Étiquette : Union Européenne

  • L’Institut Montaigne conseille l’Europe d’intégrer le Maghreb dans ses projections post-Covid-19

    Paris (© 2021 Afriquinfos) – L’Institut Montaigne a attiré l’attention de l’Union Européenne sur un manquement dans son plan de relance évalué à 750 milliards d’euros. L’omission du Maghreb dans ce plan (au regard de l’imbrication économique entre les deux rives de la Méditerranée) est si importante que cette non-intégration des pays du Maghreb pourrait avoir des conséquences non négligeables, met en garde l’Institut Montaigne.

    Pour les chercheurs de l’Institut Montaigne, il est impensable que l’Europe ait pu élaborer son plan de relance en omettant le Maghreb. «Quand on voit l’imbrication économique qu’il y a entre les pays du Maghreb et les pays européens, notamment les trois du Sud, Espagne, Italie et France, on ne comprend pas que le plan de relance européen – 750 milliards d’euros, la moitié en dons et la moitié en prêts – ne concerne pas ces pays. Parce qu’ils sont liés économiquement à l’activité européenne, et en même temps leur stabilité économique, sociale, mais du coup, politique, peut avoir un impact immédiat sur ce qui se passe en Europe», explique le chercheur Hakim El Karoui.

    Ce dernier a notamment produit un rapport sur les situations financières de trois pays Maroc, Algérie, Tunisie, dans lequel il indique qu’une déstabilisation des économies maghrébines en raison de la crise entraînerait des risques politiques, migratoires et in fine pour l’Europe des risques sécuritaires. Il fait ensuite savoir que ces trois pays n’ont besoin que d’une vingtaine de milliards d’euros pour redresser la barre de leurs économies actuellement mises à mal par la pandémie.

    «Il faudrait que les européens, à la fois poursuivent leur soutien à la zone (qui existe), mais comprennent qu’il y a là un phénomène conjoncturel et qu’il faut aider ces pays à passer ce phénomène conjoncturel avec des dons», précise Hakim El Karoui. La politique de dons qu’il préconise n’est pas insurmontable pour les riches économies européennes. Il s’agit aussi pour le Vieux continent de gagner des points dans une région où la Chine et la Turquie font d’importantes percées.

    S. B.

    Afriquinfos, 07 juin 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Maghreb, relance économique, plans post-covid,

  • Crise entre le Maroc et l’Allemagne : Du partenariat à l’ère glaciaire

    Le Maroc et l’Union européenne se chamaillent sur la question du Sahara occidental. L’Allemagne ne soutenant pas les revendications marocaines sur le territoire, un conflit massif a éclaté entre les deux pays. La crise germano-marocaine devient coûteuse – pour les deux parties, comme le rapporte Hans-Christian Rößler.

    Brahim Ghali est parti, mais la crise est toujours là. Dans la nuit de mercredi à jeudi (02.06.), le chef du Front Polisario de libération du Sahara occidental a quitté l’Espagne. Mais son retour en Algérie ne signifie pas un apaisement des tensions entre le Maroc et l’Espagne – ou avec le reste de l’Union européenne. Avant même que Ghali ne quitte l’hôpital espagnol où il était traité pour une infection au covid, le gouvernement de Rabat avait clairement fait savoir que l’enquête contre Ghali n’était pas au centre du mécontentement.

    La question est la reconnaissance européenne des revendications marocaines sur le Sahara occidental. La déclaration était accompagnée de deux menaces qui sont également susceptibles de susciter l’inquiétude à Berlin : elle rappelle explicitement l’importance du Maroc en tant que partenaire dans la lutte contre le terrorisme djihadiste et la migration illégale ; « 82 actes terroristes ont été neutralisés » grâce à cela. Il y a un peu plus de deux semaines, les forces de sécurité marocaines avaient montré à Ceuta ce qui se passe lorsqu’elles interrompent leur travail aux frontières. Près de 10 000 Marocains étaient alors arrivés dans l’exclave espagnole.

    La coopération en matière de sécurité est suspendue

    Le Maroc a cessé sa coopération en matière de sécurité avec l’Espagne, selon Rabat. L’Allemagne a été touchée plus tôt. « La coopération sécuritaire germano-marocaine dans le secteur de la police a été temporairement suspendue », a déclaré un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur au Frankfurter Allgemeine Zeitung de Berlin. Les forces de sécurité marocaines s’étaient vantées par le passé que leurs informations auraient pu empêcher l’attaque terroriste de décembre 2016 sur le marché de Noël de Breitscheidplatz à Berlin. Les Marocains et les Tunisiens constituaient récemment la majorité des terroristes en Europe.

    Le gouvernement allemand se dit déterminé à « reprendre la coopération en temps voulu. » Mais on en est encore loin puisque le gouvernement marocain a cessé ses contacts avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et que l’ambassadeur du Maroc a quitté Berlin. À Madrid, le blocus, qui a commencé pour l’Allemagne en mars et qui devient peu à peu coûteux pour les deux parties, devrait durer longtemps.

    Les deux pays sont en fait liés par une coopération au développement de longue date et fructueuse. L’année dernière, le pays d’Afrique du Nord a reçu des promesses allemandes de 420 millions d’euros, principalement sous forme de prêts. En raison de la crise de Corona, des prêts supplémentaires de 717 millions d’euros ont été ajoutés, selon le ministère allemand du développement (BMZ). « En raison de la crise diplomatique déclenchée par le Maroc, les activités de projet dans le domaine de la coopération au développement gouvernementale et non gouvernementale ont dû être interrompues depuis mars 2021 », indique un porte-parole.

