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  • Bin-Nun: Relations entre Hassan II et Ben Barka avec le Mossad

    Bin-Nun: Relations entre Hassan II et Ben Barka avec le Mossad

    Bin-Nun: Relations entre Hassan II et Ben Barka avec le Mossad – Maroc, Israël, Yigal Bin-Nun,

    Le professeur Yigal Bin-Nun, un Israélien d’origine marocaine, « spécialiste des relations SECRÈTES » entre l’Etat hébreu et le royaume du Maroc, a publié récemment une rectification au travail de deux journalistes israéliens paru dans le quotidien Yediot Aharonot sur l’implication du Mossad dans l’assassinat de Mehdi Ben Barka. L’enquête de Yediot Aharonot avait été reprise par le quotidien Le Monde.
    La rectification de Bin-Nun, qui est passée totalement inaperçue, fourmille pourtant d’informations non publiées par Yediot Aharonot et Le Monde. Il conclut dans ce papier, que nous publions ci-dessous, avoir rencontré, par l’intermédiaire de l’ancien ministre et ambassadeur Ahmed Ramzi (décédé en 2012), le général Hamidou Laânigri, alors patron de la DST marocaine, à Paris.
    Yigal Bin-Nun explique avoir révélé à Laânigri la véritable identité du fameux Chtouki, l’un des auteurs de l’enlèvement et assassinat de Ben Barka.
    Bin-Nun, qui a rencontré plusieurs agents du Mossad qui ont participé à l’opération, assure qu’il va publier prochainement un livre sur l’affaire Ben Barka. Une annonce qu’il avait déjà faite en 2004 dans Le Journal hebdomadaire Demain.

    Les agents du Mossad et la mort de Mehdi Ben Barka

    Voici quelques rectifications à l’article de Yediot Aharonot sur les circonstances de la mort de Mehdi Ben Barka.

    Je n’ai jamais dit aux journalistes qu’Israël était impliqué dans l’assassinat de Ben Barka mais qu’il avait été sollicité par Ahmed Dlimi de la Sécurité nationale marocaine, pour faire disparaitre sa dépouille. En outre, à mon avis le roi Hassan II n’a pas donné l’ordre de tuer Ben Barka et ni Dlimi ni son patron Mohamed Oufkir n’ont dit aux Israéliens qu’ils avaient l’intention de tuer Ben Barka, qui d’ailleurs, avait d’excellentes relations avec les Israéliens.

    Selon les protocoles des entretiens entre le chef du Mossad Meir Amit le premier ministre Levy Eshkol, les Israéliens n’auraient jamais accepté de collaborer à un projet de ce genre. La mort du leader marocain n’a été causée que par un excès de zèle de la part de Dlimi, et Oufkir n’était pas impliqué dans ce meurtre. Ben Barka ne constituait aucun danger pour Israël, bien au contraire, il a longtemps soutenu la diplomatie israélienne dans les pays du tiers monde et avec Abderrahim Bouabid, il œuvra pour la sauvegarde des droits des Juifs du Maroc.

    Le 28 mars 1960, Golda Meir, ministre des Affaires étrangères avait même dépêché à Ben Barka un émissaire spécial, Yaacov Caroz, bras droit du chef du Mossad Isser Harel. Ben Barka demanda à cette occasion aux Israéliens une aide financière pour son parti. Durant son deuxième exil en Europe il reçut un salaire mensuel d’Israël par l’intermédiaire d’Alexandre Easterman du Congrès juif mondial. Mais les relations entre Ben Barka et Israël se détériorèrent lorsque Ben Barka osa demander à Caroz des armes qui seraient utilisées par son parti lorsqu’il déciderait de prendre le pouvoir par la force. A partir de cet entretien, Golda Meir conseilla à son ambassade à Paris de se méfier de l’exilé et de privilégier les contacts avec l’entourage financier du prince héritier Moulay Hassan. On peut comprendre le discours antiisraélien de Ben Barka au Caire par la décision d’Israël de minimiser ses relations avec lui (y compris le salaire) au profit du Palais. Sur les relations entre Ben Barka et Israël. Voir mon article

    La coopération officielle entre le Maroc et Israël, dans le domaine politique, sans rapport avec l’émigration juive du Maroc, débuta en février 1963. Elle fut précédée par « l’accord de compromis » conclu au début août 1961. Contrairement à ce qui a été publié en mon nom, Oufkir n’avait aucun rapport avec cet accord pour le départ collectif des Juifs du Maroc moyennant une indemnisation de 50 à 250$, sous couvert de l’organisme humanitaire d’émigration HIAS (Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society). Il s’est même prononcé contre les conditions de cet accord. Voir mon article

    Oufkir effectua quatre visites en Israël

    Les relations secrètes israélo-marocaines s’inscrivent dans le cadre de « la politique de la périphérie » préconisée par le premier ministre David Ben Gourion. Des contacts étroits furent établis surtout avec le roi Hussein de Jordanie, avec le général Qasim d’Irak, ainsi qu’une alliance spéciale (Kalil) entre Israël, l’Iran et la Turquie, et une autre alliance entre Israël, l’Éthiopie et le Soudan. Sans compter les relations avec les pays d’Afrique occidentale.

