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  • Zemmour : un dynamiteur du vivre ensemble

    France, Eric Zemmour, xénophobie, islamophobie, extrême droite, Emmanuel Macron,

    « Je rêve que mes quatre petits-enfants vivent un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère » Martin Luther King

    Qu’on le veuille ou non à tort ou a raison nous nous intéressons à des degrés divers sur ce qui se passe en France. Nous sommes à notre corps défendant concernés surtout que la France semble plus que jamais prise en charge par les adeptes du grand remplacement éludant les vrais problèmes que sont le chômage avec comme corollaire la conséquence dans ce que d’aucun les territoires perdus de la République Bref tout est fait pour creuser un fossé entre des citoyens avec des impatients candidats qui rêvent de la magistrature suprême. «À sept mois de la prochaine élection présidentielle lit -on , sur Slate, la campagne est entrée dans ce qu’on pourrait appeler une phase «déambulatoire». Les candidats se succèdent Il y a ceux qui sont déjà déclarés ceux qui sont candidats à la primaire de Les Républicains, elle-même encore virtuelle ou effective, celle des écolos ou encore ceux qui, habités par une forme de destin gaullien, se sont mis en marche tout seuls à la rencontre de leur peuple (Bertrand, Montebourg)… Autant de destins présidentiels autoproclamés et qui aspirent à un accomplissement. (…) Les programmes des partis sont sacrifiés au casting des candidats. Les débats de fond voués à se dissoudre dans les polémiques stériles sur l’islam et l’immigration.(…) La campagne qui s’annonce ne fera pas exception. Prime ira au complotisme et aux outrances en tous genres à la Zemmour, sans compter les clowneries pittoresques d’un président en mal de crédibilité» (1)

    Le sacerdoce sonnant et trébuchant de Zemmour

    Dans ce mouvement brownien un sinistre personnage se détache. Quelqu’un qui se veut plus royaliste que le roi, plus français que les français qui oublie d’où il vient et comment sa communauté a profité pour l’histoire de la République quand elle était au plus mal en 1871 pour se voir infligé les fumeux décrets Crémieux qui ont définitivement désarrimés les juifs d’Algérie des musulmans d’Algérie avec qui ils coexistaient en paix depuis deux mille ans.

    Zemmour qui profite de la liberté d’insulter écrit des livres. En fait, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que ce qui l’intéresse c’est la visibilité et surtout l’argent. Comment faire ? Il a compris que la provocation cela paye en lecteurs à qui il fait vibrer les pulsions fascistes . Ainsi même si sa candidature n’ira pas jusqu’à son terme Zemmour est gagnant Les affaires sont bonnes. Son essai Destin français, a pris à l’époque la tête du classement des ventes de livres, l’énorme carton de son précédent ouvrage, Le Suicide français – 500.000 exemplaires écoulés en 2014 – Pour son dernier ouvrage La France n’a pas dit son dernier mot Le gain espéré pourrait dépasser 500 000 euros et approcher 1 million d’euro, C’est de fait le but de toute l’agitation dans les médias. Plusieurs millions d’euros que rapportent ses insultes contre des citoyens français comme lui .

    Même s’il est condamné à dose homéopathique (toutes le condamnations ‘arrivent pas à 20.000 euros. Ces 5 ouvrages lui amènent des millions d’euros puisqu’il flatte les pulsions mauvaises des françaises et des français en convoquant tout le monde, les nostalgériques, les abîmés de la société qui voient en l’étranger celui qui mange le pain des français. Il va même plus loin il s’attaque à l’identité rappelant les thèses de «de Villiers de René Camus qui parle de pureté du sang ( limpieza de Sangre) alors que la France s’est faite d’alluvions permanent d’Italiens, de portugais de Polonais, d’arméniens et de juifs à qui on ne demande pas de changer de nom.

    Comment Zemmour a été «fabriqué» ?

    C’est un fait tout le monde est complice pour donner une visibilité à ce trublion aussi bien le monde de l’argent , que les médias aux ordre dont certains sont détenus par des personnalités proches de ses idées Pour le journaliste politique Jean-Michel Aphatie il faut pointer du doigt ceux qui sont, responsables de la popularité du polémiste.

    Le polémiste est considéré depuis quelques jours comme un «acteur du débat politique national» par le CSA. Ce qui a poussé le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel à demander aux chaînes de décompter son temps de parole et de prendre en compte ce dernier dans le quota laissé à l’opposition (…) Lucide, Jean Michel Apathie n’a pas caché que la montée en puissance du polémiste de droite est due avant tout aux médias. «Les médias ont leur part de responsabilité, évidemment. Nous avons fabriqué Eric Zemmour (…) en lui donnant la parole, en ne le contrariant pas, en lui laissant dire n’importe quoi. L’interview du Corriere della Serra, ça a été un scandale. (…)Pour rappel, interrogé par ce journal italien le Corriere della Serra en 2014, Eric Zemmour avait notamment affirmé : «Il y a des millions de personnes qui vivent en France sans vouloir vivre à la française. Les musulmans ont leur propre Code civil : le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés d’en partir.» Au journal qui lui demandait s’il fallait «rapatrier (deportare en italien, ndlr) ces personnes», le polémiste en promo pour son livre avait répliqué: «Je sais, c’est irréaliste, mais l’histoire est surprenante. (…) Qui aurait dit, dans les années 1940, que 1 million de pieds-noirs auraient abandonné l’Algérie pour retourner en France ? Je pense que cette situation […] nous portera au chaos et à la guerre civile.» (2)

    Les techniques malsaines impunies de Zemmour

    Le polémiste se fait un nom en tirant sur tout ce qui bouge du côté des faibles – je veux parler des immigrés, combien ils seraient de la dixième génération habitués à perdre ou gagner des procès selon l’humeur des juges qui ont à décider des suites récurrentes à ces provocations. Eric Zemmour a fait de la polémique plus que son fonds de commerce, il en en a fait son humus (dans tous les sens du terme). Il prospère sur cet humus plutôt que sur les valeurs de progrès dont la société française se réclame» (3).

    «Eric Zemmour lit on sur le site Agoravox va de polémique en polémique, de provocation en provocation, ses cibles ne peuvent pas se défendre: les femmes, et les jeunes des banlieues Dans une nouvelle polémique, il s’en prend à Mme Christiane Taubira, la nouvelle ministre de la Justice qui serait «douce et compatissante, compréhensive; une maman pour ses enfants, ses pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois». Sans surprise, il reçoit le soutien de Marine Le Pen. «Aussi, lorsqu’il s’en prend à notre désormais ministre de la Justice, il fait d’une pierre 3 coups: elle est femme, elle est noire, elle cherche à restaurer une justice équitable en faveur des minorités, ces autres différents, à faire cesser un harcèlement. Allant plus loin, il persiste en déclarant, là encore comme un clin d’oeil au racisme anti-blanc: «En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp à protéger, les hommes blancs dans le mauvais.» (4)

    En septembre 2021 le débat a ressurgi ; Taubira s’en prend au polémiste Elle a qualifié les propos d’Éric Zemmour d’«objurgations», estimant qu’il ne faut pas leur donner du crédit. Elle regrette également que personne ne conteste la haine des «individus» comme Zemmour. Elle pointe «un pays où on humilie tranquillement», un pays qui «reste calme alors qu’on écrase la jeunesse, alors que le danger climatique ne peut pas attendre, que l’injustice sociale produit de la colère, de la rage». Une occasion pour elle de s’en prendre au polémiste, Je ne peux pas juste m’amuser et laisser les Zemmour et autres. Après Zemmour, il y en aura d’autres, des individus comme ça, qui sont dans un confort matériel, social, moral parce que personne ne conteste leur haine, personne ne les marginalise, personne ne le stigmatise» (5)

    Le pire des citations d’Éric Zemmour

    Le site Slate.fr a recensé les phrases immondes qui font que Zemmour se sent pousser des ailes du fait que les amendes le servent Difficile, aujourd’hui, de définir Éric Zemmour. réactionnaire et nationaliste radical, condamné pour provocation à la discrimination raciale, candidat potentiel à la prochaine présidentielle, etc. Avant tout, Éric Zemmour est un homme qui parle beaucoup et aime faire passer ses idées non comme des propositions, mais comme des vérité» (6)s :

    «À propos de la peine de mort: «J’y suis philosophiquement favorable.» Lui, président de la République, «un Français n’aura pas le droit d’appeler son fils Mohamed». Samedi 11 septembre 2021, Les employeurs «ont le droit de refuser des Arabes ou des Noirs». «Mais pourquoi on est contrôlé dix-sept fois [lorsqu’on est noir ou arabe]? Pourquoi? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait.»

    «Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis aujourd’hui du côté du général Bugeaud. C’est ça, être français!»

    Zemmour a voulu signifier ce 23 octobre 2019 en faisant l’apologie du général Bugeaud, figure de la colonisation de l’Algérie et de la stratégie de la terre brûlée. Une vision qui ouvre de bien belles perspectives… (6)

    Les condamnations à des amendes génératrices de publicités

    Zemmour est un habitué des cours de justice depuis plus de dix ans : «Pour la seconde fois, Eric Zemmour est définitivement reconnu coupable de provocation à la haine raciale.

    Mardi 17 septembre, le polémiste a été condamné, en mai 2018, à 3 000 euros d’amende par la cour d’appel de Paris. Lors de l’émission «C à vous» diffusée le 6 septembre 2016 Eric Zemmour avait affirmé qu’il fallait donner aux musulmans «le choix entre l’islam et la France». Selon lui, la France vivrait «depuis trente ans une invasion», et d’ajouter que, «dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées», se jouerait une «lutte pour islamiser un territoire», «un djihad».»

    «Les propos incriminés (…) contenaient un appel à la discrimination» La cour d’appel n’avait alors pas retenu trois autres passages de l’émission, pour Eric Zemmour définitivement condamné pour provocation à la haine raciale lesquels Eric Zemmour avait été condamné en 2017. Le journaliste polémique soutenait notamment que «tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas» considéreraient les djihadistes comme de «bons musulmans». La Cour de cassation a estimé que la cour d’appel avait «exactement retenu que, par leur sens et leur portée, les propos incriminés, qui désignaient tous les musulmans se trouvant en France comme des envahisseurs et leur intimaient l’obligation de renoncer à leur religion ou de quitter le territoire de la République, contenaient un appel à la discrimination». A l’issue de ce pourvoi, Eric Zemmour devra payer 2 500 euros supplémentaires à l’association au titre des frais de justice» (7).