    Cela concerne en particulier l’alliance germano-marocaine pour l’hydrogène, qui prévoit la construction de la première « usine de référence à grande échelle » pour l’hydrogène vert en Afrique. Son coût devrait s’élever à 325 millions d’euros, dont une grande partie sera financée par des prêts et des subventions accordés par la banque de développement KfW au nom du gouvernement allemand. « Actuellement, les activités des projets en cours sont reportées », déclare diplomatiquement le porte-parole du BMZ.

    Projets de coopération au développement en attente

    Au Maroc, l’âge de glace est fortement ressenti non seulement par les fondations politiques mais aussi par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Elle est active au Maroc pour le compte du gouvernement allemand depuis 1975. Mais les ministères et les autorités marocaines ont également cessé leurs contacts avec la GIZ en mars. « Le manque d’échanges avec les partenaires marocains fait que le travail dans la cinquantaine de projets que la GIZ met en œuvre au Maroc ne peut être réalisé que de manière limitée », explique une porte-parole de la GIZ. En termes de personnel, cela n’a pas eu de conséquences jusqu’à présent : Les quelque 300 membres du personnel national et détaché de la GIZ « sont toujours sur le terrain » – même s’ils n’ont actuellement pas grand-chose à faire.

    Depuis plus d’un quart d’année, le Maroc est privé d’importants fonds publics et privés en provenance d’Allemagne. Il n’est pas possible de transférer simplement des sommes importantes de l’argent des contribuables à des agences gouvernementales sur place, qui ne sont alors plus accessibles pour le suivi. Après l’Afrique du Sud, le Maroc est également le deuxième site d’investissement le plus important pour les entreprises allemandes en Afrique. Avec près de 80 entreprises allemandes, 30 000 employés y réalisent un chiffre d’affaires de près de deux milliards d’euros. « Cela affecte les entreprises qui travaillent avec des partenaires étatiques dans des domaines tels que la santé et l’énergie, qui n’ont désormais plus aucun contact avec eux », déclare le directeur général de l’Association africaine des entreprises allemandes, Christoph Kannengießer.

    Cela a également des conséquences pour les nouveaux investisseurs. À l’origine, l’Association Afrique voulait se rendre au Maroc avec des entrepreneurs allemands pour les informer sur les projets relatifs à l’hydrogène. Mais le pays d’Afrique du Nord ne dépend pas des Allemands ou des Espagnols. « Il y a toujours des alternatives pour les deux parties. La Chine, la Russie, la Turquie et les États du Golfe s’efforcent d’étendre leur influence au Maroc et au Maghreb », déclare Christoph Kannengießer.

    Dispute sur la Libye

    Le Maroc lui-même a également des ambitions politiques en Afrique du Nord. Cela vaut surtout pour une solution au conflit libyen, dans lequel le gouvernement de Rabat se voit exclu et entravé par l’Allemagne. C’est au moins l’une des raisons de la suspension diplomatique du contact, qui ne peut toutefois pas être comprise au Foreign Office : Deux semaines à peine avant le rappel de l’ambassadeur marocain et la publication du communiqué correspondant le 6 mai, le Maroc avait participé à une réunion en Libye présidée par le ministre des affaires étrangères Heiko Maas.

    Peu avant, le Maroc avait été invité à la deuxième conférence de Berlin sur la Libye, fin juin. L’accusation marocaine selon laquelle l’Allemagne souhaitait que le Maroc ne joue aucun rôle dans les efforts de paix n’avait aucun fondement, selon le ministère allemand des affaires étrangères. C’est une raison aussi incompréhensible pour suspendre la coopération que pour aggraver la crise en rappelant l’ambassadeur.

    Hans-Christian Rößler

    © Frankfurter Allgemeine Zeitung 2021

    Qantara.de, 07 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Union Européenne, UE,

  • Maroc-Espagne : Tout ça pour nada !

    Ce mardi 1 juin, la justice espagnole vient d’annoncer que tous les charges contre le président de la RASD, Brahim Ghali ont été abandonnées malgré les pressions énormes du Maroc afin de mettre en prison voire d’expulser vers Rabat, le leader du Polisario. Cette affaire montre surtout l’amateurisme de la diplomatie chérifienne qui sait maintenant qu’elle devra assumer un prix lourd face à l’Europe après l’épisode choquante de l’invasion migratoire marocaine à Ceuta.

    Le Makhzen prêt à sacrifier sa population pour une simple hospitalisation

    Après la révélation par le média pro Maroc, Jeune Afrique de l’admission de Brahim Ghali dans un hôpital près de Madrid, la diplomatie marocaine a actionné graduellement, plusieurs outils de pression. La convocation de l’ambassadeur espagnol à Madrid ainsi que les remontrances de Bourita sur l’accueil du leader du Polisario par l’Espagne n’ont pas fait bouger d’une ligne, le comportement de Madrid dans cette affaire. Alors que la ministre des affaires étrangères espagnole, Arancha Gonzàlez Laya a tenté de faire comprendre que l’accueil était simplement fait à titre humanitaire, Rabat s’estimant fort de son amitié avec Israël et de la reconnaissance américaine sur le Sahara Occidental, décide de passer à l’action. Le 8 mai, le compte Twitter de la diplomatie marocaine lance une menace à Madrid sur les conséquences de cette hospitalisation.

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    10 jours plus tard, le Maroc met ses menaces à exécution en envoyant plus de 10 000 migrants marocains à l’assaut de l’enclave espagnole revendiqué par le Maroc comme un territoire occupé. Les images de femmes, d’enfants mais également de bébés choquent le monde entier. L’Espagne savait que le Maroc utilisait depuis des années, la carte migratoire mais reste surpris par le nombre et par la coordination car au même moment, l’ambassadrice marocaine à Madrid qui a tenu plusieurs propos provocateurs à l’égard de l’Espagne est rappelée au Maroc pour consultations.

