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Les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Algérie ont longtemps été marquées par un sentiment d’amitié. Depuis son indépendance suite à la révolution de libération de la France en 1962, l’Iran entretient des relations avec l’Algérie. Les relations ont commencé avec l’envoi par l’Iran d’une délégation pour participer à la célébration de l’indépendance de l’Algérie et, deux ans plus tard, l’Iran a établi son ambassade dans la capitale algérienne.
En réciprocité, l’Algérie a envoyé un ambassadeur accrédité à Téhéran en 1964. Un pas significatif a été réalisé lorsque l’Algérie a installé son ambassade à Téhéran après neuf ans, précisément en 1973. Durant cette période, les relations ne sont pas restées en sommeil ; les deux pays ont travaillé activement au renforcement des liens entre les secteurs industriels et commerciaux. Ils ont notamment collaboré pour déterminer les prix du pétrole au sein de l’OPEP, organisation alors dirigée par l’Iran.
Cependant, une tension temporaire a frappé les relations Iran-Algérie lorsque l’Algérie a refusé de reconnaître la propriété de l’Iran sur les trois îles du Golfe (Grande et Petite Tounbs et Abu Musa) lors de sa participation à la Conférence du Mouvement des non-alignés en 1972. Cette impasse a conduit l’Iran à rappeler ses diplomates d’Algérie. Heureusement, cette période difficile a été de courte durée. L’Algérie a accueilli l’Irak et l’Iran, favorisant ainsi un environnement propice aux négociations. Finalement, les deux pays sont parvenus à un accord sur la division de la voie navigable du Chatt al-Arab entre les deux pays.
Après la révolution islamique
Avec le triomphe de la Révolution islamique en Iran en 1979, ces relations bilatérales se sont encore renforcées, résolvant efficacement les conflits passés dans le domaine de la politique étrangère. Le départ de l’Iran des alliances occidentales a joué un rôle central dans le renforcement des liens avec les pays participant activement au Mouvement des non-alignés, l’Algérie en étant un exemple frappant. Les efforts de collaboration sur les questions mondiales, en particulier celles concernant le monde islamique, ont pris de l’ampleur, l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupant le devant de la scène.
La victoire de la Révolution islamique en Iran a coïncidé avec la présidence de l’ancien dirigeant algérien, Chadli Bendjedid. Un catalyseur important dans l’évolution de la dynamique des deux nations au cours de cette période a été la question controversée de la saisie du personnel de l’ambassade américaine par des militants alignés sur le nouveau régime iranien. L’Algérie s’est avancée, proposant une médiation entre l’Iran et les États-Unis pour trouver une solution à cette question urgente.
Parallèlement, le gouvernement algérien a lancé des initiatives de médiation et publié la Déclaration algérienne, qui s’est révélée être un instrument essentiel pour développer les relations entre l’Algérie et la République islamique dans les années qui ont suivi. Cette relation s’est épanouie, atteignant une teneur constructive entre les deux entités. Parmi ces développements, il convient de noter l’accord conclu entre les deux pays en novembre 1985. Cet accord historique a vu l’Iran apporter son soutien à l’Algérie sur la question du Sahara occidental, tandis que l’Algérie a rendu la pareille en soutenant l’Iran pendant la guerre Iran-Irak.
Les années 1990 et une rupture diplomatique totale
L’Algérie a défendu les intérêts iraniens aux États-Unis de 1981 jusqu’au déclenchement de la guerre civile algérienne. Durant cette période tumultueuse, les relations entre l’Iran et l’Algérie ont atteint leur point le plus bas. L’Algérie a accusé l’Iran, ainsi que l’Arabie saoudite, le Maroc, le Soudan et la Libye, de s’ingérer dans ses affaires intérieures et de soutenir des groupes islamiques algériens.
Le président algérien de l’époque ne voulait pas laisser son pays devenir un autre Iran, c’est pourquoi il a réprimé les mouvements islamistes en Algérie. En conséquence, l’Algérie a cessé de défendre les intérêts de l’Iran auprès des États-Unis en réponse au soutien de l’Iran aux factions islamistes armées. Cela a abouti à la rupture unilatérale des relations diplomatiques entre l’Algérie et l’Iran, conduisant à une rupture complète en 1993.
En 1982, lors de la guerre Iran-Irak, le président algérien Chadli Bendjedid confie à son ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, la mission de médiation entre Téhéran et Bagdad. L’objectif était de convaincre Saddam Hussein d’accepter les accords d’Alger de 1975. Cependant, la tragédie a frappé lorsque l’avion transportant Benyahia pour cette mission a été abattu, entraînant sa mort et la perte de 13 autres personnes.
L’aube du 21ème siècle
Au début du XXIe siècle, environ huit ans après la rupture des relations diplomatiques, une rencontre charnière entre l’ancien président iranien Mohammad Khatami et son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika a eu lieu lors du Sommet du millénaire des Nations Unies en 2000. Cette rencontre a eu un impact profond. sur la relance des relations diplomatiques entre les deux nations.
