein de l’UE restent essentielles pour défendre nos intérêts et nos valeurs dans nos relations avec tous les pays. De plus, la politique commerciale est une compétence exclusive de l’UE, et l’UE est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un État membre de l’UE. Cependant, l’UE continue de privilégier le dialogue d’abord pour résoudre les controverses.

    L’Algérie est un partenaire important de l’UE en Méditerranée et un acteur clé pour la stabilité régionale. Nous espérons qu’au nom de notre partenariat solide et à long terme, une solution rapide sera trouvée pour rétablir pleinement les relations commerciales et d’investissement.

    Nous sommes prêts et désireux de soutenir ces efforts.

    Commission Européenne, 10/06/2022

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