Algérie, Diplomatie, Maroc, #Algérie, #Maroc,
Il faudrait au moins 20 ans en arrière pour comprendre le reflux de la diplomatie algérienne.
A l’époque, l’Algérie entamait une difficile sortie des horreurs de la crise sanglante des années 1990, durant lesquelles la voix de l’Algérie n’était déjà presque plus audible sur la scène internationale, et tentait de desserrer l’étau du quasi-embargo qui l’étouffait et de se relever économiquement.
Sur ce plan, elle bénéficiera d’une exceptionnelle conjoncture, quasi miraculeuse, en l’ascension fulgurante et à des cimes jamais connues des prix du pétrole. Cela lui permettra de se libérer de ses créanciers en remboursant rubis sur ongle sa lourde dette et, la manne financière tirée des hydrocarbures semblant ne jamais se tarir, lancer des plans d’investissement de plus en plus ambitieux et une opération de charme à l’endroit des puissances occidentales pour leur vendre une nouvelle image du pays, plus apaisé, moins dogmatique, plus libéral et accueillant aux hommes d’affaires.
L’irruption en 2011 des révolutions du printemps arabe va sensiblement contrarier la stratégie mise en place. L’intervention de l’Otan en Libye contraint la mise en berne du déploiement de l’appareil diplomatique, déjà camisolé par le monopole présidentiel. L’Algérie fait profil bas pour éviter de fournir le prétexte qui la désignera comme la prochaine cible, alors que son armée ne disposait plus de moyens ni n’était préparée à faire face à une guerre moderne.
Le régime d’alors se résout aussi à fermer les yeux, quand il ne l’organise pas, devant la rapine qui saigne une Algérie devenue subitement trop riche et dépensière. Pis, il n’a aucun scrupule à mobiliser sa ressource diplomatique pour négocier sa survie en quémandant lamentablement un soutien face à la vague citoyenne de février 2019.
Durant cette longue conjoncture, l’Algérie s’est peu à peu repliée sur elle-même face à une pression extérieure que le régime de l’époque refusait de contenir par peur de représailles, avec comme conséquence le rétrécissement graduelle de son aire d’influence. Chacun se rappelle des menaces clairement proférées contre l’Algérie sans que son ministre des Affaires étrangères ne réagisse, une attitude aux antipodes de l’habitus algérien.
Le voisin de l’Ouest également s’est longtemps permis des écarts sans jamais susciter la réaction qu’il faut des autorités, lui donnant à penser qu’il pouvait renoncer à assigner des limites à son impertinence. Certes, le reflux de sa diplomatie faisait bien l’affaire de ses ennemis et rivaux, au point que l’Algérie donnait l’image d’une tour assiégée de toutes parts, dont l’effondrement n’était qu’une question de temps.
PATRIOTISME
C’était sans compter sur l’instinct patriotique des Algériens qui ont réussi à créer des conditions nouvelles pour remettre le pays sur les bons rails. De fait, les positions politiques algériennes ne sont plus faites de renoncements. Elles sont plus fermes, plus tranchées, n’hésitant aucunement à affirmer les intérêts du pays dans toutes les grandes questions, et surtout celles ayant trait à son voisinage immédiat, sans même hésiter à recourir au langage belliqueux pour bien signifier que l’ère du repli est révolue.
«La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments», avait si justement dit le chancelier allemand Otto von Bismarck. Sur ce plan, l’Algérie avait patiemment bâti les moyens d’affirmer sa nouvelle politique. Le voisin de l’Ouest en a eu pour son grade d’avoir cru voir en la réaction de l’Algérie une énième faiblesse à sa énième provocation.
L’Algérie ne défend pas que son territoire et son carré stratégique, mais s’est aussi pleinement investie, à travers sa diplomatie et ses entreprises, à arracher ce qui lui revient de droit sur toutes les latitudes, et particulièrement sur le continent africain en matière d’opportunités économiques que d’aucuns tentent désespérément de l’en priver.
L’Algérie est diplomatiquement de retour, son rôle de puissance régionale n’en sera que plus affirmé, son aura de respect que plus éclatante sur le plan international.
Ouali Mouterfi
Horizons, 14/09/2021
Soyez le premier à commenter