    Cette marche bleue s’est transformée très rapidement en marche noire pour les sorciers de Rabat. Immédiatement, l’Espagne a procédé à l’expulsion de la majorité des migrants marocains tout en renforçant la souveraineté de Ceuta.

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    Le Maroc a surtout montré au monde entier la réalité de la situation socio-économique de ses citoyens qui ont préféré devant les caméras du monde entier nageaient jusqu’à la mort pour pouvoir au minimum manger. En utilisant ces pauvres citoyens, le roi milliardaire et son clown de ministre, Bourita ont cru tordre le bras de l’Espagne mais ils n’ont fait que cracher sur la fierté des marocains devant les caméras des chaines occidentales.

    Le Maroc s’isole et met la lumière sur la colonisation au Sahara Occidental

    En effet, immédiatement après l’invasion de Ceuta, l’Europe a soutenu sans trembler l’Espagne dans le conflit qui l’oppose au Maroc. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a assuré à l’Espagne de la solidarité de l’Union.

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    L’Allemagne, véritable chef de l’Union européenne qui est en conflit avec le Maroc (L’ambassadrice marocaine a été rappelée par Rabat) sur la question du Sahara Occidental a qualifié le Maroc de chantage aux migrants et que l’UE devait agir contre ces pratiques.

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    Même la France, parrain du Maroc en Europe est restée très silencieuse dans son soutien à Rabat. Paris réalise que le comportement marocain est allé très loin et que la reprise en main du dossier sahraoui par l’axe Berlin-Madrid ne lui permet pas de faire du lobbying pour le moment.

    Le Makhzen a sans doute sous-estimé gravement l’Union européenne en croyant qu’elle allait suivre aveuglément la reconnaissance américaine sur le Sahara Occidental. Mais elle aussi oublié que l’Europe va prendre des mesures qui pourraient faire mal à l’économie marocaine.

    Déjà, l’Espagne et l’Algérie ont décidé de mettre fin à la fourniture de gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe d’ici septembre pour la remplacer avec le Medgaz et le surplus en GNL. Berlin prépare également un dossier pour geler les aides européennes au développement que reçoit massivement le Maroc chaque année.

    Ironie de l’histoire, alors que le conflit du Sahara Occidental était tombé en désuet, c’est Nacer Bourita, le ministre des affaires étrangères du Maroc qui par ses actions et ses déclarations a pu sans le vouloir remettre en lumière, la question du Sahara Occidental dans l’actualité. Peut-être que Bourita est un agent du Polisario sans le savoir…

    Hussein le Flamand

    Kassaman, 01 juin201

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Union Européenne, UE,

  • La crise diplomatique avec le Maroc arrive au Parlement européen

    La crise diplomatique avec le Maroc arrive au Parlement européen

    Le Parlement européen débattra et votera la semaine prochaine une résolution sur la possible violation des droits de l’enfant et l’utilisation présumée de mineurs par les autorités marocaines lors de la soi-disant crise migratoire à Ceuta. En pleine polémique sur l’expulsion chaude et systématique de mineurs pendant la crise, l’Europe choisit de soutenir l’État espagnol.

    Jeudi, les députés européens débattront des récents événements de Ceuta, où des milliers de jeunes Marocains ont réussi à franchir la frontière avec les deux villes autonomes.

    Plus précisément, les députés se prononceront sur la question de savoir si l’utilisation et l’encouragement présumés de centaines d’enfants à traverser la frontière par les autorités marocaines constituent une violation de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. A l’issue du débat, la plénière votera une résolution résumant ses conclusions.

    Intérêt européen

    Depuis le début de la crise migratoire à la mi-mars, la Commission européenne a réitéré à plusieurs reprises son soutien à l’Espagne après que Rabat ait lié cette crise migratoire à la position espagnole sur le Sahara occidental. Plus précisément, l’UE compte sur les frontières de l’Espagne avec le continent africain pour empêcher les mouvements de migrants vers l’Europe continentale, un « service » pour lequel l’État facture des dizaines de millions d’euros par an, et qui est également partagé avec le Maroc pour assurer la surveillance des frontières.

    « La frontière de Ceuta est une frontière européenne et l’UE est solidaire de l’Espagne », c’est la phrase qui a été répétée à maintes reprises par différents responsables communautaires, qui ont laissé la gestion de cette crise avec Rabat entre les mains de la Moncloa. Bruxelles a également répété que l’UE a une « position très ferme sur le Sahara Occidental » et qu’elle « reste inchangée ».

    En outre, l’Union a demandé la reprise immédiate des négociations avec les Nations unies pour « trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier la résolution 2548 adoptée le 30 octobre 2020 ».

    Enquête sur l’exécutif espagnol

    Parallèlement, le ministère public a décidé d’ouvrir une enquête sur les expulsions express de mineurs pendant la crise migratoire, puisque la législation établit l’interdiction des retours à chaud pour les personnes de moins de 18 ans qui entrent irrégulièrement sur le territoire espagnol. Contrairement aux adultes, dont les expulsions ont été entérinées par le TC et la Cour européenne des droits de l’homme, les mineurs bénéficient d’une protection spéciale en vertu du droit espagnol et international. Cette expulsion ne peut être exécutée qu’avec un contact préalable avec les parents de l’enfant, si la volonté du jeune de retourner chez lui est confirmée et s’il est démontré que cela garantit la protection de l’intérêt supérieur du mineur.

    Accusations interchangées

    Dans de récentes déclarations, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a assuré qu’il est  » absolument inacceptable  » que le Maroc ait pu attaquer les frontières  » de Ceuta avec l’assaut de milliers de personnes comme moyen de protester contre un problème de politique étrangère. De la même manière, la ministre de la Défense, Margarita Robles, a également utilisé un langage similaire et a directement accusé le pays africain d’envoyer des mineurs aux frontières.

