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  • Burkina Faso : Face à l’insuffisance de l’aide humanitaire, plus de 2 millions de personnes déplacées

    Etiquettes : Burkina Faso, aide humanitaire, sécurité alimentaire, Al Qaïda, Etat Islamique,

    La violence liée à Al-Qaïda et au groupe État islamique a fait du Burkina Faso l’un des pays comptant l’une des populations de déplacés internes dont la croissance est la plus rapide au monde, leur nombre ayant augmenté de plus de 2 % depuis 000, selon les données du gouvernement.

    Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays d’Afrique de l’Ouest, la majorité d’entre elles étant des femmes et des enfants, alimentant une grave crise humanitaire alors que le conflit a poussé les gens à quitter leurs maisons, leurs fermes et à se réfugier dans des zones urbaines surpeuplées ou des camps de fortune.

    Les groupes d’aide et le gouvernement se démènent pour répondre au manque de fonds et aux besoins croissants. Une personne sur quatre a besoin d’aide et des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques de famine. Pourtant, même pas la moitié du budget de réponse humanitaire de 800 millions de dollars demandé l’année dernière par les groupes d’aide a été financée, selon les Nations Unies.

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    « Le spectre des conséquences (pour les gens) est vaste mais sombre à chaque point. Beaucoup de gens pourraient mourir, et ils meurent parce qu’ils n’ont pas pu accéder à la nourriture et aux services de santé, parce qu’ils n’étaient pas correctement protégés, et que l’aide humanitaire et la réponse du gouvernement n’étaient pas suffisantes », a déclaré Alexandra Lamarche, chercheuse principale au groupe de défense Refugees International.

    La violence a divisé une nation autrefois pacifique, conduisant à deux coups d’État l’année dernière. Les chefs militaires ont promis d’endiguer l’insécurité, mais les attaques djihadistes se sont poursuivies et se sont propagées depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir en septembre.

    Le gouvernement conserve le contrôle de moins de 50% du pays, principalement dans les zones rurales, selon les analystes du conflit. Al-Qaïda et les groupes affiliés à l’État islamique contrôlent ou menacent de vastes zones, a déclaré Rida Lyammouri, chercheur principal au Policy Center for the New South, un groupe de réflexion basé au Maroc.

    « Les forces de sécurité de l’Etat n’ont pas les ressources (humaines et matérielles) pour combattre les deux groupes sur tous les fronts », a-t-il déclaré.

    La stratégie des djihadistes consistant à bloquer les villes, à empêcher les gens de circuler librement et les marchandises d’entrer, a aggravé la crise des déplacements. Quelque 800 000 personnes dans plus de 20 villes sont assiégées, selon des groupes d’aide.

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    « La situation est très difficile. … Les gens n’ont pas de nourriture, les enfants n’ont pas d’école », a déclaré Bibata Sangli, 53 ans, qui a quitté la ville de Pama, dans l’est du pays, en janvier 2022, juste avant qu’elle ne soit assiégée. Elle a encore de la famille là-bas qui ne peut pas partir, a déclaré Sangli.

    Un leader communautaire qui a rencontré l’année dernière Jafar Dicko, le principal djihadiste au Burkina Faso, a déclaré que le groupe de Dicko bloquait les villes qui n’acceptaient pas ses règles, telles que l’interdiction de l’alcool et l’obligation pour les femmes de se voiler le visage. Le chef a parlé sous condition d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler aux médias.

    En janvier, les Nations Unies ont commencé à utiliser des hélicoptères de transport lourd Chinook pour transporter de la nourriture par avion vers des zones inaccessibles par la route – une approche extrêmement coûteuse. Les trois Chinook ont été réduits à un seul en mai, ce qui rend plus difficile d’atteindre un grand nombre de personnes aussi rapidement.

    Alors que la situation humanitaire se détériore, la capacité des groupes d’aide à opérer augmente également.

    Depuis le début des prises de contrôle militaires du gouvernement du Burkina Faso en janvier 2022, les incidents contre les organisations humanitaires perpétrés par les forces de sécurité sont passés d’un en 2021 à 11 l’année dernière, selon des données non publiées pour les groupes d’aide consultées par l’Associated Press. Au cours de ces incidents, des travailleurs ont été arrêtés, détenus et blessés.

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    En novembre, les forces de sécurité ont tué un travailleur humanitaire d’une organisation humanitaire burkinabè dans la région du Sahel, la vaste étendue sous le désert du Sahara, selon un SMS envoyé à un groupe WhatsApp de travailleurs humanitaires vu par l’AP.

    Les groupes de défense des droits de l’homme, les analystes et les civils affirment que Traoré, le chef de la junte, se concentre uniquement sur la réalisation de gains militaires et se soucie peu des droits de l’homme, de la liberté d’expression ou de la responsabilisation des personnes accusées de soutenir les militants.

    Les forces de sécurité du Burkina Faso ont tué au moins 150 civils dans le nord en avril, selon des habitants du village de Karma, où la plupart des violences ont eu lieu. Les procureurs ont déclaré avoir ouvert une enquête sur les meurtres.

    Plus tôt cette année, une enquête de l’AP sur une vidéo circulant sur les médias sociaux a déterminé que les forces de sécurité du Burkina Faso avaient tué des enfants dans une base militaire dans le nord du pays.

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    Pendant que le gouvernement fait la guerre, les civils en font les frais et perdent espoir.

    Après que des djihadistes ont attaqué son village dans l’est du Burkina Faso en avril, tuant des personnes et volant du bétail, un père de cinq enfants, qui ne voulait pas être identifié pour des raisons de sécurité, a fui vers Fada N’Gourma, la principale ville de la région.

    Mais maintenant, sa famille n’a pas de nourriture ni accès aux soins de santé, et l’aide fournie par les groupes humanitaires n’est pas suffisante, a-t-il dit.

    « Depuis que nous avons été déplacés, notre situation ne cesse d’empirer », a déclaré cet homme de 46 ans. « Ma maison me manque. »

    #BurkinaFaso #Famine #Crise_alimentaire #Crise_sécuritaire

  • Plus de 16 millions de personnes ont besoin d’aide au Burkina Faso, au Mali et au Niger

    Etiquettes : Mali, Burkina Faso, Niger, Sahel, aide humanitaire, sécurité alimentaire,

    Plus de 16 millions de personnes touchées par les conflits et les changements climatiques au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont besoin d’une aide humanitaire, selon un rapport d’une ONG publié lundi.

    Cela représente une augmentation de 172 % par rapport à 2016, a déclaré le Comité international de secours américain dans son rapport sur la région du Sahel.

    Les trois pays font face à une insurrection djihadiste meurtrière qui a commencé au Mali il y a plus d’une décennie, et la plupart du Sahel central « est fortement exposée aux changements climatiques », a-t-il averti.

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    Le rapport indique que les températures augmentent 1,5 fois plus rapidement que dans le reste du monde, avec une hausse prévue de deux à 4,3 degrés Celsius d’ici 2080.

    Les saisons sèches deviennent plus longues dans certaines parties du Sahel, et les précipitations deviennent plus intenses et erratiques, ce qui signifie que les sécheresses et les inondations sont amenées à s’intensifier, précise-t-il.

    Il existe un « cercle vicieux du changement climatique et du conflit armé », et la crise affecte de manière disproportionnée les femmes, a ajouté l’ONG.

    Près de trois millions de personnes ont été déplacées, dont deux millions rien qu’au Burkina Faso, a-t-elle déclaré.

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    Le rapport rejette la responsabilité sur les autorités de l’époque coloniale française, qui ont « négligé » le développement des zones périphériques et ont instauré des contrôles frontaliers perturbateurs, ainsi que sur les gouvernements post-indépendance.

    « Les décisions politiques depuis l’époque coloniale française jusqu’au début des années 2000 ont marginalisé les régions périphériques des États du Sahel central, tant sur le plan économique que politique », indique le rapport.

    « En conséquence, les populations de ces régions font face à une pauvreté généralisée, dépendent particulièrement des secteurs vulnérables aux changements climatiques et sont plus susceptibles d’être exposées aux conflits armés.

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    « Elles supportent donc un fardeau disproportionné de cette crise complexe. »

    L’ONG affirme également que les « fréquents coups d’État militaires », soit 17 dans la région depuis 1960, ont perturbé la politique économique et ont conduit les gouvernements à concentrer leurs dépenses sur la défense.

    L’ONG a appelé à une aide immédiate et à des investissements dans l’accès humanitaire.

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    #Mali #BurkinaFaso #Niger #Sahel #Famine #Sécurité_alimentaire

  • Les États-Unis s’efforcent de contrer l’influence russe et chinoise en Afrique

    Tags : Afrique, Etats-Unis, Chine, Russie, sécurité alimentaire, sécurité, défense,

    Washington organise le deuxième sommet des dirigeants américains et africains en un siècle ; la réunion portera sur la sécurité alimentaire après l’invasion de l’Ukraine et sur le défi climatique.

    Huit ans se sont écoulés depuis qu’en 2014, l’administration Obama a accueilli des dizaines de hauts dirigeants dirigeant le continent africain pour tenter d’approfondir les relations entre les deux vastes territoires. En décembre dernier, quelques semaines avant que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, n’entame sa tournée de plusieurs pays africains début janvier, c’est Biden qui a dirigé une autre réunion avec ses homologues africains. Il s’agit de la deuxième réunion de ce type depuis le début du siècle.

    Ainsi, mardi 13 décembre, la ville de Washington a reçu la visite de près de cinquante chefs d’État et de gouvernement africains (avec les absences notables de la Guinée-Conakry, du Soudan, du Mali et du Burkina Faso, ainsi que celles de l’Érythrée et des représentants du Polisario), ainsi que d’importantes personnalités de l’Union africaine, qui resteront pour les trois jours du sommet et qui aborderont des questions telles que la sécurité alimentaire – dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et face aux effets du changement climatique – les défis en matière de sécurité et de défense, l’influence de la Chine en Afrique et les possibilités d’investissement mutuel.

    L’administration Biden s’efforce d’approfondir les partenariats qui favorisent l’innovation en Afrique de trois manières principales », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de son discours dans la salle de conférence Benjamin Franklin : investir dans les infrastructures pour jeter les bases de l’entrepreneuriat africain, investir dans les leaders émergents et encourager une plus grande participation des entreprises américaines sur le continent. « L’Afrique n’a pas besoin d’aide, elle a besoin d’innovation », a souligné M. Blinken, « et aucun d’entre nous ne peut résoudre les défis régionaux auxquels nous sommes confrontés si nous ne travaillons pas ensemble ».

