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Le président français Emmanuel Macron s’est illustré par un dérapage inédit contre les institutions du pays tenant même de semer la zizanie entre la présidence et l’armée en affirmant que le président Abdelmadjid Tebboune serait l’otage d’un « système très dur ».
Lors d’une rencontre, le jeudi 30 septembre, avec un groupe de 18 jeunes des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords, le président français a accusé la classe dirigeante en Algérie de vivre de la « rente mémorielle », soulignant que la dernière restriction sur les visas était justement destinée contre cette classe.
Macron s’est pris ensuite aux institutions algériennes en soutenant que « le système algérien est fatigué et que le hirak l’a fragilisé ». Et d’ajouter, « j’ai un bon dialogue avec le président Tebboune mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur », laissant entendre que Tebboune n’a pas les coudées franches.
Interrogé sur sa dernière décision de réduire de moitié le nombre de visas accordés au Algériens, Macron a ouvertement assumé que les restrictions visent en premier lieu les responsables algériens.
« Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a-t-il dit.
Mardi 28 septembre, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé la décision des autorités de son pays de réduire à 31500 le quota de visas à accorder aux Algériens pendant les six prochains mois, soit la moitié du total délivré durant la même période de l’année 2020.
Macron s’est ensuite tourné sur ce qu’il a appelé « un discours qui repose sur une haine de la France » en faisant référence à la question mémorielle. Selon il existe une « rente mémorielle » en Algérie entretenue par « le système politico-militaire ».
Suite à ce grave dérapage, l’Algérie a rappelé pour consultations son ambassadeur en France, Mohamed-Antar Daoud. C’est ce qu’a indiqué selon un communiqué de la présidence, précisant qu’un autre communiqué explicatif suivrait.
« L’Algérie rappelle son ambassadeur à Paris pour consultations et un communiqué sera diffusé sur le sujet », a indiqué le texte de la présidence.
C’est la première fois dans les annales des relations bilatérales qu’un président français tient des propos aussi hostiles envers des hauts responsables algériens, compliquant davantage des relations déjà très tendues entre les deux pays.
Rappelant que François Gouyette, l’ambassadeur de France en Algérie, a été convoqué mercredi 29 décembre au ministère des Affaires étrangères, un acte qui n’est pas anodin dans les relations diplomatiques.
Le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Rachid Chakib Kaid, avait convoqué Gouyette, afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien contre la décision de Paris de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens.
La convocation du diplomate français donne à penser que l’affaire des visas a tourné à une crise de confiance entre les deux pays.
La première réaction officielle de l’Algérie a été de la part de l’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb Arabe, Amar Belani qui a qualifié la décision française de durcir l’octroi des visas aux Algériens de «disproportionnée » et « malencontreuse ».
«Dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière», a souligné M. Belani.
Par ailleurs, une source diplomatique a affirmé au Jeune Indépendant que l’Algérie ne refuse pas la réadmission de ses ressortissants expulsés de France par voie de justice, lorsque leur identité est formellement établie.
«Les autorités algériennes n’ont jamais refusé la réadmission des ressortissants expulsés de France par voie de justice. Cette procédure se fait de manière régulière entre les autorités des deux pays », a souligné la même source, qui a expliqué que toute réadmission doit faire l’objet d’une identification minutieuse établie et acceptée par les autorités judiciaires des deux pays.
Selon la même source, «le pouvoir en France veut se servir de la question des visas et de l’immigration comme carte électorale au milieu d’une campagne dans laquelle cette question fait basculer les voix et les sondages d’un côté comme de l’autre, estimant que “l’opportunité de cette annonce profite au débat interne en France».
Mohamed Mecelti
Le Jeune Indépendant, 03/10/2021
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