• 4 journalistes français accusés de rouler pour le Maroc moyennant de l’argent

    Parmi les premières valses du hacker Chris Coleman pour « fragiliser la diplomatie marocaine », figure les noms de quatre journalistes français : Mireille Duteil ( du Point), José Garçon (ancienne journaliste à Libération) Dominique Lagarde (ancienne rédactrice en chef à l’Express) et Vincent Hervouet, éditorialiste sur TF1. Ils ont été accusés, preuves à l’appui d’avoir diffusé et soutenu -en échange de contreparties financières- la position de la monarchie Marocaine sur le Sahara Occidental. L’opération a été organisée par l’intermédiaire d’Ahmed Charaï, homme de presse à la tête de l’Observateur du Maroc. Charai, aux liens étroits avec les services de renseignement Marocain, a entamé une collaboration avec les journalistes en question, qui ont accepté de rédiger des chroniques pour l’Observateur du Maroc. Si les quatre journalistes réfutent vigoureusement les allégations de corruption, et accusent le lanceur d’alerte français de diffuser des documents falsifiés, El Watan Magazine relève cependant que ces 4 journalistes ont chacun publié entre 22 et 26 chroniques consacrées à la question du Sahara Occidental, toujours favorables à la position de Rabat.

    Le 10 Janvier 2008, Dominique Lagarde signe une chronique titrée «L’amertume Marocaine » dans l’Express :

    « Dans cette affaire, les Marocains ont le sentiment d’avoir fait bouger les lignes, en proposant, il y a plusieurs mois, une très large autonomie du territoire, sans que l’autre camp ait, de son côté, évolué. « Le Polisario continue à tenir le langage des années 1970 », confie à L’Express le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri »

    Par ailleurs, si l’on se livre à une rapide revue de presse des articles signés par José Garçon dans Libération entre 2007 et 2011, les sympathies pro-Marocaines (et anti Algériennes!) de l’auteur laissent peu de place au doute. En attestent les articles titrés : « Les islamistes Marocains sous le contrôle du roi » , « Maroc-Algérie : l’escalade de Bouteflika. Une incursion Algérienne au Maroc aggrave la tension » ou encore « L’Algérie sur un volcan ».

    On peut légitimement s’étonner du silence généralisé de la presse Française (et en particulier, des titres dont les journalistes sont visés par cette accusation!) sur cette sombre affaire. A ce jour, seule Dominique Lagarde a -tardivement- réagi à ces accusations. Pour sa part, Jean Marc Manach, journaliste de Arrêt sur images, semble avoir enquête longuement sur le sujet, et parle d’une « intox » : « Sensation sur un mystérieux compte Twitter : les services secrets marocains auraient instrumentalisé (et rétribué) plusieurs journalistes français et américains pour qu’ils écrivent des articles, ou fassent des émissions, favorables au royaume chérifien »

    Pour le journaliste, l’analyse de ce mystérieux compte Twitter , « qui vise clairement à déstabiliser le régime marocain, révèle que cette opération, selon les meilleures règles du genre, mêle savamment documents authentiques et documents manipulés.»

    Une collaboration « bénévole » de poids

    De quoi parlent les deux hommes ? De la collaboration à L’Observateur du Maroc de quatre journalistes occupant des postes importants dans des médias français : Dominique Lagarde, ancienne rédactrice en chef adjointe au service Monde de L’Express, José Garçon, ancienne journaliste à Libération, Mireille Duteil, ancienne rédactrice en chef du Point et actuelle éditorialiste, toutes trois spécialisées dans la couverture du Maghreb, ainsi que Vincent Hervouët, éditorialiste de politique étrangère sur TF1 et LCI et présentateur d’une émission quotidienne, Ainsi va le monde. Tous quatre fournissent au magazine, depuis plusieurs années, une production impressionnante. Rien qu’entre janvier et fin octobre 2014, les trois derniers ont publié chacun entre 22 et 26 chroniques qui ont pour point commun de ne jamais évoquer la situation intérieure du Maroc.

    Interrogés fin octobre par le site Arrêt sur images de Daniel Schneidermann, tous quatre ont nié avoir été payés pour ces chroniques. Un travail bénévole consenti à un ami, ont-ils expliqué. Une réponse qui ne convainc pas un spécialiste des liens entre élites françaises et Makhzen (nom familier de l’État et des institutions régaliennes) : « je ne connais pas un journaliste qui écrirait gratuitement pendant des années et pour un journal que personne ne lit ! Je n’ai pas l’ombre d’un doute sur le fait qu’ils ont été payés ».

    Accointances avec le renseignement marocain

    Les courriels impliquant les journalistes français laissent peu de de doute sur la nature de leurs relations avec le magazine, ni sur celles entretenues par L’Observateur du Maroc avec le pouvoir. Les courriels ont été authentifiés par un journaliste spécialiste d’Internet, Jean-Marc Manach, dans un article paru le 15 décembre sur le site Arrêt sur Images. Ces messages sont envoyés par Ahmed Charai, le directeur du magazine à « Sdi Morad ». Des indices laissent penser que « Sdi Morad » est Mourad Ghoul, directeur de cabinet de Yassine Mansouri, directeur de la Direction générale des études et de la documentation (DGED). Et ancien patron de l’agence de presse officielle Maghreb Arabe Presse…

    Plusieurs des messages accessibles commencent par « Sdi Yassine », qui renverrait selon toute vraisemblance à Yassine Mansouri. Selon le journal en ligne demainonline, Ahmed Charai serait « réputé pour ses accointances avec la DGED ». Membre de nombreux think thanks, il est présenté comme un expert du Maroc et de l’Afrique du Nord, rompu à l’art d’encenser l’action royale et de promouvoir « l’exception marocaine »2. Plusieurs courriels montrent ses relations avec des représentants de la communauté juive, comme ceux de l’American Jewish Committee ou de la Sephardic National Alliance, sur lesquels « on peut compter » pour le dossier du Sahara, comme il le souligne dans des messages adressés directement à « Sdi Yassine ». Ahmed Charai s’active donc plus comme un agent en service commandé que comme un patron de presse.

    Mails fournis par le hacker au sujet des journalistes français



    Dans un email envoyé au « Si Morad », Ahmed Charaï expliquait qu’il devait « remettre les piges » (d’un montant de 6000 €) aux journalistes français qui écrivaient dans ses journaux, laissant entendre que, non seulement ils étaient instrumentalisés par le renseignement marocain, mais également que ce dernier pouvait aussi contribuer à les rémunérer. Quand je les avais contactés, Vincent Hervouet, journaliste à LCI et ancien président de l’association de la presse diplomatique française, José Garçon, une ancienne journaliste de Libération, Mireille Duteil et Dominique Lagarde, respectivement rédactrices en chef du Point et de L’Express à l’époque (elle sont aujourd’hui à la retraite), avaient vigoureusement nié avoir jamais été payés par Charaï, expliquant qu’ils écrivaient leurs billets gratuitement, pour rendre service à celui qu’ils présentaient comme un « copain ».

    Vincent Hervouet instrumentalisait la questions de la Kabylie

    Le 19 décembre 2009, Ahmed Charai demande à « Si Morad », évoquant Vincent Hervouet : « Serait-il possible de lui réserver 2 chambres à l’hôtel Sofitel à Marrakech pour la période indiqué », lui faisant suivre un mail que lui aurait envoyé Hervouet et où le journaliste français lui proposait de venir au Maroc en famille du 26 décembre au 4 janvier.

    Le mardi 20 avril 2010, Charai envoie un mail à l’intention de « Sdi Yassine: Urgent », lui expliquant que Hervouet consacrerait le mercredi suivant un reportage sur LCI au mouvement indépendantiste… algérien, le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie), et qu’il avait également appelé Mireille Duteil (Le Point), Dominique Lagarde (L’Express), Patrick Cohen (Europe1), Ruth Elkrief (BFM TV). Quel rapport ? La mise en valeur du MAK par des médias français, serait de nature à accréditer l’idée que l’Algérie, comme le Maroc, est aux prises avec un mouvement autonomiste interne.

