Étiquette : Union Européenne

  • L’UE prolonge sa mission anti-contrebande navale en Libye

    Les pays de l’UE ont prolongé la vie de «Irini», une mission navale visant à arrêter la contrebande d’armes en Libye et le trafic d’êtres humains vers l’Europe, jusqu’en 2023.

    L’intervention militaire turque, française et italienne en Libye a sapé l’embargo sur les armes de l’ONU, tandis que certains Jusqu’à présent, 3 700 personnes sont venues de Libye en Italie cette année.

    Mais la mission de l’UE est utile en termes de collecte de renseignements même si elle ne peut pas arrêter les violations des armes, ont déclaré des experts de l’ONU.

    EU Observer, 29 mars 2021

    Etiquettes : Libye, Union Européenne, UE, IRINI,

  • Erdogan jette de la poudre sur les Européens

    Par Alaeddin Saleh

    La Turquie s’est efforcée d’améliorer ses relations endommagées avec l’Union européenne et d’introduire un programme positif dans les négociations avec les dirigeants de l’UE : c’est une impression trompeuse que les récentes mesures prises par les dirigeants turcs auraient pu produire sur un observateur extérieur.

    En effet, Recep Erdogan lui-même a participé à une vidéoconférence avec les chefs de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe, Ursula von der Leyen et Charles Michel, à l’approche du sommet européen prévu les 25 et 26 mars.

    Le dirigeant turc a indiqué qu’Ankara attendait des États européens qu’ils prennent des mesures spécifiques afin de développer la coopération avec la Turquie. Il a également exprimé l’espoir d’une prolongation de l’accord sur les réfugiés, qui oblige l’UE à allouer des milliards d’euros à la Turquie en échange d’une limitation du flux de migrants. La question des personnes déplacées temporairement reste le principal levier entre les mains d’Erdogan, qu’il manie habilement pour exercer une pression sur l’Europe.

    L’implication personnelle du président turc dans les négociations avec l’UE témoigne de l’intérêt considérable des autorités turques pour le rétablissement des barrières. Mais cette démarche n’est guère dictée par un effort sincère pour revenir sur les rails de l’intégration européenne. Le catalyseur le plus probable de l’initiative d’Erdogan est sa crainte de sanctions supplémentaires contre la Turquie, susceptibles de détériorer davantage une économie nationale déjà en difficulté.

    Depuis le début de l’année 2021, Ankara s’efforce d’envoyer un message sur sa volonté de changement : La Turquie a mis fin aux provocations habituelles en Méditerranée orientale et a rejoint le processus de règlement pacifique en Libye qui a commencé à porter des fruits prometteurs.

    Toutefois, comme dans le cas du discours d’Erdogan qui a préparé le terrain du sommet de l’UE, ces mesures ne peuvent être prises au sérieux que par un observateur extérieur. En fait, la Turquie n’a plus besoin de livrer des armes supplémentaires à la Libye uniquement parce qu’une présence militaire turque à part entière a été établie dans le pays d’Afrique du Nord au cours des dernières années. Dans ce contexte, les rapports sur la prétendue intention d’Ankara de retirer les mercenaires syriens de Libye ne doivent pas être pris avec un grain de sel, mais plutôt avec tout le baril. Il en va de même pour les louanges des dirigeants turcs au dialogue politique et au nouveau gouvernement – un gouvernement qui comprend des personnalités qui ne cachent même pas leur loyauté envers la Turquie. Toutes les mesures conçues par les dirigeants turcs poursuivent un seul et même objectif : atteindre un point d’appui à l’approche du sommet de l’UE, sans plus.

    La Turquie a profité d’un calme relatif pour regrouper ses forces et renforcer son influence dans la région. Le journal turc Daily Sabah a récemment fait état de l’expansion du port maritime de la ville côtière de Zawiya, qui devrait remplacer celui de Tripoli pour la livraison de matériel militaire et de munitions. En outre, Ankara continue de s’implanter dans l’aérodrome d’Al-Watiya, le transformant en base aérienne militaire. Même le nombre de mercenaires syriens en Libye ne devrait pas diminuer : les combattants d’un groupe Sultan Suleyman Shah soutenu par la Turquie se prépareraient à remplacer ceux qui sont censés quitter le pays.

    De toute évidence, Erdogan n’a pas mis ses ambitions de côté. Il ne fait que feindre d’adhérer aux valeurs européennes pour gagner le soutien de l’UE. Ce faisant, Erdogan trompe les Européens, cherchant à retarder ou à éviter les mesures punitives contre Ankara. Il est important de comprendre que, sous sa direction, la Turquie a toujours agi et agira toujours dans son propre intérêt, sans se soucier de ses partenaires européens.

    Modern Diplomacy, 26 mars 2021

    Tags : Turquie, Tayyip Erdogan, Union Européenne, UE, Libye,

  • Pêche : L’Espagne préoccupée par l’état des négociations entre l’UE et la Mauritanie

    Les armateurs du Marin redoutent une escale dans les eaux mauritaniennes si aucun accord n’est conclu prochainement

    Les armateurs galiciens exhortent l’Union européenne et la Mauritanie à conclure l’accord de pêche le plus tôt possible, car les procédures ultérieures prennent au moins quatre mois et les licences actuelles de pêche dans les eaux mauritaniennes expirent le 15 novembre. Ils craignent un arrêt de la flotte si les négociations se poursuivent.

    Les navires travaillant dans les eaux mauritaniennes devraient arrêter de pêcher si l’Union européenne ne parvient pas à un accord avec le pays africain à temps. Les négociations sur la contrepartie que Bruxelles doit payer pour l’utilisation des eaux mauritaniennes ne progressent pas et le 15 novembre la deuxième extension pour les navires de pêche galiciens et européens prend fin.

    Les armateurs sont convaincus que la négociation sera débloquée et rappellent que Mauritaria est également intéressée par l’accord.

    «60% de l’équipage sont des ressortissants mauritaniens, dont beaucoup sont enracinés dans nos entreprises depuis de nombreuses années. Et les contributions des débarquements chaque semaine, en particulier les catégories de chalutiers frais, palangriers et merlu, ont un impact significatif», précise Juan Martín , directeur de l’organisation des producteurs de Marín.

    Le secteur considère que les réunions du septième cycle de négociations, qui se tiennent ces jours-ci, sont décisives.

