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  • Maroc : Profs poursuivis pour « sexe contre bonnes notes »

    Maroc : Profs poursuivis pour « sexe contre bonnes notes » – Université, notes, sextorsion, sexe,

    L’affaire a été relayée en septembre par des médias marocains, après la diffusion sur les réseaux de messages échangés entre un des enseignants universitaires impliqués et ses étudiantes.
    Quatre professeurs d’université ont comparu mardi devant la justice marocaine accusés de chantage sexuel sur des étudiantes en échange de bonnes notes, un scandale inédit qui éclabousse l’institution universitaire, a-t-on appris de source proche du dossier.

    «Violence contre des femmes»
    L’affaire dite du «sexe contre des bonnes notes» a été relayée en septembre par des médias locaux après la diffusion sur les réseaux sociaux de messages échangés entre un des professeurs poursuivis et ses étudiantes.

    Depuis, trois universitaires ont été incarcérés. Les deux autres ont été laissés en liberté provisoire.

    Quatre des accusés, enseignants à l’université Hassan Ier de Settat, ville proche de Casablanca, font face à de lourdes charges: «incitation à la débauche», «discrimination fondée sur le genre», «violence contre des femmes», a indiqué à l’AFP la même source. Leur procès a été ajourné au 14 décembre, selon les médias.

    Le cinquième, qui est en état d’arrestation, est poursuivi pour «attentat à la pudeur avec violence», un chef d’accusation plus grave.

    Il doit comparaître mercredi en première instance devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Settat, a précisé la source proche du dossier.

    Plusieurs cas de harcèlement sexuel
    Ces dernières années, plusieurs cas de harcèlement sexuel subi par des étudiantes de la part de leurs professeurs au sein des universités marocaines ont été médiatisés mais souvent sans que des plaintes ne soient déposées. Et quand elles l’ont été, la plupart sont restées sans suite.

    Porter plainte contre son agresseur est une démarche très rare dans une société conservatrice qui pousse le plus souvent les victimes de violences sexuelles à se taire, par peur de représailles, du regard des autres ou pour sauvegarder la réputation de la famille.

    Les associations de défense des droits humains et les médias tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur les violences infligées aux femmes marocaines.

    En 2018, après des années de vifs débats, une loi est entrée en vigueur. Pour la première fois, elle rend passible de peines de prison des actes «considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement».

    Le texte a toutefois été jugé «insuffisant» par les mouvements de défense des droits des femmes qui appellent à plus de sévérité face à ce fléau.

    Le Matin (Suisse), 07/12/2021

    #Maroc #Université #Examens #Notes #sextorsion #Sexe

  • Une université algérienne dans le Top 10 des meilleures d’Afrique en 2021

    L’Algérie a toujours du mal à classer ses universités parmi le meilleurs universités dans le monde. Dans son dernier classement « The University Impact Rankings 2021 », publié par le journal anglais Times Higher Education (THE), c’est l’université de Sétif qui se distingue des autres universités algériennes en arrivant au 10e rang africain, loin derrière les facultés sud-africaines, égyptiennes et nigérianes.

    Elles sont 10 universités algériennes à apparaitre dans le dernier « The University Impact Rankings 2021 » publié par le magazine britannique The Times. L’édition 2021, qui classe plus de 1500 établissements à travers 93 pays dans le monde, est basée sur 13 indicateurs de performance soigneusement calibrés qui mesurent la performance d’un établissement dans quatre domaines : l’enseignement, la recherche, le transfert de connaissances et les perspectives internationales.

    L’université Ferhat Abbas de Sétif s’est classé parmi les meilleures 501-600 premières universités dans le monde. En Afrique, l’université de Sétif arrive au 10e rang continental loin derrière l’université du Cap en Afrique du Sud (1ère en Afrique), seule université africaine à se classer dans la ligue des 200 meilleures universités du monde. L’université d’Oran 1, se classe comme la 2ème meilleure université en Algérie en arrivant entre les 801e et 1000e rangs mondiaux.

