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  • Burkina Faso : Face à l’insuffisance de l’aide humanitaire, plus de 2 millions de personnes déplacées

    Etiquettes : Burkina Faso, aide humanitaire, sécurité alimentaire, Al Qaïda, Etat Islamique,

    La violence liée à Al-Qaïda et au groupe État islamique a fait du Burkina Faso l’un des pays comptant l’une des populations de déplacés internes dont la croissance est la plus rapide au monde, leur nombre ayant augmenté de plus de 2 % depuis 000, selon les données du gouvernement.

    Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays d’Afrique de l’Ouest, la majorité d’entre elles étant des femmes et des enfants, alimentant une grave crise humanitaire alors que le conflit a poussé les gens à quitter leurs maisons, leurs fermes et à se réfugier dans des zones urbaines surpeuplées ou des camps de fortune.

    Les groupes d’aide et le gouvernement se démènent pour répondre au manque de fonds et aux besoins croissants. Une personne sur quatre a besoin d’aide et des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques de famine. Pourtant, même pas la moitié du budget de réponse humanitaire de 800 millions de dollars demandé l’année dernière par les groupes d’aide a été financée, selon les Nations Unies.

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    « Le spectre des conséquences (pour les gens) est vaste mais sombre à chaque point. Beaucoup de gens pourraient mourir, et ils meurent parce qu’ils n’ont pas pu accéder à la nourriture et aux services de santé, parce qu’ils n’étaient pas correctement protégés, et que l’aide humanitaire et la réponse du gouvernement n’étaient pas suffisantes », a déclaré Alexandra Lamarche, chercheuse principale au groupe de défense Refugees International.

    La violence a divisé une nation autrefois pacifique, conduisant à deux coups d’État l’année dernière. Les chefs militaires ont promis d’endiguer l’insécurité, mais les attaques djihadistes se sont poursuivies et se sont propagées depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir en septembre.

    Le gouvernement conserve le contrôle de moins de 50% du pays, principalement dans les zones rurales, selon les analystes du conflit. Al-Qaïda et les groupes affiliés à l’État islamique contrôlent ou menacent de vastes zones, a déclaré Rida Lyammouri, chercheur principal au Policy Center for the New South, un groupe de réflexion basé au Maroc.

    « Les forces de sécurité de l’Etat n’ont pas les ressources (humaines et matérielles) pour combattre les deux groupes sur tous les fronts », a-t-il déclaré.

    La stratégie des djihadistes consistant à bloquer les villes, à empêcher les gens de circuler librement et les marchandises d’entrer, a aggravé la crise des déplacements. Quelque 800 000 personnes dans plus de 20 villes sont assiégées, selon des groupes d’aide.

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    « La situation est très difficile. … Les gens n’ont pas de nourriture, les enfants n’ont pas d’école », a déclaré Bibata Sangli, 53 ans, qui a quitté la ville de Pama, dans l’est du pays, en janvier 2022, juste avant qu’elle ne soit assiégée. Elle a encore de la famille là-bas qui ne peut pas partir, a déclaré Sangli.

    Un leader communautaire qui a rencontré l’année dernière Jafar Dicko, le principal djihadiste au Burkina Faso, a déclaré que le groupe de Dicko bloquait les villes qui n’acceptaient pas ses règles, telles que l’interdiction de l’alcool et l’obligation pour les femmes de se voiler le visage. Le chef a parlé sous condition d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler aux médias.

    En janvier, les Nations Unies ont commencé à utiliser des hélicoptères de transport lourd Chinook pour transporter de la nourriture par avion vers des zones inaccessibles par la route – une approche extrêmement coûteuse. Les trois Chinook ont été réduits à un seul en mai, ce qui rend plus difficile d’atteindre un grand nombre de personnes aussi rapidement.

    Alors que la situation humanitaire se détériore, la capacité des groupes d’aide à opérer augmente également.

    Depuis le début des prises de contrôle militaires du gouvernement du Burkina Faso en janvier 2022, les incidents contre les organisations humanitaires perpétrés par les forces de sécurité sont passés d’un en 2021 à 11 l’année dernière, selon des données non publiées pour les groupes d’aide consultées par l’Associated Press. Au cours de ces incidents, des travailleurs ont été arrêtés, détenus et blessés.

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    En novembre, les forces de sécurité ont tué un travailleur humanitaire d’une organisation humanitaire burkinabè dans la région du Sahel, la vaste étendue sous le désert du Sahara, selon un SMS envoyé à un groupe WhatsApp de travailleurs humanitaires vu par l’AP.

    Les groupes de défense des droits de l’homme, les analystes et les civils affirment que Traoré, le chef de la junte, se concentre uniquement sur la réalisation de gains militaires et se soucie peu des droits de l’homme, de la liberté d’expression ou de la responsabilisation des personnes accusées de soutenir les militants.

    Les forces de sécurité du Burkina Faso ont tué au moins 150 civils dans le nord en avril, selon des habitants du village de Karma, où la plupart des violences ont eu lieu. Les procureurs ont déclaré avoir ouvert une enquête sur les meurtres.

    Plus tôt cette année, une enquête de l’AP sur une vidéo circulant sur les médias sociaux a déterminé que les forces de sécurité du Burkina Faso avaient tué des enfants dans une base militaire dans le nord du pays.

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    Pendant que le gouvernement fait la guerre, les civils en font les frais et perdent espoir.

    Après que des djihadistes ont attaqué son village dans l’est du Burkina Faso en avril, tuant des personnes et volant du bétail, un père de cinq enfants, qui ne voulait pas être identifié pour des raisons de sécurité, a fui vers Fada N’Gourma, la principale ville de la région.

    Mais maintenant, sa famille n’a pas de nourriture ni accès aux soins de santé, et l’aide fournie par les groupes humanitaires n’est pas suffisante, a-t-il dit.

    « Depuis que nous avons été déplacés, notre situation ne cesse d’empirer », a déclaré cet homme de 46 ans. « Ma maison me manque. »

    #BurkinaFaso #Famine #Crise_alimentaire #Crise_sécuritaire

  • Plus de 16 millions de personnes ont besoin d’aide au Burkina Faso, au Mali et au Niger

    Etiquettes : Mali, Burkina Faso, Niger, Sahel, aide humanitaire, sécurité alimentaire,

    Plus de 16 millions de personnes touchées par les conflits et les changements climatiques au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont besoin d’une aide humanitaire, selon un rapport d’une ONG publié lundi.

    Cela représente une augmentation de 172 % par rapport à 2016, a déclaré le Comité international de secours américain dans son rapport sur la région du Sahel.

    Les trois pays font face à une insurrection djihadiste meurtrière qui a commencé au Mali il y a plus d’une décennie, et la plupart du Sahel central « est fortement exposée aux changements climatiques », a-t-il averti.

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    Le rapport indique que les températures augmentent 1,5 fois plus rapidement que dans le reste du monde, avec une hausse prévue de deux à 4,3 degrés Celsius d’ici 2080.

    Les saisons sèches deviennent plus longues dans certaines parties du Sahel, et les précipitations deviennent plus intenses et erratiques, ce qui signifie que les sécheresses et les inondations sont amenées à s’intensifier, précise-t-il.

    Il existe un « cercle vicieux du changement climatique et du conflit armé », et la crise affecte de manière disproportionnée les femmes, a ajouté l’ONG.

    Près de trois millions de personnes ont été déplacées, dont deux millions rien qu’au Burkina Faso, a-t-elle déclaré.

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    Le rapport rejette la responsabilité sur les autorités de l’époque coloniale française, qui ont « négligé » le développement des zones périphériques et ont instauré des contrôles frontaliers perturbateurs, ainsi que sur les gouvernements post-indépendance.

    « Les décisions politiques depuis l’époque coloniale française jusqu’au début des années 2000 ont marginalisé les régions périphériques des États du Sahel central, tant sur le plan économique que politique », indique le rapport.

