ATT, entre le marteau français et la pression d’Alger

La visite de quatre jours du Président malien à Alger, Amadou Toumani Touré, sera-t-elle une occasion pour que, Alger, réitère sa demande auprès de son voisin malien, à respecter les engagements concernant la lutte contre le terrorisme, notamment le paiement des rançons. Une occasion pour dissiper le brouillard ayant marqué les relations algéro-maliennes, après l’erreur « irréparable» de nos voisons maliens, lorsqu’ils ont relâché, en février 2010, quatre dangereux terroristes d’Al Qaïda afin de libérer l’otage français, Pierre Camatte, un espion de la DST française, détenu durant des mois au nord du Mali.

Pis, la visite d’ATT, à Alger, est mal tombée, car la veille, trois Occidentaux ont été kidnappés, à Tindouf, par un commando terroriste appartenant à Al Qaïda au Maghreb, ce qui signifie que cet enlèvement a été bien préparé à l’avance et exécuté à un jour de la visite d’ATT en Algérie. Les terroristes d’Al Qaïda ont, par ce nouveau kidnapping, tenté de faire passer un message clair aux deux dirigeants du Sahel, surtout que les deux Présidents algérien et malien vont tenter à Alger, d’adopter une nouvelle stratégie anti-Qaïda, après des années de mésentente stratégique et diplomatique. Il est important de rappeler dans ce sens, l’incident diplomatique qui avait eu lieu, l’année passée, entre Alger et Bamako, après que les autorités maliennes eurent relâché quatre dangereux salafistes Djihadistes dont deux Algériens, faisant l’objet d’une demande d’extradition par leurs homologues algériens dans le cadre de coopération sécuritaire et judiciaire entre les deux pays. Et au lieu de satisfaire la demande algérienne, Bamako avait relâché ce dangereux élément d’Al Qaïda avec trois autres terroristes, dont un Mauritanien et un Malien. Tout ça pour libérer un otage français, Pierre Camatte, qui n’était rien d’autre qu’un espion au service de la DST. Cette grave altitude de nos amis maliens fut la goutte qui avait fait déborder le vase ‘entre Alger et Bamako).Le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, traduit l’extrême frilosité des rapports entre les deux voisins ; le Mali et l’Algérie sont passés par là en février 2010, lorsque des négociations maliennes avaient abouti à la libération de l’otage français Pierre Camatte.

L’Algérie s’était fâchée. Et pour cause: les conditions de la libération de l’espion français incluaient le paiement d’une rançon et la relaxation de quatre salafistes détenus par le Mali, dont deux Algériens réclamés par les autorités algériennes. Puis arriva la création des conditions d’un rapprochement, renforcé par la mise en œuvre du CEMOC, basé à Tamanrasset et dirigé par l’Algérie, et l’interaction des pays du champ. Toute chose qui conforta l’idée qu’une action commune était possible.

La présente visite du Président Amadou Toumani Touré, à la faveur de la détente retrouvée, est perçue à Bamako comme une occasion unique d’améliorer les acquis diplomatiques engrangés, depuis le retour à la normale des relations, de consolider la coopération entre les deux pays. Sans doute, sera-t-elle saisie pour renforcer l’amitié et les relations de bon voisinage entre les deux peuples. Le Mali n’a pas d’autres choix que de s’engager avec l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme, d’autant que 400 combattants maliens sont de retour au Mali, après avoir combattu aux côtés de l’ex-guide libyen.

ATT, entre le marteau français et les armes libyennes

Avant son arrivée, donc, d’un jour à Alger, le Président malien, était agacé par la nouvelle prise d’otage de trois coopérants européens, deux Espagnols et une Italienne, dans un camp de réfugiés sahraouis (du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahi par le Maroc en 1975, ndds), près de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, dans une attaque attribuée à la branche maghrébine d’Al Qaïda, Aqmi, d’autant que les terroristes venaient du nord du Mali, et ils se sont introduits en regagnant les frontières maliennes.

Cette nouvelle prise d’otage, à la vielle de la visite d’ATT en Algérie vient de projeter dans l’actualité l’épineuse question des rançons. Le langage de la vérité sur la question de paiement de rançons, devenue une habitude, en vue d’obtenir la libération des otages. Ce sera également un dialogue de vérité sur les conditionnalités des libérations d’otages, des négociations secrètes sur les collines, les dunes de sable ou dans les forêts où, le Mali, est passé expert aux yeux de l’opinion internationale, mais en réalité des enjeux politiques seraient en question. Cette visite sera aussi celle de la vérité sur les acteurs, les intermédiaires, à l’aune de la criminalisation du paiement de rançons aux terroristes. Le Président Amadou Toumani Touré donnera-t-il l’assurance qu’il n’autorisera pas sur son territoire de négociations avec les ravisseurs, dont la finalité est toujours le paiement de sommes faramineuses. Selon les experts, ATT va faire cela, car il est contraint de le faire, d’autant que la conjoncture des armes libyennes, le retour des ex-combattants maliens en Libye vers le Mali, et la montée très inquiétante d’Al Qaïda agacent le Président malien. Une véritable menace qui peut souffler sur la sécurité et la stabilité du Mali, et dont Amadou Touré est très conscient. ATT est d’une part entre le marteau des Occidentaux dont la France, qui mettent la pression (dans le cas de Pierre Camatte on a vu les visites chez ATT de Kouchner et de Sarkozy) pour obtenir la libération des otages européens, et l’enclume de l’interdiction du paiement des rançons. C’est dire que sa visite ne sera pas une promenade, ni d’ailleurs une sinécure mais un travail long et pénible à réaliser dans le but de mettre un terme au terrorisme sinon, aux opérations derapt et de kidnaping au moins

Par Sofiane Abi

 
Les Débats, 26/10/2011
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