Ils étaient en première ligne de l’insurrection citoyenne du 22 Février. Certains en étaient des précurseurs. Leur engagement permanent contre les absurdités d’un régime politique a été essentiel dans la prise de conscience collective des Algériens qui ont massivement fait éruption. C’est aussi grâce à leur sens des responsabilités élevé doublé d’une remarquable lucidité politique que le Hirak n’a pas basculé dans la violence. Par leur patriotisme éclairé, ils ont réussi à maintenir serrés les rangs et reconstruire l’union d’un peuple longtemps travaillé par les divisions. Porteurs d’une belle ambition pour le pays, ils forment une génération fondatrice.
Connus du grand public ou anonymes, d’extractions sociales diverses, issus d’horizons politiques pluriels et aux voix multiples, ces porteurs d’espoir incarnent une Algérie généreuse. Ils ne peuvent, en aucune manière, porter atteinte ou nuire au pays qu’ils chérissent tout autant que la liberté qu’ils portent en emblème. Ils sont des constructifs, non pas des destructeurs.
Les Hamou Boumedine, Fethi Ghares, Nacer Meghnine, Fatiha Briki, Mohamed Tadjadidt, avant eux, Karim Tabbou, Fodil Boumala et bien d’autres détenus d’hier et d’aujourd’hui ou de demain, chacun à sa manière, rêvent tous d’une Algérie meilleure. Ils y déploient une inépuisable énergie. Leur “radicalité” est puisée dans la profonde sincérité de leur engagement politique et citoyen. Leur saine colère est à la hauteur des espérances suscitées par la vague insurrectionnelle.
Ils savent combien les conséquences du désenchantement général sont fâcheuses pour l’ensemble de la société, d’où leur intransigeance. Ces figures qui font la fierté d’un peuple ne sont pas vouées à remplir les prisons. Mais, ont vocation à libérer les énergies qui sommeillent en chaque citoyen et en faire un moteur d’un changement radieux. Opposants, ils le sont. Mais faire d’eux des ennemis de la nation à déférer devant le tribunal de l’antinational ne fait qu’aggraver les blessures dont souffre trop le pays.
Avant eux et dans un passé, pas si lointain, de grands et valeureux patriotes ont connu le même sort carcéral et l’exil pour les mêmes raisons quant à leurs divergences politiques. Il aura fallu des années pour que l’État admette une erreur politique impossible à corriger. C’était trop tard et l’État a laissé un peu de sa gloire. Sommes-nous condamnés à revivre les mêmes séquences ? Ouvrir les portes des prisons aux détenus d’aujourd’hui ne fera que redonner à l’État sa grandeur et restituer à la société ses enfants chéris. Cela donnera au 5 Juillet son sens plein.
Liberté, 03/07/2021
Etiquettes : Algérie, Hirak, 5 juillet, fête de l’indépendance,
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