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« La vengeance est un repas qui se mange froid » dit l’adage. Le président de la République semble le faire sien, car il a donné au temps le temps de faire baisser la tension et de calmer les ardeurs pour revenir froidement et calmement sur le dernier épisode d’escalade diplomatique entre Alger et Paris. La mise en distance observé par le président Tebboune par rapport surtout aux propos inélégants de son homologue français n’exclut pas une fermeté dans le ton qui montre bien que l’Algérie entend répondre du tac au tac et non faire profil bas quand bien même la relation entre les deux pays reste stratégique. Et visiblement, les choses ne vont pas entrer dans l’ordre de sitôt car le président Tebboune pose des conditions strictes pour un possible retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, qui pour mémoire, a été rappelé pour « consultations immédiates » dans la foulée des propos du président rapportés par le Journal le Monde.
« Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’Etat algérien » a martelé le Président Tebboune qui s’exprimait dimanche soir lors d’une rencontre périodique avec des journalistes, ajoutant que « l’Histoire ne peut être falsifiée » que « les relations avec la France relèvent de la responsabilité du peuple et de l’Histoire » et que « la France doit oublier que l’Algérie était une colonie ».
Des propos forts dans la bouche du président Tebboune qui renvoie en quelque sorte l’accusation de « rente mémorielle » à son homologue français qui, lui aussi, a convoqué l’histoire de la colonisation de l’Algérie pour des buts électoralistes dans une France préélectorale où la question de l’émigration, de l’histoire de la colonisation est devenue un enjeu de politique intérieur imposé dans le débat par un certain Éric Zemmour.
Ayant mis les points sur les « i » sur la très inflammable question de la mémoire, le chef de l’Etat est revenu sur ce qui est à l’origine de cette nouvelle brouille, à savoir la décision des autorités françaises de réduire de 50 % le nombre de visas octroyés aux Algériens. Le président Tebboune, loin de toute polémique par rapport à la décision elle-même considère que « C’est une décision souveraine de l’Etat français mais ce genre d’affaire se règle diplomatiquement et non à travers des déclarations de presse. »
Et le président Tebboune de faire à nouveau appel à l’histoire pour rappeler au respect des conventions préférentielles qui lient la France à l’Algérie en matière de visas et circulation des citoyens. « Il faut que les accords d’Evian et ceux de 1968 soient respectés par la France avec laquelle nous sommes liés par des conventions, l’Algérie demeure à part et nous refusons qu’elle soit mélangée avec d’autres pays ». En France les partis politiques de droite dans leurs différentes déclinaisons ont régulièrement fait de ce régime d’exception de l’Algérie un cheval de bataille électoral en réclamant son abolition pure et simple.
Le président Tebboune n’a pas ménagé ses mots en évoquant l’autre dossier qui fait partie des ingrédients de la crise, à savoir celui des citoyens algériens qui font actuellement l’objet d’une obligation de quitter le territoire français et pour lesquels les autorités algériennes refuseraient de délivrer des visas d’expulsion.
Direct et sans ambages, il accuse le ministre français d’être un menteur en jetant, non sans arrières pensées politiciennes, le chiffre de 7.000 ressortissants algériens pour lesquels les autorités consulaires algériennes en France refuseraient les visas de rapatriement.
« En ce qui concerne le ministre de l’Intérieur français, Moussa Darmanin, c’est un grand mensonge, il n’y a jamais eu 7.000 migrants irréguliers de nationalité algérienne, la France n’a jamais évoqué plus de 94 cas », fait observer le président algérien avec un agacement bien visible. Il a expliqué qu’entre la liste parvenue à l’Algérie en 2020 et les trois autres listes de 2021, « il y a un total de 94 cas, dont 21 ont été autorisés à rentrer en Algérie, 16 ont été carrément refoulés et n’entreront jamais en Algérie en raison de leur implication dans le terrorisme ». Le président Tebboune a ajouté que « parmi ces 94 individus, il y a eu aussi des personnes impliquées dans l’extrémisme en France, un ou deux binationaux, alors que d’autres n’ont pas de familles en Algérie ».
Le message du président Tebboune en direction de la France est claire : respecter l’Etat algérien et ne pas en faire, à l’occasion de chaque rendez-vous électoral un objet de surenchère pour séduire l’électorat de la droite.
Au président Emmanuel Macron d’en faire bonne lecture s’il tient vraiment à ce fameux « partenariat privilégié » qui, du côté français, semble être une entourloupette politicienne.
H.Khellifi.
L’Est Républicain, 12/10/2021
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