    « En conséquence, les populations de ces régions font face à une pauvreté généralisée, dépendent particulièrement des secteurs vulnérables aux changements climatiques et sont plus susceptibles d’être exposées aux conflits armés.

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    « Elles supportent donc un fardeau disproportionné de cette crise complexe. »

    L’ONG affirme également que les « fréquents coups d’État militaires », soit 17 dans la région depuis 1960, ont perturbé la politique économique et ont conduit les gouvernements à concentrer leurs dépenses sur la défense.

    L’ONG a appelé à une aide immédiate et à des investissements dans l’accès humanitaire.

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    #Mali #BurkinaFaso #Niger #Sahel #Famine #Sécurité_alimentaire

  • Le PAM salue le financement du Japon pour soutenir la réponse à la période de soudure au Mali

    Etiquettes : Mali, PAM, Japon, financement, aide alimentaire, aide humanitaire,

    Bamako – Grâce à une contribution de 3 millions de dollars (1,7 milliard XOF) reçue du gouvernement du Japon, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies fournira une aide alimentaire d’urgence à 43 000 personnes touchées par le conflit au Mali entre juin et août 2023.

    Cette contribution intervient à un moment critique où des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants au Mali sont confrontés à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire tandis que plus d’un million auront du mal à se nourrir pendant la période de soudure de juin à août. L’insécurité alimentaire aiguë au Mali est due aux conflits intercommunautaires, aux déplacements récurrents de population, aux chocs climatiques et aux prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie liés à l’impact persistant du COVID-19 et à l’effet d’entraînement du conflit en Ukraine.

    « Nous nous félicitons de cette marque de générosité du peuple japonais, qui est une démonstration claire de son dévouement à la lutte pour un monde sans faim », a déclaré Eric Perdison, représentant du PAM et directeur de pays au Mali. « Avec des milliers de personnes toujours déplacées de force depuis leurs maisons au Mali, perdant l’accès à leurs moyens de subsistance, le soutien continu des donateurs est indispensable pour empêcher la détérioration de la situation de la sécurité alimentaire de devenir incontrôlable, en particulier dans les zones touchées par le conflit »

    Selon les résultats du Cadre Harmonisé de mars 2023, 1,2 million de personnes devraient faire face à la faim aiguë pendant la période de soudure agro-pastorale de juin à août. Cela comprend 2 500 personnes confrontées à une insécurité alimentaire catastrophique (IPC5) dans la région de Menaka qui est à un pas de la famine.

    La contribution supplémentaire du Japon permettra au PAM de fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle par le biais de transferts monétaires à 34 000 personnes déplacées internes (PDI) et 9 050 personnes vulnérables des communautés d’accueil à Kayes, Ségou, Mopti, Tombouctou, Kidal, Ménaka, Gao, Koulikoro et Sikasso. Régions.

    « Au milieu de cette crise sans précédent, le Japon est honoré d’étendre notre bonne volonté au Mali à travers cette contribution. En ces temps difficiles, il est crucial que la communauté internationale s’unisse et apporte son soutien », a déclaré Uezono Hideki, ambassadeur du Japon au Mali. « Nous sommes fiers d’aider le PAM à offrir une assistance pendant la période de soudure à la population du Mali, qui est confrontée à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Notre engagement envers le peuple malien reste inébranlable, en particulier dans ces circonstances difficiles. »

    Le Japon est un partenaire stratégique clé du PAM depuis de nombreuses années, en particulier au Mali, aidant à fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle intégrée pour lutter contre l’insécurité alimentaire et renforcer la résilience des communautés aux chocs au Mali.

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    #PAM #ONU #Mali #Aide_humanitaire

  • Les missions de paix de l’ONU sont des « interventions déguisées en aide humanitaire ».

    Etiquettes : ONU, missions de paix, aide humanitaire,

    Depuis 75 ans, les Nations unies ont mis en place des missions de paix, mécanismes qui, selon les experts consultés par Sputnik, ont été inefficaces et ont été utilisés comme une arme politique.

    Depuis 1948, année de la création des missions de paix des Nations Unies, l’ONU a lancé environ 70 opérations de ce type, selon les données officielles. Sur ce total, 12 sont actuellement en cours et 88 722 personnes font partie des « Casques bleus ».

    D’après les informations communiquées par la même organisation, sur la douzaine de missions en cours, la moitié (6) se trouve en Afrique, où plus de 75 000 éléments ont été déployés, y compris des troupes, des civils, des policiers et des volontaires.

    En Afrique, selon l’ONU, il y a des missions dans six endroits : Soudan, Congo, Mali, Sud-Soudan, Sahara occidental et République centrafricaine. Cette tendance, selon les experts consultés par Sputnik, n’est pas une coïncidence.

    À cet égard, Sandra Kanety, universitaire et chercheuse à la Faculté des sciences politiques et sociales de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), explique que l’emplacement des missions de maintien de la paix en Afrique se trouve dans des pays du sud de la planète considérés comme sous-développés, mais aussi, ajoute-t-elle, stratégiquement situés.

    « Ces pays disposent de ressources précieuses pour le système de production capitaliste et sont géographiquement situés à des endroits stratégiques pour les pays hégémoniques, tels que les États-Unis, les pays européens et même la Chine », souligne-t-elle.

    Selon Irwing Rico, expert en relations internationales et universitaire de l’UNAM, bien que l’on ne puisse affirmer que ces mécanismes ne recherchent pas la paix, la vérité est qu’ils obéissent également aux intérêts spécifiques d’autres pays, principalement les membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Le spécialiste affirme qu’historiquement, les pays africains ont été codépendants des économies européennes ; cependant, il souligne que cette dépendance semble être transférée à d’autres pays occidentaux par le biais de ce type d’opérations de paix parrainées par l’ONU.

    « Cela ressemble à un processus de néo-colonisation. Grâce à ce type d’opérations, qui ne sont placées sous le drapeau d’aucun pays, on essaie d’apparaître aussi peu interventionniste que possible, mais en fin de compte, on attend d’un pays qu’il se place au-dessus des autres », a-t-il déclaré.

    Selon les chiffres de l’ONU, au moins 57 missions ont déjà été menées à bien. La grande majorité d’entre elles se sont déroulées en Afrique (24), suivie des Amériques et de l’Asie-Pacifique.

    Estos datos, indica la profesora Kanety, reflejan que en estas misiones hay intervenciones con el velo de ayuda humanitaria.

    « Hay una especie de intervención disfrazada de ayuda humanitaria y que en realidad no deja de ser intervención; o sea, hay una lógica de hacer creer a los demás países que estas naciones del continente africano, Medio Oriente y el asiático los que necesitan ser estabilizados, los que necesitan ser pacificados a través de tropas militares », asevera.

    ¿Son eficaces estas misiones?

    Ambos expertos consultados por Sputnik coinciden en que estos mecanismos no han sido eficaces, pues el objetivo central de éstos es construir una paz duradera en las naciones en las que se instalan, lo cual no ha ocurrido.

    « Las principales críticas a las misiones es que no logran en realidad la estabilización de los conflictos y la construcción de una paz duradera; es decir si nos vamos con este objetivo —que ese objetivo central— pues no han sido eficaces porque en ninguna de las situaciones han realmente construido una paz que perdure », indica.

    Al respecto, Sandra Kanety apunta que si las misiones fueran eficaces, los países en donde se instalan no tendrían los altos índices de violencia que presentan. Y es que, acusa, estos mecanismos no cuestionan el porqué estos países llegaron, según Occidente, a conflictos armados.

    « Suponiendo que fueran eficaces, que no ha sido así, serían solo un paliativo, pues no se cuestiona por qué estos países llegaron a la inestabilidad. Yo te podría decir que gran parte de estos conflictos armados que intentan pacificar estas ‘tropas de paz’ son conflictos originados por la propia lógica sistémica y que tiene mucho que ver con el intervencionismo extranjero », subraya.