    De leur côté, les Marocains dénoncent le traitement réservé par l’État aux milliers d’enfants non accompagnés qui arrivent à la frontière avec l’Espagne.

    Le gouvernement de la ville autonome de Ceuta estime qu’il y a encore quelque 3 000 personnes  » errant  » dans les rues, dont de nombreux mineurs, sur les plus de 10 000 personnes qui sont entrées dans la ville par la frontière avec le Maroc pendant les journées des 17 et 18 mai. Les autorités affirment qu’à l’heure actuelle, elles ont recensé environ 1 160 mineurs et qu’elles travaillent à la mise en place de nouveaux entrepôts dans la zone industrielle de Tarajal pour héberger les immigrés qui restent encore dans la rue afin qu’ils bénéficient d’une « prise en charge digne ».

    El Nacional.cat, 5 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Union Européenne, UE, Migration, mineurs non accompagnés,

  • L’Algérie de la fierté et de la légalité

    Le Maroc est condamné de père en fils à vivre de ses turpitudes. Malgré les désillusions du défunt Hassan II, contraint sous les armes de la résistance de signer l’accord de cessez-le-feu de septembre 1991, le roi Mohamed VI connaîtra certainement le même sort. Les signes de la déroute sont nettement perceptibles dans la soumission totale au sionisme pour sauver un trône chancelant.

    Ils sont accentués par un isolement international traduit par le gel des relations diplomatiques avec l’Allemagne et l’Espagne, et le désaveu cinglant du Pentagone qui a apporté, par la voix du porte-parole de l’Africom un démenti sur la prétendue participation aux manœuvres marocaines dans les territoires sahraouis. Il a précisé que les exercices se dérouleront dans les frontières internationalement reconnues. Cette position conforte le choix stratégique du retour à la légalité internationale prônée par l’Administration Biden. La boucle est bouclée par l’Union européenne qui se refuse au chantage marocain et entend défendre ses frontières.

    En perte de vitesse, le Maroc colonial a perdu la bataille de la légitimité et de la reconnaissance internationale, dont la décision de la Cour espagnole de ne pas prononcer une détention provisoire «ni tout autre type de mesures préventives» contre le président sahraoui, Brahim Ghali, à qui ont rendu visite à l’hôpital d’Aïn Naâdja le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et le chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha. «Notre visite est un devoir pour un pays qui réclame justice et ne saurait s’y soustraire», a souligné le Président mettant en garde contre les tentations guerrières. Le Maroc a toujours été l’agresseur. Nous n’agressons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s’y essaie, les rapports de force étant ce qu’ils sont», a-t-il indiqué dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le Point.

    En puissance d’équilibre, l’Algérie travaille inlassablement à la restauration de la paix et de la stabilité dans la région. Les acquis fondamentaux de l’Accord d’Alger constituent une base consensuelle revendiquée par tous les partenaires maliens, au moment où la Libye amorce le virage de la légitimité constitutionnelle.

    Horizons, 4 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Espagne, Union Européenne, UE, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • L’UE et les USA « ne manquent pas d’air »: (Medvedev)

    L’UE et les États-Unis « ne manquent pas d’air »: Dmitri Medvedev évoque le niveau de tensions inédit avec la Russie

    À l’approche du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, Dmitri Medvedev, chef du parti au pouvoir Russie unie et ex-Président du pays, constate que les relations entre la Russie, l’UE et les États-Unis se sont « considérablement détériorées » et sur certains points sont même pires qu’à l’époque de la guerre froide.

    À deux semaines du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, l’ancien Président, ex-chef du gouvernement russe et actuel président du parti au pouvoir Russie Unie, Dmitri Medvedev, revient sur les relations entre Moscou, Bruxelles et Washington dans une interview au journal russe Kommersant. Il déplore un niveau de tensions inédit.

    « Ces dernières années, ces relations [entre la Russie, l’Union européenne et les États-Unis, ndlr] se sont considérablement détériorées. Et ce n’était pas de notre initiative. Je considère que c’est mauvais, qu’en termes économiques, tout le monde a beaucoup perdu. C’est mauvais pour la situation générale dans le monde », constate-t-il.

    Dmitri Medvedev, adepte des nouvelles technologies et fan de musique rock, fait preuve d’un certain optimisme. La détérioration des relations russo-occidentales doit être traitée « sans fatalisme ». « Tout peut revenir », assure-t-il. « Nous avons besoin de relations stables, bonnes, de bon voisinage et bénéfiques pour tous avec l’UE et les États-Unis. […] Il nous faut d’autres principes de coopération qui soient normaux et durables. J’espère que cela arrivera notamment grâce à l’activité russe internationale », a-t-il indiqué. D’après Dmitri Medvedev, la première réunion en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Joe Biden prévue en juin, sera « au minimum » une occasion de « discuter les thèmes les plus compliqués et conflictuels ».

    La rencontre entre les Présidents russe et américain est fixée au 16 juin à Genève, mais les deux parties restent réservées. Le Président russe pourrait évoquer les questions du contrôle des armements et de la stabilité stratégique en évitant celle des sanctions. La Maison-Blanche a fait savoir que Biden parlerait de la situation en Ukraine et en Biélorussie. Dmitri Medvedev, nommé vice-président du Conseil de sécurité russe après sa démission de la tête du gouvernement en 2020, évoque la fatigue due aux tensions avec les pays européens et Washington. « Il n’y a pas que quelques personnes qui en ont assez de la confrontation. Je vais vous dire plus: nous sommes tous fatigués de la confrontation. Qui l’aime? Personne. Moi non plus je n’aime pas ça. Je suis sûr que le Président ne l’aime pas, et mes autres collègues ne l’aiment pas non plus », insiste-t-il.