    Le 21 avril 2010 à 13h08, Charai rajoute, en rouge et en gras, « Sdi Yassine; Important », à un mail que Vincent Hervouet lui aurait envoyé à 9h35. Le journaliste français explique qu’il a réussi (« en payant au prix fort », dixit) à « dénicher des images des (petites) manifestations » ayant accompagné la proclamation, par le MAK, du gouvernement en exil de Kabylie, à Paris, et qu’ »a priori, il y aura de quoi fabriquer un sujet ce soir dans le JDM (le Journal du Monde, qu’anime Hervouet sur LCI -NDLR). Eventuellement qqs images dans le journal de TF1. »



    A 16h41, Charaï rajoute « Très urgent : Sdi Yassine » sur un mail où Vincent Hervouet lui aurait expliqué que « Medelci (alors ministre des Affaires Étrangères algérien-NDLR) est entrain de chercher , paraît-il appeler martin bouygues… »

    Le 22, à 15h37, Charai demande à « Sdi Yassine » de « faire un geste » en lui faisant suivre un mail où Hervouet, après avoir précisé que « ton « ami » Mehenni (fondateur du MAK -NDLR) est Edifiant », lui aurait demandé : « Est-ce tu es vraiment sûr que ça ne t’embête pas de m’avancer sur mon salaire les 38.000 euros? » La mise en valeur des autonomistes kabyles a-t-elle fait des remous à LCI ? Hervouet ajoute avoir passé « une heure avec le Big Bos, pour le convaincre du sérieux de ce MAK. » Nous avons bien évidemment proposé à Vincent Hervouet de lui montrer ces documents, pour en parler avec lui. Après avoir initialement accepté de nous rencontrer, il a finalement décommandé, à la dernière minute, expliquant que son avocat, qui a porté plainte en son nom, lui avait déconseillé de s’exprimer en attendant les suites judiciaires de de cette affaire. S’il paraît pour le moins et de prime abord étonnant qu’un journaliste puisse recevoir une telle somme, on notera que Hervouet est aussi actionnaire de deux entreprises créées par Amed Charaï, Audiovisuelle Internationale (qui chapeaute le service radiophonique Radio Med -cf ce .pdf), et Media South, créée en mai dernier (voir le document) et dont le capital social est fixé à 300 000 dirhams (27 000€).

    Le 28 à 12h25, Charai fait transmettre à « Sdi Yassine » un mail où Hervouet lui aurait écrit : « Je préfère que tu me remets toi même l’avance sur salaire, ne l’envoie surtout pas avec une autre personne »; avant de préciser : « D’un autre côté, l’ambassadeur algérien à paris m’a appelé hier pour un déjeuner, nous aurons rdv la semaine prochaine.. Amitiés, V. »



    Le 24 novembre, Charaï annonce à « Si Morad » que « notre ami Vincent Hervouet voudrait venir à Marrakech pendant la période des fêtes. Merci de bien vouloir lui reserver 3 chambres doubles au Sofitel Marrakech du 25 decembre au 1er ».

    Le 25, Charaï rajoute « Pour Sdi Yassine: Important » à un mail que lui aurait envoyé Hervouet, se félicitant du fait d’avoir « reçu au moins 4 appels hier de différents services de mon cher gouvernement français au sujet de la vidéo, c’est pas mal!! », avant de préciser : « Par contre la direction du Polisario a envoyé hier soir une lettre au Président de la chaîne protestant contre ce qu’ils ont appelé « l’amalgame » entre l’AQMI et le front du Polisario, ils veulent un droit de réponse-Mon oeil!!! » Le 23, Vincent Hervouet avait en effet diffusé un « document inédit et exceptionnel » sur Al Quaeda au Maghreb islamique (AQMI, qui détenait à l’époque 5 otages français), une vidéo sur un camp terroriste au Mali tournée par un membre de l’organisation, et présentée comme « une exclusivité LCI ».



    Etrangement, Vincent Hervouet conclut le reportage en montrant une carte de plusieurs des pays jouxtant le Mali, y rajoutant le Sahara occidental (au Maroc, à la frontière de l’Algérie, mais qui ne jouxte pas le Mali), tout en précisant qu’ »AQMI recrute dans tous les coins du désert, jusque dans les camps du Polisario, à la frontière de l’Algérie et du Maroc », qualifiés de « nouveau vivier », avant d’évoquer « des liens avérés entre une cinquantaine de membres du Polisario et AQMI »…



    Le 14 décembre, Charaï demande à son interlocuteur des « billets Air France pour notre ami de LCI et sa famille (Pariscasa-paris). EN CLASSE ECO départ 25 decembre , retour 1 janvier », suivi des noms, prénoms et âges de la femme et des enfants de Vincent Hervouet.



    Le 7 janvier 2011, Ahmed Charaï fait suivre à « Si Morad- urgent » un login et mot de passe que lui a transmis Vincent Hervouet afin qu’il puisse télécharger l’émission de la veille directement sur les serveurs de TF1.



    Le 10 mars, Charaï transmet à « Sdi Yassine » un mail où il écrit que « nos amis(e) ont bien travaillé hier soir », évoquant « Mireille Duteil (Le Point); Dominique Lagarde (L’Express); Vincent Hervouet (LCI); Fox News (Ben Evansky); Boston Globe (bender) », suivi d’une liste d’URL pour le moins étonnante : en effet, et étrangement, comme je l’avais écrit dans mon premier article, les URL des articles du Point et de L’Express que les « amis » étaient censés avoir écrits mentionnaient : « source : AFP », et l’article de Fox News « Associated Press », et non pas les signatures des journalistes félicités. Ce qui est d’autant plus étonnant que Dominique Lagarde a vraiment écrit un article ce 10 mars 2011, mis en ligne à 9h45 (soit près de 2 heures après l’envoi supposé du mail), tout comme Mireille Duteil, dont l’article a quant à lui été publié à 20h54 (soit 13h après le mail). Quant au reportage de LCI, il ne se résume pas à un extrait de 37 secondes d’un discours du roi du Maroc, comme je l’avais précédemment écrit : l’extrait vidéo était en fait « embeddé » dans un article (non signé). Celui du Boston Globe, lui, a disparu.

    Le 16 novembre 2011 à 16h50, Ahmed Charai remerciait Karim Karimi de lui avoir fait suivre la confirmation de réservation, via l’agence Zaers de Royal Air Maroc à Rabat, d’un billet d’avion Paris-Rabat A/R (1330€) pour que Vincent Hervouet puisse venir passer le week-end du 2 au 4 décembre au Maroc. A 20h43, il lui écrivait de nouveau : « Merci infiniment pour lui », en réponse à un autre mail où Karim Karimi précisait que « V H a une chambre à la Mamounia », célèbre palace 5 étoiles de Marrakech. Le 10 mars 2012, Charaï transmet à « Si Morad » un mail où Hervouet lui demande « quel rabais te consent le Sofitel marrakech? J’ai besoin d’une chambre avec petit déjeuner le jeudi 22/03 et de deux chambres le vendredi et le samedi », Charai rajoutant : « je crois qu’on pourra le prendre en charge! »

    Contacté, Ahmed Charaï a lui aussi refusé de répondre à nos questions, ayant lui aussi porté plainte. Impossible donc de savoir pourquoi il a ainsi évoqué des piges à 6000€ au directeur de cabinet du chef du renseignement marocain, alors que les journalistes français nient avoir jamais été payés par lui. Restent les vols Paris-Rabat, et les nuits d’hôtel pour Hervouet et sa famille. Pas de quoi en faire une affaire d’État. Les documents révélant les manoeuvres diplomatiques marocaines, à l’ONU notamment, semblent bien plus intéressants, même si, à ce jour, aucun journaliste ne semble s’être sérieusement attelé à les analyser. En tout état de cause, l’authentification de ces mails révèle surtout qu’Ahmed Charaï semble donc bien être, sinon un agent de la DGED, tout du moins un de ses honorables correspondants, agent d’influence travaillant avec le renseignement marocain à l’amélioration de l’image de son pays via ses nombreux contacts en France et aux Etats-Unis. Après avoir écrit des chroniques quasi-hebdomadaires pour L’observateur du Maroc depuis des années, Duteil, Garçon et Hervouet ont finalement décidé, fin octobre, d’arrêter d’aider (« gratuitement », insistent-ils) leur « copain ».

    Avec Arrêt sur Image

    #Maroc #France #Pressefrançaise #journalistesfrançais #lobbying #corruption #hackerchriscoleman

  • Le policier maroco-néerlandais accusé d’espionnage refuse de répondre aux questions

    Le suspect d’espionnage Ab el M. ne répond à aucune question lors d’un interrogatoire de 3,5 heures.

    Le suspect d’espionnage Ab el M. a été interrogé pendant 3,5 heures par la police d’État concernant des voyages au Maroc, au cours desquels il aurait emporté des documents classés secret d’État, a rapporté lundi Brabants Dagblad. Pendant plus de trois heures, l’homme de Rotterdam a reçu d’innombrables questions, mais n’a fourni aucune réponse. Il s’est contenté d’invoquer son devoir de confidentialité. Il a déclaré qu’il serait prêt à s’expliquer devant le juge.

