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  • La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    Russie, Occident, OTAN, Etats-Unis, Union Européenne, URSS, Union Soviétique, KOSOVO, Géorgie, Ossétie du Sud, Abkhazie, Libye, Syrie,

    Introduction

    Si aujourd’hui, il est convenu que la crise ukrainienne marque une nouvelle étape dans les relations entre la Russie d’un côté et les Etats unis et l’Union européenne de l’autre, il n’en demeure pas moins que Moscou a constamment cherché à retrouver son prestige de grande puissance internationale. Aujourd’hui, les observateurs internationaux sont unanimes sur fait que Moscou n’est plus disposée à se contenter d’un rôle secondaire sur la scène politique internationale.

    D’aucuns aiment à penser qu’il ne s’agit que d’un sursaut d’orgueil national éphémère, car la Russie ne possèderait plus les moyens de ses ambitions. D’autres estiment que, loin d’être un trouble fête, Moscou est en passe de redevenir un véritable poids lourd de la géopolitique avec lequel l’occident devra composer.

    De 1991 à 2000:

    La Russie se recherche

    1. Situation intérieure

    L’effondrement de l’URSS s’est accompagné de l’indépendance des 15 républiques qui constituaient l’union. La Russie a hérité de la majeure partie du territoire, de tout l’arsenal nucléaire, d’une grande partie des secteurs industriel et agricole et du siège de la défunte union au sein des instances internationales, y compris celui de membre permanent au Conseil de Sécurité. Mais Moscou a également hérité des passifs financiers et des dettes de l’ex URSS.

    Sous Boris Eltsine, le pays a connu une première décennie difficile, marquée par la montée des inégalités et du chômage. La corruption et les mafias se sont généralisées et les problèmes sociaux ont explosé.
    Le passage brutal à l’économie de marché, les privatisations massives peu transparentes, les crises politiques à répétition, les guerres médiatiques et une gestion hasardeuse des dépenses ayant conduit au krach boursier de 1998 ont caractérisé cette décennie.

    La quasi-débâcle de l’armée russe durant la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) n’était pas pour rassurer sur l’image du pays.

    2. Relations extérieures

    La Russie a tenté, tant bien que mal, de maintenir une présence sur la scène internationale et de donner l’image d’un unificateur. La Communauté des Etats Indépendants (CEI) a été fondée entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie avant de s’élargir à huit autres anciennes républiques de l’ex-URSS.

    Toutefois, cherchant à arrimer la Russie au système économique mondiale, Boris Eltsine lance alors une stratégie de complaisance vis-à-vis des Etats unis et de l’occident (adhésion à la Banque mondiale et au FMI, coopération avec l’Otan, participation à la FORPRONU en ex-Yougoslavie, signature des accords de réduction des armes chimiques, renonciation à la parité stratégique avec les Etats-Unis, retrait militaire de Cuba etc.)

    Le 2ème mandat d’Eltsine commencé en 1996 est marqué par un sentiment de désillusion. Le Ministre des Affaires étrangères de l’époque, Evgueni Primakov était convaincu que la stratégie de complaisance n’apportait pas les résultats escomptés. Commence alors chez les dirigeants russes un repli sur les intérêts nationaux du pays et un rejet de l’unilatéralisme américain.

    La décision de l’OTAN d’intervenir militairement au Kosovo plonge les relations avec Washington dans une période de froid.

    De 2000 à 2008: La reprise économique et le regain de confiance

    L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000 change complètement la donne. La nomination de plusieurs hauts responsables du KGB et de l’Armée à des postes au Kremlin assure au pays la stabilité politique. Le contrôle étatique dans l’économie se renforce, signe du retour d’un État fort. La croissance économique dépasse est située entre 6 et 8%, les ressources premières du pays, très abondantes, sont mieux utilisées et l’envolée des cours d’énergie permet un désendettement général1 de l’Etat russe et lui permet de diversifier son économie.

    En même temps, les motifs de tension entre la Russie et les Etats unis se multiplient. La prolongation de la présence militaire américaine en Asie centrale et le soutien actif aux révolutions en Ukraine et en Géorgie, avec l’arrivée au pouvoir de Tymochenko et Saakachvili, tous deux partisans d’un rapprochement avec l’occident, et de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN renforcent le sentiment à Moscou que Washington cherche à isoler la Russie.

    Ajouté à cela, les critiques américaines sur les questions de démocratie et droits de l’Homme en Russie, la reconnaissance par les Etats-Unis de l’indépendance du Kosovo, l’abrogation du traité ABM de 1972, l’envahissement unilatéral de l’Irak, l’installation de bases américaines en Roumanie et en Bulgarie, ou encore du projet d’installation d’éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne2 et en République tchèque.

    Dans un discours prononcé à Munich, le 10 février 2007, Vladimir Poutine critique fortement l’«unilatéralisme américain », dénonce la volonté des Etats-Unis de construire de nouvelles démarcations en Europe et plaide pour un monde multipolaire.

    De 2008 à aujourd’hui : Le retour d’une puissance mondiale

    En janvier 2008, et au terme de deux mandats, Vladimir Poutine «confie» provisoirement la présidence à son homme de confiance, Dimitri Medvedev.

    Moins de deux mois plus tard, la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo constitue un tournant dans la politique étrangère de la Russie, dont le nouveau président énonce les 5 principes :

    a. La «primauté» du droit international ;

    b. La «multipolarité» du monde ;

    c. Le désir «d’éviter les conflits et l’isolement» ;

    d. La «défense de la vie et de la dignité des citoyens russes où qu’ils se trouvent ; protection des entrepreneurs à l’étranger» ;

    e. La reconnaissance par la Russie de «zones d’intérêts privilégiés».

    Ces principes consacrent et scellent la divergence avec la conception américaine de la géopolitique mondiale et jettent les fondements d’un retour avéré de la Russie comme grande puissance mondiale.

    1. Indépendance du Kosovo

    L’opposition à l’indépendance du Kosovo a permis à la Russie de renforcer son influence sur la scène des Balkans occidentaux, et notamment auprès de la Serbie.

    Pour Moscou, cette indépendance viole l’intégrité territoriale de la Serbie et constitue une révision dangereuse des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale.

    La présence de fortes minorités albanaises en Macédoine et au Monténégro pourraient suivre l’exemple du Kosovo, ce qui risque de déstabiliser toute la région. Plus encore, Moscou évoque l’impact de ce précédent sur les « conflits gelés » notamment, la Transnistrie en Moldavie, ou l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie.

    2. La Géorgie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie

    Soutenue par les Etats unis et l’Union européenne, le Président géorgien, Saakashvili entendait suivre l’exemple des républiques baltes et rejoindre l’UE et l’OTAN. Pour la Moscou, il était hors de question que ces institutions, fondées durant la guerre froide, ne s’installent au Caucase. Par ailleurs, la Géorgie et ses infrastructures étaient trop importantes dans l’équation géopolitique énergétique russe, notamment pour l’acheminement vers l’Europe du pétrole et gaz de la mer caspienne.

    Moscou ne pouvait donc pas trouver meilleure opportunité que la Géorgie pour réaffirmer sa puissance recréée. En effet, la Russie a défié l’OTAN en toute impunité et la Géorgie, qui comptait sur un soutien ferme de l’Occident, s’est retrouvée seule face aux troupes russes. Le message était désormais clair : dans la sphère d’influence de la Russie, s’allier à Washington ne peut garantir la sécurité.

    3. La question du nucléaire iranien

    L’Iran est un partenaire traditionnel et un voisin de la Russie. Les relations commerciales sont étroites et le volume des échanges ne cesse d’augmenter. Concernant le dossier nucléaire iranien, la position de la Russie peut être résumée ainsi :

    L’Iran a le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie atomique

    La Russie continue à coopérer avec l’Iran dans le développement de son secteur de l’énergie nucléaire.

    La Russie est résolument opposée à toute possibilité d’une dimension militaire du programme nucléaire iranien.

    La Russie est convaincue qu’il n’y a pas d’alternative à une solution diplomatique négociée (donnant/donnant) ; soit un compromis.
    Moscou est en faveur de la présence des experts et observateurs de l’AIEA, même si, jusque là, ils n’ont trouvé aucune preuve d’activités nucléaires illégales.

    La Russie souligne l’importance de la reprise des négociations 5+1.
    La Russie soutient l’approche progressive où à chaque étape où Téhéran répond aux attentes de l’AIEA et de l’ONU, les sanctions doivent être atténuées.

    La Russie est contre toute tentative unilatérale hors du Conseil de sécurité des Nations Unies

    Il n’y a pas de solution militaire au problème.

    En 2010, la Russie a difficilement accepté de voter en faveur de la Résolution 1929 imposant plus de sanctions à l’encontre de l’Iran. En effet, Moscou s’est vue obligée d’annuler une importante commande de missiles S-300, ce qui a jeté un coup de froid sur ses relations avec Téhéran.

    Avec la crise ukrainienne en toile de fonds, les avis divergent sur l’avenir de la position russe concernant ce dossier. Pour certains, il y a au moins trois raisons pour que la Russie continue à coopérer avec l’occident sur le dossier nucléaire iranien:

    La Russie, tout comme les Etats unis, s’oppose à ce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire.