    Classement des dix meilleures universités en Algérie:

    Notons que les universités de Béjaïa, Biskra, Blida 1, Constantine, Boumerdès, Bab Ezzouar (53e niveau africain), Mohamed Boudiaf d’Oran et de Tlemcen se classent toutes au-delà de la 1000e place. Le classement des meilleures universités algériennes, selon le Times, se présente comme suit :

    Université Ferhat Abbas de Sétif (10e en Afrique)
    Université Oran1 Ahmed Ben Bella (25e au niveau africain)
    Université Abderrahmane Mira de Béjaïa (32e au niveau africain)
    Université Mohamed Khider de Biskra(33e au niveau africain)
    Université Saâd Dahlab de Blida ( 34e au niveau africain)
    Université Université Frères Mentouri de Constantine (37e au niveau africain)
    Université M’hamed Bougara de Boumerdès (46e au niveau africain)
    Université des sciences et des technologies Houari Boumediène de Bab Ezzouar (53e niveau africain).
    Université des sciences et de la technologie Mohamed Boudiaf d’Oran (54e au niveau africain)
    Université Abou Bekr Belkaid de Tlemcen (60e au niveau africain)

    Il est à noter que 61 universités africaines sont présentes dans ce classement. Elles sont issues de dix pays africaines : Égypte (21), Afrique du Sud (10), Algérie (10), Tunisie (6), Maroc (5), Nigeria (5), Botswana (1), Ghana (1), Kenya (1) et Ouganda (1).

    Au niveau mondial, c’est l’université d’Oxford qui domine le classement. Elle est suivie par les universités américaines de Stanford, de Harvard, l’Institut de technologie de Californie et Massachusetts Institute of Technology, respectivement classées 2e, 3e, 4e et 5e.

    Algérie-expat, 12/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Afrique, université, classement, Université Ferhat Abbas,

  • Algérie/ Le parcours du combattant

    par Kamal Guerroua


    Quelle est l’utilité d’un diplôme universitaire en Algérie ? Une formation à la fac permet-elle des débouchés sérieux pour les jeunes «instruits» en quête d’emploi ? Ou est-ce quasiment le contraire ? Selon une enquête réalisée, entre novembre 2018 et mars 2019, par l’ONG «Education For Employment», dans le cadre du projet «Building Algerian Youth’s Future», à laquelle ont participé près de 2.160 personnes, la perspective de l’emploi reste minime, voire dure pour les jeunes Algériens. Cette étude du marché ayant ciblé des villes du Sud, telles que Aïn Salah, Béchar, Ghardaïa, Illizi, Ouargla, Tamanrasset ainsi que deux villes du Nord, Bou Arréridj et Oran, a consisté en des entretiens individuels avec les parties représentatives du secteur privé, institutionnel et académique, avec la distribution d’enquêtes quantitatives auprès de 1.475 demandeurs d’emploi.

    En effet, le recours à l’intelligence artificielle a permis de recueillir et d’analyser plus de 30.000 offres d’emploi dont 4.824 dans les wilayas ciblées par l’étude, en termes de répartition géographique, métiers, professions, compétences demandées et niveau d’éducation requis. Ainsi, apprend-on de l’enquête, que pas moins de 75% des chômeurs de sexe masculin recourent au marché informel pour trouver du travail ! Chiffre qui donne froid dans le dos. Puis, dans une ville stratégique (deuxième du pays), comme Oran par exemple, 61% des jeunes chômeurs cherchent à faire des formations de court cycle dans l’enseignement supérieur pour bénéficier davantage d’opportunités professionnelles.

    Sachant que ces formations-là ne permettent pas «vraiment» à ces derniers d’espérer un avenir meilleur puisque le métier qui leur échoit généralement dans le marché n’est autre que «vendeur dans un magasin» ou «serveur dans un restaurant» ! La même source indique, de surcroît, que pas moins de 69% des chômeurs de sexe féminin recourent aux parents, amis ou au «piston» comme on dit, pour espérer trouver du boulot. Pareil constat a été, aussi, dressé dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, où, environ 46% des chômeurs cherchent une formation de cycle court à l’université. Mais, curieusement, il paraît également que le métier qui permet facilement des débouchés à ces derniers, n’est autre que celui du «manutentionnaire» !