    La première rencontre officielle entre les deux pays eut lieu entre le bras droit de Isser Harel – Yaacov Caroz, le général Mohamed Oufkir et le commissaire de police français, délégué à l’Interpol, Émile Benhamou, à son domicile de Paris, rue Victor Hugo, suivie d’une série de rencontres entre Oufkir et David Shomron, du Mossad, dans les hôtels genevois Beau Rivage (quai du Mont-blanc 13) et Cornavin (23 boulevard James-Fazy). Oufkir avait reçu précédemment le feu vert de Hassan II.

    À la mi-février, Ahmed Dlimi, l’adjoint d’Oufkir, effectua un voyage en Israël et participa à des réunions de travail avec le Mossad. Le 12 avril 1963, l’ambassadeur d’Israël à Paris, Walter Eitan, rencontra son homologue marocain en France, Mohamed Cherkaoui. Oufkir effectua quatre visites en Israël, la première en janvier 1964 et rencontra Golda Meir et Meir Amit. À partir de ces rencontres, les agents du Mossad qui se succédèrent au Maroc s’entretinrent souvent avec le roi, Oufkir, Dlimi et avec d’autres personnalités marocaines

    Contrairement à certaines publications, le premier directeur du Mossad, Isser Harel, n’a jamais effectué de voyage officiel au Maroc et n’a jamais rencontré Hassan II. Il est arrivé au Maroc à quatre reprises, clandestinement, dans le cadre de l’émigration clandestine des juifs du Maroc. Ce n’est que son successeur, Meir Amit, qui effectua un voyage officiel au cours du mois d’avril 1963 et fut reçu par Hassan II et le général Oufkir, dans un petit pavillon du palais de Marrakech. La visite officielle du chef du Mossad le général Meir Amit et de son adjoint Yaacov Caroz au roi et à Oufkir n’était en fait que la conséquence de l’échec des négociations entre Hassan II et le président algérien Ahmed Ben Bella à Alger concernant les problèmes frontaliers entre le Maroc et l’Algérie.

    Quelques mois avant la Guerre des sables qui opposa les armées marocaines et algériennes, Oufkir sollicita l’aide d’Israël pour une aide militaire, stratégique et sécuritaire. La classe dirigeante marocaine détestait Nasser et le Palais ne faisait confiance ni aux Américains ni aux Français. C’est pour cela que les Marocains préférèrent solliciter l’aide d’Israël.

    Pendant le deuxième exil de Ben Barka en Europe, Israël accepta de surveiller les déplacements et rencontres de l’exilé à la demande de Dlimi, mais se retira de cette filature, le Mossad s‘étant rendu compte que d’autres services secrets surveillaient ces déplacements. Selon un protocole gouvernemental Meir Amit avait reçu le feu vert du premier ministre Levi Eshkol d’effectuer cette filature uniquement après que le chef du Mossad lui eût promis que le but était d’éviter que Ben Barka ne tombe dans le piège d’un service qui décide de l’éliminer.

    Hassan II, de toute évidence, n’avait pas l’intention de tuer Ben Barka. Il avait même dépêché à Paris son ministre Réda Guedira pour proposer à l’exilé de rentrer au Maroc avant la Conférence tricontinentale qui devait se tenir à la Havane. Mais Ben Barka préféra ne retourner au pays qu’après cette conférence. On peut alors se demander, si les Marocains avaient prémédité l’élimination de Ben Barka pourquoi l’aurait-on enlevé en pleine journée à Paris au coin de la rue de Rennes et du boulevard Saint Germain ? On lui aurait plutôt tiré une balle dans le dos dans une rue déserte à Genève ou au Caire. Durant neuf mois, Ben Barka habita au domicile du couple Jacques Givet et Isabelle Vichniac, au 18 rue Beaumont à Genève.

    Comment Ben Barka trouva la mort?

    D’après divers témoignages que j’ai recueillis à partir de 1996, il s’avère de sources irréfutables que Ben Barka est mort noyé après qu’un groupe de marocains avec à leur tête Ahmed Dlimi et Miloud Tounsi, alias Chtouki, aient commis la bavure d’immerger sa tête dans une baignoire pleine d’eau, qui entraîna sa mort. Tout de suite après, Dlimi appela le responsable du Mossad à Paris, Emanuel Tadmor, lui raconta ce qui s’était passé et sollicita son aide dans deux domaines : débarrasser les Marocains du corps de Ben Barka et leur fournir de faux. Malgré sa consternation par la mort de Ben Barka, ami d’Israël, l’agent Emanuel Tadmor reçut l’ordre du chef du Mossad Meir Amit d’aider « nos amis marocains ».

    Voici le déroulement des faits tels que me les a rapportés l’agent du Mossad Eliezer Sharon-Sudit (alias Qabtsen) l’été 1998 dans son domicile (en présence de Ami Perets, un autre agent du Mossad): Dlimi, est arrivé le 28 octobre 1965 à Paris et fut reçu à l’aéroport Orly par Naftali Keinan, chef de la section Tevel du Mossad. Après quelques propos, ils préférèrent se revoir à la Porte de Saint-Cloud. Leur rencontre fut surveillée par Eliezer Sharon et Zeev Amit (cousin du chef du Mossad Meir Amit, mort pendant la Guerre de Kippour). Dlimi demanda à Keinan de rester en état d’alerte à portée d’un téléphone dans l’appartement de service du Mossad à Paris pour lui communiquer le déroulement des faits. Deux jours après, Dlimi affolé appela Keinan et lui demanda de l’aider à faire disparaître le corps de Ben Barka. Tout de suite après Dlimi vint lui remettre les clés de l’appartement où Ben Barka trouva la mort. Keinan demanda à Tadmor d’envoyer en urgence une équipe de quatre personnes, couverts par d’autres agents, planqués dans deux voitures diplomatiques, pour s’occuper de la dépouille.

