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par Maâmar Farah
Moez Tréa, porte-parole de la Protection civile tunisienne, a déclaré que son pays vient d’enregistrer 150 incendies en 36 heures dont la plupart sont situés près de nos frontières. Cela signifie clairement que la vague de feux de forêt qui frappe plusieurs pays du Bassin méditerranéen est due aux conditions climatiques défavorables qui règnent sur la région : canicule extrême, sécheresse, vents, etc. Il est possible que quelques aventuriers aient profité de cette situation pour allumer des feux criminels mais cela ne change pas notre avis : les incendies, dans leur majorité, ont certainement eu des départs naturels. 47 degrés à Tizi le jour de la catastrophe, ça explique beaucoup de choses! Futura, site scientifique de référence, écrit : «Turquie, Californie, Hawaï, Grèce, Sibérie…
Alimentés par la sécheresse et une canicule exceptionnelle, des incendies de forêt d’une ampleur sans précédent se propagent partout sur la planète. Le phénomène atteint même des régions jusque-là relativement épargnées, signe d’un dérèglement climatique inquiétant.»
La forêt algérienne est fragile. Les essences qui la peuplent sont facilement inflammables et cette fragilité est renforcée par l’absence d’opérations périodiques de débroussaillage et de traçage de pistes pare-feu partout.
D’autres éléments facilitent les départs de feux : entre autres, la présence d’un nombre impressionnant de verre sous forme de tessons de bouteilles jouant le rôle de loupes allume-feu et l’absence d’une politique d’habitat rural appropriée aux zones forestières.
Ce n’est pas nouveau et il est regrettable que l’on n’ait pas retenu la leçon de toutes les expériences passées : on continue de se battre contre des flammes gigantesques avec des bidons d’eau ou… des branches ! C’est parce qu’ils n’ont pas mesuré le danger, lancés qu’ils étaient corps et âme dans la bataille pour sauver des vies humaines, que les jeunes soldats de l’ANP ont trouvé la mort. Il y a des vidéos impressionnantes sur cet engagement et voir ces jeunes combattre le feu sans qu’il y ait eu, auparavant, maîtrise des foyers principaux, pose problème.
Voilà des décennies que nous appelons à l’acquisition d’avions équipés pour venir à bout de ces incendies car c’est après leur passage que l’on utilise généralement les moyens terrestres. Les équipements de la Protection civile ne sont pas faits pour ces incendies gigantesques en haute montagne où les foyers sont souvent inaccessibles.
Nous n’avons jamais compris pourquoi ce refus de se doter de canadairs. J’avais personnellement posé la question dans El Moudjahid du temps de Boumediène. J’ai reposé la même question dans Horizons, du temps de Chadli. Énième interrogation dans Le Soir d’Algérie du temps de Bouteflika : pourquoi nous n’avons pas de canadairs ? Toujours aucune réponse et cette question reste posée plus que jamais parce qu’une intervention aérienne aurait pu sauver des vies humaines.
Dernière nouvelle : nous allons louer des canadairs ! Enfin ! C’est déjà un premier pas mais nous attendons une commande ferme pour que de pauvres citoyens, pompiers et soldats n’aient plus à se présenter devant des flammes de plusieurs dizaines de mètres avec des tuyaux et des bouts de feuillage ?
M. F.
Le Soir d’Algérie, 12/08/2021
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