    En gros, les débouchés pour les jeunes chômeurs diplômés de la région sont rares, pour ne pas dire presque introuvables. Aussi, l’enquête précise que, comme à Oran, les chômeurs de B. B. Arréridj préfèrent le secteur informel, plus accessible et moins bureaucratisé à celui du privé ou de l’Etat. D’ailleurs, pas moins de 59% de chômeurs de sexe masculin y recourent alors que 93% des chômeurs de l’autre sexe comptent sur les connaissances personnelles, parents ou amis dans leur recherche d’emploi.

    Cela dit, les critères «compétence» «qualification» et «diplôme» ne sont plus pris en compte, du moins dans ces deux wilayas, pour décrocher un poste d’emploi. Au demeurant, ces amers résultats dressés à Oran et à Bordj Bou Arréridj ne diffèrent pas énormément, d’après l’ONG chargée de cette enquête, de celui du reste du pays.

    Le Quotidien d’Oran, 06 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, diplômes, chômage, jeunesse, formation professionnelle, université, compétence,

  • Le Sénat français vote l’”interdiction des prières” a l’université

    Le Sénat français a voté mercredi l’interdiction des prières dans les couloirs des universités.

    Outre l’interdiction des prières a l’université perçue comme une stigmatisation de trop a l’endroit des musulmans, la droite sénatoriale a voté des amendements visant a interdire le port du voile islamique dans les compétitions nationales officielles.

    Des amendements qui valent a la droite des accusations de viser bel et bien indirectement les musulmans.

    A noter que le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer et la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu se sont opposés a ces amendements qui s’apparentent a des restrictions contre la communauté musulmane établie dans l’Hexagone.

    Froid dans le dos
    Le Sénat n’a en revanche pas adopté un amendement porté par le LR Jérôme Bascher (Oise) visant a interdire le port du voile, ou tout signe “ostentatoire ou prosélyte”, a l’université.

    Cet amendement a «fait froid dans le dos» du centriste Loïc Hervé (Haute-Savoie) et a suscité le rejet aussi bien de Jean-Michel Blanquer que de Stéphane Piednoir. Pour le rapporteur, «la situation n’est pas comparable» a celle de l’école, notamment parce que les étudiants «sont de jeunes adultes».

    La gauche en colère
    «On est en train de jeter l’opprobre sur tout ce qui se passe a l’université, ce qui s’est passé et ce qui se passera demain», a déploré la communiste Cécile Cukierman (Loire), tandis que la socialiste Sylvie Robert (Ille-et-Vilaine) dénonçait «une forme de surenchère politique qui devient préoccupante parce que ça rate sa cible».

    Echourouk Online, 10 avr 2021

    Etiquettes : France, Islam, islamophobie, séparatisme, Emmanuel Macron, université, prière,

  • Sciences Po change

    Le prestigieux institut français d’études politiques a été accusé d’ »islamo-gauchisme », notamment parce qu’il a commencé à traiter différemment les questions liées à la race et au sexe.

    Sciences Po, le prestigieux institut français d’études politiques où sont sélectionnées, formées et promues les élites dirigeantes du pays, est en train de changer. Ses étudiants font depuis longtemps preuve d’un militantisme politique plus actif que par le passé, notamment sur les questions liées à la race, au genre et au post-colonialisme, qui font désormais partie du programme de l’institut.

    C’est précisément pour cette raison que Sciences Po a été accusé – ainsi que le monde universitaire français en général – d’islamo-gauchisme, la prétendue et indéfinie proximité des intellectuels et des partis de la gauche radicale avec les milieux islamistes (gauche signifie « gauche »). Les critiques proviennent non seulement de la droite et de ses différentes branches dans la sphère universitaire, mais aussi du gouvernement du président Emmanuel Macron.

    Pourquoi ils en parlent

    En février dernier, Frédéric Mion, directeur du prestigieux Institut d’études politiques de Sciences Po à Paris, a démissionné à la suite d’un scandale d’abus sexuels impliquant l’ancien président de la Fondation qui contrôle Sciences Po, Olivier Duhamel. Mion avait nié avoir eu connaissance des allégations d’abus portées contre Duhamel par sa belle-fille, l’avocate Camille Kouchner, qui en avait parlé dans un livre publié début janvier. Il avait alors été révélé que Mion était au courant des abus depuis 2018.