    D’après lui, dans le cas de la Crimée, les États-Unis et les pays européens auraient pu se comporter différemment. Suite à la réintégration de la Crimée à la Russie en 2014, qui est considérée par l’Occident comme une annexion du territoire ukrainien, l’UE et les États-Unis ont accusé la Russie d’ingérence et introduit une série de sanctions.

    « L’Occident […] aurait pu se comporter d’une manière beaucoup plus nuancée et intelligente: ne pas détruire ses relations avec nous et en même temps déclarer certaines de ses préoccupations. Mais ils ont tout détruit, ont coupé les ponts », déplore-t-il.

    Des partenaires qui « ne manquent pas d’air »; « Malheureusement, nos partenaires occidentaux ne manquent pas d’air à cause de leur pouvoir, surtout depuis l’effondrement du Pacte de Varsovie. C’est vrai. En effet, auparavant aucun pays n’avait tenté d’amener la confrontation avec notre pays à un tel niveau », a indiqué Medvedev. De plus, « sur certains points », les relations avec l’Occident sont actuellement pires qu’à l’époque de la guerre froide, assure-t-il.

    « [Auparavant, à l’époque soviétique, ndlr] aucun pays n’avait jamais pensé à couper toutes les voies de communication. Mais qu’ont fait nos partenaires, par exemple, dans l’Union européenne ou aux États-Unis? Ils ont commencé à imposer des sanctions individuelles », regrette l’homme politique russe.

    « Et même l’expulsion de diplomates, qui s’intensifie actuellement, n’avait pas été pratiquée à un tel point auparavant. Oui, il y a eu des cas similaires, mais jamais en pareille mesure », s’étonne-t-il.

    Ces derniers mois, la Russie a fait face à une vague d’expulsions de ses diplomates par des pays européens, notamment par la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, l’Italie. En avril, des fonctionnaires tchèques ont désigné des agents russes comme responsables d’explosions dans des dépôts d’armes en 2014. Les États-Unis ont eux aussi expulsé des diplomates russes suite à des accusations sur une implication russe dans les élections américaines.
    B. C.

    Le Maghreb, 03-06-2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Union Européenne, UE, USA, Russie, Dmitri Medvedev, Vladimir Poutine, Joe Biden, Guerre froide,

  • Maroc : Les limites d’un Etat voyou et manipulateur

    Le Maroc aura tout tenté pour faire croire à une victoire de sa piètre diplomatie, mais la réalité des faits l’a tout simplement remis à sa place. Sa petite place. Dans son bras de fer qu’il a engagé avec Madrid, le makhzen a pu vérifier à ses dépens que sa roublardise, ses mensonges, ses menaces et sa bassesse n’ont fait que le discréditer encore plus aux yeux d’une grande partie du monde.

    Pire encore, le Maroc qui a donné sa diplomatie à un piètre amateur du nom de Nasser Bourita a perdu beaucoup de crédit et de soutien au sein même de ses alliées d’hier et a totalement raté sa campagne auprès de l’Europe surtout. Son coup bas de Ceuta où il a ouvert et orchestré un flux jamais vu de migrants vers les terres espagnoles a été une erreur fatale qui a mis les 27 membres de l‘UE, y compris son fidèle allié français, dans une colère noire. Ce chantage de bas étage a été unanimement condamné par les Européens et le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a été très clair à ce sujet, estimant qu’il était « normal que si un pays rompt un accord de coopération avec l’UE, il y ait des conséquences », avant de rappeler au Maroc que « les frontières de l’UE commencent à Ceuta. »

    Ensuite il y eut ce long feuilleton de la présence du président sahraoui en Espagne et les pressions exercées par Rabat sur Madrid, avec tous les mensonges et les manipulations qui vont avec, et qui toutes se sont révélés vains puisque Brahim Ghali a été entendu par un juge espagnol qui n’ a pris aucune mesure contre lui et le président sahraoui s’est retrouvé ainsi libre de ses mouvements et a pu quitter l’Espagne, car le dossier monté de toutes pièces par le makhzen contre lui était vide et sans aucune consistance.

    Et malgré toutes ces défaites et ces déboires, le Maroc a continué dans sa politique de mensonges, allant cette fois jusqu’à déclarer que l’exercice militaire américano-marocain «African Lion 2021» aura lieu dans le désert du Sahara occidental occupé. Un mensonge qui a vite été démenti par l’armée américaine qui a déclaré que ces manœuvres auront lieu, «à travers le Maroc, de la base aérienne de Kenitra, au nord, à Tan-Tan et au complexe d’entraînement de Guerir Labouhi au sud», donc dans les frontières internationalement reconnues du royaume, excluant de fait les territoires sahraouis occupés.

    Le Maroc s’est vu trop beau et trop grand et a cru pouvoir profiter de sa nouvelle proximité avec Israël et son éphémère rapprochement avec l’ex administration américaine, pour se permettre toute sorte de comportements d’Etat voyou. Mais son différend avec l’Espagne l’a remis à sa place et a aussi sonné le glas d’un ministre amateur qui confond diplomatie et roublardise de bas étage.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 03 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, diplomatie, Nasser Bourita, Ceuta, Union Européenne, UE, chantage,

  • Média allemand : Drame à la frontière du Maroc et Ceuta

    Les réfugiés utilisés comme levier
    Des milliers d’Africains sont attirés à la frontière espagnole par de fausses promesses. En chemin, des familles sont déchirées, certaines ne survivent pas au voyage. Sur les stratégies politiques inhumaines.