    L’employé du Coordinateur National pour la Lutte contre le Terrorisme et la Sécurité (NCTV) a été arrêté l’automne dernier à l’aéroport de Schiphol alors qu’il se rendait au Maroc, avec dans ses bagages des supports de données contenant des informations classées secret d’État. Le ministère public (OM) pense qu’il a effectué ce type de voyages à plusieurs reprises, avec des hôtels et des vols payés par les services secrets marocains.

    L’avocat présente 15 à 20 témoins

    La police d’État a posé à El M. de nombreuses questions sur le volumineux dossier, allant de carnets contenant son écriture, dans lesquels figureraient des contacts marocains, jusqu’à ses vols qui auraient été réservés par une agence de voyage à Rabat. Le suspect nie avoir espionné pour le Maroc, mais il n’a donné aucune réponse aux questions. Selon son avocat, Bart Nooitgedagt, il ne se serait pas senti en sécurité, contrairement à ce qu’il ressentirait devant le juge. Il se bat toujours avec son devoir de confidentialité.

    Il faudra probablement encore plusieurs mois avant que l’audience de fond contre cet interprète et analyste de Rotterdam ne commence réellement. Son avocat souhaite que 15 à 20 témoins soient entendus dans cette affaire. « Mon client a toujours été un serviteur incroyablement loyal de la sécurité néerlandaise. Il est piégé dans cette affaire », avait-il déclaré précédemment. « Les hauts responsables de la justice, les hauts responsables de la politique néerlandaise, ils savent… Ils savent… », a-t-il dit de manière mystérieuse. Il ne souhaite pas s’avancer sur ses demandes de témoins, qu’il formulera lors de la prochaine audience en novembre.

    #Maroc #PaysBas #AbderrahimElM #Espionnage #policiermaroconéerlandais

  • Algérie : Intentions envers le Maroc (rapport de la CIA, août 1985)

    DIRECTORAT DES RENSEIGNEMENTS 28 août 1985

    Résumé

    Les preuves disponibles n’indiquent pas que l’Algérie constitue une menace imminente telle que décrite récemment aux responsables américains par le Premier ministre marocain. Leur relation historiquement troublée est à un niveau bas à cause du conflit au Sahara occidental et de l’union politique du roi Hassan avec la Libye. Néanmoins, selon notre évaluation, Alger ne souhaite pas que la situation se détériore au point que des hostilités militaires à grande échelle soient probables. En ce qui concerne le problème du Sahara occidental, de petites escarmouches continueront probablement avec peu d’avertissement le long du mur défensif marocain. L’Algérie voudra maintenir la pression sur le roi Hassan pour le forcer à négocier un arrangement permettant une certaine autonomie saharienne. Le plus grand danger est que ces affrontements mineurs pourraient mener à une guerre non préméditée. Cependant, nous ne croyons pas qu’Alger cherche activement à renverser Hassan, ce qui pourrait aboutir à un gouvernement plus hostile à Rabat. La volonté de Bendjedid de resserrer l’étau sur Rabat pourrait également être limitée par l’union de Hassan avec la Libye et par le risque qu’Alger doive soudainement faire face à des hostilités sur ses frontières orientale et occidentale.

    Ce mémorandum a été préparé par la branche Maghreb, division arabo-israélienne, Bureau de l’analyse du Proche-Orient et de l’Asie du Sud. Il a été demandé par le bureau du vice-président. Les informations datant du 28 août 1985 ont été utilisées pour sa préparation. Les questions et commentaires doivent être adressés au chef de la division arabo-israélienne.

    Dissidents marocains : un nouvel angle ?

    Le dernier incident mettant en lumière la rivalité entre le Maroc et l’Algérie concerne les accusations de Rabat, vivement niées par Alger, selon lesquelles les Algériens tenteraient de fomenter l’instabilité politique au Maroc. La semaine dernière, le gouvernement marocain a jugé 17 dissidents, qu’il a affirmé avoir capturés en juillet après être entrés dans le pays depuis l’Algérie. Rabat prétend également que les dissidents ont été formés par des responsables de la sécurité algériens.

    Nous ne pouvons pas confirmer le lien entre les dissidents et l’Algérie, ni déterminer l’étendue de l’éventuel soutien algérien à d’autres dissidents marocains.

    Si le rôle présumé de l’Algérie est avéré, Alger aurait peut-être décidé de mettre la pression sur le régime du roi Hassan en semant des troubles au Maroc, afin de faire bouger les choses sur la question du Sahara occidental. Le président Bendjedid subit des pressions de la part de ses hauts responsables militaires pour prendre des mesures plus fermes contre le Maroc. Ils s’inquiètent du refus de Bendjedid d’empêcher Rabat de terminer son réseau étendu de murs défensifs au Sahara occidental. Les officiers plus orientés à gauche sont mécontents du rapprochement de Bendjedid avec les États-Unis et l’Occident, en particulier en raison du soutien militaire continu des États-Unis et de la France au Maroc. Ces officiers veulent donner plus d’armes aux guérillas du Polisario et intensifier la guerre contre le Maroc. Bendjedid pourrait avoir décidé de soutenir l’activité des dissidents marocains comme concession à ces officiers.

    Un autre scénario serait que les dissidents aient été autorisés à résider en Algérie, mais que leurs activités n’aient pas été étroitement surveillées par le gouvernement. Des responsables de la sécurité et de l’armée, opposés à Bendjedid, auraient également pu soutenir les infiltrations, en s’attendant à ce qu’elles échouent, dans le but d’embarrasser Bendjedid en illustrant aux étrangers les « contradictions » dans l’image de politique étrangère modérée qu’il cherche à établir. Nous pensons que cela pourrait être le cas de la tentative de raid infructueuse du printemps dernier planifiée par l’OLP contre le quartier général de la défense israélienne.

    Un héritage d’amertume

    Les accusations de Rabat concernant le soutien algérien aux dissidents s’inscrivent dans une longue histoire d’antagonisme entre le Maroc et l’Algérie. Ces tensions sont alimentées par des suspicions profondes liées à des facteurs politiques, géographiques, économiques et psychologiques. Les deux pays possèdent les plus grandes populations et les ressources les plus abondantes du Maghreb, et chacun considère l’autre comme le principal obstacle à sa propre domination régionale. En outre, leurs systèmes politiques – socialisme révolutionnaire contre monarchie féodale – sont fondamentalement opposés.

    La principale source de tension entre l’Algérie et le Maroc au cours de la dernière décennie a été la revendication de Rabat sur le Sahara occidental. Les dirigeants algériens estiment que leur soutien au Polisario est nécessaire, à la fois pour contrer ce qu’ils perçoivent comme l’expansionnisme marocain et pour démontrer l’engagement de leur pays envers les groupes étrangers qui mènent des guerres de libération nationale. Bien que l’Algérie ait remporté jusqu’à présent la bataille politique au sein de l’OUA et du mouvement des non-alignés, en obtenant une reconnaissance diplomatique généralisée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), ses perspectives sur le champ de bataille – où le véritable enjeu se joue – sont sombres. L’engagement de 80 000 hommes par le Maroc et la construction d’un périmètre défensif au cours des deux dernières années se sont avérés efficaces pour défendre le territoire contre les attaques des 3 500 combattants du Polisario. De plus, l’union politique du roi Hassan avec la Libye a créé une menace potentielle à la frontière orientale de l’Algérie, et l’Algérie doit désormais envisager une éventuelle action hostile de la part de la Libye si elle devait être impliquée dans une crise avec le Maroc.

    Alger a essayé différentes stratégies, souvent contradictoires, dans sa lutte pour contrer ces revers diplomatiques et militaires. Plus tôt cette année, le président Bendjedid a mis l’accent sur la recherche d’une solution politique, réalisant presque certainement que la campagne du « mur » marocain exclut toute possibilité de victoire militaire du Polisario. Le rejet par Hassan des plans de paix algériens semble cependant avoir encouragé Alger à adopter une politique plus conflictuelle envers le Maroc. Par exemple, les contacts entre les deux pays ont été réduits, et nous constatons des efforts algériens plus intensifs parmi les pays non-alignés pour obtenir une reconnaissance diplomatique plus large pour le Polisario (le Liberia a récemment reconnu la RASD) et certains rapports de presse suggèrent que l’Inde pourrait faire de même.

    La stratégie algérienne : Davantage de la même chose

    Cependant, selon notre jugement, le soutien continu de l’Algérie au Polisario, et ses querelles diplomatiques avec Rabat, sont les principaux éléments du programme de Bendjedid pour harceler Hassan pour son « intransigeance » sur la question du Sahara occidental. Les Algériens croient probablement qu’ils peuvent rendre le conflit au Sahara occidental si coûteux que Hassan finira par accepter une certaine autonomie sahraouie. L’Algérie pourrait également anticiper que son soutien au Polisario dissuadera Hassan de toute tentative plus ambitieuse de ressusciter l’idée d’un « Grand Maroc », incluant non seulement le Sahara occidental, mais aussi la Mauritanie et des parties du sud-ouest algérien.