    Eric Zemmour avait déjà été condamné en 2011 pour provocation à la haine, après avoir déclaré à la télévision que «la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait». Le tribunal avait alors jugé que le contributeur du Figaro avait «dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression». En septembre 2020, Eric Zemmour a qualifié les migrants mineurs isolés de «voleurs», «assassins» et «violeurs Ils n’ont rien à faire ici. Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer, il ne faut même pas qu’ils viennent». Le polémiste a déjà été condamné en septembre 2020 pour «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste», pour des propos sur l’islam et l’immigration» (7)

    Zemmour renie ses origines

    L’historien et géopolitologue Youssef Hindi, auteur de plusieurs ouvrages, a écrit un ouvrage «L’Autre Zemmour», interviewé par le site Rivarol , au sujet de la tribu Zemmour il déclare : « (…) J’ai donc logiquement, en guise de chapitre introductif de mon livre, retracé sa généalogie. J’ai pu ainsi constater que ses laudateurs «nationalistes» ont moyennement apprécié d’apprendre que leur champion est issu d’une confédération de tribus connue au début du XXe siècle par ses actes d’hostilité et de brigandage entre l’Algérie et le Maroc» (8)

    «Je peux comprendre aisément le malaise des patriotes français quand ils découvrent que les Frères Zemour, escrocs et proxénète célèbres dans les années 1970, sont de la même famille qu’Eric Zemmour, celui qui n’a de cesse, sans doute à raison, de pointer du doigt les délinquants afro-maghrébins. L’honnêteté intellectuelle commande à Zemmour de parler également des mafieux, des trafiquants d’organes[ et des grands prédateurs financiers internationaux de sa communauté qui appauvrissent des peuples entiers. Or il s’en garde bien. Certains ont du mal à croire à cette surprenante filiation, pourtant elle est confirmée par le premier intéressé. Durant l’émission On n’est pas couché du 19 mars 2011, on demande à Eric Zemmour si il a un lien de parenté avec les Frères Zemour, à quoi il répond : «Quand j’étais petit, mon grand-père m’a expliqué que leur père était un petit cousin de mon grand-père.» Je ne reproche en aucun cas à Eric Zemmour ses origines peu enviables. Je ne défends pas la conception tribaliste archaïque de certains qui attribuent aux enfants les mérites et les fautes des pères… sur plusieurs générations. Mais je trouve tout de même cocasse et ironique qu’une certaine «extrême droite» racialiste se soit choisie un tel représentant. Il faut tout de même dire, à leur décharge, qu’ils n’ont pas véritablement eu le choix. C’est l’oligarchie détentrice des médias qui a fait d’un descendant d’une tribu de brigands du Maghreb le porte-parole médiatique et officiel des «patriotes» français.» (8)

    Est-ce que Zemmour est protégé par le système ? Youssef Hindi répond : « Depuis une dizaine d’années, Eric Zemmour est omniprésent dans les médias Il est désormais à la télévision presque tous les soirs. Ceux qui promeuvent Zemmour ne sont en aucun cas des patriotes français et encore moins des nationalistes. Les principaux patrons d’Eric Zemmour, ceux qui le soutiennent, le protègent et le rémunèrent, sont des milliardaires, patrons de presse et de groupes média comme Dassault (famille à la tête d’une industrie de l’armement, propriétaire du Figaro qui emploie Zemmour depuis 1996), Vincent Bolloré (milliardaire, ami de Sarkozy et actionnaire majoritaire de Vivendi et du groupe Canal +), Serge Nedjar (le patron de CNEWS) et Maxime Saada (président du directoire du groupe Canal +). L’intérêt pour les puissances d’argent de promouvoir Zemmour est simple à comprendre. Dans la période de crise économique, sociale et de régime que traverse la France, l’objectif premier de l’oligarchie est de conjurer (au sens de détourner) la révolte populaire qui met directement en danger le pouvoir. Pour ce faire, le système applique la stratégie que Lénine a formulée ainsi :«Le meilleur moyen de contrôler l’opposition est de la diriger nous-même» (…) Le 18 septembre 2020, dans un édito du Figaro, Eric Zemmour a eu du mal à cacher sa joie quant à ce qu’il qualifiait de «fin de partie pour les gilets jaunes»,«vaincus, dit-il, par l’extrême gauche et les voyous de banlieues». (8)

    «Si Eric Zemmour pensait vraiment ce qu’il disait sur «les racines hébraïques de la France», pourquoi n’en a-t-il pas dit un seul mot avant son livre Destin français paru en 2018 ? Il n’est pas le premier à faire de la propagande sur les prétendues «origines hébraïques de la France» ; il est même le dernier de la mouvance juive pro-israélienne à le faire. En 2016, Bernard-Henri Lévy publie un livre, L’Esprit du judaïsme, dont la thèse est que les juifs ont cofondé la France. D’après BHL la «source hébraïque» constitue les«tréfonds de la mémoire de la France» L’année suivante, le 3 janvier 2017 dans les colonnes de Valeurs Actuelles, Gilles-William Goldnadel parlait du «lien historique sacré entre Paris et Jérusalem, Saint Louis et David, la France chrétienne et l’État juif.» À la suite de BHL et de Goldnadel, Zemmour ira jusqu’à titrer un des chapitres de son livre «Saint Louis, Le roi juif» (….) Je rappellerai aussi au passage que le roi Saint Louis, a fait brûler de nombreux exemplaires du Talmud sur la place de Grève en 1242, notamment à cause de ce que ce texte fondamental du judaïsme dit de la Vierge Marie et du Christ . Quand Zemmour parle, toujours dans son livre Destin français, de «La synthèse française des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines», il contredit le général de Gaulle qu’il cite sans arrêt. Charles de Gaulle définissait ainsi l’identité française: «Nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-romaine». (8)

    La calomnie immonde pouvant amener le chaos

    Christian Salmon met en garde contre des positions personnelles et le fait d’en faire un fond de commerce par ouvrages interposés. : «Il ne s’agit plus simplement d’un idéologue conservateur aux plaisants paradoxes. Il doit être combattu en connaissance de cause «Il y a un moment où certains livres deviennent des bulletins de vote», affirmait en 2016 Francis Esménard, alors patron d’Albin Michel. Il justifiait ainsi la publication de cinq ouvrages d’Éric Zemmour dont Le Suicide français en 2014, «Ses ouvrages sont en phase avec le pays, faisait-il valoir, et s’ils ont tant de succès, c’est que les lecteurs se sentent confortés d’y trouver et d’y lire ce qu’ils ont envie d’y trouver et d’y lire.» Assimiler un livre à un bulletin de vote, c’est une drôle de conception quand on y pense. Une maison d’édition n’est pas un isoloir. Et, à ce qu’on sache, la publication d’un livre est tout le contraire d’un vote secret. En tout cas, son successeur à la tête d’Albin Michel, Gilles Haéri, n’est pas du même avis. Il vient d’annoncer qu’il ne publierait pas le dernier livre d’Éric Zemmour car celui-ci avait l’intention de «s’engager dans la présidentielle et de faire de son prochain livre un élément clé de sa candidature». (9)

    «La journaliste Ariane Chemin a reconstitué dans un article du Monde, «Et Zemmour devint Zemmour». De simple chroniqueur et journaliste au Figaro, il s’est mué en polémiste dans l’émission de Laurent Ruquier «On n’est pas couché», puis en propagandiste violent sur i-Télé et CNews, assumant des positions de plus en plus radicales pour finir par se déclarer candidat virtuel à la présidence de la République. Il peut inonder l’espace public de déclarations incendiaires et détourner les règles du débat électoral en continuant à occuper chaque soir sur CNews sa chaire de la haine. Car Zemmour avance masqué. Il est et il n’est pas candidat. Il s’agit pour lui de laisser prospérer sa candidature dans l’opinion et de préempter un espace politique délaissé par une Marine Le Pen (…) Il ne s’agit pas d’un simple débat d’idées. L’idéologie du «grand remplacement» a inspiré une douzaine d’attentats dans le monde pour la seule année 2019 et une centaine de morts. Brenton Tarrant, l’auteur de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, avait publié un manifeste de plus de soixante-dix pages évoquant un «génocide blanc». Son titre: The Great Replacement. La cible de ces attentats: des mosquées, des synagogues, des centres d’accueil pour migrants. Leurs auteurs: des antisémites obsessionnels, des suprémacistes blancs, et de jeunes recrues fraîchement converties à la cause de l’«anti-remplacisme». Zemmour s’est fait leur guide. . Et il doit être combattu en connaissance de cause. Il est devenu le propagandiste d’une idéologie mortifère dont les sources remontent loin, au-delà des fascismes européens du XXe siècle auxquels on les compare souvent: au suprémacisme blanc des années 1920 aux États-Unis et au racialisme du Ku Klux Klan qui a connu une soudaine résurgence sous Donald Trump, sautant au visage des Américains le 6 janvier dans les images de l’attaque du Capitole». (9)

    Le délire collectif des déclinistes français :

    On peut penser que Zemmour est le seul à jeter de l’huile sur le feu. Il n’en n’est rien. Dans la même veine des pyromanes idéologiques dynamiteurs du vivre ensemble sans conviction les auteurs suivants ont en commun le fond de commerce fécond de la diabolisation de l’Islam. Alain Roy dans une étude magistrale parle justement des déclinistes français qui mettent en garde en se lamentant sur Michel Houellebecq, Soumission (Flammarion, 2015) le sixième roman Suivant le scénario imaginé dans Soumission, le chef du nouveau parti de la Fraternité musulmane(…) , Mohammed Ben Abbes, remporte l’élection présidentielle de 2022 Le président musulman sitôt élu, la société française s’islamise rapidement : la Sorbonne, où le narrateur enseigne la littérature du 19e , devient une université islamique financée par la monarchie saoudienne (…) (…) Après l’identité malheureuse de Finkielkraut, le suicide français de Zemmour et la soumission de Houellebecq, Onfray réécrit l’histoire de l’Occident depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001 afin de nous montrer que sa suprématie pluriséculaire serait sur le point de s’effondrer (…)» (10

    Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq et Onfray. Quatre auteurs ayant publié, à la chaîne, quatre best-sellers fondés sur un même scénario islamophobe et catastrophiste: la France est vouée à une identité malheureuse à cause de ses citoyens musulmans ; la France se soumettra à l’islamisation dans un avenir proche; la France sera engloutie dans la décadence de la civilisation judéo-chrétienne vaincue par l’islam. (…) Chacun à sa manière, nos quatre auteurs jouent le jeu de l’anticipation en imaginant l’avenir d’une France défaite et déchue. lorsqu’on verra que ce scénario de catastrophe ne s’est pas réalisé, ce moment de la vie intellectuelle française où quatre auteurs de renom avaient cru bon de propager un discours haineux et délirant contre les musulmans de France sera perçu comme un épisode honteux. La lucidité est une vertu d’autant plus utile qu’elle s’exerce dans le présent ; rétrospectivement, elle a moindre prix» (10)

    Comment être Français au XXIe siècle selon Les Zemmour and Co ?