    Les agents du Mossad l’ont enterré

    Eliezer Sharon, Zeev Amit et Rafi Eitan se rendirent à l’étage d’un petit appartement à Paris, prirent le corps de Ben Barka de l’intérieur d’une baignoire, l’enveloppèrent, le mirent dans le coffre d’une voiture diplomatique appartenant à Shalom Barak et se dirigèrent vers le périphérique pour quitter la capitale française. Le corps de Ben Barka fut enterré la nuit dans un bois dans le nord-est de Paris, un lieu où les agents du Mossad avaient l’habitude de faire des pique-niques avec leurs familles. Ils enterrèrent le corps dans un bois et versèrent au dessus et en dessous du cadavre un produit chimique acheté par des agents du Mossad en petites quantités dans plusieurs pharmacies de Paris. Ils versèrent de la chaux sur la dépouille puis recouvrirent le corps. Quelques heures plus tard, il plut et au contact de l’eau les produits chimiques le corps fut dissous.

    Contrairement à ce que prétend un des deux journalistes de Yediot Aharonot, Ben Barka n’a pas été enterré dans un jardin public, traversé par une route. Avant sa mort, Eliezer Sharon ne m’a pas dit que le lieu de l’enterrement était la forêt de Saint-Germain. Ce n’est qu’une de mes déductions personnelles, suite à une série de questions que je lui avais posées sur le lieu de l’enterrement. Sharon a répondu à toutes mes suggestions par la négative en indiquant seulement une forêt au nordouest de Paris. J’en ai déduit que probablement ça pouvait être la forêt de Saint-Germain.

    Les détails de ce témoignage m’ont été confirmés plus tard par Emanuel Tadmor. Le témoignage de David Shomron, premier chef de la station du Mossad au Maroc, que j’ai recueillis le 28 juillet 1998 et le 15 septembre 2003 dans son domicile à Ra’anana, confirment ceux de Sharon et de Tadmor. Quelques mois après les faits, Dlimi avoua à Shomron que Ben Barka était mort dans ses bras. Selon Shomron : « Dlimi immergeait la tête de sa victime dans l’eau d’une baignoire et pour voir s’il respirait encore, il lui pinçait les fesses. Si ses muscles raidissaient, il fallait sortir sa tête de l’eau. Au bout d’un moment, la tête de Ben Barka resta trop longtemps dans l’eau sans respirer et il mourut asphyxié ». Selon Shomron, Dlimi n’a utilisé ni les revolvers ni d’autres objets que lui avait fournis le Mossad à sa demande. Il précise que la mort de Ben Barka n’est que le résultat d’un excès de zèle de la part de Dlimi et que Oufkir n’avait eu aucun rôle dans cette affaire. Après la débâcle de l’opération, Hassan II demanda à Oufkir de se rendre à Paris pour s’informer du comportement de Dlimi.

    En fait le roi voulait « impliquer » Oufkir dans cette affaire devant la justice française. A la fin, Dlimi qui était le responsable du meurtre de l’opposant a été acquitté par la justice française et Oufkir, qui n’était impliqué ni dans l’enlèvement ni dans la mort de Ben Barka, a été jugé et condamné par contumace à la prison à vie par cette même cour de justice. Oufkir fut éliminé par le palais après une tentative de coup d’état en 1973 et Dlimi trouva la mort en 1984, dans un probable accident de voiture.

    Peu d’officiels marocains étaient au courant de la présence du Mossad au Maroc. A part Oufkir et Dlimi, on peut noter les noms de Hosni Benslimane, et les ministres Abdelkader Benjelloun, Bensalem Guessous, Mohammed Laghzaoui et quelques autres. Dans les stages militaires à la base militaire de Dar El Baïda à Meknès, les Israéliens étaient présentés comme des Américains ou des Allemands.

    J’ai transmis l’essentiel de ces révélations à Bachir Ben Barka et à son frère à Paris en octobre 1998. A Zakya Daoud en juillet 1997 et septembre 1998, ainsi qu’à l’avocat Maurice Buttin le 30 mars 2004. Plus tard, Me Buttin m’a demandé par courrier si j’étais prêt à témoigner sur l’affaire devant le juge Patrick Ramaël. J’ai posé deux conditions : que ce ne soit pas un témoignage mais l’avis d’un expert et que cet avis soit recueilli en Israël et non pas à Paris. On ne m’a plus recontacté.

    Le 27 décembre 2014 Me Buttin a renouvelé sa requête de témoigner devant le nouveau juge d’instruction Cyril Percaux.

