L’histoire du président espagnol Aznar avec Rachida Dati et les services secrets du Maroc

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Septembre 2008 : Septembre 2008, la ministre française de la justice, Rachida Dati, a confirmé qu’elle était enceinte, mais n’a pas voulu révéler l’identité du père de son enfant. Peu après, le média marocain L’Observateur a ouvertement déclaré que le père était l’ancien premier ministre espagnol José María Aznar.

« Rachida Dati enceinte… d’Aznar ». C’est avec ce titre et un photomontage montrant le ministre français de la Justice et l’ancien Premier ministre espagnol que l’hebdomadaire francophone marocain « L’Observateur du Maroc » ouvre son premier numéro de septembre 2008. Par l’intermédiaire de la FAES, la fondation qu’il dirige, Aznar s’est empressé de démentir : « C’est un mensonge total et complet ». Le mensonge ne sert pas à grand-chose. Le potin est en tête des tabloïds du monde entier et même de la chronique politique en France. La ministre a refusé de clarifier quoi que ce soit : « J’ai une vie privée compliquée et je ne dirai rien à ce sujet ». Fille d’un immigré marocain et d’une Algérienne, Dati est alors âgée de 42 ans, célibataire et sans enfant.

La rumeur a été déclenchée lorsque, dix jours plus tard, l’hebdomadaire espagnol Interviú a publié un article intitulé « Las fotos más embarazosas de Aznar » (Les photos les plus embarrassantes d’Aznar) dans lequel on voit l’ancien président dire au revoir à Dati, en l’embrassant sur la joue, à la sortie d’un restaurant parisien.

Décembre 2008 : La publication en ligne française Bakchich Info a révélé que les services secrets marocains enquêtaient sur la vie privée de Mme Dati. Fondé par des journalistes dissidents chevronnés du célèbre hebdomadaire Le Canard Enchaîné, le site s’est fait connaître par ses informations exclusives, dont plusieurs sur la France et le Maghreb.

Son directeur, Nicolas Beau, et sa rédactrice en chef, Catherine Graciet, ont publié un livre en 2006 (Cuando Marruecos sea is islamista, publié par La Découverte) dans lequel ils racontent la « tenaille » que le roi du Maroc, Mohamed VI, et le président français de l’époque, Jacques Chirac, ont formée contre Aznar après l’expulsion des Marocains de l’îlot de Persil dont ils s’étaient emparés en juillet 2002.

Leurs affirmations sur la « tenaille » étaient basées sur plusieurs rapports de la Direction générale de la sécurité extérieure, les services secrets français. Cette dernière attribue à Chirac la phrase suivante, adressée à Mohamed VI en octobre 2002 : « C’est maintenant ou jamais qu’il faut agir pour s’opposer à la pénétration espagnole au Maroc ». Selon El País, les actions de la DGED marocaine avaient été critiquées à ce moment-là par les autorités néerlandaises et belges.

Janvier 2009 : Rachida Dati donne naissance à une petite fille à Paris. Elle a refusé de révéler l’identité du père.

Rachida Dati avec sa fille Zohra

Juillet 2009 : L’ancien président José María Aznar, 56 ans, porte plainte pour diffamation contre la publication en ligne marocaine www.lobservateur.ma, qui lui attribuait la paternité de la fille Rachida Dati, 43 ans. Neuf mois plus tard, le parquet de Casablanca a notifié la semaine dernière à Ahmed Charai, directeur de la publication, qu’une procédure est en cours devant un tribunal de Majadahonda (Madrid).

Charai est « l’homme de presse qui a les meilleures relations au palais royal », selon la publication Africa Intelligence. Malgré cela, la justice marocaine lui a remis le procès dans lequel Aznar demande 120.000 euros. « C’est une somme déraisonnable pour un média de la rive sud de la Méditerranée », explique-t-il. « Il veut nous ruiner », ajoute-t-il. « Si nous sommes condamnés, nous ne pourrons pas payer », prédit-il.

Dans sa plainte, l’avocat de l’ancien président qualifie ces informations de « catégoriquement fausses et gravement préjudiciables à mon client ». Il poursuit en affirmant, selon le texte traduit de l’espagnol remis à Charai, que « d’un point de vue juridique, nous sommes confrontés à une intrusion grave et gratuite dans le droit à l’honneur ».

« En publiant en septembre un reportage sur Aznar, homme éminemment public, notre seul but était d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur un sujet qui, apparemment, l’intéressait beaucoup », répond M. Charai, qui a ajouté à son site Internet une édition papier, L’Observateur.

En 2011, l’Audience provinciale de Madrid a condamné le directeur de « L’Observateur du Maroc » à lui verser 90.000 euros pour « préjudice moral » – ce qu’il a déjà reçu – et à insérer le verdict dans trois journaux marocains et trois journaux espagnols.

Octobre 2012 : Dominique Desseigne, ami de Nicolas Sarkozy et président exécutif du groupe de casinos et d’hôtels Lucien Barrière, a été assigné devant un tribunal civil pour une « reconnaissance de paternité » par l’ancienne ministre de la Justice Rachida Dati. Bien que Mme Dati ait démenti l’information, la qualifiant de « fausse », la porte-parole de M. Desseigne a déclaré que ce dernier ne souhaitait pas faire de commentaires en raison de l’audience en cours.

Dominique Desseigne, le père de la fille de Rachida Dati



Octobre 2012 : La justice française reconnaît l’homme d’affaires Dominique Desseigne comme le père de la fille de l’ancienne ministre de la Justice Rachida Dati. Cet homme d’affaires est à la tête d’une grande fortune. Le groupe Lucien Barrière est un empire avec un chiffre d’affaires de 1 milliard par an et plus de 100 restaurants, 40 casinos et une vingtaine d’hôtels, dont certains aussi époustouflants que le Majestic à Cannes, plusieurs à La Baule ou encore le Royal et le Normandy à Deauville.

Le tribunal a demandé à l’homme d’affaires un test ADN pour déterminer s’il était le père, mais il a refusé au motif que l’ancienne ministre n’avait pas précisé quand elle était tombée enceinte.

M. Desseigne a reconnu avoir eu une liaison avec Mme Dati, qui avait été photographiée par le papparazi, mais il a ajouté qu’il s’agissait d’une liaison parmi d’autres de l’ancienne ministre de la justice. La jurisprudence française stipule que si une personne refuse de se soumettre à un tel test, celui-ci peut être considéré comme positif, ce que le tribunal vient de faire.

Ahmed Charaï, l’espion marocain qui a attribué la paternalité de la fille de Rachida Dati au président Aznar.

Octobre 2014 : Un hacker agissant sous le pseudonyme de Chris Coleman et appartenant aux services de contre-espionnage français, la DGSE, révèle que le journaliste qui a diffusé la fausse nouvelle sur le père de la fille de Rachida Dati, Ahmed Charai, directeur de L’Observateur du Maroc, est un collaborateur de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services secrets extérieurs marocains, dirigée par Yassine Mansouri, un ami d’enfance de Mohamed VI.

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