Le Hirak a été empêché pour la seconde fois de se dérouler à Alger et dans d’autres villes par un dispositif policier de grande ampleur. Le ministère de l’intérieur semble prendre le dessus sur le mouvement populaire.
Les forces de l’ordre ont réussi à empêcher les marches prévues le vendredi 21 mai en se déployant en masse et en investissant les quartiers formant des foyers de contestation. Dans la capitale, la Direction générale de la sûreté nationale a mis en place un dispositif étanche tout au long des axes que le Hirak empruntait pour rejoindre le centre-ville. Elle a également renforcé les barrages filtrants aux entrées de la ville sans parler des check points impromptus formés par des agents en civil qui passaient au peigne fin les automobiles.
A Bab El Oued, le quartier d’où partait habituellement l’une des plus importantes processions, un grand nombre de policiers en tenue combat ou en civil ont hermétiquement bouclé les rues de telle manière à neutraliser la moindre velléité de rassemblement.
Vers 14 heures 30, des voix se sont certes élevées au coin de la rue Ramdane Ouramdane près du jardin Taleb Abderrahmane mais, réagissant rapidement, les policiers ont tout de suite contenu le trouble. Des policières ont alors ceinturé une jeune femme qui semblait être à l’origine du mouvement. Elles l’ont ensuite emmené à bord d’un long bus blanc installé à quelques dizaines de mètres de là.
Des femmes âgées dans la cinquantaine se sont alors mises à hurler pour protester contre ce qu’elles ont considéré comme des « insultes grossières » que leur ont été adressées, selon elles, par des agents. L’une des dames, habillée en hidjab rose et suivie par quelques membres de sa famille, a riposté en disant qu’elle pouvait elle aussi proférer des injures si on la poussait à le faire. Elle a cependant préféré quitter les lieux en larmes.
Lorsque nous l’avons interrogé sur la raison de ses larmes, il a répondu en s’étouffant : « mon fils est a été mis en prison sans aucune raison ». Une des ses accompagnatrices, vraisemblablement sa fille, a précisé que le jeune homme « n’est ni un dealer de drogue ni un délinquant. Il est sorti manifester comme tous ses congénères pour l’avenir du pays ».
Hormis la présence massive des forces de l’ordre, rien n’indiquait qu’Alger vivait un moment de grande tension. Les commerces étaient ouverts et les voitures circulaient tout à fait normalement. Certains témoignages et des sites électroniques notamment sur Facebook ont fait état de tentatives de manifestation, ici et là, mais la police a réussi à étouffer le mouvement. Les échos qui sont parvenus des autres wilayas confirment le même constat.
Mohamed Badaoui
La Nation, 22 mai 2021
Etiquettes : Algérie, Hirak,
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