    G24.es, 26 mars 2021

    Tags : Union Européenne, UE, Mauritanie, pêche,

  • Discours de Borrell surle nouveau rapport sur la stratégie UE-Afrique

    Stratégie UE-Afrique: discours au nom du haut représentant / vice-président Josep Borrell et de la commissaire Jutta Urpilainen lors du débat au PE sur le nouveau rapport sur la stratégie UE-Afrique

    Présenté par la commissaire aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, au nom d’elle-même et du haut représentant / vice-président Josep Borrell

    Président, Mesdames et Messieurs,

    Je suis ravi d’assister au débat d’aujourd’hui.

    Je tiens à remercier la commission DEVE et en particulier la rapporteure Chrysoula Zacharopoulou pour l’engagement dans la préparation de cet excellent rapport et pour la coopération continue.

    Collègues,

    Il y a un peu plus d’un an, nous avons présenté conjointement, avec le Haut Représentant, notre proposition de nouvelle stratégie avec l’Afrique avec l’intention d’arriver à une approche commune et à un partenariat renouvelé avec notre continent frère, l’Afrique.

    Deux jours plus tard, l’épidémie de COVID-19 a été déclarée pandémie mondiale.

    Team Europe a mené la charge sur la réponse mondiale au COVID-19 et la solidarité vaccinale, y compris en Afrique. Une part non négligeable des près de 40 milliards d’euros mobilisés pour soutenir les pays partenaires est allée à l’Afrique.

    Et les livraisons de vaccins COVAX ont maintenant lieu à travers le continent.

    Nous continuons également d’appuyer le renforcement des systèmes de santé et les stratégies nationales de vaccination.

    Et nous explorons comment renforcer les capacités de fabrication et de production locales en Afrique dans le contexte de notre budget pour l’action extérieure.

    Beaucoup de choses se sont passées au cours de cette année exceptionnelle. Pourtant, cela a rendu notre partenariat renouvelé d’autant plus crucial. La crise a révélé l’urgence des cinq piliers de la stratégie et la nécessité de rationaliser le développement humain dans l’ensemble du partenariat.

    Et cela m’amène à mon deuxième point.

    Au cours de l’année écoulée, l’UE a continué de tendre la main à ses partenaires africains, y compris plusieurs visites à Addis-Abeba.

    Et j’ai consulté différents acteurs pour m’assurer que les points de vue sont pris en compte dans le processus menant au 6e sommet UA-UE.

    À commencer par le Parlement européen.

    Je ne pourrais donc pas être plus heureux de voir les nombreux points de convergence entre votre rapport et la communication conjointe.

    Les priorités exposées dans notre communication conjointe et dans ce rapport devraient nous aider à mener une reprise mondiale durable et inclusive, en liant les objectifs de développement durable à l’investissement et à l’allégement de la dette.

    Ces zones peuvent être des opportunités gagnant-gagnant pour l’Afrique et l’Europe qui profitent à la fois aux personnes et à la planète.

    Nous pouvons lutter contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement, inverser la perte de biodiversité et garantir la sécurité alimentaire, tout en nous concentrant sur la création d’emplois, le développement humain et une approche globale de la migration.

    De même, en matière de numérisation. Si nous comblons la fracture numérique en Afrique, il existe un énorme potentiel pour favoriser l’inclusion.

    Ce faisant, nous devons continuer à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme, la bonne gouvernance et la paix et la sécurité en tant que conditions préalables au développement durable.

    En guise de dernier point, permettez-moi de saluer l’approbation par votre rapport de notre vision commune de l’appui aux femmes et aux jeunes.

    Je suis reconnaissant de voir votre référence au nouveau plan d’action ambitieux pour l’égalité des sexes qui favorisera la participation des femmes et des filles à tous les aspects de la reprise du COVID-19.

    De même, répondre à la demande croissante de la main-d’œuvre jeune et dynamique d’Afrique en investissant dans l’éducation, la formation et les compétences est essentiel dans un monde post-pandémique. J’ai notamment décidé d’augmenter le financement de l’éducation de 7% à au moins 10% de notre budget.

    Mais nous devons nous engager avec les jeunes en Afrique pour nous guider dans le processus.

    C’est l’une de mes priorités personnelles et je suis heureux d’annoncer que j’ai lancé un comité de résonance jeunesse et que je nommerai un envoyé spécial pour la jeunesse.

    En conclusion, permettez-moi une fois de plus de vous remercier pour ce rapport et j’attends avec impatience le débat.

    Lien vers la vidéo: https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-203394

    EEAS, 24 mars 2021

    Tags : Union Européenne, UE, Afrique, Josep Borrell,



  • La bataille diplomatique pour le Sahara occidental en Europe : le Maroc perd des positions