    Asimismo, la académica apunta que Occidente busca hacer creer que por medio de herramientas y personal militar se puede lograr la pacificación de ciertos países; sin embargo, apunta, que esto es un contrasentido, además de que este poder militar ha sido usado como una herramienta política.

    « Es una violencia explícita porque son tropas militares en territorio, violentando a la población reprimiendo a la población y eso es algo que no se dice. Entonces, bajo toda esta lógica de discursiva del desarrollo, de lo humanitario, del derecho internacional, pues se transgreden los derechos humanos y en realidad no están fomentando sociedades pacíficas estables, sino todo lo contrario, están agravando, problemas estructurales », asevera.

    ¿En qué otros países hay misiones activas?

    Además de las seis misiones instaladas en territorio africano, actualmente hay misiones en Chipre, Kosovo, Líbano, Israel (2) y Pakistán.

    Ces données, selon le professeur Kanety, reflètent le fait que ces missions sont des interventions déguisées en aide humanitaire.

    « En d’autres termes, il y a une logique qui consiste à faire croire aux autres pays que ces nations d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie sont celles qu’il faut stabiliser, celles qu’il faut pacifier par des troupes militaires », affirme-t-elle.

    Ces missions sont-elles efficaces ?

    Les deux experts consultés par Sputnik s’accordent à dire que ces mécanismes n’ont pas été efficaces, puisque leur objectif central est de construire une paix durable dans les nations où ils sont installés, ce qui n’a pas été le cas.

    « La principale critique à l’égard des missions est qu’elles ne parviennent pas réellement à stabiliser les conflits et à construire une paix durable ; en d’autres termes, si l’on s’en tient à cet objectif – cet objectif central -, elles n’ont pas été efficaces, car dans aucune des situations elles n’ont réellement construit une paix durable », souligne-t-elle.

    À cet égard, Sandra Kanety souligne que si les missions étaient efficaces, les pays où elles sont installées ne connaîtraient pas les niveaux élevés de violence qu’ils présentent. Elle accuse ces mécanismes de ne pas s’interroger sur les raisons pour lesquelles, selon l’Occident, ces pays sont impliqués dans des conflits armés.

    « À supposer qu’ils soient efficaces, ce qui n’a pas été le cas, ils ne seraient qu’un palliatif, car ils ne s’interrogent pas sur les raisons pour lesquelles ces pays sont devenus instables. Je peux vous dire qu’une grande partie des conflits armés que ces « troupes de la paix » tentent de pacifier sont des conflits qui trouvent leur origine dans la logique systémique elle-même et qui ont beaucoup à voir avec l’interventionnisme étranger », souligne-t-elle.

    L’universitaire souligne également que l’Occident cherche à faire croire que la pacification de certains pays peut être réalisée à l’aide d’outils et de personnel militaires ; cependant, elle souligne qu’il s’agit d’une contradiction dans les termes, outre le fait que cette puissance militaire a été utilisée comme un outil politique.

    « Il s’agit d’une violence explicite parce qu’il s’agit de troupes militaires sur le terrain, qui violent la population, la répriment, et c’est quelque chose qui n’est pas dit. Ainsi, dans toute cette logique discursive de développement, d’humanitarisme, de droit international, les droits de l’homme sont transgressés et, en réalité, ils ne favorisent pas des sociétés stables et pacifiques, mais au contraire, ils aggravent les problèmes structurels », affirme-t-il.

    Dans quels autres pays les missions sont-elles actives ?

    Outre les six missions sur le sol africain, il existe actuellement des missions à Chypre, au Kosovo, au Liban, en Israël (2) et au Pakistan.

    #ONU #Missions_de_paix #Casques_bleus #Occident #aide_humanitaire

  • La solidarité à géométrie variable

    Tags : Syrie, Turquie, séisme, tremblement de terre, aide humanitaire,

    MALIKA BOUSSOUF

    La chronique «C’est où, la Syrie ?» de mon ami et collègue Slimane Laouari parue dans le Soir d’Algérie il y a quelques jours m’a renvoyée, dès les premières lignes, à un reportage durant l’effroyable guerre en Syrie opposant le sinistre Daesh, dont la barbarie était adroitement assimilée à de la valeureuse résistance, au régime «autoritaire» de Damas. Fouad Boughanem, mon patron d’alors, Allah yarahmou wa iwassa3 3lih, s’était opposé à un reportage en Syrie où le drame qui se jouait interdisait de s’y rendre. Je suis allée au Liban, dont je n’ai pas publié la totalité du reportage parce que trop de matière pouvait en tuer l’essentiel. On avait projeté de publier le reste plus tard. Le séisme qui a violemment frappé une Syrie pas encore reconstruite remet cette dernière au cœur de l’actualité. Puisque le Liban était une occasion intéressante de percevoir le drame, j’avais pu visiter des camps de réfugiés à la frontière des territoires interdits d’accès. Je garde un souvenir troublant de ces familles regroupées par affinités idéologiques. Il y avait les soutiens de Daesh qui avaient fui le pays par peur d’être rattrapés par les loyalistes et ceux qui, craignant pour leur vie, avaient fui la barbarie islamiste. À mon retour des camps, j’ai voulu comprendre un peu mieux la situation et je dois reconnaître que les confrères et consœurs sur place m’y ont fortement aidée. L’un d’entre eux que je désignerai par les initiales C. K., correspondant d’une radio internationale, m’a mise en contact avec une sacrée pointure qui, à son tour, avait souhaité que je ne le nomme pas explicitement. Il était là à la demande de son ami pour m’éclairer sur ce qui se jouait de l’autre côté de la frontière. Je vais appeler ce dernier Marwan C. que je présenterai plus tard. J’avais le profil idéal pour mieux comprendre. Il faisait beau ce jour-là, lorsque ce dernier nous a rejoints au café Costa, comme convenu. Marwan C. arrivait au moment même où C. K., à la maîtrise impressionnante, évoquait, exemple à l’appui, la mauvaise foi des Occidentaux et leur tendance à toujours vouloir minimiser le danger terroriste quand il fait ravage dans un pays arabe.

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    Le séisme qui a endeuillé la Turquie et qui, en Syrie, a laissé à la marge les Syriens, tout autant frappés que leurs voisins, a remis, hier, au goût du jour la mauvaise foi occidentale, évoquée, il y a quelques années, par un confrère libanais. De celles qui s’expriment lorsqu’il est question de démontrer à la communauté internationale que le but de l’intervention de puissances occidentales dans les «dictatures arabes» vise à établir la démocratie que les populations qui en sont privées réclament. Elles agiraient ainsi, de leurs propres aveux, dans le but totalement désintéressé d’y instaurer la justice et la liberté. Personne ne croyait plus, m’assurait mon confrère, à ce gros mensonge mais tout le monde faisait comme si. L’appui ou la contestation des propos étaient étroitement liés aux intérêts que les uns et les autres étaient censés engranger grâce à toute la confusion créée entre-temps. L’expert en relations internationales Marwan C., que j’ai cité hier, ancien journaliste, auteur, chercheur et consultant pour de nombreux médias arabes et occidentaux, trépignait. Cela prouvait que la discussion à bâtons rompus que nous avions C.K. et moi ne laissait pas indifférent le spécialiste qu’il était de la question. Je rappelle qu’il avait suggéré que je ne le cite pas, affirmant qu’il était juste là pour donner son avis. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, je trouvais dommage qu’il le fasse off the record. «Ce n’est pas de la mauvaise foi. C’est de la politique de haute voltige. Il ne faut pas se leurrer. Rappelez-vous, pour commencer, que s’agissant d’Al Nosra, le discours occidental officiel a consisté à dire, depuis le début des évènements : «Al Nosra, ce sont des agents du régime ! Al Qaïda, ce sont des agents du régime, Daesh ce sont des agents du régime» ! Autrement dit, tous ces monstres étaient des créations du régime. Et puisque la confusion était totale, insistait Marwan C., et que l’opinion, ignorante ou pas vraiment sensibilisée à la question, n’y connaissait et n’y comprenait absolument rien, autant lui faire avaler toutes les couleuvres que l’on voulait.