    Nous croyons que le gouvernement Bendjedid ne souhaite pas un conflit militaire majeur avec le Maroc. Bien que l’Algérie bénéficie d’un avantage militaire écrasant le long de la frontière, ses dirigeants réalisent presque certainement que le terrain accidenté le long de la frontière limiterait l’action militaire à des frappes transfrontalières qui pourraient mener à une guerre d’usure prolongée. Alger pourrait également réaliser que le Maroc a un net avantage le long de la portion sud de la frontière, et pourrait envahir Tindouf, le seul établissement algérien significatif dans le sud-ouest et le siège politique et militaire du Polisario. Rabat pourrait également lancer des frappes aériennes contre les installations stratégiques de pétrole et de gaz naturel de l’Algérie.

    Scénarios alternatifs

    Un certain nombre de développements pourraient obliger l’Algérie à réévaluer sa position vis-à-vis du Maroc et encourager ses dirigeants à adopter une politique encore plus dure. Une décision du roi Hassan de poursuivre les guérilleros du Polisario en « chasse à chaud » en Algérie, ou peut-être dans le nord de la Mauritanie, pourrait amener les Algériens à s’impliquer plus directement dans les combats et à utiliser leur armée pour harceler les Marocains le long de la frontière nord. Cela pourrait conduire à un conflit non prémédité entre les deux pays.

    Il existe d’autres scénarios moins probables, selon nous, qui pourraient aboutir à une posture plus agressive contre Hassan. L’achat par le Maroc de systèmes d’armement très sophistiqués, par exemple, pourrait amener Bendjedid à se sentir plus menacé et à envisager une frappe militaire préventive. Le gouvernement Bendjedid répondrait probablement militairement s’il croyait que le Maroc et la Libye planifiaient une agression contre lui, ou en représailles pour un acte hostile, tel qu’un acte terroriste. Bendjedid pourrait même envisager l’option militaire s’il percevait une implication maroco-libyenne dans une opération clandestine visant à subvertir son gouvernement.

    SOURCE :

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Libye #Bendjedid

  • Algeria: Intentions toward Morocco (August 1985 CIA report)

    DIRECTORATE OF INTELLIGENCE
    28 August 1985

    Summary

    Available evidence does not indicate that Algeria constitutes the imminent threat portrayed recently to US officials by the Moroccan Prime Minister. Their historically troubled relationship is at a low level over the Western Sahara conflict and King Hassan’s political union with Libya. Nevertheless, Algiers, in our judgment, does not want the situation to deteriorate to such a point that large-scale military hostilities are likely. With regard to the Western Sahara problem, small skirmishes probably will continue with little warning along Morocco’s defensive berm. Algeria will want to keep the pressure on King Hassan to force him to negotiate an arrangement allowing some Saharan autonomy. The greatest danger is that these minor clashes might lead to unpremeditated warfare. We do not believe, however, that Algiers is actively seeking Hassan’s overthrow, which could produce a more hostile government in Rabat. Bendjedid’s willingness to tighten the screws on Rabat may also be constrained by Hassan’s « union » with Libya, and the danger that Algiers could suddenly encounter hostilities on both its eastern and western borders.

    This memorandum was prepared by the Maghreb Branch, Arab-Israeli Division, Office of Near Eastern and South Asian Analysis. It Was requested by the office of The Vice-President. Information as Of 28 August 1985 was used in its preparation. Questions comments should be directed to Chief, Arab-Israeli Division.

    Moroccan Dissidents: A New Angle?

    The most recent incident highlighting the rivalry between Morocco and Algeria are charges by Rabat, heatedly denied by Algiers, that the Algerians are attempting to foment political instability in Morocco. Last week, the government of Morocco put on trial 17 dissidents whom it claimed were captured in July after entering the country from Algeria. Rabat also claims the dissidents were trained by A1gerian securit officials.

    We cannot confirm the Algerian link to the dissidents, however, or ascertain the extent, if any, to which Algeria has given support to other Moroccan dissidents.

    If the alleged Algerian role is true, Algiers indeed may have decided to put pressure on the regime of King Hassan by stirring up trouble inside Morocco, trying to do something on the Western Sahara issue. President Bendjedid is under pressure from his senior army officers to take more forceful action against Morocco. They are concerned about Bendjedid’s refusal to prevent Rabat’s completion of an extensive network of defensive berms in the Western Sahara. The more leftist-leaning officers are disgruntled with Bendjedid’s courting of the US and the West, particularly because of continued US and French military support for Morocco. These officers want to give the Polisario guerrillas more weapons and have them prosecute the war with Morocco with even greater vigor. Bendjedid may have decided to sponsor Moroccan dissident activity as a concession to these officers.

    An alternative scenario is that the dissidents were allowed to reside in Algeria, but that their plans and activities were not closely monitored by the government. Senior security and military officials opposed to Bendjedid also may have sponsored the infiltrations, expecting them to fail, to embarass Bendjedid by illustrating to foreigners the « contradictions » in the moderate foreign policy image he has sought to establish. We believe this may have been the case with last spring’s abortive PLO- lanned raid on Israeli defense headquarters.

    Bendjedid’s eagerly-awaited state visit to Washington. In our opinion, Bendjedid is too smart to have approved something doomed to fail which would have impacted negatively on his trip to the United States.

    Legacy of Bitterness

    Rabat’s accusations of Algerian support for dissidents is the latest theme in the long history of antagonism between Morocco and Algeria. Underlying the dispute are deep-seated suspicions based on political, geographic, economic, and psychological factors. Both have the largest populations and most abundant resources in the Maghreb, and each views the other as the principal roadblock to its own regional dominance. In addition, the political systems of the two countries – revolutionary socialism in constrast to a feudal monarchy- are antithetical.

    The principal source of tension between Algeria and Morocco in the past decade has been Rabat’s claim to the Western Sahara. Algerian leaders believe their assistance to the Polisario is necessary both to counter what they see as Moroccan expansionism, and to demonstrate the country’s commitment to foreign groups fighting wars of national liberation. Although Algeria has won the political battle thus far in the OAU and nonaligned movement by gaining widespread diplomatic recognition for the Saharan Democratic Arab Republic (SDAR), its prospects on the battlefield — where the outcome will be really determined — are grim. Morocco’s commitment of 80,000 men and the construction of the defensive perimeter during the past two years has proven effective in defending the territory from attacks by the 3,500 Polisario. Moreover, King Hassan’s political union with Libya has created a potentially new threat on Algeria’s eastern frontier, and Algeria will now have to consider possible hostile action from Libya if it were to become embroiled with Morocco in a crisis.

    Algiers has tried different, and often contradictory, strategies in its struggle to counter these diplomatic and military setbacks. President Bendjedid earlier this year placed emphasis on finding a political solution, almost certainly realizing that the Moroccan berm campaign precludes any semblance of a military victory by the Polisario. Hassan’s rejection of Algerian peace plans, however, appears to have encouraged Algiers to adopt a more confrontational policy toward Morocco. For example, contacts between the two countries have been reduced, and we are seeing more intensive Algerian efforts among nonaligned countries to win wider diplomatic recognition for the Polisario (Liberia recently recognized SDAR) and some press reports suggest India may follow suit.

    The Algerian Strategy: More of the Same

    In our judgment, however, Algier’s continued support for the Polisario, and its diplomatic wrangling with Rabat, are the primary elements in Bendjedid’s program to harass Hassan for his intransigence » on the Western Sahara problem. The Algerians probably believe that they can make the Western Sahara conflict so costly that Hassan at some point will agree to some Saharan autonomy. Algeria may also anticipate that its support of the Polisario will deter Hassan from a more ambitious scheme to resurrect the idea of a « greater Morocco, » which includes not only the Western Sahara, but Mauritania and parts of southwest Algeria as well.

    We believe that the Bendjedid government does not want a major military conflict with Morocco. Even though Algeria enjoys an overwhelming military advantage along the frontier, its leadership almost certainly realizes that the rugged terrain along the border would limit military action to cross-border strikes by Algeria that could lead to a protracted war of attrition. Algiers may also realize that Morocco has a clear advantage along the southern portion of the border, and could overrun Tindouf, the only significant Algerian settlement in the southwest and the political and military headquarters of the Polisario. Rabat could also launch air strikes against Algeria’s strategic petroleum and natural gas facilities.

