L’Algérie a célébré hier le 76ème anniversaire des horribles massacres du 8 mai 1945 commis par l’armée coloniale à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres régions de ce pays meurtri, dans un contexte pour le moins particulier. On aurait tant souhaité restituer l’importance et la dimension historique de ces tragiques événements fondateurs de la conscience algérienne face à la 4ème puissance du monde. Parce que le 8 mai 1945, ne se réduit pas aux chiffres, certes incroyablement élevés (45000) de victimes et à la sauvagerie dont firent preuve les forces coloniales face aux manifestants algériens qui croyaient fêter l’indépendance.
C’est justement ce gros mensonge historique de la France coloniale qu’il convient aussi et surtout de souligner. Ces milliers d’Algériens sortis défiler dans les rues de Sétif, Guelma et Kherrata, ne le firent pas pour célébrer la victoire des alliés et donc de la France contre l’Allemagne nazie. Ils étaient sortis fêter, du moins le pensaient-ils, leur propre liberté comme il leur avait été promis par la France en contrepartie de leur participation à la guerre contre les soldats d’Hitler.
C’est dire à quel point ces algériens étaient prêts à tout faire pour recouvrer leur liberté. Une liberté qu’ils n’auront évidemment pas et la promesse française n’était que de la poudre aux yeux. Pis encore, les ancêtres de Macron firent preuve d’une rare sauvagerie pour mater ce pays désarmé et justifier ainsi l’indigne marché de dupes. Mais malgré le lourd tribut, et la grande désillusion, les massacres du 8 mai 1945 furent un apport décisif au déclenchement de la Révolution de Novembre 1954.
Les algériens ont compris qu’il n’était plus possible de compter sur la bonne foi d’un colonisateur rompu au mensonge et aux promesses non tenues. Les assises de la révolution furent d’ailleurs données à travers la création du MTLD et son pendant militaire l’organisation spéciale (OS).
Ainsi, de la colère et de la désillusion, naquit l’une des plus belles révolutions de l’humanité qui allait balayer, bien malgré lui, un système colonial profondément raciste et injuste qui aura étreint sous son joug, ce beau pays pendant 132 ans.
Imane B.
L’Est Républicain, 09 mai 2021
Etiquettes : Algérie, Sétif, Guelma, Kherrata, France, mémoire, colonisation, crimes coloniaux,
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