    Néstor Prieto

    Le conflit du Sahara occidental a de multiples facettes : la guerre qui a suivi l’occupation marocaine (1975-1991) s’est développée parallèlement à une bataille diplomatique constante, parfois plus dure et aux conséquences plus dommageables que sur le terrain militaire.
    Cette bagarre diplomatique, à la différence du conflit armé, n’a connu ni trêve ni cessez-le-feu. Durant ces plus de 40 ans de conflit, les structures diplomatiques marocaines et sahraouies, bien huilées, ont lutté sans discontinuer dans toutes les sphères internationales, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de leurs alliés respectifs.
    L’Union européenne est un élément clé du conflit : le siège de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, le rôle de l’Espagne en tant que puissance administrante de jure et l’influence mondiale du club communautaire ont fait de cet espace l’un des champs de bataille diplomatique prioritaires pour les deux parties.
    L’UE, entre lobbies et intergroupes
    Le Maroc, conscient des avantages du maintien du statut actuel, puisqu’il contrôle de facto le territoire et exploite ses richesses, fonde sa stratégie diplomatique sur le torpillage de toute tentative de référendum et l’érosion de la projection internationale de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Ce deuxième aspect complète le premier, car faire taire la pression de la communauté internationale sur son occupation laisse un horizon dégagé à Mohammed VI.
    La monarchie alaouite a toujours bénéficié du soutien total de la France, qui a fait du Maroc son principal centre d’influence en Afrique, ce qui a entraîné une complicité mutuelle dans la politique internationale. La France, que ce soit avec des gouvernements sociaux-démocrates, républicains ou libéraux, a opposé son veto au Conseil de sécurité de l’ONU à toutes les initiatives contraires aux intérêts de son partenaire, notamment par le veto qui, en 2013, a interdit à la MINURSO de surveiller les violations des droits de l’homme sur le territoire.
    L’autre acteur européen clé, l’Espagne, évite d’assumer ses responsabilités internationales envers son ancienne colonie et affronte le conflit du Sahara comme s’il s’agissait d’un État tiers. Les relations conflictuelles avec le Maroc voisin, qui contrôle le flux de migrants et le trafic de drogue vers la péninsule ibérique et les îles Canaries comme moyen de pression, sont largement à l’origine de cette position tiède.
    Cependant, le reste des pays européens ne s’est pas montré clairement aligné sur Rabat, et le fait est que la majorité du club communautaire prône « une solution juste, durable et mutuellement acceptable », un euphémisme utilisé par ces pays pour justifier leur profil bas dans le conflit. Il ne fait aucun doute que le non-alignement avec le Maroc ne profite pas pour autant à la RASD, qui n’est toujours reconnue comme un État par aucun État membre de l’UE.
    Dans l’UE, le Maroc a combiné la diplomatie ordinaire avec des méthodes nouvelles et sophistiquées de pression et d’influence. Le Sahara occidental est « la priorité » de la politique étrangère du pays et de son corps diplomatique, qui exerce une pression politique sur les administrations tout en offrant d’excellents contrats économiques pour l’exploitation des ressources naturelles dans les territoires occupés. En outre, l’UE profite du faible coût de la main-d’œuvre et des prix bas pour l’achat de matières premières au Maroc, qui est l’un des principaux exportateurs de fruits, de légumes et de poisson.
    Le Maroc menace et fait pression sur les pays de l’UE de diverses manières. En 2016, il a refusé l’autorisation à Ikea d’ouvrir un magasin à Casablanca et a déclaré un boycott général des produits suédois en raison de la décision du Parlement scandinave de reconnaître la RASD, ce qui ne s’est finalement pas produit. En 2016, le gouvernement marocain a officiellement suspendu toutes ses relations avec l’UE à la suite de la décision de la Cour européenne de justice annulant l’accord agricole entre les deux parties incluant l’exploitation des terres du Sahara occupé. Peu de temps après, les relations ont été rétablies.
    Le cas le plus médiatisé est sans aucun doute la suspension de « tout contact » avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, une décision prise et communiquée par le ministre marocain des Affaires étrangères en personne, Nasser Bourita, qui concerne « tous les ministères et organismes ». La note a été divulguée à la presse et a déclenché une vive controverse en Allemagne, qui a convoqué l’ambassadeur alaouite dans le pays pour des consultations. Par ce geste diplomatique, posé en mars 2021, le Maroc entendait sanctionner « l’hostilité inhabituelle de l’Allemagne sur des questions fondamentales pour le Royaume », selon les propres termes de Bourita. Ces divergences ne seraient autres que le refus allemand d’ouvrir un consulat dans les territoires occupés et le maintien d’une position en faveur d’une « solution mutuellement acceptable qui tienne compte du droit à l’autodétermination reconnu par l’ONU », comme le rapporte la presse allemande.
    Récemment encore, au début de l’année 2020, Mohamed VI a émis une forte protestation diplomatique après une rencontre entre la ministre des Affaires sociales et de la Femme de la RASD, Suelma Beiruk, et le secrétaire d’État espagnol aux Droits sociaux, Nacho Álvarez. Cette réunion « technique » pour discuter de coopération dans le domaine du handicap a provoqué une grave crise diplomatique, selon des sources du ministère espagnol des Affaires étrangères, qui se sont empressées de rassurer le Maroc.
    À cela s’ajoutent la migration et le trafic de drogue, deux éléments que le Maroc contrôle d’une main de fer et dont le flux vers l’Europe oscille en fonction du scénario politique : la géographie le permet. Ainsi, à certains moments, le royaume alaouite facilite le trafic comme moyen de pression envers les pays européens. Une tactique terriblement efficace que la Turquie a également utilisée après la crise des migrants de 2016, lorsqu’elle est devenue un État tampon capable de menacer l’UE en ouvrant ou fermant ses frontières surpeuplées. Depuis le retour de la guerre au Sahara occidental, l’arrivée de migrants sur les côtes canariennes (au départ des villes du Sahara occidental occupé) s’est multipliée de près de 700% par rapport à 2019 selon le ministère de l’Intérieur espagnol : c’est devenu la route la plus meurtrière de toutes les routes existantes pour tenter d’entrer dans l’UE, près de 3 000 personnes tuées en moins de six mois.
    En outre, le Maroc est le plus grand producteur de résine de cannabis au monde et occupe la première place en tant qu’exportateur de cette drogue vers l’UE. En 2017, un rapport de la New Frontier Data Foundation indiquait que « l’Espagne reçoit d’énormes quantités de résine de cannabis du Maroc, représentant 72 % du total saisi dans l’UE en 2017 ». Ces données ont été confirmées par le dernier rapport sur les marchés de la drogue dans l’UE, réalisé par EUROPOL et l’Observatoire européen des drogues, qui a indiqué que le flux en provenance du Maroc était le plus important, la substance arrivant du pays jusque sous les latitudes les plus éloignées : Europe centrale, républiques baltes et même pays scandinaves.
    À ce facteur s’ajoute la politique économique intelligente du Maroc, qui, par l’intermédiaire de son corps diplomatique, offre également des contrats économiques avantageux aux gouvernements, aux entreprises et aux multinationales européennes pour faire des affaires dans les territoires occupés. À titre d’exemple, Siemens, Gamesa, Abengoa, Deutsche Bank, Enel Green Power et jusqu’à 30 grandes entreprises européennes bénéficient des facilités accordées par le Maroc.
