• American diplomacy reveals Mauritania’s unhealthy game in Western Sahara

    459. Telegram From the Embassy in Mauritania to the Department of State1
    4844.

    Nouakchott, November 10, 1988, 1212Z

    SUBJECT : President Taya Opposed to Western Sahara Settlement.

    Ref:
    (A) Nouakchott 3969;2
    (B) Nouakchott 2952.3

    1. Confidential—Entire text.

    2. Summary:

    [less than 1 line not declassified] Mauritanian Chief of Staff Minnih confided that President Taya is worried that a rapprochement may be underway between Morocco and the Polisario.4 Minnih [Page 925]stated that the President had asked him whether Mauritania should attempt to derail this incipient rapprochement, which Taya believes would be inimical to Mauritanian interests. Minnih reportedly replied that Morocco and the Polisario are unlikely to reach a lasting agreement and recommended that the GIRM let the current U.N. peace initiative fail on its own. End summary.

    3. In a lengthy, private conversation during the week of October 30th [less than 1 line declassified] Mauritanian Armed Forces Chief of Staff Ahmed Ould Minnih reportedly said the President periodically consulted him about the Western Sahara conflict. The President believes Minnih possesses a good understanding of the protagonists as a result of his tenure as Foreign Minister (1980–1986) and his earlier service as military attaché in Algeria. Minnih stated that the President is worried that a rapprochement might be underway between Morocco and the Polisario, a development he believes would be inimical to Mauritanian interests. The President recently asked Minnih whether he thought the GIRM should try to derail this incipient rapprochement. Minnih said he replied that Morocco and the Polisario are unlikely to reach a lasting agreement. He predicted that the current U.N. peace initiative will fail on its own and therefore recommended that the GIRM, simply let events follow their natural course. Minnih reportedly told our contact that Taya does not want the conflict to end, since the war is the justification the Mauritanian military uses to remain in power.

    4. Comment: We have received several indications in the past few months that Taya is worried about the impact on Mauritania of an eventual peaceful resolution of the Sahara war. In September 1988 he sent a personal emissary to French President Mitterrand to express this concern. The emissary conveyed, in particular, Taya’s fear that a peaceful settlement might trigger an influx of radical Sahrawis into Mauritania, who could threaten GIRM, stability (refs A and B). Minnih’s comments confirm that Taya’s concern indeed runs deep—although the Chief of Staff apparently believes this concern has more to do with a selfish desire to keep the military in power than with larger considerations of Mauritania’s national interest. We cannot tell whether this interpretation is accurate. [less than 1 line declassified] the Chief of Staff is convinced that Mauritania’s successive military governments have failed and for that reason he favors a return to civilian rule. This jaundiced view of military rule might account for Minnih’s cynical interpretation of Taya’s motivations. But regardless of whether Minnih is right or wrong about the President’s motives, this swipe at Taya is nonetheless significant. It is the first indication we have that Minnih’s support for the President may be less than wholehearted. End comment.

    1. Source: Department of State, Central Foreign Policy File, Electronic Telegrams, D881001–0504. Secret; Exdis. Sent for information to Algiers, Bamako, Dakar, Paris, and Rabat.↩

    2. In telegram 3969 from Nouakchott, September 19, the Embassy reported: “According to the French DCM in Nouakchott, President Taya sent a personal message to President Mitterrand expressing the GIRM’s concern about the possible impact on Mauritania of a settlement of the Western Sahara War. Taya fears that a hard core of Sahrawi insurgents might continue its struggle against Morocco from Northern Mauritania. He also fears that Polisario followers of Mauritanian origin might return to Mauritania and destabilize the GIRM.” (Department of State, Central Foreign Policy File, Electronic Telegrams, D880832–0377)↩

    3. In telegram 2952 from Nouakchott, July 17, the Embassy reported: “According to the French DCM in Nouakchott, the GIRM has made clear to the French that it fears part of the Polisario might move to Mauritania in the event of a Western Sahara settlement.” (Department of State, Central Foreign Policy File, Electronic Telegrams, D880613–0099)↩