    Le sommet des dirigeants américano-africains a donc débuté par un accent sur la société civile, ainsi que par des débats et des tables rondes sur la santé, la sécurité, le changement climatique et la coopération entre gouvernements. L’événement de mercredi sera axé sur le forum Afrique-États-Unis et réunira plus de 300 entreprises, tandis que le jeudi verra des discussions de haut niveau sur la sécurité alimentaire.

    Cependant, loin d’être purement diplomatiques dans un sens bilatéral, les efforts des États-Unis pour améliorer leurs relations avec l’Afrique ont des motivations secondaires : éloigner le continent de l’influence politique, économique et commerciale de Moscou – dans le contexte de la guerre en Ukraine – et contrebalancer la présence économique de la Chine sur le continent.

    55 milliards de dollars et le G20 pour éloigner le continent de Moscou

    La mobilisation d’une grande partie de l’Occident pour défendre l’Ukraine a été l’une des plus grandes réussites de la Maison Blanche pendant le mandat de M. Biden, mais certains des pays africains qui se considèrent comme les plus touchés par les ruptures d’approvisionnement – étant profondément dépendants des importations de grains et de céréales russes et ukrainiens – se sont placés dans le bloc des nations qui refusent de condamner l’attaque russe, affirmant qu’il y a « peu d’avantages à mettre Moscou en colère ». Et ce, malgré la position officielle de l’Union africaine qui condamne l’invasion.

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  • L’Algérie aspire à couvrir 80% de ses besoins en 2023

    L’Algérie aspire à couvrir 80% de ses besoins en 2023

    Algérie, agriculture, sécurité alimentaire,

    Le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, a annoncé jeudi à Alger que le Gouvernement aspire à couvrir 80% de ses besoins nationaux en matière de production agricole en 2023.

    Lors d’une tournée dans les pavillons d’une exposition organisée en marge de la cérémonie d’inauguration de la Banque nationale des semences, le Premier ministre a souligné la nécessité pour tous les acteurs intervenants dans ce domaine d’intensifier leurs efforts pour porter à 80 pc la couverture des besoins nationaux en 2023.

    Pour atteindre cet objectif, l’Etat mise essentiellement sur les centres et instituts de recherche scientifique et laboratoires universitaires.

    La nouvelle stratégie du secteur agricole repose sur l’augmentation de la production des céréales, des légumineuses et du lait pour réaliser la sécurité alimentaire du pays, précise le Premier ministre.

    Benabderrahmane a mis en avant l’importante primordiale des démarches pour la valorisation du patrimoine génétique national, vu son rôle dans l’amélioration de la productivité et l’apport de la valeur ajoutée alimentaire.

    Et d’ajouter que « rien n’empêche l’Algérie qui était historiquement la réserve céréalière de l’Europe, d’augmenter sa production à des niveaux permettant de réaliser la sécurité alimentaire qui constitue un des fondements de la souveraineté nationale, sachant qu’elle dispose de compétences scientifiques nationales, d’un nombre important de diplômés des instituts agricoles, mais aussi de superficies agricoles, des ressources hydriques nécessaires, et d’un riche patrimoine génétique.

    Des efforts sont également en cours pour revoir les statistiques et les indicateurs liés à la production agricole nationale, notamment en matière de céréaliculture, a-t-il conclu.

    ENTV, 12/08/2022

    #Algérie #Agriculture #Sécurité_alimentaire

  • Algérie. Constat et enjeu

    Algérie, sécurité alimentaire, agriculture, crise,

    Dans l’objectif stratégique de réduire la vulnérabilité alimentaire du pays, le défi économique consiste dans le développement des secteurs agricole et agro-alimentaire. L’amélioration de la productivité de l’agriculture, qui est le seul moyen de lever le verrou du handicap naturel qui caractérise le secteur agricole, et la promotion des industries agro-alimentaires au sein du système productif national constituent les voies possibles et nécessaires conduisant à une garantie de la sécurité alimentaire du pays.

    L’Algérie est trop longtemps demeurée captive d’un système alimentaire, à cause d’une dépendance quasi structurelle au marché mondial, avec pour conséquence, une facture d’importation de denrées alimentaires à payer rubis sur l’ongle.

    De surcroît, la population algérienne atteindra, selon les prévisions, plus de 50 millions en 2030 et 70 millions en 2050. Il est attendu de l’agriculture qu’elle relève aussi ce défi démographique.

    L’Algérie figure parmi les pays à fort risque de changement climatique, et tous les rapports notent que cette épée de Damoclès va exacerber les facteurs anthropiques de dégradation à l’origine de la baisse de productivité des sols et des élevages. Cela met l’État dans l’obligation d’inscrire la durabilité des modes de production comme un axe clé de sa politique agricole.

    S’y ajoutent les contraintes dues à l’émergence de crises planétaires, comme les crises financières mondiales, l’instabilité des marchés agricoles internationaux…

    Si des résultats ont été réalisés, ces dernières années, notamment en matière de disponibilité des produits agricoles, ils sont appelés à être multipliés par l’augmentation de la production, à travers l’expansion des surfaces irriguées, l’amélioration des niveaux de rentabilité, l’exploitation rationnelle des terres agricoles et la promotion des zones rurales.

    Le Président Tebboune a affirmé que le secteur connaît actuellement une restructuration, en ce sens que les choses se sont quelque peu améliorées cette année, à savoir de 7 à 10%.

    «Nous souhaitons réaliser une croissance de 50 à 60% l’année prochaine par rapport à l’insuffisance enregistrée actuellement.»

    Il a soutenu que les conditions nécessaires pour atteindre cet objectif sont réunies, notamment en termes de disponibilité de terrains et des ressources en eau, et il ne reste plus qu’à se mettre au travail. La sécurité alimentaire dépend, dans une large proportion, du secteur agricole, mais aussi et surtout des performances globales de l’économie.

    El Moudjahid, 03/08/2022

    #Algérie #Agriculture #Sécurité_alimentaire

  • Point de presse du Porte-parole du SG de l’ONU: 28 juin 2022

    Point de presse du Porte-parole du SG de l’ONU: 28 juin 2022

    Secrétaire général, Vice-Secrétaire générale, Armes nucléaires, Libye, Conseil de sécurité, Syrie, Yémen, Myanmar, Sécurité alimentaire, Marchés des produits agricoles, Soudan, Éthiopie,

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 28 juin 2022
    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général

    Le Secrétaire général a pris l’avion pour New York, après avoir assisté à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tient au Portugal.

    Vice-Secrétaire générale

    La Vice-Secrétaire générale est toujours à Paris où elle participe virtuellement au pré-sommet « Transformer l’éducation », qui a commencé aujourd’hui.

    Elle y participe virtuellement parce qu’elle vient d’être testée positive de la COVID-19. Elle se porte bien et se dit reconnaissance d’être l’une des chanceuses à avoir été vaccinée. Elle dit penser aux millions de gens qui n’ont toujours pas cette protection. Mme Amina Mohammed a appelé au maintien de l’élan pour veiller à ce que les vaccins ne laissent personne sur le côté.

    Armes nucléaires

    Dans une déclaration publiée hier, le Secrétaire général félicite les États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires de l’issue heureuse de leur première réunion.  

    Il salue l’adoption de la Déclaration politique et du Plan d’action qui dictent la mise en œuvre du Traité et qui constituent une étape importante vers l’objectif partagé d’un monde exempt d’armes nucléaires.

    Libye

    Les leaders des deux chambres du Parlement libyen se rencontrent aujourd’hui et demain à Genève, à l’invitation de la Conseillère spéciale, Mme Stephanie Williams, pour discuter et parvenir à un accord sur les mesures régissant la période de transition jusqu’aux élections.

    Mme Williams a déclaré à l’ouverture de la réunion que le temps est vraiment venu de poser un dernier acte de courage pour assurer un compromis historique, dans l’intérêt de la Libye et de son peuple et pour la crédibilité des institutions nationales.

    Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de consolidation de la paix, est intervenue hier au Conseil de sécurité. Elle a souligné que l’ONU est fermement convaincue que les élections sont le seul moyen d’assainir les désaccords sur la légitimité démocratique des institutions libyennes, ajoutant qu’il est temps de se mettre d’accord sur les questions en suspens et d’organiser les élections.

    Mme DiCarlo a noté que ces quelques dernières années, la Libye a fait des progrès importants vers une société plus inclusive. Dans l’intérêt du peuple, a-t-elle dit, nous ne devons pas laisser ces progrès disparaître.

    Conseil de sécurité

    Ce matin, le Conseil a tenu un débat public sur ses méthodes de travail.

    Cet après-midi, il a prévu de se réunir sur la situation en Ukraine. Mme Rosemary DiCarlo, Cheffe du Département des affaires politiques et de consolidation de la paix a prévu de faire une déclaration.

    Syrie

    Le Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire pour la Syrie, M. Imran Riza, a fait état aujourd’hui de besoins humanitaires sans précédent. À ce jour, 14,6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont besoin d’aide, soit 1,2 million de personnes de plus qu’en 2021, ce qui représente le niveau le plus élevé depuis le début de la crise.

    Cette augmentation rapide est due à une crise économique de plus en plus profonde, aux déplacements de population en cours, à la poursuite des combats dans certaines parties du pays et aux chocs climatiques.

    Selon les estimations, plus 90% des Syriens vivent actuellement dans la pauvreté, alors que l’insécurité alimentaire a atteint des niveaux historiques.

    L’ONU s’efforce de répondre aux besoins. En 2021, plus de 7 millions de personnes ont reçu une aide vitale tous les mois, dont 4,5 millions dans les régions contrôlées par le Gouvernement.

    L’ONU et ses partenaires ont en outre aidé 2,4 millions personnes dans le nord-ouest de la Syrie, grâce à l’opération transfrontalière massive qui, il faut l’espérer, continuera.

    À ce jour, l’ONU n’a reçu qu’un peu moins d’un quart des 4,4 milliards de dollars qu’elle a demandés pour la poursuite de ses opérations humanitaires.

    Yémen

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que la faim a atteint son niveau le plus élevé depuis 2015. Plus de 19 millions de personnes vivent dans la faim, dont plus de 160 000 sont au bord de la famine.

    Les coupes budgétaires ont compromis la faculté de l’ONU d’aider les gens dans le besoin. Au mois de décembre dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été forcé de réduire les rations alimentaires de 8 millions de personnes, compte tenu du déficit. Le PAM a procédé à d’autres coupes budgétaires, le mois dernier. Quelque 5 millions de personnes ne recevront plus que la moitié de leur ration quotidienne et 8 millions n’ont recevront que le tiers.

    Plus de 8 millions de femmes et d’enfants ont besoin d’une aide nutritionnelle, dont plus 500 000 enfants souffrant d’une malnutrition grave. Au mois de juillet, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a dû renoncer à soigner 50 000 de ces enfants.