    Le retrait de Moscou ouvrirait la voie à d’autres alternatives au processus diplomatique.

    Les relations économiques entre la Russie et l’Iran sont trop modestes et ne constituent pas un enjeu majeur pour la Russie.

    4. L’intervention internationale en Libye

    La Russie s’était abstenue lors du vote au Conseil de Sécurité pour imposer une zone d’exclusion aérienne en Libye, ce qui a permis à la résolution de passer. L’intervention militaire aérienne, deux jours plus tard, a créé un profond sentiment d’amertume chez les responsables russes pour qui, la Résolution n’autorise pas les frappes contre la Libye. Une polémique a même éclaté publiquement entre le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine.

    Désormais pour Moscou, la confiance n’est plus de mise.

    5. Le dossier syrien

    Depuis son indépendance, la Syrie a entretenu des relations étroites avec Moscou (l’URSS et plus tard, la Russie) qui est son premier fournisseur d’armes. Les exportations russes vers la Syrie dépassent le milliard de dollars et les investissements russes y sont estimés à 19 milliards de dollars.

    L’importance stratégique de la Syrie réside dans le fait qu’elle accueille la seule base navale russe en Méditerranée dans la ville de Tartous. Sur fond de détérioration des ses relations avec l’occident, depuis la guerre d’Ossétie du Sud en 2008, la Russie a décidé de renforcer sa présence en Méditerranée et obtient, contre l’annulation d’une partie de la dette syrienne, l’accord de Damas pour le développement et l’agrandissement de la base navale de Tartous, ce qu’elle entame depuis 2009.

    Par ailleurs, l’expérience libyenne a contribué à un raidissement de la position de la Russie devenue intransigeante sur le dossier syrien.
    En octobre 2011 et en février 2012, la Russie et la Chine opposent leur veto à deux reprises pour s’opposer à deux projets de Résolution du Conseil sécurité sur la Syrie.

    Ce « manque de flexibilité » de la part de Moscou conduit la communauté internationale à un sentiment d’impuissance. En effet, les Etats unis et l’UE sont incapables de déloger le régime Assad.

    6. La crise ukrainienne

    Tout comme dans le cas de la Géorgie, l’Ukraine s’est trop rapprochée de l’UE et de l’Otan. Or de tous les pays de la sphère d’influence de la Russie, l’Ukraine est de loin la plus importante. Elle abrite la base navale de Sébastopol (Crimée). Elle est une voie de transit hautement importante pour le gaz russe vers l’Europe occidentale, un grenier de blé en Europe. Une grande partie de sa population est russophone. L’Est et le Sud de l’Ukraine (partie la plus riche avec l’industrie et l’agriculture) sont largement acquis à la Russie.

    En conséquence, Moscou s’est vue obligée d’agir « par procuration » pour défendre ses intérêts et éviter une occidentalisation de l’Ukraine.
    Comble de cela, Moscou n’a pas eu recours à son armée pour redresser la situation, à l’exception de la Crimée où elle était de toutes les manières stationnée.

    L’Occident est en passe de comprendre qu’il ne peut gagner cette confrontation car la Russie ne peut pas la perdre.

    À ce stade, les options de Washington et de Bruxelles sont plutôt limitées. Ils ne peuvent pas affronter militairement la Russie, tandis que les sanctions économiques ne fonctionnent pas et que l’Europe, dont l’économie est convalescente, a besoin de pétrole et de gaz russes.
    En signant avec la Pékin «le contrat du siècle» d’une valeur de 400 milliards de dollars pour la livraison à la Chine de gaz naturel sur 30 ans, le président Poutine a réalisé ce que les dirigeants de l’Ouest craignaient: un pivot vers l’Extrême-Orient qui rend la Russie beaucoup moins vulnérable à toute éventuelle sanction de la part de Bruxelles.

    7. Autres éléments de puissance

    L’armée russe est une des plus puissantes au monde. Moscou a hérité de la totalité de l’arsenal de l’URSS.

    La Russie est le plus grand producteur de gaz naturel au monde. Elle en est également le plus grand fournisseur de l’Europe. Elle a su développer cet atout et le transformer en véritable levier géopolitique.

    Le Russie est très active dans le cadre de deux alliances militaires régionales destinées, entre autres à garder les États-Unis et l’OTAN loin de la région: l’Organisation de Coopération de Shanghai3 (OCS) et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective4 (OTSC).  

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

    #Russie #OTAN #Occident #URSS #Libye #Syrie #Kosovo #Serbie #Ukraine

  • Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ukraine, Russie, URSS, OTAN, Etats-Unis, Occident, Union Européenne,

    par Djamel Labidi

    Cette guerre en Ukraine révèle décidément bien des choses. On découvre que les principaux pays européens occidentaux, la France, l’Angleterre, l’Allemagne n’ont pas réellement d’armées, une armée capable d’affronter une» vraie guerre», une «guerre de haute intensité» comme on dit maintenant.

    Trois à quatre jours de munitions en réserve

    Et surprise des surprises, ce sont les pays de l’Est de l’Europe, les ex «pays socialistes», Pologne, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie etc.. qui ont le plus d’armements, chars, canons, avions, hérités de l’Union soviétique. Et ce sont eux qui les fournissent à l’Ukraine. L’Ukraine a toujours été l’enfant chéri de l’URSS: celle-ci lui avait confié une grande partie de sa puissance militaire: missiles, charges nucléaires, marine de guerre, aviation et blindés. Au lendemain de son indépendance, l’Ukraine était ainsi la troisième puissance nucléaire mondiale, avant qu’elle ne renonce à l’arme nucléaire. En 2022, l’Ukraine restait encore bien armée . Elle était classée 22eme puissance militaire mondiale.

    On pensait, au début du conflit, que la France hésitait à fournir en quantité et à un niveau significatif des armes à l’Ukraine pour ne pas paraitre cobelligérante. En réalité elle n’en avait pas. A-t-elle voulu cacher son dénuement ? En mars 2022, le président de la commission de défense et des affaires étrangères du sénat français, Mr Christian Cambon révèle sur la radio française internationale ( RFI) que la France n’a en réserves que «3 à 4 jours de munitions en cas de conflit de longue durée». On découvre aussi que ses forces conventionnelles sont limitées: en tout et pour tout, 200 chars, 110 canons , les fameux «Caesar», 217 avions de combat ( fr.m. wikipedia.org). Ceci est à rapprocher des 318 aéronefs dont 247 avions de combat, des 2596 chars et des 2000 canons que l’Ukraine pouvait aligner au 25 février au début du conflit ( fr.m.wikipedia.org, 2021 ).

    Bref on découvre que la France est une puissance militaire par sa force de dissuasion nucléaire, mais qu’elle n’a pas réellement d’armée conventionnelle, capable d’affronter la situation d’une guerre de «haute intensité». En fait, elle n’avait que les moyens de sa politique militaire de ces dernières décennies: l’organisation d’ expéditions contre des États africains vulnérables. Elles n’ont eu d’autres résultats que de raviver chez les Africains le souvenir des colonnes coloniales

    De guerre lasse, la France, pressée par l’Ukraine, finira par livrer ce qu’elle a, soit 18 canons Caesar, soit près d’un cinquième de toutes ses capacités d’artillerie. Et il faudra, remarque un général en retraite français sur un plateau de télévision, plusieurs années à la France pour renouveler ce stock de canons

    En réalité, le problème est général pour les pays occidentaux. Leurs stocks sont limités. L’Angleterre malgré ses rodomontades, a des stocks d’armes qui ont vite fondu. C’est même le cas des États-Unis, pour notamment les armes antichars, qui se trouve confrontés à un problème de renouvellement des armes fournis à l’Ukraine et donc de production de ces armes, et donc de relance de son industrie de guerre dans certains secteurs.

    Comment se fait-il que l’Ukraine, qui possédait au départ du conflit, plus d’armements que les principaux pays européens occidentaux, n’ait cessé de leur demander des armes. Une des raisons est probablement que l’Ukraine a vite épuisé, son héritage d’armement «soviétique». Par ces appels au secours incessants, les dirigeants ukrainiens n’ont-ils pas voulu masquer, aux yeux de leur opinion, leur gestion désastreuse de la guerre et la destruction si rapide d’un arsenal pourtant relativement impressionnant.

    Mais il y a surtout, à ces besoins d’armes permanents, une raison profonde, une cause structurelle. Il est difficile à un pays ne disposant pas d’une industrie de guerre de mener longtemps une guerre de haute intensité contre un pays qui lui a une puissante industrie de guerre, c’est-à-dire une grande puissance comme l’est la Russie. La Russie a une puissante industrie de guerre qui lui permet de façon ininterrompue de produire, d’entretenir et de remplacer ses armements, tandis que l’Ukraine est exposée à des demandes d’armement intenses, sans fin et longues à satisfaire. Les Ukrainiens auront beau demander aux USA «la parité avec la Russie en termes de puissance de feu», là est la grande différence. Une telle exigence montre en plus leur absence totale de réalisme et leurs illusions ou alors c’est une manière de se dégager de leur responsabilité envers leur population face à leurs échecs et leur incapacité à trouver une voie de paix en dehors d’une guerre sans perspective.