    4. In telegram 10922 from Rabat, November 8, the Embassy reported: “In his Green March Anniversary address to the nation, November 6, King Hassan at once reaffirmed the validity and inalienability of Morocco’s claim to the Western Sahara and issued a call to the Polisario for reconciliation with Morocco.” (Department of State, Central Foreign Policy File, Electronic Telegrams, D880993–0926) The Green March was a 1975 demonstration organized by the Government of Morocco designed to force Spain to withdraw from the Western Sahara. See Foreign Relations, 1969–1976, vol. E–9, Part 1, Documents on North Africa, 1973–1976, Documents 99–104, 107, 108, 110, 111, and 114.↩

    Source : Department of State

    #Mauritania #Morocco #Western Sahara #Polisario #OuldMonnih #OuldTaya

  • L’Afrique, locomotive de l’économie mondiale entre 2030-2050

    Par Professeur des universités, expert international docteur d’Etat 1974- Abderrahmane Mebtoul

    Face aux tensions sécuritaires et aux turbulences de l’économie mondiale, une nouvelle architecture des relations internationales se dessine entre 2025/2030, et l’Afrique, continent à fortes potentialités couvrant 30,353 millions de km2 pour une population fin 2023 d’environ 1,4 milliard d’habitants, soit 18%, extrapolé à 25% de la population mondiale 2040/2050 avec une jeunesse dynamique, expliquant les actions de déstabilisation d’acteurs externes, les rivalités des grandes puissances et de certains pays émergents pour contrôler ses richesses colossales, doit avoir une nouvelle gouvernance d’adaptation tenant compte de sa riche anthropologie culturelle.

    1.-Le monde traverse une turbulence inégalée comme en témoigne l’accroissement des budgets militaires à travers le monde.

    Plusieurs pays exportateurs d’armes se disputent l’influence en Afrique subsaharienne, la Russie ayant dépassé pour la première fois la Chine pour devenir le plus grand fournisseur de la région, où sa part des importations d’armes par les est passée de 21% durant la période 2013-2017 à 26% au cours de la période 2018-2022, tandis que la part de la Chine a chuté de 29 % à 18 %, la France ayant augmenté sa part de 4,8 % à 8,3 %, ce qui fait d’elle le troisième plus grand fournisseur d’armes à l’Afrique subsaharienne.

    Les autres principaux fournisseurs d’armes aux pays africains au cours des cinq dernières années sont les Etats-Unis (16%), la Chine (9,8 %) et la France (7,6 %) et la Russie 40 %. Au total, l’Afrique représente 5% des importations d’armes enregistrées à l’échelle mondiale durant les cinq dernières années contre 41% pour la région Asie & Océanie, 31% pour le Moyen-Orient, 16% pour l’Europe et 5,8% pour les Amériques, les pays d’Afrique subsaharienne ayant représenté 2 % du total des importations mondiales d’armes majeures entre 2018 et 2022.

    Ces achats sont venus s’ajouter aux centaines de milliers d’armes tous genres, dont 15000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, qui ont été accaparés par différents groupes terroristes qui opèrent au Sahel, puis par d’autres groupes venus d’autres régions.

    2.- Les ingérences de puissances étrangères, en Afrique ont bouleversé toute la carte géopolitique de la région avec des impacts sécuritaires, favorisant le terrorisme et les flux migratoires. Contrairement à certaines supputations, selon le centre d’études stratégique pour l’Afrique en 2023, la plupart de la migration africaine se produit à l’intérieur du continent puisque les migrants cherchent des emplois dans des centres économiques voisins où 8% des migrants africains sont à l’intérieur du continent, l’Afrique ne représentant que 14 % des migrants du monde, comparé à 41 % venus d’Asie et 24 % d’Europe de l’Est.

    D’une manière générale, pour l’Afrique, la lutte contre le terrorisme devra s’attaquer à l’essence, une bonne gouvernance et le développement, le tout sécuritaire ayant des limites, nécessitant une coopération des pays de la zone devant lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé ( la cyber criminalité) C’est que la collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques en Afrique.

    De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent des problèmes où la stratégie doit viser à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.

