Étiquette : Union Européenne

  • L’agitation en Ukraine reflète l’histoire de l’Europe

    Par Arthur I.(*)

    Une fois de plus, l’Ukraine apparaît comme un foyer de tension entre la Russie et les États-Unis ainsi que l’Europe. Un cessez-le-feu toujours incertain a été rompu et des mouvements très importants de troupes russes dans la région accompagnent désormais des combats sporadiques.

    En outre, Moscou déclare et signale par ailleurs que les relations diplomatiques avec l’Occident en général, et les États-Unis en particulier, se détériorent sérieusement, voire dangereusement. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que les relations avec Washington avaient « touché le fond ».

    Moscou n’a pas l’intention dans l’immédiat de renvoyer l’ambassadeur aux États-Unis, Anatoly Antonov, dans ses fonctions. M. Antonov a pris le chemin du retour après que le président Joe Biden a déclaré publiquement que le président russe Vladimir Poutine « est un tueur ».

    Les chasseurs à réaction de l’OTAN se sont brouillés à de nombreuses reprises à la fin du mois de mars. Ils ont suivi un nombre exceptionnellement élevé d’avions militaires russes apparaissant au-dessus de la mer Baltique, de la mer Noire, de la mer du Nord et de l’océan Atlantique Nord.

    Le 2 avril, le président Biden s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le secrétaire d’État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan sont en bon contact avec leurs homologues ukrainiens. Le président des chefs d’état-major, le général Mark Milley, s’est entretenu au téléphone avec ses homologues russe et ukrainien.

    L’Ukraine combat les forces séparatistes dans les régions orientales de Donetsk et de Louhansk depuis 2014, lorsque la Russie a brusquement annexé la Crimée. L’Union européenne a servi de médiateur pour une trêve, qui a apporté un calme passager, en particulier dans la capitale, Kiev.

    Depuis l’annexion, des centaines de Criméens ont été emprisonnés, accusés d’espionnage pour le compte de l’Ukraine. Parmi eux figure au moins une femme d’une soixantaine d’années, identifiée uniquement par une initiale et non par son nom.

    La violence persistante en Ukraine est le reflet d’une lutte d’alliance et d’influence plus large entre la Russie et l’Occident. Moscou a initialement bénéficié d’une forte influence, mais depuis 2014, l’Ukraine a évolué dans la direction opposée.

    L’adhésion à l’UE se profile à l’horizon, et la coopération avec l’OTAN se développe. En juin 2020, l’Ukraine a rejoint un programme de partenariat de l’OTAN, et le gouvernement fait un lobbying intense pour une adhésion complète à l’alliance cette année.

    Les dirigeants occidentaux doivent condamner les violations des droits de l’homme, mais une politique efficace nécessite une appréciation du contexte historique général. La guerre à mort avec l’Allemagne nazie a eu un impact profond et continu sur la Russie, y compris sur la génération actuelle. Le totalitarisme a alimenté les angoisses traditionnelles concernant le territoire et la sécurité nationale.

    Les fonctionnaires de l’administration de George W. Bush, au discours musclé, ont fait pression pour l’expansion de l’OTAN vers l’est, y compris l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Il n’est pas surprenant que la Russie se soit alarmée.

    Au cours de cette période, la Géorgie a lancé une attaque militaire contre l’Ossétie du Sud séparatiste. En réaction, l’armée russe, en 2008, a envahi le pays. Le président français Nicolas Sarkozy a négocié le cessez-le-feu. L’administration Obama a judicieusement mis fin à l’accent mis par l’administration Bush sur l’expansion de l’alliance vers l’est.

    Historiquement, l’Ukraine et la Géorgie sont liées à la Russie de manière complexe. Le début de la révolution russe en 1917 a déclenché des mouvements d’indépendance. Après des années de lutte, l’Ukraine a fini par être absorbée par la nouvelle Union soviétique.

    Moscou a imposé la collectivisation des fermes, ce qui a entraîné une grande dislocation de la population. L’Ukraine a également été la cible de vastes purges staliniennes et de famines massives forcées. Les autorités russes suppriment toujours les informations sur cette période.

    L’Atlantic Council est aujourd’hui l’une des sources les plus impressionnantes d’analyse politique sur un large éventail de sujets, dont les développements actuels en Ukraine. Accédez à leur rapport sur l’administration Biden et l’Ukraine : https://www.atlanticcouncil.org/in-depth-research-reports/issue-brief/biden-and-ukraine-a-strategy-for-the-new-administration.

    Les États-Unis et leurs alliés doivent rester conscients de l’histoire, tout en démontrant par des actions militaires ainsi que par des déclarations un engagement clair pour la défense de l’Ukraine.

    (*) Arthur I. Cyr est Clausen Distinguished Professor au Carthage College et auteur de « After the Cold War » (NYU Press et Macmillan). Contact acyr@carthage.edu.

    Imperial Valley Press, 7 avr 2021

    Etiquettes : Ukraine, Union Européenne, Europe, UE, Russie, Etats-Unis, Donetsk, Louhansk, Crimée, Kiev,

  • Quatre milliards d’euros pour sauver Air France

    La Commission européenne a approuvé mardi un projet de l’Etat français d’accorder jusqu’à 4 milliards d’euros d’aide à Air France, pour recapitaliser la compagnie aérienne mise à terre par la pandémie et l’effondrement du trafic passagers.

    En contrepartie de cette aide, « Air France s’est engagée à mettre à disposition des créneaux horaires à l’aéroport saturé de Paris Orly, où (elle) détient une puissance significative sur le marché. Ces dispositions donnent aux transporteurs concurrents la possibilité d’étendre leurs activités dans cet aéroport », a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, pour justifier son feu vert, dans un communiqué.

    Au total, 18 créneaux seront cédés à d’autres compagnies, a annoncé le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.

    L’Etat français sera autorisé à monter à « un peu moins de 30% » du capital d’Air France, contre 14,9% aujourd’hui, dans le cadre de ce plan, a-t-il précisé.

    La recapitalisation d’Air France prévoit « la conversion du prêt d’Etat de 3 milliards d’euros déjà accordé par la France en un instrument de capital hybride » ainsi qu’une « injection de capital par l’Etat » via une augmentation de capital « ouverte aux actionnaires existants et au marché », dans la limite d’un milliard d’euros, a expliqué la Commission européenne dans son communiqué. Le plan est assorti de limitations.

    L’injection de capital par l’Etat français « ne dépassera pas le minimum nécessaire pour garantir la viabilité d’Air France et de sa holding et pour rétablir la situation de fonds propres qui était la sienne avant la pandémie de Covid-19 », a souligné l’exécutif européen.

    Par ailleurs, l’Etat français « recevra une rémunération appropriée pour l’investissement, et des mécanismes supplémentaires ont été mis en place pour inciter Air France et sa holding à racheter la prise de participation de l’Etat résultant de la recapitalisation ».

    L’Etat français devra présenter un plan pour réduire sa participation au capital.

    « Tant que la recapitalisation n’est pas remboursée à 100%, Air France et sa holding sont soumis à une interdiction de dividendes », a également souligné la Commission.

    KLM, le partenaire néerlandais au sein du groupe Air France-KLM, ne bénéficiera pas de l’aide, selon la Commission.

    Air France-KLM a annoncé mardi prévoir une perte d’exploitation de 1,3 milliard d’euros au premier trimestre 2021.

    L’ExpressDZ, 6 avr 2021

    Etiquettes : Air France, Union Européenne, coronavirus, covid 19, pandémie, aéroport saturé de Paris Orly,

  • Avec un grand « si », l’UE espère une « immunité communautaire » d’ici juin

    BRUXELLES (AP) – Malgré l’essoufflement de sa campagne de vaccination, l’Union européenne a déclaré mardi qu’elle était toujours en mesure d’atteindre ce qu’elle appelle une « immunité communautaire suffisante » d’ici la fin du mois de juin.