    Par Simon Lukas

    Seul endroit où l’Afrique et l’Union européenne se touchent directement, la frontière terrestre entre le Maroc et l’exclave espagnole de Ceuta pourrait être un modèle de bon voisinage. Au lieu de cela, la région a été le théâtre d’une catastrophe humanitaire ces dernières semaines. Depuis la mi-mai, plusieurs milliers de réfugiés ont franchi la frontière pour demander l’asile en Europe.

    Beaucoup ont fait le tour des installations frontalières en canots pneumatiques ou en gilets de sauvetage, ou ont traversé la côte à marée basse. Parmi les réfugiés, on compte un nombre particulièrement important d’enfants non accompagnés, certains envoyés seuls dans un voyage dangereux, d’autres séparés de leurs parents pendant la fuite ou après leur arrivée. Comme le rapporte le « Frankfurter Allgemeine », il y a déjà eu plusieurs morts dans ce vol de masse.

    Attirés par les stars du football

    Ces conditions laissent pantois et inquiètent. Mais si l’on aborde le contexte politique, un autre sentiment apparaît rapidement : Colère. Les événements de Ceuta constituent un mouvement stratégique dans la lutte pour la suprématie au Sahara occidental, que le Maroc revendique. Parce que l’Espagne fournit des soins médicaux au chef d’un mouvement indépendantiste dans ce pays, le gouvernement marocain a ouvert ses installations frontalières « à titre de punition » ou a même directement encouragé les gens à chercher une vie meilleure en Europe. Plusieurs jeunes ont rapporté dans « Die Zeit » qu’on leur avait promis non seulement l’ouverture des frontières mais aussi la venue de stars du football à Ceuta. Des milliers de personnes risquent leur vie pour ces fausses promesses – et tout cela parce qu’un gouvernement veut donner une leçon à un autre.

    Les rêves éclatent, les traumatismes restent

    Ce n’est pas la première fois que les rêves et les espoirs – voire la vie – des réfugiés font l’objet d’un tel marchandage. À l’autre extrémité de l’Union européenne, à la frontière avec la Turquie, il y a également eu des tentatives répétées de chantage avec des menaces de laisser entrer les réfugiés syriens en Europe. Lorsque les relations – traditionnellement glaciales – entre Ankara et Athènes étaient au plus bas l’année dernière, les résidents des abris turcs auraient même été invités à prendre d’assaut la frontière grecque.

    Les rêves d’un asile rapide et d’une nouvelle vie dans la riche Europe ne se réalisent presque jamais. Même à Ceuta, la plupart des réfugiés ont été renvoyés. Sur le plan politique, l’action n’a pas donné grand-chose. Ce qui reste, ce sont les images dramatiques, les traumatismes, les morts. Et la certitude des conséquences catastrophiques de l’utilisation de la souffrance des gens comme levier stratégique.

    CIG en ligne, 30 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, mineurs non accompagnés, enfants, pression migratoire, chantage, Union Européenne, UE,

  • Le deux poids deux mesures en Palestine reviendra hanter l’UE

    L’UE doit s’engager dans un changement de paradigme sur le conflit israélo-palestinien si elle ne veut pas être dépassée par les événements.

    *Andrea Dessì

    Beaucoup d’encre a déjà été répandue sur les causes, l’impact et les implications de la dernière escalade de violence en Israël et en Palestine occupée. On ne peut ignorer ses vastes ramifications, rayonnant de la Palestine et d’Israël au Moyen-Orient élargi et au-delà.

    Les manifestations de solidarité et l’activisme citoyen contre l’occupation israélienne se sont multipliés à travers l’Europe et les Amériques, ainsi que dans le monde arabo-musulman. Les syndicats portuaires italiens ont refusé de recharger les pétroliers avec des munitions et des armes destinées à Israël et des militants au Royaume-Uni ont bloqué les portes des manufactures d’armes israéliennes. Des manifestations ont eu lieu parmi des segments de la diaspora juive au Canada et des parlementaires du monde entier débattent pour la première fois de sanctions contre Israël, en raison de ses violations flagrantes du droit international.

    La société civile internationale est à nouveau en mouvement. Inspirées par le courage et l’ activisme des nouvelles générations de Palestiniens, qui ont pris sur eux de résister et de repousser la discrimination et l’expansionnisme colonial d’Israël sanctionnés par l’État, ces voix exposent également les doubles standards qui ont longtemps été cyniquement appliqués par l’Union européenne Union et les États-Unis. De telles voix, en Palestine occupée et dans la diaspora, réussissent à pénétrer les puissants récits médiatiques d’Israël, nommant et humiliant les dirigeants de l’UE et des États-Unis pour leur échec flagrant à demander des comptes aux autorités israéliennes pour plus de cinq décennies d’occupation.

    Qu’il s’agisse de la campagne Black Rights Matter , du mouvement Fridays for Future , des militants anti-ventes d’armes ou de la solidarité internationale avec la Palestine, ces forces sont unies pour faire pression pour un changement de paradigme clair dans la politique internationale. Si les cas d’antisémitisme se sont également malheureusement multipliés, les efforts visant à associer la critique de l’occupation israélienne à la haine virulente des êtres humains juifs se révèlent voués à l’échec . Ils ignorent les causes profondes de telles mobilisations et risquent à terme d’accroître, plutôt que de diminuer, l’attrait et l’impunité des acteurs et des croyances antisémites.

    Fondamentalement asymétrique

    Quelque chose bouge en effet. Malheureusement, l’UE et les États-Unis sont loin de reconnaître officiellement le besoin urgent de changement. Les principaux partis de centre-droit et de centre-gauche en Europe continuent d’adopter des politiques dépassées, qui n’ont guère contribué à faire progresser la paix dans la région. Insister sur des négociations directes entre deux parties fondamentalement asymétriques ou sur l’isolement et la sanction continus du Hamas revient en fait à ne pas avoir de politique du tout. Pire encore, lorsqu’elles sont associées à la couverture juridique et diplomatique d’Israël fournie par l’Europe et les États-Unis dans les forums internationaux, de telles politiques constituent une complicité avec la politique israélienne d’annexion rampante et de violence coloniale contre les Palestiniens.