    Par l’intermédiaire de l’ancien ministre Ahmed Ramzi, le chef des services de sécurité marocains Hamidou Laânigri accepta de me rencontrer. L’entretien a eu lieu en septembre 1998 à Paris au Drugstore des Champs Elysées, et je l’ai averti que j’allais publier le résultat de mes travaux sur l’affaire Ben Barka. A sa demande, je lui ai révélé le vrai nom de Chtouki. Le reste sera publié dans mon prochain livre.

    Yigal Bin-Nun est historien et spécialiste des relations SECRÈTES israélo-marocaines.

    Source : Academia

    #Maroc #Israël #BenBarka #Mossad

  • Les contacts avec le Maroc et Israël datent de la Guerre des Sables

    Les contacts avec le Maroc et Israël datent de la Guerre des Sables

    Les contacts avec le Maroc et Israël datent de la Guerre des Sables – Algérie, Mossad, Yigal Bin Nun,

    Yigal Bin Nun, ex-agent du Mossad au Courrier d’Algérie . « Nos contacts avec le Maroc datent de la guerre des Sables »
    Bientôt des révélations sur l’affaire Ben Barka

    Historien pour certains, ancien agent du Mossad pour d’autres, Yigal Bin – Nun, d’origine Marocaine, chargé de cours à l’Université de Paris VIII, étudie depuis plusieurs années les relations secrètes entre le Maroc et Israël.
    C’est dans ce cadre qu’il a, entre autre, reconstitué les modalités de l’émigration de la communauté juive, d’abord clandestine, organisée par le tout jeune Mossad, puis officialisée par ce qui fut sobrement appelé « l’accord de compromis » entre Hassan II et Israël.
    Ses liens déclarés avec Meir Amit, l’ancien patron du Mossad, lui ont certainement été très utiles.
    Bin Nun répond aujourd’hui aux questions du Courrier d’Algérie Courrier d’Algérie :

    À quel moment la coopération officielle entre le Maroc et Israël a t-elle commencé ?
    Et à quel moment les relations deviennent-elles officielles ?

    Yigal Bin-Nun : La coopération officielle entre le Maroc et Israël, sans rapport avec le sujet de l’émigration, débuta exactement le début février 1963.
    Elle fut précédée par « l’accord de compromis » conclut au début août 1961, sous couvert de l’organisme humanitaire d’émigration HIAS (Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society).
    Contrairement aux publications de Ahmed Boukhari et d’Agnès Bensimon (*) , ces relations n’ont jamais commencé en 1959 (mais en février 1963) et le premier directeur du Mossad, Isser Harel, disparu dernièrement, n’a jamais effectué de voyage officiel au Maroc et n’a jamais rencontré Hassan II.
    Ce n’est que son successeur, Meir Amit, qui effectua un voyage officiel au cours du mois d’avril et fut reçu par le général Mohamed Oufkir et par Hassan II dans un petit pavillon du palais de Marrakech.

    De quelle façon l’intrusion du Mossad au Maroc s’est-elle faite ?
    Les autorités marocaines en étaient-elles informées?
    La première rencontre officielle s’effectua entre le bras droit de Isser Harel – Y.C.
    et le général Mohamed Oufkir à la rue Victor Hugo à Paris, au domicile du commissaire de police français, délégué à l’Interpol, Emil Benhamou, d’origine algérienne (né à Tlemcen), suivie d’une série de rencontres entre Oufkir et l’agent du Mossad D.Sh.
    Dans les hôtels genevois Beau Rivage (quai du Mont-blanc 13) et Cornavin (23 boulevard James-Fazy).
    Oufkir avait reçu précédemment le feu vert de Hassan II.
    À la mi-février, Ahmed Dlimi, l’adjoint d’Oufkir à la Sécurité Nationale, effectua un voyage en Israël pour des rencontres de travail avec le Mossad.
    Le 12 avril 1963, l’ambassadeur d’Israël à Paris Walter Eitan, rencontra son homologue l’ambassadeur marocain en France, Mohamed Cherkaoui.

    Est-il vrai qu’Israël aurait soutenu le Maroc dans la «Guerre des sables» avec l’Algérie en livrant des blindés ?
    (Israël aurait aussi aidé «technologiquement» le Maroc au Sahara, notamment dans la construction du Mur !!) La visite officielle du chef du Mossad le général Meir Amit et de son adjoint Y.C.
    au palais de Marrakech avec le roi et Oufkir s’effectua à la suite de l’échec des négociations entre Hassan II et le président algérien Ahmed Ben Bella à Alger concernant les problèmes frontaliers.
    Effectivement en 1980, le général Yitshak Rabin, futur Premier ministre, conseilla à Ahmed Dlimi la construction du mur protégeant « le Sahara utile » et les mines de Boucar‘a.

    Quelle fut la plus importante rencontre ?
    À partir de ces premières rencontres, tous les agents qui se succédèrent au Mossad arrivèrent au Maroc et rencontrèrent le roi, Oufkir, Dlimi et d’autres personnalités marocaines.

    Peut-on citer des cas similaires, à l’image des relations entre le Royaume et Israël, par ailleurs dans le monde arabe ?
    Oui selon « la politique de la périphérie » préconisée par le président David Ben Gourion, des contacts très étroits furent établis surtout avec le roi Hussein de Jordanie, avec l’Irak de Qassem, ainsi qu’une alliance spéciale (Kalil) entre Israël, l’Iran et la Turquie, et une autre alliance entre Israël, l’Éthiopie et le Soudan.
    Sans compter les relations avec les pays d’Afrique occidentale.