    La Commission européenne a déclaré qu’elle souhaitait avoir vacciné au moins 70 % de l’ensemble de la population adulte d’ici la fin de l’été. Mais elle compte sur un fort deuxième trimestre de production de vaccins pour atteindre un seuil d’immunité dès la fin du mois de juin.

    Avec quelque 107 millions de doses déjà distribuées et jusqu’à 360 millions prévues pour les trois prochains mois, l’UE a déclaré que l’objectif est à portée de main.

    « Nous pensons que sur cette base, nous aurons suffisamment de doses de vaccin pour atteindre notre objectif très important d’environ 70% de la population adulte », a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Stefan De Keersmaecker.

    « Cela nous laisserait dans une situation où l’immunité communautaire serait suffisante pour combattre le virus », a-t-il ajouté. Mais il a ajouté la condition essentielle que cet objectif soit basé sur des livraisons rapides de vaccins et sur le fait que les 27 États membres assurent la distribution sans les contretemps qui ont marqué le premier trimestre de l’année.

    « Nous avons évidemment besoin d’objectifs réalistes », a déclaré M. De Keersmaecker.

    Les livraisons de vaccins n’ont cessé d’inquiéter l’Union européenne depuis que les premières injections sont arrivées juste après Noël, et sont devenues un enjeu politique majeur lorsque d’autres pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont pris de l’avance. Le géant pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca a livré moins de la moitié de ce qu’il avait promis initialement.

    Aujourd’hui encore, le groupe Our World in Data indique que la proportion de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin COVID-19 est de 46 % au Royaume-Uni et de 31 % aux États-Unis, contre 12,8 % dans l’UE.

    Dans l’UE, les trois prochains mois seront considérés comme une occasion unique de rattraper le retard. Des pays comme l’Espagne intensifient déjà leur campagne de vaccination.

    « La priorité aujourd’hui, plus que jamais, est de vacciner sans relâche », a déclaré le Premier ministre Pedro Sánchez lors d’une conférence de presse mardi. « Vaccinez, vaccinez et vaccinez », a-t-il ajouté.

    AP, 6 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Union Européenne, UE, coronavirus, covid 19, vaccination, pandémie, immunité collective,

  • Moscou répond à Borrell, inquiet du rapprochement entre la Russie et la Chine

    Les récentes déclarations de Josep Borrell sur la Russie et la Chine sont une tentative pour «tout pervertir au-delà du méconnaissable», selon le ministère russe des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie de l’UE avait précédemment déclaré que Moscou rejetait conjointement avec Pékin «les valeurs démocratiques». Alors que Bruxelles considère ses relations avec la Russie comme étant «au point mort», Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe, a insisté sur le fait que c’est l’Union européenne qui restait hostile. «Dans ces déclarations [de Josep Borrell, ndlr] et dans l’évolution de la politique, nous voyons une tentative de tout pervertir au-delà du méconnaissable», a dit Mme Zakharova lors de son point de presse hebdomadaire du 1er avril. Fin mars M.Borrell a déclaré que le «rapprochement sino-russe repose avant tout sur un rejet des valeurs démocratiques et une opposition à ce qu’ils considèrent comme une ”ingérence” dans leurs affaires intérieures» au-delà des questions économiques. «Avec ses dernières déclarations et sanctions illégitimes à la fois contre la Russie et la Chine, c’est précisément l’Union européenne qui poursuit une ligne hostile, s’éloigne de ses voisins sur le continent eurasien, et ramène également les formulations de la guerre froide dans le vocabulaire diplomatique tout en promouvant l’archaïque pensée de blocs», a remarqué Mme Zakharova.

    Un «agenda très intense» à l’Est

    Ces déclarations de M.Borrell sont survenues alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était en déplacement en Chine les 22 et 23 mars. Il y a prôné l’autonomie technologique des deux pays vis-à-vis du dollar et de l’euro. M.Lavrov a également indiqué que la détérioration des relations entre la Russie et l’UE «entraîne un développement objectif plus rapide des relations avec la Chine». À l’Est la Russie a donc un «agenda très intense qui s’enrichit chaque année».

    «Position de confrontation»

    Ce même 22 mars, l’UE a sanctionné six officiels russes de haut rang responsables selon Bruxelles de graves violations et abus des droits de l’Homme. M.Borrell a estimé que «la Russie a pris une position de confrontation vis-à-vis de l’Union européenne». «La Russie dérive vers un État autoritaire et s’éloigne de l’Europe, et l’Europe doit en tirer les conclusions», a-t-il fait savoir.

    «J’ai été agressé» par les Russes

    Le chef de la diplomatie ne cesse d’épingler la diplomatie russe. Dans une interview accordée à France24 le 30 mars, Borrell est revenu sur sa visite à Moscou: «Humilié? Je dirais plutôt que j’ai été agressé». Lors de son déplacement début février, la Russie a annoncé expulser trois diplomates européens pour avoir participé à des manifestations en faveur de l’opposant Alexeï Navalny. «On invite quelqu’un et on profite de sa visite pour annoncer l’expulsion de diplomates. Ça c’est une agression. C’est une chose qu’on ne fait pas en diplomatie», a-t-il assuré. En retour l’Allemagne, la Suède et la Pologne ont expulsé des diplomates russes. Actuellement, «les rapports avec la Russie sont plutôt au point mort», a constaté au cours de cette interview le chef de la diplomatie européenne.

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  • L’OMS met en garde contre la lenteur inacceptable du déploiement des vaccins en Europe, dans un contexte d’augmentation  » inquiétante  » de la demande.

    Londres (CNN)Le déploiement des vaccins en Europe est « d’une lenteur inacceptable », a déclaré mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dressant un bilan accablant de la réponse de la région en matière de lutte contre la maladie, dans un contexte de recrudescence « inquiétante » des infections.

    De nombreux pays européens ont eu du mal à mettre en œuvre des programmes de vaccination efficaces, les laboratoires pharmaceutiques n’ayant pas toujours respecté les délais de livraison prévus. L’OMS a indiqué dans un communiqué que la région n’a vacciné que 10 % de sa population avec une seule injection dans un schéma à deux doses.

    « Les vaccins constituent notre meilleur moyen de sortir de cette pandémie. Non seulement ils fonctionnent, mais ils sont aussi très efficaces pour prévenir l’infection. Cependant, le déploiement de ces vaccins est d’une lenteur inacceptable « , a déclaré le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, le Dr Hans Henri P. Kluge, dans le communiqué.

    « Et tant que la couverture reste faible, nous devons appliquer les mêmes mesures de santé publique et sociales que par le passé, pour compenser les retards de calendrier. Soyons clairs : nous devons accélérer le processus en renforçant la fabrication, en réduisant les obstacles à l’administration des vaccins et en utilisant chaque flacon que nous avons en stock, maintenant. »

    Dorit Nitzan, directrice régionale des urgences pour l’OMS Europe, a prévenu qu’il y a seulement cinq semaines, le nombre de nouveaux cas en Europe était passé sous la barre du million, mais qu’aujourd’hui, la mobilité accrue, les rassemblements à l’occasion de fêtes religieuses et la présence de la variante B.1.1.7 – identifiée pour la première fois au Royaume-Uni – posent un plus grand risque pour la population. La semaine dernière, on a recensé 1,6 million de nouveaux cas dans la région et près de 24 000 décès.
    « Cette variante est plus transmissible et peut augmenter le risque d’hospitalisation, elle a un impact plus important sur la santé publique et des actions supplémentaires sont nécessaires pour la contrôler », a déclaré M. Nitzan.

    Alors que le déploiement de la vaccination prend de l’ampleur en Europe, l’OMS appelle à une action rapide pour mettre en œuvre des mesures de santé publique et des mesures sociales.

    La déclaration ajoute que 27 pays d’Europe sont en situation de confinement national partiel ou total, et que 21 d’entre eux imposent des couvre-feux la nuit. Au cours des deux dernières semaines, 23 pays ont intensifié les restrictions, tandis que 13 ont allégé les mesures, et neuf autres devraient suivre.