    Le mois prochain, l’UNICEF a prévu de suspendre son travail lié à l’accès de 3,6 millions de personnes à l’eau potable et à l’assainissement. Toujours au mois de juillet, le Fonds divisera par deux ses activités d’éducation au danger des mines, au détriment de 2 millions d’enfants et de leurs familles qui risqueront encore plus d’être blessés ou de mourir.

    Sur le front de la santé, l’UNICEF va suspendre d’ici au mois de juillet, son appui à la santé maternelle et infantile dont bénéficient 2,5 millions d’enfants et 100 000 femmes.

    Myanmar

    L’équipe des Nations Unies indique que plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont fui dans d’autres parties du pays.

    En outre, plus de 4 millions d’enfants n’ont plus accès à l’éducation depuis deux ans. Cette perturbation dans la stabilité du parcours scolaire place les enfants dans un risque encore plus grand de devoir travailler et d’être victimes de la traite ou du mariage précoce.

    L’ONU et ses partenaires sont sur place et travaillent malgré de réels problèmes d’accès et de déficit budgétaire. Ils ont aidé 2,6 millions de personnes au premier trimestre de cette année mais leur faculté de porter assistance aux autres 6,2 millions de personnes identifiées dans le Plan de réponse humanitaire dépendra de l’augmentation des fonds, de l’amélioration de l’accès et de la suppression des goulets d’étranglement, comme les retards dans l’octroi des visas et les restrictions bancaires.

    À ce jour, l’appel humanitaire de 826 millions de dollars n’est financé qu’à hauteur de 11%.

    Sécurité alimentaire

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est félicité de l’annonce du G7 sur le versement d’une somme additionnelle de 4,5 milliards de dollars pour protéger les personnes les plus vulnérables contre la faim et la malnutrition dans le monde.

    Le monde fait en effet face à une crise de la faim sans précédent.

    Le PAM s’est dit encouragé par l’engagement du G7 à faire en sorte que le commerce reste ouvert à la nourriture, au pétrole et aux fertilisants, autant de produits essentiels pour les pays qui portent le fardeau de la crise.

    Marchés des produits agricoles

    L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié aujourd’hui un rapport sur la manière dont la réduction des coûts peut imprimer un élan à la réalisation du développement durable.

    Le rapport veut aider ceux qui élaborent les politiques à trouver les moyens de veiller à ce que les politiques commerciales sauvegardent la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde, respectent l’environnement et protègent contre les chocs tels que les conflits, les pandémies et les phénomènes météorologiques extrêmes.

    Soudan / Éthiopie

    Le Secrétaire général est profondément préoccupé par la reprise des affrontements entre le Soudan et l’Éthiopie le long de leur frontière disputée, le 22 juin dernier. Selon les informations, ces affrontements auraient causé la mort de sept soldats et d’un civil soudanais. Le Secrétaire général exhorte les deux pays à prendre des mesures concrètes pour dissiper les tensions et résoudre pacifiquement le différend lié à la zone frontalière d’Al-Fashaga. Il présente ses condoléances aux familles des victimes.

    ONU INFO, 28 juin 2022

    #ONU #Yémen #Myanmar #Libye #Syrie #Soudan #Ethiopie

  • L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN

    L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN

    L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN – pétrole, gaz, sécurité alimentaire, Russie, Ukraine, Sahel, Afrique,

    Avec l’impact de la crise du coronavirus et récemment avec la crise ukrainienne, plus jamais le monde ne sera comme avant préfigurant d’importantes mutations dans les relations internationales, sécuritaires, politiques et économiques, où la crise ukrainienne a des impacts sur le cours du pétrole/gaz, mais également sur la sécurité alimentaire. Les années à venir devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires.

    Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités, expert international. Docteur d’Etat 1974

    Cette contribution est une synthèse remaniée d’une étude sous ma direction parue à l’Institut français des relations internationales – IFRI Paris décembre 2011 d’une brûlante actualité sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques, de quatre interventions, à New York organisé par les fondations –Bill Gates- Rockefeller à New York en novembre. 2012, sur les relations USA/Maghreb-Afrique, en mars 2015 au Sénat français à l’invitation de Jean Pierre Chevènement, de l’association internationale africaine ARGA en mai 2015 et à Malte à l’invitation de la commission européenne en avril 2016 sur les enjeux géostratégiques en Méditerranée. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l’Algérie acteur stratégique de la stabilité régionale du point de vue sécuritaire et énergétique comme j’ai eu à l’affirmer, en tant qu’expert international, lors de plusieurs interviews internationaux lors de mon récent séjour en Europe, et lors d’un débat au Sénat français le 9 novembre 2022 en présence d’importantes personnalités internationales. L’Algérie lors du récent vote à l’ONU sur la crise ukrainienne, ayant opté pour la neutralité, agit en fonction d’un certain nombre de principes fondement de sa politique étrangère, et d’une volonté de contribuer à la sécurité et la stabilité dans la région que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’Otan, avec les structures de défense que l’Union Européenne entend mettre en place, et également avec la Russie, ou la Chine, pour ne citer que les principaux acteurs.

    1.-C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, représentent un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d’un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie ? Interpellée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l’Algérie devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. Sept pays appartenant à la région méditerranéenne sont aujourd’hui des partenaires de l’Organisation de l’Atlantique Nord dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue méditerranéen de l’Otan. Ce partenariat que l’Otan, et à travers lui les Etats-Unis, rentre dans une stratégie de multiplication et de diversification des partenariats qui touchent plusieurs régions : les anciennes républiques soviétiques, le Caucase, l’Asie centrale, la Russie, la Chine, etc. Toutefois, du fait de l’intégration à l’Otan qui a touché en novembre 2002 sept pays de l’ex-bloc soviétique le texte signé à Paris le 19 novembre 1990 entre l’Alliance Atlantique et le Pacte de Varsovie devient un projet caduc. Dès lors, le dialogue méditerranéen de l’Otan est l’objet de toutes les attentions de la part de cette organisation qui a décidé de le transformer en partenariat stratégique. La région Maghreb d’une manière particulière et la Méditerranée d’une manière générale représentent pour l’Otan son flanc sud tout en étant le passage obligé vers le Moyen-Orient qui recèle de fabuleuses richesses pétrolières et où se trouve un allié stratégique de tout premier plan pour les Etats-Unis, Israël. L’intérêt que portent ces derniers à la Méditerranée occidentale n’est pas nouveau, tant le projet du Grand Moyen- Orient, (GMO notamment à travers les résolutions du sommet de Rabat le dernier semestre 2004) que le ‘projet américain Eizenstat. Mais le contrôle de l’énergie, cœur de la sécurité des Nations, au niveau mondial détermine la stratégie géo- stratégique américaine chinoise et européenne. C’est que la consommation d’énergie a connu une évolution depuis que le monde est monde expliquant bon nombre de conflits, depuis la révolution industrielle à nos jours en précisant que les différentes sources d’énergie sont en concurrence : charbon – pétrole , gaz, nucléaire, les énergies renouvelables dont le solaire, éolienne, géothermique et l’hydrogène 2030/2050, en cas d’épuisement dans 40 à 50 ans des réserves de pétrole et de gaz, deux pays du Maghreb étant relativement bien dotés l’Algérie et la Libye. L’énergie est au cœur de la stratégie de la sécurité mondiale, le problème du contrôle des réserves stratégiques est à l’origine des tensions en Irak et son alliance stratégique avec l’Iran, ( 2e puissance pétrolière après l’Arabie saoudite ), d’étroites relations Iran/Qatar, avec respectivement 35 000 et 15 000 milliards de mètres cubes des réserves gazières mondiales contre 45 000 pour la Russie, l’Iran contrôlant une grande partie du passage maritime des exportations des hydrocarbures des principaux pays du Golfe à travers le détroit d’Ormuz, dont les réserves mondiales sont de plus de 60% de la planète, des tensions au Soudan (dont la Chine est présente dans ce pays pour le pétrole ). C’est dans ce cadre que rentre la résolution du Parlement américain (juillet 2007), qui a voté une motion contre un cartel de gaz et ayant une stratégie de limiter l’influence du cartel OPEP, bien que cette organisation représente moins de 33% à l’heure actuelle de la production commercialisée du pétrole, mais ayant acquis une plus grande influence en avec l’appui de la Russie et bon nombre d’autres pays OPEP+. Dans ce cadre, il est utile de préciser que le marché pétrolier étant un marché mondial et le marché gazier actuellement étant un marché segmenté, ( prédominance des canalisations, le GNL étant marginal) le prix indexé sur celui du pétrole, le coût élevé et la marge bénéficiaire réduire, (d’où la non-rentabilité des gisements marginaux contrairement à ceux du pétrole) et il est très difficile dans la conjoncture actuelle d’ imaginer un marché OPEP du gaz répondant au marché boursier classique, peut-être à moyen terme avec la généralisation des GNL. Concernant la conjoncture actuelle, l’embargo décidé par le président américain, dont les USA qui ne dépendent pas de l’énergie russe, moins de 7%, étant devenu autonome grâce au pétrole/gaz de schiste, étant devenu exportateur et surtout la position mesurée des pays de l’Union européenne des 27 lors de la dernière rencontre à Versailles à Paris, le 10 mars 2022 fortement dépendants du gaz russe pour 45/47% et 27% pour le pétrole, surtout l’Allemagne et l’assurance de la Russie de continuer à approvisionner l’Europe a fait que le cours du gaz a perdu 50 % depuis son sommet atteint le 7 mars 2022 à 345 mégawattheure, ayant reculé depuis le 11 mars 2022, de 18,09 % à 175,75 euros le mégawattheure mais reste en hausse de 147 % depuis début janvier 2022. Idem avec une accalmie du cours du pétrole qui a été coté le 14 mars 2022 20h GMT, à 105,22 dollars pour le Brent et pour le Wit 101,38 dollars. Alors que certains prévoyaient rapidement un cours à 200 dollars alors qu’actuellement aucun expert ne peut prédire l’évolution des cours, étant fonction des facteurs déterminants de la géopolitique. L’alternative de la Chine où les relations commerciales de Pékin et de Moscou étant régies à 17,5% par le yuan, le système de paiement CIPS étant principalement utilisé pour régler les crédits internationaux en yuan et les échanges liés à l’initiative «Belt and Road», agissant comme un système alternatif au traditionnel Swift créé en 1973, bien qu’il n’en soit pas encore totalement indépendant et récemment de la proposition de l’Inde ,selon des agences internationales en date du 12/03/2022 d’importer le pétrole russe et d’autres matières premières moyennent un règlement de la transaction dans un système rouble/roupie, contrebalancera-t-il les prévisions de la Commission européenne dans sa note officielle du 8 mars 2022 d’un plan visant à supprimer sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes «bien avant 2030, prévoyant notamment de réduire la demande européenne en gaz russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année 2022 et cela est – réalisable Mais à terme se dessine une autre stratégie, à moyen terme l’accélération de la transition énergétique et à court terme, le paradoxe, de se tourner vers d’autres pays pour leur approvisionnements, les ennemis d’hier, sous la pression de la conjoncture, les émissaires américains envoyés au Venezuela, premier réservoir de pétrole brut au monde, 266 milliards de barils ( certes un pétrole lourd) et l’accélération des négociations avec l’Iran deuxième réservoir mondial de gaz 35 000 milliards de mètres cubes gazeux après la Russie 45 000, qui est disposé selon son ministre de l’énergie à augmenter sa production également de pétrole avec environ 55 milliards de barils de réserve de pétrole, le seul pays sous réserve d’investissements massifs avec le Qatar à contrebalancer la Russie pour le gaz, tout en faisant pression sur les pays l’OPEP dont l’Arabie saoudite 267 milliards de barils de pétrole de réserve, les Emiraties 98 milliards de barils de pétrole de réserve, ce dernier ayant annoncé son intention d’accroître sa production.

