Le caractère «urgent» de réunir le Conseil des ministres de l’UMA

Pressée par les puissances occidentales, isolée sur la scène arabe et régionale, Alger multiplie les signes d’ouverture (ou de fléchissement ?) envers ses voisins, y compris les plus «difficiles» d’entre eux.
La «normalisation» des relations avec certains de ces pays prend parfois des allures de revirement spectaculaire que même la realpolitik n’arrive pas toujours à justifier. Ainsi, après avoir déroulé le tapis rouge au président malien, Amadou Toumani Touré, en visite à Alger le 24 octobre dernier – ATT était jusque-là persona non grata dans la capitale algérienne –, après avoir «normalisé» ses relations avec la Mauritanie du général Ould Abdelaziz – pays mis au ban de la communauté internationale depuis le putsch du 6 août 2008 – mercredi dernier, c’était (de nouveau) au tour du Maroc de s’attirer les «bonnes grâces» et les faveurs d’Alger.
La veille, mardi, à Doha, la rencontre «chaleureuse» entre le président Bouteflika et Moustapha Abdeljalil, président du Conseil libyen de transition (CNT), chef-d’œuvre de «normalisation» à la hussarde, confortait cette tendance, lourde, de la diplomatie algérienne à solder les comptes et à refonder ses relations avec ses voisins immédiats. Quitte à ressusciter, pour la circonstance, des organisations mort-nées, comme c’est le cas de l’UMA, l’Union maghrébine.
Mercredi à Rabat, en marge de la réunion extraordinaire du conseil de la Ligue arabe consacrée à la situation en Syrie, les ministres algérien et marocain des Affaires étrangères ont convenu de la nécessité de (ré)activer l’UMA, fondée officiellement en 1989 et gelée depuis pour des considérations davantage inhérentes à la nature des régimes magrébins. Mourad Medelci et Taïeb Fassi Fihri ont estimé (d’après un communiqué du MAE) qu’«il était urgent de réunir le Conseil des ministres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour procéder, entre autres, à l’évaluation de la situation dans la région et dégager les perspectives de la coopération et de l’intégration maghrébines». La semaine d’avant, Al Qods Al Arabi, un quotidien londonien, a fait part d’un prochain sommet Algérie-Maroc en terre saoudienne. Information vite démentie par le MAE algérien.
Même reléguée au second plan par l’agence de presse officielle (APS), l’annonce de la tenue de ce sommet témoigne du fléchissement de la position algérienne sur la question de la construction de l’UMA. Elle renseigne par conséquent sur les pressions que subit l’Algérie pour aller vite dans le processus de «normalisation» avec le voisin marocain. 
Mohammed VI veut un «nouvel ordre maghrébin»
Jeudi, au lendemain de sa rencontre avec M. Medelci, le MAE marocain a souhaité une «normalisation complète» des relations avec Alger. Dans une déclaration à l’agence AFP, M. Fihri a estimé que Rabat et Alger avaient pris «trop de retard». «Nous connaissons la position des uns et des autres sur un certain nombre de dossiers, ainsi que la divergence sur la question du Sahara marocain (NDLR : Sahara occidental) et nous avons décidé de l’importance de conforter le dialogue politique par rapport à certaines questions arabes, notamment dans la région sahélo-saharienne», a souligné le MAE marocain dans un clin d’œil à la demande, rejetée, du royaume chérifien d’intégrer l’alliance des pays du champ du Sahel (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) contre le terrorisme.
Abordant le processus de coopération entre Rabat et Alger, le ministre marocain a estimé qu’il se déroule «bien» et plaide pour une coopération élargie : «Nous pensons que ce processus débouchera sur une normalisation complète de nos relations.» «Les deux pays décideront, a-t-il ajouté, dans un avenir très, très prochain de la prochaine étape.» M. Fihri dit avoir rappelé à M. Meldeci la «proposition» du roi d’aller vers un «nouvel ordre maghrébin» qui tienne compte des «changements intervenus en Libye et en Tunisie, mais aussi des aspirations des cinq peuples à un meilleur cadre de vie dans un Maghreb intégré», a-t-il conclu. 
De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères a pris grand soin de ne pas surdimensionner la rencontre de Rabat. Pour M. Medelci, il ne s’agit que d’un des «effets concrets» produits par «la feuille de route qui a démarré il y a quelques mois à travers des rencontres ayant réuni les différents ministres des deux pays». M. Medelci se dit persuadé que très rapidement, «on va trouver le chemin qui nous conduit à quelque chose, dont nous rêvons tous, spécialement la relation bilatérale entre l’Algérie et le Maroc, mais également cette ambition que nous avons, nous Maghrébins, de faire le Maghreb ou de participer, en tout cas, à le faire».
Mohand Aziri
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