    Le taux de vaccination est inégal dans la région. Le Royaume-Uni, par exemple, a administré plus de 30 millions de vaccins, ce qui a permis à plus de 58 % de sa population adulte de recevoir au moins une injection dans le cadre du schéma à deux doses. En revanche, l’Union européenne a administré près de 70 millions de doses, soit un peu plus de 13 % de la population adulte du bloc des 27 nations. Certains pays, comme la Serbie, semblent avoir eu plus de succès. Le pays offre désormais les doses excédentaires aux nations voisines.

    L’un des points faibles du programme de l’UE est sa forte dépendance à l’égard des vaccins du fabricant suédois et britannique AstraZeneca. L’UE a commandé au moins 300 millions de doses à AstraZeneca, mais les livraisons de la société ont été inférieures de plusieurs dizaines de millions de doses aux objectifs trimestriels convenus. AstraZeneca a invoqué les rendements inférieurs aux prévisions de ses usines européennes pour expliquer ce manque à gagner. Il semble que le Royaume-Uni, qui a commandé 100 millions de doses à la société, soit en train de les livrer comme prévu. AstraZeneca a déclaré publiquement qu’elle donnait la priorité au marché britannique avec des doses fabriquées au Royaume-Uni.
    D’autres laboratoires pharmaceutiques n’ont pas non plus respecté les délais de livraison dans l’UE.

    La France approche du pic de la vague

    Le ministre français de la santé Olivier Veran a déclaré jeudi que la France pourrait atteindre le pic de la vague actuelle du virus dans les dix prochains jours.

    Il a fait ces commentaires alors que le pays est confronté à des restrictions plus strictes à l’échelle nationale dans le cadre d’une vague qui a mis à rude épreuve les hôpitaux du pays. Le président français Emmanuel Macron a annoncé un confinement partiel dans toute la France mercredi soir, après que le nombre d’admissions dans les unités de soins intensifs a franchi la barre des 5 000 et que les médecins ont demandé au gouvernement de prendre des mesures plus restrictives.

    Nous « pourrions atteindre le pic épidémique dans environ 7 à 10 jours, si tout va bien », a déclaré M. Veran à la station de radio publique France Inter.
    « Ensuite, il faudra encore deux semaines pour atteindre le pic infectieux, qui pourrait survenir vers la fin du mois d’avril ».

    Et d’ajouter : « Je pense que les mesures annoncées hier soir par le président de la République auront un impact fort sur la dynamique de l’épidémie », a-t-il dit.

    Le président Macron avait résisté à un verrouillage national similaire à ceux observés dans des pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni. Il avait plutôt imposé des restrictions dans certaines poches du pays.

    Près de 44 % de tous les patients sous Covid dans les unités de soins intensifs de France ont moins de 65 ans, a déclaré M. Macron. Il a insisté sur le fait que la France avait fait les « bons choix » jusqu’à présent, mais a ajouté qu’au cours des dernières semaines, le vaccin s’est « accéléré » et que « les choses ont changé. »

    Une version antérieure de cette histoire indiquait de manière incorrecte quand Macron a imposé un verrouillage de la France. C’était le mercredi.

    CNN, 1 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Union Européenne, UE, OMS, coronavirus, covid 19, pandémie, vaccin, vaccination,

  • L’échec de l’Europe en matière de vaccins est un cadeau pour Poutine

    L’échec de l’Europe en matière de vaccins est un cadeau pour Poutine

    L’Europe se demande si elle doit accepter l’aide de Poutine en matière de vaccins.
    Luke McGee
    Analyse de Luke McGee, CNN

    (CNN)Le programme de vaccination peu reluisant de l’Europe a offert à l’un des plus grands ennemis du continent une occasion en or de remporter une sérieuse victoire diplomatique.

    En début de semaine, le Kremlin a publié le compte rendu d’une vidéoconférence entre le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine.

    Le premier point à l’ordre du jour, selon le Kremlin, était une discussion sur la perspective de « l’enregistrement du vaccin russe Spoutnik V dans l’UE et d’éventuelles livraisons et production conjointe du vaccin dans les pays de l’UE. » La version allemande de l’appel a utilisé un langage plus modéré, y compris une mise en garde plus explicite sur la façon dont le Sputnik ne pourrait être utilisé que s’il répond aux normes européennes.

    Mais la réunion a suffi à donner des frissons à certains États membres, tout en suscitant la colère de responsables gouvernementaux et de législateurs de haut rang parmi les alliés de l’Europe.

    Le programme de vaccination de l’Union européenne a été lent à se mettre en place et a connu des problèmes d’approvisionnement. Pour un nombre croissant de dirigeants européens désespérés, l’une des voies de sortie de la crise pourrait être la Russie.

    L’été dernier, le Kremlin a été vivement critiqué pour avoir approuvé Sputnik avant le début des essais de phase 3 à grande échelle, mais une analyse récente publiée dans The Lancet a montré que le vaccin était très efficace et sûr. L’Agence européenne des médicaments (EMA), qui approuve les médicaments au nom de l’UE, procède actuellement à un examen du Sputnik.

    D’autres dirigeants européens sont sceptiques quant aux motivations de la Russie et considèrent l’offre de doses indispensables comme une occasion pour Poutine de diviser davantage le continent.

    Des diplomates de certains États membres de l’ex-URSS ont déclaré sans ambages qu’ils n’avaient pas l’intention d’utiliser un vaccin « autre que ceux fournis par l’Agence européenne des médicaments ». Ils ont émis l’hypothèse que le vaccin russe « pourrait être un outil pour diviser l’Union et ses alliés » et craignent que Moscou ne l’utilise comme « véhicule » pour d’autres activités néfastes.

    Remède ou arme ?

    Du point de vue européen, la majorité des 27 États membres de l’UE semblent remarquablement détendus à propos de la rencontre entre Merkel, Macron et Poutine, et pensent que l’inquiétude internationale provient de la tournure que la Russie a donnée aux événements. En effet, certains États membres traitent déjà directement avec Moscou dans l’espoir de se procurer les vaccins de Sputnik, même s’ils n’ont pas été approuvés par l’EMA et ne font pas partie du programme de vaccination centralisé de l’Union, dans le cadre duquel la Commission européenne a acheté des doses pour le compte des pays.

    La Hongrie et la Slovaquie ont approuvé et commandé 4 millions de doses du vaccin à elles deux, tandis que d’autres pays, dont l’Autriche, pays influent, se préparent à passer une commande auprès de Moscou et à mettre des doses russes dans les bras des citoyens. L’Italie et d’autres pays sont en pourparlers pour produire des doses de Sputnik en Europe.

    Un avion militaire slovaque transportant des doses du vaccin Sputnik V en provenance de Moscou arrive à Kosice, en Slovaquie, le 1er mars 2021.
    Le sceau d’approbation de l’Autriche pour le vaccin Sputnik est un coup de poing particulièrement vicieux pour Bruxelles, après que le chancelier Sebastian Kurz a ouvertement accusé la Commission européenne de distribuer les vaccins de manière inéquitable entre les États membres. Cette semaine, il a tweeté une photo de sa rencontre avec l’ambassadeur russe d’Autriche, déclarant qu’il était « très heureux » de pouvoir bientôt passer commande.

    Comparez cela à l’homologue de Kurz en Lituanie. Ingrida Šimonytė, Premier ministre lituanien, a déclaré publiquement que « Poutine ne se soucie pas de l’utiliser comme un remède pour le peuple russe — il l’offre au monde comme une autre arme hybride pour diviser et gouverner. » Alors que Poutine s’est empressé de vanter Sputnik sur la scène mondiale, la plupart des Russes chez eux ont été réticents.

    Mais l’opinion de M. Šimonytė est minoritaire parmi les dirigeants européens. Si le fait que les deux dirigeants les plus puissants du bloc aient même eu cette discussion avec Poutine a profondément inquiété certains des États ex-soviétiques, peu d’entre eux sont aussi bruyants, car ils savent qu’ils sont en train de perdre l’argument.