    N’oublions pas les négociations en cours avec le Qatar 15 000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve, le Mozambique 5000 milliards, le Nigeria 5500 milliards, la Libye 42 milliards de barils de pétrole et 1500 milliards de mètres cubes de gaz, l’Algérie plus de 10 milliards de barils de pétrole et 2500 milliards de mètres cubes, pour le gaz, approvisionnant 11% l’Europe malgré sa forte consommation intérieure, devant renforcer son investissement dans le cadre de la transition énergétique dans le cadre d’un partenariat gagnant -gagnant.

    2.- Le dialogue méditerranéen de l’Otan (DM) a été lancé dès 1995. Pour rappel, on notera qu’en juillet 1997 le Sommet de Madrid des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Otan crée le Groupe de coopération méditerranéenne (MCG) qui est placé sous l’autorité du Conseil de l’Atlantique Nord. A partir de cette date, les pays de l’Otan et leurs partenaires méditerranéens se réunissent de manière régulière « à 19+1 ou 19+7». Le Conseil de l’Atlantique Nord prend ensuite des mesures pour renforcer les « dimensions politiques et pratiques » du DM, mesures qui ont été entérinées par le Sommet de Washington (avril 1999) des chefs d’Etat et de gouvernement. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le Conseil prend d’autres mesures destinées à renforcer le DM et ce, en janvier 2002 et en juin de la même année. Parmi ces mesures, citons l’organisation de consultations entre l’Otan et les partenaires méditerranéens sur la question du terrorisme. Lors de la réunion de Reykjavik, tenue en mai 2002, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan décident de renforcer les dimensions politique et pratique du dialogue méditerranéen, notamment en menant des consultations avec les partenaires méditerranéens sur des questions de sécurité d’intérêt commun, y compris en rapport avec le terrorisme. Mais c’est surtout le sommet de l’Otan qui s’est tenu le 29 juin 2004 à Istanbul, mettant l’accent concrètement sur l’urgence de l’approfondissement, qui a ouvert le dialogue méditerranéen de l’Otan en le transformant en véritable partenariat et de lancer l’initiative de coopération avec certains pays du DM, dialogue qui s’est poursuivi entre 2005/2021. Le document officiel publié par l’Otan et intitulé «renforcement du dialogue méditerranéen, avec établissement d’un inventaire des domaines de coopération possibles » résume ainsi cet aspect du renforcement du DM.

    Le but recherché serait d’établir entre l’Otan et les pays du DM des relations à long terme axées sur ce processus en fonction des intérêts mutuels de sécurité, ainsi que de permettre à l’Otan de contribuer de façon significative à promouvoir le dialogue et la coopération dans la région méditerranéenne. Par ailleurs, la dimension politique du dialogue méditerranéen devrait être renforcée par une plus large exploitation des possibilités qu’offre le dialogue multi/bilatéral existant ; la poursuite de l’action en faveur des contacts de haut niveau et d’une implication des décideurs, selon le cas; des mesures visant à rapprocher encore les partenaires méditerranéens de l’Otan et enfin le renforcement de la complémentarité avec d’autres initiatives internationales».

    A cet effet, l’intensification des relations politiques peut se faire selon plusieurs formules notamment les réunions à 19+1 et à 19+7. Ces réunions remontent à la création du MCG (Groupe de coopération méditerranéenne) en 1997 et se tiennent régulièrement depuis. Nous avons une autre formule, émanant du Conseil de l’Atlantique Nord, les réunions au niveau des Ambassadeurs des pays de l’Otan et du DM (NAC+1 et NAC+7) que se tiennent depuis octobre 2001. S’agissant des réunions annuelles à 19+1 au niveau des ambassadeurs (NAC+1), elles continuent de se tenir pour des échanges de vues sur la situation régionale et des débats sur l’évolution et les perspectives de développement du DM. Quant aux réunions à 19+7 au niveau des Ambassadeurs (NAC+7), elles continuent d’être organisées au moins deux fois par an, en particulier après les réunions ministérielles et les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan, afin d’informer les Ambassadeurs des pays du DM des résultats de ces réunions et de procéder à des échanges de vues sur des questions en rapport avec le DM.

    Dans ce cadre, le Conseil de partenariat euro- atlantique (CPEA) et le Partenariat pour la paix (PPP) sont deux cadres qui ont été institués. A cet effet, il est prévu d’explorer les possibilités d’associer les pays du DM, cas par cas, à des activités du CPEA et du PPP spécialement choisies et d’encourager les partenaires méditerranéens à participer de façon plus large aux activités auxquelles la coopération dans le cadre du CPEA et du PPP leur permet déjà d’accéder. Deux initiatives internationales peuvent être citées : le processus de Barcelone de l’Union européenne et le dialogue méditerranéen de l’OSCE. Le Conseil de l’Atlantique Nord a décidé que l’Otan proposerait à l’UE l’organisation périodique d’exposés et d’échanges d’informations sur les activités de chacune des deux organisations dans le domaine de la sécurité et de la stabilité dans la région méditerranéenne. Ainsi, il est envisagé d’organiser des réunions d’experts de l’Otan et de l’OSCE pour examiner des questions d’intérêts communs. Dans cette perspective, la démarche à suivre consisterait à prévoir notamment des activités ciblées, l’objectif consistant à couvrir des secteurs où l’Otan dispose d’un avantage comparatif reconnu et pouvant apporter une «valeur ajoutée», en particulier dans le domaine militaire, et pour lesquels les partenaires méditerranéens ont manifesté de l’intérêt. Deuxièmement, l’accent est mis sur la mise à profit de l’expérience acquise dans le cadre du partenariat pour la paix (PPP), avec notamment l’ouverture d’activités PPP supplémentaires aux pays du DM et/ou l’adaptation d’activités PPP à leurs besoins spécifiques, le document insistant, à ce niveau, sur la nécessaire consultation préalable des pays du dialogue méditerranéen (DM). (Etude du professeur Abderrahmane MEBTOUL parue à l’Institut français des relations internationales (IFRI Paris France)» la coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques » (novembre 2011)- chapitre III- « la stratégie de l’OTAN face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée» Débat à l’Université d’Oran 2, le 27 mai 2015 lors d’une conférence-débat sur «le monde qui vient– enjeux géostratégiques- et perspectives pour l’Algérie», animé par l’Amiral Jean Dufourcq ancien directeur de la revue défense (France), expert auprès des organisations internationales CEE-OTAN à l’invitation du professeur Abderrahmane Mebtoul)

    3.-Les domaines de coopération inventoriés par l’Otan peuvent être résumées au nombre de quatorze : 1.-la formation, l’entraînement et la doctrine militaire;- 2.-les exercices militaires et les activités d’entraînement connexes;— 3-les contacts entre militaires aux niveaux des chefs d’état-major de la défense, des états-majors et des experts ;- 4.-la médecine militaire ; – 5.-les échanges d’informations dans le domaine de la logistique; — 6.-les consultations au niveau des experts sur les efforts politiques et de défense avec pour objectif de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM) ; – 7.-l’action humanitaire globale de lutte contre les mines (GHMA); 8.-la tenue de séminaires et de réunions d’experts sur les plans civils d’urgence (PCU) ; — 9.-la participation à certaines activités des bureaux et comités d’études ; – 10.- la gestion des crises, cet aspect important de la coopération comprenant des exposés sur les exercices de gestion des crises; – 11.- la science et l’environnement ; – 12.- l’encouragement des pays de l’Otan et du DM à contribuer au MDWP; – 13.- l’ intensification des efforts d’information de l’Otan dirigés vers la société civile des pays du DM ; – 14.- le renforcement du rôle des ambassades points de contact de l’Otan dans les pays du DM. L’inventaire des domaines de coopération possibles fait ressortir huit axes directeurs. Le but recherché est d’améliorer l’aptitude des pays du DM à contribuer à des opérations de réponse aux crises hors article cinq que dirige l’Otan, y compris l’entraînement à une participation éventuelle à un centre de coordination logistique interarmées multinational (MJLC) : – 1.- l’introduction du concept d’unités de soutien logistique intégré multinational (MILU), la préparation à la mise en œuvre du concept du carburant unique (SFC) et la coopération dans le domaine des matériels tactiques de manutention des carburants (TFHE) ; – 2.-la réforme de la défense incluant les meilleures pratiques en matière de gestion économique et civile des forces armées, y compris les aspects «sécurité» du développement économique et les aspects économiques de la lutte internationale contre le terrorisme liés à la sécurité; – 3.-Les consultations sur le terrorisme, par la prise en compte du partage de données du renseignement, des réunions d’experts sur la menace terroriste et les mesures prises, individuellement ou avec d’autres pays, pour faire face à cette menace ; – 4.-les consultations et la coopération relative la sécurité aux frontières; – 5.- la «participation aux travaux du Groupe de la conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) pour le partenariat sur le système Otan de codification (NCS) ; 6.-l’ invitation aux activités du Groupe de la CDNA pour le partenariat» qui concernerait les conditions de sécurité dans le transport et le stockage des munitions et des explosifs militaires ; – 7.-des consultations sur des questions de gestion de la circulation aérienne dans l’optique d’une plus grande sécurité des vols et échanges d’informations sur les procédures civilo-militaires de contrôle de la circulation aérienne ; – 8.-la gestion des catastrophes. La question du financement étant posée, deux situations sont envisagées : d’une part, la règle de l’autofinancement des activités menées au titre du DM est retenue ; d’autre part, une aide financière exceptionnelle. Le cadre définit au sommet de l’Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l’Otan au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d’Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaite, ceux qui sont membres du conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranéenne par le truchement de cinq d’actions. 1.-le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ; – 2.- l’appui au processus de réformes de la défense ; – 3.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières; – 4.- la réalisation de l’interopérabilité; – 5- la contribution à la lutte contre le terrorisme. L’objectif poursuivi par l’initiative d’Istanbul est de renforcer la sécurité et la stabilité par le biais d’un nouvel engagement transatlantique en fournissant un avis adapté sur la réforme de la défense, l’établissement des budgets de défense, la planification de la défense, les relations civilo-militaires et l’encouragement de la coopération entre militaires afin de contribuer à l’interopérabilité ; lutter contre le terrorisme par le partage de l’information, la coopération maritime, lutter contre la proliférations des armes de destruction massive et contre les trafics. Face à ces propositions, quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ?