    3.- Pour l’Afrique, 15/17% d’intégration, avec un PIB en 2023 estimé à 2700 milliards de dollars contre 2500 en 2022, environ 2,7% du PIB mondial, l’équivalent de celui de la France qui a une population de 68 millions d’habitants, et le PIB de l’ensemble des cinq pays du Maghreb moins de 3% d’intégration, pour 110 millions d’habitants, avoisine 500 milliards de dollars, presque l’équivalent de celui de la Belgique pour 11 millions d’habitants, montre qu’il lui reste, un long chemin à parcourir.

    Il s’agira d’accélérer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) adopté le 1er janvier 2021, 54 pays africains l’ayant signé et 47 ratifié, qui selon la Banque mondiale pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l’extrême pauvreté 30 millions d’habitants et d’accroître le revenu de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour et sur les 450 milliards de dollars de gains potentiels, environ 300 milliards proviendraient des mesures de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières.

    L’accord devrait réduire les droits de douane entre les pays membres et traitera d’aspects de politique générale liés notamment à la facilitation des échanges et aux services, tout en englobant des dispositions réglementaires telles que les normes sanitaires et les barrières techniques au commerce. La mise en œuvre des mesures de la ZLECAf permettrait de réorganiser les marchés et les économies de la région et de stimuler la production dans les secteurs des services, de l’industrie manufacturière et des ressources naturelles.

    Cette l’intégration sous- régionale à travers la création d’un marché commun de biens et de services renforcera la complémentarité économique du continent , stimulera le commerce intra-africain , augmentera les revenus de l’Afrique et permettra à des millions d’Africains de sortir de l’extrême pauvreté.

    En conclusion, l’Afrique selon la majorité des observateurs internationaux, sous réserve d’une bonne gouvernance et la valorisation du savoir, sera la locomotive de l’économie mondiale entre 2030/2040/2050, expliquant les enjeux géostratégiques des grandes puissances. Mais pour l’amélioration du niveau de vie de sa population, devant éviter la dilapidation de ses richesses colossales, l’Afrique sera avant tout ce que les Africains voudront qu’elle soit. Et face aux rivalités des grandes puissances et pays émergents l’Algérie doit avoir une stratégie réaliste, devant avoir des entreprises compétitives en termes de cout/qualité vis-à-vis de ce continent , son espace économique naturel.

    Source : Le Jeune Indépendant, 28 nov 2024

    #Afrique #ZLECAF #économie #développement



  • En nombre de la desescalada, Argelia deja actuar a Marruecos

    Desde el 7 de octubre de 2023, los responsables estadounidenses han intensificado sus visitas al Mashreq mientras multiplican sus declaraciones de apoyo a Israel. Bajo el pretexto de evitar la escalada del conflicto hacia otros países de la región, Washington permite a Israel continuar con el genocidio en Gaza.

    En el Magreb, numerosos emisarios estadounidenses han visitado Argelia desde que se reanudó la guerra en el Sahara Occidental, donde Marruecos ha mostrado su superioridad gracias a los drones proporcionados por su aliado israelí. Para mantener esta situación, Washington impide a Argelia suministrar drones al Frente Polisario y, así, crear un equilibrio de fuerzas sobre el terreno. En nombre de la desescalada, Washington busca preservar la ventaja en beneficio de su aliado, Marruecos.

    La intervención de los estadounidenses para frenar el avance de los saharauis no es nueva. Este fue el caso en la batalla de Zak, cuando el ejército marroquí fue sitiado por los combatientes del Ejército Popular de Liberación Saharaui durante casi seis meses, de septiembre de 1979 a mayo de 1980. Los estadounidenses ordenaron a Argelia levantar el sitio para permitir que el contingente marroquí se reabasteciera.