    La polémique sur les prénoms français a fait réagir aussi le ministère de l’intérieur Gerard Darmanin qui se dit fier de son deuxième prénom en hommage à son grand père: « «Je suis très fier que mon deuxième prénom soit Moussa (…) Il n’y a pas plus Français qu’un Français de volonté», a ainsi affirmé le ministre d’Emmanuel Macron. «Mon grand-père était harki. Il s’est battu en 1940 pour la France. Il a libéré Saint-Amand-Les-Eaux des Allemands, et dans 3 semaines, j’ai l’honneur d’inaugurer une rue à son nom : adjudant-chef Moussa Ouakid» (11)

    Pour être français, il faut selon les plus royalistes que les Français de souche avoir un prénom français, être blanc de préférence chrétien . Le corps social français est travaillé par des médias qui le matraquent à longueur de journée en ne leur proposant que la doxa zemmourienne, houllebecquienne, finkelkrautienne ou botulienne. Une contribution du site Avic remet les pendules à l’heure.: «Ils veulent transformer la France de fond en comble et, insidieusement, ils y arrivent. Ils s’y comportent en pays conquis et veulent façonner les esprits selon leur propre vision du monde. Ils disposent pour cela de puissants outils médiatiques qui propagent leurs idées et les accompagnent dans leur combat de conquête totale de la France. «Ils», ce sont les Arabo-Berbères des milieux artistiques et médiatiques rapatriés de l’Afrique du Nord, ou les immigrés de l’Europe de l’Est appartenant à ce milieu. Ils usent des mots faisant référence aux vraies valeurs françaises . Ils ont ainsi dénaturé la laïcité, la liberté (d’expression entre autres), le droit humain, mettant toutes ces valeurs au service d’une seule communauté qui désormais est seule représentante de la communauté française. Ces Gaulois plus Gaulois que les Clermontois, de Sarkozy à Zemmour, en passant par Finkielkraut, Valls et BHL, se sont appropriés la France et se prétendent les seuls défenseurs de son identité. (…) Jusqu’ici, n’avaient été sollicités que les médias et les influences politiques pour faire voter les lois pour écraser la résistance. Aujourd’hui, Eric Zemmour va même plus loin. Il veut amener l’armée à combattre pour eux, à leurs côtés. Il rêve de «reconquérir» les territoires perdus de la République, République qu’ils se sont aussi accaparée, devenue la République des Zemmour et Co Selon Zemmour, «L’état-major de l’armée sait qu’un jour viendra où il devra reconquérir ces terres devenues étrangères sur notre propre sol. Le plan est déjà dans les cartons, il a pour nom «Opération Ronces». Il a été mis au point avec l’aide des spécialistes de l’armée israélienne qui ont transmis à leurs collègues français leur expérience de Gaza. La comparaison vaut tous les discours». (12)

    Conclusion

    Les architectes du chaos en France sont les Finkielkraut, Bruckner, BHL, et autres Zemmour et Houellebecq qui se font une réputation sonnante et trébuchante en calomniant et dressant les Français contre d’autres Français de confession ou de culture musulmane allant même jusqu’à prédire une France islamisée en 2022 à moins que, comme le suggère fortement Zemmour dans ses écrits, on procède sans tarder à une «Reconquista» à la française pour prémunir les Français du grand remplacement. Cela rappelle étrangement le sort des juifs du XIXe siècle, qui eurent à faire face à la haine de 2000 ans de christianisme avec le credo de juifs déicides, qui a fini par convaincre les Européens qu’il fallait aller à une solution finale dont les préludes furent les pogromes russes, polonais et autres vilénies espagnoles et françaises où les juifs n’avaient pas le droit d’enterrer leurs morts intra-muros à Paris. Quand ils furent chassés d’Espagne, c’est le Maghreb et l’Empire ottoman qui les accueillirent.

    S’il ya bien une chose que Zemmour traite avec mépris , ce sont ces comparutions en justice qui le servent plutôt qu’elle ne le mettent en garde contre les récidives. En fait, cela lui fait de la publicité et cela lui permet de travailler le corps social français en profondeur . Les amendes sont de loin marginales aux bénéfices multiples qu’il retire de ses livres. La justice quelque part en fait un «martyr» et tout ceci le bonifie. Il n’ya pas de peine pour ceux qui travaillent insidieusement pour l’éclatement du vivre ensemble sans lequel la France ne pourrait perdurer. Les vrais problèmes des français le pensons nous tournent surtout autour du pouvoir d’achat , de la qualité de vie de la pandémie du climat …Naturellement les racistes n’ont pas de solution miracle sur le plan social et économique qui permettrait d’améliorer le climat social Il est navrant de constater la lente déliquescence des institutions où on donne une visibilité à des agitateurs qui flattent les pulsions morbides du corps social. Si rien n’est fait des Nuits de cristal sont à prévoir dans les prochaines années. Sans conteste Zemmour est un dynamiteur du vivre ensemble Les musulmans du XXIe siècle en France qui sont des citoyens à part entière seront les Juifs du XXe siècle dans une France forteresse travaillée par tous les Zemmour Il faut espérer est qu’un coup d’arrêt légal soit donné à ces fuites en avant suicidaires pour une France qui se veut patrie des Droits de l’Homme.

    Par Chems Eddine Chitour, professeur – Ecole Polytechnique Alger

    1.http://www.slate.fr/politique/2022-la-fabrique-dune-election/episode-20-candidats-macron-conversation-nationale-demarche

    2.https://www.programme-television.org/news-tv/Jean-Michel-Apathie-accuse-Les-medias-ont-fabrique-Eric-Zemmour-VIDEO-4677141 11 09 2021

    3.https://www.lexpression.dz/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/les-degats-contre-le-vivre-ensemble-154729

    4.http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/zemmour-l-idiot-utile-du-f-haine-117531

    5.https://fr.sputniknews.com/amp/france/202109161046142079-apres-zemmour-il-y-en-aura-dautres-taubira-sen-prend-au-polemiste/

    6http://www.slate.fr/story/215535/eric-zemmour-pire-citations-multiples-condamnations-proces-discrimination-raciale-provocation-haine-injures-racistes

    7.https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/20/eric-zemmour-definitivement-condamne-pour-provocation-a-la-haine-raciale_6012389_3224.html

    8.https://youssefhindi.wordpress.com/2020/11/10/interview-autour-du-livre-lautre-zemmour/

    9.http://www.slate.fr/politique/2022-la-fabrique-dune-election/episode-14-eric-zemmour-publication-livre-albin-michel-histoire-ideologie-nazis 6 juillet 2021

    10 Alain Roy https://www.erudit.org/en/journals/linconvenient/2017-n70-linconvenient03280/86908ac.pdf

    11.https://www.programme-television.org/news-tv/Polemique-sur-les-prenoms-la-reponse-cinglante-de-Gerald-Darmanin-a-Eric-Zemmour-4677325

    12.http://reseauinternational.net/ces-franco-maghrebins-ou-franco-est-europeens-plus-francais-que-les-francais/#ZQCpiOyD0XW9SLt4.99

    Le Quotidien d’Oran, 27/09/2021

  • Le racisme anti-maghrébin en France

    par Abdelkader Khaldi

    Dans un rapport publié le 28 juin 2021 l’Organisation des Nations Unies exhorte les Etats à reconnaître le racisme systémique pour mettre en lumière son impact délétère et le combattre sans concession. C’est une occasion pour nous de présenter cette brève étude sur le racisme en France dont sont victimes les Maghrébins.

    Dans ce pays le racisme structure les relations sociales. Les discriminations dans l’emploi ou le logement sont récurrentes, actes racistes de la vie quotidienne. Les replis et cloisonnements ethniques dans les quartiers défavorisés dans les grandes villes françaises sont une réalité patente.

    Racisme anti-arabe et islamophobie sont un couple de haine à l’égard d’un groupe humain qui ne demande qu’à vivre en paix.

    Les flux d’émigrés originaires du Maghreb ont commencé dès la période coloniale et se sont amplifiés durant la période dite des trente glorieuses (de 1945 à 1975), phase de forte croissance économique impulsée par une industrialisation accélérée.

    Le nombre d’Algériens vivant en France était de 350 000 en 1962 et de 846 000 en 2019.Quant aux binationaux d’origine algérienne leur estimation varie de trois à quatre millions (évaluation grossière puisque les statistiques ethniques sont interdites en France). La présence d’immigrés en France a été vue par les français comme une invasion et le racisme s’est mis en branle. Selon un sondage d’opinion réalisé en 2014, 73 % de la population française considéraient qu’il y avait trop d’immigrés.

    Le racisme éclot et se développe dans les milieux de socialisation des groupes sociaux d’appartenance, tel un cancer il se métastase. La justification de la différentiation raciale a commencé dès le 19è siècle. Gobineau en France dès 1850 et les idéologues nazis en Allemagne ont essayé, sans succès, de lui donner un fondement scientifique. Peine perdue, les progrès de la génétique ont discrédité ces élucubrations sans pour autant qu’elles reculent ou disparaissent.

    Cette idéologie délétère qui oppose les êtres humains est véhiculée de façon sournoise ou ouverte.

    Elle se répand dans toutes les strates de la société car elle est fondée sur ce qui est présenté comme une évidence, l’altérité : les différences entre groupes humains (couleur de peau, culture etc.).

    L’islamophobie, forme ambivalente et perverse du rejet des musulmans, mêlant critique d’une religion et haine des ses adeptes, a eu le vent en poupe ces dernières décennies en France. Sa manifestation médiatique a commencé à la fin des années 1980 avec l’affaire du foulard islamique porté par de jeunes filles maghrébines à Creil dans la banlieue parisienne. L’affaire a pris une tournure politique et la loi promulguée en 2004 a interdit de porter ce bout de tissu sur la tête dans les écoles.

    Face au racisme agressif ou sournois (remarques d’apparence anodine, plaisanteries etc.,), celui de tous les jours (le nano-racisme comme l’appelle le sociologue Achille Mbembe,), une marche en 1983 et des émeutes en 1990 et 2005 ont eu lieu en France.

    En France le racisme est un des sujets qui fâchent. Il n’irrite pas que l’opinion publique ou les autorités politiques, il crée la discorde même entre les chercheurs en sciences sociales. Les études portant sur le racisme sont restées marginalisées jusqu’au début des années 1990. Tant que la société persiste dans le déni ce mal continuera à la ronger et approfondir la fracture sociale.

