On les trouve durant les inondations, risquant leur vie pour sauver femmes et enfants menacés par les crues des oueds. On les trouve défiant le feu pour éteindre les incendies dans les immeubles en flammes sans penser à leur vie pour sauver des êtres humains.
On les trouve sur les autoroutes, aller au secours d’automobilistes blessés. Durant la décennie noire, ils n’ont pas hésité un instant à porter assistance à des personnes en danger dans des quartiers où les terroristes islamistes faisaient la loi.
On les a vus à Tchernobyl pénétrer dans le réacteur nucléaire qui venait d’exploser. Ils savaient ce qui pouvait advenir d’eux. Des centaines de leurs camarades sont morts du cancer et d’autres sont restés handicapés à vie.
On les a vus affronter la mort en connaissance de cause le 11 septembre 2001 à New York. Le monde entier a été témoin en direct de leur courage et de leur abnégation. Ils ont pénétré dans les tours jumelles du World Trade Center pour tenter de sauver des survivants alors qu’elles étaient en train de s’effondrer après que des avions pilotés par des terroristes saoudiens s’étaient fait exploser en les percutant. Sur les près de 3000 morts recensés, 343 étaient ces hommes courage. Des centaines d’entre eux mourront plus tard du cancer pour avoir inhalé de l’amiante et autres cochonneries durant l’effondrement des deux immeubles.
Eux, ce sont les agents de la Protection civile. Ils font le métier le plus noble et le plus respectable d’entre tous. Ils sont aimés dans le monde entier. Ils sont comme des prêtres qui ont choisi de rentrer dans les ordres par amour de l’être humain et, de ce fait, se sacrifier pour autrui. Même quand ils ne sont pas en activité, ils ont un comportement exemplaire fait de modestie et d’altruisme, à croire que leur métier les a transformés ainsi.
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On vient d’en avoir un aperçu à Alger. Ils ont manifesté pacifiquement pour demander ce que demande tout travailleur qui est mal payé et même surexploité. Ils réclament seulement le relèvement de leur salaire de base de 15 560 à 24 000 DA et le paiement de leurs heures supplémentaires, car, selon eux, ils travaillent jusqu’à 80 heures par semaine.
Des salaires de misère à faire pleurer et qui révoltent quand on sait qu’un député ou un sénateur gagnent plus de 30 millions de centimes alors que le pays peut bien s’en passer pour le travail qu’ils font. La patrie reconnaissante a bien répondu aux manifestants : les forces antiémeute les ont bombardés à coups de grenades lacrymogènes. La réaction des pompiers a été désarmante : ils ont applaudi les policiers tout en criant «Silmiya, silmiya !» On imagine la gêne de ces derniers devant une telle leçon de respect et d’amour.
A des revendications légitimes et honnêtes, le pouvoir a répondu par la répression. Il a suspendu plus de 200 pompiers. Croyant leur faire peur, il a au contraire exacerbé la tension. Les agents de la Protection civile ont manifesté hier dans plusieurs villes du pays.
C’est devenu un réflexe pavlovien chez les autorités. Elles répriment tout ce qui bouge, qu’ils soient travailleurs, médecins, étudiants, journalistes, etc. Les arrestations sont devenues monnaie courante, au point que l’Algérie est aujourd’hui pointée du doigt et figure parmi les pays qui portent gravement atteinte à la liberté des citoyens et aux droits de l’homme.
Des prétextes peu convaincants sont évoqués pour justifier cette agressivité. Malheureusement, nos dirigeants ne se rendent pas compte de l’effet dévastateur chez les citoyens. Le pays a été transformé en bombe à retardement. Tous les ingrédients sont réunis pour cela : mauvaise gestion de la Covid, crise sociale et économique, aggravation de la misère… L’absence d’écoute des citoyens est une porte ouverte à toutes les dérives et à tous les dangers.
El Watan, 06 mai 2021
Etiquettes : Algérie, protection civile, pompiers-sapeurs,
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