    A partir de cette histoire, explique Le Monde, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’institut – qui compte dix antennes dans autant de villes françaises – ne fasse parler de lui.

    Le 22 mars dernier, le collectif féministe de Sciences Po Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiantes ont demandé l’exclusion de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) du partenariat avec leur institut en raison des « nombreuses ambiguïtés » de l’organisation en matière d’ »islamophobie » et de « laïcité ». La LICRA est une organisation non gouvernementale basée à Paris ; les critiques du collectif et du syndicat de Sciences Po font notamment référence à un débat qui avait été organisé en décembre 2020 dans un lycée de Besançon, à l’est de Dijon, à l’occasion de la Journée de la laïcité.

    La réunion avait été critiquée par les parents et les enseignants, qui avaient envoyé une lettre très dure au directeur de l’école dans laquelle ils demandaient l’exclusion de la LICRA des futures initiatives de l’école, l’organisation d’une nouvelle Journée de la laïcité et la publication d’un communiqué officiel par l’école pour se distancer de certains concepts exprimés par les représentants de la LICRA pendant la conférence.

    Par exemple, les représentants de la LICRA ont expliqué que l’organisation « combat toutes les formes de racisme (y compris le racisme contre les Blancs) et d’antisémitisme (y compris l’antisionisme). Nous combattons ce qui met en danger notre République, l’extrême droite identitaire, l’islamisme et l’extrême gauche. » Et encore, « (…) on peut aussi bien avoir peur de l’islam que des araignées ».

    Ce n’est pas la première fois que la LICRA est accusée de ne pas être une organisation laïque et de propager au contraire les idées qu’elle prétend combattre.

    Dans leur communiqué, les étudiants de Sciences Po soutiennent que la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme doit être une priorité et que les institutions comme celle dans laquelle ils étudient « doivent s’entourer de collectifs et d’associations dont le travail est à la hauteur de la lutte ». La LICRA n’en fait pas partie. »

    Un autre épisode très discuté remonte au 18 mars et concerne le bâtiment de Sciences Po à Strasbourg. Ce jour-là, le syndicat étudiant de droite UNI a critiqué la direction de l’institut pour avoir exclu le nom de Samuel Paty de la liste finale pour le « nom de promotion ». Paty est le professeur français décapité le 16 octobre dernier dans une attaque terroriste parce qu’il était accusé d’avoir montré à ses étudiants des caricatures du prophète Mahomet, ce qui n’avait pas eu lieu.

    C’est une tradition à Sciences Po : après quelques mois de vie commune, les étudiants de première année organisent un vote pour baptiser symboliquement leur classe pour les quatre prochaines années. Le choix doit répondre à deux conditions : la personne doit être décédée, et il ne doit pas s’agir d’une personnalité « clivante ». Un autre critère est l’alternance des genres, et la classe précédente avait choisi le nom de l’écrivain et illustrateur Tomi Ungerer. Les personnalités proposées lors du premier tour de scrutin étaient majoritairement des femmes, mais quelques noms masculins figuraient également sur la liste, dont celui de Samuel Paty. Des noms qui, comme ceux des femmes déjà choisies les années précédentes, ont cependant été exclus de la liste finale par décision unilatérale de l’institut, pour suivre la règle de l’alternance. Au final, le nom le plus voté a été celui de Gisèle Halimi, avocate féministe d’origine tunisienne décédée l’année dernière.

    UNI a dénoncé ce qui s’était passé comme étant « révélateur de ce qui se passe depuis des années à Sciences Po à Strasbourg » : « L’idéologie et les militants de l’extrême gauche dictent la loi et n’hésitent pas à piétiner la mémoire d’un martyr de la liberté ». UNI a contesté le fait que l’alternance du genre dans le choix des noms est une pratique, et non une obligation, donc s’ils l’avaient voulu le choix aurait pu tomber aussi sur Paty.