    Estados Unidos nunca ha tolerado una superioridad saharaui en el campo de batalla. También fue el caso durante la batalla de Guelta Zemmour, el 13 de octubre de 1981. Bajo el pretexto de una escalada saharaui, la administración de Ronald Reagan proporcionó una importante ayuda militar a Marruecos. Según un cable enviado por la embajada estadounidense en Argel el 16 de diciembre de 1981, el general Vernon Walters, responsable del Pentágono, declaró al ministro argelino de Relaciones Exteriores, Mohamed Salah Dembri: « Nuestra respuesta ha sido proporcional a la escalada provocada por la introducción de misiles SAM-6, y su objetivo es restablecer el equilibrio militar y evitar una nueva escalada del conflicto en el Sahara Occidental, mientras continúan los esfuerzos diplomáticos para encontrar una solución ». Desde entonces, la desescalada se ha convertido en sinónimo de statu quo.

    En otra correspondencia fechada el 14 de febrero de 1982, el ministro argelino de Defensa, Belloucif, señaló ante el viceministro Nicholas Veliotes que Argelia había pagado un precio demasiado alto por su propia independencia como para permitir que Cuba, la URSS, Alemania del Este o cualquier otro actor extranjero interviniera en el Sahara Occidental.

    Parece que Washington ha asegurado un cierto « autocontrol » por parte de Argelia, que, según otro cable estadounidense, « considera cada vez más sus intereses en términos de estabilidad regional y cooperación económica. Además, la respuesta estadounidense en Guelta Zemmour probablemente convenció a Argelia de que la escalada militar es una propuesta inútil y que corre el grave riesgo de involucrar a las superpotencias ».

    Los saharauis coinciden en que sobrevivieron frente a las hordas marroquíes gracias al apoyo de Gadafi. « Sin él, habríamos dependido únicamente del Kalashnikov argelino », afirman. Los eventos recientes confirman esta hipótesis. Los saharauis están siendo masacrados con drones israelíes bajo la mirada de su aliado argelino, que permite que esto suceda para no disgustar a los estadounidenses.

    « Los palestinos son víctimas de la normalización de los países árabes con Israel, y los saharauis de la tentativa de normalización de Argelia con Estados Unidos », según un alto responsable saharaui que pidió el anonimato.

    ¿Qué explica la posición de Argelia? ¿Es por su voluntad de « autocontrol » o por falta de coraje para tomar una decisión que podría colocar a Marruecos en su lugar, por miedo a represalias de sus aliados? Después de haber perdido la apuesta en el Sahel, Argel parece estar perdiendo la apuesta del Sahara Occidental, empujada por la falta de iniciativa.

    #SaharaOccidental #Marruecos #Argelia #Israel #EstadosUnidos #drones

  • باسم التهدئة، الجزائر تترك المغرب يتصرف كما يشاء ويقتل كما يشاء

    منذ 7 أكتوبر 2023، كثّف المسؤولون الأمريكيون رحلاتهم المكوكية إلى المشرق مع إصدار تصريحات متكررة لدعم إسرائيل. وبذريعة منع تصعيد الصراع ليشمل دولاً أخرى في المنطقة، تسمح واشنطن لإسرائيل بمواصلة الإبادة الجماعية في غزة.

    في المغرب العربي، زار العديد من المبعوثين الأمريكيين الجزائر منذ استئناف الحرب في الصحراء الغربية سنة 2020، حيث أظهر المغرب تفوقه بفضل الطائرات المسيّرة التي زوّده بها حليفه الإسرائيلي. وللحفاظ على هذا الوضع، تمنع واشنطن الجزائر من تزويد جبهة البوليساريو بالطائرات المسيّرة، وبالتالي خلق توازن في القوى على الأرض. باسم التهدئة، تسعى واشنطن إلى الحفاظ على التفوق لصالح حليفها، المغرب.

    تدخل الأمريكيين لإبطاء تقدم الصحراويين ليس جديدًا. كان هذا الحال في معركة الزاك، عندما حاصر مقاتلو جيش التحرير الشعبي الصحراوي الجيش المغربي لمدة تقارب الستة أشهر، من سبتمبر 1979 إلى مايو 1980. أمر الأمريكيون الجزائر بإنهاء الحصار لتمكين القوات المغربية من التزود بالإمدادات.