    Ces ukrainiennes de Paris

    Sur les plateaux de télévision français, les franco-ukrainiennes de Paris se succèdent. À l’intensité de leur accent , on peut deviner les «anciennes» et les «nouvelles» arrivées. Chaque plateau veut avoir la sienne Elles relient scrupuleusement sur les plateaux les analyses, les informations, les thèmes de propagande du pouvoir et de l’armée ukrainiens. Elles y croient dur comme fer. Elles sont en service commandé. Leur éloignement de la cruauté de la guerre, la vision abstraite ou romantique qu’elles en ont, favorisent une ferveur nationaliste et un jusqu’auboutisme guerrier qui sont d’autant plus exploités par la propagande qu’elles introduisent sur les plateaux une touche émotionnelle.

    La nostalgie aidant, ces immigrées ukrainiennes ou ex immigrées présentent une vision subliminale de leur pays d’origine: «le plus grand pays d’Europe, un pays déjà développé, un peuple slave mais lui profondément européen, occidental, moderne au contraire du russe arriéré, brutal et soumis».

    Mais la réalité est tout autre. L’Ukraine est le deuxième pays le plus pauvre d’Europe avec un PIB par habitant d’environ 3600 euros en 2021. En 30 ans d’indépendance elle a peu avancé contrairement à la Russie dont le PIB/ha lui est aujourd’hui trois fois supérieur. Du fait de la pauvreté, l’émigration a été intense. On peut même penser que l’énorme et étonnant exode du pays, dès la nouvelle de l’entrée de l’armée russe en Ukraine, a été saisi par beaucoup comme une opportunité d’émigration d’autant plus attractive qu’elle était entourée d’une grande qualité d’accueil des réfugiés dans les pays occidentaux.

    C’est dans un tel contexte, celui de la pauvreté et d’une émigration intense, que s’est développé le phénomène de la corruption en Ukraine. Le président Zelensky a dû sa popularité, d’abord en tant qu’acteur puis en tant que président, au fait qu’il s’est saisi du thème central de la lutte contre la corruption. Il a cependant lui-même été éclaboussé par celle-ci lorsque les Pandora Papers ont révélé que lui et son entourage proche étaient les bénéficiaires d’un réseau de sociétés offshore, dont certaines possédaient des propriétés coûteuses à Londres.

    Dans ce climat régnant en Ukraine, guerre, pauvreté, corruption, la tenue toute récente de Conférence de Lugano sur «la reconstruction de l’Ukraine» apparait comme surréaliste. Elle laisse le monde songeur. Où a-t-on vu reconstruire un pays avant la fin d’une guerre ? Ne craint-on pas que ces sommes fabuleuses déversées, à flots ininterrompus et apparemment sans contrôle, sur l’Ukraine par les pays occidentaux, et notamment les États Unis, se perdent dans le dédale des réseaux multiples de la corruption de ce pays.

    On aurait ainsi l’explication d’une telle aberration que cette conférence de Lugano: l’influence d’intérêts obscurs, ceux des profiteurs de guerre. On comprend alors que les forces de la corruption en Ukraine, en liaison avec des forces étrangères, pourraient avoir intérêt à ce que la guerre dure. Si le peuple ukrainien, occupé et sidéré par la guerre ne parvient pas à se dresser contre la corruption, celle-ci deviendra le principal obstacle à la paix.

    Le quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #Russie #URSS #OTAN #Occident #Etats_Unis

  • Au nom de la liberté des suprématistes

    Au nom de la liberté des suprématistes

    Occident, OTAN, Etats-Unis, Russie, Chine, URSS, Ukraine, danger nucléaire,

    par Saadeddine Kouidri

    Pour les USA, la Chine va à l’encontre des règles qui rendent le monde tel « que nous voulons qu’il soit », dixit Joe Biden. Un monde qu’illustre la tuerie de 19 écoliers par un adolescent de 18 ans, ce mardi 24.05.22 au Texas. Suite à ce crime, le Président de la première puissance mondiale trouve qu’Il est temps de transformer la douleur en action et se pose la question : «Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes» ? Ce lobby est aux mains des suprématistes blancs, dont l’étendard est déployé par les soldats d’Azov en Ukraine et des évangélistes qui dominent le Congrès étasunien et qui, les premiers, aident l’Etat juif d’Israël. C’est au nom de leurs croyances que les guerres broient les peuples depuis des siècles et leur système politique n’est rien d’autre que le processus de l’intérêt économique dont celui de vendre des armes, qu’importe les conséquences. C’est cette immoralité qui condamne ce système politique qui mène à l’exploitation par l’homme, dont l’accaparement de la plus-value des travailleurs est manifeste depuis la Critique de Karl Marx. Quant à l’accaparement des ressources naturelles par les davoshiens and Co, elle a comme conséquence 282 millions de personnes sous-alimentées que compte la FAO dans le seul continent africain. Ces pauvres n’habitent pas dans des États-Nations mais dans des Etats livrés aux davoshiens ou leurs acolytes.

    Le danger du surarmement nucléaire au temps de la bipolarisation a fait fléchir l’URSS qui a cru que la crainte était assez mûre pour être partagée ! Mal lui en prit. On connaît la suite. Il s’avère aujourd’hui que le monde est sévèrement nucléaire. Ce qui le condamne à être multipolaire. C’était l’URSS, prétendument communiste, qui était l’ennemie des USA. Aujourd’hui, c’est la Chine qui est déclarée le nouveau premier ennemi du maître du monde à cause de sa puissance économique dans le monde et non plus à cause du Parti communiste chinois au pouvoir !

    Depuis 1989, la poussière provoquée par la chute du mur de Berlin a mis des décennies pour se dissiper, laissant entrevoir la muraille de Chine et c’est seulement l’entrée de l’armée russe le 24.02.22 en Ukraine qui révèle, aux utopistes, aux économistes, et à tous les idéalistes que le conflit mondial n’est pas économique mais politique. Sans le sacrifice des peuples de l’URSS dirigée par Staline, Hitler aurait colonisé et asservi l’Europe. Sans la Résistance populaire, dirigée par l’Émir, le sort des Algériens aurait été scellé à l’instar des Amérindiens. Sans l’opération en Ukraine, la république de Russie aurait été vassalisée à l’instar de la France et ses alliés par les suprématistes blancs étasuniens dont Azov, ce régiment néonazi, en est le représentant en Ukraine à défaut de l’OTAN.

    Gorbatchev avait cru que le capitalisme est pourvu d’éthique dont celle de croire à la parole donnée. Son marxisme contraire à celui de Staline qui doute de l’autre, sont tous deux dépourvus de naturalisme au point ou le premier ignore que la morale des idéalistes est du ressort de l’intérêt avant tout. On apprend qu’au Forum économique de Davos 2022 que la Covid a été la période la plus rentable de tous les temps et qu’à toutes les 30 heures, un nouveau milliardaire a été créé pendant la pandémie. Ce forum, qui regroupe 1.000 davoshiens, les plus fortunés du monde, a comme cible principale les Etats-Nations, « ces empêcheurs de tourner en rond », dixit Georges Soros, l’un de ces membres, appelle « à vaincre Poutine pour sauver notre civilisation ». YouTube servile aux fortunés a supprimé des dizaines de milliers de vidéos et des dizaines de chaînes pour avoir qualifié la guerre en Ukraine de mission de libération ! Quant au directeur de la Banque de France, cet autre davoshien, déclare que «l’inflation causée par la guerre en Ukraine est le prix à payer pour défendre nos civilisations». Leur civilisation est d’essence immorale puisqu’elle trouve de l’intérêt dans les guerres, les pandémies et dans la colonisation de peuplement de la Palestine et la colonisation du Sahara Occidental.

    On vient d’apprendre que dans le sud de la Cisjordanie, Israël expulse un millier de Palestiniens. Dans un de ces hameaux, des forces israéliennes arrivent ce mercredi et, sans dire un mot, ordonnent à la famille de s’éloigner, détruisent en moins d’une heure la cuisine, trois pièces, un pigeonnier, un enclos et les deux tentes d’Abou Sabha.

    Nous savons aujourd’hui plus que jamais que la morale n’existe que dans le matérialisme moderne qui a comme socle le naturalisme. Le capitalisme, adossé aux religions, fait croire aux utopistes et autres idéalistes que les potentialités nouvelles de progrès mènent intrinsèquement vers un monde plus humain pour faire croire que son processus n’est jamais immoral puisque basé sur les libertés. Nous savons aujourd’hui de quelles libertés il s’agit, celle du sioniste, la liberté de tuer le Palestinien, celle du fils du riche étasunien de tuer le pauvre et particulièrement le noir. La tendance foncière du capitalisme est dans l’intérêt qui l’entraîne à se développer aux dépens non seulement des besoins de l’humanité mais de la vie. Quant à l’impérialisme, il ne «désarme pas du seul fait de trouver plus de réalisme en face de lui».