    Et si la plupart des membres de l’UE sont moins enthousiastes que M. Kurz quant à l’utilisation de Sputnik, la plupart sont détendus quant aux ouvertures franco-allemandes vers Moscou et pensent que la crainte est exagérée.

    Minimisant les inquiétudes de pays comme la Lituanie et la Pologne, un diplomate européen a déclaré à CNN : « Même si l’EMA l’approuve, il est très peu probable que la Commission l’ajoute à son portefeuille de vaccins. En outre, la Russie n’a tout simplement pas la capacité de faire fabriquer ce produit à une échelle sérieuse au sein de l’UE. »

    Les vaccins utilisés dans le cadre du programme de l’UE doivent avoir été fabriqués dans des laboratoires conformes aux normes de l’EMA. S’il est vrai que nous sommes loin de voir Sputnik produit dans les laboratoires de l’UE, le simple fait que certains États membres s’inquiètent, que d’autres écartent ces craintes et que d’autres encore réclament à cor et à cri le vaccin russe, montre à quel point Moscou peut facilement semer la discorde, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’UE.

    Bombe politique

    Au Royaume-Uni, avec lequel Bruxelles a une prise de bec publique au sujet des vaccins, un haut fonctionnaire du gouvernement a déclaré à CNN qu’il était « extraordinairement naïf » d’avoir ne serait-ce que discuté de Sputnik, étant donné que « nous savons que la Russie utilise les vaccins comme un outil diplomatique ».

    Tom Tugendhat, président du comité restreint des affaires étrangères du Royaume-Uni, a déclaré : « Utiliser les vaccins pour creuser davantage le fossé entre le Royaume-Uni et l’UE, et entre les États de l’UE qui connaissent bien la Russie – comme la Lituanie – et d’autres qui sont plus disposés à fermer les yeux, est conçu pour diviser et provoquer, et cela ne fait que nourrir les intérêts de la Russie. »

    Que ce soit l’intention première ou non, diviser l’Occident est toujours bienvenu au Kremlin. Oleg Ignatov, analyste principal de la Russie chez Crisis International, estime que l’objectif principal de Moscou était de « gagner une bataille de soft power en faisant reconnaître le vaccin par les Européens, rendant la Russie plus acceptable pour les citoyens européens », mais admet que créer un coin à l’Ouest est probablement un heureux effet secondaire.

    « La Russie est toujours ravie de voir l’Union européenne et ses alliés divisés, car cela contribue à la diffusion de messages internes selon lesquels la démocratie occidentale n’est peut-être pas tout à fait ce qu’elle est censée être », a-t-il ajouté.

    Les critiques du Kremlin en Russie ont noté que le succès des exportations de vaccins du Kremlin a joué un rôle plus important dans les médias nationaux que tout ce qui ressemble à un déploiement de vaccins pour les citoyens russes, ce qui soulève des questions importantes sur les véritables priorités de la Russie. Si l’objectif de cette semaine était de lancer une grenade politique en Europe, Sputnik est un véhicule parfait pour le faire.
    « Nous savons déjà que la Russie joue la diplomatie du vaccin. Ce qui est plus alarmant, c’est que des acteurs russes auraient été à l’origine du piratage de l’EMA l’année dernière – l’agence même qui pourrait approuver le vaccin », déclare Alice Stollmeyer, directrice exécutive de Defend Democracy, une fondation indépendante qui se concentre sur la manière dont les États démocratiques sont minés au niveau international. Moscou a démenti à plusieurs reprises les allégations occidentales de piratage informatique.
    La pandémie a fait des ravages dans la diplomatie européenne interne. La combinaison de problèmes imprévus d’approvisionnement en vaccins, de réunions personnelles limitées et de l’intérêt des nations à empêcher leurs citoyens de mourir est une combinaison parfaite pour un conflit sur un continent aussi imbriqué que l’Europe.

    Pourtant, dans la hâte de traverser une troisième vague brutale de la pandémie et de réparer les erreurs commises lors des premières étapes du déploiement du vaccin, les Européens doivent être conscients de la façon dont leurs divisions internes sont perçues à l’extérieur du bloc. Pour leurs alliés, cela peut ressembler à un peu plus que des chats qui se battent dans un sac. Mais pour leurs ennemis, il s’agit d’une faiblesse qu’ils ne sont que trop prêts à exploiter.

    CNN, 3 avr 2021

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  • La Grèce accuse la Turquie de vouloir la provoquer avec des bateaux de migrants

    ATHENES (Reuters) – La Grèce a accusé vendredi la Turquie de vouloir la provoquer en tentant de pousser des bateaux transportant des migrants dans les eaux grecques, ce qu’Ankara a fermement rejeté.

    La Grèce et la Turquie sont en désaccord sur une série de questions, notamment les ressources énergétiques en Méditerranée, et les tensions entre les alliés de l’OTAN se sont accrues l’an dernier lorsque des milliers de demandeurs d’asile en Turquie ont tenté de prendre d’assaut la frontière terrestre grecque.

    Le ministre des migrations Notis Mitarachi a déclaré que les garde-côtes grecs avaient signalé vendredi de multiples incidents au cours desquels les garde-côtes et la marine turcs ont accompagné des bateaux de migrants « jusqu’à la frontière de l’Europe, dans le but de provoquer une escalade » avec la Grèce.

    « Il ne fait aucun doute que ces migrants ont quitté les côtes turques, et compte tenu du fait qu’ils étaient soutenus par la Turquie, ils ne couraient aucun risque », a déclaré Mitarachi dans une déclaration enregistrée.

    « Nous appelons la Turquie à se retirer et à mettre fin à cette provocation injustifiée ».

    Le vice-ministre turc de l’Intérieur, Ismail Catakli, a répondu à Mitarachi sur Twitter, affirmant qu’il déformait les événements et racontait des mensonges.

    Catakli a accusé la Grèce d’avoir repoussé 231 migrants lors de sept incidents qui ont eu lieu vendredi, ajoutant que la Turquie les a secourus.

    « C’est un crime contre l’humanité que de calomnier les garde-côtes turcs qui sauvent des gens que vous avez laissés à la mort. C’est typique de vous ! », a écrit Catakli.

    Les garde-côtes grecs ont déclaré que dans un incident, un bateau transportant des migrants a tenté de pénétrer dans les eaux territoriales grecques vendredi, accompagné d’un navire des garde-côtes turcs. Dans un autre cas, deux navires turcs ont tenté de pousser un canot pneumatique transportant des migrants dans les eaux grecques.

    Dans un troisième incident, au large de l’île de Lesbos, un navire des garde-côtes turcs a pénétré dans les eaux territoriales grecques et a harcelé un patrouilleur grec, a indiqué le ministère.

    Près d’un million de demandeurs d’asile, principalement des Syriens, des Irakiens et des Afghans, ont traversé vers la Grèce depuis la Turquie sur des bateaux en 2015, au début de la crise migratoire en Europe. Un an plus tard, l’UE a conclu un accord avec Ankara pour endiguer le flux et les chiffres ont chuté de façon spectaculaire.

    Mitarachi a appelé la Turquie à « respecter » ses engagements dans le cadre de cet accord.

    Reuters, 2 avr 2021

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  • En Europe, la lenteur du déploiement des vaccins prolonge la pandémie, selon l’OMS

    Alors qu’en Europe les variants du coronavirus continuent de se propager et que la pression sur les hôpitaux augmente, accélérer le déploiement de la vaccination contre la Covid-19 est crucial car les nouveaux cas dans cette région du monde augmentent dans tous les groupes d’âge, sauf un, a prévenu l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    La semaine dernière, la transmission de la Covid-19 a augmenté dans la majorité des pays de la Région européenne de l’OMS, avec 1,6 million de nouveaux cas et près de 24.000 décès, a précisé la branche régionale de l’OMS dans un communiqué de presse

    L’Europe reste la deuxième région au monde la plus touchée par la Covid-19, avec un nombre total de décès approchant rapidement le million et le nombre total de cas sur le point de dépasser 45 millions.