    Ces deux épisodes sont survenus après deux autres événements qui avaient eu beaucoup plus de résonance.

    La première a été la naissance du mouvement #sciencesporcs, le 7 février, à l’initiative d’une ancienne étudiante de Sciences Po Toulouse, la blogueuse féministe Anna Toumazoff. Toumazoff voulait dénoncer la « culture du viol » et la « complicité » des administrations des différentes institutions de Sciences Po dans la couverture systématique et la non sanction des auteurs de violences sexistes. La seconde a été l’apposition d’affiches à Sciences Po Grenoble, le 4 mars, avec les noms de deux professeurs accusés de « fascisme » et d’ »islamophobie ». Le syndicat étudiant US, d’extrême gauche, avait demandé la suspension d’un cours de l’un de ces deux professeurs.

    Tous ces épisodes, conclut Le Monde, montrent une évolution de Sciences Po, ou du moins une évolution de la part de ceux qui fréquentent l’institut vers une plus grande conscience politique. Ses détracteurs, en revanche, parlent de « politisation ».

    Militantisme

    « Je vois la formation de vrais militants dont les objectifs ont changé. C’est un marqueur générationnel qui n’est pas spécifique à notre éducation », a par exemple déclaré Jean-Philippe Heurtin, directeur de Sciences Po à Strasbourg. Anthonin Minier, étudiant en première année à Sciences Po à Paris et représentant des écologistes, a déclaré que parmi les étudiants, le pourcentage de ceux qui se disent proches ou engagés dans un parti ou un syndicat traditionnel est très faible.

    Des questions telles que les discriminations sociales, de genre et raciales sont entrées dans les débats entre étudiants, mais aussi dans les filières, et des collectifs se sont créés : « Les instituts d’études politiques ne sont plus des clubs d’hommes » et le pourcentage d’étudiantes est très élevé, explique Vincent Tiberj, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux. « Le genre, maintenant, est quelque chose de significatif (…) C’est aussi démontré par #sciencesporcs. »

    Pour Francis Vérillaud, qui a dirigé les relations internationales de l’institut parisien pendant vingt-cinq ans, l’année à l’étranger, obligatoire depuis le début des années 2000, peut en partie expliquer cette nouvelle attitude : « Sciences Po a été interpellé par ses propres étudiants, qui se sont beaucoup internationalisés. Lorsqu’ils reviennent d’une année passée au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas ou en Allemagne, où les questions de violence sexuelle et sexiste sont abordées dans les universités, ils apportent leur propre contribution. »

    Depuis, Sciences Po a modifié ses critères d’admission pour en démocratiser l’accès, augmenté ses bourses, les instituts se sont adaptés aux standards internationaux, et les formations principales (histoire, sociologie, sciences politiques et droit) se sont enrichies de nouvelles matières : « Penser faire Sciences Po uniquement pour passer le concours de l’École nationale d’administration (l’ENA, chargée de former la fonction publique française, ndlr) est un faux mythe », explique Yves Déloye, directeur de Sciences Po Bordeaux. « Les concours administratifs, qui ont été au cœur de la création des instituts après la guerre, n’attirent plus qu’un tiers de nos étudiants. Les autres aspirent à des carrières de plus en plus diversifiées : en entreprise, dans les ONG, dans l’économie sociale et solidaire. »

    A Sciences Po, le profil des enseignants a également évolué, et ils sont de plus en plus recrutés parmi les universitaires et les chercheurs plutôt que parmi les personnalités politiques et économiques :  » Je me souviens du grand cours d’économie de deuxième année de Michel Pébereau (président de la Banque Nationale de Paris, ndlr). Il distribuait une conférence de 1986. Mais nous sommes en 1993 et, entre-temps, le mur de Berlin est tombé. Mais dans ce monde d’élite, le temps semblait suspendu », a déclaré un ancien élève.

    Les accusations

    En janvier dernier, Il Foglio a repris une enquête publiée dans Le Figaro, le principal journal de la droite française.