    Vous êtes arrivé à reconstituer les relations secrètes entre le Maroc et Israël en les reconstruisant.
    Comment y êtes-vous parvenu ?
    À l’aide de documents d’archives publiques et privées ainsi que des témoignages de diplomates et d’anciens agents du Mossad… Y a-t-il eu des éléments que vous avez vous même refusé de rendre publics Je compte tout publier petit à petit, y compris des révélations sur le sort de Mehdi Ben Barka, ceux qui l’ont tué, ceux qui l’ont enlevé, et l’endroit de sa dépouille …

    (*) Contactée par nos soins Agnès Bensimon, auteur de « Hassan II et les juifs», nous dira que : «c’est parce que les services secrets israéliens ont fourni des renseignements très précis quant à un complot visant à tuer le prince héritier en février 1960 que les relations entre le Maroc et Israël ont débuté. Cependant, il faut attendre la période des accords d’Oslo mais l’aspect officiel reste limité. Aujourd’hui il y a une représentation israélienne diplomatique à Rabat. Je ne crois pas qu’il y ait un représentant du Maroc en Israël comme il y a un représentant de l’Égypte, à travers cette relation le Maroc gagnait dans le domaine du renseignement … »

    Meriem Abdou

    Le Courrier d’Algérie n° 1682, 14 Septembre 2009

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    Je n’ai jamais été un agent du Mossad

    Contacté par nos soins, Bin-Nin Yigal, enseignant à l’école pratique des hautes études, présenté par certains comme un ex-agent du Mossad et d’historien pour d’autres, a été catégorique en soutenant : « Je n’ai jamais été un agent du Mossad et dénonce la publication, et dénonce la publication, selon lui, « des détails croustillants sur des contacts entre moi et le chef du Mossad que je n’ai jamais rencontre de ma vie ». Ce serait lui qui, se référait probablement à des documentations d’archives et des témoignages, lança que « la coopération officielle entre le Maroc et Israël débuta en février 1963 », comme auraient eu lieu des rencontres entre de hauts gradés de l’armée royale marocaine et des officiels israéliens.

    Le Jour d’Algérie, 22 septembre 2009

    #Maroc #Algérie #Israël #Mossad


  • Juifs marocains-le prix de l’exile

    Juifs marocains-le prix de l’exile

    Juifs marocains-le prix de l’exile – Maroc, Israël, Yigal Bin Nun, évacuation des juifs, Hassan II,

    Dans un récent article, l’historien Yigal Bin Nun révèle les dessous de la négociation entre l’Etat d’Israël et les autorités marocaines pour l’évacuation des juifs du Maroc.

    «L’histoire des juifs du Maroc après l’Indépendance est marquée par l’évacuation presque totale d’un quart de million de juifs en direction d’Israël ». Comment une population enracinée dans une terre depuis près de 2000 ans a-t-elle été amenée à la quitter en si peu de temps ? La question continue de préoccuper des chercheurs tels que Yigal Bin Nun, convaincus que des pans entiers de cette histoire restent à découvrir. Les raisons du départ massif des juifs ne sont pas simples à élucider. Seule une conjonction de facteurs – culturels, socio-économiques et historiques – permet de rendre compte de l’état d’esprit qui a poussé cette population au départ.

    Un avenir incertain. Dans son dernier article intitulé «La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc», ce professeur de l’Université Paris VIII dresse le catalogue des raisons de ce départ. Pour l’historien, «une des photos roger violet Le prix deJuifs mar■ La fin du judaïsme en terres d’islam, sous la direction de Shmuel Trigano. Ed. Denoël. raisons que l’on n’évoque jamais mais qui reste primordiale est le changement démographique» : un processus qui avait débuté bien avant le XXe siècle et qui avait conduit la population juive à migrer des campagnes vers les petites villes, ou des petites villes vers les grandes villes. Ces migrations intérieures expliquaient pourquoi, à l’indépendance, Casablanca concentrait plus de la moitié de la population juive du Maroc. Tout était prêt en quelque sorte pour faciliter une émigration de masse. «La grande majorité des juifs qui ont quitté le Maroc l’ont fait pour améliorer leurs conditions de vie et leur situation socio-économique», explique Bin Nun. Un autre facteur de taille qui a facilité le départ des juifs est l’occidentalisation rapide de la communauté. Celle-ci fréquente, en effet, depuis 1864, les écoles de l’Alliance universelle israélite où l’accès au savoir se fait par la langue française – devenue vecteur de la modernité. Imprégnés de la culture républicaine, les juifs aspirent désormais à l’assimilation avec les Français. Cependant, la nationalité ne leur sera jamais accordée comme en Algérie, et les lois antisémites de Vichy pendant la guerre finiront de décevoir les espérances françaises dont certains se berçaient. Cependant, l’éducation qu’ils ont reçue n’en a pas moins contribué à creuser un fossé entre eux et la majorité des musulmans.