    « Il y a cinq semaines à peine, le nombre hebdomadaire de nouveaux cas en Europe était tombé à moins d’un million, mais la situation de la Région est désormais plus préoccupante qu’elle ne l’a été depuis plusieurs mois. Il existe des risques associés à l’augmentation de la mobilité et des rassemblements pendant les fêtes religieuses. De nombreux pays sont en train d’introduire de nouvelles mesures qui sont nécessaires et chacun devrait les suivre autant qu’il le peut », a déclaré la Dre Dorit Nitzan, Directrice régionale des urgences du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe.

    Dans toute la Région, 50 pays ou territoires ont signalé le variant préoccupant B.1.1.7, détecté initialement par le Royaume-Uni et maintenant le variant prédominant dans la Région. Ce variant étant plus transmissible et pouvant augmenter le risque d’hospitalisation, il a un impact de santé publique plus important et des actions supplémentaires sont nécessaires pour la maîtriser.

    Impact précoce de la vaccination
    Au niveau régional européen, les nouveaux cas augmentent dans tous les groupes d’âge, sauf chez les personnes de 80 ans et plus. Ce n’est que dans cette population la plus vulnérable que l’OMS a constaté une baisse régulière des cas et une diminution de la proportion de décès par Covid-19 depuis le début de 2021, reflétant les premiers signes de l’impact de la vaccination.

    De nouvelles données de Public Health England suggèrent que les vaccins contre la Covid-19 ont sauvé, à tout le moins, plus de 6.000 vies parmi les personnes de plus de 70 ans depuis le début de la vaccination en décembre 2020. De même, les données d’Israël montrent que le vaccin Pfizer-BioNTech est d’environ 90% efficace pour prévenir les infections, les maladies graves et l’hospitalisation après la deuxième dose.

    « Les vaccins représentent notre meilleur moyen de sortir de cette pandémie. Non seulement ils fonctionnent, mais ils sont également très efficaces pour prévenir les infections. Cependant, le déploiement de ces vaccins est d’une lenteur inacceptable. Et tant que la couverture reste faible, nous devons appliquer les mêmes mesures de santé publique et sociale que par le passé, pour compenser les retards », a déclaré le Dr Hans Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Soyons clairs : nous devons accélérer le processus en accélérant la fabrication, en réduisant les obstacles à l’administration des vaccins et en utilisant chaque flacon que nous avons en stock, maintenant ».

    Faux sentiment de sécurité
    À ce jour, seulement 10% de la population totale en Europe a reçu 1 dose de vaccin et 4% ont achevé leur vaccination.

    « Le risque que la vaccination continue de donner un faux sentiment de sécurité aux autorités et au public est considérable – et cela comporte un danger », a expliqué le Dr Kluge.

    Tous les pays à revenu élevé de la région vaccinent contre la Covid-19, alors que seulement 80% des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 60% des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et à revenu inférieur le sont. À ce jour, 10 économies à revenu intermédiaire de la région ont reçu des doses par le biais du mécanisme COVAX.

    « Au cours des dernières semaines, nous avons vu à la fois une solidarité remarquable à travers les frontières dans la Région et des pays accumulant des vaccins. Vacciner les agents de santé et les personnes âgées dans tous les pays est la responsabilité morale de tous. Il est essentiel que nous fournissions les avantages de ce bien public mondial aux travailleurs de la santé et des services sociaux. Tout en reconnaissant l’intention des gouvernements de protéger leurs propres populations, avant que les vaccins ne soient étendus à d’autres groupes d’âge, j’exhorte les gouvernements à partager les doses excédentaires de vaccins approuvés par l’OMS avec COVAX ou avec les pays dans le besoin, une fois que les agents de santé et les plus vulnérables ont été vaccinés. Ne pas le faire est voué à l’échec », a déclaré le Directeur régional.

    Limiter la propagation
    Le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 se produisant dans des groupes de population qui ne sont pas encore vaccinés, l’OMS continue d’appeler à une action rapide pour mettre en œuvre des mesures de santé publique et sociales sur la base des données épidémiologiques et du système de santé alors que la couverture vaccinale continue de croître.

    Au total, 27 pays de la Région sont en confinement partiel ou complet à l’échelle nationale, avec 21 couvre-feux nocturnes. Au cours des deux dernières semaines, 23 pays ont intensifié les restrictions tandis que 13 ont assoupli les mesures, et 9 autres ont emboîté le pas.

    Bien que les confinements doivent être évités par des interventions de santé publique ciblées et opportunes, ils doivent être utilisés lorsque la maladie dépasse la capacité des services de santé à prendre en charge les patients de manière adéquate et à accélérer la préparation des systèmes de santé publique locaux et nationaux, selon l’OMS.

    « La probabilité d’apparition de nouveaux variants préoccupants augmente avec la vitesse à laquelle le virus se réplique et se propage, il est donc crucial de freiner la transmission grâce à des mesures de base de lutte contre la maladie. Et aujourd’hui, contrairement à il y a un an, nous avons de meilleurs systèmes de test et de traçabilité, un partage d’informations plus rapide et nous en savons beaucoup plus sur la manière de soigner les personnes gravement malades », a déclaré la Dre Nitzan.

    Les tests étendus, l’isolement, la recherche des contacts, la quarantaine et le séquençage génétique sont les outils de santé publique de base qui doivent être utilisés et continuellement renforcés.
    La vaccination, associée à des mesures de santé publique et sociales continues, mettront finalement un terme à la pandémie. Pour que cela se produise, une intensification de la production de vaccins et de la vaccination est nécessaire, ainsi que le respect continu des mesures de santé publique et sociales.

    « Le plus grand déterminant du nombre de personnes infectées et du nombre de personnes qui meurent dans les semaines à venir est ce que vous faites ou ne faites pas en tant qu’individu. Nous l’avons vu maintes et maintes fois : la propagation du virus peut être stoppée. Mon message aux gouvernements de la Région est donc que ce n’est pas le moment d’assouplir les mesures. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas tenir compte du danger. Nous avons tous fait des sacrifices, mais nous ne pouvons pas laisser l’épuisement l’emporter. Nous devons continuer à maîtriser le virus », a conclu le Dr Kluge.

    ONU Info, 1 avr 2021

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  • Le partage de 10 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech provoque une mini-crise au sein de l’UE

    Dix-neuf Etats membres ont accepté de se montrer solidaires avec cinq pays en difficulté. En revanche, l’Autriche, la Slovénie et la République tchèque ont exigé de recevoir leur prorata de vaccins.

    Un accord a été trouvé, mais il a un goût amer pour certains. Au cœur des discussions : la répartition dans l’Union européenne (UE) de 10 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech, pour laquelle les Etats membres se sont déchirés.

    Après de longues et ardues négociations, un accord a été finalement trouvé, jeudi 1er avril, en fin de journée « sur une solution ponctuelle » qui « permet une expression significative de la solidarité par la distribution de près de 3 millions de vaccins aux Etats membres qui en ont le plus besoin », a annoncé la présidence portugaise de l’UE.

    Trois pays, l’Autriche, la Slovénie et la République tchèque, ont exigé de recevoir – et vont recevoir – leur prorata des 10 millions de vaccins, précise le communiqué. Dix-neuf pays ont, en revanche, accepté de témoigner leur solidarité avec la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie et la Slovaquie ; ces cinq pays vont recevoir leur prorata des 10 millions de vaccins et vont se partager 2 854 654 doses accordées par leurs partenaires.

    De plus, l’Allemagne, la Belgique, Chypre, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie et la Suède vont se partager 6,66 millions de doses du vaccin.

    L’intransigeance de l’Autriche lui fait gagner 60 000 doses
    La proposition de compromis soumise aux Etats membres par le Portugal prévoyait une répartition au prorata de la population pour 7 millions de doses et de réserver 3 millions de doses à répartir parmi les cinq pays en difficulté.

    Deux jours de négociations entre les ambassadeurs des pays membres n’ont pas permis d’infléchir les positions de l’Autriche, de la Slovénie et de la République tchèque. Prague a refusé le compromis, car il estimait « insuffisant » le geste fait en sa faveur. Sa position lui fait perdre 143 000 doses accordées au titre de la solidarité, a expliqué un diplomate européen.

    Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, s’est félicité d’avoir récupéré, grâce à son intransigeance, 199 000 doses pour son pays au lieu de 139 000, comme le prévoyait le compromis du Portugal, ce qu’a déploré un diplomate européen :

    « Le chancelier Kurz a fait preuve d’un manque de solidarité et a abandonné la Bulgarie, l’Estonie, la Croatie, la Lettonie et la Slovaquie. Il se contente d’écrire des lettres et laisse tomber ses alliés. »

    « Sebastian Kurz s’est montré égoïste dans cette affaire. Il a refusé la solidarité qui était la motivation de son action », a renchéri le représentant d’un autre Etat membre. « Quant au premier ministre slovène, il donne un mauvais signal avant sa présidence de l’UE », a-t-il ajouté. La Slovénie prendra le relais du Portugal le 1er juillet, et le passera à la France le 1er janvier 2022.

    « Mécanisme de correction »

    Les 10 millions de vaccins disputés correspondent à une avance de livraison acceptée par Pfizer-BioNTech au deuxième trimestre. Elles font partie de 100 millions de doses qui ne devaient être initialement disponibles qu’à partir du troisième trimestre.

    La répartition des doses précommandées par l’UE auprès des laboratoires se fait entre les Vingt-Sept au prorata de leur population. Si un Etat décide de renoncer à acheter sa part, les autres pays intéressés peuvent les racheter, a expliqué un négociateur. Or certains n’ont pas commandé assez de doses, ou trop misé sur le vaccin AstraZeneca, en raison de son prix moins élevé. Mais ils sont confrontés aux problèmes de production du groupe.

    A la mi-mars, emmenés par le chancelier autrichien Sebastian Kurz, les dirigeants tchèque, slovène, bulgare, croate et letton avaient demandé la mise en place d’un « mécanisme de correction » pour obtenir des doses supplémentaires, estimant avoir été « lésés » par le système de répartition. Selon l’UE, les pays le plus en difficulté du point de vue vaccinal sont la Bulgarie, la Croatie, la Slovaquie, la Lettonie et l’Estonie.

    Le Monde, 2 avr 2021

    Etiquettes : Coronavirus, covid 19, vaccin, vaccination, Europe, Pfizer-BioNTech, Union européenne, UE,

  • Nouvelle phase dans le vieux conflit entre les Sahraouis et le Maroc

    L’une des dernières réalisations de M. Trump avant la fin de son mandat présidentiel a été l’obtention d’un accord belliciste avec le Maroc.

    Le 10 décembre 2020, Donald Trump a annoncé un accord diplomatique négocié par les États-Unis, dans lequel la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a été échangée contre la reconnaissance par le Maroc de l’État d’Israël.

    Une solidarité qui s’effrite

    Le Maroc, quant à lui, est le quatrième État arabe à normaliser ses relations avec Tel-Aviv à la suite d’une offensive ciblée de l’administration Trump en matière de politique étrangère – malgré l’occupation des territoires palestiniens par Israël. En septembre 2020, les Émirats arabes unis et Bahreïn avaient déjà signé des accords de normalisation avec Israël, et le Soudan leur a emboîté le pas en octobre. Ce faisant, ils ont suivi les traces de l’Égypte (1979) et de la Jordanie (1994), qui avaient déjà reconnu l’État israélien par le passé sans offrir de garanties politiques aux Palestiniens, telles que l’autodétermination ou un État propre.

    Les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont signé des accords de normalisation avec Israël en 2020.

    Jusqu’à récemment, tous les pays arabes ont approuvé l’initiative de paix formulée en 2002, qui stipule que la normalisation des relations avec Israël ne peut intervenir que si et quand ce dernier se retire des territoires palestiniens occupés et établit un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. Ce principe a encore été affirmé par les pays arabes en 2017, mais les Émirats arabes unis ont ainsi été les premiers à le jeter par-dessus bord.

    Satisfaire Israël, le principal allié américain au Moyen-Orient, était l’un des piliers les plus univoques de la politique étrangère de l’administration Trump. Pendant sa présidence, Trump a reconnu Jérusalem (y compris Jérusalem-Est illégalement occupée depuis 1967) comme capitale d’Israël, a déplacé l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, a supprimé l’aide financière structurelle des États-Unis aux réfugiés palestiniens. a reconnu l’annexion par Israël des hauteurs du Golan syrien, a exprimé son soutien à la construction de colonies juives illégales en Cisjordanie occupée et a lancé un plan de paix pour Israël et la Palestine – « l’accord du siècle » – sans impliquer les Palestiniens d’aucune manière.

    Faire plaisir à Israël était l’un des piliers les moins équivoques de la politique étrangère de l’administration Trump.

    Chercher à normaliser les relations entre certains pays arabes et Israël faisait partie du plan de paix de Trump. Les pays visés se sont vus offrir un grand nombre de choses intéressantes en guise de compensation pour avoir renoncé à leur solidarité avec les Palestiniens. Les Émirats arabes unis ont été achetés grâce à un contrat d’armement avec les États-Unis d’une valeur de plus de 23 milliards de dollars, comprenant 50 avions de combat F-35, des drones Reaper et toute une série de missiles et de munitions. Le Soudan a été retiré de la liste des États soutenant le terrorisme et a ainsi échappé – après de nombreuses années – aux sanctions strictes qui l’accompagnent. Et pour Rabat, la reconnaissance américaine du Sahara Occidental comme territoire marocain s’est avérée une proposition irrésistible.

    Conflit historique

    La majeure partie du Sahara occidental est occupée par le Maroc depuis le retrait des colonisateurs espagnols dans les années 1970. Le territoire a été incorporé par la force et l’autodétermination de la population locale, les Sahraouis, a été ignorée pendant des décennies.

    Malgré de nombreuses résolutions des Nations unies et un jugement de la Cour internationale de justice condamnant l’occupation marocaine comme illégale, Rabat continue de désigner systématiquement la région comme ses provinces du sud. Le parallèle avec Israël – qui, lui aussi, a tout simplement ignoré pendant des décennies les condamnations de l’ONU concernant l’occupation des territoires palestiniens – est clair. Et ce n’est pas tout. 

    Toute une série de résolutions de l’ONU et de verdicts juridiques condamnent l’occupation marocaine du Sahara Occidental.

    Au cours des années 1980, le Maroc a construit un mur de sable à l’est du Sahara occidental pour faciliter l’arrêt des troupes du Front Polisario – le mouvement de libération nationale des Sahraouis. Du nord au sud, cette « verge » lourdement gardée compte 2700 km. Le mur militarisé marocain est donc plus long et plus ancien que le mur d’apartheid internationalement condamné construit par Israël en Palestine occupée. Pourtant, le monde connaît à peine son existence.

    Le territoire occupé à l’ouest du mur est la partie la plus grande et la plus intéressante économiquement du Sahara Occidental (environ 80% du territoire total) et est hermétiquement fermé de la longue et étroite bande orientale, qui est sous le contrôle du Polisario. Cette bande est appelée par les Sahraouis « la zone libérée », mais le terrain est inutilisable, ne contient presque aucune ressource naturelle et est jonché de mines antichars et antipersonnel (également fabriquées par la Belgique).

    La zone n’est pas propice à la vie. La majorité des Sahraouis de l’est du mur marocain vivent dans des camps de réfugiés très rudimentaires à l’extrême ouest de l’Algérie, dans la province de Tindouf. Les Sahraouis qui ont fui l’invasion marocaine il y a plusieurs décennies ont maintenant des enfants et parfois des petits-enfants qui sont nés et ont grandi dans des camps de réfugiés, tout comme les Palestiniens.

    La plupart des Sahraouis vivant du côté oriental du mur de sable marocain vivent dans des camps de réfugiés en Algérie depuis des décennies.