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    La triste occasion du séisme en Syrie était toute trouvée pour exhumer une vérité à laquelle on persiste à tordre le cou outre-mer. La réalité durant la guerre en Syrie, lorsque Daesh et ses excroissances, financés de toutes parts, menaçaient la stabilité d’un régime jugé apostat par les uns et réfractaire à la démocratie par les autres, démontrait que les opinions occidentales et les opinions arabes, elles-mêmes, étaient désorientées. Parce que la situation se révélait, effectivement, extrêmement complexe. J’ai alors demandé à mes confrères libanais si la situation était complexe ou voulue complexe. «Pas simplement !» me disent-ils. «Parce que, par ailleurs, des transformations en profondeur ont lieu. La crise existe bel et bien. Ce sont les islamistes contre le reste du monde.» Selon les deux amis pris dans le feu de la discussion, il fallait garder deux choses en tête dont la réalité et l’évolution de la situation en Syrie même. Ce qui s’y passait n’était pas banal. C’était grave ! En ce temps-là, Damas faisait face, disaient-ils, à des situations où le terme «complexe» perdait tout son sens et devenait un terme générique, fourre-tout. Même si le contexte qui englobait la notion de complexité demeurait intéressant en tant que tel. «Nous vivons donc réellement une situation compliquée même si elle est de moins en moins confuse», avait renchéri Marwan. Là où tous les ingrédients destinés à asseoir une crise sociale et politique en Syrie, comme ailleurs dans le monde arabe, étaient réunis. «Toutes les conditions objectives, en faveur d’explosions sociales, de révoltes et j’en passe, à l’échelle du monde arabe, sont là. Tous les ingrédients qui génèrent les crises politiques majeures sont là. À l’image de toutes les crises politiques majeures qui ont secoué le monde ces dernières années.»

    À mon besoin d’en savoir plus sur la dimension sociale dans la contestation syrienne, C. K. a ouvert une parenthèse pour parler de révolte de la paysannerie. C’est ce qui, sans doute, expliquait que, dans une logique de classes sociales, la bourgeoisie sunnite ait soutenu le régime ? ai-je pensé. (À suivre)

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    En évoquant hier la révolte de la paysannerie syrienne citée par C. K., je m’étais demandé si cela n’entrait pas dans une logique de classes sociales avec une bourgeoisie alliée au pouvoir. «Oui», m’a-t-il répondu. «Parce que c’est cette même bourgeoisie qui a profité de la libéralisation quelque peu sauvage et désordonnée de ces dernières années. Pendant que le système agricole en Syrie faisait les frais de cette dérégulation. La sécheresse a fait de gros dégâts dans le monde paysan… Alors que la réforme agraire était l’une des principales réalisations du parti Baath. La révolte a été encouragée et récupérée dès les premiers instants.» Quels étaient donc ces ingrédients en faveur de la révolte qui étaient réunis ? Cela faisait un pluriel inquiétant. «Social, économique, politique, y compris les exactions par certains appareils de sécurité…Tout ! Absolument tout, était réuni. le chômage, la misère, les inégalités sociales, le mépris, la répression…», m’ont répondu en chœur les deux confrères. La discussion devenait réellement passionnante !

    «Vous savez, il y a un philosophe et dramaturge français, Alain Badiou, qui s’est beaucoup impliqué dans la défense des sans-papiers et autres travailleurs clandestins. Il dit par exemple que ce n’est pas parce qu’il y a une révolte sociale que cette révolte va, nécessairement, aboutir à quelque chose de positif. Une révolte peut être détournée, récupérée…» Ils en avaient, affirmaient-ils, un exemple très clair. La seconde chose à laquelle Marwan avait auparavant fait allusion avait trait au fait qu’au départ, la contestation était disparate, pas coordonnée. Mais très vite, des structures organisées, à l’extérieur de la Syrie, en Europe et au Liban, avaient tenté d’apporter une certaine cohérence à l’insurrection en lui donnant une orientation. «Comme les feuilles de route, derrière lesquelles on devinait les objectifs, étaient nombreuses, la cacophonie s’est amplifiée et a aggravé la situation.

    Les mots d’ordre et les objectifs se sont multipliés et avec eux on est passé de revendications ponctuelles et locales à des revendications d’ordre général.»

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    La révolte, désordonnée au départ, qui s’est structurée grâce à une assistance extérieure, n’excluait pas le fait que les revendications étaient légitimes. Et beaucoup d’entre elles gardaient, malgré la situation chaotique, toute leur légitimité. «Ah ! mais j’approuve tout à fait ce que vous défendez. Au contraire. Mais là où je trouve que l’analyse devient intéressante, c’est lorsqu’elle s’oriente vers toutes ces revendications qui passent, très vite, d’un cadre local où l’on réclame des réformes, à un discours prônant un renversement de régime.» Là où Marwan se montrait intraitable, c’était sur le fait que l’on s’était mis à en appeler à une intervention étrangère pour destituer Bachar Al- Assad. Que le régime soit autoritaire ou pas ne changeait rien au climat qui régnait dans la région. Il y avait eu l’exemple libyen et tout le monde rêvait d’une réédition de ce modèle. On a pensé que l’affaire ne prendrait pas plus de deux mois. «D’une part, les choses ne se sont pas passées comme prévu et d’autre part, la révolte populaire était à l’origine majoritairement pacifique. Mais, très vite, on a constaté, çà et là, un début de clashs armés avec les forces de l’ordre.»

    En citant quelques exemples précis, on m’a expliqué que le but des clashs armés «face à un appareil sécuritaire syrien dysfonctionnel, gangréné par la corruption et qui avait tous les problèmes du monde à réagir de façon sereine et organisée, était de le provoquer de façon à aggraver le caractère violent de la riposte». Cette dernière était-elle censée justifier la radicalisation de la colère, l’aggravation de l’état insurrectionnel et pourquoi pas préparer le terrain et ouvrir la voie à une ingérence étrangère ? «On tirait sur les forces de l’ordre, la logique voulant qu’ils réagissent en mitraillant les protestataires. Mais si, parallèlement, on allait sur le terrain pour enquêter sur les raisons qui avaient poussé la situation à dégénérer, à tel endroit et à tel autre, on découvrait vite qu’il y avait eu des convergences inédites d’intérêts entre les acteurs ayant joué un rôle dans les faits incriminés.

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    Soyons clairs ! À aucun moment je n’ai pensé que Marwan C. et C. K., mes confrères libanais, étaient des supplétifs de l’armée syrienne. J’ai appris à leurs côtés à mieux appréhender la réalité syrienne, tandis que les médias occidentaux en disaient pis que pendre. D’un côté, il y avait, selon l’expert en relations internationales, des chefs locaux de renseignement, corrompus jusqu’à la moelle, qui ne voulaient pas des réformes envisagées et qui, dans leur résistance au changement, allaient, dès le départ, pousser les gens à bout et jouer à fond la carte d’une confrontation violente pour empêcher lesdites réformes et, de l’autre, il y avait ceux qu’il qualifiait d’avortons d’Al Qaïda et autres califes en herbe, téléguidés par les services jordaniens, turcs, saoudiens, etc. Marwan, expert en terrorisme international, parlait d’un travail fait en amont. Je pensais qu’il faisait allusion aux réseaux islamistes. Mais non, pas seulement. Parce que sur le théâtre des opérations ou en soutien aux intervenants se bousculait une nuée de courants très différents les uns des autres. Le travail en amont aurait été fait notamment par les services saoudiens, turcs, etc. qui disposaient, en Syrie, de relais, d’éléments avec lesquels ils avaient tissé des liens étroits. Une fois la crise déclenchée, ce sont ces forces-là qui seraient entrées en action et auraient poussé à la confrontation armée et au pourrissement.