    Sentiment d’asphyxie. Dès 1948, avec la création de l’Etat d’Israël, les exactions contre les juifs se multiplient au Maroc comme dans les autres pays arabes. En juin 1948, un mois seulement après la création d’Eretz Israël, ont lieu les événements sanglants de Jerada et d’Oujda qui feront 43 morts. Un autre incident, bien qu’il n’ait pas de lien direct avec le conflit israélo-arabe, est à déplorer le 3 août 1954 à Petit-Jean (Sidi Kacem) : six commerçants juifs sont tués. Quoi qu’il en soit, le panarabisme, en plein essor à cette époque, ajoute au malaise de la communauté. Vient alors l’époque de l’Indépendance et son lot d’espoirs. Une certaine euphorie s’empare de la communauté. Un juif, Léon Benzaquen, est nommé ministre. Mais cet enthousiasme ne durera guère. En cause, pour l’auteur, la politique du jeune Etat indépendant marocain. Même si, d’après lui, «le Maroc est le seul pays où les choses se sont passées différemment. Dans la plupart des pays arabes (Libye, Syrie, Liban), les juifs ont été expulsés». Cependant, certaines de ses premières décisions en tant nouvel Etat indépendant ne pouvaient pas rester sans conséquence. Plus particulièrement la promotion, dans les discours, de l’arabisation fera craindre aux juifs de perdre leurs avantages acquis grâce à leur maîtrise de la langue française sous le Protectorat (la connaissance de la langue française était un atout pour travailler dans l’administration). Mais surtout, le Maroc va commettre l’erreur stratégique de bloquer l’octroi de passeports à ses citoyens juifs. Jusqu’en 1956, l’émigration vers Israël s’organisait sous l’égide de Qadima (organisation créée par le Mossad), qui avait des bureaux dans plusieurs villes importantes du Royaume. Mais la politique de blocage de l’octroi des passeports va pousser les juifs candidats au départ à entrer dans la clandestinité. Pour l’ensemble de la communauté, cette atteinte à la liberté de circulation crée un sentiment d’asphyxie, aggravé par la rupture unilatérale des relations postales avec l’Etat d’Israël à l’occasion de l’adhésion à l’union postale arabe. Finalement, ce sont des facteurs d’ordre psychologique – la crainte d’une «catastrophe» – qui seront à l’origine de ces départs, plus que la réalité des événements eux-mêmes.

    Opération Yakhin. 1961 marquera un tournant. L’année commence avec le naufrage du Pisces – un bateau transportant des juifs qui émigraient clandestinement – le 11 janvier et qui fait 43 morts. A cette occasion, le Mossad organise une opération de communication comprenant la distribution de tracts dénonçant la politique de blocage des passeports. Quelques jours auparavant, la visite de Nasser, qui s’est accompagnée de nombreuses exactions commises par la police sur les juifs, a traumatisé la communauté (voir extrait). 1961, c’est aussi l’année de l’accession au trône de Moulay Hassan, plus pragmatique sur la question et assez ouvert à la possibilité d’une émigration «légale» dont il comprend qu’il peut tirer un bénéfice politique. Tous ces changements annoncent l’avènement d’une troisième étape dans l’histoire de l’émigration juive marocaine, celle de l’opération Yakhin (1961-1966) qui succède à celle de l’époque de Qadima (1948- 1956), et celle, clandestine, de la Misgeret (1956- 1961). C’est grâce à une longue série d’entretiens et de contacts entre agents israéliens et proches du Palais par l’intermédiaire de juifs marocains que tout cela a été rendu possible.

    Dès mai 1961, «commencèrent les premiers préparatifs pour contacter le ministre du Travail Abdelkader Benjelloun et le prince Moulay Ali Alaoui, tous deux proches du roi», écrit Bin Nun. Depuis le naufrage du Pisces, Israël est convaincu de l’intérêt de mener des négociations pour débloquer la situation. Le raisonnement de l’Etat juif est le suivant : puisque «le départ des juifs du pays porterait atteinte à son économie (…) par conséquent le Maroc devait être indemnisé». Deux personnalités de la communauté seront chargées d’établir des contacts avec les autorités marocaines : Sam Benazeraf et Isaac Cohen Olivar. Entre la mi-juin et fin juillet, une série de pourparlers ont lieu entre les protagonistes. Un accord de compromis est trouvé. Cet accord secret – conclu oralement – prévoyait le versement d’un montant variant entre 100 et 250 dollars par émigrant juif aux autorités marocaines. L’organisation logistique de l’évacuation est assurée par la HIAS, au moyen de passeports collectifs.

    Ainsi, entre novembre 1961 et la fin de 1966, ce sont 97005 juifs qui sont évacués. Selon Yigal Bin Nun, les autorités marocaines auraient reçu pour les 26 000 premiers migrants 100 dollars par personne puis ce montant serait passé à 200 dollars, puis 250 dollars. Plusieurs personnalités marocaines d’envergure auraient été impliquées dans cette transaction : des ministres – dont bien évidemment Benjelloun – mais aussi le cousin du roi Moulay Ali. L’article de Bin Nun évoque notamment les avantages qu’ont pu en tirer certains hauts fonctionnaires dont le directeur de cabinet d’Oufkir Abdelwahab Lahlali et des personnalités possédant des intérêts dans le secteur des transports. Au total, cette évacuation, qui a été menée en un temps record, aurait coûté à Israël entre 20 et 30 millions de dollars de l’époque. Une telle précipitation était-elle vraiment nécessaire ? Pour l’auteur, «les juifs marocains ne couraient aucun danger. Tôt ou tard, ils auraient quitté le Maroc mais cela aurait pu se faire plus doucement». Le contexte troublé de la seconde moitié du XXe siècle explique peut-être une telle frénésie.

