Algérie, élections locales – Elections locales: Fin du dernier vestige de l’ère Bouteflika
Nombreux sont les observateurs de la scène politique nationale qui s’attendaient à un taux de participation plus important que celui des législatives de juin. Avec plus de 8 millions de votants sur 23 millions d’inscrits, l’affluence a atteint en moyenne 35%, soit 12 points de plus qu’au dernier scrutin, où l’abstention avait été record. Ce score confirme que la tendance lourde dans l’électorat va vers l’abstention, qui semble maintenant toucher les deux tiers. Pratiquement, plus de quinze millions d’Algériens n’ont pas voté ou ne votent plus depuis très longtemps.
Pour les chefs de partis ou les indépendants, les trois semaines de campagne électorale n’ont pas été emballants. Les candidats n’étaient pas très actifs, se contentant de quelques actions de moindre envergure, loin des anciennes traditions électorales. A part quelques affichettes et des meetings réduits, la campagne a été morose, sans attrait et ne véhiculait pratiquement pas de fortes charges politiques. Les candidats ne savaient pas comment convaincre les citoyens du bien-fondé de leurs démarches ou des choix.
“Il ne faut pas oublier que les anciens élus ont laissé de bien mauvaises images aux yeux des citoyens”, explique Fateh S. un ancien dirigeant du FLN. “Ils trainent une bien mauvaise réputation, difficile à enlever”. Avec les affaires de corruption et les innombrables procès, la fonction du maire et de ses adjoints est devenue synonyme de busines, de détournements de deniers publics et de pratiques malsaines et frauduleuses.
C’est contre ces arrières- pensées que certains chefs de partis politiques avaient décidé de se lancer dans la bataille électorale, en tentant de mobiliser leurs bases. Ils savaient que le nombre de sièges arrachés dans ces APC et APW va peser lourdement dans les futures échéances, à commencer par les prochaines sénatoriales avec le renouvellement des deux tiers du Conseil de la nation.
Mais plus que cela, ces partis ont tenté de soulever des mot-d ‘ordres nouveaux, comme “Veux-tu le changement?”, “L’édification institutionnelle”, “Signe et appose ton empreinte”, comme le slogan officiel du double scrutin. Leur discours est orienté sur une approche bien précise: à savoir qu’il s’agit à travers ces élections locales anticipées de mettre fin au derniers vestiges de l’ère du régime déchu de Bouteflika.
C’est sans doute sur ce point que les chefs de partis ont tenté de convaincre un électorat méfiant, rétif et très pointilleux sur les profils des candidats choisis. D’ailleurs, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas cessé depuis son investiture à rappeler son engagement à réformer toutes les institutions héritées des vingt ans de règne absolu de Bouteflika. Ces locales sont ainsi le dernier jalon de cette réforme.
Autre enseignement à tirer de ces élections: le recul manifeste de la présence féminine. Les femmes ne représentent que 15% de l’ensemble des candidatures, dont le total est de 115.230 candidats qui étaient en lice dans les 1.541 communes, alors que pour les APW, ils étaient 18.910 postulants à se disputer les sièges dans 58 préfectures.
Par Mohamed K.
Le Jeune Indépendant, 29/11/2021
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