    Suite à l’annonce de Washington et Tokyo qu’ils vont surveiller les récentes activités de la marine chinoise ainsi que les mouvements liés aux exercices conjoints de la Chine et de la Russie, des bombardiers stratégiques (armés de bombes nucléaires) chinois et russes volent au-dessus de la mer du Japon pendant la visite de Biden. La réponse du berger à la bergère est une solution persuasive, certes, mais temporaire car l’impérialisme ne désarme que quand il trouvera l’intérêt économique shunté par une morale adossée à une puissance plus forte que la sienne, celle de l’union des peuples qui a comme morale naturelle, la préservation de la vie, de la sympathie de l’autre, la solidarité.

    Le Quotidien d’Oran, 31 mai 2022

    #EtatsUnis #Chine #Russie #Occident #Ukraine #OTAN

  • L’ONU à l’épreuve des enjeux géopolitiques et stratégiques

    L’ONU à l’épreuve des enjeux géopolitiques et stratégiques

    ONU, Nations Unies, Etats-Unis, URSS, Chine, Royaume-Uni, France, Ukraine, ordre mondial,

    par Kharchi Nadjib Messaoud*


    L’Organisation des Nations unies (ONU) a été officiellement créée le 24 octobre 1945, à la suite de la ratification de la Charte de San Francisco par les cinq puissances du moment (Etats-Unis, URSS, Chine, Royaume-Uni, France) et les quarante-six autres Etats signataires, tous désignés comme membres fondateurs.

    Le terme de « Nations unies » apparait pour la première fois dans l’intitulé même de la « Déclaration des Nations unies » du 1er janvier 1942, signée à Washington par les représentants de vingt-six Etats qui se sont solennellement engagés à poursuivre ensemble la guerre contre les forces de l’Axe et à ne conclure ni armistice ni paix séparés. Le texte de ladite déclaration se référait expressément à la « Charte de l’Atlantique » du 14 août 1941, établie entre les Etats-Unis et l’Angleterre, dont le contenu se présente sous la forme d’un énoncé de principes en huit points devant servir de fondements au maintien d’une paix durable et à garantir la sécurité internationale, une fois la deuxième guerre mondiale terminée.

    Les rédacteurs de la « Charte de San Francisco » qui a donné naissance à l’ONU se sont inspirés tout à la fois de la « Charte de l’Atlantique » de 1941 et de la « Déclaration des Nations unies » de 1942, pour en définir les principes fondamentaux, les objectifs et les moyens d’intervention.

    La présente contribution a pour objet de mettre en perspective le rôle de l’Organisation des Nations unies, tel que défini par la Charte de San Francisco, avec le contexte politico-stratégique propre au monde du 21éme siècle en devenir. Bien que de nombreuses variables rendent aléatoire toute tentative d’anticipation des évolutions à moyen ou long terme qui vont probablement remodeler le champ des relations internationales, il s’agit à travers cette analyse de situer les enjeux et les défis qui interpellent l’ONU en tant qu’institution chargée de la gouvernance mondiale. Au regard de ces considérations, il conviendra de s’interroger si l’organisation onusienne, dans ses multiples champs de compétences, est en mesure de répondre efficacement aux défis actuels et à venir. Sinon, faut-il repenser l’ONU dans ses missions, son fonctionnement et ses processus opérationnels, autrement dit réformer en profondeur une institution datant du siècle dernier, vielle de plus de soixante-quinze ans.

    La Charte de San Francisco, à l’origine de la création de l’ONU, marquait l’avènement d’une ère nouvelle promise à la paix et la sécurité internationales. Par sa portée historique, sa vision des relations entre Etats et son universalité, elle ouvrait des perspectives inédites à la communauté des nations.

    Dans son allocution de clôture de la Conférence de San Francisco qui donna naissance à la « Charte des Nations unies », le président Truman s’adresse aux délégués et autres participants en ces termes : « La Charte des Nations unies que vous venez de signer constitue une base solide sur laquelle nous pouvons édifier un monde meilleur… Entre la victoire en Europe et la victoire finale dans la plus destructrice des guerres, vous avez remporté une victoire sur la guerre elle-même… Grâce à cette Charte, le monde peut commencer à entrevoir le moment où tous les êtres humains pourront vivre une vie décente d’hommes libres ».

    La Société des Nations, ancêtre de l’ONU

    La Société des Nations (SDN) a été fondée le 28 juin 1919, au lendemain de la première guerre mondiale, par le traité de Versailles qui mit fin aux hostilités entre l’Allemagne et les Alliés. Dans sa partie 1 intitulée « Pacte de la Société des Nations », il est expressément déclaré à l’article 11 que « toute guerre ou menace de guerre, qu’elle affecte directement ou non l’un des membres de la Société, intéresse la Société tout entière et que celle-ci doit prendre les mesures propres à sauvegarder efficacement la paix des nations… »

    En tant qu’organisation à vocation universelle, la SDN devait, en application du principe de la sécurité collective, promouvoir les valeurs de paix entre les nations, tout comme l’amitié entre les peuples. Elle devait en outre réduire les arsenaux des Etats au minimum compatible avec la sécurité nationale et développer la coopération internationale.

    L’approche diplomatique qui présida à la création de la SDN représentait un changement fondamental dans le système international tel qu’il avait prévalu jusqu’alors. Nombre d’Etats craignaient que la puissance de cette organisation supranationale eût pu les restreindre dans l’exercice de leur souveraineté sur les questions de haute politique extérieure.

    Le commentaire officiel britannique sur le Pacte de la Société des Nations, présente celle-ci en ces termes : « Ce n’est pas la constitution d’un super-Etat mais, comme son nom l’indique, un accord solennel entre Etats souverains qui consentent à limiter leur liberté totale d’action sur certains points dans l’intérêt de leur propre existence et celui du monde en général… »

    Bien que la SDN apporta des solutions à des conflits frontaliers entre Etats et évita ainsi la guerre, elle ne put faire face à la succession de crises et à la militarisation de l’Allemagne qui aboutirent inéluctablement à une déflagration mondiale.

    En somme, la SDN est restée enfermée dans une conception classique où l’Etat-nation s’inscrivait au cœur du système international et demeurait maître de ses décisions. La souveraineté nationale et les intérêts supérieurs qui s’y attachent faisaient obstacle à tout pouvoir supranational. L’incapacité de la SDN à mettre en place un ordre mondial régulé par le droit international, finira par donner raison à Clausewitz, pour qui, « la guerre est la politique continuée par d’autres moyens ».

    Indéniablement, la SDN a failli à la mission qui fut à l’origine de sa création, et dont l’objectif premier était d’assurer la sécurité collective. Malgré une volonté affirmée de préserver la paix mondiale, elle ne parvint à aucun résultat probant dans le règlement des crises et conflits. Elle ne put enrayer ni la guerre civile espagnole, ni l’agression italienne contre l’Ethiopie, comme elle fut impuissante devant les politiques belliqueuses et agressives de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et du Japon impérialiste, qui préludaient au déclenchement de la deuxième guerre mondiale.

    La SDN n’aura duré qu’une vingtaine d’années, le temps d’une grande illusion entre deux guerres mondiales.

    L’ONU, née de la guerre pour mettre fin à la guerre

    L’ONU a vu le jour dans des circonstances similaires à celles qui présidèrent à la fondation de la SDN en 1919, à savoir la fin d’un conflit armé à l’échelle mondiale. Elle devait être la clé de voûte des relations entre peuples et nations. Par sa vocation et ses compétences universelles, l’ONU constitue un forum unique, ouvert à tous les Etats sans exception. « Une conférence diplomatique permanente », disait de l’ONU son ancien Secrétaire général, Dag Hammarskjöld.

    La communauté internationale fondait de grands espoirs sur la naissance de l’ONU. A travers le système des Nations unies, l’organisation mondiale allait poser les fondements d’un nouvel ordre international capable de surmonter les échecs de la SDN. Le préambule de la Charte des Nations unies déclare d’emblée : « Nous, peuples des Nations unies, résolus :

    – à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,

    – à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,

    – à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international,

    – à favoriser la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage,

    – à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun,

    – à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples… »

    Dans cette partie préliminaire du préambule de la Charte de San Francisco, les principes fondamentaux qui sous-tendent les missions de l’ONU se confondent avec les hauts idéaux de l’humanité. La paix entre les nations représente la mission fondatrice et la vocation première de l’ONU. Par son universalité, elle est l’instance la mieux indiquée pour apporter une réponse globale aux grands défis et aux multiples périls auxquels l’humanité est confrontée. De par leur dimension, ils dépassent de beaucoup les capacités d’une nation ou d’un groupe de nations, aussi puissantes fussent-elles.

    L’article 1 de la Charte des Nations unies stipule que les Etats membres doivent « réaliser par les moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, le règlement de différents ou de situations de caractère international susceptibles de mener à une rupture de la paix ». A cette fin, la notion d’Etat de droit inscrite dans la Charte garantit le respect du droit international et des principes fondamentaux de la justice.

    En 1948, l’ONU a adopté la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme, à laquelle ont adhéré tous les Etats sans exception. Ces dernières années, l’organisation mondiale se concentre activement sur les questions qui touchent à la démocratie et les droits humains, compte tenu de la dégradation de la situation en la matière dans nombre de pays.