    Une fois le mur de sable marocain achevé, le conflit avec le Polisario s’est retrouvé dans l’impasse. Aucune des deux parties n’a été en mesure de faire des conquêtes territoriales plus décisives, mais les attaques d’artillerie et les tirs de sniper du Polisario ont été un fardeau et ont continué à faire des ravages.

    L’état de guerre a également empêché le Maroc de commencer l’exploitation extensive des nombreuses ressources naturelles du Sahara Occidental occupé. Rabat s’est donc rendu à la table des négociations. Après 16 ans de guerre avec le Polisario, un cessez-le-feu a été négocié par l’ONU en septembre 1991.

    Dans l’accord conclu, il était écrit noir sur blanc qu’un référendum sur l’indépendance serait organisé en 1992. Dès le début, le Maroc a eu recours à toutes sortes de tactiques dilatoires et, au fil des ans, il est devenu de plus en plus évident que si cela dépendait de Rabat, il n’y aurait jamais de référendum. Près de trois décennies après la signature de l’accord de cessez-le-feu, le peuple sahraoui est plus que fatigué d’attendre.

    Répression

    L’accord de 1991 a également créé une mission de maintien de la paix des Nations unies, la MINURSO. Aujourd’hui, les casques bleus sont encore présents des deux côtés de la muraille marocaine. Cependant, ils sont seulement autorisés à « maintenir la paix entre les deux parties », mais ne sont pas autorisés à intervenir en cas de violations ouvertes des droits de l’homme contre les Sahraouis dans le territoire occupé, ni même à les signaler.

    Cependant, le peuple sahraoui vivant à l’ouest de la frontière de sable est systématiquement confronté à la répression marocaine. Depuis les années 1970, des milliers de citoyens ont été mis derrière les barreaux, torturés ou assassinés pour leur résistance à l’occupation. Selon la liste annuelle de Freedom House, qui classe les pays et territoires en termes de liberté, le Sahara occidental occupé était le septième pays le moins libre du monde en 2020, juste derrière la Corée du Nord.

    Depuis les années 1970, des milliers de Sahraouis ont été emprisonnés, torturés ou assassinés pour leur résistance à l’occupation.

    La dernière grande vague de protestations (intifadah) du peuple sahraoui a eu lieu en octobre 2010. À Gdeim Izik, à 12 km au sud-est d’El Aaiún (la capitale administrative du territoire occupé), un camp de protestation a été installé et a rapidement compté plusieurs milliers de khaimas (tentes traditionnelles). Des Sahraouis de tout le Sahara occidental se sont rendus au camp pour protester pacifiquement contre le régime d’occupation marocain qui les soumet à la discrimination, à la pauvreté et aux violations des droits de l’homme.

    Après un mois, le camp de protestation – qui abritait également de nombreuses femmes, enfants et personnes âgées – a été pris d’assaut en pleine nuit par les forces de sécurité marocaines et brutalement rasé. Le Polisario a fait état de 11 morts, de plusieurs centaines de blessés et d’arrestations massives. Les initiateurs de la protestation ont été condamnés à de très longues peines, voire à la perpétuité. 

    Les Sahraouis du Sahara occidental occupé ne représentent plus qu’un tiers de la population totale.

    Le nombre de Sahraouis dans le Sahara Occidental occupé est estimé à 160.000, mais ils ne représentent qu’un tiers de la population totale de la région. Depuis les années 1970, le Maroc a mis en place des programmes de colonisation délibérée pour peupler le Sahara occidental de Marocains – comparable aux efforts israéliens pour loger des colons juifs dans les territoires palestiniens occupés. Ils sont attirés par des avantages fiscaux, des emplois, etc. Le transfert de citoyens de la puissance occupante vers le territoire occupé est illégal en vertu du droit international.

    Complicité

    Les Etats-Unis sont la première grande puissance mondiale à reconnaître formellement la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. L’accord avec le Maroc a été salué par la Maison Blanche comme une étape majeure dans la « promotion de la stabilité régionale ». En réalité, elle ne fait qu’accomplir la légitimation de deux occupations illégales.

    L’occupation du Sahara Occidental a pu se poursuivre pendant si longtemps grâce à une combinaison d’ignorance et/ou d’indifférence à l’égard du sort des Sahraouis parmi le grand public, le manque de volonté de la communauté internationale de faire pression ou d’imposer des sanctions au Maroc, et la complicité économique des pays puissants (en particulier occidentaux) et des entreprises dans la perpétuation de la situation.

    L’occupation du Sahara Occidental peut être maintenue grâce à la complicité économique de plusieurs pays puissants et de sociétés.

    Dans ce sens, la reconnaissance américaine explicite de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental est moins hypocrite que, par exemple, l’approche douteuse de l’Union Européenne. Cette dernière condamne formellement l’occupation, mais la tolère officieusement, et plusieurs États européens contribuent même activement à son maintien.

    Ici aussi, un parallèle peut être établi avec le régime d’occupation israélien. Officiellement, elle est condamnée par l’Europe, mais cela n’empêche pas l’UE de maintenir un accord d’association avec Israël qui donne au pays un accès privilégié au marché européen, ou d’accorder l’argent des impôts européens aux entreprises de défense israéliennes via le programme de recherche scientifique de l’UE.

    Le Maroc a ancré son emprise économique sur le Sahara occidental par l’exploitation de ses nombreuses ressources minérales (phosphates, sable, sel) et autres ressources naturelles (pêche, produits agricoles) en partenariat avec des entreprises de plus de 40 pays. Le résultat est un renforcement de la position politique du Maroc au niveau international. Au lieu de chercher une solution au conflit, de nombreux pays puissants contribuent à bafouer les droits fondamentaux du peuple sahraoui et à piller ses ressources naturelles.

    Europe

    Un parfait exemple de complicité internationale est la politique commerciale agressive de l’Union européenne au Sahara occidental. En décembre 2016, la plus haute juridiction de l’UE a rendu une décision historique concernant l’accord de libre-échange Europe-Maroc de 2012 sur l’agriculture et la pêche. Selon la cour, le Sahara Occidental a un « statut séparé et distinctif en vertu du principe d’autodétermination ». Par conséquent, elle doit être considérée comme une « tierce partie » dans la conclusion d’accords commerciaux bilatéraux entre l’Europe et le Maroc. En tant que tierce partie, elle ne peut être légalement soumise à de tels traités sans « le consentement exprès de son peuple ».

    Cette décision de justice constituait une menace pour la lucrative industrie de la pêche. Par exemple, sur les 100.000 tonnes de poisson que l’Espagne importe chaque année du Maroc, la plupart proviennent des eaux occupées au large du Sahara Occidental. De même, 90 % du poisson capturé par les chalutiers européens dans les eaux contrôlées par le Maroc l’est en réalité dans la zone côtière.

    Cette décision de justice menaçait la lucrative industrie de la pêche. Par exemple, sur les 100.000 tonnes de poisson que l’Espagne importe chaque année du Maroc, la plupart proviennent des eaux occupées au large du Sahara Occidental. De même, 90% du poisson que les chalutiers européens capturent eux-mêmes dans les eaux contrôlées par le Maroc est en fait collecté dans les zones côtières au large du Sahara Occidental.

    Afin de contourner la décision de la Cour, l’Europe a rapidement entamé des négociations sur un nouvel accord de pêche qui inclut les eaux du Sahara Occidental dans son champ d’action. L’accord de pêche maroco-européen (actuel) qui en résulte a finalement été conclu de manière douteuse et sans le consentement légalement requis du peuple sahraoui. Selon ses termes, l’Union verse à Rabat 52 millions d’euros par an pour l’accès à toutes les eaux sous son contrôle. L’Europe participe donc activement au pillage marocain du poisson sahraoui.

    Et ce n’est qu’un exemple. De nombreux pays occidentaux qui prétendent défendre le droit international et les droits de l’homme participent au pillage du Sahara Occidental et aident ainsi à maintenir le régime d’occupation.

    Le Maroc peut également compter sur des partenaires étrangers volontaires pour le soutien logistique de l’occupation.