    Alternative Scenarios

    A number of developments might compel Algeria to reassess its position toward Morocco and encourage its leaders to adopt an even tougher policy. A decision by King Hassan to engage in « hot pursuit” of Polisario guerrillas into Algeria, or possibly into northern Mauritania, might lead the Algerians to become more directly involved in the fighting and to use its Army to harass the Moroccans along the northern frontier. This could lead to an unpremediated conflict between the two countries.

    There are other less likely scenarios which, in our opinion, could result in a more aggressive anti-Hassan posture. Morocco’s purchase of highly sophisticated weapon systems, for example, might cause Bendjedid to feel more threatened and to consider a preemptive military strike. The Bendjedid government probably would respond militarily if it believed that Morocco and Libya were planning aggression against it, or in retaliation for a hostile act, such as terrorism. Bendjedid might even consider the military option if he and his advisors perceived Moroccan-Libyan involvement in a clandestine operation to subvert his government.

    #Algeria #Morocco #WesternSahara #USA #Bendjedid

  • History: CIA report on the situation in Algeria after the riots of October 1988

    Memorandum for : NIO/NESA

    Subject : Warning brief on Algeria

    My staff and I remain dubious that Bendjedid can make meaningful progress in resolving Algeria’s deep-seated problems without further using the military in a repressive may. He may weather the current disorders, but the fault 1ines in Algeria society remain deep and FLN hardliners are still intact. Please let me know what you think of this piece. (Charles E. Allen, 17 october 1988).

    ALGERIA: Reversal of Bendjedid’s Reforms?

    The National Intelligence Officer for Warning believes that President Bendjedid’s position –in wake of the recent widespread unrest and vio1ence in Algeria– is weaker than generally assessed by the Intelligence Community. Bendjedid’s efforts to resolve Algeria’s problems do not address the root causes of popu1ar discontent, and he faces continuing opposition from 1ongtime party “militants” on the left as well as a growing threat from Islamic fundanentalists on the right. His plans for political reforms suggest a high-risk strategy directed at neutralizing po1itical opponents but, in the view of the NIO for Warning, they do not address the contradictions inherent in Algeria’s political system.

    Although order has been restored for now, Bendjedid has less room for maneuver than before and virtually no resources satisfy the demands of the people. There are growing prospects that his market-oriented economic reforms will not last beyond an initial trial period, and further civil disorder and violence will occur.

    In the recent disturbances, such of the violence was perpetrated by the large numbers of urban unemployed youths who want jobs and more abundant food and consumer goods and who blame the government for the country’s severe economic woes. Fundamentalist Muslims –although poorly organized– have also sought to exp1oit the unrest to pressure the government to become less secular and to return to Islamic traditions.

    Hardline party and military leaders, who served in key positions during the Algerian revolution, have endeavored to use the unrest to gain greater leverage over the President with the objective of u1timate1y forcing change in his po1icies. Some of the regime’s military 1eaders may be col1uding directly with socialist party hardliners in an effort to reverse the reform program. Important old guard officers have been concerned that the pro-Western drift of po1icy could jeopardize ties with the Soviet Union and have been upset by their loss of privileges under Bendjedid’s austere economic reform program.

    Bendjedid, evidently unware of the extent of popu1ar discontent, may have inadvertent1y contributed to the recent disorders. In a speech on 19 September, he frankly acknowledged serious economic and socia1 problems, a deve1opment that was considered by many as an admission of failure and as an invitation to protest. Bendjedid’s indecision in handling the protests appear to have contributed to their expansion and violent turn .

    Bendjedid has few options for coping with the popu1ar demands. Algeria’s reserves are depressed along with the prices for oil, the country’s main export industry. Drought and a swollen, inefficient bureaucracy have prevented improvements in agriculture and other primary industries. Considering Algeria’s heavy foreign debt, external assistance –already offered by Saudi Arabia– is at best a temporary fix.

    #Algeria #USA #CIA #Bendjedid #October1988

  • Histoire : Rapport de la CIA sur la situation en Algérie après les émeutes d’octobre 1988

    Histoire : Rapport de la CIA sur la situation en Algérie après les émeutes d’octobre 1988

    Mémorandum pour : NIO/NESA
    Objet : Rapport d’alerte sur l’Algérie

    Mon équipe et moi restons sceptiques quant à la capacité de Bendjedid à faire des progrès significatifs pour résoudre les problèmes profondément enracinés de l’Algérie sans recourir davantage à l’armée de manière répressive. Il pourrait surmonter les désordres actuels, mais les fractures dans la société algérienne restent profondes et les membres durs du FLN sont toujours intacts. Merci de me faire savoir ce que vous pensez de cet article. (Charles E. Allen, 17 octobre 1988).

    ALGÉRIE : Revers des réformes de Bendjedid ?

    L’Officier National du Renseignement pour l’Alerte estime que la position du Président Bendjedid — à la suite des récents troubles et violences généralisés en Algérie — est plus fragile qu’évalué par le Service du Renseignement. Les efforts de Bendjedid pour résoudre les problèmes de l’Algérie ne s’attaquent pas aux causes profondes du mécontentement populaire, et il fait face à une opposition continue des « militants » de longue date du parti à gauche, ainsi qu’à une menace croissante de la part des fondamentalistes islamiques à droite. Ses plans de réformes politiques semblent suggérer une stratégie à haut risque visant à neutraliser ses opposants politiques, mais, selon l’Officier du Renseignement pour l’Alerte, ils n’abordent pas les contradictions inhérentes au système politique algérien.

    Bien que l’ordre ait été rétabli pour l’instant, Bendjedid dispose de moins de marge de manœuvre qu’auparavant et n’a pratiquement aucune ressource pour satisfaire les revendications du peuple. Il est de plus en plus probable que ses réformes économiques orientées vers le marché ne survivront pas à une période d’essai initiale, et que de nouveaux désordres civils et violences surviendront.

    Lors des récentes émeutes, une grande partie de la violence a été perpétrée par les nombreux jeunes chômeurs urbains qui réclament des emplois, davantage de nourriture et de biens de consommation, et qui tiennent le gouvernement pour responsable des graves problèmes économiques du pays. Les musulmans fondamentalistes — bien que mal organisés — ont également cherché à exploiter ces troubles pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il devienne moins laïc et revienne aux traditions islamiques.

    Les dirigeants du parti et militaires durs, qui occupaient des postes clés pendant la révolution algérienne, ont tenté d’utiliser ces troubles pour obtenir plus de levier sur le Président, avec pour objectif final de forcer un changement de ses politiques. Certains des chefs militaires du régime pourraient collaborer directement avec les militants socialistes du parti dans un effort pour renverser le programme de réformes. D’importants officiers de la vieille garde s’inquiètent de l’orientation pro-occidentale de la politique, craignant qu’elle ne compromette les liens avec l’Union soviétique, et sont mécontents de la perte de leurs privilèges sous le programme de réformes économiques austères de Bendjedid.

    Bendjedid, manifestement inconscient de l’ampleur du mécontentement populaire, pourrait avoir contribué involontairement aux récents désordres. Dans un discours prononcé le 19 septembre, il a franchement reconnu de graves problèmes économiques et sociaux, ce qui a été considéré par beaucoup comme une admission d’échec et une invitation à la protestation. L’indécision de Bendjedid dans la gestion des manifestations semble avoir contribué à leur expansion et à leur tournure violente.

    Bendjedid a peu d’options pour répondre aux demandes populaires. Les réserves de l’Algérie sont en baisse, tout comme les prix du pétrole, principale industrie d’exportation du pays. La sécheresse et une bureaucratie gonflée et inefficace ont empêché les améliorations dans l’agriculture et d’autres industries primaires. Compte tenu de la lourde dette extérieure de l’Algérie, l’assistance extérieure — déjà proposée par l’Arabie Saoudite — est tout au plus une solution temporaire.

    SOURCE :

    #Algérie #Bendjedid #islamistes #FLN

  • Maroc : Un tribunal prépare un procès contre un soldat israélien

    Maroc : Un tribunal prépare un procès contre un soldat israélien

    Développement potentiellement menaçant pour la normalisation entre le Royaume et Israël.

    Selon The New Arab, un tribunal marocain prépare actuellement un procès contre le soldat israélien Moche Avichzer, arrêté en juillet alors qu’il était en vacances à Marrakech. Avichzer est accusé de crimes de guerre à Gaza. Un groupe d’avocats marocains est à l’origine de ce procès, dont l’avocate Najia El-Hadjaji. « Après quelques efforts, la cour d’appel de Rabat a accepté d’examiner le procès et de qualifier nos allégations d’infractions terroristes », explique celle-ci. Le procureur général de Marrakech a d’abord rejeté sa plainte contre Avichzer, mais l’a ensuite transmise au tribunal supérieur de la capitale.