    4.- Quelle est la politique de défense et de sécurité de l’Europe encore embryonnaire et remis sur le tapis avec al crie ukrainienne? La fin de la guerre froide, les velléités d’émancipation de l’Europe de la tutelle américaine – particulièrement en matière de défense et de sécurité – et la volonté de construire avec les pays de la région des relations économiques privilégiées accroît de manière significative cet intérêt surtout actuellement avec la crise ukrainienne. Qu’il s’agisse en effet de crises régionales, de scissions d’Etats, de prolifération d’armes de destruction massives ou de conflits internes (ethniques, religieux, culturels ou autres), l’Otan est perçu par les Européens comme une organisation incapable de réagir à ces nouveaux types de menaces. C’est pourquoi va revenir à la surface le vieux rêve d’Europe de la défense que caressaient un certain nombre de pays du vieux continent. C’est pourquoi aussi les Européens se mettent à la recherche d’une alternative à l’Otan et à l’Union de l’Europe occidentale (UEO) laquelle, pour d’autres raisons, ne pouvait prétendre combler le vide de sécurité en question. Il convient aussi d’ajouter que la traduction en termes concrets de la subordination juridique de l’UEO à l’Union européenne rencontre des difficultés qui laissent présager un avenir incertain de l’UEO en tant que «bras armé de l’Union» : la non-appartenance à l’Union européenne de pays classés comme «membres associés» et l’attachement à l’Otan ou la neutralité de pays observateurs. Par ailleurs, l’UEO est non seulement absente du théâtre européen mais aussi, elle connaît un phénomène d’ «otanisation» qui rend difficile son autonomie et son usage donc en tant qu’instrument au service d’une politique européenne de sécurité et de défense autonome. Ces atermoiements se retrouvent dans le traité de Maastricht qui jette, de manière timide, les bases de ce que certains Européens souhaitent être une politique commune de sécurité et de défense. Les divergences ne vont pas manquer entre les trois principales puissances européennes, en l’occurrence la France et l’Allemagne d’un côté et le Royaume-Uni de l’autre. Pour la France et l’Allemagne, l’UEO peut être réactivée en fonction des nouvelles données et des missions qu’elle serait appelée à mener. Elle deviendrait le «bras armé de l’UE». Le Royaume-Uni, surtout depuis la décision de sortir de l’Europe économique, défend l’idée de mettre en place un pilier européen de l’Alliance Atlantique». Ces divergences vont se retrouver dans le texte du traité qui stipule, d’un côté que la politique étrangère et de sécurité inclut l’ensemble des questions relatives à la sécurité de l’Union européenne, y compris la définition à terme d’une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune et de l’autre que la politique de l’Union au sens du présent article n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres du traité de l’Atlantique Nord. Par ailleurs, le traité mentionne clairement que l’UEO est une «composante de défense de l’Union européenne et un moyen de renforcer le pilier européen de l’Alliance atlantique». Autant dire donc que ces deux dispositions d’un même article et l’annexe qui accompagne le traité contentent à la fois la position franco-allemande et celle de la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, quel cadre pour un partenariat euro-méditerranéen en matière de défense et de sécurité d’autant plus que les résultats de ce partenariat issus du processus de Barcelone sont mitigés ? C’est pourquoi des tentatives sont faites aujourd’hui pour redynamiser le dialogue euro-méditerranéen avec deux initiatives : d’une part, la politique européenne de voisinage ; d’autre part, le partenariat stratégique entre l’Union européenne d’un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l’autre. D’ailleurs, la stratégie européenne de l’Union pour la Méditerranée avait le même objectif stratégique bien que se différenciant sur les tactiques, de relance du partenariat méditerranéen rentre dans ce cadre sous tendant une zone tampon de prospérité Europe-Afrique via la Méditerranée pour freiner l’émigration massive de l’Afrique subsaharienne. D’une manière générale, sur le plan militaire et géostratégique c’est à travers les activités du groupe dit des 5+5 que peut être appréciée aujourd’hui la réalité d’une telle évolution, structure à laquelle participe régulièrement l’Algérie. C’est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. En matière de défense et de sécurité, des consultations relatives à la mise en place d’un dialogue entre le l’Algérie et l’Union européenne ont eu lieu sous forme de consultations informelles et de réunions formelles, l’Algérie entretenant des relations régulières également avec deux alliés stratégiques la Russie.et la Chine. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : d’une part, la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’Otan : d’autre part, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre l’Algérie et l’UE dans le cadre de la PESD.

    En conclusion, le seul pays qui pourrait avoir une influence déterminante pour le dialogue entre la Russie et l’Ukraine, conciliant les deux points de vue qui doivent faire des concessions réciproques, est la Chine dont ses flux d’échange avec les USA et l’Europe sont dominants, car une récession économique menacerait sa croissance et sa future stratégie de la route de la soie. Les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener l’Algérie à se doter d’une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre.

    Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité de manière juste et durable. C’est sur cette base que me semble que doit s’engager le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous régionales. Mais face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union européenne d’avoir une stratégie de défense et de sécurité étant encore embryonnaire. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celle des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités hégémoniques. Incluse dans une sous région qui n’en finit pas de vouloir se construire et évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent aujourd’hui à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres, l’Algérie est appelée de se déterminer par rapport à des questions cruciales, face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, à ses frontières, les récents évènements en Ukraine se posent l’urgence des stratégies d’adaptation et d’une coordination, internationale et régionale afin d’agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis dépassent en importance et en ampleur les défis que l’Algérie a eu à relever jusqu’à présent.

    Abderrahman Mebtoul
    ademmebtoul@gmal.com

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  • L’état fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb

    Tags : Maroc, Algérie, Tunisie, Maghreb, sécurité alimentaire – L’état fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb

    Introduction

    L’Afrique du Nord est entrée dans une crise de sécurité alimentaire. La Tunisie, l’Algérie et le Maroc connaissent des niveaux d’inflation alimentaire sans précédent depuis les troubles civils du printemps arabe il y a dix ans. Ensuite, la flambée des prix des denrées alimentaires, en particulier la flambée des prix du pain, a contribué à alimenter les mouvements de protestation populaires contre la corruption et l’injustice qui ont renversé le dictateur tunisien de longue date Zine El Abidine Ben Ali et renversé d’autres régimes autocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Au Maroc et dans d’autres pays de la région MENA, les troubles sociaux ont suscité d’importantes réformes politiques et socio-économiques. Bien que la crise alimentaire actuelle du Maghreb ait été précipitée par les chocs économiques locaux et mondiaux provoqués par le début de la pandémie de COVID-19 en 2020 et ses conséquences en 2021, la fragilité structurelle des systèmes alimentaires en Tunisie, en Algérie, et le Maroc est responsable de la gravité du problème. Au cœur de cette fragilité se trouve l’incapacité à mettre en œuvre des mesures adéquates pour faire face à l’impact de la rareté croissante de l’eau et du changement climatique débilitant.

    La principale vulnérabilité du Maghreb est sa forte dépendance vis-à-vis des importations de céréales céréalières, tant pour la consommation humaine que pour l’alimentation animale. Le prix moyen mondial des céréales a augmenté de 27,3 % en septembre 2021 par rapport à septembre de l’année précédente et les prix ont depuis continué à grimper à un rythme encore plus rapide. Dans les ménages en Tunisie, en Algérie et au Maroc, la crise alimentaire se fait sentir le plus durement dans le prix du pain. Le prix du blé tendre utilisé dans la fabrication du pain s’élevait à 271 $ la tonneà la fin du 3T 2021, une augmentation de 22% d’une année sur l’autre. Le prix au 4T 2021 a encore augmenté alors que les stocks mondiaux ont diminué, car les producteurs des États-Unis, du Canada, de la Russie et du reste de la région de la mer Noire ont subi des dommages aux cultures dus à la sécheresse, au gel et aux fortes pluies. Aux États-Unis même, par exemple, le stock de blé ne devrait atteindre que 580 millions de boisseaux d’ici le 1er juin 2022, le plus petit en 14 ans.

    La hausse des prix des céréales a été aggravée par la flambée des coûts des engrais à base d’azote, qui ont été entraînés à leur tour par la hausse des coûts du gaz naturel ou du charbon utilisé dans leur fabrication. Dans le cas des engrais de blé, environ 80 % du coût de production provient du gaz naturel, dont le prix a quintuplé pour les fabricants européens d’engrais et environ 1,5 fois pour les fabricants américains. Le prix du blé tendre au Chicago Board of Trade le 1er novembre 2021 s’élevait à 7,95 $ le boisseau , ce qui représente une hausse de 57 % par rapport au 1er juillet 2021 et un prix jamais vu depuis janvier 2013.

    Considérée comme un test de stress de l’état de la gestion économique, agricole et environnementale en Tunisie, en Algérie et au Maroc, la crise des céréales de 2021 a révélé que les systèmes alimentaires dans les pays du Maghreb présentent des fragilités dangereuses qui pourraient se traduire par des conséquences sociales et l’instabilité politique. Cependant, de tels résultats ne sont pas inévitables et peuvent être atténués par des politiques appropriées, dont certaines ont commencé à être mises en œuvre dans la région.

    Tunisie

    La montée de l’insécurité alimentaire en Tunisie est devenue un facteur déterminant de la situation politique précaire du pays depuis l’adoption en 2014 d’une constitution démocratique. Dans la période qui a suivi cet événement marquant dans la progression de la Tunisie vers la démocratie libérale, l’insécurité alimentaire a augmenté à un rythme accéléré. Selon la moyenne triennale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) , 25,1% des Tunisiens étaient dans un état d’insécurité alimentaire modérée à sévère en 2018-20, contre 18,2% en 2014-16. Bien que la Tunisie ait atteint l’autosuffisance en produits laitiers, légumes et fruits, le pays reste extrêmement dépendant des achats de céréales à l’étranger., important 50 % des céréales destinées à la consommation humaine et 60 % de celles destinées à l’alimentation du bétail. Les consommateurs tunisiens ont été quelque peu à l’abri du coût élevé de ces importations étrangères grâce aux subventions alimentaires du gouvernement. Le choc économique du COVID-19 suivi de la tempête parfaite de la flambée des prix mondiaux des céréales face aux conditions de sécheresse locales signifie que les subventions alimentaires de la Tunisie ne sont plus tenables compte tenu de la fragilité de ses finances publiques.