    L’exploitation du secteur énergétique – construction de parcs éoliens et photovoltaïques -, du phosphate – extraction et distribution -, du BTP – en raison des immenses besoins logistiques du territoire – et de la pêche sont extrêmement rentables et constituent l’un des principaux arguments avancés par le Maroc pour que l’Europe reconnaisse sa souveraineté sur le Sahara occidental.
    Dans le cas de la pêche, il ne fait aucun doute que les riches zones de pêche sahraouies constituent l’option la moins chère et la plus proche pour exporter du poisson vers l’Europe. Les différents accords de pêche signés entre l’UE et le Maroc ont été déclarés illégaux par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour avoir exploité les ressources naturelles d’un territoire en attente de décolonisation, ce qui n’a pas semblé importer à l’Europe, qui a fait appel dans toutes les instances possibles, avec le Maroc, pour continuer à pêcher dans la zone.
    Parallèlement à ce travail politique et économique, effectué par les ambassades et consulats, le Maroc alloue des sommes importantes à la création de groupes de réflexion et de lobbies. Une pratique qu’il exerce dans le monde entier. Aux USA, il est le 17ème plus grand donateur de think tanks dans le pays, selon le rapport de janvier 2020 de Foreign Funding of Think Tanks in America, devant la France, d’autres pays européens et plusieurs multinationales. En Europe, ce travail de lobbying est devenu plus visible depuis la reprise de la guerre : présence dans les médias, rencontres avec d’anciennes autorités ou cadeaux à des gouvernements à différents niveaux.
    Cependant, les multiples canaux de pression et de travail des Marocains n’ont pas donné les résultats escomptés. Leur principal lobby en Europe, la Fondation EuroMedA, avec laquelle elle était active au Parlement européen, ne figure plus dans le registre européen des représentants d’intérêt particulier, comme le révèle le site français Africa Intelligence. L’organisation comptait des politiciens européens influents qui étaient complétés par un groupe d’amitié informel UE-Maroc présidé par l’eurodéputé français Gilles Pargneaux, qui a perdu son siège aux européennes en 2019.
    Cette structure avait pour but de contrebalancer le puissant intergroupe « Paix pour le peuple sahraoui », composé de plus de 100 députés européens et dont la présidence vient d’être renouvelée à Andreas Schieder du SPÖ autrichien. Une personnalité politique influente au sein de la famille social-démocrate européenne et dans son pays, où il a été secrétaire d’État aux Finances. Au cours de ses premières semaines à la tête de l’intergroupe, ses déclarations ont tendu les relations entre l’UE et le Maroc, qui traversent un moment compliqué après le clash avec l’Allemagne et avec l’arrêt imminent de la Cour de justice européenne, qui devrait de nouveau déclarer illégal l’accord de pêche en vigueur entre les parties.
    « Le conflit au Sahara occidental dure depuis plus de 40 ans et la population sahraouie a vécu tout ce temps sous l’occupation marocaine et dans des conditions humanitaires intolérables. L’ONU et l’UE ne doivent plus oublier le peuple du Sahara Occidental. En tant que président de l’Intergroupe, je m’efforcerai de faire en sorte que l’UE prenne la tête des efforts internationaux visant à résoudre le conflit », a affirmé M. Schieder.
    À cela s’ajoute le vaste réseau de délégations que le Front Polisario possède sur le vieux continent et dans l’UE elle-même – dirigé par le diplomate Ubbi Bouchraya – et au harcèlement juridique incessant que la RASD mène contre les pays et les entreprises qui exploitent les ressources naturelles du Sahara occidental. Ces victoires juridiques ont considérablement découragé l’implication économique des multinationales sur le territoire.
    La marocanité du Sahara, une tentative ratée
    La reconnaissance par Donald Trump de la « marocanité » du Sahara occidental est peut-être le plus grand succès diplomatique pour les Alaouites depuis la signature des accords de paix en 1991. Si la déclaration usaméricaine n’implique pas un changement du statut international du territoire, qui, selon les Nations unies et la grande majorité de la communauté internationale, reste un « territoire non autonome » en attente de décolonisation, elle renforce et enhardit les aspirations alaouites. Surtout, elle rend difficile le déblocage de la paralysie dans laquelle le conflit s’est enlisé depuis que le Maroc a refusé toute possibilité d’organiser un référendum dans les années 2000, car les USA, par action ou par omission, sont un acteur capable de ralentir ou d’encourager les tièdes efforts internationaux qui étaient sur la table avant la reconnaissance.
    Cette décision a ouvert la voie à une poignée d’États pour suivre l’exemple des USA, ce que nous avons déjà vu dans le conflit palestinien avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le transfert des ambassades dans la ville. Une déclaration tout aussi unilatérale, loin du droit international, mais qui a réussi à entraîner plusieurs pays dans sa sphère d’influence : le Honduras, le Paraguay, le Guatemala, Nauru ou l’Australie, tous sous le parapluie géopolitique des USA et avec à la clé de juteux accords commerciaux signés avec Israël.
    Les USA ayant ouvert la porte, le Maroc et sa diplomatie ont utilisé la même formule, en faisant pression sur les États partageant les mêmes idées pour qu’ils suivent les traces de Trump. Mais cette fois, il n’ a pas eu de chance, aucun pays n’a reconnu le Sahara occidental comme marocain, en grande partie parce que la décision est intervenue dans la dernière ligne droite de son mandat et parce que le statut juridique du Sahara occidental est encore plus fort que celui de la Palestine.
    Les efforts diplomatiques alaouites se sont ensuite concentrés sur la tentative d’obtenir de l’Europe d’emboîter le pas et d’ouvrir au moins des consulats dans les territoires occupés – une reconnaissance indirecte de la souveraineté – en faisant pression sur plusieurs États et en offrant en échange une compensation financière substantielle. M. Bourita a déclaré que l’Europe devait « sortir de sa zone de confort ». Le rejet unanime de l’Europe a été l’une des raisons de la rupture des relations avec l’Allemagne, qui maintient une position plus ferme au milieu de la tiédeur qui caractérise la politique étrangère européenne.
    Le Maroc n’a pas eu non plus la chance d’obtenir un soutien pour le « Plan d’autonomie » qu’il offre au Sahara, un cadre que Mohammed VI présente comme une alternative au référendum approuvé par l’ONU. Lors d’une conférence convoquée en janvier 2021, profitant de la confusion du départ de Donald Trump, il n’a réussi qu’à faire participer la France à la réunion.
    Au vu des derniers mouvements, la diplomatie marocaine enhardie semble avoir mal calculé sa stratégie en Europe, qui rejette le rapprochement avec Rabat et sanctionne sa politique étrangère « insolente » sans la condamner ouvertement. Ce scénario ne profite pas non plus de manière significative au peuple sahraoui, qui continue de considérer l’UE comme un acteur passif qui refuse d’assumer son rôle potentiel dans le déblocage du conflit.
    Tlaxcala, 23 mars 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Union Européenne, ONU,
  • Offensive diplomatique marocaine contre l’Allemagne

