De la prostitution politique au Maroc

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Update : J’ai omis de mettre en ligne les lettres mentionnées ci-dessous. Retrouvez-les ici.
Observons rapidement le paysage politique marocain : Nous avons un palais qui décide de tout, un entourage royal qui oriente et influence ces décisions, et quelques valets/fusibles politiques qui se chargent de la basse besogne comme les Walis et autre commis de l’Etat. Si l’on descend plus bas, dans les pègres du champ politique, on trouve les partis politiques à l’exception de quelques uns. Ils servent à donner un semblant de légitimité à cette mascarade étatique. Par exemple, un Yazghi est prêt à troquer sa dignité et ce qui lui reste d’années à vivre, contre un minable ministère d’Etat sans portefeuille. Nous autres, au Makhzen, on ne s’en plaint pas.
Pour permettre au lecteur de mieux cerner les relations complexes générées par l’allégeance au Makhzen à différents niveaux et par des profils très hétérogènes, nous pouvons comparer le fonctionnement de ces bas-fonds politiques à une maison de passe. Bien entendu, je réitère mon respect le plus profond aux putes de la vraie vie, qui rendent non seulement un immense service à la société dans des conditions souvent dangereuses, mais surtout, ont l’honnêteté de reconnaître pleinement leur métier et l’élégance de suivre une sorte de charte d’éthique. Pour s’en convaincre essayez par exemple d’embrasser une pute. Revenez me voir lorsqu’elle détournera le visage de dégoût.
Le système de rémunération de ce bordel n’a rien d’inventif : Un proxénète (Fouad Ali El Himma étant le plus réputé) va chercher des hommes politiquement vierges à la sortie des prisons de Hassan II. En fonction de leur désirabilité – des souffrances qu’ils ont subies – le proxénète leur propose un poste dans un bordel – parti du Makhzen ou dans l’Etat. Par exemple, si tu as seulement été insulté par un moustachu en 1983, tu seras en queue de liste dans la circonscription électorale de Khmiss Bissara. Si au contraire, tu as été emprisonné pendant assez longtemps, commis quelques textes et discours anti-makhzenistes pendant les années de plomb, tu auras certainement le poste de porte parole du parti de l’ami du Roi, le fils même du monarque qui t’as infligé d’exécrables souffrances. Nous le rappelons, contrairement aux putes sexuelles, les prostitués politiques n’ont pas l’ombre d’une dignité.
Le service rendu au client – le makhzen – se résume à la répétition de propos dont l’essence est “Moi-même, je soutiens et défends le Makhzen. Je vous rappelle que j’ai une légitimité historique, car je ne suis pas un militant du dimanche. J’ai été, Messieurs, emprisonné et torturé. Mes droits ont été violés, et pas seulement. Mon intégrité politique et intellectuelle est indiscutable. Par conséquent, mon discours est indiscutable.”
Pour illustrer ce processus, je vous invite à comparer les écrits de la même personne avant et après sa prostitution. Il s’agit de Salah El Ouadie, ancien militant, ancien poète, ancien intellectuel, désormais péripatéticienne politique qu’il vient de pousser à un nouveau stade de l’ignoble. Car ce monsieur vient de déféquer un texte brûlant contre Moulahoum Hisham Ben Abdellah Alaoui, prince de sabg royal et semi-intellectuel.
Je me suis amusé à juxtaposer quelques extraits de cette lettre avec une autre lettre à mon tortionnaire dangereusement subversive qu’il avait commise à ses années candeur. Le dernier texte en date étant en arabe, je m’excuse à nos lecteurs non arabophones, n’étant pas d’humeur à traduire une quelconque crotte intellectuelle.
Peut-on tourner la page, alors que nous ignorons toujours si les réseaux de torture et d’enlèvement font désormais partie d’un passé révolu ou s’ils sont toujours, comme auparavant, actifs en marge de la loi?
[…]
Mais je ne peux participer à une comédie qui s’intitulerait «L’oubli», honteuse comédie qui mépriserait le droit des victimes et détruirait notre mémoire collective… Je ne suis ni haineux ni complaisant.