    MAJDA FAHIM

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    «Ce sont les juifs marocains eux-mêmes qui ont fait pression sur les émissaires pour partir» (Yigal Bin-Nun Auteur de «La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc». Historien, Professeur à l’Université Paris VIII)

    Vous parlez d’«évacuation» plutôt que de «départ» pour évoquer l’émigration des juifs marocains. Pourquoi ?

    A partir de novembre 1961, l’émigration juive est orchestrée et financée et elle bénéficie de l’organisation par une agence – en l’occurrence l’HIAS (Hebrew sheltering and Immigrant Aid Society). Il ne s’agit donc plus de départs – d’ailleurs les juifs vivant dans les petits villages du sud marocain ne pouvaient pas partir d’eux-mêmes.

    Qu’apporte de nouveau votre travail ?

    Je raconte ici toute l’histoire de l’accord de compromis, reconstituée à partir des archives de l’HIAS, du ministère israélien des Affaires étrangères, du Mossad et de l’Agence juive. Une indemnisation par tête de 100 à 250 dollars a été offerte à l’Etat marocain.

    Parmi les motivations des juifs à émigrer, vous évoquez la crainte de l’arabisation. Pourquoi ? Le bagage culturel arabomusulman était-il défavorable aux juifs ?

    J’ai relevé la récurrence dans la presse marocaine de propos antijuifs. Ils n’étaient pas extrêmement virulents mais il y en avait beaucoup. Des attaques, des insinuations. L’assimilation systématique des juifs et des israéliens. En 1962, le journal Akhbar Dounia publie la photo d’un homme présenté comme un officier israélien en promenade à Casablanca. Cet homme portait en fait l’habit officiel des croquemorts juifs… On a reproché au Grand rabbin de ne pas avoir assisté à la cérémonie de réception de Nasser en 1961.

    Mais il n’avait tout simplement pas été invité ! Plus que l’islam et le panarabisme en tant que tels, c’est la peur de l’avenir dans un pays non démocratique, sur fonds de guerres israéloarabes, qui a été déterminante.

    Est-ce à dire qu’il n’y avait pas d’acculturation des juifs à la société marocaine ? Vous évoquez à plusieurs reprises l’assimilation des juifs à la culture française sous le Protectorat…

    Il est vrai qu’avec les écoles de l’Alliance israélite, on a négligé la langue arabe. Sans doute les juifs marocains maîtrisaient toujours un arabe parlé. Mais le fait est que l’on a privilégié le français, ce qui n’a pas manqué de créer un clivage avec le reste de la population. Après la Seconde guerre mondiale, l’arabe devient même deuxième langue étrangère dans les écoles de l’Alliance ! Pourtant, il y avait encore beaucoup d’arabisants dans ces écoles, certains juifs étaient même professeurs d’arabe.

    Vous n’évoquez que très peu la part de l’idéologie sioniste dans les raisons du départ…

    C’est un mythe. Il est faux de croire qu’il y aurait eu une propagande sioniste et que les Israéliens auraient voulu convaincre les juifs du Maroc de partir. S’ils sont partis ce n’est pas pour des raisons idéologiques ni religieuses mais soit parce qu’ils nourrissaient une grande admiration pour Israël, soit, pour ceux qui sont allés au Canada ou en Europe, par souci de mettre en valeur leurs compétences. D’ailleurs, si des émissaires israéliens avaient été envoyés, ce n’était que pour la protection de la communauté, pour le cas où elle aurait couru certains dangers. Mais force a été pour eux de reconnaître qu’au Maroc, la communauté vivait, selon leurs dires, un «âge d’or». Ce sont les juifs marocains eux-mêmes qui ont fait pression sur les émissaires pour partir.

    Vous écrivez : «Bien que les Israéliens eussent établi des relations étroites avec le dirigeant de l’opposition Ben Barka (…) ils préférèrent en fin de compte négocier avec le jeune roi»…

    En effet, en Israël, tous étaient convaincus en 1959 que la gauche était sur le point de prendre le pouvoir. Les organismes juifs internationaux, qui entretenaient des contacts réguliers avec les partis politiques et le Palais, ont donc joué sur les deux tableaux. Ben Barka leur en a fait voir : il recevait un paiement mensuel du Mossad, et tous les jours il appelait l’ambassade d’Israël à Paris. Il avait besoin d’argent pour son action politique. Un jour, Israël s’est rendu compte que Ben Barka ne serait pas en mesure de tenir ses promesses. Ils ont alors changé de tactique et se sont tournés vers Moulay Hassan. Dès 1960, ont lieu les premiers échanges. Bensalem Guessous est envoyé comme émissaire auprès de Golda Meir pour initier une négociation. En août 1961, un accord de compromis pour l’émigration des juifs marocains est trouvé grâce à plusieurs personnalités dont Moulay Ali, cousin du roi Hassan II.

