MOHAMED ABDELAZIZ : «La France est pour le droit de l’argent»

La délégation française composée essentiellement d’élus, de la société civile et autres représentants des organisations non-gouvernementales qui était en déplacement de solidarité avec le peuple sahraoui dans les camps des refugiés de Tindouf a tenu hier un rassemblement devant le mur de la honte dans la localité de El Mahbés dans les territoires libérés. Tout comme le rassemblement tenu en ce même lieu jeudi passé, les participants ont énergiquement dénoncé le mur. « Au moment où nous croyons que ces pratiques sont révolues avec la disparition du mur de Berlin, voilà que le Maroc, épaulé par son allié de toujours, la France nous renvoie à la préhistoire en érigeant un mur qui n’a pas lieu d’exister », ont-ils affirmé unanimement.
 
À leur retour dans le camp des réfugiés de Tindouf (école du 27 Février), les élus français ont été reçus par le président de la République sahraouie au siège de la présidence. Dans un discours lu en la circonstance à l’adresse des élus français, Mohamed Abdelaziz a indiqué que la rencontre avec les populations des réfugiés a permis à chacun des membres de la délégation française de constater l’entrain et la détermination du peuple sahraoui pour recouvrer ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance. À travers cette même visite, a encore précisé le secrétaire général du Polisario, il convient de constater également l’existence au Sahara Occidental d’un bastion colonial, où prévaut une occupation marocaine brutale, illégale et un anachronisme qui soulève l’indignation et scandalise les consciences. «C’est un affront à l’Afrique et aux peuples du monde entier », s’est-il indigné. 
 
À l’occasion, Mohamed Abdelaziz n’a pas manqué de rappeler une fois de plus que la question du Sahara Occidental, étant un problème de décolonisation, sa solution juste, pacifique et définitive, selon lui, est liée à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination à travers un referendum libre et démocratique. Cependant, pour ce faire, le président sahraoui a regretté de voir l’oeuvre de la paix engagée par la communauté internationale au Sahara Occidental soit à ce jour contrariée par le Royaume marocain soutenu par la France. « Beaucoup pensent que le conflit au Sahara Occidental serait réglé depuis belle lurette n’eut été l’attitude manifestement hostile de l’État français à l’endroit des revendications légitimes à l’autodétermination du peuple sahraoui », a encore précisé le président sahraoui. Cette situation n’est pas sans amplifier les souffrances des populations sahraouies, qui subissent, selon lui, une guerre expansionniste caractérisée et leur territoire balafré par un mur de la honte qui sème la mort et la désolation. 
 
OÙ SONT LES NATIONS UNIES ? Une interrogation qui en dit beaucoup et qui revient sans cesse sur les lèvres des Sahraouis. Hier encore, Mohamed Abdelaziz a indiqué dans ce sillage que le Maroc perpètre ses forfaits alors que l’ONU, le Conseil de sécurité précisément, débattent du conflit au Sahara Occidental. « Au moment même où est souligné l’urgente et impérieuse nécessité pour que la Minurso se dote enfin d’un mécanisme de suivi et de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental, la France membre permanent du Conseil de sécurité s’y oppose véhément et manoeuvre activement dans les coulisses onusiennes pour que soit fait omission de tout ce qui a trait au droit d’être protégée des populations sahraouies », a-t-il déploré. 
 
Pour appuyer ses dires, le sg du Polisario s’est dit intrigué par cette position peu honorable de la France qui intervient militairement en Côte d’Ivoire et en Libye en invoquant la défenses des droits des populations civiles et refusant à ce titre l’établissement d’un mécanisme dans ce cadre au Sahara Occidental. Aux dires du président sahraoui, les liens découlant de l’histoire de la géographie qu’entretien la France avec la région du Maghreb est une raison supplémentaire pour que l’Élysée opte enfin pour une politique responsable et équilibrée basée sur le respect des droits et la dignité de tous les peuples de la région, y compris ceux des Sahraouis. Enfin, le président Sahraoui a exhorté les élus français à être porteur d’un message à la société française, celui du désir du peuple sahraoui de sa quête pour la liberté… Auparavant, soit la veille, cette même délégation a été reçue au siège du Conseil national sahraoui par le président du Parlement Khatir Addouh qui a indiqué dans son intervention qu’il est illogique d’accorder un référendum au Sud Soudanais et ne pas faire pareil avec les Sahraouis, à travers un référendum juste et légal. 
 
Pour leur part, les représentants de la délégation française ont fortement condamné la position de la France. « La France n’est pas pour les droits de l’Homme, même si au niveau international elle essaie de démontrer le contraire. La France est plutôt pour le droit de l’argent et de l’économie », a-t-on déclaré. Se succédant à la tribune, les élus français ont affiché tous leur soutien à la cause sahraouie. Selon eux, le peuple sahraoui a le droit à l’autodétermination et c’est un droit international inaliénable. Sur un autre registre, les participants aux travaux du 6è congrès de l’Union nationale des femmes sahraouies (Unfs) ont appelé, à doter la Minurso d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme sur ce territoire. 
 
Venus de plusieurs pays dont l’Afrique du Sud, le Venezuela, Cuba et la Mauritanie, ils ont dénoncé la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans cette région et les crimes odieux perpétrés par l’occupant marocain à l’encontre du peuple sahraoui sans défense. À cet effet, les congressistes ont interpellé les Nations unies à intervenir dans l’urgence et mettre ainsi un terme aux souffrances des populations sahraouies qui remontent à près de 37 ans de colonialisme. À noter enfin que la présidence de la République sahraouie a décrété hier une journée de deuil national demain mardi, à la mémoire de l’étudiant sahraoui, Abbad Hammadi, victime d’une agression la nuit de jeudi à vendredi à l’arme blanche perpétrée par deux individus non loin du ministère marocain de la Communication. À cet effet, les drapeaux seront mis en berne, toutes les festivités seront ajournées et la prière de l’absent sera faite au niveau des camps de réfugiés et dans les territoires libérés, a-t-on précisé dans un communiqué, qui a fait part des vives condoléances du gouvernement et du peuple sahraoui à la famille du défunt.

DE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX À TINDOUF, FARID HOUALI ET BOUALEM S. 

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