    En ouvrant une crise avec l’Allemagne, la diplomatie marocaine vise le principal pays de l’Union européenne. Un partenaire économique important, mais qui refuse de se plier à la vision de Rabat concernant le conflit du Sahara occidental.

    Khadija Mohsen Finan, Aboubakr Jamai

    Le 2 mars, Nasser Bourita, le ministre marocain des affaires étrangères a adressé un communiqué au chef du gouvernement, mentionnant que du fait de « malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne, les départements ministériels, et les organismes relevant de leurs tutelles doivent suspendre tout contact, interaction ou action de coopération ». Cette position inhabituelle reflète l’ampleur des différends qui se sont accumulés au cours des années entre les deux pays, et d’abord autour de la question du Sahara occidental.

    Dans son rapport de mars 2021 [Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental, Briefing no. 2, 11 mars 2021.]] consacré au conflit du Sahara occidental, International Crisis Group révèle que le Maroc a émis des conditions à la nomination de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en remplacement de Horst Köhler qui avait démissionné en mai 2019. Réalisant au cours du mandat de l’ancien président allemand qu’il était difficile de « contrer Berlin », Rabat ne voulait plus d’un émissaire allemand. L’intransigeance de Berlin avait déjà fait grincer les dents des diplomates marocains. Elle allait bientôt les exaspérer un peu plus : l’Allemagne a refusé d’emboiter le pas aux États-Unis sur le dossier du Sahara après l’annonce du président américain Donald Trump, le 11 décembre 2020, de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

    Quelques jours plus tard, les Allemands réaffirmaient leur détermination « à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable sous la médiation des Nations unies », avant de demander, une semaine plus tard, une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de ce dossier. Le communiqué1 du représentant allemand à l’ONU Christoph Heusgen à l’issue de cette réunion d’urgence réaffirme la centralité du processus onusien et se démarque de l’initiative américaine. Il va même plus loin en faisant endosser au Maroc l’échec du processus référendaire mis en place par l’ONU au début des années 1990, quand il affirme que « 10 000 colons ont été transférés par le Maroc dans la région qu’il occupait ». Pour Berlin, les transferts de Marocains vers le Sahara occidental pour venir grossir le corps électoral sont à l’origine de l’enlisement du processus référendaire.

    L’Allemagne rend le Maroc responsable de l’échec de l’organisation d’un référendum, mais n’en continue pas moins d’entretenir une coopération très active avec le Maroc. Elle répète à l’envi que le Maroc est son meilleur allié dans la région, et qu’il s’agit d’un pays ami avec lequel elle ne manque pas de se montrer généreuse et solidaire. Pour preuve, le 2 décembre 2020 — soit 20 jours seulement avant la publication du communiqué précité —, Berlin débloquait une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, et le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide à la lutte contre la Covid-19.

    AMBIGUÏTÉ AMÉRICAINE ET RÉTICENCE EUROPÉENNE

    Si la tension était déjà grande entre les deux pays à la fin 2020, pourquoi les autorités marocaines ont-elles attendu plus de deux mois pour réagir ? Était-ce un effet de la lettre ouverte qu’adressaient au président Joe Biden, le 17 février 2021, 27 sénateurs américains emmenés par le républicain James Inhofe et le démocrate Patrick Leahy pour l’inciter à revenir sur la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ? « Nous vous exhortons respectueusement à revenir sur cette décision malheureuse et à réengager les États-Unis dans l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental. »

    La réponse ambiguë du porte-parole du département d’État Ned Price, le 22 février, à une question sur le sujet révèle une possible prise de distance avec la position de l’équipe Trump. Après avoir exprimé l’appui et la satisfaction de l’administration Biden pour la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, Ned Price s’est empressé d’ajouter que les États-Unis « soutiennent le processus onusien pour trouver une solution juste et durable au conflit ».

    L’échange montre que si l’administration Biden n’est pas revenue sur la décision de l’administration Trump sur le Sahara occidental, elle ne le proclame pas haut et fort pour autant. Et que pour les États-Unis, l’ONU et la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) restent des acteurs centraux dans le processus de résolution du conflit.

    Un mois plus tôt, le Maroc mesurait déjà les limites de l’effet d’entrainement de l’initiative Trump. Ce 15 janvier 2021, Il espérait capitaliser sur celle-ci et organisait conjointement avec l’administration américaine en fin de course une conférence virtuelle de soutien au plan d’autonomie. Le succès de l’événement dépendait du nombre de pays participants, et surtout de leur importance géostratégique. Le moins qu’on puisse dire est que la montagne a accouché d’une souris, puisque la France était le seul pays occidental à y prendre part. Et la participation africaine était également en deçà des attentes. Par sa politique économique offensive et son adhésion à l’Union africaine en 2017, le Maroc espérait gagner des pays à sa cause saharienne. Or l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et même le Kenya étaient absents de cette conférence.

    Concernant l’autonomie du Sahara, la diplomatie allemande tient un discours bien plus nuancé que les autres pays européens qui entretiennent de très bonnes relations avec le Maroc. Dans un entretien du 12 janvier 2021 diffusé sur YouTube2, l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc Götz Schmidt-Bremme explique que le confit du Sahara « n’a que trop duré », et qu’une solution juridique est nécessaire pour que Berlin puisse encourager et soutenir les entreprises allemandes à investir dans le Sahara sans s’exposer à des plaintes déposées par le Front Polisario auprès de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Le diplomate prend soin d’expliquer que le Front Polisario doit « obtenir quelque chose » et que la solution devrait être acceptée par les deux parties.

    Si Berlin considère que le plan d’autonomie proposé par Rabat constitue une solution « réaliste et pratique », le diplomate précise toutefois qu’elle ne satisfait pas pleinement son pays. Et c’est peut-être la conclusion de l’interview qui a cristallisé le mécontentement de Rabat. L’ambassadeur y qualifie en des termes peu diplomatiques les insuffisances de la politique de régionalisation. « Il y a des voix ici au Maroc, qui disent qu’avec la régionalisation avancée nous avons le modèle pour les régions du Sud. Ça ne marche pas. »

    Cet argument met le doigt sur la principale faiblesse de la proposition d’autonomie. Le Maroc ne veut pas seulement que la communauté internationale accepte le principe d’autonomie comme unique solution au conflit. Il insiste pour que son plan d’autonomie soit accepté sans discussion. Et c’est là que le bât blesse, car même si la diplomatie marocaine parvenait à faire accepter le principe d’autonomie à la communauté internationale, il lui sera difficile d’appliquer aux Sahraouis ses institutions autoritaires. Accepteraient-ils sans sourciller la multiplication des violations des droits humains, un appareil sécuritaire qui ne rend compte qu’au roi, et une justice rendue au nom du seul souverain et qui n’est en rien indépendante du pouvoir exécutif ? Certains parlent même d’une « benalisation » du régime.