    Aujourd’hui, l’ONU compte 193 Etats membres, tous égaux en droits et obligations. Ils se sont engagés solennellement à s’abstenir de recourir à la menace ou l’emploi de la force contre tout Etat, afin que la paix et la sécurité internationales ne soient pas mises en danger. Il reste que le caractère fondamentalement imprévisible des évènements dans le monde ne permet pas dans tous les cas de figure d’anticiper au mieux leur évolution. Le jeu des relations internationales est bien trop complexe si l’on considère le nombre illimité de variables qui peuvent changer une situation donnée dans un contexte géopolitique incertain où les principaux acteurs restent muets sur leurs véritables desseins.

    Les failles originelles inhérentes au système des Nations unies

    De par son organisation, son fonctionnement et le champ de ses missions, l’ONU devait, dans l’esprit de ses fondateurs, pouvoir surmonter les échecs de la SDN. Ceux-ci estimaient que son incapacité à préserver la paix mondiale tenait au fait qu’elle ne disposait pas de moyens coercitifs, entre autres une armée propre, et qu’elle ne revêtait pas un caractère universel, puisque les Etats-Unis, l’URSS, le Japon et l’Allemagne n’en étaient pas membres.

    Le système des Nations unies est organisé fonctionnellement et techniquement autour des vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ; à savoir les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS (Russie depuis 1991), la Chine et la France.

    Les deux principales instances de l’ONU sont l’Assemblée générale, où chaque Etat membre dispose d’une voix, et le Conseil de sécurité, qui comprend cinq membres permanents avec droit de veto et dix membres élus par l’Assemblée générale pour deux ans. Le Secrétaire général assure les fonctions administratives de l’ONU. Il est élu pour cinq ans par l’Assemblée générale. Toujours choisi parmi les pays qui ne sont pas de grandes puissances, il est rééligible sans limitation du nombre de mandats. Le Secrétaire général incarne l’ONU dans le concert des nations. Bien qu’il ne dispose pas d’un pouvoir de décision, il exerce une certaine influence auprès des acteurs de la communauté internationale.

    Aux trois organes majeurs de l’ONU, il convient d’ajouter les institutions représentatives du pouvoir judiciaire que sont la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale créée en 1998. Par ailleurs, l’ONU dispose d’un certain nombre d’institutions spécialisées chargées d’une mission précise, tel que le Conseil économique et social, le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’UNICEF pour la protection de l’enfance, l’UNESCO pour la culture, la FAO, la CNUCED ou le Bureau international du travail…

    Le Conseil de sécurité constitue en quelque sorte l’organe exécutif de l’ONU. Par résolution il décide des sanctions à appliquer contre celles des nations qui ne respectent pas les règles internationales fixées par la Charte. Ces sanctions vont du simple avertissement aux sanctions économiques, jusqu’à l’utilisation de la force armée. Toute résolution nécessite pour son adoption l’accord des 5 membres permanents du Conseil de sécurité. Chacun d’eux dispose d’un droit de véto qui peut bloquer toute prise de décision. Un pouvoir exorbitant qui affecte lourdement le fonctionnement de l’ONU. Le droit de veto est d’autant plus excessif voir abusif, qu’il remet en cause la règle de la majorité. Paradoxalement, l’Assemblée générale où siègent l’ensemble des nations prend des résolutions, qui n’ont ni force exécutoire, ni ne sont contraignantes, alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité peuvent prendre des décisions qui s’imposent à tous. L’abstention ou l’absence d’un membre permanent qui opte pour la « Chaise vide » lors d’un vote au Conseil de sécurité sont assimilés à un consentement. Cette règle a l’avantage de permettre d’exprimer son désaccord sur la teneur d’une décision sans pour autant la bloquer dans son application. Par ailleurs, le droit de veto ne peut en aucun cas être utilisé pour empêcher le débat autour d’un projet de résolution même s’il existe de fortes probabilités qu’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité en fasse usage.

    Le veto obère toute possibilité d’intervention du Conseil de sécurité, lorsqu’une résolution est contraire aux intérêts d’un de ses membres permanents. Ce droit à maintes fois paralysé l’ONU pour le règlement de conflits, à l’exemple de la guerre d’Algérie où les Nations unies n’ont pu agir, en raison de la menace que la France agitait d’en faire usage, et ce contre l’avis majoritaire des autres membres du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont souvent utilisé leur droit de veto dès lors qu’il s’agit de protéger Israël, leur allié stratégique et bras armé au Moyen-Orient. Le paradoxe réside dans le fait que le conflit israélo-palestinien paralyse les consciences à l’échelle mondiale sans que l’ONU puisse déboucher depuis 1948 sur une solution en direction du peuple palestinien. Cet exemple et bien d’autres encore montrent à quel point le veto constitue un moyen de blocage et d’affaiblissement du rôle de l’ONU.

    Depuis la création de l’ONU, la Russie, y compris l’ex URSS, a recouru 143 fois au veto, les Etats-Unis 86 fois, le Royaume-Uni 30 fois, la Chine et la France 18 fois chacune. Le fonctionnement de l’ONU n’est pas démocratique, loin s’en faut. Le droit de veto qui donne des pouvoirs absolus aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, est contradictoire avec le principe d’égalité entre tous les Etats membres de l’ONU, tel qu’affirmé par la Charte de San Francisco.

    Les limites de la gouvernance mondiale de l’ONU

    Tandis que le monde entame la troisième décennie du 21éme siècle, l’espoir que véhiculait l’ONU à sa création est aujourd’hui largement entamé. La réalité du système de gouvernance mondiale a montré ses limites. Bien que l’ONU peut se prévaloir d’un certain nombre de succès, celle-ci est incontestablement diminuée dans son rôle de garante de la paix et la sécurité internationales.

    La fin de la guerre froide Est-Ouest consécutive à la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, n’a régénéré ni le droit international ni l’ONU. Les hostilités déclenchées par les Etats de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) contre la Yougoslavie, en 1999, montre que les grandes puissances peuvent contourner le Conseil de sécurité. Cette dérive s’est accentuée après les attentats du 11 septembre 2001, où la « guerre contre le terrorisme » lancée par les Etats-Unis a justifié tous les dépassements. Du renversement des Talibans, en l’absence d’une agression armée préalable juridiquement imputable à l’Etat afghan ; à l’intervention en Irak de 2003, déclenchée sans autorisation du Conseil de sécurité. La guerre unilatérale a effectué un retour spectaculaire sur la scène mondiale.

    Malgré leur rigueur, les règles introduites par la Charte de San Francisco n’ont pu empêcher le déclenchement de nombreuses guerres en dehors des mécanismes prévus pour le règlement pacifique des conflits entre nations. Au nom de « justes causes » les Etats-Unis ont entrepris des actions militaires unilatérales à Cuba en 1961, au Nicaragua en 1980, à la Grenade en 1983 ou au Panama en 1989.

    Seul organe de l’ONU à pouvoir évaluer la licéité d’actions militaires, la Cour internationale de justice (CIJ) a été peu sollicitée depuis 1945. Alors que le débat faisait rage sur une éventuelle intervention en Irak en 2002-2003, aucun Etat n’a cru opportun de demander l’avis des juges de La Haye.

    L’ONU a montré ses limites dans la politique de maintien de la paix internationale. Un de ses échecs les plus manifestes fut son incapacité à empêcher le génocide rwandais de 1994. La multiplication des foyers de conflits dans le monde (Yémen, Syrie, Irak, Palestine, RDC, Lybie, Ukraine…) est une illustration de l’échec des Nations-Unies à garantir la paix dans le monde. Une soixantaine d’années plus tard le conflit entre l’Inde et le Pakistan à propos du Cachemire est toujours d’actualité. Après trois guerres de 1948 à 1949 et malgré les résolutions de l’ONU, aucune solution fiable n’a été trouvée, tandis que les tensions entre les deux Etats restent persistantes. La question du peuple sahraoui n’est pas en reste. Depuis 1975, la décolonisation de ce territoire est encore inachevée. Le colonisateur marocain a remplacé le colonisateur espagnol, faisant abstraction des droits nationaux du peuple sahraoui. Les émissaires de l’ONU en charge de ce dossier se succèdent dans le temps, constatent les faits, mais la situation demeure en l’état.

    L’ONU ne manque pas de dossiers ouverts et non résolus. Ce sont autant de situations en instance de dégénérer en conflits et susceptibles de rendre le chemin de la paix, l’objectif initial, plus difficile encore. Le risque de voir exploser les zones de tension que les efforts diplomatiques de l’ONU n’arrivent pas à contrôler est une menace constante.

    Le constat d’échec de l’ONU dans sa mission de paix mérite cependant d’être tempéré. L’organisation compte à son actif des conflits résolus grâce à son entremise. Les guerres de l’ex-Yougoslavie qui se sont déroulées entre les années 1991 et 2001 (Bosnie Herzégovine, Serbie, Kosovo, Macédoine) en sont l’exemple le plus illustratif. L’intervention des Casques bleus et les médiations menées par les instances onusiennes ont permis de redonner ses droits à la paix.

    La densité des relations diplomatiques qui caractérise les relations de l’ONU avec l’ensemble des nations qui en sont membres a souvent été d’un apport décisif dans la réduction de tensions géopolitiques ou la désescalade des conflits potentiels.

