L’Association Française des Amis de la RASD (AARASD) a estimé que le sentiment d’impunité et de complaisance de l’Occident avec le Maroc a conduit ce pays à tout s’autoriser, appelant la France, ciblée par les attaques d’espionnage des services marocains, à prendre des mesures.
L’affaire Pegasus, révélée par le travail d’investigation d’un réseau de journalistes associé à Forbidden Stories et à Amnesty International a démontré que le Maroc était au centre d’un dispositif d’espionnage particulièrement efficace dont les cibles principales sont la presse marocaine, les opposants au régime (marocains et sahraouis) et la France. «L’association des Amis de la RASD s’en est particulièrement émue. Plusieurs de ses militants et proches amis sont concernés et piratés par le Maroc dans toutes leurs communications», a indiqué l’association dans un communiqué.
À ce titre, l’Association estime que le «sentiment d’impunité et complaisance ont conduit le Maroc et ses autorités à tout s’autoriser au nom de cette cause considérée comme sacrée». «L’ami marocain» que peu de démocraties occidentales osent mettre en cause serait-il incapable de maîtriser les relations avec ses voisins tant que ces derniers n’approuvent pas son occupation du Sahara occidental ?», lance-t-elle.
L’association assure, en outre, que «les autorités marocaines ne se contentent plus d’empêcher en France toute expression sahraouie, elles entendent désormais tout savoir et tenter de tout contrôler de ce qui se rapporte à ce sujet, à quelque niveau que ce soit». La France membre permanent du Conseil de sécurité et «pays de référence pour le Maghreb» dans l’Union européenne, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité et prendra la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, «doit prendre la mesure de cette situation», exhorte l’AARASD.«Il s’agit pour notre pays de cesser de soutenir la cause marocaine dans ces deux instances pour qu’enfin la lutte du peuple sahraoui et du Front Polisario soit entendue et résolue en conformité avec le droit international», explique l’association française.
Le site d’informations français Mediapart a consacré, jeudi dernier, un article sur le patron du renseignement intérieur et extérieur du Maroc, Abdellatif Hammouchi, l’artisan de cette énième dérive marocaine et dans lequel le journal retrace comment la monarchie a bâti au fil du temps un système répressif pour museler la société grâce à la cybersurveillance dont il use et abuse.
Le plus grand scandale d’espionnage depuis l’affaire «Snowden» sort de l’ombre Abdellatif Hammouchi, le premier homme dans l’histoire du royaume àcumuler la direction de la sûreté nationale et la Direction générale de la surveillance du territoire. Natif de Taza au nord-est du pays, Abdellatif Hammouchi, 55 ans, est cité notamment dans la brouille diplomatique inédite entre Paris et Rabat, de 2014 à 2015. À l’époque, la justice française instruit trois plaintes déposées contre ce haut personnage de l’Etat marocain pour «torture» et «complicité de torture». Le 20 février 2014, alors qu’il est de passage à Paris, une magistrate parisienne le convoque et envoie des policiers au domicile de l’ambassadeur du Maroc à Neuilly l’interroger. Du jour au lendemain, le Maroc met fin à toute coopération judiciaire et sécuritaire avec la France, notamment en matière d’échanges de renseignements. Au bout d’un an, les deux pays scellent la réconciliation.
Selon l’enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d’Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner des pays rivaux.
Horizons, 24/07/2021
Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Pegasus, logiciels espions, NSO Group, Abdellatif El Hammouchi,
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