Le Mali a replongé dans la crise lundi lorsque des officiers militaires ont arrêté le président, le premier ministre et le ministre de la défense par intérim, faisant dérailler la transition vers un régime civil après le coup d’État de l’année dernière.
Ces derniers événements risquent d’exacerber l’instabilité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où des groupes islamistes violents liés à Al-Qaïda et à l’État islamique contrôlent de vastes régions du nord et du centre.
Voici des détails sur les origines de la crise et les risques qu’elle représente pour la région.
QUE S’EST-IL PASSÉ ?
Le président Bah Ndaw, le Premier ministre Moctar Ouane et le ministre de la Défense Souleymane Doucoure ont été conduits dans une base militaire située à l’extérieur de la capitale Bamako, quelques heures après que deux membres de l’armée ont perdu leur poste lors d’un remaniement gouvernemental.
M. Ndaw, colonel à la retraite, a prêté serment en tant que président par intérim en septembre, après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita par les militaires le mois précédent. Il a été chargé de mener une transition de 18 mois vers de nouvelles élections.
Il a dû faire face à un exercice d’équilibre difficile, avec diverses factions politiques et les dirigeants du coup d’État contre Keita qui se disputent l’influence politique.
POURQUOI LES MILITAIRES ONT-ILS AGI AINSI ?
L’objectif ultime de l’armée n’était pas immédiatement clair, mais ses actions sont intervenues après que deux des leaders du coup d’État de l’année dernière, Sadio Camara et Modibo Kone, aient perdu leurs postes de ministre de la défense et de la sécurité lors d’un remaniement gouvernemental.
Un ancien haut fonctionnaire du gouvernement malien a déclaré à Reuters que le limogeage de Camara et de Koné était « une énorme erreur de jugement » et que les actions de l’armée visaient probablement à les rétablir dans leurs fonctions.
POURQUOI LES VOISINS ET ALLIÉS DU MALI SONT-ILS INQUIETS ?
Les partenaires internationaux du Mali sont préoccupés par les implications pour la sécurité régionale. Des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique sont basés au Mali et ont profité des précédentes périodes d’instabilité politique.
Après le coup d’État de 2012 qui a renversé le président de l’époque, Amadou Toumani Toure, les insurgés liés à Al-Qaïda ont profité du vide politique pour s’emparer du nord désertique du Mali.
Depuis lors, les puissances internationales, menées par la France, ont déployé des milliers de soldats et dépensé des milliards de dollars pour tenter de stabiliser le pays. Mais elles ont eu peu de succès car les islamistes continuent de mener des attaques régulières contre l’armée et les civils. Ils utilisent également le Mali comme rampe de lancement pour des attaques dans les pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso.
Les dirigeants européens s’inquiètent du fait que l’instabilité régionale prolongée pourrait entraîner le déplacement d’un plus grand nombre de personnes, alimentant ainsi une autre vague de migration vers leurs côtes.
QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES ?
Les Nations unies, l’Union européenne et les pays de la région ont tous appelé à la libération immédiate des dirigeants détenus.
Une délégation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a négocié avec la junte qui a pris le pouvoir en août dernier, devait se rendre au Mali mardi.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que des sanctions seraient imposées à ceux qui font obstacle à la transition.
Reuters, 25 mai 2021
Etiquettes : Mali, Sahel, junte militaire, coup d’Etat,
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