    En raison du COVID-19, le déficit budgétaire de la Tunisie en 2020 a atteint 11,5% du PIB, le plus gros déficit en près de 40 ans. Afin de faire face à la crise sanitaire immédiate et à l’impact économique dévastateur de la pandémie, le gouvernement du Premier ministre de l’époque Hichem Mechichi a accepté d’accepter un prêt d’urgence de 750 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) en avril 2020. Avec son économie en difficulté et son gouvernement paralysé par une politique parlementaire dysfonctionnelle, la Tunisie est entrée en 2021, le 10e anniversaire de son expérience de transition démocratique, dans une ambiance plus anxieuse que festive. Le mécontentement qui couvait depuis longtemps face à la dégradation des conditions de vie due à la mauvaise qualité persistante des services de base du pays a été encore exacerbé par le faible déploiement du vaccin COVID-19 à Tunis. Au milieu de la flambée des prix des denrées alimentaires sans précédent depuis le printemps arabe, une nouvelle vague de protestations a éclaté à partir de la ville septentrionale de Siliana.

    Après avoir connu une contraction de 8,8% de sa croissance du PIB en 2020 , la Tunisie devait encore couvrir les remboursements de sa dette de 5,8 milliards de dollars, dont 1 milliard de dollars était dû en juillet et août 2021. Fin mai 2021, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti qu’il n’accepterait pas davantage le FMI. l’aide conduirait à une flambée de l’inflation à trois chiffres et aboutirait à un « scénario vénézuélien ». Au cours du premier trimestre 2021, la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a affiché un déficit de 251,7 millions de dinars tunisiens (DT), inversant l’excédent de 176,8 millions de DT à la même période de l’année précédente. Le 31 mars, la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) s’était engagée à accepter la réforme économique, y compris l’élimination des subventions alimentaires, comme une condition préalable nécessaire pour que le gouvernement du Premier ministre Mechichi entame des pourparlers avec le FMI. Cependant, en juin 2021, l’UGTT a annulé son soutien à Mechichi. Affirmant que le gouvernement n’avait pas fourni un filet de sécurité suffisant, l’UGTT a critiqué les augmentations des prix des denrées alimentaires et d’autres produits de base, attribuées à la mise en œuvre de mesures de réduction des coûts inspirées du FMI.

    En 2021, il a été estimé que la Tunisie devra importer 70% de ses besoins totaux en céréales et 90% du blé tendre utilisé pour fabriquer de la farine pour le pain et les produits de boulangerie. Au premier semestre 2021, la hausse du taux des importations céréalières de la Tunisie a été de 20,9%, contribuant à un déséquilibre du commerce alimentaire de 290,9 millions de dollars au cours de la période, contre 49,4 millions de dollars au cours de la même période en 2020. L’agence tunisienne des céréales a acheté 50 000 tonnes métriques de soft blé des commerçants européens en juin puis 100 000 tonnes supplémentaires en juillet, ainsi que 100 000 tonnes d’orge pour l’alimentation du bétail. Mais ces efforts se sont avérés insuffisants trop tard pour stabiliser les prix et aider à apaiser le mécontentement civil.

    Le 25 juillet 2021, le président Kais Saied, se faisant passer pour le sauveur national, a limogé le Premier ministre Mechichi et suspendu le parlement tunisien sur la base d’une interprétation controversée de l’article 80 de la constitution. Saied a ensuite prolongé la suspension au-delà de la période d’un mois prescrite par la Constitution et a annoncé qu’il gouvernerait par décret présidentiel. Jusqu’à présent, les perspectives de sécurité alimentaire de la Tunisie ne se sont pas améliorées sous le régime présidentiel direct. Le déséquilibre du commerce alimentaire à la fin du 3T 2021 s’élevait à 1,32 milliard de DT, avec des prix des céréales importées en hausse de 23,9% pour le blé tendre et de 12,6% pour le blé dur. Les prix des céréales fourragères ont également augmenté , l’orge enregistrant un bond de 18,4 % et le maïs un pic de 46,9 %.

    L’augmentation de la production céréalière intérieure de la Tunisie ne sera ni rapide ni facile. La Tunisie a du mal à garantir un approvisionnement suffisant en engrais, dans un contexte de pénurie mondiale, car la flambée des prix de l’énergie a réduit la production dans de nombreux pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord et a fait grimper les prix des engrais. En octobre 2021, la Tunisie ne pouvait satisfaire que 25% de sa demande intérieure d’engrais. Les approvisionnements intérieurs ont également été considérablement réduits par la fermeture de six mois , de novembre 2020 à mai 2021, de l’usine d’engrais chimiques de Mdhilla à Gafsa en raison de grèves et de manifestations répétées. Même si le gouvernement a autorisé des importations supplémentaires, les agriculteurs tunisiens ont connu une augmentation de 30 à 50 % des coûts des engrais.

    La pénurie d’eau est un obstacle encore plus important à la relance de la production agricole de la Tunisie, dangereusement exacerbée par la mauvaise gestion des maigres ressources en eau du pays, dont environ 80% sont utilisées pour l’agriculture . La Tunisie a connu des températures record et des sécheresses alternant avec des épisodes de pluies torrentielles et des inondations qui ont ravagé l’agriculture et l’approvisionnement en eau du pays. Une mauvaise gestion de l’eau et des infrastructures défectueuses rendent le pays très vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique. Dans certaines régions de Tunisie, jusqu’à 50 % de l’eau est perdue avant d’atteindre le robinet en raison de l’insuffisance des infrastructures de distribution d’eau. La sécheresse a également causé une grave diminution des réserves d’eau. En septembre 2021,les volumes d’eau dans les barrages tunisiens s’élevaient à 730 millions de mètres cubes (mcm), contre 1,1 milliard de mètres cubes (mcm) au cours de la même période en 2020. La capacité de stockage d’eau de la Tunisie est également en baisse en raison de l’envasement croissant de ses barrages. D’ici 2035, les barrages de Mellègue et R’mili seront complètement ensablés , avec le même sort qui attend le barrage de Siliana en 2047.

    Il existe des solutions à de nombreux problèmes contribuant à la crise alimentaire et hydrique en Tunisie, mais il existe peu de solutions immédiates. La construction de nouveaux barrages, systèmes d’irrigation et installations de dessalement, ainsi que les centrales électriques supplémentaires pour les faire fonctionner, nécessiteront tous du temps et des investissements en capital. Surtout, les solutions aux problèmes de la Tunisie nécessiteront une planification politique experte et la bonne gouvernance pour mettre en œuvre les mesures.

    Algérie

    L’Algérie est confrontée à des défis économiques et climatiques similaires à ceux de la Tunisie lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire de sa population, mais les défis sont à une échelle plus redoutable. Avec environ 17,4% de son territoire majoritairement désertique constitué de terres agricoles, l’Algérie est le plus grand importateur de denrées alimentaires d’Afrique. Avant COVID-19, les importations alimentaires de l’Algérie couvraient près de 75 % des besoins de sa population de 45 millions d’habitants. Malgré l’ampleur du défi, l’Algérie avait fait des progrès dans la réduction de l’insécurité alimentaire avant le déclenchement de la pandémie. Selon la moyenne triennale de la FAO, le pourcentage de la population en situation d’insécurité alimentaire modérée à sévère a chuté à 17,6 % pour la période 2018-20, contre 22,9 % pour 2014-16. Néanmoins, avant COVID-19, environ 24 millions d’Algériens dépensaient plus de 60% de leurs revenus uniquement pour répondre à leurs besoins alimentaires. Malgré sa richesse en hydrocarbures, la poursuite par l’Algérie de sa politique actuelle de subventions aux importations alimentaires dans un contexte d’inflation alimentaire mondiale galopante et de déficits de production intérieure provoqués par la sécheresse est devenue un fardeau difficile à gérer pour ses finances publiques.

    Les importations alimentaires les plus critiques de l’Algérie sont les céréales, qui contribuent à 43 % des calories totales et à 46 % des protéines du régime alimentaire algérien. Avant la crise mondiale actuelle de l’offre, les dépenses annuelles de l’Algérie pour les importations de céréales étaient d’environ 1,3 milliard de dollars . Même les années où sa production nationale donne de bonnes récoltes, l’Algérie dépend encore fortement des importations de céréales, dont 70 % sont généralement du blé tendre utilisé pour faire du pain.

    L’agriculture céréalière algérienne est très vulnérable aux phénomènes météorologiques violents. Sa production céréalière nationale devrait chuter de 38 % pour la campagne de commercialisation 2021/22 (MA) en raison d’une pluviométrie insuffisante. Par conséquent, ses besoins d’importation de blé pour la campagne de commercialisation 2021/22 devraient s’élever à 8,1 millions de tonnes métriques, soit 25 % de plus que les importations de l’an dernier. La plupart de ses importations de blé proviennent de l’Union européenne (UE), la France étant traditionnellement le plus grand fournisseur. Cependant, avec la pression mondiale sur l’approvisionnement en céréales, les exportations de céréales allemandes ont dépassé cette année celles de la France. Au-delà des effets des événements météorologiques violents et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées au COVID-19, la pénurie d’approvisionnement mondiale a été exacerbée par une augmentation des importations de blé de la Chine, y compris le blé français, pour couvrir ses besoins en aliments pour le bétail. Pékin s’efforce de reconstituer rapidement sa population porcine locale après qu’une épidémie de peste porcine africaine a décimé la moitié de ses porcs, dans le but d’assurer son approvisionnement en protéines animales.

    Pour répondre aux besoins accrus d’importation de l’Algérie, le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune a cherché à diversifier ses fournisseurs au sein de l’UE ainsi qu’à regarder au-delà du bloc vers la Russie et jusqu’aux États-Unis et au Canada. Fin octobre 2021, la Pologne a expédié 60 000 tonnes de blé vers l’Algérie. Alger a également acheté 60 000 tonnes à la société russe Demetra Trading , les premières importations de blé russe du pays depuis 2016. Malgré la diversification de ses fournisseurs, la pénurie mondiale d’approvisionnement signifie qu’Alger doit encore faire face à la flambée des prix. En réponse immédiate, le gouvernement algérien a reporté son plan de lever indéfiniment les subventions au blé. Outre le blé, la hausse du prix de l’orge et du maïs importés d’Algérie, utilisés principalement pour l’alimentation animale, renchérit les prix des viandes rouges et blanches. Le manque de pluie dans la région des hauts plateaux , où le blé et l’orge sont principalement cultivés, a entraîné une augmentation des importations d’orge . L’Algérie importera également 5 millions de tonnes de maïs pour l’alimentation animale cette année.