    «Si on revenait, aujourd’hui, sur le scénario libyen, reprend C. K., il ne serait désormais plus question de révélations fumeuses provenant d’un quelconque sombre site en France ou ailleurs. Des livres ont été écrits sur l’histoire de la pseudo-révolution libyenne où on reconnaît que, très vite, les forces spéciales qataries et jordaniennes étaient sur le terrain et dans lesquels il est relaté comment les armes ont été acheminées d’un point à l’autre.» Il est vrai qu’à l’exception de quelques voix qui continuent à marteler que le ras-le-bol était sincère et justifié, plus personne n’ignore que cette révolution libyenne a été, dans la réalité, très largement construite à l’extérieur.

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    La majorité des intervenants n’évoquent que le récent drame qui a endeuillé la Turquie. La Syrie ? Du bout des lèvres. Puisque cette dernière n’est toujours pas libérée de l’autorité de Bachar Al-Assad, pourquoi s’en faire pour les siens? Des tragédies, comme celle que viennent de connaître les Syriens, réveillent inévitablement les drames antérieurs que les victimes aimeraient pouvoir oublier. On dit, sournoisement, de la zone touchée par le séisme qu’elle est occupée par des populations hostiles au régime de Damas. Ce qui expliquerait qu’elles n’aient pas été secourues par ce dernier. L’excuse toute trouvée par un Occident plutôt occupé à faire tourner ses usines d’armement en faveur de l’Ukraine relève d’une mauvaise foi désormais familière pour tout observateur averti. Plus on passe sous silence l’urgence des besoins syriens, plus les échecs enregistrés par les va-t-en guerre dans les pays arabes réveillent une mémoire que les calculs européens aimeraient enterrer jusqu’à la prochaine offensive. Je racontais hier comment, durant la guerre en Syrie, on avait très vite affiché sa volonté de pousser à une confrontation armée. En déroulant, pour les besoins de mon reportage, les étapes par lesquelles la Syrie, sous agression, était passée, mes confrères libanais Marwan C. et C. K. ont tenu à préciser qu’il n’était absolument pas dans leurs intentions de dédouaner le régime syrien. «Je ne suis pas copain avec Bachar Al-Assad mais je n’irai pas, non plus, contre la réalité des faits», précise Marwan. Et la réalité des faits, selon lui, exigeait que l’on se souvienne que, bien avant le soulèvement populaire, le régime syrien était engagé dans un sérieux bras de fer politique avec des acteurs régionaux importants comme les Saoudiens, les Jordaniens, les Israéliens, etc. Beaucoup d’entre ces derniers auraient considéré que le nouveau contexte leur offrait une opportunité historique de se débarrasser de lui. Ils auraient, alors, poussé à l’exacerbation du conflit dans l’optique, une fois que les choses commenceraient à dégénérer, d’en appeler à une intervention internationale comme en Libye.

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    Lorsqu’un pays complote contre un autre, il oublie dans ses calculs de compter avec les alliés de ce dernier. Dans le cas syrien, l’ennemi a fait l’impasse sur l’intransigeance des positions russe et chinoise et la mise en garde iranienne. «Alors que l’intervention extérieure ne semblait plus un scénario envisageable, il a fallu réfléchir à d’autres moyens d’abattre le régime syrien», m’expliquèrent mes deux confrères. Quels pouvaient donc être ces instruments ? Au bout d’un certain temps de confrontation sur le terrain, des scissions dans l’armée syrienne ont été enregistrées. Mais rien de bien significatif. Il y a eu aussi quelques groupes locaux qui ont fait leur apparition. Peu efficaces. Le régime les balayait d’un revers de main à chaque affrontement. Face à tous ces ratages, on s’est dit que des gens plus sérieux, plus aguerris devaient entrer en scène et jouer un rôle direct dans la fragilisation de l’armure. Daech, Al Nosra et tous leurs supplétifs ? Oui ! Sauf que Daech ou Al Nosra n’étaient pas de simples pantins dans l’affaire. Ils avaient leurs propres agendas. Leur logique à eux !

    D’où la question qui revenait sur toutes les lèvres depuis qu’ils étaient apparus sur la scène publique. S’ils n’étaient ni une création de la CIA ni celle des services secrets arabes, d’où sortaient-ils ? Marwan, qui maîtrisait la question à la perfection, prit la parole avec une pédagogie déconcertante.
    «Si l’on revenait, historiquement parlant, aux sources du djihadisme, une chose que beaucoup de chercheurs notent sans tirer les conclusions qui s’imposent, c’est la question relative à la naissance du djihadisme islamiste. L’idée est née en prison. Et le premier à avoir théorisé le fait de jeter l’anathème sur le pouvoir pour ensuite le renverser par la violence, c’est Sayed Qotb, l’idéologue des Frères musulmans qui, à partir de la prison où il était incarcéré, prônait un djihad sanglant contre les ennemis de la Oumma El Islamiya et donc contre Allah son Tout-Puissant Promoteur.»

    Les minutes s’écoulent et Marwan est intarissable sur le sujet. Son exposé à ma seule intention est passionnant.

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    Du séisme qui a gravement endeuillé la Syrie, à l’aide internationale frileuse, aux tentatives internes et externes, ratées, de déposer Bachar Al-Assad, à la naissance de Daesh, d’Al Nosra et autres groupuscules payés pour déstabiliser le régime, à la naissance du terrorisme islamiste, avec mes deux confrères libanais, tout y est passé. J’ai déjà raconté comment, dans le café Costa où nous nous trouvions, Marwan avait commencé à développer la question relative à la naissance, en prison, du djihadisme islamiste avec un Sayed Qotb qui y prônait le djihad. Arrivent, ensuite, selon lui, «les premiers djihadistes égyptiens qui vont, en s’inspirant de lui, élaborer leurs propres thèses sur la question. les premiers Frères musulmans qui vont évoluer vers le djihadisme commencent par élaborer leur thèse sur le djihad, l’action armée et tout ce qui va avec. Ils vont procéder à un amalgame idéologique entre le salafisme, les thèses de Qotb et d’autres thèses empruntées à divers courants politiques. Ceux qui connaissent les prisons et surtout les prisons politiques savent combien la relation entre geôliers, services et prisonniers est étroite. Ce n’est pas un hasard si tous les groupes qui ont commencé à agir sur le terrain, en Égypte, dans les années 70, étaient infiltrés jusqu’à la moelle». Vient ensuite la question de la manipulation de ceux que l’on appelle plus aisément aujourd’hui «terroristes islamistes». Que la manipulation vise les personnes individuellement ou les groupes. Lorsqu’on leur proposait de les libérer contre un aller pour Kaboul, même si cela apparaissait plus comme un deal entre le prisonnier et son geôlier, il n’en demeure pas moins que la manœuvre était bel et bien là !

    «Évidemment qu’elle était là, la manœuvre ! Mais il ne faut pas croire que les islamistes égyptiens étaient dupes au moment où le deal se concluait. les premiers qui sont partis en Afghanistan, on l’a dit, ce sont les Égyptiens», intervient C.K. ! Comme cela ne suffisait pas à ce que je comptais publier, j’ai demandé que l’on étende la discussion aux départs pour le «djihad» en Afghanistan.

