par Malika Boussouf
Comment se convaincre qu’à l’intérieur, il y en a qui aspirent à tourner la page et à sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat ? Les dossiers de la corruption nous révèlent, au fur et à mesure qu’ils sont rendus publics, que nous ne sommes pas sortis de l’auberge. De quoi se demander si les hommes et les rares femmes qui prennent la tête de départements, tout en évitant de trop se mouiller, n’auraient plus peur pour eux-mêmes que pour le pays. Parce que sinon, comment expliquer toutes ces digressions ? Il y a tous les efforts déployés pour affronter les urgences que tout le monde redoute ! Et il y a ceux qui disposent des moyens d’empêcher que le pays sombre de façon irréversible dans l’irréparable mais ne font rien qui aille dans ce sens.
L’indifférence affichée à l’égard de ceux auxquels l’Algérie doit d’être encore debout aujourd’hui est un comportement familier aux Algériens. Et comme ils y sont familiarisés, ils ne réagissent plus aux répercussions que d’injustes mises au placard ont sur la bonne marche des institutions. Le jeu des chaises musicales et son impact sur ceux qu’il laisse en plan n’ont plus d’effet sur une opinion publique qui a renoncé à faire la distinction entre le bon et le mauvais. On sait tous les Etats, en partie, ingrats à l’égard de leurs administrés. Mais de là à emprisonner ceux qui osent réclamer que l’on prenne en compte leurs doléances, c’est une limite qu’en démocratie, y compris là où l’on admet qu’elle est à peine en construction, on s’interdit de franchir.
Je ne sais pas pourquoi je pense à tout cela aujourd’hui. Sans doute parce que j’ai l’intime conviction que les choses ne vont pas comme j’espérais qu’elles iraient ! On passe son temps à se construire des rêves qui n’aboutissent pas. A qui la faute sinon à ceux qui se jouent de nos attentes et nous inondent de faux espoirs ? A ceux qui, de concert, travaillent à faire capoter nos aspirations ! Aux empêcheurs de tourner en rond qui enterrent jusqu’à l’image de nos héros en étouffant la voix de leurs survivants. Pourquoi rappeler leurs actes de bravoure et voter des lois qui justifient les condamnations au lieu d’aider le pays à avancer ?
M. B.
Le Soir d’Algérie, 11 mai 2021
Etiquettes : Algérie, démocratie, Hirak, justice, procès pour corruption,
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