    Avichzer avait servi dans l’armée israélienne à Gaza pendant trois mois et était venu au Maroc en juillet pour passer des vacances à Marrakech. Là, il se serait fait passer pour un musicien et aurait attiré l’attention d’un groupe appelé « Al Moshtabik », qui œuvre contre la normalisation du Maroc avec Israël et appelle à l’arrestation et à des poursuites contre les membres de Tsahal (Lien).

    Le groupe diffuse également sur X les publications Instagram de l’Israélien de ses vacances au Maroc. Quelques jours plus tôt, Avichzer avait été photographié en uniforme de combat dans les décombres de maisons palestiniennes à Gaza, mais il a depuis supprimé ces photos et a rendu son compte privé.

    Les manifestations contre la normalisation avec Israël se poursuivent au Maroc depuis octobre, et les appels à des poursuites judiciaires contre les membres de Tsahal bénéficieraient, semble-t-il, du soutien populaire. Cependant, il n’est pas clair si de telles procédures sont même possibles en vertu du droit marocain. La cour d’appel de Rabat doit maintenant se prononcer sur ce point. Si la décision était favorable aux militants, cela conduirait au premier procès pour crimes de guerre d’un soldat israélien en Afrique du Nord.

    Israël et le Maroc ne sont pas encore parvenus à un accord public d’extradition, mais ont convenu de le normaliser en décembre 2020. Après le 7 octobre, le bureau israélien de Rabat a fermé ses portes et les responsables en poste ont quitté le Maroc. Apparemment, le bureau israélien de Rabat devrait rouvrir en septembre.

    #Maroc #Israël #Gaza #crimes #MosheAvichzer

  • The Maghreb: After Oujda (declassified CIA documents)

    DIRECTORATE OF INTELLIGENCE
    29 September 1986

    Summary

    King Hassan’s decision on 29 August to unilaterally abrogate Morocco’s political union with Libya–the Treaty of Oujda–will not significantly alter relations among the states of the Maghreb. The most likely outcome will be Libyan sponsorship of terrorism directed against Moroccan interests and eventually renewal of some Libyan support for the Polisario. We do not expect any significant, near term changes in Moroccan-Algerian and Algerian-Libyan relations or Tunisia’s diplomatic position as a result of the short-lived treaty. The rupture between Rabat and Tripoli is a boon to US interests– it removes a sore spot in our ties with our closest ally in the Maghreb and reinforces US claims that Qadhafi is isolated in the Arab world.

    King Hassan ended the Moroccan-Libyan political union in’a nationwide television address on 29 August. He stated that his decision was a response to Libyan and Syrian condemnation of the visit to Morocco last July by Israeli Prime Minister Peres. We believe, however, that Hassan was looking for a pretext to end a relationship that had been under strain since its inception two years ago. For Morocco, the primary reason for the union was no longer valid. King Hassan initiated the union because he wanted assurances that Qadhafi would abide by a 1983 agreement with Morocco to curtail Libyan support for the Polisario guerrillas.

    This memorandum was prepared by of the Maghreb Branch, Arab-Israeli Division, Office of Near Eastern and South Asian Analysis. Information as of 25 September 1986 was used in its preparation. Questions and comments should be directed to Chief, Arab-Israeli Division fighting Morocco for control of the Western Sahara. By this August, Hassan saw Qadhafi as increasingly weak at home and a diplomatic liability for Rabat. Morocco is winning the war and probably less worried about a resumption of Libyan support to the guerrillas .

    There also were secondary considerations for Hassan’s decision. He may have detected Libyan plans to retaliate against Morocco through terrorism following the Peres trip. The bad feeling between the United States and Libya also made Qadhafi a liability to Hassan, who wants to improve ties with Washington–especially whenever he detects a warming in Algerian-US relations. Finally, Qadhafi’s growing economic woes probably have destroyed any hope the King may have achieving further economic benefit from the pact.

    What it Means Domestically for Morocco

    There has been little reaction at home to the King’s announcement. Nevertheless, King Hassan almos: certainly expects Qadhafi to try to cause trouble for Rabat. We believe Tripoli never ceased its machinations against Morocco during the life of the treaty and probably used the two years to recruit agents.

    For example, the  number of Libyan visitors to Morocco, including those involved in espionage, increased dramaticall after the conclusion of the Oujda  accord Tripoli  also may decide to deport the nearly 18,000 Moroccan workers in Libya, as it did in the case of Tunisian workers last year. Such a move would compound problems for a government already grappling with severe unemployment and under pressure to implement additional austerity measures.

    As a recaution, Moroccan security services are on alert for terrorism. The police have adopted aggressive and highly visible measures, including tighter security at airports and borders.

    Moroccan press reports that the government has apprehended four foreign nationals, allegedly members of the Palestinian 15 May group, who were planning acts of subversion. Hassan could restrict the entry of Libyans, expel Libyan residents, or impose restrictions on Libyan diplomats. These actions would hamper Libyan intelligence and terrorist operations in Morocco and elsewhere, since Libyan intelli ence o eratives use Morocco as a convenient point of transit.

    Effect on the Saharan War

    Algiers’ reaction to the King’s announcement has been muted, but the government almost certainly is relieved that its two neighbors are no longer allied. Nonetheless, relations between Rabat and Algiers are not likely to undergo much change. Both sides are concerned about stability and economic problems in the Maghreb, but the Polisario question stands in the way of significant cooperation and is a threat to peace between the two countries. Algerian aid to the Polisario could lead to the resumption of limited border skirmishes that characterized Moroccan-Algerian relations in the past. We also do not expect any progress in the diplomatic arena in settling bilateral differences or the Western Sahara dispute.

    There is a strong possibility that Qadhafi will resume some military support for the Polisario.

    the Algerians might approve renewed Libyan aid to the Polisario, since it would reduce the burden of economic support for the Polisario’s Saharan Arab Democratic Republic. The major constraint on Qadhafi is that supporting the Polisario would prompt Moroccan countermeasures, including a renewal of Moroccan support for Chadian President Habre and Libyan dissidents, and possibly a break in diplomatic ties. In any case, since the Polisario already has more equipment than it can effectively use, additional Libyan shipments are not likely to affect significantly the military situation.

    Several conceivable but unlikely developments could produce an escalation of the Western Saharan conflict. Bendjedid is firmly in control of the Algerian Government, but his policies are being challenged by radical hardliners. This opposition supports the regime’s overall stance toward Morocco, but it supports a more aggressive military strategy for the Polisario–including terrorism within Morocco–and apparently is less sensitive to the risks of conflict with Morocco. We doubt that the opposition has the strength to overturn Bendjedid’s cautious policy on the war, but the President may decide to accommodate the hardliners and allow the Polisario to pursue more aggressive tactics. These might include land or sea commando raids deep inside the Western Sahara or in Morocco.

    In addition, Qadhafi eventually may try to expand his influence with the Polisario, exploiting the dissatisfaction of some insurgent leaders over Algiers’ conservative strategy in the conflict. Qadhafi would hope that his dispensation of weapons would strengthen the hand of Algerian hardliners. Algiers, however, would not relinquish its control over the Polisario, because of the risks such a development might pose for Algerian-Moroccan relations. The Algerians provide the Polisario the bulk of the movement’s military and economic resources and territory for the Polisario refugee population.

    The Fallout for Algeria, Libya, and Tunisia

    During the past two years, Algeria’s policy toward Libya has gone from hostility to a more ambiguous stance. The breakup of the Moroccan-Libyan union, a key goal of Algiers, diminishes Algiers’ fear of the possibility of joint Libyan-Moroccan actions against Algeria. Bendjedid thus has greater flexibility in dealing with Qadhafi, es eciall because of the Lib an leader’s isolation.

    In our judgment, however, Bendjedid will be reluctant to meet with the Libyan leader anytime soon because of his concern over Algeria’s diplomatic image in the Arab world and in the West.

    The Algerians deeply distrust Qadhafi and differ with him on a range of issues such as Chad and Tunisia. Even though Algiers will try to reach an accommodation with Qadhafi, President Bendjedid will not go so far as to sign a political accord with him–as some Algerian hardliners recommend–unless, as we think unlikely, Qadhafi makes substantial concessions on issues of bilateral interest.

    Qadhafi, for his part, is eager to strengthen ties with Algiers and to seek a rapprochement with Tunis because of his international isolation since the US air strike last April. His principal interest is to prevent Algeria from expanding relations with the United States and to minimize Algerian support for exiled Libyan dissidents. To achieve this, he may give the appearance of greater receptivity to Algerian conditions for reconciliation, including demarcation of their common border, cessation of support for Algerian and other dissidents, and settlement of Tunisian claims against Libya. Qadhafi may also respond favorably to a direct Algerian call for assistance for the Polisario, even though he regards such a posture as extremely risky. Unless Algeria agrees to some form of union with Libya–a highly unlikely development at this juncture–Qadhafi will avoid commitments and go no farther than necessary to placate Algeria.