    L’enlisement de l’ONU dans des missions multiples et variées

    Outre sa mission de préservation de la paix et de la sécurité entre les nations, l’ONU est chargée d’améliorer le sort des peuples par la lutte contre les maladies, la faim, l’analphabétisme, tout en veillant à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme.

    Le rapport 2019 de la FAO fait état d’une situation d’insécurité alimentaire aigüe dans le monde. Ainsi 690 millions de personnes ont souffert de la faim, soit une augmentation de 10 millions par rapport à l’année 2018. Par ailleurs, la persistance des discriminations raciales, de la persécution des minorités ethniques et religieuses, comme le cas des Rohingya en Birmanie, témoigne de l’incapacité des Nations unies à répondre à leurs multiples et diverses missions. Un constat de la même teneur s’impose pour les catastrophes naturelles et les conflits de grande ampleur où l’ONU peine à mener des actions humanitaires à la hauteur des urgences du moment (Haïti, Syrie, Sud Soudan, Yémen…).

    Le changement climatique constitue un problème complexe. Au-delà des aspects environnementaux, ce phénomène a conséquences sur nombre de questions globales, telles que la santé, le développement économique, les déplacements des populations, la sécurité alimentaire mondiale, les ressources en eau. L’Accord de Paris sur le climat a été ouvert à la signature le 22 avril 2016 -Jour de la Terre- au siège des Nations unies à New York. Entré en vigueur le 4 novembre 2016, nombre de pays dont les Etats-Unis en tête, sont réticents à s’unir derrière une action mondiale, afin d’enrayer le réchauffement de la planète et mettre fin aux périls qui menacent la survie de l’humanité. Bien que l’ONU tire régulièrement la sonnette d’alarme sur le scénario catastrophe qui se profile, la mobilisation attendue peine à voir le jour.

    Malgré les périls qui se rapprochent de manière irréversible, le Conseil de sécurité réuni le 14 décembre 2021 n’a pu adopter, à la suite d’un veto, le texte d’un projet de résolution établissant un lien entre le réchauffement climatique et la sécurité dans le monde. C’est bien là le résultat des lourds dysfonctionnements qui pèsent sur les organes exécutifs, délibératifs et administratifs de l’organisation des Nations unies.

    Les difficultés de l’ONU se sont accélérées ces dernières années. L’institution mondiale est menacée d’enlisement sous l’effet de son propre poids. Les contraintes financières ne sont pas les moindres. Les charges de fonctionnement sont lourdes alors que de nombreux pays ne sont pas à jour de leurs cotisations. Les Etats-Unis sont les plus importants bailleurs de fonds de l’ONU. Ce poids financier significatif leur permet d’exercer un ascendant sur les nominations à la tête des structures du Secrétariat général ou des entités qui lui sont rattachées au détriment d’une représentation plus équilibrée des nations.

    Le conflit russo-ukrainien ou la fin de l’ordre international issu de l’après seconde guerre mondiale

    La guerre russo-ukrainienne constituerait-elle le signe avant-coureur d’un effondrement de l’ONU avec pour conséquence une refondation géopolitique du monde ? On ne saurait nier que l’ONU est déchue de toute autorité morale. L’ampleur de la fracture qui sépare désormais les grandes puissances marque la rupture du consensus d’après-guerre à l’origine du système des Nations unies. L’onde de choc de la guerre en Ukraine interpelle tous les acteurs de la communauté internationale. L’Inde, L’Indonésie, l’Algérie, la Turquie, le Nigéria, le Brésil, l’Iran et d’autres pays encore sont légitimes à demander de changer la donne par une refonte de l’ordre du monde. L’alliance entre Pékin et Moscou reflète leur priorité stratégique commune, à savoir bousculer un système international dominé par les Etats-Unis.

    Quel monde après la guerre en Ukraine ? S’il est sûr que rien ne sera plus comme avant, dans quel sens iront les changements ? La réforme de l’ONU revient sur le devant de la scène plus pressante que jamais.

    Les conséquences globales et systémiques des crises actuelles et à venir qu’elles soient humanitaires, économiques ou environnementales, sont considérables. Les conflits larvés ou de basse intensité, les guerres ouvertes dénotent un monde de plus en plus violent et instable. La guerre en Ukraine rebat les cartes de la géopolitique à l’échelle mondiale. Elle a mis a nu la fragilité du système des Nations unies. Les chaînes mondiales de production redéploient leurs stratégies et réduisent leurs interdépendances, notamment avec la Chine. La mondialisation devient un problème après avoir été la solution. La scène internationale connait actuellement des bouleversements géopolitiques majeurs, à l’origine d’une brusque accélération de l’histoire.

    La nécessité impérieuse d’une réforme de l’ONU

    L’ONU sert-elle encore à quelque chose ? La question est pertinente à plus d’un titre. Dans un discours du 10 septembre 1960, le général de Gaulle disait par dérision : « Le machin, qu’on appelle ONU ». Une boutade certes, mais aussi et surtout une critique acerbe de l’institution mondiale et de son utilité.

    Les espoirs fondés sur l’ONU ont-ils atteints leurs limites ? Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déclarait le 14 avril 2022 dans le cadre du conflit ukrainien : « La perspective d’un conflit nucléaire autrefois impensable, figure bien aujourd’hui parmi les possibilités ».

    De graves menaces pèsent sur la paix et la sécurité internationales. De nombreux signes de tension existent de par le monde que le système des Nations unies n’arrive plus à contenir. L’avenir s’avère plus menaçant que jamais, alors que l’organisation onusienne semble avoir atteint la limite de ses capacités d’intervention et d’intermédiation.

    L’ONU se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Est-ce le déclin d’une institution dévitalisée ? Bien que le bilan de l’ONU oscille entre réussites et échecs, il n’en demeure pas moins que malgré les imperfections et les faiblesses du système des Nations Unies, une telle institution est indispensable à la marche du monde actuel, dans la mesure où elle offre un cadre de débat et de dialogue unique sur des questions majeures communes à l’ensemble des nations.

    Le système des Nations unies a organisé autour du club fermé des pays riches, d’institutions internationales totalement dépendantes et d’une société civile mondiale qui relaie la volonté hégémonique des puissants, fonde toute sa légitimité sur le droit du plus fort. D’où la nécessité de dépasser cette logique de domination et de diktat par l’élargissement du Conseil de Sécurité de l’ONU à d’autres membres permanents, au-delà des cinq puissances historiques qui sont à la fois juge et partie.

    Depuis la décolonisation, la composition de l’Assemblée générale s’est radicalement modifiée avec l’admission massive de pays nouvellement indépendants. Ces pays dits du Tiers-monde forment à présent la grande majorité de ses membres. Tous ne veulent plus du jeu de veto entre les deux supergrands, ni d’une Assemblée générale dépourvue de tout pouvoir. Les pays émergents sur l’échiquier international tiennent aussi le même langage. La dictature du veto est obsolète à plus d’un titre.

    A l’initiative du Liechtenstein, l’ONU a adopté récemment un projet de résolution qui oblige les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier le recours au veto, afin de l’apprécier à sa juste valeur. L’idée déjà ancienne a été relancée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais le problème de fond demeure entier.

    Confisquée par les grandes puissances et plus particulièrement les Etats-Unis, l’ONU a besoin d’une réforme en profondeur pour remédier aux nombreuses carences du système international. A cet égard, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a appelé à « jeter les bases d’un nouveau multilatéralisme fondé sur une gouvernance mondiale concertée et inclusive… Les défis universels, a-t-il souligné, ont besoin de solutions universelles. Toutes les voix doivent être entendues- pas seulement celles des plus puissants ». Tout est dit.

    Le monde multipolaire d’aujourd’hui ne peut plus s’accommoder d’une organisation des Nations unies où les pays occidentaux imposent leur vérité et leur droit ; celui de gouverner le monde à leur guise, de faire la guerre selon leur propre volonté, ou d’apparenter des nations à l’axe du mal. N’est-il pas étonnant que les pays occidentaux se battent la coulpe pour les victimes civiles de la guerre en Ukraine, alors qu’ils restent muets devant les massacres de populations innocentes en Palestine et l’utilisation d’armes interdites par le protocole III de la convention sur certaines armes classiques entrée en vigueur en 1983.

    « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » disait le célèbre penseur Blaise Pascal. L’Occident a usé et abusé de ses vérités falsifiées, de sa défense des droits de l’homme sélective et de ses mensonges protecteurs de l’injustice envers le peuple palestinien brimé de ses droits nationaux. Dans ce monde du 21éme siècle caractérisé par la multipolarité, l’Occident a perdu le monopole des sentences et jugements sans appel.

    En ces temps incertains, un nouvel ordre mondial esquisse ses premiers contours, les rapprochements stratégiques autour d’intérêts communs, les sommets multipartites régionaux, les traités d’alliance de tout ordre ont tendance, à travers des initiatives partagées, à proposer une alternative aux Nations unies, notamment le Conseil de sécurité. L’environnement géopolitique mondial ainsi que le système des relations internationales connaissent de profondes mutations que la guerre en Ukraine a sensiblement accélérées. Une nouvelle page de l’histoire du monde est en train de s’écrire. Qui saura dire à quoi pourrait ressembler le monde de demain ?