    L’analyse du racisme que nous proposons est menée en deux temps d’abord nous présenterons quelques éléments sociologiques pour mieux comprendre ce phénomène social délétère ensuite nous étudierons la discrimination ethnique en France à l’encontre de la communauté d’origine maghrébine.

    Comprendre le mal : les concepts de race et de racisme

    On peut dire avec Etienne Balibar que « le racisme en tant que tel est un phénomène permanent dont le retour périodique traduirait l’incapacité des sociétés à progresser du point de vue de la civilisation, ou leur dépendance insurmontable par rapport à des structures archaïques de la mentalité collective ». S’il est un fait permanent qu’est-ce qui assure sa reproduction ? Il relève de l’émotion négative que ressentent les individus face à l’altérité.

    Les neurosciences nous apprennent grâce à l’imagerie médicale que la zone du cerveau qui réagit face à l’altérité est celle des émotions, émotions qui vont s’exprimer en haine, en rejet voire en actes violents sous l’effet de l’idéologie et du milieu social. Quand le caractère de ce qui est autre (altérité) est perçu comme une menace cela crée la peur, les problèmes surgissent, c’est la voie ouverte au rejet.

    Les préjugés racistes en cours dans la société et intériorisés par les individus élèvent la propension à la méfiance et au jugement de valeur qui dévalorise les autres. Le constat d’une différence ne mène pas obligatoirement au racisme, celui-ci se manifeste quand cette différence est utilisée contre autrui.

    Le dictionnaire Larousse définit le racisme comme « l’idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les races ».

    Si la hiérarchie biologique est scientifiquement discréditée elle a encore la vie dure. On tente aussi de justifier l’inégalité supposée entre groupes humains par les différences culturelles. On passe allègrement de l’essentialisme biologique à l’essentialisme culturel. C’est cette distinction que précise André Taguieff, il y a « le racisme classique, biologique, et inégalitaire, et le racisme différentialiste et culturel, qui ne biologise pas le différent » (Taguieff,p.6).

    Le racisme est « une théorie pseudo-scientifique de l’inégalité des races humaines, fondée sur un déterminisme biologique grossier, de type « telle race telle culture » (…), ensuite un ensemble de conduites et de pratiques discriminatoires, qu’accompagnent des attitudes d’intolérance, voire de passions négatives, comme la haine ou le ressentiment ». (Taguieff, p.9). Le racisme se répand au sein de la société par la socialisation (apprentissage et intériorisation des normes et valeurs sociales de la société à travers différents espaces : familles, écoles, rues, lieux de travail etc.). Il fait l’affaire des groupes dominants, qui en profitent, il a une fonction, nous dit Albert Memmi, « il balise et légitime une dominance » (Memmi, p.92).

    Voyons maintenant d’un peu plus près cette notion de race

    Une race est définie par le dictionnaire Robert (édition de 1977) comme « un groupe ethnique qui se différencie des autres par un ensemble de caractères physiques héréditaires (couleur de la peau, forme de la tête, proportion des groupes sanguins etc.)». Une telle définition s’inscrit en droite ligne de l’idéologie raciste. Elle est facile à déconstruire puisqu’il y a une seule humanité même s’il y a diverses apparences.

    Il n’y a pas de races mais une diversité de groupes humains et d’individus. L’espèce humaine partage le même patrimoine génétique à un peu plus de 99 %. Le chercheur en biologie B.Jordan résume en quelques mots les découvertes scientifiques depuis des années 1990 : on a découvert dit-il « que la quasi-totalité de notre patrimoine génétique est identique chez les africains, les européens ou les asiatiques. L’espèce humaine est génétiquement homogène à environ 99,9 %, ce qui invalide la notion biologique de races humaines» (interview au journal « le monde » du 27/6/2013).

    Hiérarchiser les groupes humains n’a aucun sens.

    Cette prétendue hiérarchie est socialement construite. Les préjugés et la discrimination fondés sur la race, ainsi que les inégalités qui en découlent, nous rappellent que le racisme est un fléau bien réel qui sous-tend les rapports sociaux.

    Le fléau du racisme en France

    Le système colonial a joué un rôle important dans la genèse du racisme. Le racisme colonial est un racisme d’exploitation qui a été institutionnalisé. Le pouvoir politique colonial distingue deux groupes « racialisés » : européens et indigènes auxquels s’appliquent deux systèmes juridiques. Les colons étaient soumis au système judiciaire de la métropole. La population autochtone était régie par un système juridique d’exception, inférieur à celui qui s’appliquait aux français, le code de l’indigénat.

    Entré en application en 1870, le code de l’indigénat n’a été aboli qu’en 1946, c’est un ensemble de textes législatifs infligés aux seuls sujets (et non citoyens) qu’étaient les algériens, une communauté infériorisée politiquement et juridiquement, assujettie par l’ordre colonial.

    Ce code qui est un apartheid juridique, instaure un régime pénal spécial aux seuls indigènes. Il impose par exemple des sanctions collectives contre les tribus, des séquestres de propriétés, une autorisation administrative pour les déplacements, un internement sans jugement décidé par un responsable administratif et non par un juge au mépris du droit français qui est fondé sur la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) etc.

    Le colonialisme consacre la discrimination comme système légal. C’est un racisme d’Etat prégnant (Lecour Grandmaison O., la découverte, 2010), un racisme institutionnel.

    Alexis de Toqueville connu pour avoir écrit « de la démocratie en Amérique » a louangé la colonisation criminelle de l’Algérie en ces termes : il n’est pas « mauvais qu’on brulât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants ». Quant au « sage » Victor Hugo, il adhère aussi aux idées dominantes de son époque, celles de la conquête et de la domination en écrivant béatement à propos de l’occupation coloniale de l’Algérie « c’est la civilisation qui marche sur la barbarie ».

    Le système colonial a exacerbé le racisme contre les populations autochtones, car « il n’est pas possible d’asservir des hommes sans les inférioriser » comme l’a souligné Frantz Fanon.

    Le racisme colonial a laissé beaucoup de traces dans la société française. Les immigrés en ont fait les frais. Après la seconde guerre mondiale, durant ce que l’on appelé les trente glorieuses, une croissance économique élevée appuyée sur une forte industrialisation a induit un besoin énorme de force de travail d’où le recours pressant à la main d’œuvre étrangère notamment maghrébine. Le ralentissement de la croissance économique à la fin des années 1970 et son corollaire la montée du chômage ont accentué le racisme. « Les arabes piquent les emplois aux français » disent sans vergogne les racistes.

    Le racisme en France est quotidien, visible ou sournois, il se manifeste partout à l’occasion d’interactions entre les individus, dans les lieux de travail, les guichets d’administration, les rues, les transports, les écoles, les universités etc.

    Les comportements et actes racistes sont innombrables, observables dans tous les milieux sociaux où ils se forment par la socialisation ; ils sont multiformes : discrimination en matière d’emploi et de logement, plaisanteries, moqueries, insultes, mises à l’écart, agressions etc.

    Certains actes qui apparaissent comme anodins prennent une signification raciste, par exemple la lenteur d’un garçon de café à servir un arabe, l’individu qui se lève quand un arabe ou un noir s’assoit à côté de lui dans le bus ou le métro etc. C’est ce genre d’attitudes sournoises que j’ai observé durant mon long séjour en France quand j‘y étais étudiant.

    Durant la colonisation les peuples colonisés sont vilipendés. Culture, mœurs, comportement des indigènes sont scrutés au prisme des stéréotypes négatifs : de supposées tares sont attribuées aux arabes, comme la paresse et la fourberie, pour les mépriser et les asservir.

    Les français racistes désignent les arabes par des appellations outrageantes. Ces mots injurieux et répugnants qui attentent à leur dignité, forgés du temps de la colonisation, sont : bougnoule, crouille, bicot, raton et bicot. Bougnoule est emprunté à la langue wolof du Sénégal et qui veut dire noir. Bicot vient du mot « arabe ». Crouille et crouillat ont pour origine « khouya ». Raton et bicot ou bique en abrégé (renvoyant à l’animal qu’est le chevreau) visent à « animaliser » des êtres humains.

    Les maghrébins sont perçus par les français comme des sous-hommes. En dévalorisant l’autre le raciste se survalorise et il n’est pas prêt à remettre en cause les poncifs qui fondent sa conviction. Le racisme est propagé et consolidé par divers canaux, puissants moyens de la socialisation: romans, mass médias, sketchs etc. Littérature, cinéma, sketchs sont mobilisés pour stigmatiser et se moquer des arabes.

    Le roman de l’énergumène Michel Houellebeque, « soumission », publié en 2015 et qui a connu un grand succès (300 000 exemplaires vendus en un mois) a un contenu arabophobe et islamophobe manifeste, son thème est l’élection d’un président de la république musulman qui fait appliquer la charia dans sa version pure et dure.

    Tous les moyens sont bons pour déprécier le maghrébin. En 1974 l’humoriste franchouillard Pierre Péchin s’est rendu tristement célèbre par ses spectacles racistes, son fonds de commerce immonde, où il se moque des immigrés arabes en imitant leur accent particulier. Parler comme un arabe est devenu une raillerie raciste largement partagée par la population française durant la décennie 1970.

    Le recours à ce genre d’humour pour railler et humilier une communauté n’a rien de drôle, il participe dangereusement à son mépris, à sa dévalorisation sociale, il est tout simplement ignoble.

    Les mass-médias sont de la partie, diffusant des insanités qui stigmatisent des groupes sociaux d’origine étrangère, se préoccupant uniquement de leur audimat. La chaîne de télévision C News participe sans vergogne à la diffusion du racisme sans complexe, en donnant la parole à des commentateurs tel le tristement célèbre Eric Zemmour qui débite sa haine à l’encontre des arabes vivant en France. L’impunité dont ils bénéficient montre la faiblesse de la politique de lutte contre le racisme. Ainsi les mass-médias sont devenus un instrument puissant pour diffuser la funeste idéologie du racisme au lieu de contribuer à la réduire.

    Les actes racistes font l’objet d’une évaluation statistique depuis deux décennies à travers des enquêtes par sondage. Selon une enquête réalisée en 2003 par le ministère français des affaires sociales 39 % des personnes immigrés et 44% des personnes issues de l’immigration ont déclaré avoir subi au moins une attitude discriminatoire, moqueries, mises à l’écart, refus d’un droit etc. (Le vécu des attitudes intolérables et discriminatoires, in « Etudes et résultats » n° 290, février 2004).