    UNE DIPLOMATIE « SÉCURITAIRE » MISE À MAL

    C’est une affaire de violation des droits humains qui a contribué à la récente crise : l’affaire Mohamed Hajib. Arrêté par les autorités marocaines, ce militant islamiste maroco-allemand a été condamné en 2010 à sept ans de prison pour terrorisme. Libéré en 2017, il est retourné en Allemagne d’où sont diffusées sur YouTube des vidéos3 dans lesquelles il dénonce des violations des droits humains au Maroc. Sa présence en Allemagne fait craindre aux autorités marocaines une seconde affaire Zakaria Moumni, du nom de cet ancien champion de kick-boxing qui, en France, avait déposé plainte pour torture contre Abdelatif Hammouchi, le directeur de la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST). L’affaire avait conduit un juge d’instruction français à convoquer Hammouchi, provoquant une immense colère des dirigeants marocains et une crise entre Paris et Rabat. Après une année d’arrêt de la coopération judiciaire entre les deux pays, la France finira par accéder à la signature d’un accord remettant en cause la compétence universelle des tribunaux français à l’égard du Maroc.

    Les craintes du Palais sont d’autant plus fondées que le dossier Mohamed Hajib pourrait être plus épineux encore. En effet, en alléguant que ses vidéos incitaient au terrorisme, la justice marocaine a demandé à Interpol, l’organisation policière intergouvernementale, d’émettre une « notice rouge » pour l’arrestation de Mohamed Hajib. La requête a été rejetée, Interpol s’appuyant sur l’avis du comité de l’ONU contre la torture de 2012. Pour le comité onusien, qui prend en compte les rapports du personnel consulaire allemand, les plaintes pour torture déposées par Hajib lors de sa détention au Maroc étaient crédibles.

    Plus grave encore : dans ses vidéos, Mohamed Hajib promet la prison aux responsables sécuritaires marocains et évoque des poursuites contre Abdelatif Hammouchi en Allemagne. Ces paroles pouvaient passer pour de la forfanterie, jusqu’à la condamnation le 24 février 2021 d’un ancien membre des services secrets syriens par la Haute Cour régionale de Coblence en Allemagne pour complicité de crime contre l’humanité. Cette condamnation souligne la volonté des tribunaux allemands de faire jouer la compétence universelle dans les cas de crimes contre l’humanité.

    Le Maroc redoute aussi que l’affaire porte atteinte à l’image de sa diplomatie « sécuritaire ». La presse favorable au régime ne cesse de mettre en avant la perspicacité des services de renseignement, dont les informations communiquées aux pays amis ont été d’une grande utilité. C’est donc la crédibilité même du renseignement marocain qui est en jeu, dans la mesure où cette presse est instrumentalisée par Rabat pour donner un caractère politique à certaines enquêtes. Le journaliste Ignacio Cembrero avait révélé dans son ouvrage La España de Ala comment les services de renseignement marocains signalaient comme terroristes islamistes des militants de la cause sahraouie.

    En donnant consigne à l’administration marocaine de bouder l’Allemagne et ses institutions présentes au Maroc, Nasser Bourita adopte une attitude conforme à la diplomatie de Mohamed VI. Une approche qui a porté ses fruits notamment avec la France et l’Espagne. Avec l’Allemagne, il est possible que le Maroc soit tombé sur un État qui refuse de considérer ce que le régime marocain appelle un « partenariat global », qui inclut la coopération économique et sécuritaire, et naturellement la reconnaissance de la marocanité du Sahara.

    Khadija Mohsen-Finan

    Politologue, enseignante (université de Paris 1) et chercheuse associée au laboratoire Sirice (Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe). Dernière publication (avec Pierre Vermeren) : Dissidents du Maghreb (Belin, 2018). Membre de la rédaction d’Orient XXI.

    Aboubakr Jamai

    Journaliste marocain, directeur du programme des relations internationales à l’Institut américain universitaire (IAU College) d’Aix-en-Provence. Il a fondé et dirigé les hebdomadaires marocains Le Journal Hebdomadaire et Assahifa Al Ousbouiya.

    Orient XXI, 24 mars 2021

    Tags : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Union Européenne,

  • Maroc : Les RME contraints de dévoiler leurs avois financières


    À partir de cette année, en septembre, le Maroc va partager les données financières de ses propres citoyens avec les autorités fiscales étrangères. Les autorités fiscales néerlandaises pourront ainsi demander les coordonnées bancaires et autres biens des citoyens marocains et néerlandais. C’est un souhait du gouvernement néerlandais depuis un certain temps. Sur les médias sociaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays d’Afrique du Nord, les Marocains ont fait beaucoup de bruit.

    Agitation

    Pour de nombreux Marocains, également ici aux Pays-Bas, la nouvelle était inattendue. Sur les groupes Facebook, certaines personnes ont réagi avec déception.

    Après les reportages dans les médias marocains, il y a eu beaucoup de confusion. Les gens ont été choqués par les amendes importantes, mais dans ces articles, des exemples français ont été mentionnés », déclare la correspondante au Maroc Samira Jadir au Bureau des Etrangers.

    Convention fiscale internationale

    Le gouvernement de Rabat a déjà accepté, il y a deux ans, des accords internationaux visant à rendre possible l’échange d’informations entre les services fiscaux. Mais les nouvelles règles ne seront appliquées qu’après l’été.  »Le Maroc a adopté une loi au début de l’année qui rendra la chose possible maintenant », explique le correspondant au Maroc.  »Les Marocains résidant à l’étranger devront alors également déclarer leurs avoirs au Maroc dans le pays où ils vivent. Cela s’applique déjà aux Marocains français, qui ont déjà signé un traité avec le Maroc. Il existe déjà une obligation légale de remplir une déclaration aussi complète que possible, mais jusqu’à présent, les autorités fiscales néerlandaises n’étaient jamais en mesure de la vérifier.

    Investissements au Maroc

    La diaspora marocaine contribue de manière significative à l’économie du pays. Même en 2020, année coronaire, les Marocains de l’étranger ont transféré plus de sept milliards d’euros vers leur pays d’origine. Le Maroc est également une destination de vacances populaire pour de nombreux Marocains européens. Il est donc extrêmement important pour Rabat de maintenir l’engagement de la communauté d’outre-mer, qui représente, selon les estimations, plus de 10 % de la population totale. Il existe même un ministre responsable des ressortissants hors des frontières marocaines. On a donc longtemps pensé que le royaume d’Afrique du Nord ne signerait jamais un traité fiscal international permettant de partager les informations de ses propres citoyens avec d’autres pays.

    Selon M. Jadir, il n’est pas certain que le Maroc perde beaucoup de recettes pour le trésor public, car les gens transféreront moins d’argent à partir de cette année. Le Maroc s’attend à ce que ses propres recettes fiscales augmentent également. Dans l’autre sens, il est également intéressant pour le Maroc de prélever des impôts sur l’épargne des Marocains de l’étranger.