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    Passer du statut de prisonniers à celui de djihadistes venus aider les frères afghans à triompher de l’ennemi soviétique n’était pas censé transformer les troupes en chair à canon. Les tout premiers à être allés, en 1983, rejoindre les Ben Laden et Cheikh Abdallah Azem avaient compté parmi eux Ahmed Chawki el Istanbouli, le frère de Khaled El Istanbouli, l’homme qui a tué Sadate. Ce dernier avait, dans un entretien paru dans le magazine El Watan el Arabi, reconnu que les services généraux égyptiens étaient venus le voir en prison, en 1983, pour passer un contrat avec lui. Ils étaient prêts à le libérer si, en contrepartie, il acceptait d’aller se battre contre les Soviétiques en Afghanistan. «Une fois sur le champ de bataille afghan, les ex-prisonniers ont eu le soutien nécessaire à leurs actions. L’entraînement et l’acheminement des armes ont été en grande partie assurés par les services, notamment égyptiens. Plus tard, lorsqu’ils sont allés prêter main-forte en Bosnie, le seul point de passage pour y accéder était l’aéroport de Zaghreb, contrôlé par les services occidentaux. «Tous ces exaltés qui arrivaient barbus, dangereux, terrifiants, entraient normalement. Personne n’était dupe des intentions occidentales. Il y avait l une volonté de les canaliser. Et eux ont accepté de jouer le jeu ! Ils se sont dit qu’ils allaient faire la guerre. Et qu’une fois sur place et une fois bien entraînés et renforcés, ils s’autonomiseraient» !
    D’où le 11 septembre ! «Oui ! D’où le 11 septembre ! Le monstre a pris son envol et frappé sans état d’âme !»

    Je me suis, dès lors, demandé si un scénario identique n’était pas en train de se jouer en Syrie. La comparaison valait la peine d’être faite. Des milliers de combattants arrivaient de partout à travers le monde et passaient tous ou en grande partie par la Turquie. Des prisonniers saoudiens étaient libérés du jour au lendemain et arrivaient en Turquie comme des combattants libyens, etc. Tous ont été encouragés à partir et on leur a facilité le départ. De généreux donateurs payaient les billets et finançaient tout le reste.

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    Des généreux donateurs, il y en aura toujours qui se bousculeront dans pareil cas ! Une fois la manipulation réussie, on paye les billets d’avion, les armes, les entraînements… Des budgets conséquents sont exclusivement réservés pour nourrir l’ennemi. La question qui revenait sur toutes les lèvres concernait la Turquie ! D’aucuns affirmaient qu’Ankara fonctionnait en harmonie avec les services étrangers qui, pourtant, n’appréciaient pas que ses frontières avec la Syrie soient aussi poreuses. Mais la Turquie ne le faisait pas pour rendre service aux Américains, aux Saoudiens ou aux Français. Elle le faisait pour elle-même. «Ankara voulait renverser Assad et pour y arriver, il n’y avait pas trente-six mille solutions. La Turquie persistait à croire qu’elle était la puissance régionale la plus influente en Syrie. Elle entretenait des relations historiques, économiques, sociales avec le Nord, avec Alep, avec des segments importants de la bourgeoisie.» Autrement dit, Si Assad était déposé, l’influence turque en Syrie se renforcerait considérablement. Restait à définir la meilleure manière d’opérer pour triompher enfin de son sérieux rival dans la région. Intervenir militairement en envoyant sur place l’armée turque ? Marwan, rompu aux stratégies des uns et des autres au Moyen-Orient, fit un «non» de la tête. «Je ne pense pas. Les alliés de Bachar Al-Assad lui en feraient voir de toutes les couleurs. Imaginez les effets dévastateurs d’une guérilla turque ? Ils ont donc préféré instrumentaliser les djihadistes, en attendant de trouver la solution pour une action d’envergure. Dans l’entretemps, on a fermé le yeux sur tous les terroristes qui passaient par la Turquie pour aller combattre en Syrie.» Le calcul le plus rentable, pour Ankara, était de canaliser les flux, même si, selon mes confrères libanais, beaucoup d’intervenants occidentaux et régionaux hésitaient face à ce genre de stratégie. Beaucoup craignaieant qu’une fois sur le terrain, ces forces deviennent hégémoniques, s’autonomisent et finissent par poser problème… Les Turcs ont préféré prendre le risque plutôt que ne rien faire.

    Source

    #Syrie #Turquie #Séisme #Aide_humanitaire #ISIS #Daech #Terrorisme #AL_Qaida #Bacha_Al_assad

  • Un soldat nigérian tue un travailleur humanitaire et blesse un pilote d’hélicoptère de l’ONU

    Un soldat nigérian tue un travailleur humanitaire et blesse un pilote d’hélicoptère de l’ONU

    Tags : Nigeria, ONU, UNHAS, aide humanitaire,

    Un soldat nigérian a blessé par balle un copilote d’hélicoptère des Nations Unies jeudi avant de tuer un travailleur humanitaire et un autre soldat dans une base militaire du nord-est du Nigeria.

    L’armée nigériane a déclaré dans un communiqué qu’un de ses membres avait blessé par balle un copilote d’hélicoptère du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) dans le nord-est, où l’armée combattait une insurrection islamiste.

    Le porte-parole de l’armée pour l’opération anti-insurrectionnelle Samson Nantip Zhakom a déclaré que le soldat anonyme a ensuite tiré et tué un travailleur de l’une des organisations qui fournissent de l’aide humanitaire dans la région, avant de se retourner contre un autre soldat.

    « Nos propres troupes au sol ont immédiatement neutralisé le personnel errant », a déclaré Zhakom, ajoutant que le copilote blessé était dans état stable dans un hôpital.

    L’on ignore ce qui a provoqué l’attaque, mais Zhakom a déclaré que des enquêtes étaient en cours.

    L’UNHAS assure le transport des travailleurs humanitaires qui voyagent vers et depuis la ville de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, qui est l’épicentre de l’insurrection islamiste.

    Selon un témoin, le soldat s’était approché d’un hélicoptère de l’UNHAS à l’intérieur d’une base militaire à Damboa et avait ouvert le feu sur le copilote alors qu’il tentait de s’échapper. Il s’est alors retourné et a tiré sur des humanitaires qui voulaient monter à bord de l’hélicoptère.

    L’UNHAS a déclaré qu’elle avait annulé toutes les missions d’hélicoptères à destination et en provenance du lieu de l’incident jusqu’à nouvel ordre.

    Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (UN-OCHA) a condamné le meurtre de son personnel et d’autres personnes sur une base militaire dans la zone de gouvernement local de Damboa, dans l’État de Borno.

    « Au nom des Nations Unies, je transmets mes sincères condoléances à la famille de la travailleuse humanitaire et à ses collègues. Je souhaite également un prompt rétablissement à un pilote travaillant avec le Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) qui a été blessé lors de l’attaque déplorable d’un soldat apparemment voyou. Tout le personnel humanitaire travaillant dans le nord-est du Nigéria mérite notre plus grand respect pour son courage et son engagement à rester et à fournir une aide vitale aux personnes dans le besoin dans des circonstances souvent difficiles et dangereuses. Les travailleurs humanitaires doivent être protégés » a déclaré le coordinateur humanitaire pour le Nigeria, Matthias Schmale.

    #Nigeria #ONU #UNHAS

  • Guterres soutient le Maroc dans la question du Sahara

    Guterres soutient le Maroc dans la question du Sahara

    Maroc, Sahara Occidental, Antonio Guterres, HCR, Omar Hilale, recensement, aide humanitaire, réfugiés sahraouis,

    Lors de l’annonce de sa candidature pour succéder le coréen Ban Ki-moon, la presse marocaine n’a pas caché sa joie. Il est très apprécié au Maroc, sentiment clairement manifesté dans une lettre qu’il a reçu de l’ancien ministre marocain des affaires étrangères et aujourd’hui Premier Ministre, Saadeddine El Othmani et où il disait que son institution, le HCR, « joue, incontestablement, un rôle positif dans le différend régional sur le Sahara marocain ».

    Deux ans après son arrivée à la tête du HCR, en 2007 plus précisément, Antonio Guterres a voyagé au Maroc où il a conclu avec le gouvernement marocain un accord de coopération entre le HCR et le Maroc. Rabat lui fournira chaque année un million de dollars comme contribution au budget de l’institution onusienne. Une méthode de soudoiement que Rabat a utilisé aussi avec le HCDH et avec laquelle il a réussi á neutraliser Mme Navi Pillay.

