Cinglant revers pour le makhzen dans «l’affaire» du président Brahim Ghali
Brahim Ghali est reparti paisiblement, pour parachever sa convalescence à Alger, et le Maroc a, encore une fois, reçu la gifle que mérite son agitation forcenée.
Chaabane BENSACI
A trop jouer avec le feu, on se brûle tôt ou tard. Le MAE marocain a oublié cette recommandation pleine de sagesse et n’a pas cessé d’attiser l’incendie, tantôt en visant l’Allemagne, tantôt en s’attaquant frontalement à l’Espagne. Enivré par une reconnaissance formelle de sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental par l’administration américaine de Donald Trump, moyennant une normalisation biaisée avec l’Etat sioniste, le royaume marocain a cru provoquer sans conséquences les pays européens qui refusent de bafouer leur adhésion aux résolutions des Nations unies sur la question de décolonisation d’un territoire qu’il occupe au mépris de la légalité internationale. Fatalement, sa diplomatie ne pouvait qu’essuyer revers après revers.
Pour contraindre Madrid à adhérer à ses thèses expansionnistes, Rabat n’a pas trouvé mieux que d’ouvrir les vannes de migrants jetés pêle-mêle en direction de Ceuta. Entre-temps, le MAE Bourita avait sommé, dans un premier temps, les institutions monarchiques de ne plus travailler avec leurs homologues allemandes, rappelé son ambassadeur à Berlin, menacé même de déclarer le diplomate allemand persona non gratta. En vain. Plus le Maroc s’enfonçait dans l’agitation stérile et malveillante, plus les partenaires européens voyaient croître leur irritation et changer leur vision des rapports longtemps présentés comme «exemplaires». Au point que l’allié français du Makhzen a fini, lui aussi, par afficher son exaspération, même de manière discrète.
La situation a pris une tournure encore plus grotesque avec la tentative de contraindre les autorités espagnoles à arrêter le président de la RASD, Brahim Ghali, hôte d’un hôpital ibérique pour cause de coronavirus, sous prétexte d’une série d’accusations plus fantaisistes les unes que les autres et dont l’instrumentalisation politique ne faisait pas l’ombre d’un doute. La Cour suprême espagnole a rejeté, dans le fond et dans la forme, la requête des prétendues «victimes», dès lors qu’il n’y a eu aucune preuve pour étayer ces accusations. Brahim Ghali est reparti paisiblement, pour parachever sa convalescence à Alger et le Maroc a, encore une fois, reçu la gifle que mérite son agitation forcenée.
Qu’à cela ne tienne. Le MAE marocain menace de renvoyer l’ambassadeur d’Espagne dans son pays, tout en promettant d’autres mesures encore plus coercitives. Il se garde, cependant, de préciser qu’elles ne toucheront pas aux intérêts économiques réciproques, pas plus qu’elles n’impliqueront une rupture des relations. Voire. A force de pratiquer la danse du scalp, Nasser Bourita est de plus en plus nu et, plus pathétique encore, il n’est pas au bout de sa peine car on peut parier que la deuxième conférence de Berlin, prévue le 23 juin prochain, donnera l’occasion à l’ONU, organisatrice de l’événement, de remettre le Maroc à sa juste place, celle d’un pays qui s’entête à vouloir jouer dans la cour des grands alors qu’il est si petit.
L’Expression, 03 juin 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Ceuta, migration, chantage, Union Européenne, UE,
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