    NPO Radio1, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, Pays Bas, Europe, Union Eur

  • L’opération IRINI et la recherche de la paix en Libye

    21/03/2021 – Blog HR / VP – Un an s’est écoulé depuis le lancement de l’opération navale IRINI de l’UE. Les 18 et 19 mars, j’ai visité le siège d’IRINI à Rome, la base aérienne de Sigonella et l’un de nos quatre navires actuellement en mer – le FGS Berlin. Ma visite intervient à un moment critique pour la Libye et les efforts internationaux pour soutenir la recherche de la paix: nous commençons à voir une phase plus encourageante.

    J’ai déjà dit que le conflit libyen était devenu «un théâtre de guerres par procuration», juste aux portes de l’UE. En tant qu’UE, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour aider à mettre un terme aux combats et soutenir un véritable règlement politique, même si nous savons à quel point cela sera difficile.

    Après 10 ans de conflit en Libye, le pays et sa population ont une nouvelle chance: un accord de cessez-le-feu est en place, un processus politique est en cours, des élections sont prévues pour la fin de l’année et un gouvernement intérimaire vient de prêter serment. . – Je suis fier que l’Union européenne ait pu contribuer à ces évolutions positives, notamment par l’intermédiaire de l’opération IRINI.

    Au quartier général de l’opération à Rome, j’ai eu l’occasion de voir comment l’Opération surveille et suit les navires et avions soupçonnés de violer l’embargo sur les armes de l’ONU et coordonne l’action en mer. À Rome, j’ai également rencontré le ministre des Affaires étrangères Di Maio et le ministre de la Défense Guerini, que j’ai remercié pour la contribution de l’Italie à l’un des plus importants engagements opérationnels européens à notre porte. Nous avons eu l’occasion de discuter également d’autres questions importantes qui sont actuellement à l’ordre du jour.

    À la base aérienne de Sigonella et à bord de l’un des quatre navires actuellement déployés en Méditerranée centrale, le FGS Berlin, j’ai rendu hommage au travail acharné de toutes les femmes et tous les hommes participant à cette opération. À bord du navire allemand, le FSG Berlin, j’ai également parlé avec le ministre Kramp-Karrenbauer et exprimé ma gratitude pour la contribution de l’Allemagne à l’opération et plus largement au processus de paix en Libye.

    « Des moyens navals de France, d’Italie, de Grèce et d’Allemagne; une équipe d’arraisonnement lituanienne servant sur un navire allemand; un avion luxembourgeois à côté d’un avion polonais; un personnel de six nationalités différentes travaillant ensemble dans la même salle du Centre d’opérations conjoint La défense européenne en action. « 

    Dans le même temps, avec 24 États membres contribuant à l’opération, l’opération IRINI est une entreprise véritablement européenne. Les moyens navals de France, d’Italie, de Grèce et d’Allemagne; une équipe d’arraisonnement lituanienne servant sur un navire allemand; un avion luxembourgeois à côté d’un avion polonais; du personnel de six nationalités différentes travaillant ensemble dans la même salle du Centre d’opérations conjoint: c’est l’Europe de la défense en action.

    Application de l’embargo sur les armes à la Libye

    Permettez-moi de rappeler comment l’UE en est venue à lancer IRINI. En janvier 2020, lors de la conférence de Berlin sur la Libye, la mise en œuvre de l’embargo des Nations unies sur les armes a été reconnue comme une priorité. Tant que les armes affluent en Libye, il est difficile de construire une paix durable. L’UE a pris la décision d’agir. Ce n’était pas un processus facile. Certains craignaient le soi-disant «facteur d’attraction» pour les migrants, qui en fait ne s’est jamais concrétisé. Il a fallu du temps pour expliquer, convaincre et rassurer. Atteindre l’unanimité est souvent difficile, mais nous avons réussi. En collaboration avec les États membres, nous avons effectué toute la planification nécessaire en seulement six semaines, et l’UE a pu lancer l’opération IRINI le 31 mars 2020.

    « Les navires, avions et aéronefs sans pilote d’IRINI ont patrouillé en Méditerranée centrale, effectuant plus de 2 300 appels, près de 100 approches amicales et 9 inspections. »

    Tout au long de l’année dernière, les navires, avions et aéronefs sans pilote d’IRINI ont patrouillé en Méditerranée centrale, effectuant plus de 2 300 appels, près de 100 approches amicales et 9 inspections. IRINI a également saisi une cargaison illégale et empêché une exportation illégale de carburant.

    Avec IRINI, nous contribuons également plus largement à la sécurité maritime dans un domaine d’intérêt stratégique pour l’Europe. C’est ce que nous faisons également avec l’opération Atalanta au large des côtes de la Somalie ou dans le golfe de Guinée avec les nouvelles Présences maritimes coordonnées. Alors que le domaine maritime devient une arène pour une plus grande concurrence géopolitique, notre engagement en mer est important pour la sécurité de l’Europe et de nos citoyens.

    IRINI surveille les violations de l’embargo des Nations Unies sur les armes en Libye survenant en mer mais aussi sur terre et par air. Au cours de la seule année écoulée, il a suivi 16 ports et installations pétrolières libyens, 25 aéroports et pistes d’atterrissage et près de 200 vols soupçonnés de transporter des cargaisons militaires à destination et en provenance de la Libye. À cette fin, IRINI peut également s’appuyer sur les informations fournies par le Centre satellitaire de l’Union européenne (EU SATCEN), démontrant ainsi l’importance de cette capacité pour la sécurité européenne.

    L’Opération IRINI partage cette information cruciale avec les Nations Unies. À ce jour, IRINI a envoyé plus de 20 rapports classifiés au Groupe d’experts des Nations Unies sur les violations de l’embargo des Nations Unies sur les armes. Cependant et malgré tous nos efforts, le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies publié cette semaine a conclu que cet embargo est «totalement inefficace». Nous le savons, malheureusement. Ceci est parfaitement cohérent avec notre propre évaluation et confirme la nécessité d’une opération comme IRINI. Le rapport reconnaît également la bonne coopération avec l’opération IRINI, seul acteur qui applique l’embargo sur les armes et sert en même temps de dissuasion. Nous devons donc intensifier et élargir nos efforts.

    Il convient de rappeler qu’IRINI ne peut inspecter les navires suspects que conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et au droit international de la mer. Il ne peut pas intervenir à terre, ni intercepter les avions. Mais nous savons exactement ce que font les spoilers car IRINI les surveille. Il appartient maintenant au Conseil de sécurité d’agir à la lumière de ce rapport. Il est essentiel que tous les États membres de l’ONU respectent leurs obligations de mettre en œuvre l’embargo sur les armes et que tous les États du pavillon se conforment à l’appel du Conseil de sécurité à coopérer avec les inspections.