    Tunisia Morocco and will be the least affected by developments between Libya. The Bourguiba government probably believes that Qadhafi’s growing problems and need for better ties with neighbors will strengthen Tunis’ hand in bilateral relations.

    Since the rupture of diplomatic ties last year, Tunisia has been seeking financial compensation for Libya’s abrupt expulsion of Tunisian guest workers, and recent press reports indicate that Qadhafi is now meeting some of these Tunisian demands. Tunis probably will be most concerned about any signs of progress between Algeria and Libya, since closer ties between these powerful neighbors might limit its own diplomatic options. As long as Algeria maintains its distance from Libya, Bourguiba can afford to adopt a hardline position toward Qadhafi. A settlement of differences between Libya and Tunisia would help ease tensions between Algeria and Libya and reduce somewhat the threat of overt Libyan aggression against Tunisia. We doubt, however, that peace between Tunisia  and Libya would remove the danqer of Libyan subversion against the Bourguiba regime.

    Implications for the United States

    Hassan’s move draws Morocco closer to the United States and helps to isolate Libya. The King not only hopes that the United States will reward him with economic and military aid, but also that Morocco’s overall image in the West will improve and pave the way for expanded financial credits from Western governments and banks. His most important objective probably is obtaining sophisticated military equipment to replace Morocco’s aging inventory of weapons. Even so, we believe that the King will want to avoid appearing especially close to the United States.


    Bilateral relations probably will cool only moderately if the King concludes that Washington is unwilling to reward him sufficiently for his meeting with Peres and the breakup of the Oujda accord. Hassan would be tempted to broaden further Morocco’s ties with Western Europe, in particular France, Spain, and Italy, and to expand contacts with the Soviet Union. Since the abrogation of the Oujda accord, Moroccan officials have hosted Italy’s Defense Minister Spadolini for discussions of military and security cooperation.

    In addition, the Moroccans have allowed two Soviet naval combattants to weigh anchor in Casablanca–the first Soviet combattant port call in a decade.

    The principal concern for the United States would be closer relations between Algeria and Libya. Such a development would erode Tunisia’s national security, reduce Washington’s access to Algeria, undermine Algerian willingness to maintain ties with Libyan dissidents, and make it more difficult for the United States to help Algeria and Morocco achieve a peaceful settlement of the Western Sahara dispute. Closer US-Moroccan ties, and especially a decision by the United States to increase military assistance to Morocco, would give impetus to Algerian-Libyan relations.

    #Maghreb #USA #Morocco #Libya #Gadafi #Algeria #WesternSahara #Polisario

  • Le Maghreb : Après Oujda (document CIA déclassifié)

    DIRECTION DU RENSEIGNEMENT
    29 septembre 1986

    Résumé

    La décision du roi Hassan, annoncée le 29 août, d’abroger unilatéralement l’union politique du Maroc avec la Libye – le Traité d’Oujda – ne modifiera pas de manière significative les relations entre les États du Maghreb. L’issue la plus probable sera un parrainage libyen du terrorisme dirigé contre les intérêts marocains et, finalement, un renouvellement de certains soutiens libyens au Polisario. Nous ne nous attendons pas à des changements significatifs à court terme dans les relations maroco-algériennes et algéro-libyennes, ni à la position diplomatique de la Tunisie à la suite de ce traité de courte durée. La rupture entre Rabat et Tripoli est un avantage pour les intérêts américains – elle élimine un point de friction dans nos relations avec notre plus proche allié au Maghreb et renforce les affirmations américaines selon lesquelles Kadhafi est isolé dans le monde arabe.

    Le roi Hassan a mis fin à l’union politique maroco-libyenne lors d’une allocution télévisée nationale le 29 août. Il a déclaré que sa décision était une réponse à la condamnation libyenne et syrienne de la visite au Maroc en juillet dernier du Premier ministre israélien Peres. Cependant, nous pensons que Hassan cherchait un prétexte pour mettre fin à une relation qui était sous tension depuis sa création il y a deux ans. Pour le Maroc, la raison principale de l’union n’était plus valable. Le roi Hassan avait initié l’union parce qu’il voulait des garanties que Kadhafi respecterait un accord de 1983 avec le Maroc visant à limiter le soutien libyen aux guérilleros du Polisario.

    Ce mémorandum a été préparé par la Branche du Maghreb, Division arabe-israélienne, Bureau de l’analyse du Proche-Orient et de l’Asie du Sud. Les informations utilisées pour sa préparation datent du 25 septembre 1986. Les questions et commentaires doivent être adressés au Chef de la Division arabe-israélienne luttant contre le Maroc pour le contrôle du Sahara occidental. À ce mois d’août, Hassan voyait Kadhafi comme de plus en plus faible sur le plan intérieur et un fardeau diplomatique pour Rabat. Le Maroc gagne la guerre et est probablement moins préoccupé par un éventuel renouvellement du soutien libyen aux guérilleros.

    Il y avait également des considérations secondaires pour la décision de Hassan. Il a peut-être détecté des plans libyens de représailles contre le Maroc par le biais du terrorisme suite au voyage de Peres. Le mauvais climat entre les États-Unis et la Libye a également rendu Kadhafi un fardeau pour Hassan, qui souhaite améliorer les relations avec Washington, surtout lorsqu’il détecte un réchauffement des relations algéro-américaines. Enfin, les problèmes économiques croissants de Kadhafi ont probablement détruit tout espoir que le roi puisse obtenir un bénéfice économique supplémentaire de ce pacte.

    Ce que cela signifie pour le Maroc sur le plan intérieur

    Il y a eu peu de réactions à l’annonce du roi. Néanmoins, le roi Hassan s’attend presque certainement à ce que Kadhafi tente de créer des troubles pour Rabat. Nous croyons que Tripoli n’a jamais cessé ses manigances contre le Maroc durant la durée du traité et a probablement utilisé ces deux années pour recruter des agents. Par exemple, le nombre de visiteurs libyens au Maroc, y compris ceux impliqués dans l’espionnage, a augmenté de manière spectaculaire après la conclusion de l’accord d’Oujda. Tripoli pourrait également décider de déporter les près de 18.000 travailleurs marocains en Libye, comme cela a été le cas des travailleurs tunisiens l’année dernière. Un tel mouvement compliquerait encore les problèmes pour un gouvernement déjà aux prises avec un chômage sévère et sous pression pour mettre en œuvre des mesures d’austérité supplémentaires.

    Par précaution, les services de sécurité marocains sont en alerte contre le terrorisme. La police a adopté des mesures agressives et très visibles, y compris un renforcement de la sécurité dans les aéroports et aux frontières.

    La presse marocaine rapporte que le gouvernement a arrêté quatre ressortissants étrangers, prétendument membres du groupe palestinien 15 Mai, qui planifiaient des actes de subversion. Hassan pourrait restreindre l’entrée des Libyens, expulser les résidents libyens ou imposer des restrictions sur les diplomates libyens. Ces actions entraveraient les opérations de renseignement et les opérations terroristes libyennes au Maroc et ailleurs, car les opérateurs libyens de renseignement utilisent le Maroc comme point de transit pratique.

    Effet sur la guerre du Sahara

    La réaction d’Alger à l’annonce du roi a été discrète, mais le gouvernement est presque certainement soulagé que ses deux voisins ne soient plus alliés. Néanmoins, les relations entre Rabat et Alger ne devraient pas subir de grands changements. Les deux parties s’inquiètent de la stabilité et des problèmes économiques dans le Maghreb, mais la question du Polisario se dresse comme un obstacle à une coopération significative et constitue une menace pour la paix entre les deux pays. L’aide algérienne au Polisario pourrait mener à la reprise de conflits frontaliers limités qui caractérisaient les relations maroco-algériennes dans le passé. Nous ne nous attendons pas non plus à des progrès sur la scène diplomatique pour régler les différends bilatéraux ou le conflit du Sahara occidental.

    Il y a une forte possibilité que Kadhafi reprenne un certain soutien militaire au Polisario. Les Algériens pourraient approuver une aide libyenne renouvelée au Polisario, car cela réduirait le fardeau du soutien économique pour la République arabe démocratique sahraouie du Polisario. La principale contrainte sur Kadhafi est que le soutien au Polisario inciterait le Maroc à prendre des mesures de contre-attaque, y compris un renouvellement du soutien marocain au président tchadien Habré et aux dissidents libyens, et peut-être une rupture des relations diplomatiques. De toute façon, comme le Polisario dispose déjà de plus d’équipements qu’il ne peut en utiliser efficacement, des envois libyens supplémentaires ne devraient pas affecter significativement la situation militaire.