    Une transaction financière aurait été conclue, que vous évaluez à 20-30 millions de dollars. Avez-vous une idée de ce qu’il serait advenu de cet argent ?

    Je ne sais pas. Les Israéliens n’ont jamais dit que cet argent devait aller dans le compte personnel de Hassan II. Cela est d’ailleurs improbable car trop de personnes étaient impliquées. D’ailleurs, les Israéliens avaient exigé une certaine officialisation de la chose. Hassan II l’avait annoncé à son gouvernement, en présence de plusieurs de ses ministres.

    Vous semblez dire dans l’article que la transaction a aidé des juifs marocains à quitter le pays pour d’autres pays qu’Israël…

    Dans la communauté juive, il ne fallait pas parler d’Israël. Alors on disait qu’on partait au Canada. Tout cela facilitait les choses pour le Palais, qui craignait que Ben Barka ne l’accuse de mener une politique pro-israélienne parce qu’il assouplissait les conditions pour le départ des juifs. Il a d’ailleurs fallu qu’Israël verse des sommes importantes à Ben Barka pour qu’il n’y ait pas de résolution de son parti contre Hassan II dans le domaine de l’émigration juive.

    Vous affirmez que Ahmed Réda Guédira aurait reçu de l’argent de l’Etat juif pour le journal de son parti Les Phares…

    En tant que ministre de l’Intérieur, il pouvait avoir une influence sur les départs. Au lieu d’accepter directement l’argent d’Israël, il a préféré qu’il soit versé à son journal. Guédira n’est pas le seul à avoir récolté de l’argent à cette occasion. Oufkir, en revanche, avait la réputation d’être incorruptible aussi sans doute n’a-t-il jamais été approché.

    PROPOS RECUEILLIS PAR M. F.

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    El Fassi et les jeunes filles juives*

    Au début des années soixante, alors que l’émigration était déjà légale bien que discrète, un phénomène nouveau vint ébranler la vie de la classe moyenne juive au Maroc. Ce furent quelques cas de conversions de jeunes filles juives à l’Islam. Ces cas seraient passés inaperçus si le nouveau ministre des affaires islamiques, le chef du parti de l’Istiqlal Allal El Fassi, fervent partisan du panarabisme et défenseur de l’Islam, n’avait décidé d’en tirer politiquement profit. Dans l’organe arabe de son parti, Al Alam, il publia quotidiennement les noms et les photographies de jeunes juives qui se convertissaient à l’Islam. Il alla même jusqu’à consacrer le stand de son ministère à la Foire internationale de Casablanca à une exposition de ces photographies, incitant par cet acte d’autres jeunes à se convertir. Les dirigeants de la communauté ne tardèrent pas à réagir durement contre les méthodes de ce héros du Mouvement national marocain, dont certaines opinions inquiétaient déjà la rue juive. La Voix des communautés, rédigé par Victor Malka, consacra trois numéros à ce problème et en fit son cheval de bataille contre le ministre. David Amar ameuta l’opinion publique en publiant un supplément de l’organe des communautés en arabe, destiné aux dirigeants politiques arabisants. Il accusa le ministre de vouloir tirer profit sur ses adversaires politiques sur le compte de la communauté, au lieu de s’occuper des mosquées, des prêches et des pèlerinages. Il s’adressa au ministère de la Justice pour arrêter la publication de ces photographies dont quelques-unes, avec onze noms de jeunes juives, furent reproduites dans l’organe de la communauté.

    *extrait «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano.

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    Le test de la visite de Nasser à Casablanca*

    L a visite du président égyptien à Casablanca fut un événement traumatisant pour la communauté. Il était le symbole du réveil nationaliste panarabe et de l’effondrement de plusieurs régimes monarchiques. Cette tendance ne manqua pas d’inquiéter le régime marocain qui dut s’aligner, contre son gré, sur les tendances pro-nassériennes de son opinion publique. La politique anti-israélienne de Nasser rapprocha le conflit israélo-arabe du cœur des Marocains, ce qui renforça leur nationalisme arabe et suscita une certaine hostilité envers l’Occident, imperceptible auparavant. Les juifs, de leur côté, attendaient avec angoisse l’ennemi d’Israël, pour voir comment sa visite pouvait avoir une influence sur leurs relations avec les musulmans. Nasser atterrit au Maroc le 2 janvier 1961 mais, dès la veille, des témoignages avaient fait état d’exactions policières contre des passants juifs. Des policiers insultèrent des vieillards, des femmes et des enfants dans la rue parce qu’ils portaient des vêtements avec un mélange de couleurs bleue et blanche, rappelant, à leur avis, le drapeau israélien. On leur reprocha aussi de porter des vêtements noirs, comme signe de deuil envers l’ennemi d’Israël. Des policiers insultaient le Premier ministre israélien Ben Gourion. On entendit parallèlement des policiers glorifier Nasser, le dirigeant du monde arabe. Il est nécessaire de noter à ce sujet que cette atmosphère n’avait rien de spontané. Elle est la conséquence, au moins en partie, de la propagande panarabe diffusée dans la presse en langue arabe des partis politiques, à la veille de la visite.

    *extrait «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano

    Source : Le Journal Hebdomadaire du 04 au 10 avril 2009

    #Maroc #Israël #Juifs_marocains #Evacuation #Opération_Yakhin #HassanII