    De plus en plus détachés du point de vue de la majorité silencieuse – et pas trop silencieuse –, les dirigeants européens ont un urgent besoin d’une nouvelle approche. Comprenant que les conditions actuelles représentent une tache sur la crédibilité et la cohérence de la politique étrangère de l’UE, et son soutien avoué pour la paix, la justice et la réconciliation au Moyen-Orient au sens large, l’Union doit agir de manière décisive pour réparer ce dommage à la réputation. L’inaction érodera davantage l’influence et la crédibilité de l’UE. Ceci à un moment où l’Europe cherche à renforcer son autonomie stratégique , tout en se repliant sur elle-même pour revoir et renforcer les fondements de ses valeurs et de son identité, notamment à travers la Conférence sur l’avenir de l’Europe .

    Comprendre la centralité continue de la Palestine et du conflit arabo-israélien pour des efforts plus larges visant à promouvoir la stabilité et la réconciliation à travers le Moyen-Orient est un élément indispensable de toute nouvelle approche. Ignorer le conflit revient à être complice de la déshumanisation de la souffrance palestinienne, facilitant ainsi l’impunité et le désintérêt manifeste d’Israël pour les négociations.

    Cela donne à d’autres acteurs la possibilité d’exploiter le conflit pour leurs propres conceptions géopolitiques et, à long terme, sape l’influence et la crédibilité européennes, lorsque des discussions sur le droit international ou un système fondé sur des règles sont appliquées à d’autres crises et différends. L’Inde, le Maroc, la Russie et même la Chine regardent, exploitant le double standard de la Palestine comme soutien à leurs propres politiques et violations. Pire encore, ces acteurs adoptent des politiques similaires à celles d’Israël, de sa langue et de ses technologies – notamment l’Inde au Cachemire mais avec des échos en Crimée, au Sahara occidental ou dans la province du Xinjiang.

    Mettre fin à l’impunité

    L’Europe a un intérêt clair et direct à mettre fin à l’impunité. Il ne s’agit pas seulement de droit international et de justice. Ces questions touchent directement aux intérêts européens, à l’identité et même à la sécurité. Souvent décrit comme un « payeur mais pas un acteur » en matière de diplomatie israélo-palestinienne, le soutien financier européen à la Palestine ne peut pas non plus masquer la complicité de facto de l’Europe dans 30 ans d’un « processus de paix » dominé par les États-Unis .

    Si les divisions internes limitent clairement l’UE, elles deviennent davantage une excuse qu’un véritable obstacle à un engagement créatif en faveur de la paix israélo-palestinienne. Si les décisions consensuelles sont bloquées par des États comme la Hongrie , les pays européens devraient s’employer à créer des groupes centraux où les États partageant les mêmes idées seront plus libres de développer de nouvelles approches qui cherchent à sortir de l’impasse. Mais surtout, l’Europe doit mettre fin à ses doubles standards et enfin demander des comptes aux autorités israéliennes pour leurs violations de plus en plus flagrantes du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

    Les images déchirantes de la violence intercommunautaire en Israël au cours des dernières semaines devraient servir d’avertissement puissant quant à ce que l’avenir pourrait réserver aux 6,8 millions de Palestiniens et 6,8 millions d’Israéliens qui habitent le territoire entre la Méditerranée et le Jourdain. De nombreux membres de l’establishment israélien – à commencer par le Premier ministre israélien le plus ancien, Benjamin Netanyahu – sont directement responsables de ces circonstances. Et pourtant, l’Europe et les États-Unis continuent de fournir une couverture à Israël, gagnant effectivement du temps pour son annexion en cours.

    Au fil des ans, Israël a développé une matrice de mécanismes juridiques dont l’intensité varie en fonction de leur mise en œuvre en Israël ou à travers la Palestine occupée, y compris Jérusalem-Est. Malgré les distinctions, ces modalités sont toutes guidées par la même logique de dépossession palestinienne pour faire place à la suprématie juive . Activement soutenus par Netanyahu, ils ont récemment conduit Human Rights Watch à se joindre à d’ autres, y compris l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem, pour condamner de telles pratiques comme un système de domination ethnique semblable à l’ apartheid .

    Déshumanisation croissante

    Mettre fin à l’impunité israélienne et lutter contre la déshumanisation croissante de la souffrance palestinienne – qui facilite la démolition de maisons et l’ arrestation de mineurs ou le bombardement d’écoles, d’hôpitaux, de cliniques Covid-19 et de bâtiments médiatiques dans la bande de Gaza assiégée – est le strict minimum de toute action européenne et internationale. L’alternative aux doubles standards et à la Realpolitik est l’application cohérente de normes universelles, telles que la primauté du droit et les droits de l’homme. Soutenir les enquêtes de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre perpétrés par les deux parties est donc un autre élément clé de l’engagement.

    On ne sait pas si ce changement de paradigme arrivera enfin aux politiques européennes de haut niveau envers la Palestine et Israël. Ce qui est clair cependant, c’est que quelque chose doit changer et qu’un soutien supplémentaire et une couverture diplomatique pour Israël ne conduiront pas à des améliorations. Au contraire, il continuera à éroder le « soft power » et la crédibilité de l’Europe, tout en veillant à ce que la Palestine et le Moyen-Orient au sens large restent une arène d’instabilité, d’injustice et d’autoritarisme – pour les années, voire les décennies à venir.

