L’Algérie abandonne le gazoduc qui passe par le Maroc. Selon « deux sources gouvernementales et une au sein de Sonatrach », citées par l’agence Reuters
AA/Alger/Aksil Ouali
L’Algérie ne devrait pas reconduire le contrat du gazoduc Maghreb-Europe (GME) avec le Maroc. La décision semble être définitivement tranchée du côté algérien, cinq jours avant l’expiration de ce bail qui arrivera à terme le 31 octobre prochain. C’est ce qu’a rapporté, ce mardi, l’agence Reuters, en citant « trois sources ayant une connaissance directe du dossier : deux gouvernementales et une au sein de Sonatrach ».
Le gazoduc qui alimente l’Espagne, et bénéficie aussi au Maroc, ne devrait pas être fonctionnel à partir du 1er novembre 2021. Et cela en dépit de la volonté des autorités marocaines qui ont souhaité, l’été dernier, de voir le contrat avec l’Algérie reconduit. Mais la crise diplomatique entre les deux pays a compliqué toute négociation. Du côté Algérien, on dénonce « des actes hostiles » et « des provocations » de la part du Royaume marocain.
Le 21 août dernier, rappelons-le, des sources algériennes, citées par la presse locale, avaient qualifié de « mensonges » les propos d’Amina Benkhadra, directrice de l’Office marocain des hydrocarbures, qui faisait état quelques jours plus tôt de la volonté de son pays de maintenir le gazoduc fonctionnel au-delà du 31 octobre 2021.
En tout cas, l’option du non-renouvellement de ce contrat était dans l’air depuis plusieurs semaines. Il y a quelques jours, le Président Abdelmadjid Tebboune, interrogé à ce sujet par des journalistes, avait laissé planer le suspense. « On verra d’ici là », avait-il déclaré. Mais les dernières sorties des hauts responsables algériens, dont le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, laissaient entendre que le choix des autorités algériennes était déjà fait.
Ces dernières misaient sur le renforcement des capacités de l’autre gazoduc qui relie directement l’Algérie à l’Espagne, sans passer par le Maroc, en l’occurrence le Medgaz, dont la capacité, estimée à 8 milliards de mètres cubes actuellement, sera portée à 10.5 milliards avant fin novembre. Le GME, quant à lui, permet un transport de 13,5 milliards de mètres cubes du gaz.
Des assurances pour l’Espagne
Selon Reuters, les experts ne cachent pas leurs inquiétudes concernant les conséquences de l’arrêt du GME sur l’approvisionnement de l’Espagne du fait « des problèmes techniques liés aux projets algériens d’extension de la capacité du gazoduc Medgaz ».
Mais les responsables algériens, cités par l’agence, tentent de rassurer. « Un haut responsable du gouvernement algérien affirme qu’en cas de perturbation, l’Algérie utiliserait des navires pour transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne », rapporte la même source.
Et d’ajouter : « Les analystes disent que cela signifierait que Sonatrach devrait affréter plus de navires, alimentant de nouvelles hausses des prix du GNL en raison des tarifs d’expédition ayant plus que doublé par rapport au début du mois ».
Pour rappel, le ministre algérien de l’Énergie avait reçu l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Morgan, et l’a assuré de « l’engagement total de l’Algérie de couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz ».
Et le 30 septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares Bueno, s’est dit « rassuré » à l’issue d’une visite à Alger où il a rencontré notamment le Président Abdelmadjid Tebboune.
Anadolou
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