    Le mandat de l’opération IRINI devrait être renouvelé pour deux ans supplémentaires. Nous continuerons de surveiller les navires suspects, quelle que soit leur provenance. Conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, nous effectuerons des inspections avec le plus haut degré de professionnalisme.

    La Libye est aujourd’hui plus stable qu’avant, mais elle n’est pas encore en paix. Il y a une fenêtre d’opportunité pour la Libye, qu’il faut saisir. En tant qu’UE, nous sommes prêts à faire plus pour aider à mettre fin au conflit et à soutenir davantage le processus de paix dirigé par l’ONU.

    Reliefweb, 21 mars 2021

    Tags : Libye, IRINI, Union Européenne, UE, embargo,

  • « L’opération Irini a un an et la situation en Libye est bien meilleure qu’il y a un an » (Borrell)

    La migration est une question importante pour toute l’Europe : Borrell
    Nous devons faire comprendre à tous les États membres qu’ils doivent contribuer à partager le fardeau », déclare le chef de la politique étrangère de l’UE.

    Le chef de la politique étrangère de l’UE a déclaré vendredi que la migration était une « question importante » pour l’ensemble de l’Europe.

    « Nous devons traiter le problème de la migration comme un problème européen. Nous devons faire comprendre à tous les États membres qu’ils doivent contribuer à partager la charge », a déclaré Josep Borrell lors d’une conférence de presse à l’aéroport de la base aéronavale de Sigonella, en Sicile (Italie).

    « C’est l’objectif du nouveau pacte sur les migrations que la Commission, et moi-même, en tant que membre de la Commission, avons proposé aux États membres, qui en discutent encore », a-t-il ajouté.

    Concernant l’opération Irini, l’initiative de l’UE visant à mettre en œuvre un embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Libye, M. Borrell a déclaré : « L’opération Irini a un an et la situation en Libye est bien meilleure qu’il y a un an ».

    « La décision de la communauté internationale de contrôler l’embargo sur les armes a contribué à la stabilité en Libye », a-t-il ajouté.

    Notant que l’opération ne concernait pas la migration, il a déclaré : « Lorsque nous avons lancé l’opération Irini, certains États membres craignaient qu’Irini ne crée une sorte d’effet d’attraction : ‘Vous envoyez des bateaux et les bateaux attireront les migrants parce que s’ils savent qu’il y a un bateau, ils seront sauvés par le bateau’. Et j’ai dû consacrer beaucoup de temps et de travail politique pour les convaincre qu’Irini pouvait travailler à faire respecter l’embargo sur les armes sans créer d’effet d’attraction. »

    « Irini n’a pas été impliqué dans les questions relatives aux migrants », a-t-il ajouté. « Elle a fait son travail : l’embargo sur les armes et, en même temps, elle a essayé d’aider et de former les garde-côtes libyens pour que ces derniers fassent partie de la solution au problème ».

    « Irini est prête à accroître ses efforts pour former les garde-côtes libyens, fournir des moyens et assurer la formation », a-t-il déclaré.

    « La migration est un problème important pour l’Italie, c’est un problème important pour la Sicile, la solution doit venir de l’Europe et nous devons engager tous les États membres », a-t-il ajouté.

    Notant l’importance « d’essayer de sauver des vies, de lutter contre la migration irrégulière, de lutter contre les passeurs », il a dit « en même temps d’ouvrir des voies pour la migration régulière. »

    Plus tôt vendredi, le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a exhorté l’Europe à « jouer un rôle plus actif et plus important » dans la crise migratoire, dans un article qu’il a rédigé pour le Conseil européen des relations étrangères (ECFR).

    Anadolou Agency, 20 mars 2021

    Tags : Libye, Union Européenne, UE, migration, Josep Borrell, embargo sur les armes,

  • La contrepartie économique fait échouer l’accord de pêche entre l’UE et la Mauritanie

    Inquiétude du secteur galicien face à l’échec du septième tour, qui reporte à avril l’espoir de rester dans les zones de pêche

    La septième tentative de la Commission européenne et de la Mauritanie pour renouveler un accord de pêche qui a déjà été prolongé deux fois a échoué. Le sommet que les deux délégations ont tenu à Las Palmas de Gran Canaria n’a pas permis de résoudre le désaccord économique entre les deux parties. Bruxelles veut réduire de près de la moitié la dotation économique, étant donné que c’est plus ou moins le profit que la flotte communautaire fait du pacte actuel. Et bien que le pays africain ait revu ses attentes à la baisse, il ne considère pas la proposition de la Commission comme pingre.

    Le Parlement européen et, surtout, le secteur espagnol, qui fait partie des catégories de pêcheurs qui utilisent les possibilités accordées par l’accord – et dans certains cas plus qu’ils ne l’avaient fait – exhortent les négociateurs communautaires à chercher d’autres moyens de rentabiliser l’accord. Ils évoquent, par exemple, une révision des zones dans lesquelles la flotte peut opérer. Ou encore intégrer de nouveaux stocks jusqu’alors interdits à la flotte communautaire, comme c’est le cas des céphalopodes. Ou lancer l’autorisation de commercialisation de l’huile de poisson.

    La chef de la délégation de négociation de l’UE, Veronika Veits, a assuré aux députés qu’ils recherchent des solutions et des formules imaginatives pour maintenir ce qui, a-t-elle admis, est le plus important accord de pêche durable que l’UE a avec un pays tiers, vital pour certaines flottes qui n’ont pas d’autre lieu de pêche, sans perdre de vue son importance géopolitique, comme l’avait rappelé le Galicien Francisco Millán Mon.

    L’échec de ce septième cycle inquiète le secteur de la pêche galicien – composé d’une demi-douzaine de chalutiers congélateurs et d’un peu plus d’une douzaine de palangriers de fond et de chalutiers qui capturent et vendent de la légine australe et des colombes fraiches – car les délais sont très courts.

    Le protocole expire le 15 novembre et le huitième tour ne se tiendra pas avant avril. L’inquiétude est encore plus grande après avoir entendu Veits verbaliser quelque chose qui, au fond d’eux-mêmes, ils avaient presque supposé :  » Il n’y aura pas de troisième extension « . Par conséquent, soit un accord est conclu, soit le 15 novembre, ils devront quitter les lieux de pêche.

    La Voz de Galicia, 21 mars 2021

    Tags : Mauritanie, Union Européenne, UE, pêche,