    En 2008 ce sont 57 % des descendants d’immigrés algériens qui ont déclaré avoir été l’objet d’actes racistes et 55 % des descendants d’immigrés tunisiens et marocains. La discrimination ethnique sur le marché du travail est une réalité amère.

    L’enquête par tests (envoi de CV identiques ne différant que par le patronyme, l’un d’un français de souche et l’autre d’un français d’origine maghrébine) faite en 2006 par la direction de l’animation de la recherche du ministère français du travail évalue la discrimination ethnique qui règne sur le marché du travail. Il ressort de cette enquête que la probabilité pour un entretien d’embauche d’un candidat issu de l’immigration est réduite, « 70 % des choix ont été effectués en faveur du candidat d’origine apparente hexagonale ancienne et 19 % en faveur de celui d’origine apparente maghrébine ou noire africaine. Le taux net de discrimination s’élève donc à 51 % ».

    Quant au logement la population d’origine étrangère n’est pas mieux lotie. A la demande du Défenseur des droits et du ministère de la cohésion des territoires une étude faite en 2017 se référant à plusieurs enquêtes conclut à la fréquence de la discrimination à l’encontre des individus d’origine maghrébine dans l’accès au logement.

    Cette ségrégation a conduit à la constitution d’espaces pour immigrés, des ghettos à la périphérie des grandes villes où règnent la pauvreté, le chômage et l’insécurité. Les cloisonnements ethniques traduisent un grand repli des communautés minoritaires (Bancel N. et alii, le grand repli). Manuel Valls avait dit quand il était premier ministre qu’on a affaire à un « apartheid territorial, social, ethnique ».

    La ségrégation urbaine peu propice à une éducation de qualité dans les quartiers défavorisés où habitent une bonne partie des immigrés participe à l’échec scolaire de leurs enfants.

    Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, enquête de 2012) indique qu’un quart des élèves français âgés entre 15 et 24 ans sortis du système scolaire sans diplôme sont des enfants d’immigrés nés en France. Ils vont alterner alors chômage et emploi à courte durée et parfois certains d’entre eux chutent dans la délinquance.

    Le racisme s’exprime aussi de façon violente par des agressions physiques. Dans les années 1970 les actes de violence raciste se sont multipliés. En 1973 suite à l’assassinat d’un chauffeur de bus par un algérien déséquilibré mental, pas moins de 21 magrébins ont été tués, un châtiment collectif dans le pays dit des « droits de l’homme ». Selon la Délégation interministérielle contre le racisme et l’antisémitisme les agressions physiques évaluées ont concerné 7% des musulmans vivant en France durant la période 2014-2019. Les actes racistes ne sont pas déclarés en totalité aux services de police. Selon le Conseil consultatif des droits de l’homme, en 2019 on a recensé 5730 actes racistes soit une augmentation de 38 % par rapport à l’année précédente. « Le taux de plainte est estimé à 3% pour les injures racistes, à 17% en cas de menaces et à 30% en cas de violences à caractère raciste. En 2017, les services de police ont enregistré 8 700 plaintes ». Le racisme ne peut mener qu’à la violence, violence verbale ou physique.

    Conclusion

    Le racisme en France est bien enraciné dans la société, c’est un héritage du système colonial, il s’est consolidé durant la phase post-coloniale par l’absence de politique d’intégration efficace. Sous l’impulsion des normes de la Communauté européenne des lois qui punissent ces discriminations ont été promulguées en France mais leur application est insuffisante car les actes discriminatoires sont souvent imperceptibles et pernicieux, difficiles à prouver. Le cadre législatif mis en place s’est avéré insuffisant pour combattre le fléau du racisme qui est un phénomène bien incrusté, détestable et nocif.

    Combattre avec force ce mal ne relève pas seulement de la répression judiciaire, il faut le combattre aussi par d’autres moyens à portée préventive, l’éducation et l’information des mass-médias. Il faut l’expliquer, le déconstruire pour mieux le faire reculer, libérant les gens qui succombent à ses biais cognitifs. L’éducation qui est un moyen d’action crucial doit être privilégiée pour former les jeunes générations au respect de l’égalité des droits pour tous les groupes humains, leur inculquer les connaissances actuelles qui invalidement scientifiquement les préjugés racistes car l’ignorance, l’inculture sont le terreau sur lequel prolifèrent la dépréciation des autres et les haines raciales. L’école est un lieu majeur de la socialisation qui doit transmettre les valeurs de la république.

    La propagation du racisme par les mass médias doit être bannie. Les réseaux sociaux sont un autre vecteur de haine raciale, leurs messages doivent subir un contrôle qui est un acte de salubrité publique.

    Ainsi la lutte contre le poison du racisme est complexe et multidimensionnelle. La participation de la société civile au combat contre le racisme est d’une nécessité impérieuse.

    La communauté maghrébine est entrée massivement dans la lutte pour l’égalité des droits pour la première fois en 1983. La marche pour l’égalité et contre le racisme, organisée cette année par des jeunes issus de l’immigration, avait mobilisé des milliers de personnes de plusieurs villes françaises convergeant vers Paris. C’est la première irruption politique de cette communauté. Le mouvement a fini par s’affaiblir sans avoir atteint ces objectifs, la lutte pour l’égalité des droits est une œuvre de longue haleine. Des divergences politiques internes et l’absence de leadership ont contribué à empêcher l’émergence d’une organisation structurée au sein de la communauté maghrébine. L’élite intellectuelle d’origine immigrée doit s’engager dans cette lutte. Jusqu’à présent elle paraît timorée. Un travail de lobbying s’impose.

    Les citoyens français originaires du Maghreb participent peu aux élections politiques. Leur implication dans le domaine politique est un axe majeur de la lutte contre la discrimination ethnique. Cette lutte multiforme sera longue et difficile.

    La participation aux associations locales ou nationales (par exemple SOS racisme) et aux organisations syndicales est un autre moyen d’action pour l’intégration et l’égalité des droits.

    Dans chaque pays il y a le meilleur et le pire, la société française d’origine européenne n’est pas raciste dans son ensemble, ceux qui sont opposés au racisme sont assez nombreux, ils représentent des alliés des victimes du racisme.

    Références bibliographiques

    Balibar E. : la construction du racisme, revue Actuel Marx, Presses universitaires de France, Paris, 2005

    Bancel N., Blanchard P. et Boubekeur A. : le grand repli, éditions la découverte, Paris, 2015

    Fanon E. : peaux noirs, masques blancs, éditions du seuil, Paris 2015

    Le Cour Grandmaison A : de l’indigénat, éditions la découverte, Paris, 2010

    Memmi A. : le racisme, éditions Gallimard, Paris, 1982

    Taguieff P.A. : le racisme, cahier du CEVIPOF, n°20, Paris, 1998

    Notes

    1- Docteur en socio-économie, diplômé des universités Paris 1-Sorbonne et Paris 10-Nanterre

    Le quotidien d’Oran, 11/07/2021


    Etiquettes : France, Maghreb, migration, racisme, xénophobie,

  • Le drapeau algérien dérange toujours en France

    Le racisme inflexible ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le drapeau algérien dérange toujours en France où certains parlementaires ne se lassent pas de chercher à faire voter une loi pour que plus personne ne le lève au vent en signe de joie ou de soutien à ses couleurs.

    Bien sûr, la récente proposition de loi d’une députée du parti Les Républicains (LR) vise à interdire les danses traditionnelles lors des fêtes de mariages dans les mairies et tout drapeau étranger, mais cet étranger est surtout algérien, marocain, tunisien ou turc, jamais européen ou américain. La députée a appelé le gouvernement à permettre à l’ensemble des maires s’ils l’estiment nécessaire d’interdire à tout participant à une cérémonie maritale d’afficher des signes d’appartenance nationale autres que celle de la République.

    Après l’interdiction d’afficher les signes religieux, le hidjab notamment, qui semble heurter le politique plus que la conscience religieuse chrétienne, certains députés se tournent vers le drapeau étranger, algérien notamment, le plus visible en France, un drapeau qui suscite énormément d’émoi dans la population, qui insupporte les gens, selon les arguments de la même députée. Et quoi encore ? On ne veut plus voir ce drapeau étranger s’afficher dans les airs de la France. Si ce n’était pas une manifestation de racisme, on aurait admis la liberté de cette députée de voir les lois selon ses convenances. Le drapeau n’est pas un signe religieux, c’est la couleur d’un pays portée par un peuple. Etre indisposé à le voir, reflète un racisme pur et dur, qui avance à visage découvert.

    Heureusement que cette proposition de loi n’a pas été du goût d’une partie de la classe politique et des membres du gouvernement. D’ailleurs, le débat a été largement amplifié sur les réseaux sociaux, avec les avis pour et contre. Le ministre français de la Justice est le premier à « s’inquiéter » d’entendre dire que ses compatriotes réagiraient mal en voyant des gens danser, au moment de leur mariage, sur des rythmes étrangers. Les partis de la gauche ont, pour leur part, estimé que cette proposition est scandaleuse, à la limite du racisme et du séparatisme. Enfin, la majorité des députés partage ces avis, car l’amendement en question a été rejeté par un vote à main levée. C’est bénéfique que cette loi ait été rejetée, prouvant que le peuple français n’est pas raciste dans sa majorité. Mais, peut-on mesurer sérieusement le degré de racisme dans un pays selon le taux d’un vote à l’Assemblée nationale ?

    Evidemment, quand les lois racistes ne trouvent pas terrain favorable au sein des institutions législatives, cela milite pour un pays non raciste, mais la minorité raciste, quand elle existe, pèse lourdement sur cette qualification. En effet, un certain maire de Nice n’a pas attendu que cette loi soit approuvée par l’Assemblée nationale pour passer à l’acte et la mettre à exécution dès 2012. Les époux sont obligés, depuis près d’une décennie, donc, de signer une charte de « bonne conduite », signifiant pas de drapeau ni danses étrangères, s’ils veulent se marier dans une mairie niçoise. En 2014, lors de la Coupe du monde, le maire de cette ville a interdit aux supporters de brandir des drapeaux étrangers dans sa ville.

    Loin du rejet de la proposition de loi en question par l’Assemblée nationale, le racisme circule à visage découvert pour les habitants de cette ville. La majorité est toujours et partout contre le racisme, mais elle n’a jamais réussi à l’apprivoiser.

    Le Quotidien d’Oran, 06/07/2021

    Etiquettes : Algérie, France, racisme, xénophobie, drapeau étranger, danse étrangère,

  • Le « racisme systémique » à l’origine d’un clash entre la France et l’ONU

    Une initiative contre le « racisme systémique » déclenche un clash entre la France et l’ONU

    Le Haut Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a exhorté la France à rompre avec un vieux tabou : commencer à utiliser des statistiques ethniques pour combattre « le racisme systémique » dans le pays. Et un conflit éclate.