    *Fonctionnaire

    Le Quotidien d’Oran, 29 mai 2022

    #ONU #EtatsUnis #France #GB #Russie #Ukraine #Chine #Ordre_mondial

  • Poutine est-il un atout de la CIA ?

    Poutine est-il un atout de la CIA ?

    Poutine est-il un atout de la CIA ? – Russie, URSS, Gorbatchev, Eltsine, Etats-Unis,

    Selon la propagande russe, Gorbatchev et Eltsine étaient des agents de la CIA chargés de détruire l’URSS.

    Ce récit, bien que démystifié par le service des affaires étrangères de l’UE , est toujours valable dans certaines parties de la société russe ; le dernier président de l’URSS et le premier président de la Russie accusés d’avoir nui à la patrie, le premier en se rendant sans combat pendant la guerre froide, et le second pour avoir prétendument permis aux États-Unis d’épuiser la Russie d’une grande partie de ses richesses.

    Suivant une logique aussi douteuse, on pourrait dire que Poutine est peut-être un atout de la CIA parce que sa guerre en Ukraine nuit à la Russie plus que son adversaire le plus puissant ne pourrait jamais rêver d’en infliger (sans utiliser d’armes nucléaires).

    En attaquant l’Ukraine, la Russie de Poutine a causé la mort prématurée de son vaste réseau d’agents d’influence rémunérés à travers l’UE, principalement en Allemagne, mais dans tous les pays. Compte tenu des antécédents de Poutine au sein du KGB en Allemagne et des efforts considérables déployés pour construire un réseau aussi vaste au fil des décennies, une telle déroute ressemble à de la haute trahison.

    La situation est peut-être pire sur le plan militaire. La Russie a rendu son impuissance militaire évidente aux yeux du monde, tandis que l’Occident a massivement renforcé son flanc oriental. L’OTAN, que le français Emmanuel Macron avait qualifié de «mort cérébrale» en 2019 , est bien vivante. Les anciens pays neutres envisagent de rejoindre l’alliance, tandis que les États membres de l’OTAN dépensent des milliards en achats de défense. Une grande partie de cet argent va aux États-Unis, le principal adversaire de la Russie. On peut imaginer le complexe militaro-industriel américain, comme l’appelle la Russie en disant : « Merci, Monsieur Poutine !

    De plus, l’Europe cherche maintenant à mettre fin à sa dépendance au gazoduc russe, en se tournant principalement vers le GNL américain (mais pas seulement parce qu’il n’y en a pas assez pour remplacer les approvisionnements russes). Et c’est la Russie de Poutine qui a fait ce cadeau à son ennemi. Sans la guerre, la Russie aurait continué à recevoir 1 milliard d’euros par jour des pays de l’UE pour son gaz. Maintenant, ce revenu va se tarir.

    Enfin et surtout, les États-Unis semblent disposer d’excellentes informations sur les intentions du Kremlin, ce qui semble indiquer qu’ils utilisent « HUMINT », ou intelligence humaine, en haut lieu à Moscou : peut-être une taupe de haut niveau. Cela n’a jamais été le cas pendant la guerre froide, se souviennent les experts.

    Apparemment, Poutine est obsédé par les traîtres et les assassins de son entourage. Ainsi, la fuite d’informations sensibles du Kremlin est encore plus improbable. Mais les États-Unis étaient capables de prédire l’invasion et vraisemblablement d’anticiper les mouvements dangereux du Kremlin, comme l’utilisation d’armes chimiques.

    Nous ne pensons pas que Poutine soit un atout de la CIA de la même manière que Gorbatchev ou Eltsine n’ont pas trahi leur pays. Mais Gorbatchev et Eltsine resteront dans l’histoire en tant qu’hommes politiques qui ont agi de manière responsable dans des moments difficiles. Poutine, cependant, restera dans les mémoires comme celui qui a ruiné son pays alors que les perspectives de la Russie étaient encore bonnes.

     Georgi Gotev

    Euractiv, 16 mai 2022

    #Russie #UE #EtatsUnis #URSS #Gorbatchev #Eltsine #VladimirPoutine

  • « Guerre de quatrième génération » : L’Algérie fait front

    « Guerre de quatrième génération » : L’Algérie fait front – Maroc, Israël, OTAN, URSS, Afrique,

    La «guerre de quatrième génération» est là ! Les esprits sceptiques, longtemps ignorant les appels à la vigilance, sont bien obligés aujourd’hui de constater au vu des attaques répétées du couple obscène makhzéno-sioniste que la menace est bien réelle et présente. Malgré les mises en garde et les appels répétés à l’unité nationale du Président Abdelmadjid Tebboune et du chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha, certains de nos concitoyens continuent à ignorer que le danger est omniprésent. Tout au plus des voix s’élèvent-elles pour exprimer leur crainte d’un conflit armé entre l’Algérie et le Maroc.

    La guerre de quatrième génération consiste à n’employer l’arme militaire qu’après avoir créé la déstabilisation, l’affaiblissement, voire le démembrement ; préalables à «l’anéantissement» du pays ciblé. A cet égard, l’Algérie constitue aujourd’hui bien plus que le «laboratoire» préconisé par le défunt roi Hassan II lorsque notre pays luttait contre l’hydre terroriste. L’Algérie est devenue LA cible privilégiée de l’entité sioniste et son larbin le Makhzen.
    Le concept de la G4G n’est pas nouveau. Il est l’aboutissement d’un choix stratégique au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. L’Occident s’est retrouvé face à deux situations nées de cette confrontation mondiale.
    Les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont d’abord pris en compte l’émergence d’une nouvelle puissance mondiale, à savoir l’Union soviétique et sa doctrine communiste. Par ailleurs, la renaissance des volontés d’indépendance dans les pays du Tiers-Monde représentait une menace aux intérêts capitalistes et néo-colonialistes soutenus par les rêves expansionnistes d’une entité créée de toutes pièces par une simple résolution de l’ONU.

    Dans un premier temps, les stratèges des USA et de l’OTAN ont choisi, face à l’Union soviétique, le concept de «Containment» ; d’enfermement du bloc communiste dans ses frontières. Les mouvements de libération nationale apparaissant comme des alliés potentiels du socialisme, les pays occidentaux, à quelques exceptions près, ont choisi de suivre les Etats-Unis dans leur choix de la stratégie «d’anéantissement» préconisée par le stratège Von Clauswitz.
    Le prix très lourd payé par les Etats-Unis et leurs alliés en termes de pertes humaines, matérielles et financières dans ces guerres d’anéantissement du Vietnam, de Corée et autre Afghanistan — et bien sûr de l’Algérie pour ce qui est de la France — ont forcé les stratèges américains à revoir leur copie et s’inspirer du précédent de la Chine impériale en matière de stratégie.

    La doctrine du grand stratège chinois Sun Tzu (544-496 avant J.C.) développée dans son ouvrage l’Art de la guerre avait pour principe fondamental la conquête des armées sans livrer bataille et le plus habile consiste à vaincre l’ennemi sans combat.
    Ce concept avait comme corollaire la guerre asymétrique où il fallait oublier toute idée de guerre à la loyale ou de justice. Sun Tzu a été le premier stratège à faire de la psychologie un élément de base de la stratégie. Suite donc aux différents échecs de la guerre «d’anéantisme», les stratèges US se sont alors inspirés de la doctrine de Sun Tzu.
    S’agissant de notre pays, la nouvelle stratégie de nos ennemis est la déstabilisation, et même la balkanisation, de l’Algérie nouvelle par le recours à ce qui est appelé «la guerre de quatrième génération», telle que préconisée par Max G. Warring, ancien professeur à l’Institut stratégique de l’US Army, War College.

    En 2018, M. Warring a réuni un aréopage d’officiers de l’OTAN pour leur expliquer que l’essentiel de ce nouveau concept de G4G est d’affaiblir de l’intérieur l’Etat ciblé, surtout que cet Etat dispose, comme l’Algérie, d’une armée puissante, bien équipée et bien formée. Et ce n’est nullement le fruit du hasard si cette réunion s’est tenue en 2018 à Tel Aviv. C’était là les prémices de l’installation des services de l’entité sioniste en territoire proche de nos frontières.

    Comment la guerre de quatrième génération s’applique-t-elle contre l’Algérie ?

    Elle est basée sur trois axes déterminés par les experts du Mossad.

    1- L’encerclement : l’entité sioniste, avec la mobilisation active de notre voisin de l’Ouest, cherche à apporter le danger tout au long de nos frontières.
    Le processus de déploiement de la présence d’Israël en Afrique s’est considérablement accéléré sous le régime de l’infâme Benyamin Netanyahu. Du Rwanda, lieu de rencontre avec la junte soudanaise, l’entité sioniste a tenté de s’implanter au plus proche de nos frontières.
    L’instabilité et le désordre en Libye, délibérément générés par le couple Sarkozy-Bernard-Henri Levy, a porté la menace à nos frontières Est par l’infiltration de terroristes et d’agents stipendiés du Mossad pour déstabiliser et détruire autant l’Algérie que la Tunisie nouvelle.

