Maroc-Allemagne : crise diplomatique à cause de Mohamed Hajib (média allemand)

CRISE DIPLOMATIQUE AVEC LA RÉDUCTION :
Parce qu’un homme d’Allemagne critique le Maroc ?

Par Hans-Christian Rössle, Madrid

Après des mois de silence, Rabat porte de graves accusations contre l’Allemagne : elle a « multiplié ses actions hostiles ». La raison pourrait être un germano-marocain de Duisburg.

Après plus de deux mois de silence glacial, le Maroc augmente la pression diplomatique sur le gouvernement allemand. Le ministère des affaires étrangères à Rabat a rappelé l’ambassadeur de Berlin pour des consultations et, pour la première fois, a donné dans une déclaration officielle les raisons de la crise diplomatique qui dure depuis le mois de mars. À l’époque, le ministre des affaires étrangères avait ordonné de cesser tout contact avec l’ambassade d’Allemagne et d’autres institutions allemandes. Les accusations sont massives, mais pas entièrement nouvelles : selon le communiqué, l’Allemagne a « multiplié ses actions hostiles » dirigées contre les « intérêts supérieurs » du Maroc.

L' »attitude négative » du gouvernement allemand dans le conflit du Sahara occidental est décrite comme particulièrement grave. Cela parle de déception que l’Allemagne n’ait pas suivi l’exemple du président américain de l’époque, Donald Trump, qui a reconnu en décembre dernier la revendication marocaine sur la majeure partie de l’ancienne colonie espagnole. Au lieu de cela, l’Allemagne a spécialement convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. À ce jour, Berlin continue d’insister sans relâche sur la validité du droit international et exige une solution pacifique au conflit sous la direction des Nations unies.

Un geste public de Berlin est souhaité ?

Selon Ignacio Cembrero, un expert espagnol du Maroc, ce dernier a sous-estimé la fermeté diplomatique de Berlin. « Rabat veut un geste public de la part de l’Allemagne », dit Cembrero. Les diplomates marocains se sont manifestement trompés en s’attendant à ce que le gouvernement allemand réagisse de la même manière que l’Espagne et la France auparavant : ces deux États avaient présenté des excuses publiques après des conflits antérieurs. En fin de compte, le Maroc se fait du tort à lui-même, selon M. Cembrero. L’Allemagne est l’un des plus importants pays donateurs, qui a fait des promesses de dons d’une valeur de 1,4 milliard d’euros l’année dernière. La nouvelle ère glaciaire rendrait plus difficile le versement de nouvelles aides.

« Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous sommes engagés dans des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré le ministère des Affaires étrangères, qui a demandé à Rabat des explications sur cette démarche. Les « accusations et le choix des mots » sont dénués de tout fondement, a déclaré vendredi une porte-parole du ministère des affaires étrangères. Rabat, par exemple, accuse les autorités allemandes de complicité avec un « ancien condamné pour actes terroristes » : Des informations sensibles des services de sécurité marocains lui avaient été transmises. Aucun nom n’est mentionné, mais il s’agit probablement de Mohamed Hajib, qui a la nationalité allemande et vit à Duisburg.

Hajib a été emprisonné au Maroc pendant sept ans. Ce germano-marocain de 39 ans a été reconnu coupable de participation à la formation d’une organisation terroriste en Afghanistan. Depuis l’Allemagne, il a critiqué le régime marocain et le roi via sa chaîne Youtube. Le Maroc a porté plainte contre lui en Allemagne et a demandé sans succès un mandat d’arrêt international à Interpol.

Les autorités judiciaires allemandes ne voient aucune preuve d’incitation à la violence ou d’infraction pénale. Le ministère fédéral des Affaires étrangères juge également incompréhensible l’affirmation marocaine selon laquelle Berlin s’oppose « de manière persistante et continue » à ce que le Maroc joue un rôle dans la résolution du conflit libyen parce qu’il a été exclu de la conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020. La déclaration ne mentionne pas le fait que le Maroc a été invité aux réunions suivantes, que l’Allemagne a contribué à organiser.

L’Allemagne n’est pas le seul pays à subir les foudres diplomatiques de Rabat. Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, s’est dit scandalisé par le fait que Brahim Ghali, le chef du Front de libération du Polisario qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, soit soigné en Espagne pour une infection coronaire. Le Maroc se demande si l’Espagne veut « sacrifier ses relations bilatérales » pour le Ghali, a déclaré M. Bourita à l’agence de presse EFE.

Ghali était venu en Espagne avec une fausse identité et un document de voyage algérien. Il a été autorisé à entrer « pour des raisons purement humanitaires », insiste le gouvernement de Madrid, qui fait face à une autre difficulté : Une affaire contre Ghali est en cours devant la Cour suprême à Madrid. L’affaire concerne l’accusation selon laquelle des dissidents ont été torturés dans les camps du Polisario.

Frankfurter Allgemeine Zeitung, 07 mai 2021

Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental,

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