    Contrairement à d’autres pays du Maghreb, l’Algérie est également confrontée à une crise d’approvisionnement en lait. Le lait est la principale source de protéines animales dans l’alimentation algérienne, fournissant environ 16% de l’apport quotidien moyen en protéines – dépassant la viande rouge, la viande blanche et les œufs combinés, qui ne représentent que 10,24%. L’Algérie est le deuxième importateur mondial de poudre de lait entier en poudre, avec des importations estimées à 255 000 tonnes en 2021 , et le cinquième importateur de poudre de lait écrémé, estimée à 160 000 tonnes. En 2020, l’Algérie a enregistré une augmentation de 3,8% de la production de laitrésultant d’une augmentation de la superficie allouée à la production laitière ainsi que d’une nouvelle interdiction gouvernementale d’utiliser du lait en poudre subventionné pour fabriquer du lait pasteurisé. Même s’il s’agit d’une amélioration, ces mesures sont loin de combler l’écart. En 2017, l’Algérie entretenait environ 200 000 vaches laitières, mais en 2021, le pays aurait besoin de plus d’un million de vaches pour satisfaire sa demande actuelle de lait uniquement avec la production nationale. De plus, l’augmentation considérable des aliments pour bétail à base de céréales probablement nécessaire à un tel effort mettrait à rude épreuve les importations céréalières du pays.

    L’approche actuelle de l’Algérie en matière de sécurité alimentaire dépend largement de la mesure dans laquelle les subventions de l’État peuvent protéger les consommateurs locaux de l’impact des augmentations des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial. En tant qu’État rentier des hydrocarbures dans lequel le pétrole et le gaz représentent environ 95 % des revenus d’exportation , Alger s’est appuyé sur les revenus des hydrocarbures pour financer ses subventions alimentaires. Le choc économique de la pandémie de COVID-19 a fortement réduit sa capacité à financer ces subventions. En 2020, l’économie algérienne a connu une contraction de 4,6% du PIB réel , les exportations de pétrole brut et de gaz naturel liquéfié du pays connaissant chacune une baisse d’ environ 30% . Alors que la reprise des prix de l’énergie devrait pousser l’Algérie vers une croissance économique positive – les prévisions du printemps 2021 de la Banque mondialeune croissance projetée de 3,7% en 2021 et de 2,5% en 2022 – une partie de cette croissance pourrait être compensée par la flambée des factures d’importations alimentaires de l’Algérie, aggravée par la chute de la valeur du dinar algérien. Le dinar ayant régulièrement baissé de 118 contre dollar américain au 1er janvier 2019 à 138 fin octobre 2021, il deviendra de plus en plus difficile pour Alger de faire face à la hausse des coûts de ses importations alimentaires et de ses subventions.

    À l’instar de la Tunisie, l’utilisation accrue d’engrais et l’amélioration des capacités de gestion de l’eau en Algérie sont essentielles pour stimuler la production agricole nationale. Bien que l’Algérie soit riche en gaz naturel et en phosphates, deux des principales ressources utilisées dans la fabrication d’engrais, le secteur agricole du pays utilise généralement beaucoup moins d’engrais que ses voisins. En 2018, la consommation d’engrais pour l’agriculture algérienne était de 20,7 kilogrammes (kg) par hectare de terre arable, contre 44,2 kg en Tunisie et 74,9 kg au Maroc. Pour aider à atténuer le problème, la société d’énergie publique algérienne Sonatrach a signé un accord en 2018 avec la société chinoise CITIC Construction pour la construction d’un complexe intégré de production de phosphate de 6 milliards de dollars.. La méga-usine verrait la production annuelle de phosphate de l’Algérie atteindre 10 millions de tonnes métriques, ce qui entraînerait une augmentation de la production annuelle d’engrais d’une valeur d’environ 2 milliards de dollars sur les marchés mondiaux, tandis qu’une plus grande utilisation intérieure d’engrais entraînerait une augmentation des rendements des cultures à l’avenir.

    La rareté de l’eau est un défi plus fondamental pour l’Algérie. Comme la Tunisie, l’Algérie a souffert d’une mauvaise gestion de ses maigres ressources en eau. En 2012, son prélèvement d’eau douce souterraine était de 3 milliards de mètres cubes, soit environ le double du taux de recharge annuel . Selon la FAO, le taux de prélèvement est passé à 8,1 milliards de mètres cubes en 2017. La gestion inadéquate de l’eau en Algérie a été exacerbée par des infrastructures défectueuses qui entraînent des pertes de transport d’eau vers les zones urbaines d’ environ 30 %.Comme la Tunisie, les barrages algériens sont fortement impactés par l’envasement et la contamination. Pour augmenter son approvisionnement en eau, le gouvernement s’est tourné vers la technologie de dessalement énergivore et a renouvelé ses efforts pour moderniser et développer les usines de dessalement d’eau de mer. L’Algérie dispose de 11 usines de dessalement réparties dans neuf provinces et le gouvernement de Tebboune est en train de réhabiliter et de moderniser quatre d’entre elles , avec l’intention d’en construire trois supplémentaires .

    Maroc

    Le Maroc partage bon nombre des mêmes défis de sécurité alimentaire que la Tunisie et l’Algérie, mais la manière dont il vit la crise actuelle a été façonnée par son accent unique au cours des 10 dernières années sur le développement des exportations agricoles à haute valeur ajoutée. La planification agricole du Maroc au cours des 20 dernières années, et particulièrement au cours de la dernière décennie, a réussi à augmenter sa production d’exportation tout en réduisant la sous-alimentation à moins de 5% de la population. Malgré ces réalisations, la moyenne triennale de l’insécurité alimentaire modérée à sévère au Marocde 2018 à 2020 s’élève à 28%. Alors que l’autosuffisance alimentaire est un principe fondamental de la stratégie de développement du royaume depuis l’indépendance, la dépendance croissante du Maroc vis-à-vis des importations alimentaires subventionnées représente un danger croissant pour son tissu socio-économique. Comme ses voisins, le Maroc est fortement dépendant des céréales importées.

    En 2008, le royaume a lancé son Plan Maroc Vert (Plan Maroc Vert, PMV), un programme multidimensionnel de 2010 à 2020 visant à promouvoir le développement socio-économique en stimulant la production d’exportations agricoles à haute valeur ajoutée. Le PMV a réussi à augmenter la valeur des exportations agricoles du pays de 117% à environ 3,5 milliards de dollars et a créé 342 000 nouveaux emplois . En 2019, le secteur agricole marocain représentait 13 % du PIB et 38 % de l’emploi national, dont 74 % des emplois en milieu rural. Puisque la proportion de la population employée dans l’agriculture au Maroc est plus élevée que dans toute autre économie du bassin méditerranéen, le développement d’une production agroalimentaire à plus forte valeur ajoutée pour l’exportation a été considéré comme essentiel pour élever le niveau de vie d’une large frange de la société. Grâce au PMV, le secteur agroalimentaire marocain représente désormais 21% de ses exportations .

    A mi-parcours de la mise en œuvre du PMV, les céréales importées représentaient 54% de la consommation totale de céréales du Maroc, soit plus de trois fois la moyenne mondiale de 16%. En raison de l’accent mis par le PMV sur l’agriculture d’exportation, le Maroc a continué à réduire la quantité de terres agricoles consacrées à la production céréalière. Même avec ces réductions, la production céréalière en 2019 utilisait encore 59 % des terres agricoles du Maroc . Pour augmenter les rendements céréaliers, le PMV s’est concentré sur la modernisation des méthodes de production et l’introduction de variétés de blé tolérantes au climat. En 2021, ces efforts ont porté leurs fruits et le Maroc a connu une année record pour la production de blé et d’orge, récoltant 5,06 millions de tonnes de blé tendre, 2,48 millions de tonnes de blé dur et 2,78 millions de tonnes d’orge. Sa production de blé en 2021 était trois fois supérieure à celle de l’année 2020 frappée par la sécheresse et 58% supérieure à la moyenne 2016-2020. La production d’orge du Maroc a dépassé les années précédentes par une marge encore plus large. Ayant déjà prévu que 2021 serait une année record pour la production nationale de blé, Rabat a cherché à promouvoir davantage le secteur en imposant un droit d’importation de 135% sur le blé tendre étranger en avril 2021 et un droit d’importation de 170% sur le blé dur en juin 2021.

    En tant que 13e importateur mondial de blé , le Maroc n’a pas suffisamment progressé dans la relance de la production nationale de blé pour échapper à la crise actuelle. Alors que les prix du pain ont commencé à grimper en septembre et octobre, le gouvernement a été contraint de changer de cap le 27 octobre 2021, suspendant les droits d’importation sur le blé tendre et le blé dur à compter du 1er novembre. blé, le Fonds d’indemnisation du Maroc couvre la différence par des subventions. Fin 2015, le Maroc a commencé à mettre en œuvre un programme échelonné de réforme du système, car les subventions gonflées du Fonds d’indemnisation depuis la crise financière mondiale de 2008 étaient devenues un fardeau insupportable pour les finances de l’État. Bien que la deuxième phase du programmeétait censé libéraliser les prix des produits de base les plus consommés au Maroc, le gouvernement a suspendu le programme indéfiniment pour assurer la stabilité des prix pendant la crise actuelle, qui pourrait s’avérer prolongée. Le ministère de l’Économie et des Finances prévoit que les subventions au blé coûteront à elles seules au gouvernement 161,1 millions de dollars au cours de l’exercice 2022.

    Le Maroc étend son PMV avec une nouvelle initiative décennale appelée Green Generation 2020-2030 destinée à améliorer la résilience et la durabilité de la production agricole du pays pour l’exportation et la consommation intérieure tout en élevant 400 000 ménages dans la classe moyenne. Pour atteindre ces objectifs, le Maroc devra atténuer sa vulnérabilité à l’impact du changement climatique et à la prévalence croissante de la sécheresse. La hausse des températures et les conditions de sécheresse prolongée provoquent la dégradation des terres, près de la moitié des terres marocaines étant confrontées à l’érosion des sols.

