par Karim Aimeur
Le parti FLN traverse l’une des zones de turbulences les plus graves de ces dernières années, risquant de lui coûter très cher. Son secrétaire général se trouve dans une situation peu enviable : après le rejet de sa candidature aux élections législatives, plusieurs membres du comité central se liguent contre lui, exigeant son départ.
Karim Aimeur – Alger ( Le Soir) – Remis sur les rail par Abdelaziz Bouteflika après sa prise du pouvoir en 1999, le parti FLN risque de sombrer à nouveau. Les observateurs s’attendent à le voir laminé lors des élections législatives du 12 juin prochain et de perdre ainsi la majorité au sein de l’APN qu’il conserve depuis le scrutin de 2002.
Mais pas seulement. À ce risque de débâcle électorale s’ajoute une crise organique difficile, en plus d’être l’une des cibles majeures du mouvement populaire.
En effet, après le rejet de son dossier de candidature aux prochaines élections par l’Autorité indépendante des élections, le secrétaire général du parti, Abou El Fadel Baâdji est désormais ciblé par une fronde menée par plusieurs membres du comité central, instance souveraine entre deux congrès.
Réunis à Blida à la veille de l’Aïd, ces derniers se sont attaqués de manière virulente à leur secrétaire général, lui reprochant «les dérives» de leur formation et le rejet de plusieurs candidatures du parti au scrutin du 12 juin. Il faut, en effet, savoir que des dizaines de dossiers de candidature présentés par le parti ont été rejetés. La direction du parti avait dénoncé des rejets massif de ses candidats.
Les membres du comité central réunis à Blida ont dénoncé, dans un communiqué, la gestion unilatérale et autoritaire de leur parti par le SG ainsi que l’exclusion de leur instance de la prise de décision, comme celle inhérente aux élections législatives.
«Baâdji s’est érigé en premier et dernier décideur du parti, en ce qui concerne son organisation et sa gestion, utilisant quelques éléments en prétendant qu’ils sont membres du comité central», ont-ils écrit en l’accusant d’avoir violé et transgressé les textes du parti. Baâdji est également accusé d’avoir fait appel à des personnes sans lien organique avec le FLN, à des corrompus et à d’autres qui ne réunissent pas les conditions de candidature pour les présenter aux législatives. Ce qui explique, pour eux, les nombreux rejets par les délégués de l’Anie que les signataires du communiqué ont tenu à saluer.
Aussi, et plus grave encore, ces derniers accusent Baâdji d’être un insoumis du service national. Ils lui reprochent aussi la purge opérée au sein du parti depuis son arrivée à sa tête, lui endossant toute responsabilité quant aux conséquences de sa gestion.
Après avoir dressé tous ces «chefs d’accusation», les signataires ont appelé les cadres du parti et leurs collègues dans la même instance à serrer les rangs pour que le parti «reprenne sa crédibilité».
Et d’appeler les militants du parti à un sit-in devant son siège national à Alger dans les prochains jours, sans en fixer la date. Selon certaines sources, ces derniers multiplient les contacts avec d’autres membres du comité central dans l’objectif de pouvoir convoquer une réunion de cette instance afin de procéder au retrait de confiance à Baâdji et élire un nouveau secrétaire général.
Les problèmes du parti FLN sont loin de voir le bout du tunnel depuis l’émergence du mouvement populaire. Deux secrétaires généraux (Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï) et plusieurs députés ont été incarcérés, un autre SG en fuite au Maroc (Ammar Saâdani) et l’actuel en pleine tempête.
Il faut dire que jamais le parti n’a connu autant de bouleversements en un temps si court…
K. A.
Le Soir d’Algérie, 15 mai 2021
Etiquettes : Algérie, FLN, Abou El Fadel Baâdji, comité central, éléctions législatives, candidatures,
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