    *Andrea Dessì est chef du programme italien de politique étrangère et chercheur principal au sein du programme Méditerranée, Moyen-Orient et Afrique de l’ Istituto Affari Internazionali (IAI) basé à Rome , ayant beaucoup travaillé sur la politique étrangère américaine et européenne envers le milieu. à l’est avec un accent particulier sur l’histoire diplomatique et militaire du conflit arabo-israélien.

    Social Europe, 31 mai 2021

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  • La décision de l’Algérie de réduire ses importations préoccupe en Espagne

    Ascer travaille avec Icex pour s’assurer que l’Algérie ne bloque pas l’industrie du carrelage

    Le président du pays africain a annoncé l’interdiction des importations de plusieurs produits, dont la céramique, « mais il n’y a pas de confirmation officielle », disent-ils.

    L’association espagnole des fabricants de carreaux de céramique (Ascer) collabore avec le bureau économique et commercial de l’ambassade d’Espagne à Alger pour faire en sorte que l’Algérie ne bloque pas l’entrée des produits céramiques espagnols.

    Les employeurs espagnols de carreaux de céramique ont indiqué qu’ils étaient au courant de l’annonce du président de l’Algérie concernant une éventuelle interdiction des importations d’un certain nombre de produits, dont la céramique, mais qu’il n’y avait « toujours pas de confirmation officielle ».

    « Depuis Ascer, nous avons déjà contacté le bureau commercial d’Espagne en Algérie et, pour le moment, il n’y a pas de confirmation officielle. Toutefois, compte tenu du contexte et de la situation de ce pays, il est fort probable qu’il soit publié dans les prochains jours, puisque l’Algérie applique depuis 2018 certaines mesures de sauvegarde (DAPS) », explique-t-on à l’Ascer.

    En réalité, en l’absence de communication officielle concernant l’éventuelle interdiction d’importation de produits céramiques, la date d’entrée en vigueur de cette interdiction est également inconnue, de même que la question de savoir si ce blocus affectera toutes les sous-positions tarifaires ou s’il y aura une exception.

    « Nous travaillons avec le bureau commercial d’Alger pour obtenir les informations officielles le plus rapidement possible et, si elles sont vraies, essayer d’exclure le matériau céramique de l’interdiction », a déclaré l’association espagnole des employeurs de carreaux. En outre, « nous allons essayer de parler aux importateurs pour qu’ils fassent également pression sur leur gouvernement », ont ajouté les mêmes sources.

    Il est rappelé que les barrières commerciales imposées par le gouvernement algérien à la céramique espagnole ne sont pas nouvelles. Le ministère du Commerce de l’Algérie a publié le 1er avril 2017 un communiqué dans lequel il fait état de la mise en place de contingents quantitatifs pour l’importation de produits céramiques, ce qui constitue un blocage de fait par le gouvernement algérien.

    Après cette annonce en 2017, qui a conduit à la fermeture totale de ce marché africain aux céramiques espagnoles, le gouvernement algérien a approuvé l’application de mesures de sauvegarde (DAPS).

    Le ministère algérien du Commerce a communiqué en 2019 que les produits faisant l’objet d’une suspension provisoire des importations au cours de l’année 2018 ont été libéralisés en échange de la mise en place d’un droit de sauvegarde additionnel provisoire (DAPS). Ce droit de sauvegarde, qui va de 30 % à 200 %, affecte plus d’un millier de positions tarifaires, y compris celles correspondant aux carreaux de céramique, et se traduit par des tarifs de 60 % pour le secteur.

    La délégation européenne demande depuis des années, sans succès, que la temporalité soit fixée et que certains tarifs soient réduits sous la menace d’activer l’art. 100 de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie, qui parle d’une procédure d’arbitrage.

    La réalité est que depuis le blocus de l’Algérie en 2017, la chute des exportations de produits céramiques espagnols vers ce pays a été exponentielle.

    L’Algérie a clôturé l’année 2020 en quinzième position et a subi une baisse de 63% au cours des cinq dernières années en raison des différentes barrières tarifaires qui ont eu lieu. Plus précisément, l’Algérie était la cinquième destination des carreaux espagnols en 2016, avec des ventes atteignant cette année-là 123,4 millions d’euros, et a chuté à la 16e position un an plus tard en raison du blocus commercial.

    Les dernières données du commerce extérieur font état d’exportations de carreaux d’une valeur de 48,2 millions d’euros vers ce pays, ce qui place l’Algérie en 15ème position dans le classement des principaux pays exportateurs de carreaux d’Espagne.

    PAYS CLÉ EN TANT QUE PARTENAIRE COMMERCIAL
    Le rapport du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques souligne l’importance de l’Algérie en tant que partenaire commercial de l’UE, malgré les mesures de restriction des importations adoptées par le pays africain à partir de 2018 et 2019, avec la mise en place d’un droit de sauvegarde additionnel provisoire (DAPS) allant de 30 % à 200 % appliqué à une liste de près de 1 100 produits – dont certains sont inclus dans l’accord d’association. L’impact global de ces mesures sur les exportations de l’UE est estimé à 2,7 milliards de ¤.

    Selon le rapport, la position concurrentielle internationale de l’Algérie s’est détériorée, ce qui a considérablement affecté les résultats à l’exportation du pays. En outre, à long terme, l’accord d’association permettra une augmentation de 21 % des exportations de l’UE vers l’Algérie (3,1 milliards d’euros). Toutefois, les exportations de biens de l’Algérie vers l’UE ne devraient augmenter que de 1 % (près de 0,3 milliard d’euros).

    El Mundo, 29 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Espagne, céramique, carreaux, exportations, importations, Union Européenne, UE, accord commercial avec l’UE, bureau commercial d’Espagne en Algérie,