    لم تسمح الولايات المتحدة أبدًا تفوق الصحراويين في ساحة المعركة. حدث ذلك أيضًا في معركة « قلتة زمور » في 13 أكتوبر 1981. وتحت ذريعة التصعيد الصحراوي، قدّمت إدارة رونالد ريغان مساعدة عسكرية كبيرة للمغرب. وفقًا لبرقية أرسلتها السفارة الأمريكية في الجزائر بتاريخ 16 ديسمبر 1981، صرّح الجنرال فيرنون والترز، المسؤول في البنتاغون، لوزير الخارجية الجزائري محمد صالح دمبري: « كان ردنا متناسبًا مع التصعيد الناتج عن إدخال صواريخ سام-6، وهدفه إعادة التوازن العسكري ومنع المزيد من التصعيد في نزاع الصحراء الغربية، بينما تستمر الجهود الدبلوماسية لإيجاد حل ». ومن هنا، أصبح مفهوم « التهدئة » مرادفا لإستمرار الوضع على ما هو عليه .

    في رسالة أخرى مؤرخة في 14 فبراير 1982، أشار وزير الدفاع الجزائري بلوصيف أمام نائب الوزير الأمريكي نيكولاس فيليوت إلى أن الجزائر دفعت ثمنًا باهظًا من أجل استقلالها بالسماح لكوبا أو الاتحاد السوفييتي أو ألمانيا الشرقية أو أي طرف أجنبي آخر بالتدخل في الصحراء الغربية.

    يبدو أن واشنطن ضمنت مستوى معينًا من « ضبط النفس » من جانب الجزائر، التي، وفقًا لبرقية أمريكية أخرى، « أصبحت ترى مصالحها بشكل متزايد من حيث الاستقرار الإقليمي والتعاون الاقتصادي. علاوة على ذلك، فإن الرد الأمريكي في قلتة زمور ربما أقنع الجزائر بأن التصعيد العسكري هو خيار عديم الجدوى، ويعرّضها لخطر تورط القوى العظمى ». »

    الصحراويون متفقون على أنهم صمدوا أمام جحافل المغرب بفضل دعم القذافي. « بدونه، كنا سنبقى معتمدين فقط على الكلاشينكوف الجزائري »، كما يقولون. الأحداث الأخيرة تؤكد هذا الطرح. يُقتل الصحراويون بالطائرات المسيّرة الإسرائيلية على مرأى ومسمع من حليفهم الجزائري، الذي يترك الأمور تسير تفاديًا لإغضاب الأمريكيين.

    « الفلسطينيون ضحايا تطبيع الدول العربية مع إسرائيل، والصحراويون ضحايا محاولة الجزائر تطبيع علاقاتها مع الولايات المتحدة »، وفقًا لمسؤول صحراوي رفيع طلب عدم الكشف عن هويته.

    ما الذي يفسر الموقف الجزائري؟ هل هو رغبة في « ضبط النفس » أم خوف من اتخاذ قرار قد يعيد المغرب إلى حجمه خشية ردود فعل حلفائه؟ بعد خسارة الرهان في الساحل، يبدو أن الجزائر تخسر الآن الرهان في الصحراء الغربية بسبب غياب المبادرة.

    الصحراء الغربية #الصحراء الغربية #المغرب #الجزائر #الجزائر #إسرائيل #الولايات المتحدة #الطائرات بدون طيار#

  • Au nom de la désescalade, l’Algérie laisse faire le Maroc

    Depuis le 7 octobre 2023, les responsables américains multiplient les navettes vers le Machrek tout en multipliant les déclarations de soutien à Israël. Sous prétexte d’éviter l’escalade du conflit aux autres pays de la région, Washington permet à Israël de poursuivre le génocide à Gaza.

    Au Maghreb, de nombreux émissaires américains ont visité l’Algérie depuis la reprise de la guerre au Sahara Occidental où le Maroc a affiché sa supériorité grâce aux drones fournies par son allié israélien. En vue de garder cet état de lieu, Washington empêche Alger de fournir des drones au Front Polisario et créer ainsi un équilibre de forces sur le terrain. Au nom de la désesclade, Washington souhaite préserver l’avantage au bénefice de son allié, le Maroc.