    Plusieurs développements concevables mais peu probables pourraient provoquer une escalade du conflit au Sahara occidental. Bendjedid contrôle fermement le gouvernement algérien, mais ses politiques sont contestées par des durs. Cette opposition soutient la position globale du régime envers le Maroc, mais elle soutient une stratégie militaire plus agressive pour le Polisario – y compris le terrorisme au sein du Maroc – et semble moins sensible aux risques de conflit avec le Maroc. Nous doutons que l’opposition ait la force d’inverser la politique prudente de Bendjedid sur la guerre, mais le président pourrait décider de faire des concessions aux durs et de permettre au Polisario d’adopter des tactiques plus agressives. Cela pourrait inclure des raids de commandos terrestres ou maritimes en profondeur dans le Sahara occidental ou au Maroc.

    De plus, Kadhafi pourrait finalement tenter d’étendre son influence auprès du Polisario, exploitant le mécontentement de certains dirigeants insurgés face à la stratégie conservatrice d’Alger dans le conflit. Kadhafi espérerait que sa distribution d’armes renforcerait la main des durs algériens. Cependant, Alger ne renoncerait pas à son contrôle sur le Polisario, en raison des risques que pourrait poser un tel développement pour les relations algéro-marocaines. Les Algériens fournissent au Polisario la majeure partie des ressources militaires et économiques du mouvement, ainsi que le territoire pour la population réfugiée du Polisario.

    Les retombées pour l’Algérie, la Libye et la Tunisie

    Au cours des deux dernières années, la politique de l’Algérie envers la Libye est passée de l’hostilité à une position plus ambiguë. La rupture de l’union maroco-libyenne, un objectif clé d’Alger, diminue la crainte d’Alger concernant la possibilité d’actions conjointes libyennes et marocaines contre l’Algérie. Bendjedid a donc une plus grande flexibilité dans ses relations avec Kadhafi, notamment en raison de l’isolement du leader libyen.

    À notre avis, cependant, Bendjedid sera réticent à rencontrer le leader libyen de sitôt en raison de ses préoccupations concernant l’image diplomatique de l’Algérie dans le monde arabe et en Occident. Les Algériens se méfient profondément de Kadhafi et divergent avec lui sur un éventail de questions telles que le Tchad et la Tunisie. Même si Alger tentera d’atteindre un accommodement avec Kadhafi, le président Bendjedid ne fera pas le pas d’adhérer à un accord politique avec lui – comme le recommandent certains durs algériens – à moins que, ce qui nous semble peu probable, Kadhafi ne fasse des concessions substantielles sur des questions d’intérêt bilatéral.

    Kadhafi, pour sa part, est désireux de renforcer les liens avec Alger et de rechercher un rapprochement avec Tunis en raison de son isolement international depuis le raid aérien américain d’avril dernier. Son principal intérêt est d’empêcher l’Algérie d’élargir ses relations avec les États-Unis et de minimiser le soutien algérien aux dissidents libyens exilés. Pour atteindre cet objectif, il pourrait donner l’impression d’une plus grande réceptivité aux conditions algériennes pour la réconciliation, y compris la délimitation de leur frontière commune, la cessation du soutien aux dissidents algériens et autres, et le règlement des revendications tunisiennes contre la Libye. Kadhafi pourrait également répondre favorablement à un appel direct algérien à l’aide pour le Polisario, même s’il considère une telle posture comme extrêmement risquée. À moins que l’Algérie n’accepte une forme d’union avec la Libye – un développement hautement improbable à ce stade – Kadhafi évitera les engagements et n’ira pas plus loin que nécessaire pour apaiser l’Algérie.

    La Tunisie

    La Tunisie sera la moins affectée par les développements entre la Libye et le Maroc. Le gouvernement de Bourguiba croit probablement que les problèmes croissants de Kadhafi et son besoin de meilleures relations avec ses voisins renforceront la position de Tunis dans les relations bilatérales.

    Depuis la rupture des relations diplomatiques l’année dernière, la Tunisie a cherché une compensation financière pour l’expulsion brutale des travailleurs tunisiens par la Libye, et des rapports récents indiquent que Kadhafi répond maintenant à certaines de ces demandes tunisiennes. Tunis sera probablement le plus inquiet de tout signe de progrès entre l’Algérie et la Libye, car des liens plus étroits entre ces puissants voisins pourraient limiter ses propres options diplomatiques. Tant que l’Algérie maintient sa distance avec la Libye, Bourguiba peut se permettre d’adopter une position dure envers Kadhafi. Un règlement des différends entre la Libye et la Tunisie contribuerait à apaiser les tensions entre l’Algérie et la Libye et réduirait quelque peu la menace d’agression libyenne ouverte contre la Tunisie. Cependant, nous doutons qu’une paix entre la Tunisie et la Libye éliminerait le danger de subversion libyenne contre le régime de Bourguiba.

    Implications pour les États-Unis

    Le mouvement de Hassan rapproche le Maroc des États-Unis et aide à isoler la Libye. Le roi espère non seulement que les États-Unis le récompenseront par une aide économique et militaire, mais aussi que l’image globale du Maroc en Occident s’améliorera et ouvrira la voie à un élargissement des crédits financiers des gouvernements et des banques occidentaux. Son objectif le plus important est probablement d’obtenir un équipement militaire sophistiqué pour remplacer l’inventaire vieillissant d’armes du Maroc. Même ainsi, nous croyons que le roi voudra éviter de paraître particulièrement proche des États-Unis.

    Les relations bilatérales se refroidiront probablement seulement modérément si le roi conclut que Washington n’est pas disposé à le récompenser suffisamment pour sa rencontre avec Peres et la rupture de l’accord d’Oujda. Hassan serait tenté d’élargir davantage les liens du Maroc avec l’Europe occidentale, en particulier la France, l’Espagne et l’Italie, et d’élargir les contacts avec l’Union soviétique. Depuis l’abrogation de l’accord d’Oujda, les responsables marocains ont accueilli le ministre de la Défense italien Spadolini pour discuter de la coopération militaire et sécuritaire.

    De plus, les Marocains ont permis à deux navires de guerre soviétiques de faire escale à Casablanca – la première visite d’un navire de guerre soviétique dans un port marocain depuis dix ans.

    La principale préoccupation pour les États-Unis serait des relations plus étroites entre l’Algérie et la Libye. Un tel développement minerait la sécurité nationale de la Tunisie, réduirait l’accès de Washington à l’Algérie, affaiblirait la volonté algérienne de maintenir des liens avec les dissidents libyens et rendrait plus difficile pour les États-Unis d’aider l’Algérie et le Maroc à parvenir à un règlement pacifique du différend du Sahara occidental. Des liens plus étroits entre les États-Unis et le Maroc, et en particulier une décision des États-Unis d’augmenter l’assistance militaire au Maroc, donneraient un coup de pouce aux relations algéro-libyennes.

    #EtatsUnis #Maroc #Algérie #Libye #Kadhafi #SaharaOccidental #Maghreb

  • Des porsches et des Audis volées expédiées au Maroc saisies en Espagne

    Des porsches et des Audis volées expédiées au Maroc saisies en Espagne

    Porsche et Audi parmi 22 voitures volées saisies à Cadix, en Espagne : des véhicules de luxe étaient envoyés au Maroc

    Une série de voitures de luxe volées dans plusieurs pays d’Europe a été saisie par la police juste avant qu’elles ne soient expédiées vers le Maroc.

    Parmi elles se trouvait une Porsche 911 Carrera d’une valeur de 125.000 € qui avait été volée au Danemark et équipée de fausses plaques et documents suisses pour tromper les douanes, ainsi qu’une Audi RS6 d’une valeur de 225.000 € qui avait disparu en Allemagne.

    La police a découvert l’opération au cours des trois dernières semaines, saisissant 16 voitures haut de gamme, cinq motos et un quad.

    Les autorités croient que ce réseau ciblait des véhicules de grande valeur pour les faire passer à travers le détroit de Gibraltar, soit pour les vendre sur le marché marocain, soit même pour les renvoyer vers des salles d’exposition en Europe.

    Les véhicules devaient partir de Tarifa, le point le plus au sud de l’Espagne, à destination de la ville marocaine de Tanger, et avaient été cachés parmi d’autres cargaisons.

    L’opération a conduit à l’arrestation de neuf personnes et à l’enquête de sept autres pour vol, recel de biens volés et falsification de documents.

    Les véhicules récupérés sont maintenant en cours de restitution à leurs propriétaires légitimes dans leurs pays respectifs.

    #Maroc #Espagne #Europe #voituresdeluxe

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