Relations algéro-marocaines Je t’aime, moi non plus

LE ROI MOHAMED VI a lancé, dimanche 6 novembre, un appel à l’Algérie pour que les deux pays deviennent un «véritable moteur de l’unité arabe» et construisent un «nouveau Maghreb». A l’occasion du 36e anniversaire de la ‘’Marche verte’’, Mohamed VI a déclaré : «Le Maroc réitère sa disposition à tout mettre en oeuvre (…) et notamment avec l’Algérie soeur, dans le cadre de la dynamique actuelle (…) pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir qui aspirent à l’avènement d’un ordre maghrébin nouveau».

Ce discours d’ouverture ou de réconciliation à l’égard de l’Algérie n’est pas le premier ces derniers mois. Le roi avait tenu les mêmes propos lors de son discours du trône le 30 juillet dernier. En fait, depuis le printemps arabe qui a conduit au renversement de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Égypte et de Kadhafi en Libye, on sent une volonté des deux pays, toujours séparés par une frontière terrestre fermée, d’effectuer un rapprochement pour tenter de gérer ou de retarder les conséquences des bouleversements démocratiques dans la région.

Le 30 juillet dernier, c’est Abdelaziz Bouteflika qui envoyait un message d’amitié au Maroc. «Convaincu du destin commun auquel nous sommes liés, je réitère à Votre Majesté mon souci de joindre mes efforts aux vôtres pour raffermir les liens de fraternité, de coopération et de bon voisinage en faveur de la construction d’une relation bilatérale modèle au service des intérêts de nos deux pays et peuples frères unis par des relations historiques et concernés par les défis de l’avenir», avait-il déclaré à l’occasion de la célébration de la fête marocaine du trône.

Mais jusqu’ici, ces déclarations d’amitié n’ont pas débouché sur des actes concrets illustrant un réel rapprochement. Bien au contraire. Elles ont été à chaque fois torpillées par des déclarations hostiles d’autres responsables marocains. Ainsi, récemment, le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, s’est largement inscrit en porte à faux avec le discours de son roi après l’enlèvement des trois Européens à Tindouf. Il a cherché à transformer cet enlèvement en succès diplomatique pour son pays dans le dossier du Sahara occidental.

Le ministre marocain n’a pas hésité en effet à critiquer durement l’Algérie, l’accusant de n’avoir pas su sécuriser les camps de réfugiés de Tindouf. «Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable», a t il ainsi déclaré. Une accusation dure et directe qui tranche avec l’ambiance de réconciliation instaurée entre les deux pays ces derniers

mois. Le ministre a t il parlé avec le feu vert du monarque ? s’interroge TSA. Fassi Fihri reproche en réalité à l’Algérie d’avoir marginalisé le Maroc au Sahel en ne l’incluant pas dans la politique de coopération régionale antiterroriste. Il est vrai que cet enlèvement était l’évènement idoine pour remettre cette question sur le tapis. Quitte à révéler les contradictions au sommet du pouvoir marocain et à faire quelques pas en arrière dans la politique de rapprochement avec l’Algérie.

 
Les Débats, 8/11/2011
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