    Pour défendre sa laïcité et son esprit républicain, les statistiques ethniques, religieuses ou sexuelles ne sont pas autorisées en France. On ne sait pas combien de races existent et quelle religion elles pratiquent dans le pays.

    Le Haut Commissariat aux droits de l’homme a recommandé à plusieurs pays, dont la France, de développer les statistiques ethno-raciales, une pratique généralement rejetée par la tradition française.

    Selon un rapport publié par la Commission des Nations unies le 28 juin, les États « devraient collecter et publier des données complètes, ventilées par race ou origine » et analyser « les effets cumulatifs des lois, politiques et pratiques sur des groupes raciaux et ethniques particuliers ».

    Le rapport va même plus loin en considérant que  » reconnaître expressément les personnes d’ascendance africaine dans les statistiques est aussi un pas vers la reconnaissance de votre identité et de votre héritage, ce qui va de pair avec leur droit à la dignité. « 

    Cet ordre en France est un tabou, qui dépasse les clivages entre la gauche et la droite. Universitaires et politiques l’acceptent comme une norme républicaine.

    Si certaines personnalités politiques comme Nicolas Sarkozy ont pu se déclarer en sa faveur, la plupart des hommes politiques sont contre.

    Emmanuel Macron a balayé la question en 2020, assurant qu’il préférait la mise en œuvre concrète de mesures anti-discriminatoires plutôt que le recours aux statistiques.

    Rejet du gouvernement et du Parlement

    Un rapport parlementaire de mars 2020 a enterré le problème.

    « L’introduction de statistiques ethniques plus détaillées pourrait sembler utile pour mieux mesurer certaines discriminations. Mais elle pourrait aussi fragiliser la cohésion sociale en reconnaissant l’existence de certaines ‘communautés’ et en figeant certains groupes selon des critères ethniques. Parfois artificiels « , a indiqué le député républicain Robin Reda, président de la mission.

    Par ailleurs, il existe déjà des formes de recensement ethnique, au-delà de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978.

    Ce texte interdit de « collecter ou traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales, les opinions ethniques, politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à leur santé ou à leur vie sexuelle. »

    Mais en 2007, le Conseil constitutionnel a autorisé le traitement nécessaire à la réalisation d’études sur la mesure de la diversité des origines, à partir de données objectives et subjectives.

    Ainsi, l’enquête Trajectoires et Origines de Inseed-Ined (TeO) de 2008 interrogeait la nationalité et le lieu de naissance des parents.

    Le second volet, prévu pour 2022, interrogera 26 500 personnes sur leurs grands-parents, afin d’étudier comment les origines ethniques peuvent impacter les trajectoires des troisièmes générations.

    Très peu d’études, selon le démographe Patrick Simon, « par rapport aux statistiques ethno-raciales établies par certains pays. »

    « On observe les origines nationales, mais pas l’appartenance ethno-raciale », précise le spécialiste.

     » L’enquête TéO nous apprend des choses sur les parcours des descendants d’immigrés mais ne constitue pas un levier d’action pour évaluer et agir contre les discriminations dans les entreprises, dans l’accès au logement, dans l’éducation ou dans l’accès à la santé « , assure-t-il.

    Le recensement ethnique

    Au Royaume-Uni, par exemple, le recensement ethnique permet d’établir des statistiques standardisées qui sont utilisées dans les entreprises et les hôpitaux pour évaluer, par exemple, la mortalité liée à la covidie en fonction de l’origine.

    « Le principe politique qui prévaut en France est que l’égalité s’obtient par l’invisibilité des origines ethniques. En France, on considère que poser des questions sur les origines entraîne plus de coûts que d’avantages à en tirer », explique le démographe.

    Un calcul risque-bénéfice qui prévaut dans le débat, selon le démographe de l’INED Hervé Le Bras.

    « L’argument le plus développé est le risque de communautarisme ou de ghettoïsation. A partir du moment où vous êtes contraint d’appartenir à une catégorie ethnique, vous vous identifiez de plus en plus à elle, ce qui va à l’encontre de toute idée de citoyenneté française « , analyse-t-il.

    « Le deuxième problème », selon le démographe, est que « l’ethnicité n’est pas un facteur structurant de la société française, sans nier les discriminations existantes. »

     » Dans des pays comme les États-Unis ou l’Afrique du Sud, le recensement ethnique identifie les descendants de l’esclavage. La racine de ces pays est l’esclavage ou l’apartheid « , argumente-t-il.

    « Ce n’est pas du tout le cas en France, où les arrivées sont relativement récentes et beaucoup plus variées. » Les statistiques ethniques ne font donc pas partie de la tradition française, fondée sur une citoyenneté indivisible.

    Ce que dit Emmanuel Macron

    Dans une interview accordée au magazine It, le président Emmanuel Macron a exprimé son rejet du militantisme ethnique.

    « La gauche politique ruine la société française parce qu’elle insiste pour définir ses compatriotes en fonction de leur appartenance ethnique et les décrit comme des victimes », a déclaré le président français.

    M. Macron a déclaré que les minorités ethniques ont effectivement été placées « en résidence surveillée » pour l’idéologie de gauche. Il a également reproché aux militants des droits des Noirs et aux féministes de chercher à définir les gens en fonction de leur sexe et de la couleur de leur peau.

    Il a affirmé que de tels points de vue provoquent des divisions dans la société française et empêchent les minorités ethniques de s’élever dans l’échelle sociale.

    Ses propos sont susceptibles de trouver un écho en France, qui refuse depuis longtemps de catégoriser les personnes en fonction de leurs origines ethniques et interdit les sortes de questions ethniques, qui sont courantes au Royaume-Uni et dans d’autres pays.

    « Société raciale »

    « Je vois la société devenir de plus en plus raciale. Nous nous étions libérés de cette approche et maintenant, une fois de plus, nous catégorisons les gens en fonction de leur race et, ce faisant, nous les assignons totalement à résidence », a déclaré le président français.

    L’interview de M. Macron a été interprétée comme une tentative de se présenter comme le défenseur d’un modèle social français menacé par le type d’idées de gauche qui sont courantes dans les universités du Royaume-Uni et des États-Unis.

    Ses commentaires ont également été perçus comme une tentative d’attirer les électeurs centristes et de réaffirmer leurs revendications avant les élections présidentielles d’avril.

    Cependant, elle se définit comme une féministe de type français. « Mon féminisme est un humanisme. Je suis du côté de l’universalisme. Je ne souscris pas à un combat qui définit chacun en fonction de sa propre identité ou de sa propre particularité », a-t-il déclaré.

    Ses propos ont été perçus comme un coup de semonce par les féministes américaines, souvent dépeintes en France comme des personnes détestant les hommes, qui cherchent à vivre dans des communautés exclusivement féminines.

    « Je pourrais vous présenter de jeunes hommes blancs, qui ont aussi d’immenses difficultés à trouver un emploi pour différentes raisons. Les difficultés sociales ne sont pas seulement structurées par le genre et la couleur de peau, mais aussi par les inégalités sociales « , a-t-il assuré.

    Macron a courtisé les groupes féministes français en affirmant qu’il avait été le premier dirigeant dominant à inscrire la violence domestique à l’ordre du jour politique du pays. Il s’est également engagé à améliorer la protection des femmes ayant des partenaires et des maris violents.

    Mais elle a refusé d’étendre le délai d’avortement de 12 à 14 semaines, affirmant que le « traumatisme » pour les femmes était plus important après cette période.

    Vegna News, 04/07/2021

    Etiquettes : France, ONU, racisme systémique, xénophobie, Islamophobie, discrimination, laïcité,

  • Macron intensifie sa guerre contre les politiques identitaires

    Le magazine de mode Elle est surtout connu pour ses conseils de beauté, ses recommandations de mode et ses idées de recettes, mais le dernier numéro publié en France contient ce qui pourrait être l’une des déclarations politiques les plus significatives de cette année.

    Dans une interview d’Emmanuel Macron, la publication lui demande ce qu’il pense de la « politique identitaire ». Sa réponse était robuste, un changement bienvenu par rapport à la lâcheté fréquente des autres dirigeants occidentaux lorsqu’ils sont confrontés à l’agressivité de ce mouvement. Je vois une société qui se racialise progressivement », a déclaré le président français, ajoutant que « la logique de l’intersectionnalité fracture tout ».

    Ce n’est pas la première fois que Macron s’engage dans la guerre culturelle. En juin de l’année dernière, il a fait figure d’exception parmi les dirigeants occidentaux au plus fort des manifestations de Black Lives Matter en déclarant sans équivoque dans une allocution télévisée que « la République n’effacera aucune trace, aucun nom, de son histoire… elle n’abattra aucune statue ».

    Puis, à l’automne, il s’est attiré les foudres d’une grande partie du monde islamique en se lançant dans une défense acharnée des principes des Lumières après qu’un instituteur français eut été décapité par un islamiste pour avoir montré une caricature du Prophète en classe. Malheureusement, les propos de M. Macron ont été accueillis par un silence de pierre de la part de nombre de ses homologues britanniques et européens, renforçant l’impression que M. Macron mène une guerre solitaire contre les islamistes et les identitaires.

    Sa dernière intervention lui vaudra davantage de respect de la part de ceux qui s’inquiètent de la direction que prend la politique identitaire en Occident. Je suis du côté de l’universalisme », a déclaré Macron à Elle. Je ne me reconnais pas dans un combat qui renvoie chaque individu à son identité ou à sa spécificité ».

    En particulier, explique le président, il n’a pas de temps à perdre avec le concept inique de « privilège blanc », si cher aux identitaires américains et britanniques. Je pourrais vous présenter de jeunes hommes blancs appelés Kevin, qui vivent à Amiens (ville natale de Macron) ou à Saint-Quentin, et qui ont d’immenses difficultés – pour différentes raisons – à trouver un emploi », a-t-il déclaré.

    Macron a ensuite fait une déclaration qui serait considérée comme une hérésie aux yeux de la plupart des guerriers de la justice sociale en affirmant que, selon lui, « les difficultés sociales ne sont pas uniquement structurées par le sexe et la couleur de la peau, mais aussi par l’inégalité sociale ». Il a également été interrogé sur le débat en cours sur la question de savoir si les adolescentes devraient être autorisées à porter des crop-tops à l’école. Quand il s’agit de l’école, je suis plutôt « tenue décente exigée », tant pour les filles que pour les garçons », a-t-il répondu. Tout ce qui crée une identité, une détermination à choquer, n’a pas sa place à l’école ».

