A l’ombre des «révolutions» arabes et de la délicate transition Le défi sécuritaire à l’ordre du jour

Zones déconseillées du Sahel
Ce ne sont plus des prévisions de politologues, mais, pour reprendre les propos du ministre algérien des Affaires étrangères, une «réalité délicate» : la carte diplomatique du Maghreb a bel et bien changé et des nouvelles politiques sont à mettre sur pied pour, en premier, écarter la menace terroriste qui pèse lourdement sur la région.

Une menace grandissante, soldée par une «libre» circulation d’armes, parfois sophistiquées, à l’instar de ces fameux missiles sol air pouvant frapper des avions de ligne dont l’appropriation par des groupes terroristes n’est pas encore confirmée, mais très probable. Une situation difficilement gérable, notamment quand on sait que les populations en questions ne sont pas les seules à avoir mener ces «révolutions», donc pas les seules à gérer la transition, avec tout ce que cela sous-entend d’ingérence. Appelons les choses par leurs noms : des intérêts purement économiques portant le sobriquet «humanitaires». «Ce ne sont pas simplement les acteurs libyens qui ont fait les évènements, c’est la communauté internationale qui s’est considérée responsable de la solution. Il n’y a pas beaucoup de cas où une révolution a été appropriée par l’Otan», avait déclaré le chef de la diplomatie algérienne dans un entretien qu’il a accordé au magazine français Paris Match. Une déclaration lourde de sens dans la mesure où elle mis à nue les enjeux de ces «révolutions» qui ont changé la donne et accentué l’insécurité dans la région. «Dans les pays du voisinage, les questions de sécurité restent préoccupantes. Aujourd’hui nous travaillons ensemble pour faire front commun. Avec la crise libyenne, le plan de charge de nos pays s’est multiplié par un coefficient très considérable», a encore déclaré le ministre des Affaires étrangères. Ca ne peut être autrement avec une Tunisie et une Egypte fragilisées, un Maroc qui s’est retourné du côté de l’hexagone et un Conseil de transition libyen dont les positions quant à la lutte contre Al Qaïda ne sont toujours pas claires.

Alger/Bamako, une première

A cela s’ajoute la situation socioéconomique des ces pays qui ne sont pas toujours à envier. Donc, au manque de volonté politique à même de rétablir la sécurité dans la région, s’ajoute l’état financier de ces pays qui ne manquera pas de rendre les solutions plus difficiles. D’où d’ailleurs les demandes répétées d’aide adressées à la communauté internationale pour endiguer le phénomène terroriste, le crime organisé ainsi que les différentes formes de trafic.

Dans cet état des faits, l’on peut dire sans risque de se tromper, qu’outre les perspectives du développement et le renforcement des relations bilatérales, la question sécuritaire à été au coeur même de la visite de quatre jours en Algérie du Président malien, M. Amadou Toumani Touré, le président malien. D’ailleurs, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et son homologue malien, ont appelé, avant-hier, à un règlement «rapide» de la crise en Libye, «conformément aux aspirations» du peuple libyen. Ils ont exprimé, à la même occasion, leur «disponibilité à coopérer avec les nouvelles autorités libyennes, dans l’intérêt mutuel de leurs peuples et comme contribution au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de toute la région». Cela arrive après que les relations algéro-maliennes ont connu plus de bas que de hauts. Il n’est pas inutile de rappeler, dans ce contexte, que des différents de taille ont jalonné les relations entre Alger et Bamako, se rapportant même à la question sécuritaire dans la région. Mais à juger de la visite d’ATT, les deux pays ont bien l’air d’être décidés de surmonter les différents et tenter de prendre les choses en main. Ils ont réitéré leur profonde conviction que la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région sahélo-saharienne passe par le renforcement de la coopération entre les pays du champ.

Les deux chefs d’Etat se sont félicités également des résultats de la réunion des pays du champ, tenus à Bamako le 20 mai 2011, et de la Conférence internationale de Haut Niveau sur le partenariat au Sahel, tenue à Alger les 7 et 8 septembre 2011, qui ont permis de renforcer la stratégie de lutte antiterroriste, fondée sur l’appropriation individuelle et collective des pays du champ et ouverte à un partenariat qui répond aux besoins identifiés par eux et qui s’inscrit dans une optique de développement.

Notons que depuis les changements survenus dans la région, cet engagement est le plus notable entre deux pays de la région, en attendant que les autres, en majeure partie en transition, rejoignent la lutte antiterroriste qui ne s’est jamais imposée avec autant de consistance.

Par Hamid Fekhart

 
Les Débats, 29/10/2011
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