Le résultat des élections législatives est une défaite écrasante pour tous ceux qui aspiraient à un changement générationnel.
Smaïl ROUHA
On prend les mêmes et on recommence. Première campagne électorale qu’ils espéraient tonitruante et… première désillusion politique pour les indépendants et surtout pour la gent féminine. Entre l’électorat et la nouvelle génération de politiciens, il y a une ligne de démarcation qui pourrait traduire, à travers la nette divergence qui caractérise les deux camps, le malaise somnolant au sein de la société et du.. sérail.
Les résultats préliminaires des élections législatives ont été sans équivoque pour certains partis politiques qui n’ont obtenu qu’un nombre limité de sièges, loin de leur donner le droit de constituer un groupe parlementaire au sein de la future Assemblée populaire nationale. C’est un véritable choc pour ces formations politiques, à l’instar de l’Alliance nationale républicaine qui n’a obtenu qu’un siège. Le Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah est passé à travers. Il a tout perdu y compris dans ses propres fiefs traditionnels.
C’est avec nostalgie qu’il quitte la compétition. Même constat pour le Mouvement El Islah, de Filali Ghouini, et le Mouvement Ennahda, de Yazid Benaïcha, qui ont subi la bérézina. Après ce fiasco, la mouvance islamique ne sera représentée, au prochain Parlement, que par le Mouvement de la société pour la paix, de Abderrazak Makri et le mouvement El Bina de Abdelkader Bengrina.
Si El Fadjr El Djadid de Tahar Benbaibèche et le parti Sawt Echaâb de Lamine Osmani pourront faire de la figuration, il n’en est pas de même pour Tajamoue Amel El Jazair (TAJ), de Fatma Zohra Zerouati, qui a fait chou blanc, perdant au passage son groupe parlementaire, obtenu en 2017. Si Soufiane Djilali de Jil Jadid a pu arracher un siège, c’est loin d’être le cas pour le Front de l’Algérie nouvelle, dont le président, Djamel Benabdesalam clamait, prématurément, un raz-de-marée de son parti, puisqu’il a eu droit à un zéro pointé. Cette désillusion est aussi valable pour les candidates. Sur un autre plan, sur les 407 sièges à pourvoir, les femmes n’ont obtenu qu’une vingtaine, dont la plupart sont inscrites sur les listes du parti du Front de Libération nationale et du Mouvement de la société pour la paix. Pourtant, elles étaient 5 743 à s’être inscrites sur les listes des partis politiques et des listes indépendantes.
En outre, la loi organique relative au régime électoral, encourage la représentation de la femme, en parité et en égalité, sur les listes électorales afin d’abroger le système des quotas, et a accordé l’avantage du siège en cas d’égalité après décompte dans les suffrages. Un précepte auquel a adhéré, pourtant, la majorité des partis politiques lors de la confection des listes de candidatures. Néanmoins, il semble que le mode de scrutin proportionnel, prévu dans l’article 191 de l’ordonnance 21-01 portant loi organique relative au régime électoral, permettant à l’électeur de voter pour une liste de candidats en choisissant un ou plusieurs candidats de cette liste, n’a pas joué en faveur des candidates, d’autant que ce mode ne garantit pas de facto un nombre de sièges à la femme, au sein de l’Assemblée populaire nationale.
L’autre facteur a trait à l’abolition de la politique des quotas, ce qui a provoqué un recul du nombre de femmes. Au cours de la législature 2012-2017, la représentation des femmes a atteint 154 sièges avant de diminuer, en 2017, à 120 sièges.
L’Expression, 15 juin 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives,
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