    En 2009, Guterres aura toujours une oreille très attentive auprès des marocains. Il se déplace aux camps des réfugiés sahraouis en Algérie et il va mettre sur table une revendication très chère au Maroc : le recensement des réfugiés sahraouis. En réaction à la réponse négative des autorités sahraouies, Guterres réduit l’aide humanitaire en l’ajustant au chiffre de 90.000 personnes. Ainsi, il a mis définitivement, début 2010, fin à la version des 160.000 réfugiés donné par le Front Polisario. En 2013, il déclina une rencontre sollicitée par le défunt président sahraoui, Mohamed Abdelaziz.

    Selon un courrier confidentiel de la diplomatie marocaine, l’ambassadeur, à l’époque, du Maroc à Genève, Omar Hilale, explique que son argumentaire tenu auprès d’Athar Sultan Khan, chef de cabinet d’António Guterres, a permis de convaincre le Haut-commissaire aux réfugiés de décliner une rencontre avec l’ancien dirigent du Polisario. Suite aux révélations sur la collaboration et le parti pris du suédois Anders Kompass avec le Maroc, le président du HCDH a pris le soin de l’éloigner des bureaux de l’ONU. Cependant, la taupe marocaine au HCR n’a pas été dérangé et il continue, jusuqu’à présent, à exercer le poste de chef de cabinet du président du HCR.

    Selon Omar Hilal, Antonio Guterres a une attitude bienveillante à l’égard du Maroc sur le dossier du Sahara:

    Griefs retenus contre Guterres quand il était à la tête du HCR:

    – A refusé de recevoir le défunt Président de la RASD
    – A accordé des audiences à une délégation du CORCAS et autres représentant du Makhzen
    – A fermé les yeux sur la corruption de ses proches collaborateurs (Athar Khan, el Hilo etc…)
    – A participé à la fête du trône
    – A répondu favorablement à la demande du Maroc concernant le recensement des réfugiés sahraouis des camps de Tindouf;
    – Ne s’est pas opposé à la correction du rapport conjoint PAM-HCR sous la pression du Maroc;

    (Dans ce document, Hillal a remis un argumentaire à Guterres afin de le convaincre de ne pas recevoir le défunt Président de la RASD)

    Dans cette note, le Maroc marque sa « satisfaction quant à la relation de coopération et de partenariat exemplaire qu’il entretient avec votre agence, notamment pour la mise à niveau de son cadre juridique et institutionnel national pour la protection des réfugiés: Parallèlement, le Maroc se réjouit des liens de confiance qu’il a tissés avec le Haut Commissariat, permettant ainsi de clarifier, dans le dialogue et la transparence, les interrogation ou incompréhensions pouvant survenait occasionnellement ».

    La question du recensement des réfugiés sahraouis de Tindouf:

    Dans le but de répondre aux exigeances marocaines, Guterres a réduit l’aide humanitaire destinée aux réfugiés sahraouis en réduisant leur chiffre de 120.000 à 90.000.

    #Maroc #Sahara_Occidental #ONU #HCR #Réfugiés_sahraouis #Antonio_Guterres

  • La Mauritanie reçoit une aide humanitaire de l’Algérie

    La Mauritanie reçoit une aide humanitaire de l’Algérie

    Mauritanie, Algérie, inondations, aide humanitaire,

    ALGER – L’Algérie a acheminé, mardi, des aides humanitaires vers la République islamique de Mauritanie, pays frère, suite aux récentes inondations survenues dans certaines régions de ce pays.

    Ces aides humanitaires ont été chargées à bord de deux avions militaires relevant des Forces aériennes de l’Armée nationale populaire (ANP) à partir de la base aérienne de Boufarik (Blida).

    Dans une déclaration à la presse, la présidente du Croissant Rouge Algérien (CRA), Ibtissem Hamlaoui a indiqué que ces aides entraient dans le cadre des « relations fraternelles et le soutien constant de l’Etat algérien à la Mauritanie, pays frère. Elles viennent en consolidation des efforts consentis par ce pays face aux conséquences des inondations survenues récemment dans certaines régions de la Mauritanie ».

    La Mauritanie a connu de nombreux morts et dégâts matériels dans plusieurs régions ces dernières semaines en raison des fortes pluies torrentielles et diluviennes depuis le début de l’automne en cours.

    Un total de 23 personnes ont trouvé la mort au cours des deux derniers mois suite aux fortes chutes de pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions de la Mauritanie.

    #Mauritanie #Algérie #Inondations

  • Réfugiés sahraouis-Sahel: L’aide alimentaire réduite de 50%

    Sahara Occidental, Sahel, aide alimentaire, aide humanitaire, Mauritanie

    Les rations alimentaires distribuées par le système des Nations unies dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf ou du Sahel, situés au sud de la Mauritanie, pourraient diminuer de 50 % selon les calculs du PAM, en raison de la hausse des prix des céréales et des taux de fret.

    Bien que le système de prépositionnement utilisé par le PAM dans sa base logistique de Las Palmas de Gran Canaria, d’où il distribue les aliments en Afrique de l’Ouest et au Sahel, lui a permis de ne pas souffrir gravement des conséquences de la guerre en Ukraine, puisqu’il anticipe et achète les céréales un an à l’avance, il subit l’impact de l’augmentation des prix du fret, ainsi qu’une augmentation significative des futurs achats anticipés.

    EFE, 4 juin 2022

    #SaharaOccidental #Mauritanie #Sahel #ONU #aide_alimentaire #Tindouf

  • Guerre des mots sans précédent entre Guterres et l’Ethiopie

    António Guterres, ONU, aide humanitaire, Conflits armés, Conseil de sécurité, Éthiopie, Tigré, #Ethiopie, #ONU,

    NATIONS UNIES – Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, mène une bataille diplomatique sans précédent avec l’un des États membres de l’organisation mondiale : l’Éthiopie, un pays politiquement troublé qui a désespérément besoin d’une aide humanitaire internationale.

    La guerre des mots, dans une institution dans laquelle le secrétaire général est traditionnellement considéré comme subordonné aux 193 États membres, est si rare selon les normes onusiennes, obligeant Guterres à exercer son « droit de réponse » le 6. » Au Conseil de sécurité, le corps le plus puissant du corps.

    L’affrontement a éclaté lorsque le gouvernement éthiopien a décidé le 30 septembre de déclarer « personas non gratas (PNG) » sept responsables de l’ONU (Nations Unies), dont la plupart fournissaient une aide humanitaire, à qui il a donné 72 heures pour quitter le pays de la corne de l’Afrique.

    Dans un briefing sur l’exercice de son droit de réponse « que nous n’avons jamais vu au Conseil de sécurité », il lui a été posé la question suivante : « Est-ce une expression du niveau de votre mécontentement, en ce moment, envers l’ambassadeur ? d’Ethiopie ? « 

    « Il est de mon devoir de défendre l’honneur des Nations Unies », a répondu Guterres.

    Auparavant, lors de la session du Conseil de sécurité, il avait estimé que le gouvernement d’Addis-Abeba « n’a pas le droit d’expulser ces membres de l’ONU », parmi lesquels figurent les chefs de mission dans ce pays du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef ) et le Bureau des Nations unies pour la coordination de l’aide humanitaire (Ocha).

    Le secrétaire général a souligné que l’expulsion du personnel de l’ONU est « particulièrement préoccupante » car il existe « une immense crise humanitaire » dans le pays, que les agences de l’agence ont contribué à atténuer.

    Dans la diplomatie internationale, l’utilisation de la PNG repose sur le principe de réciprocité : « vous expulsez nos diplomates et nous expulsons les vôtres », comme cela était évident à l’époque de la guerre froide entre l’ONU et l’Union soviétique de l’époque.

    Des spécialistes ont rappelé que l’expulsion massive de diplomates est devenue une caractéristique de la guerre froide, lorsque les diplomates de l’Union soviétique et de ses alliés étaient souvent soupçonnés d’être des agents de renseignement et sommés de partir, généralement après un scandale d’espionnage.