    L’enquête, selon Il Foglio, « lève le voile sur l’incursion inquiétante de l’idéologie décoloniale et de la pensée indigéniste au sein de Sciences Po. » Brice Couturier, journaliste à France Culture, avait déclaré à Il Foglio que « la mode américaine de la culture de l’annulation et de la gauche ‘woke’ nous pénètre aussi, dans les centres de l’élite ». Nous sommes confrontés à quelque chose de terrifiant. (…) Imposer la victimisation à l’américaine dans nos cultures et nos pays est une aberration historique, mais cela fonctionne, car c’est à la mode. Le comportement des « réveillés » rappelle celui des gardes rouges de la révolution culturelle maoïste. Ils remettent en question leurs professeurs, créent des groupes de pression, imposent une idéologie fondée sur la race et sont hostiles à la méritocratie. Ils ne sont pas nombreux, mais ils terrorisent la masse des étudiants. »

    Ce sont plus ou moins les accusations portées contre Sciences Po, et l’ensemble du monde universitaire français.

    En février, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a déclaré que l’islamo-gauchisme « est une gangrène pour l’université (…) Non, en fait c’est une gangrène pour toute la société », et a annoncé qu’elle voulait lancer une enquête sur le phénomène en demandant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « une évaluation de toutes les recherches » et sur la présence de professeurs islamo-gauchistes dans les universités ; « essentiellement des professeurs qui travaillent sur les questions postcoloniales, de genre et de race », a expliqué la journaliste et chercheuse Catherine Cornet sur Internazionale, ajoutant comment, à partir des attentats islamistes survenus en France et de la propagande de l’extrême droite sur le rapport entre terrorisme et religion, certains arguments ont « commencé à faire leur chemin dans le parti La République en marche du président Macron. »

    La proposition du ministre a été très critiquée par le monde universitaire français, et pas seulement : dans un communiqué, la Conférence des chanceliers d’université (Cpu) a écrit que l’islamo-gauchisme n’est pas un concept, mais « une pseudo-notion dont on chercherait en vain un début de définition scientifique, et qu’il serait opportun de laisser (…) à l’extrême droite qui l’a popularisée ». La déclaration indique également : « La Cpu demande au gouvernement d’élever le niveau du débat. Si elle a besoin d’analyses, de thèses différentes et de discours scientifiques étayés pour dépasser les représentations caricaturales et les discussions de salon, les universités sont à sa disposition. Même si le débat politique n’est pas scientifique par nature, cela ne veut pas dire qu’il ne peut rien dire. »

    A son tour, le CNRS a déclaré que l’expression islamo-gauchisme ne correspond à aucune réalité scientifique, a condamné « fermement ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique ou stigmatiser certaines communautés scientifiques » et a condamné en particulier la tentative de délégitimer divers domaines de recherche, tels que les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme « race ».

    Cependant, le CNRS a accepté la proposition de Vidal de réaliser une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme. Catherine Cornet a résumé les résultats : « Grâce au Politoscope, un outil développé par le CNRS pour étudier le militantisme politique en ligne, plus de 290 millions de messages politiques postés de 2016 à aujourd’hui par plus de onze millions de comptes Twitter ont été analysés. Et c’est finalement le gouvernement qui se retrouve sur le banc des accusés : l’étude du CNRS l’accuse en effet de donner de l’espace aux thèmes les plus agressifs de l’extrême droite ».

    Selon le CNRS, le terme a été utilisé comme une « arme idéologique » pour frapper et discréditer un groupe social particulier, tout en transmettant à l’opinion publique un sentiment d’anxiété associé à un danger imminent : « Son utilisation vise à polariser l’opinion publique autour de deux camps déclarés incompatibles et entre lesquels il faudrait choisir : d’un côté les défenseurs de la loi et des valeurs républicaines, de l’autre les traîtres aux valeurs françaises et les alliés d’un ennemi sanglant. La construction même du terme reflète cette ambition. »

    Le Cnrs cite également la pratique de l’alt-right (l’extrême droite américaine) qui consiste à créer un ennemi imaginaire contre lequel l’extrême droite elle-même peut agir comme un rempart, justifiant ainsi ses actions souvent violentes.