    La présence d’agents infiltrés au Niger et au Burkina-Faso, les tentatives de déstabilisation du Mali sont autant de menaces à nos frontières sud. Mais le plus grave est, à nos frontières ouest, la soumission absolue du Makhzen et de son roi à la volonté de l’entité sioniste de réaliser son rêve de détruire l’Algérie comme sa cible privilégiée et prioritaire. Rêve que l’Algérie Éternelle transformera en cauchemar éveillé pour elle comme pour le Makhzen, leur nouvel esclave.

    2 – Les psychotropes : le Makhzen et son roi n’en sont pas à leurs premières attaques contre notre pays. Les échecs d’octobre 1963 et d’Amgala II sont là pour les dissuader d’affronter militairement l’Algérie. Les meilleurs experts militaires sont d’avis que s’attaquer à l’ANP ne peut les mener qu’à une cuisante défaite. Le Makhzen en est donc réduit à l’usage de moyens mafieux difficiles, mais non impossibles, à juguler. Selon l’organe spécialisé de l’ONU chargé de la lutte contre la drogue et la criminalité, le Maroc est le plus grand producteur et fournisseur de cannabis de la planète. Le roi contrôle, lui-même, les plus grandes surfaces de culture de cette plante dont la commercialisation rapporte bon an mal an des millions de dollars. Le Makhzen se sert de cette drogue comme un moyen d’affaiblissement de notre jeunesse en faisant de ces jeunes des accrocs et des éléments influençables et éventuellement manipulables. Il s’agit là d’un véritable crime contre l’humanité dans la mesure où il consiste en un véritable assassinat de la conscience et libre arbitre de l’être humain. Il ne se passe pas un jour sans que la vigilance coordonnée des éléments de l’Armée Nationale Populaire, de la Gendarmerie et des Gardes-Frontières ne permette l’arrestation de passeurs criminels et de la saisie de plusieurs tonnes de cannabis en provenance du Maroc. Ces saisies ont permis aux services concernés de notre pays de découvrir que les plants de cette drogue destinée à l’Algérie ont été génétiquement modifiés pour accroître considérablement leur toxicité. S’ajoutant à cela, le Maroc est devenu le principal pourvoyeur de cocaïne et autres psychotropes pour l’Algérie et l’Afrique, et au-delà pour les consommateurs européens.

    3 – Financement du terrorisme, des médias et attaques cybernétiques : l’arme principale du Makhzen contre notre pays demeure l’usage combiné de l’électronique, de la cybernétique, des médias et du terrorisme. L’un des éléments les plus destructeurs dans la guerre de quatrième génération est le concept de LIND qui consiste en une guerre asymétrique où le pays disposant de la puissance technologique s’en sert contre le pays qui n’en dispose pas. Pour ce faire John Arguilla et David Ronfeld ont mis au point et affiné le concept de «Netwar» — guerre du net — basé sur le réseau des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), une arme psychologique usant des logiciels et des algorithmes pour pénétrer et neutraliser les systèmes de défense et économiques de notre pays. Pour ce faire, le Makhzen a bénéficié d’un satellite-espion, cadeau royal de l’ancien président socialiste de la France, François Holland, suscitant d’ailleurs une grande colère de l’Espagne.

    De son côté, l’entité sioniste est chargée d’offrir au Makhzen le système d’espionnage ‘‘Pegasus’’. Fort heureusement, nos services de sécurité, notamment l’ANP, ont depuis fort longtemps identifié la nature des attaques cybernétiques et conçu des mesures de parade efficaces.

    S’ajoute à cela des campagnes soutenues, proches de l’hystérie, des médias, notamment de l’Hexagone, du Maroc et d’Israël, contre une Algérie qui constitue un obstacle à toutes les visées expansionnistes et une volonté inébranlable de défense du droit des peuples à la liberté et la dignité. Il a été recensé plus de 90 organes de presse, écrits ou audiovisuels, qui font de leur acharnement contre l’Algérie leur «pain» quotidien. L’argent sale pour financer le terrorisme n’est plus un secret. Il est de notoriété publique qu’un fonds bancaire établi offshore, et dont le roi du Maroc, détient la majorité des actions, sert de moyen de financement à des organisations terroristes telles le MAK de l’infâme Mehenni ou le RACHAD de l’ignoble Zitout, ex-petit régisseur comptable, autoproclamé «diplomate».
    Nos ennemis, comme nos amis, reconnaissent que l’Algérie reste LA référence dont s’inspirent même les grandes puissances en termes de lutte contre le terrorisme.

    Mais, comme le dit l’adage populaire : «Une seule main ne peut applaudir». Face à tous les moyens préconisés par le Makhzéno-sionisme contre notre pays, notre salut reste dans l’unité de notre peuple et sa résilience. Chaque fois que notre Nation a été menacée, notre peuple a oublié ses petites querelles de parti ou de clocher pour se mobiliser uni derrière ses forces armées. Il en a été ainsi du soutien de toutes les masses populaires au combat armé mené par notre glorieuse ALN. Il en a été de même lors de l’agression de l’armée d’Hassan II en octobre 1963. Les récentes manifestations de joie de notre communauté nationale à l’étranger lors du sacre de notre équipe nationale de football au Qatar indique clairement que le citoyen algérien, sur le territoire national ou à l’étranger, reste viscéralement attaché à la sécurité et à la grandeur de notre pays.

    Le Makhzen, l’entité sioniste et leurs soutiens et alliés devraient réfléchir sérieusement à cette preuve de l’unité de notre peuple dans l’épreuve avant de se lancer dans une aventure qui ne peut signifier que leur perte.
    A bon entendeur salut.
    Un avertissement de l’Algérie Eternelle.

    Par  Noureddine Djoudi,  Ancien ambassadeur

    El Moudjahid, 27/12/2021

    #Algérie #Israël #Maroc #Guerre_troisième_génération #Makhzen

  • Le non-alignement, 60 ans après !

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Mouvement des pays non-alignés, qui célèbre cette année son 60e anniversaire (officiellement créé en 1961 lors de la conférence de Belgrade), veut revenir au centre des efforts multilatéraux pour répondre aux défis mondiaux, selon le thème choisi pour célébrer l’évènement par les Etats membres, réunis en visioconférence les 13 et 14 juillet. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, qui a pris part à cette conférence ministérielle à mi-parcours du Mouvement des pays non-alignés (PNA), sous la présidence de la République d’Azerbaïdjan, a relevé dans ce sens «la nécessité pour tous les Etats membres du Mouvement de réaffirmer leur attachement aux idéaux et aux principes de celui-ci».
    Ces principes reposent essentiellement sur le refus des pays membres de se ranger aux côtés de l’un des deux blocs qui s’opposaient dans le milieu du siècle dernier pendant la «guerre froide», Est ou Ouest, ainsi qu’un attachement indéfectible aux principes de la décolonisation et s’affirmer sur le plan des enjeux géopolitique en tant que troisième voie, qui a fait naître la notion de tiers-monde. C’était vraiment une époque de l’histoire où les faibles trouvaient, grâce à des hommes qui ont marqué l’histoire dans leur temps (Nehru, Tito, Abdenassar, Boumediene et d’autres), la force dans leur union face à l’impérialisme (un autre mot intimement lié à l’histoire du mouvement). Pourrait-on aujourd’hui redonner vie à ce mouvement dans un contexte mondial qui a dépassé les anciens clivages géopolitiques depuis la chute du bloc de l’Est entre 1989 et 1991, précisément depuis la chute du mur de Berlin ? Après cette période, où la notion de blocs Est et Ouest a perdu son sens, le Mouvement des pays non-alignés a perdu le nord. Sans parler de l’échec « interne » du mouvement, puisque rapidement des pays membres du mouvement, ne pouvant échapper à l’influence de l’une des deux puissances autour desquelles se structuraient naguère les relations internationales, ont fini par se ranger du côté de l’ex-URSS ou Washington, sous le poids des difficultés économiques et des conflits entre ces mêmes pays.
    En l’absence de leaders charismatiques et de points de concordances entre les pays qui s’inscriraient dans la logique du non-alignement, il serait vain d’espérer avoir une influence sur le destin du monde, ou de pays même du mouvement, et qui se trouvent confrontés à des problèmes effroyables, notamment depuis l’apparition de la pandémie de la Covid-19, qui va plus encore restructurer les relations internationales sur de nouveaux modèles, recentrés sur le protectionnisme économique et la coopération notamment. Le non-alignement ne devrait-il pas emprunter la voie du pragmatisme, en reconnaissant ses échecs et ses limites, et faire évoluer ses principes à la hauteur des nouveaux défis ? Continuer de nos jours à se confiner dans la célébration de l’anniversaire de la création des pays non-alignés et feindre un attachement aux vieux principes du mouvement serait tout simplement aveuglant.
    Aussi, on serait mal éclairé de ne pas voir que des pays qui étaient au début de la création de l’organisation très faibles, sortant à peine d’une longue nuit coloniale, sont devenus aujourd’hui assez puissants pour s’affirmer sur la scène internationale. Et il faudrait surtout éviter de cacher le soleil avec un tamis, en évitant d’aborder les profondes divergences qui creusent un fossé entre les politiques et les positions adoptées par les uns et les autres face aux problèmes des Palestiniens et des Sahraouis, pour l’exemple.
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