    La dernière intervention du président sur la politique identitaire a provoqué une réaction de ses partisans comme de ses détracteurs. Enhardi par les commentaires de son président, un député LREM, François Jolivet, a déposé jeudi à l’Assemblée nationale un amendement visant à dissoudre toute association qui discrimine des personnes « en fonction de leur couleur de peau, de leur religion ou de leur mode de vie ». M. Jolivet a pointé du doigt l’UNEF, un syndicat étudiant, qui a admis en début d’année avoir exclu les Blancs de certains de ses événements.

    Certains membres de la gauche se sont toutefois moqués de Macron. Libération – l’équivalent gaulois du Guardian – s’est offusqué de ses commentaires sur les hauts de forme, l’accusant d’être un « dilettante » sur la question du féminisme. Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui, au début de l’année, a été qualifié d’ »islamo-gauchiste » par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a déclaré : « Nous avons donc maintenant deux penseurs de la tenue féminine… l’ayatollah Khamenei, et M. Macron ».

    Aucun des deux ne dérangera Macron, dont l’entretien avec Elle est providentiel, puisqu’il survient quelques jours seulement après la piètre performance de son parti LREM aux élections régionales. Le grand gagnant de ces sondages est le centre-droit, dont Macron pensait qu’il ne représentait plus une menace après son implosion lors des scrutins présidentiel et parlementaire de 2017.

    Mais aujourd’hui, ils sont de retour, et quiconque sera élu candidat des Républicains aux élections d’avril prochain saura qu’il y a beaucoup de voix à gagner en attaquant la politique identitaire et son influence croissante au sein de la gauche ; pas plus tard que la semaine dernière, un universitaire français a accusé le pays de racisme systémique.

    Les guerres culturelles ne feront que gagner en importance d’ici les élections, ce qui conviendra à Macron. Il voit la politique identitaire pour ce qu’elle est : une force dangereuse, qui divise et qui trompe, et il n’a pas peur de le dire.

    The Spectator, 03/07/2021

    Etiquettes : Emmanuel Macron, politique identitaire, xénophobie, islamophobie, extrême droite, LREM,

  • Macron veut accélérer l’expulsion des migrants algériens

    Il envisage des mesures drastiques avec l’Algérie

    A l’approche de chaque échéance électorale en France, certains sujets reviennent avec acuité a savoir entre autres l’Islam, la sécurité, l’expulsion et l’immigration …C’est sur ce dernier que mise Emmanuel Macron.

    A moins d’une année de la présidentielle du mai 2022, le président français Emmanuel Macron semble ferme sur la question de l’immigration en envisageant d’accélérer l’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière. En outre, il a annoncé des mesures drastiques et que les demandes d’accueil des migrants clandestins seront portées a la connaissance des autorités algériennes très rapidement.

    Selon un conseiller d’Emmanuel Macron, «le taux d’acceptabilité de l’immigration dans notre pays est de plus en plus bas», a rapporté ce jeudi 20 Minutes. Le président souhaite donc que son gouvernement s’attaque au dossier de l’immigration clandestine. Pour cela, il a réuni mercredi plusieurs ministres pour réclamer une meilleure efficacité des expulsions d’étrangers en situation irrégulière.

    Cette réunion s’est déroulée en présence du Premier ministre Jean Castex et des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangers) et une représentante du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Le chef de l’Etat leur a demandé «d’activer de manière volontariste les dispositifs en vigueur» et d’intensifier les négociations avec les pays d’origine.

    Cibler notamment les clandestins fichés

    Sur environ 120.000 demandeurs d’asile par an, 20.000 obtiennent le statut de réfugiés, 20.000 repartent et 80.000 se maintiennent illégalement sur le territoire. Fin 2020, la commissaire européenne aux Affaires intérieures avait estimé que le taux d’exécution moyen d’une décision d’expulsion est de 30% en Europe mais chute a «13,14% pour la France», alors que l’Elysée avance le chiffre de 15,3%. Macron qui au début de son quinquennat évoquait l’objectif d’un taux d’exécution de 100%, a demandé mercredi des mesures «opérationnelles très rapidement». Son gouvernement doit pour cela cibler en priorité l’expulsion des étrangers irréguliers auteurs d’actes de terrorisme ou fichés pour radicalisation ainsi que ceux ayant commis des crimes et délits. L’objectif est de les emmener directement a l’aéroport dès leur sortie de prison.

    Sur 1.115 étrangers en situation irrégulière et fichés pour radicalisation, 514 sont encore sur le territoire, souvent parce qu’ils sont incarcérés, dont 400 sont sous surveillance. Environ 250 étrangers relevant de cette catégorie pourraient être expulsés dans les semaines qui viennent, selon l’Elysée. Les étrangers irréguliers ayant commis des crimes et délits feront aussi l’objet d’expulsions systématiques. «Il s’agit essentiellement de personnes venant du Maghreb – Algérie, Maroc, Tunisie – mais aussi de Russie et d’Afrique». La France compte insister auprès de ces pays pour qu’ils accordent davantage des laissez-passer consulaires qui permettent les retours. Elle veut aussi obtenir que le test PCR désormais exigé soit effectué non pas au départ de France mais a l’arrivée.

    Des discussions «plus difficiles» avec l’Algérie

    Macron a en outre «demandé que les négociations diplomatiques soient engagées de manières très volontaristes. Avec l’Algérie, avec qui les discussions sont plus difficiles, nous envisageons des mesures plus drastiques et nos demandes seront portées a leur connaissance très rapidement», a averti la présidence française sans autre détail. Sans modifier le droit d’asile, une réflexion est également engagée sur les pays considérés comme sûrs.

    Rappelons que la président français a été giflé par un homme alors en déplacement dans la Drôme mardi dernier.

    Echourouk online, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Emmanuel Macron, campagne électorale, élections présidentielles, étrangers, xénophobie, islamophobie,

  • Canada : Horrible islamophobie

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Canada terre d’accueil des immigrés ? Difficile de le faire croire aux proches des quatre musulmans, membres d’une même famille, tués dimanche dernier par un individu au volant d’un pick-up dans une localité de l’Ontario, à l’enfant qui a été gravement blessé par cet attentat à la voiture bélier et qui va garder ses séquelles toute sa vie, ainsi que tous les musulmans vivant au Canada.

    C’est un acte terroriste qui vise à faire peur à la communauté musulmane installée au Canada, comme l’a désigné le Premier ministre Justin Trudeau, contrairement à d’autres médias qui continuent à faire dans les deux poids deux mesures, prompts à qualifier pareils crimes d’attentats terroristes quand le coupable est musulman et de simple «attaque» contre des personnes quand la cible sont des musulmans.

    Sans s’étaler dans ce sens sur le traitement médiatique insidieux réservé à ces attentats terroristes commis contre les musulmans installés dans les villes européennes, américaines ou australiennes, qui a eu sa part dans les débats depuis le temps, sans arriver à changer les pratiques ancrées dans certaines rédactions, il y a lieu de parler d’un horrible sentiment d’islamophobie, plus connu en France, qui prend des penchants criminels et qui menace la tranquillité de ce pays qu’on croyait à l’abri de ces haines raciales vu la composante de sa population essentiellement constituée par des groupes d’immigrés de différentes races et épousant diverses religions, qui continuent de nos jours d’affluer vers ces terres qu’on décrit comme paisibles et très accueillantes. Plus le cas de dire pour les musulmans ?

    Pour ne pas tomber dans l’extrême, on dirait que l’islamophobie, qui se développe d’une manière apparente chez les Canadiens, s’exprimant sporadiquement, certes, mais d’une rare violence (rappelant la fusillade dans une mosquée au Québec, en 2017, qui a fait six morts).

    Très inquiétante cette haine des musulmans, donc, car pouvant à la longue installer un sentiment de peur généralisé au sein de la communauté musulmane et provoquer des réactions autant violentes contre cet «autre» qui nourrit des sentiments de haine à leur égard.

    Déjà, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), qui s’est dit «plus qu’horrifié par cette attaque terroriste en sol canadien», a appelé à la vigilance tous les musulmans vivant au Canada. Cela relève le degré du climat d’insécurité dans lequel vivraient, désormais, les musulmans dans ce pays. Et, les réactions d’indignation unanime chez les responsables canadiens n’enlèveraient rien à ce sentiment de crainte chez tout musulman d’être la prochaine cible du prochain attentat terroriste.

    «Personne ne devrait jamais avoir à vivre de cette façon, ni ressentir cette peur. Toutefois, à cause d’incidents horribles comme celui-ci, beaucoup de nos concitoyens, de nos voisins, de nos amis n’ont aucune autre option», de l’aveu même du ministre canadien de la Sécurité publique et de la Protection civile. Sommes-nous arrivés à une époque où les musulmans ne seraient nulle part en sécurité en dehors de leurs pays ? Ou la forte immigration des musulmans vers les pays de l’Occident, en sus des dommages collatéraux ou la confusion de l’image du musulman avec le terroriste islamiste, pose-t-elle un problème fondamental d’inadaptation avec les mœurs sociales dans les pays d’accueil ? Peut-être que les musulmans devraient suivre l’exemple des Chinois qui bâtissent leur propre univers, des villes dans les villes, là où ils émigrent.

    Le Quotidien d’Oran, 10 juin 2021

    Etiquettes : Canada, islamophobie, extrême droite, crime, assassinat, attentat, voiture bélier, racisme, discrimination, xénophobie,

  • Maroc – Espagne : Muchas gracias Luna !

    par Kamal Guerroua

    Immortalisée pour l’éternité par des photographes, la scène qui n’a pourtant rien de spécial, fait le tour du monde : Luna Reyes, bénévole espagnole de 20 ans pour la Croix-Rouge, prend dans ses bras un migrant sénégalais sur la plage El Tarajal, à Ceuta. Ce dernier effondré et en plein déprime pensait alors avoir perdu son frère dans la traversée. Immédiatement, la jeune Espagnole se retrouve dans le collimateur des centaines d’internautes sur les réseaux sociaux qui la harcèlent. Mais pourquoi ? Un seul tort à leurs yeux: pas question de réconforter le jeune migrant de 27 ans, accusé de tous les maux de la terre pour avoir tenté de retrouver son bonheur dans l’autre rive de la Méditerranée.