Alors que les relations politiques entre les deux pays se sont normalisées, les relations économiques et commerciales sont restées limitées et pratiquement inactives. Après deux ans de négociations, les discussions ont pris de l’ampleur, visant à explorer les moyens de renforcer la coopération politique, économique, culturelle, régionale et internationale entre Téhéran et Alger.
Par la suite, le président Bouteflika a entrepris une visite en Iran en 2003. Au cours de cette visite importante, les deux pays sont parvenus à un accord pour établir un comité économique de collaboration. L’objectif était de favoriser un partenariat plus large et plus solide dans divers domaines, notamment la coopération juridique, l’enseignement supérieur, les petites industries, les questions financières, la santé animale, la volaille, la fabrication pharmaceutique, la construction, la production de ciment, les composants de machines et le secteur pétrolier.
Des diplomates iraniens sur le sol algérien
Un an à peine a séparé l’ouverture diplomatique du président Bouteflika envers l’Iran de l’arrivée de l’ancien président iranien Mohammad Khatami en Algérie. Cette visite avait un objectif stratégique sur l’élargissement de la collaboration entre les deux pays dans le contexte du programme nucléaire iranien. Ces relations diplomatiques ont ouvert la voie à la visite en Algérie d’Ali Larijani, qui pilotait le dossier nucléaire iranien en tant que secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, en juin 2006.
À peine quelques mois plus tard, le ministre iranien des Affaires étrangères de l’époque, Manouchehr Mottaki, foulait le sol algérien. Il a délivré un message du président iranien Mahmoud Ahmadinejad adressé au président Bouteflika, puis en août 2007, le président Ahmadinejad lui-même a honoré l’Algérie de sa présence. La visite a porté sur une série de sujets, notamment les projets nucléaires de l’Iran, la situation en Irak et en Palestine, et le projet « d’Union méditerranéenne », une initiative défendue par l’ancien président français Nicolas Sarkozy, entre autres sujets urgents.
Sous le règne du septième président iranien, Hassan Rohani, ces liens bilatéraux se sont encore développés et les efforts concertés des deux parties se sont reflétés dans leurs efforts visant à renforcer leurs relations économiques. L’apogée de cet effort diplomatique et économique concerté s’est matérialisé avec la visite du premier vice-président iranien, Eshaq Jahangiri, en Algérie. Au cours de cette période, les deux pays ont signé 19 mémorandums d’accord, dont 15 étaient étroitement liés au secteur de la construction automobile et des pièces de rechange.
De la politique à la culture
Les contours des relations irano-algériennes ont transcendé le domaine politique et économique, s’étendant jusqu’à une riche collaboration dans les domaines de la culture et des arts. La visite de Reza Salehi Amiri, alors à la tête du ministère iranien de la Culture et de l’Orientation, en Algérie dans les derniers mois de 2017, a joué un rôle central dans la revigoration de leurs relations communes. Amiri a souligné : « L’Iran attache une importance particulière au maintien des liens culturels avec l’Algérie, un lien qui résonne dans les domaines politique et économique. Le président iranien Hassan Rohani a également souligné la nécessité de cultiver et d’approfondir le lien culturel avec l’Algérie ».
L’Iran a participé activement à diverses initiatives culturelles en Algérie, notamment en participant au programme « Constantine, capitale de la culture arabe ». L’Iran a notamment reçu une reconnaissance honorifique au Festival du film méditerranéen d’Annaba et au Festival du film d’Oran.
De ce lien culturel florissant émerge une entreprise cinématographique collaborative intitulée « Ahmed Bey » en 2018, mettant en vedette les contributions créatives de cinéastes iraniens et algériens. Cette coopération artistique a été complétée par une série d’expositions organisées par l’Iran à l’intérieur des frontières algériennes.
De plus, une zone d’une ville algérienne était nommée « Téhéran », tandis qu’une rue de la capitale algérienne portait à juste titre le nom de « Golfe Persique ». Ce choix de dénomination était significatif, surtout si on le compare avec d’autres pays arabes entretenant des relations cordiales avec l’Iran tout en s’abstenant d’adopter une nomenclature similaire pour le Golfe.
Néanmoins, parallèlement à ces réalisations, les relations bilatérales ont été confrontées à certaines turbulences dans les domaines culturel et religieux. Un exemple remarquable s’est produit en janvier 2018 lorsqu’Amir Moussavi, conseiller culturel à l’ambassade d’Iran en Algérie, a critiqué la veuve du défunt président algérien Houari Boumediene en raison de sa participation à une conférence de l’opposition iranienne à Paris. Cet incident a provoqué l’indignation du public sur les plateformes de médias sociaux algériennes, déclenchant des appels à la responsabilisation et à l’expulsion de Moussavi. Par la suite, en septembre 2018, Amir Mousavi a conclu son mandat de quatre ans en Algérie. Les inquiétudes entourant sa prétendue promotion de l’idéologie chiite en Algérie et les demandes ultérieures de son départ ont contribué à cette décision.
Au fil des décennies, malgré les hauts et les bas qu’ont connu les relations irano-algériennes, elles ont toujours été marquées par l’affection et la stabilité sur une période de cinq décennies.
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