    L’intervention des américains en vue freiner l’avancée des sahraouis n’est pas nouvelle. C’était le cas de la bataille de Zak, lorsque l’armée marocaine a été assiégée par les combattants de l’APLS pendant presque six mois, de septembre 1979 à mai 1980. Les américains ont ordonné à Alger de mettre fin au siège en vue de permettre le contingent marocain de se ravitailler.

    Les Etats-Unis n’ont jamais toléré une superiorité sahraouie sur le terrain de bataille. C’était le cas aussi lors de la bataille de Guelta Zemmour, le 13 octobre 1981. Sous prétexte d’escalade sahraouie, l’administration de Ronald Reagan a fourni une importante aide militaire au Maroc. D’après un câble envoyé par l’ambassade américaine à Alger en date du 16 décembre 1981, le géneral Vernon Walters, responsable du Pentagone a déclaré au ministre algérien des affaires étrangères Mohamed Salah Dembri:  » notre réponse a été proportionnée à l’escalade provoquée par l’introduction des missiles SAM-6, et que son objectif est de rétablir l’équilibre militaire et d’empêcher une nouvelle escalade du conflit du Sahara occidental, tandis que les efforts diplomatiques pour trouver une solution se poursuivent ». De là, desescalade est devenue synonyme de statu quo.

    Dans une autre correspondance datée du 14 février 1982, le ministre algérien de la défense, Belloucif, a souligné devant le vice-ministre Nicholas Veliot que l’Algérie avait payé un prix trop élevé pour sa propre indépendance en permettant à Cuba, à l’URSS , à l’Allemagne de l’Est ou à tout autre étranger d’intervenir au Sahara occidental.

    Il semble que Washington s’est assuré une certaine « retenue » de la part de l’Algérie, qui selon un autre câble américain, « considère de plus en plus ses intérêts en termes de stabilité régionale et de coopération économique. En outre, la réponse américaine à Guelta Zemmour a probablement convaincu l’Algérie que l’escalade militaire est une proposition sans issue et qu’elle risque gravement d’impliquer les superpuissances ».

    Les sahraouis sont unanimes sur le fait qu’ils ont survécu face aux hordes marocaines grâce au soutien de Kadhafi. « Sans lui, nous serions restés au Kalachnikof de l’Algérie », affirment-ils. Les événements récents confirment cette hypothèse. Les sahraouis sont massacrés avec les drones israéliens au vu et au su de leur allié algérien et ce dernier laisse faire pour ne pas froisser les américains.

    « Les palestiniens sont victimes de la normalisation des pays arabes avec Israël, les sahraouis de la tentative de normalisation de l’Algérie avec les Etats-Unis », selon un haut responsable sahraoui qui a requis l’anonymat.

    Qu’est-ce qui explique la position algérienne? A la volonté de « retenue » ou au manque de courage pour prendre une décision susceptible de remettre le Maroc à sa place par crainte des représailes de ses alliés? Après avoir perdu le pari du Sahel, Alger en train de perdre le pari du Sahara Occidental poussée par le manque d’initiative.

    #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #Israël #EtatsUnis #drones

  • L’énergie au cœur de la nouvelle carte et des conflits du Moyen Orient

    par B. Habib

    Géopolitique de guerre, énergie, conflits et contrôle des ressources de pays dominés militairement … autant de facteurs qui favorisent et définissent le temps de paix ou de guerre dans le monde. On consent à admettre que l’énergie est de tout temps au cœur des défis et des enjeux mondiaux. C’est la nouvelle arme, à l’origine de tous les conflits, sont unanimes à dire des experts en géopolitique.

    Lorsque le Monde bascule vers un amenuisement de ressources énergétiques, il est très vite à la quête de conflits afin de s’approprier routes et voies maritimes, richesses minières dont le pétrole, le gaz et l’or afin de s’assurer son économie et faire marcher son industrie militaire en manque d’exploitation. Comment engranger de tels dividendes?

    La guerre d’Israël contre Ghaza d’une superficie de 360 km2, n’est qu’un prélude à l’appropriation de la mer de la bande vers la Mer Rouge ou la Méditerranée. C’est une côte qui borde l’Egypte au sud-ouest et Israël au nord-est et qui peut, par conséquent, servir de «fenêtre» supplémentaire pour l’entité sioniste sur la mer pour le trafic maritime et le transit de ses troupes militaires.