    Le geste humaniste de Luna a même fait réagir les ténors de l’extrême droite européenne et espagnole, dont Vox. Sur la chaîne de télévision espagnole RTVE, la bénévole décrit avec amertume le lynchage médiatique qu’elle a gratuitement subi : «Ils ont vu, se plaint-elle, que la personne que je réconfortais était de couleur noire, ils n’ont cessé de m’insulter et de me dire des choses horribles et racistes.» Et pour contrecarrer cette vague de haine, une campagne médiatique d’ampleur #GraciasLuna («Merci Luna») a été lancée sur les réseaux sociaux. Et en quelques jours seulement, un média local a retrouvé la trace de Abdou, le migrant sénégalais qui a été expulsé vers le Maroc, où il vit avec son frère depuis cinq ans!

    Pour rappel, environ 8.000 réfugiés, profitant d’un différend diplomatique entre Rabat et Madrid, ont gagné récemment Ceuta, comptant rejoindre dans leur ultime escale l’eldorado européen. Mais le rouleau compresseur des gardes-côtes qui les attend au bout semble promettre à l’écrasante majorité d’entre eux»le retour à la case départ» pour destin. En France, dans le pays voisin, le climat n’en est pas moins doux pour les migrants. Jean-Luc Jalmain, dit «Juan La solidarité», est en appel devant la cour de Grenoble. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Juan est un militant humaniste, solidaire avec les migrants, qui avait écopé en décembre 2018 de la peine lourde de douze mois de prison, dont quatre ferme, lors du fameux procès des «sept de Briançon». Son tort, c’est d’avoir participé, en avril 2018, au col de l’Échelle (les Hautes Alpes), à une manifestation pour protester contre l’action coup de poing du groupuscule d’extrême droite «Génération identitaire».

    En effet, Juan avait simplement marché, avec d’autres manifestants, en passant la frontière franco-italienne pour dénoncer la militarisation de leur territoire et les discours de haine à l’égard des exilés qui transitent par ces montagnes en quête de refuge. Lors de cette marche, une personne supposée étrangère aurait franchi la frontière aux côtés des manifestants. Une aubaine pour le parquet, qui a dès lors choisi de les poursuivre pour avoir «facilité l’entrée irrégulière» de ressortissants étrangers en France! Depuis trois ans, dans le Briançonnais, une quinzaine de militants ont été jugés pour de pareils motifs. Une soixantaine de maraudeurs solidaires ont même reçu des amendes, notamment lors des couvre-feux liés à la crise sanitaire de la Covid-19. Et au moins six nouvelles personnes ont été poursuivies pour « aide à l’entrée» des migrants.

    Bref, entre la sympathie de Luna et le combat de Juan en faveur des migrants dans cette Europe des Droits de l’Homme, il n’y a, semble-t-il, que le mot humanité qui puisse l’emporter sur la bêtise des hommes, des lois et des frontières…

    Le Quotidien d’Oran, 01 juin 2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, Migration, racisme, xénophobie, Luna Reyes,

  • Ceuta : Le calin qui a secoué la toile

    Est-ce un moment de sympathie ou une menace pour votre existence ?
    La catégorie Imagerie examine comment une image détermine notre perception de la réalité. Cette semaine : L’étreinte d’une bénévole qui est venue la soutenir lors d’attaques racistes.

    À la suite d’un conflit diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, au début de la semaine dernière, neuf mille personnes sont arrivées en l’espace de 36 heures à Ceuta, une enclave espagnole qui borde le Maroc. Ils sont venus à la nage, à pied àa travers un gué dans l’eau ou dans des bateaux en caoutchouc, ils se sont échoués épuisés sur la plage de Tarajal. Cela a dû être accablant, une sorte de pièce de théâtre chaotique avec différents groupes de personnes : les migrants, venant du Maroc et d’Afrique subsaharienne, les policiers, les gardes-frontières, les soldats dans leurs véhicules blindés, les photographes, les journalistes, les travailleurs humanitaires. Rétrospectivement, Luna Reyes dira aux journalistes : « Nous n’avons pas été formés pour voir une telle chose ».

    Elle n’était pas préparée à ce qu’elle a vu. Néanmoins, la volontaire de 20 ans de la Croix-Rouge espagnole – queue de cheval haute, élastiques au poignet, petit tatouage sur le bras – a fait ce qu’on attendait d’elle. Elle a aidé les adolescents qui pleuraient sur les derniers mètres à travers la haute marée, elle s’est assurée que les mères avec leurs enfants étaient en sécurité, elle a distribué de l’eau. Elle a posé sa main sur le cou d’un jeune homme blasé, en maillot de bain rouge, originaire du Sénégal. Il a entouré sa taille de ses bras, a posé sa tête contre son épaule et s’est accroché à elle comme si elle était une bouée de sauvetage.

    Le scène n’est pas passé inaperçue. Elle a été filmée par le photographe espagnol de l’AP, Bernat Armangué (42 ans) qui, provenant de Barcelone, était arrivé sur la plage vers midi. Il s’y promène un moment avant de se concentrer sur le groupe de migrants auquel appartient Abdou du Sénégal. Ce dernier s’est effondré, écrit Armangué, lorsqu’il a cru qu’un de ses amis (qui se révélera plus tard être son frère) était en train de mourir, ce à quoi Luna Reyes a tenté de le réconforter. J’ai réalisé que c’était un moment important : la connexion était authentique, un bref moment d’empathie entre deux personnes qui ne se connaissaient pas ».

    Déchets racistes

    Beaucoup de gens pensaient le contraire. Alors que la photo s’est répandue comme une traînée de poudre sur Internet, Luna Reyes (20 ans, volontaire – je le répète) a été bombardée d’insultes racistes, provenant du coté nationaliste de la droite espagnole et de personnes qui étaient « simplement » contrariées par l’arrivée de tant de migrants. Sous le hashtag #GraciasLuna, un contre-mouvement encore plus important a rapidement émergé, présentant Reyes comme la personnification de tout ce qui est bon en Espagne, mais entre-temps, l’étudiante elle-même avait déjà dû mettre ses comptes de médias sociaux en mode privé. Lorsque la télévision espagnole a rendu visite à Abdou, qui avait entre-temps été renvoyé au Maroc, et l’a réuni avec Reyes par vidéoconférence, celle-ci n’a pas voulu être reconnue à l’écran.

    Le photographe Armangué ne s’attendait pas à ce que sa photo déclenche tout cela. Il se trouvait à Ceuta pour faire un reportage sur une crise humanitaire en cours, dit-il par courriel. Les journalistes doivent informer et les citoyens peuvent ensuite décider s’ils veulent être informés. Les photographies, dit Armangué, peuvent déclencher des sentiments intenses. La façon dont vous réagissez dépend de qui vous êtes, de ce que vous croyez et de l’endroit où vous vous trouvez dans votre vie à ce moment-là.

    Vous n’avez pas votre mot à dire sur ce que les gens voient dans les images – même si, en tant que photographe, vous fournissez des légendes aussi précises et journalistiques. Là où l’un voit dans cette étreinte un moment symbolique de l’humanité, un autre y voit une menace personnelle pour son existence. On ne peut rien y faire. Cette petite phrase de Luna Reyes me hante toujours.

    Nous n’avons pas été formés pour voir quelque chose comme ça. Les photos sont tellement omniprésentes que nous oublions parfois que les regarder n’est pas aussi facile que nous le pensons. Regarder, lire, regarder à nouveau et seulement ensuite ouvrir éventuellement en parler – c’est un métier. Il faut s’entraîner à cela.

    De Volkskrant, 28 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, pression migratoire, détresse, empathie, sympathie, migrants, subsahariens, solidarité, bénévolat, Luna Reyes, racisme, extrême droite, xénophobie,

  • Ceuta : un espagnol tire sur des immigrants avec une carabine

    Le voisin a utilisé dans son attaque une carabine à air comprimé engagée. Les faits ont été enregistrés et diffusés sur les réseaux sociaux.

    Un habitant de Ceuta, de nationalité espagnole, vient d’être arrêté par des agents de la police nationale.
    Les événements se sont produits le 18 mai, jour où plus de 8 000 personnes ont atteint le sol espagnol après avoir traversé la plage d’El Tarajal depuis le Maroc, deux jours qui sont devenus la plus grave crise migratoire et diplomatique avec le Maroc depuis des années.

    Il a été arrêté en tant qu’auteur présumé de la fusillade d’un immigrant avec un fusil à air comprimé depuis le balcon de son domicile.
    Les événements se sont produits le 18 mai dernier, jour où plus de 8 000 personnes ont atteint le sol espagnol après avoir traversé la plage d’El Tarajal depuis le Maroc, deux jours qui sont devenus la plus grave crise migratoire et diplomatique avec le Maroc dont on puisse se souvenir depuis des années.

    Ce jour-là, de nombreux immigrants ont déambulé dans les rues de la ville autonome. Un groupe d’entre eux a été victime de ces tirs prétendument perpétrés par ce voisin de Ceuta depuis sa maison à l’aide d’un fusil à air comprimé à visée télescopique. Depuis ce balcon, les événements ont également été enregistrés sur vidéo pendant que l’attaque était commise.

    Le jour même, les images de ce qui s’est passé sont devenues virales sur les réseaux sociaux. On peut y voir le moment où l’auteur, accompagné d’une autre personne, réalise les prises de vue sur les immigrants.

    En pleine crise humanitaire à #Ceuta, il y a ceux qui profitent de l’impuissance et de la vulnérabilité des enfants immigrés pour les chasser des fenêtres et des balcons.

    C’est une honte. @Hibai_ @jonathanmartinz @Juanmi_News @PabloIglesias @CensoredJules @Desvelandorient pic.twitter.com/btyTK6k0Jd

    – Suhaila Hayad M. سهيلة🌺 (@Suhaila_Hayad) 19 mai 2021
    L’un d’entre eux, gravement blessé, tombe au sol et, alors qu’il le voit étendu au milieu de la rue, entouré d’autres personnes qui tentent de l’aider, l’agresseur présumé le nargue.

    « Il est mort. Quillo, il est tombé au sol. Ne regarde pas, je l’ai frappé dans la colonne vertébrale. Lève-toi. Quillo, laisse ces boulettes passer à travers les portes des voitures. Regardez-le, ‘destrozao’ », dit, en riant, le voisin qui a tiré sur les immigrants.

    Crimes haineux et blessures
    Après avoir visionné et analysé les vidéos, les agents ont effectué différentes démarches qui ont permis d’identifier l’auteur présumé de la fusillade.

    Il n’a fallu qu’une semaine pour le trouver. Ce jeudi, il a été localisé et arrêté pour un crime de haine et un autre de blessure.

    En outre, les agents ont réussi à intervenir sur l’arme utilisée dans le fait delicitvo, à savoir un fusil à air comprimé et à visée télescopique.

    El Nuevo Siglo, 27 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, migrants, extrême droite, racisme, xénophobie,