    Le PMV a mis un total de 542 000 hectares en systèmes d’irrigation goutte à goutte contre seulement 128 000 hectares en 2008, ces zones irriguées représentant au moins la moitié de la croissance du PIB agricole depuis le lancement du PMV. En 2019, les terres irriguées ont généré 75 % des exportations agricoles du Maroc. Cependant, seulement 16% des terres agricoles du royaume sont irriguées à partir de barrages locaux , ce qui rend la production céréalière très variable et vulnérable aux événements météorologiques.

    Comme la Tunisie et l’Algérie, le Maroc est confronté au défi de lutter contre l’envasement de ses grands barrages vieillissants, qui connaissent un taux d’envasement de 75 mcm par an. En février 2021, Rabat a annoncé qu’elle commencerait la construction de cinq nouveaux grands barrages d’une capacité de stockage cumulée de 525 mcm dans le cadre de la phase 2020-27 de son plan national de l’eau, qui vise à porter la capacité totale des barrages du pays à 27. bcm. Rabat a également achevé 65% de la construction d’ une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer à Agadir qui fournira de l’eau potable ainsi que de l’eau pour l’agriculture grâce à un système d’irrigation nouvellement construit.

    Conclusion

    Les solutions à l’insécurité alimentaire du Maghreb existent mais elles ne sont ni rapides ni faciles. L’agro-tech, y compris l’irrigation de précision fonctionnant à l’aide de sources d’énergie renouvelables, contribuerait grandement à améliorer les rendements agricoles de la région, en particulier lorsqu’elle est associée à des technologies de pointe en matière de gestion de l’eau. Le dessalement de l’eau de mer est énergivore et augmenterait des coûts énergétiques élevés ou nécessiterait une capacité de production d’électricité supplémentaire à partir de sources d’énergie renouvelables. Toutes ces mesures nécessitent d’importants investissements en capital. Le plan national de l’eau du Maroc 2020-2050, qui prévoit la construction de nouveaux barrages et usines de dessalement ainsi que l’extension des réseaux d’irrigation, entre autres mesures, pour promouvoir une agriculture durable et la préservation des écosystèmes, est estimé à un coût environ 40 milliards de dollars.

    Bien que les approches holistiques soient optimales, des mesures plus limitées peuvent également avoir des effets positifs importants. Une irrigation élargie est essentielle pour stimuler la production céréalière dans tout le Maghreb. En Algérie, seulement 43 % des terres agricoles irriguées sont plantées en céréales. Fin 2020, Alger a publié une stratégie de feuille de route 2020-24 pour plusieurs produits agricoles clés afin de réduire ses dépenses d’importations alimentaires. Dans le secteur du blé, la modernisation proposée de l’irrigation devrait multiplier par deux ou trois les rendements actuels, produisant potentiellement plus de 7 millions de tonnes métriques de blé par an d’ici 2024.

    En outre, les pays du Maghreb ont besoin de renforcer leurs réserves stratégiques. L’Algérie s’est fixé pour objectif de construire 31 silos métalliques qui créeraient 670 000 tonnes de capacité de stockage supplémentaire. Le 8 octobre 2021, le roi du Maroc Mohammed VI a fait de la question une priorité nationale publique dans un discours télévisé inaugurant le nouveau parlement du pays. Dans son discours, le roi a « insisté » pour que le Maroc établisse un « système national intégré » de réserves stratégiques pour les approvisionnements alimentaires, médicaux et énergétiques essentiels afin de gérer les chocs causés par les futures pénuries d’approvisionnement mondiales et autres urgences. La Tunisie, qui a été relativement plus lente à prendre des mesures à la mesure de l’ampleur de son problème d’insécurité alimentaire, a signé un accord en janvier 2021 avec le Programme alimentaire mondial des Nations Unies pour mettre en place un système de suivi de la sécurité alimentaire.

    La nécessité pour le Maghreb de mettre en œuvre de telles mesures à grande échelle ouvre la possibilité aux États-Unis et à leurs alliés européens d’approfondir leurs partenariats avec la Tunisie, l’Algérie et le Maroc – en s’engageant dans de nouveaux domaines de coopération qui, dans certains cas, pourraient remettre en question les termes de la relation. . En l’absence d’un engagement proactif des membres de la communauté transatlantique, la Chine, les États arabes du Golfe et d’autres pays sont susceptibles de combler le vide et d’accroître leur influence dans la région.

    La crise des céréales céréalières de 2021 au Maghreb ne doit pas être ignorée par la communauté internationale. La crise a révélé de graves fragilités structurelles dans les systèmes alimentaires de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc qui sont finalement causées par l’incapacité à mettre en œuvre des mesures adéquates pour faire face à l’impact de la rareté croissante de l’eau et du changement climatique débilitant. Le coût de l’inaction ou du manque d’action pourrait être assez élevé, car l’échec à commencer à mettre en œuvre des politiques appropriées pourrait entraîner une dangereuse instabilité sociale et politique dans un proche avenir.

    Alors que certaines des politiques nécessaires ont commencé à être mises en œuvre à des degrés divers, la bonne gouvernance pour mettre en œuvre les mesures requises sera essentielle pour déterminer le succès des efforts en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Des solutions pour améliorer l’insécurité alimentaire au Maghreb existent, mais comme les prix alimentaires mondiaux devraient continuer à augmenter en 2022 alors que les défis climatiques à la production agricole continuent de s’intensifier, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc – ainsi que leurs partenaires internationaux – ont peu de temps pour perdre si l’on veut éviter des conséquences catastrophiques.

    Michaël Tanchum,

    Professeur Michaël Tanchum est chercheur non-résident du programme Économie et énergie du Middle East Institute. Il enseigne à l’Université de Navarre et est chercheur principal à l’Institut autrichien pour la politique européenne et de sécurité (AIES) et chercheur invité dans le programme Afrique du Conseil européen des relations étrangères (ECFR). Les opinions exprimées dans cet article sont les siennes. L’auteur tient à remercier Rafaella Vargas Reyes et María del Pilar Cazali Castañón pour leur aide à la recherche.

    Middle East Institute, 09/11/2021

    #Algérie #Maroc #Tunisie #Maghreb #Sécurité_alimentaire

  • Algérie: La pêche renforce la sécurité alimentaire

    Algérie, pêche, sécurité alimentaire,

    Le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques Hicham Sofiane Salaouatchi a souligné lundi à Ghazaouet l’importance du développement et de la promotion de la pêche hauturière lors de l’ouverture d’un atelier régional regroupant les directeurs, les présidents des Chambres de pêche et des professionnels dans l’ouest du pays. 
    Dans ce cadre, le ministre a rappelé l’importance de développer et de promouvoir la filière de la pêche hauturière en application du programme du président de la République. Il a rappelé que le lancement symbolique de la pêche au large a été donné dans la matinée de lundi à partir du port de Sidna Youchâa (Ghazaouet), conçu au départ comme un port de pêche puis converti exclusivement à la pêche hauturière. 
    Dans cet objectif, Hicham Sofiane Salouatchi a précisé devant l’assistance que le plan de développement de la production halieutique, élaboré par le secteur de la pêche, prévoit un objectif de production de 166.000 tonnes/an de poissons à l’horizon 2024. 
    Pour ce faire, la pêche hauturière contribuera grâce aux efforts de tous les partenaires avec une part importante estimée à 16.000 tonnes. Le ministre a indiqué, en outre, que la filière de la pêche hauturière sera renforcée à l’horizon 2024 par l’acquisition de 22 grands navires dotés d’équipements modernes afin d’atteindre les objectifs tracés par le secteur. 
    Les ports d’Annaba, de Tipasa et de Sidna Youchâa seront exclusivement consacrés à cette filière, a-t-il annoncé. Par ailleurs, M. Salaouatchi a mis en exergue l’importance accordée par son secteur à l’encouragement des investissements, à la création et à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises, au développement de l’aquaculture et au potentiel humain en lui assurant des formations nécessaires et à la prise en charge des volets sociaux et administratifs qui concernent les professionnels de la mer et enfin au développement du secteur de la construction navale par des compétences nationales. 
    « L’atelier régional sur le développement de la pêche hauturière est un outil d’explication de la stratégie du secteur et de concertation avec les professionnels et les cadres du secteur dans l’ouest du pays qui peuvent l’enrichir par leurs idées et leurs propositions », a expliqué le ministre, précisant que cette rencontre succède à celles organisées dans le centre et l’est du pays sur le même thème. 
    Lors de sa deuxième journée de visite à la wilaya de Tlemcen, la délégation ministérielle s’est rendue au port de Sidna Youchâa pour prendre connaissance des études d’adaptation de cette structure portuaire à la pêche hauturière. Sur place, le ministre a reçu d’amples informations sur les structures à réaliser, notamment une halle à marée, des cases de pêcheur et la partie de terre pleine réservée aux chantiers de construction navale. 
    Le ministre a clôturé sa tournée à Ghazaouet par la visite d’une entreprise privée spécialisée dans l’import-export du poulpe. Sa capacité de production est estimée à 180 tonnes par an et emploie 12 agents. 
    Le ministre de la Pêche a entamé lundi sa visite à Tlemcen en inspectant à Honaïne des projets aquacoles et le chantier de construction navale.
    Lemaghreb.dz, 28/10/2021
  • Sécurité alimentaire: L’Algérie classée première en Afrique

    Sécurité alimentaire: L’Algérie classée première en Afrique

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    L’Algérie a été classée par le Programme d’alimentation mondial (PAM) des Nations unies, première en Afrique en matière de sécurité alimentaire. Dans sa dernière cartographie de la pauvreté, publiée récemment sur son site web, le PAM a classé l’Algérie dans la catégorie des pays dont le taux de personnes sous-alimentées est inférieur à 2,5% de la population totale, durant la période 2018-2020. Elle est le seul pays en Afrique à ne pas dépasser ce seuil.

    Ainsi, l’Algérie est répertoriée dans la même catégorie que la majorité des pays européens, des Etats-Unis, du Canada, de la Chine, de la Russie, du Brésil et de l’Australie, entre autres.

    En Afrique, le Maroc est classé dans la deuxième catégorie qui regroupe les pays dont le taux de la population touchée par la sous-alimentation varie entre 2,5 et 4,9%.

    Parmi les pays les plus impactés par le phénomène de la sous-alimentation, le PAM dénombre la République centrafricaine, le Congo, la République démocratique du Congo, la Somalie et le Madagascar avec un pourcentage supérieur à 35% de leur population.

    Le PAM a souligné dans son étude que plus de 811 millions de personnes sont touchées par la sous-alimentation, soit 1 sur 10 de la population mondiale.

    En 2015, la communauté mondiale a adopté les 17 Objectifs mondiaux de développement durable (ODD), dont l’objectif numéro 2 est d’arriver à la “Faim Zéro” en éradiquant la faim, assurant la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable, d’ici à 2030.

    Seybouse Times, 04/10/2021