    La Syrie qui est elle aussi une alternative pour l’Etat hébreu afin d’empêcher l’incursion à nouveau du régime de Hezbollah, est dans le collimateur du projet sioniste d’extension au Moyen Orient ; la preuve est qu’aussitôt la chute du régime d’Al Asaad, après 12 ans de conflit et de guerre civile, alimentée par des parties étrangères, Israël a annoncé sa légitimité sur le Golan, territoire qu’elle occupait depuis la guerre de 1967 puis récupéré par la Syrie.

    Les experts considèrent que c’est la carte énergétique mondiale qui est en train de se dessiner en raison des conflits au Moyen-Orient. Tout compte fait, pour l’expert en énergie et enseignant en stratégie, Mourad Preure, les récents évènements en Syrie et la situation globale dans la région ne sont autres qu’une lutte pour «prendre le contrôle sur les sources énergétiques et les routes maritimes».

    «Ce qui se passe en ce moment en Syrie, en particulier, et au Moyen-Orient, d’une manière générale, est un conflit pour le contrôle des sources énergétiques et des routes maritimes», indique M. Preure, à l’occasion de son passage, ce mardi, dans l’émission «L’invité du Jour» da la Chaîne 3 de la Radio algérienne.

    Après la Syrie, le Liban et Ghaza, à qui sera le tour? Pour le moment, les pays du Golfe qui sont en abondance énergétique, ne représentent pas un danger pour l’Occident ni pour Israël d’ailleurs. Deux raisons: la première est que certains de ces pays ont normalisé avec l’Etat hébreu en contrepartie de dividendes économiques. La seconde est que des pays du Golfe offrent une solution énergétique à l’Occident.

    Le noyau du prochain conflit énergétique se trouverait, ce faisant, en Iran ou en Irak, selon des experts qui avertissent sur le danger qui guette plus l’Iran. Selon l’expert Mourad Preure, la situation va impacter plusieurs pays dans la région dont l’Iran. «Incontestablement, il va y avoir des effets seconds sur l’Irak.

    L’Iran sera également impacté, directement et indirectement car, avec la Russie, il avait la main sur l’équilibre géopolitique et géostratégique dans la région», prévient M. Preure, avant de poursuivre : «Aujourd’hui, l’Iran se retrouve affaibli et l’équilibre moyen-oriental prend une autre dimension car la chute d’un ordre est toujours suivie par le désordre, le chaos».

    Concernant la répercussion de cette situation sur les marchés pétroliers, l’intervenant précise que ces derniers ne connaissent pas de réels bouleversements, en raison du surapprovisionnement des marchés, mais cela ne va pas durer. «Pour le moment, il n’y a pas de crainte de rupture d’approvisionnement. De ce fait, le cours du pétrole est marqué par une légère hausse, toutefois, cette situation risque de ne pas perdurer et de se développer d’une manière inconnue, car aucun expert au monde ne peut prédire comment la situation va évoluer en Syrie et les répercussions qu’elle aura sur les marchés», affirme M. Preure.

    Interrogé sur la transition énergétique et son impact sur le futur des conflits, l’invité de la Chaîne 3 a estimé que cette transition qui est en train de se faire au pas de course, est une illusion. Pire encore, ce changement et cette allure s’avèrent désastreux pour bon nombre de secteurs dont celui de l’industrie automobile.

    M. Preuve poursuit et étaye son argumentaire, en citant comme exemple l’industrie automobile allemande où des marques telles que Volkswagen sont forcées de fermer des usines ou encore l’action du groupe automobile multinational franco-italo-américain «Stellantis» qui a perdu 50% de sa valeur en une année.

    Pour le consultant international en questions énergétiques, ce n’est pas demain la veille que les énergies vertes vont remplacer les hydrocarbures. «Le pétrole et le gaz représenteront 50% de la consommation mondiale de l’énergie en 2050 et continueront à être source de conflit», a-t-il jugé, avant de conclure: «La Chine est le premier importateur mondial de pétrole et de gaz. Si on souhaite étrangler la Chaîne, on étrangle le Moyen-Orient».