    Inévitablement, les Russes et leurs alliés ont riposté et expulsé les diplomates occidentaux. La plus grande expulsion a eu lieu en 1971, lorsque le gouvernement conservateur britannique de l’époque a expulsé 90 des 550 membres de l’ambassade de l’Union soviétique à Londres et a empêché le retour de 15 autres diplomates.

    Mais l’ONU n’a pas de réciprocité diplomatique, et Guterres n’a pas non plus le pouvoir ou l’autorité d’expulser les diplomates éthiopiens de l’ONU ou de New York.

    Le gouvernement d’Addis-Abeba fait valoir que les sept responsables de l’ONU ont été expulsés du pays parce qu’ils « s’étaient ingérés dans les affaires intérieures de l’Éthiopie ».

    Mais à la date du vendredi 8, l’Éthiopie n’avait pas répondu à la demande du secrétaire général d’obtenir des preuves concrètes de l’expulsion.

    Guterres soutient également que le concept de persona non grata s’applique aux relations entre nations souveraines, et non aux relations entre l’ONU et ses États membres.

    Le représentant de l’Éthiopie auprès de l’organe, Taye Atske Selassie Amde, a déclaré que son pays n’avait aucune obligation légale de justifier ou d’expliquer ses décisions, et a énuméré les allégations de « faute » de la part de responsables de l’ONU.

    Le différend a apparemment été déclenché par le fait que l’ONU fournissait également une assistance humanitaire aux forces rebelles dans un pays où près de sept millions de personnes ont besoin d’une telle assistance.

    Le gouvernement d’Addis-Abeba fait face aux rebelles du Front populaire de libération du Tigré, dans cette région du nord du pays, qui a considérablement dévasté la région.

    Lorsqu’il fournit de la nourriture et des médicaments d’urgence, l’ONU affirme que sa distribution n’est pas guidée par la politique, mais par des facteurs humains, ils insistent sur l’organisme.

    Kul Gautam, ancien sous-secrétaire général de l’ONU et ancien directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, a déclaré à IPS que « plusieurs représentants de l’UNICEF et de l’ONU ont été attaqués comme la PNG, mais jamais l’ONU n’a adopté une position publique aussi forte et catégorique que dans ce cas ».

    Dans le passé, a-t-il dit, les secrétaires généraux de l’organisme et les chefs d’agence ont protesté et condamné de telles expulsions, « mais je ne me souviens pas que l’ONU ait jamais remis en question le droit du gouvernement incriminé de déclarer le personnel international de l’ONU persona non grata ».

    Par conséquent, a-t-il analysé, ce fut une (agréable) surprise que dans le cas du personnel de l’ONU expulsé par le gouvernement éthiopien, le secrétaire général ait fait une déclaration publique audacieuse remettant en cause les actions et les déclarations du gouvernement éthiopien, à la fois dans les médias et dans le Conseil de sécurité.

    « J’espère et j’espère que le nouveau poste du secrétaire général a été soigneusement examiné et corroboré par le Bureau juridique de l’ONU et qu’il sera maintenu, si l’affaire est contestée devant la Cour internationale de justice », a déclaré Gautam.

    Dans le passé, a noté Gautam, le fait que le personnel des Nations Unies était accusé par des gouvernements autoritaires d’adopter une position de principe dans l’intérêt des Nations Unies ou des causes qu’ils servent (par exemple, l’intérêt supérieur de la population enfantine, dans le cas de l’Unicef), était souvent considéré comme « un insigne d’honneur » pour le ou les fonctionnaires impliqués.

    Après tout, a-t-il fait remarquer, le personnel de l’ONU prête allégeance à la Charte des Nations Unies qui parle de « Nous, les peuples des Nations Unies », et non « Nous, les gouvernements des Nations Unies ».

    Et il est spécifiquement interdit au personnel de l’ONU de recevoir des instructions de leurs gouvernements nationaux ou des gouvernements des pays hôtes, a-t-il soutenu.
    « Certains gouvernements préféreraient que l’ONU et ses agences leur envoient simplement un chèque dans le cadre de leur coopération. Mais l’Assemblée générale des Nations Unies, ainsi que les conseils d’administration des agences, fonds et programmes des Nations Unies, attendent du personnel des Nations Unies sur le terrain qu’il surveille attentivement l’utilisation et l’efficacité de l’aide qu’ils fournissent », a-t-il déclaré.

    Gautam a conclu : « Espérons que la réponse réfléchie du Secrétaire général de l’ONU à l’action unilatérale du gouvernement éthiopien conduira à l’habilitation des responsables internationaux de l’ONU à mener leurs activités humanitaires et de développement sans crainte ni faveur au mieux. personnes à qui cette aide est destinée ».

    Thomas G. Weiss, professeur de sciences politiques et directeur émérite du Ralph Bunche Institute for International Studies au Graduate Center de la City University de New York, a déclaré à IPS que « de nombreux responsables de l’ONU ont été déclarés PNG par le pays dans lequel ils étaient destiné. Les secrétaires généraux se plaignent parfois et parfois ils se taisent ».

    Stephen Zunes, chroniqueur et analyste pour Foreign Policy in Focus, qui a beaucoup écrit sur la politique du Conseil de sécurité, a déclaré à IPS que « je ne me souviens d’aucune occasion précédente où un secrétaire général a exercé son droit de réponse ».

    Mais ce n’est en aucun cas la première fois que des responsables de l’ONU sont expulsés ou déclarés persona non grata, a-t-il déclaré.

    Récemment, le Maroc a expulsé la plupart des casques bleus de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), considérée comme un territoire occupé. Le gouvernement de Rabat a invoqué le statut de PNG pour l’envoyé personnel du secrétaire général, Christopher Ross.

    La différence, a souligné Zunes, est que dans le cas du Maroc et dans d’autres cas précédents, le gouvernement impliqué avait au moins un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU en tant qu’allié inconditionnel, ce qui limitait la capacité du secrétaire général à faire face aux eux de manière si décisive.

    « Cette action sans précédent à l’égard de l’Éthiopie peut être à la fois le reflet de l’isolement diplomatique relatif de l’Éthiopie et de la gravité de son action contre l’ONU », a déclaré Zunes, professeur de politique à l’Université de San Francisco et président de votre Middle Département d’études orientales.

    Gautam a assuré que l’actuel Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, a profondément déçu la communauté internationale en commettant ou en consentant à de graves violations des droits humains contre la population d’une communauté ethnique minoritaire dans son propre pays. Un cas, a-t-il rappelé, similaire à celui d’Aung San Suu Kyi au Myanmar.

    Le fait que certains militants de la communauté ethnique aient également commis des atrocités ne justifie pas des actions dures et disproportionnées contre des civils innocents par le gouvernement d’un État démocratique qui devrait avoir un niveau d’exigence plus élevé, a-t-il soutenu.

    « Bien qu’il y ait eu plusieurs cas d’expulsion de fonctionnaires de l’ONU de divers pays par des gouvernements autoritaires, le fait que l’Éthiopie ait déclaré persona non grata sept fonctionnaires de l’ONU fournissant une aide humanitaire, sur des accusations apparemment fabriquées, est sans précédent », a déclaré Gautam.

    À son avis, la position prise par le Secrétaire général de l’ONU est également sans précédent, dont le porte-parole, Farhan Haq, a déclaré que « c’est la position juridique de longue date de l’Organisation de ne pas accepter l’application de la doctrine de persona non grata en ce qui concerne aux fonctionnaires des Nations Unies ».

    «Il s’agit d’une doctrine qui affecte les agents diplomatiques accrédités par un État auprès d’un autre État. L’application de cette doctrine aux fonctionnaires de l’ONU est contraire aux obligations découlant de la Charte des Nations Unies et aux privilèges et immunités accordés aux Nations Unies et à ses fonctionnaires », a-t-il déclaré.

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