Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, camionneurs algériens, Antonio Guterres, ONU, Moussa Faki, Union Africaine,
Alertées jeudi dernier par l’Algérie endeuillée suite à la mort de trois de ses ressortissants bombardés par le Maroc, les instances internationales gardent un silence qui en dit aussi long que l’insignifiante réaction du SG de l’ONU à l’égard d’un aussi grave événement.
Les propos d’Antonio Guterres ne peuvent en fait même pas s’apparenter à une réaction à proprement dire car il s’agit d’une phrase lâchée au cours d’un briefing habituel et au cours duquel il a appelé les «deux parties au dialogue pour apaiser les tensions».
Ces mots sont à l’évidence loin de s’adapter à la situation décrite par l’Algérie par la voix de son ministre des Affaires étrangères qui a saisi officiellement le secrétaire général des Nations-Unies pour l’informer de la mort de trois camionneurs algériens sous des projectiles tirés par l’armée marocaine et «l’emploi par le Maroc d’un armement sophistiqué meurtrier pour entraver la libre circulation de véhicules commerciaux dans un espace territorial sur lequel il n’a aucun droit, ce qui constitue un acte de fuite en avant». Cette situation est «porteuse de risques imminents pour la sécurité et la stabilité au Sahara Occidental et dans toute la région», ajoutait le message transmis.
Antonio Guterres n’a pas réagi de manière officielle ni sous une quelconque autre forme que dicte le protocole en pareille circonstance ni même présenté ses condoléances dans une affaire où il y a eu mort d’hommes. La légèreté de la phrase qu’il a prononcée ne peut aussi être mise sur le compte de l’absence d’éléments car il aurait fallu à ce moment qu’il évoque l’enquête menée dans les territoires sahraouis par une équipe de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour le référendum au Sahara Occidental).
À aucun moment, le SG de l’ONU n’a cité ce point primordial. C’est pourtant au niveau de l’institution qu’il représente que les conclusions des Casques bleus onusiens ont été ou seront transmises. Dans cette affaire, le rôle d’Antonio Guterres reste ambigu à ce stade.
Le silence du président de la commission de l’Union africaine (UA) laisse aussi perplexe et soulève plusieurs interrogations car il ne reflète en aucun cas les réactions habituellement observées à ce niveau lorsque des événements aussi graves surviennent entre deux États membres. On ne peut de ce fait que s’interroger sur le rôle de Moussa Faki qui est lui-même au centre de grosses accusations depuis juillet dernier, date à laquelle il avait accepté unilatéralement l’entrée d’Israël en qualité de membre observateur au sein de l’organisation africaine. L’infiltration de Tel-Aviv s’est faite grâce au Maroc et au Tchad, ce qui a laissé de lourds soupçons peser sur le président de la commission de l’UA lui-même originaire de ce pays (le Tchad). Son statut ne lui permet pas pour autant de garder le silence ou de se suffire de déclarations de circonstance sur l’affaire sur laquelle il a été alerté par l’Algérie.
Le silence que gardent la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) est plus que naturel. L’une comme l’autre se trouvent entre les mains de pays du Golfe qui souscrivent à la sacro-sainte alliance entre monarchies et s’alignent ouvertement sur les thèses marocaines.
Il y a dix jours, le représentant permanent de l’Arabie Saoudite avait, une nouvelle fois, clairement affiché le soutien de son pays au Maroc et affirmé que son pays se tenait prêt à défendre l’intégrité de son territoire si celle-ci venait à être menacée.
L’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et les autres monarchies du Golfe sont aussi connus pour avoir toujours tourné le dos à l’Algérie dans des conflits l’opposant au Maroc. Leur silence dans l’affaire des camionneurs algériens tués au Sahara Occidental est légitimement complice et leur réaction dépend, à l’évidence, des premières réactions officielles en provenance de Rabat.
Abla Chérif
Le Soir d’Algérie, 07/11/2021
#Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Camionneurs_algériens #ONU #Union_Africaine #Antonio_Guterres #Moussa_Faki_Mahamat
Soyez le premier à commenter