    Le Maroc peut également compter sur des partenaires étrangers volontaires pour le soutien logistique de l’occupation, dont plusieurs grandes entreprises européennes. La société allemande Siemens, par exemple, joue un rôle crucial en facilitant les opérations minières du Maroc et en fournissant de l’énergie à diverses autres activités économiques dans le territoire occupé.

    Fin du cessez-le-feu

    L’accord de Trump avec Rabat est intervenu quelques semaines seulement après la rupture du cessez-le-feu d’un an entre le Maroc et le Polisario. Le 21 octobre, les Sahraouis ont bloqué une autoroute majeure dans la zone tampon de Guerguerat avec un sit-in. Ce poste frontière situé à l’extrême sud du Sahara occidental occupé, avec la Mauritanie, est une porte d’entrée majeure en Afrique de l’Ouest et est considéré par les Sahraouis comme l’une des voies par lesquelles leur terre est pillée.

    Rapidement, le blocus vers la Mauritanie a provoqué l’encombrement d’environ 200 camions remplis de produits alimentaires tels que du poisson et des produits agricoles. La pression a augmenté et le 13 novembre, l’armée marocaine est entrée dans la zone tampon – une violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991 – pour disperser par la force les manifestants pacifiques. Le Polisario a répondu à son tour en entrant dans la zone tampon afin de déplacer les civils en toute sécurité hors de la zone. Les deux camps se sont tirés dessus. Le cessez-le-feu a ensuite été annulé par le Polisario.

    Depuis lors, les combattants du Polisario, depuis leur base en Algérie, ont lancé plusieurs attaques contre les positions marocaines le long de la frontière sablonneuse. Mais le mur en lui-même, ainsi que l’avantage technologique et numérique des Marocains rendent ces attaques presque symboliques.

    En effet, la plupart des Sahraouis ne se font aucune illusion sur les chances de succès d’une libération armée de leur territoire, mais ils sont également conscients du fait évident que près de 30 ans de protestation pacifique ne leur ont déjà rien apporté du tout. Les Sahraouis ont le droit international derrière eux et ont gagné des procès dans divers tribunaux, mais le Maroc n’est pas gêné. Au contraire. L’annonce de Trump en a été la confirmation.

    Près de 30 ans de protestation pacifique n’ont absolument rien fait pour les Sahraouis.

    Alors que les médias internationaux ont ignoré le conflit pendant des décennies, les Sahraouis et leur lutte légitime ont été complètement oubliés. La frustration et le désespoir face à l’inaction de la communauté internationale et à la perpétuation de la situation n’ont cessé de croître, notamment dans les camps parmi la jeune génération de Sahraouis qui n’a jamais vécu activement la guerre de 1975-1991.

    La direction du Polisario, officiellement reconnu par l’ONU comme le représentant politique des Sahraouis, est principalement composée de vétérans de la guerre qui ont consacré en vain près de 3 décennies à la lutte diplomatique pacifique. Le fait de ne pas répondre à l’attaque marocaine contre les manifestants à Guerguerat, a totalement sapé la légitimité du leadership parmi la jeune génération sahraouie agitée. Le cessez-le-feu était littéralement devenu intenable.

    Une guerre ouverte ?

    La stratégie militaire de l’Armée de libération du peuple sahraoui, le bras militaire du Polisario, consiste en des attaques d’artillerie à distance sur les positions marocaines et des unités motorisées à déplacement rapide qui effectuent des attaques éclairs. L’idée est probablement d’épuiser le Maroc, et de l’endommager moralement et économiquement.

    Les Marocains tirent aussi régulièrement des coups d’artillerie à distance par-dessus le mur de sable, et ils ont planté de nouvelles mines terrestres, notamment autour de Guerguerat, mais jusqu’à présent Rabat ne semble pas intéressé à pousser plus loin les opérations de guerre.

    Il est difficile de prévoir comment la situation va évoluer. D’une part, le soutien américain ouvert à l’occupation pourrait donner au Maroc la confiance nécessaire pour tenter de capturer la zone du Sahara occidental contrôlée par le Polisario.

    D’autre part, les manœuvres de guerre marocaines visant à prendre tout le Sahara occidental ou à vaincre le Polisario une fois pour toutes pourraient provoquer l’ire de son voisin, l’Algérie, farouchement anticolonialiste, qui s’est toujours explicitement rangée du côté des Sahraouis pendant le conflit. La Mauritanie, qui partage une longue frontière avec la partie du Sahara occidental contrôlée par le Polisario, ne serait pas non plus servie par une guerre ouverte dans la région. Donc, si le Maroc ne veut pas provoquer ces pays, il ferait mieux de s’abstenir de tout projet de guerre sauvage.

    L’Algérie voisine a toujours explicitement choisi le camp des Sahraouis dans le conflit.

    En outre, Rabat traverse une crise économique et compte beaucoup sur le retour du tourisme dans la période post-coronation pour se remettre sur pied. Une guerre ne ferait qu’entraver cette activité et d’autres activités économiques dans la région. Le Maroc semble donc n’avoir aucun intérêt dans une guerre longue ou ouverte.

    Quelle que soit l’évolution de la situation à long terme, il faudra à un moment donné reprendre les négociations. Cependant, il sera difficile pour le Polisario d’accepter à nouveau un cessez-le-feu sans une garantie renouvelée et convaincante d’un référendum d’indépendance pour les Sahraouis.

    Il y a aussi la question d’un médiateur crédible. À moins que le président Biden ne revienne sur la décision de son prédécesseur – ce que rien n’indique pour l’instant – les États-Unis sont déjà éliminés, mais les Nations unies ont également perdu beaucoup de crédibilité auprès des Sahraouis au fil des ans.

    Les Nations unies ont perdu beaucoup de crédibilité auprès du peuple sahraoui au fil des ans.

    Non seulement parce que les nombreuses résolutions condamnant l’occupation du Sahara Occidental ne sont jamais suivies dans la pratique (par exemple avec des sanctions), mais aussi parce que le mandat de la MINURSO est maintenu ridiculement faible au Conseil de Sécurité de l’ONU, en particulier par la France, qui apporte systématiquement un soutien diplomatique à son ancienne colonie, le Maroc. L’Union africaine, dont la République arabe sahraouie démocratique en exil est un membre fondateur, pourrait peut-être jouer un rôle de médiateur.

    Décision

    Depuis l’effondrement du cessez-le-feu, la répression dans le Sahara occidental occupé s’est considérablement accrue. L’accord diplomatique bilatéral conclu par Trump avec le Maroc semble avoir donné à Rabat une confiance supplémentaire à cet égard.

    La présence de la police et de l’armée dans la région a été considérablement renforcée. Les manifestations pacifiques sont brutalement réprimées et les militants sahraouis sont enlevés et maltraités par les forces de sécurité marocaines.

    Les journalistes locaux sont sous surveillance constante et assignés à résidence. De toute façon, les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à se rendre dans la région, ce qui permet de violer les droits de l’homme en toute discrétion et en toute impunité.

    Le 2 mars, plus de 100 organisations de la société civile sahraouie du territoire occupé, des camps de réfugiés en Algérie et de la diaspora ont adressé une lettre ouverte au président américain Biden. Il y est rappelé que le dossier du Sahara occidental « n’est pas un conflit ethnique ou religieux, ni une guerre civile, mais plutôt une question fondamentale de décolonisation non résolue – comme l’ont reconnu les Nations unies et ses différents organes depuis 1963. »

    Reconnaissant la capacité des États-Unis à faire pression sur le Maroc pour qu’il respecte les droits de l’homme et le droit international, il est demandé à Biden de revenir sur la décision de Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Les organisations sahraouies lui demandent également d’œuvrer pour « une solution urgente, pacifique et durable à la décolonisation du Sahara occidental basée sur l’exercice » du « droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance » des Sahraouis.

    Toutefois, tant que de nombreux pays (occidentaux) estimeront que leurs intérêts économiques et sécuritaires dans la région sont mieux servis par une occupation continue, une solution juste et permanente à ce conflit de longue date sera loin d’être trouvée.

    Vrede.be, 31 mars 2021

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