Où est passé le Niger ?

aUne dépêche de l’APS, trop brève pour la gravité du sujet, est parvenue hier à notre rédaction. « Le président Bouteflika prend part, à Syrte, à une réunion de concertation des pays du Sahel… » Le texte signale aussi la présence du guide de la révolution libyenne, le colonel Maâmar El-Gueddafi, des chefs d’Etat de Mauritanie, M. Mohamed Ould Abdelaziz, du Mali, M. Amadou Toumani Touré, et du Tchad, M. Idriss Deby Itno. Pour l’instant, rien n’a filtré sur le contenu de cette concertation mais il semble que l’Algérie ne soit pas étrangère à ces conciliabules en marge d’un sommet africain plus généraliste. 
 
Il faut rappeler que, depuis la dernière réunion des états-majors des armées des pays de la région sous la houlette d’Alger, de nombreuses tractations ont eu lieu de la part de puissances étrangères qui ne voient pas d’un bon œil la prise en charge locale d’une crise qu’elles voudraient gérer à leur manière. Ce n’est pas le directeur du CAERT dont nous vous rapportons les propos dans notre édition du jour qui nous contredira : le feu au Sahel veut brûler l’Algérie. 
 
Or, tous nos voisins ne sauraient accepter de bon cœur de servir de combustible face à notre pays dont la politique de bon voisinage demeure indiscutable. Le Mali a su regretter ses erreurs récentes qui l’ont poussé à l’élargissement de mercenaires contre des otages, tandis que la Mauritanie a trop souffert du coup d’Etat sanctionnant son opposition à un gros marché qui devait bénéficier à une capitale considérant l’Afrique comme son éternel garde-manger. Le Tchad n’ignore pas non plus les prix à payer quand les rangers envoyés par Paris piétinent son sol. 
Quant à la Libye, ses sautes d’humeur ne l’empêchent jamais de toujours défendre l’esprit révolutionnaire, matrice algérienne des relations géostratégiques. Alors, dans ce climat de confiance, on peut s’interroger sur l’absence du président nigérien, pays pour lequel nos avons consenti un bel effort de solidarité contre la famine ces derniers mois. On ne veut pas croire à une omission du Niger commise par la dépêche, ni accepter de rester sans comprendre les défections hautement politiques. Doit-on craindre une nouvelle dissidence du côté de Niamey, pillée de son uranium sans pouvoir nourrir son peuple ?
Nordine Mzalla
Le Jeune Indépendant, 12/10/2010

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