Union pour la Méditerranée, Algérie, Maroc, Tunisie – Les pays du Maghreb sèment un lapin à l’UE pour la Chine
Entre la Chine et l’Union européenne, les pays du Maghreb préfèrent la première. Cela se déduit de son absence au 6e Forum régional de l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui s’est tenu ce lundi à Barcelone. Bien que l’événement ait enregistré un nombre record de participants, avec 20 ministres des Affaires étrangères des 42 pays qui font partie de l’organisation, un seul d’entre eux a été africain, le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Shoukry, dont le compatriote Nasser Kamel est le secrétaire Général de l’UPM. Le Maroc n’a envoyé qu’un directeur général, l’Algérie et la Tunisie leurs ambassadeurs respectifs en Espagne et en Mauritanie et en Libye à personne.
Tant le ministre marocain des Affaires étrangères, Naser Burita, que l’Algérien, Ramtane Lamamra, se sont excusés de leur absence en revendiquant la célébration, aujourd’hui et demain à Dakar (Sénégal), du Forum pour la coopération entre la Chine et l’Union africaine, un sommet biennal dans le que le président Xi Jinping est intervenu par visioconférence. Ils ont manqué non seulement la réunion euro-méditerranéenne, mais aussi la réunion ministérielle UE-voisinage Sud qui, avec l’aide du commissaire Oliver Várhelyi, a débattu de la mise en œuvre du nouvel agenda du partenariat entre l’UE et la Rive Sud, qui il a été approuvé en février dernier.
Le haut-commissaire de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, a reconnu l’influence croissante de la Chine en Afrique, mais a nié que les pays africains se désintéressent de l’Europe. La différence entre les investissements européens et chinois sur le continent voisin continue d’être « flagrante », a-t-il souligné, faisant allusion au stock d’investissement historique accumulé. Autre chose, la tendance de ces dernières années : les investissements chinois en Afrique sont passés de 75 millions de dollars en 2003 à 2 700 en 2019 ; les échanges commerciaux tournent déjà autour de 200 000 millions par an et les crédits chinois aux pays africains depuis le début de ce siècle dépassent les 150 000 millions, selon une étude de l’Université Johns Hopkins.
Ce qui n’est en aucun cas, selon Borrell, c’est le manque d’intérêt de l’UE envers l’Afrique. Le 17 février, le sommet entre l’Union africaine et l’UE se tiendra à Bruxelles, qui a été suspendu en 2020 en raison de la pandémie, et l’Europe aide à démarrer des centres de production de vaccins au Sénégal, au Rwanda et en Afrique du Sud, à ce sous -L’Afrique saharienne cesse d’être le trou noir de la vaccination mondiale, a-t-il souligné.
Pour sa part, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a confirmé que le gouvernement enverra cette semaine un avion de 288 sièges au Mozambique, pour rapatrier les Espagnols et autres Européens piégés par la suspension des vols en raison de la nouvelle variante omicron du covid. Au total, selon le ministre, un peu plus de 200 Espagnols sont détenus en Afrique australe, environ 150 en Afrique du Sud, à qui il a proposé une assistance consulaire pour faciliter leur retour en avion commercial pendant que les vols avec ce pays sont maintenus.
L’absence des ministres des Affaires étrangères algérien et marocain, ainsi que de la Grèce et de la Turquie, a détourné l’attention du conflit enraciné au Moyen-Orient. Le chef de la diplomatie jordanienne et coprésident de l’UPM, Ayman Safadi, a demandé de l’aide pour prendre en charge les 1,3 million de réfugiés syriens dans son pays, affirmant que le fardeau du problème ne peut pas incomber aux pays d’accueil et qu’il donne eux L’éducation et une vie digne, c’est « investir dans la sécurité », puisque leur abandon les jette dans les bras du djihadisme.
Safadi a également été l’avocat de Bachar El Assad, qu’il souhaite réintégrer dans la communauté internationale, assurant que la guerre en Syrie « pourrait se terminer par une solution politique ». Et il a prévenu que la paix ne viendrait au Moyen-Orient que grâce à la reconnaissance d’un État palestinien avec sa capitale à Jérusalem. Ce message n’a pas été entendu par son homologue israélien, puisque ce pays n’a envoyé qu’un représentant de son ambassade à Madrid au forum.
Albares, en tant qu’hôte, a mis cinq propositions sur la table : organiser un séminaire d’experts pour renforcer la coopération des pays méditerranéens avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et échanger les bonnes pratiques en matière de « traitement, prévention et utilisation des vaccins » ; promouvoir une stratégie de numérisation qui « contribue à combler les écarts socio-économiques et agit comme un moteur » pour la croissance ; mutualiser les capacités nationales en protection civile (face à la multiplication des incendies de forêt catastrophiques comme ceux de l’été dernier en Grèce, en Turquie ou en Algérie) ; « Explorer l’intégration comme moyen de relance économique » ; et tenir en Espagne une réunion des chefs de toutes les organisations internationales à dimension méditerranéenne.
Borrell a, pour sa part, souligné que le Maghreb est l’une des régions les moins intégrées économiquement au monde et que l’écart qui sépare les deux rives, loin de se réduire, se creuse : depuis 1990, les revenus des pays du sud ont augmenté. il a doublé, tandis que celui du nord a été multiplié par trois et est déjà 13 fois plus élevé. « Malgré tant de conférences et de réunions, nous continuons d’avoir un écart qui se creuse de plus en plus et qui est intenable », a-t-il prévenu. Pour cette raison, « les flux migratoires ne disparaîtront pas » et ce qu’il faut faire, c’est les ordonner pour que la Méditerranée ne continue pas à être une frontière meurtrière, a-t-il conclu.
El Pais, 29/11/2021
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