Mais je ne suis pas disposé à prendre les souffrances à la légère, je ne suis pas prêt à laisser la porte ouverte, entrouverte ni même entrebaillée pour le retour de l’humiliation, de l’arbitraire et du mépris… Car je suis témoin, et suis tenu à porter témoignage, pour rendre justice à l’histoire et par souci de l’avenir, que nous ne forgeons que dans la mesure où nous croyons qu’il échappe à nos mains et rejoint les siens, les générations montantes, au sens le plus noble du mot…
لا، ليس من أجل هذا مد عمكم المرحوم الملك الحسن الثاني يده إلى أشد معارضيه وأخلصهم لوطنه، من أجل مستقبل المغرب، لا ليس من أجل هذا فضل المناضلون الصفح من أجل الوطن، والانخراط في مسلسل العدالة الانتقالية الذي ينشده اليوم أحرار تونس من مناضلي حقوق الإنسان، سيرا على خطى التجربة المغربية، التي يشهد لها العالم بالريادة والتفرد، لا ليس من أجل هذا كان لابن عمكم ملك المغرب محمد السادس جرأة فتح مسار قراءة تاريخ انتهاكات حقوق الإنسان،
Par pitié, n’invoquez pas la réputation extérieure du pays pour repousser ce message. Peut-être ne comprenez-vous pas qu’un message comme celui-ci, que je vous adresse ouvertement aujourd’hui, à mon corps défendant, est précisément la bouffée d’air qui donne au pays l’élan de vitamine qu’il a perdue depuis si longtemps… Et vous ne saisissez pas que ce concept d’«extérieur», la vie s’est chargée de le modifier du tout au tout. Il n’y a aujourd’hui, de plus en plus, que des affaires internes à toute l’humanité ou presque…
تستعملونها من أجل تموقع موهوم، لا يهم بعض الأوساط الخارجية فيه مستقبل بلدكم بقدر ما يهمها استعماله لخدمة أجندتها ومصالحها، والنماذج أكثر من أن تعد وتحصى، ولأنكم توجهتم بتصريحاتكم إلى إحدى الصحف التي لم يجف مداد حقدها بعد على بلدكم ومواطنيكم، حيث حاولتْ تأليب العالم عليه، كذبا وبهتانا، وتصريفا لأحقاد استعمارية لم تهدأ بعد، تدعون خلو المغرب من الحريات وعجز الأحزاب السياسية وحتى الحركة الإسلامية
[youtube http://www.youtube.com/watch?v=M6SsRZ0fSNY]
Eh bien !
Pour terminer, je vous laisse savourer ces deux extraits, qui ne manqueront pas d’arracher un sourire mélancolique, désespéré, apocalyptique au nihiliste que vous êtes.
Ce qu’il y a de nouveau est que j’ai trois enfants, et de mes nouveaux soucis est qu’ils mangent un pain assaisonné de dignité, qu’ils apprennent à aimer leur pays le Maroc, qu’ils comprennent ce qu’ils doivent à la civilisation et la richesse de leur humanité, qu’ils regardent leurs interlocuteurs en face, et serrent les mains mais n’en baisent aucune.
[…]
Quel pays généreux et astucieux! Il vous comble de ses largesses pour torturer vos compatriotes, ensuite il vous envoie témoigner qu’il n’y a pas de torture, ce qu’il y a c’est la jalousie des envieux et les machinations des conspirateurs. Quelle astuce extraordinaire! Je ne sais qui a conseillé votre nomination comme membre de la délégation officielle habilitée à présenter le rapport périodique sur la torture au Maroc il y a deux ans, et comment vous avez pu, vous, au siège de la Commission à Genève, carré dans votre fauteuil confortable, expliquer les attendus, commenter les notes et déclarer la bouche en coeur : «Je certifie qu’il n’y a pas de torture dans mon pays!»
Quelle déchéance et quelle bassesse!
Vous ne croyez pas si bien dire, monsieur. J’espère seulement, sincèrement, que vous dormez la nuit.
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