    De l’étude du CNRS, il ressort que le principal parti accusé d’islamo-gauchisme est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, et juste après le leader du Parti socialiste, Benoît Hamon. L’étude indique que « les comptes les plus impliqués dans la diffusion des accusations d’islamo-gauchisme, de 2016 à aujourd’hui, sont idéologiquement d’extrême droite », et ayant utilisé le terme désormais même dans le milieu universitaire, plusieurs membres du gouvernement Macron l’ont, de fait, légitimé.

    La conclusion du CNRS est qu’il faut « veiller à ce qu’aucune forme d’extrémisme ne se développe dans le milieu universitaire ou de la recherche (…) : pour cela, il faut être conscient que l’efficacité de leur élimination dépend de la manière dont on les nomme ».

    Il Post, 3 avr 2021

    Etiquettes : Sciences Po, France, université, élite, islamo-gauchisme, militantisme, race, sexe, postcolonialisme, droite, extrême droite, migration, discrimination, islamophobie, Emmanuel Macron, Frédéric Mion, Camille Kouchner, Olivier Duhamel, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, LICRA, Samuel Paty, 

  • Algérie / Bien plus qu’un lieu de savoir

    Invité, ce lundi soir, sur la chaîne sportive « L’Equipe TV », l’ancien président français, François Hollande, a eu cette phrase assassine en direction de son successeur à l’Elysée : « Oui Macron se concerte avant de décider, mais il se concerte avec les gens qui ont le même avis que lui ». Une phrase qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui est lourde de sens dans un pays qui carbure à au moins une polémique par jour.

    Mais ce n’est pas là notre sujet du jour. Ce lundi, le ministre de l’Enseignement supérieur a fait une importante annonce et décrété que, désormais, il a été adopté et à « titre permanent », le mode d’enseignement hybride (présentiel et distancé) dans les universités algériennes. M. Benziane ne dit pas si cette décision a été prise dans un large cadre de concertation ou (pour revenir à la pique de François Hollande) en concertation avec des gens qui ont le même avis que lui.

    Dans une telle sentence, l’avis des étudiants et des enseignants, reste à notre humble avis, plus que nécessaire pour créer les mêmes conditions d’assimilation à des millions de jeunes, appelés demain à être les décideurs et l’élite de notre pays. Car il faut rappeler, qu’initialement, l’enseignement hybride était une décision exceptionnelle face à une situation exceptionnelle. La situation sanitaire imposait une telle mesure et elle a permis, il faut le reconnaître, de ne pas paralyser nos universités et de ne pas pénaliser nos étudiants.

    La décision de l’enseignement hybride, aussi louable soit-elle, cela ne se discutant pas, pose néanmoins problème, car elle vient en pleine année universitaire. Une année toujours en cours et qui ne permet pas une évaluation profonde et précise de ce nouveau modèle d’enseignement. Il fallait, peut être, attendre la fin de l’année en cours pour connaître les résultats d’échec et de réussite, de juger les entraves (débit internet et autres) qui auraient constitués des grains de sable aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants, et d’autres critères encore qui ne peuvent se faire qu’à la fin du cursus actuel.

    Ensuite l’université n’est pas qu’un lieu de savoir. C’est trop réducteur pour ce grand espace de rencontres entre les enfants de toute l’Algérie. Qu’ils soient du sud, du nord, de l’est ou de l’ouest du pays, nos jeunes apprennent à se connaître et à connaître leur pays dans les universités. L’université forme les hommes et les femmes de demain à travers le brassage des enfants de toute la nation. C’est à l’université aussi que nous avons découvert la littérature mondiale (russe, latino-americaine, française, chinois et autres). Nous avons découvert le cinéma engagé. Nous avons compris et soutenu les causes justes dans le monde en Palestine ou au Sahara occidental.

    Les jeunes ont besoin de se rencontrer et pas uniquement un ou deux mois par an. Ils ne doivent pas être que des anonymes derrière un micro. Ils ont leur vie à vivre et une vie à apprendre. L’université, si elle est d’abord et surtout un lieu d’assimilation de savoir, elle est aussi un merveilleux espace de rencontres, de curiosités et d’apprentissage de la vie.
    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 17 mars 2021

    Tags : Algérie, université, éducation,