    Le Carrefour d’Algérie,10 Décembre 2024

    #MoyenOrient #Gaza #Palestine #Israël #Energie #EtatsUnis #Conflits

  • Instabilité politique en France. Etat et perspectives

    par Abdelhak Benelhadj

    Depuis la surprenante dissolution de l’Assemblée Nationale en juillet, la France connaît une vie politique en crise historique.

    Après avoir longtemps tergiversé, prenant prétexte les Jeux Olympiques organisés à Paris, E. Macron a fini par se résoudre à choisir en septembre un Premier ministre parmi un groupe qui compte moins de 6% de députés. Fatalement, la situation devait finir par un échec et M. Barnier a été censuré.[1]

    Le président et le monde politique français retournent aux conditions initiales. Une des solutions envisagées, comptant sur leurs rivalités internes, passait par l’introduction d’une faille entre les membres du Nouveau Front Populaire (NFP) et envisager alors de recomposer avec le «bloc central» un gouvernement réunissant un «axe républicain» qui isole à la fois le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI). Sous forte pression interne et externe, la direction du PS et son Premier secrétaire, O. Faure, se sont sentis obligés de demander audience au président de la république qui les a reçus le vendredi 06 décembre, pour tenter de trouver une sortie à un blocage politique dont l’Elysée est seul responsable.

    La délégation du PS, sans doute pour éviter l’isolement, a convaincu le président d’envoyer une invitation aux autres membres du NFP.

    Ce qui fut fait.

    Si le PC et les Verts ont accepté et rencontré le président le lundi 09 décembre, les Insoumis ont refusé expliquant qu’ils n’ont rien à négocier avec un président qui ne cherche qu’à se maintenir au pouvoir et à conforter la politique qu’il a toujours menée, alors qu’il a, ainsi que ses représentants à l’Assemblée Nationale, perdu les élections européennes et législatives.

    A la sortie de l’Elysée, la déclaration des représentants du PC est embrouillée et confuse insistant sur la nécessité du dialogue tout en évitant de préciser les termes de ce dialogue.

    Les Verts, au contraire sont très clairs et demeurent pour l’essentiel sur la ligne défendue par le NFP.

    A la suite de quoi, l’Elysée propose une réunion générale mardi 10 décembre à tous les responsables des partis représentés à l’Assemblée à l’exclusion du RN et de LFI. Il faut noter que ces deux formations politiques ne sont pas absentes aux débats pour les mêmes raisons.

    Comme on l’a noté plus haut, LFI a refusé de se rendre à l’Elysée, alors que le RN n’a pas eu l’occasion de refuser pour la simple raison qu’il n’a pas été invité. Nuance que les médias préfèrent ne pas souligner.

    Le «mouton à cinq pattes»

    Lundi 09 décembre, le PS envoie une lettre à l’Elysée témoignant d’un revirement dans sa position. Dans cette lettre, le PS semble rétropédaler et rappelle les termes du contrat conclu avec les électeurs et leurs partenaires du NFP.

    PS, Verts et le PC reviendraient peu à peu à leurs conditions initiales : pas de gouvernement sans un Premier ministre de gauche, abolition de la réforme des retraites, hausse de la fiscalité sur les revenus et les patrimoines des plus aisés… comme «lignes rouges» à ne pas transgresser.

    Avec une alternative très difficile à suivre : une éventuelle non-participation à un gouvernement dirigé par un premier ministre de droite que les socialistes ne censureraient pas sous réserve que les décisions prises soient conformes au programme défendu par le NFP. Ce qui est évidemment impossible.

    Ce qui revient à continuer à être dans l’opposition à un gouvernement sans le censurer.

    On s’épargnera les «nuances» et les déclarations contorsionnées des membres des différents partis concernés qui révèlent leur malaise.

    Cela ressemble beaucoup à la position de Marine Le Pen et de son parti : être à la fois «pour» et «contre», dehors et dedans et espérer tirer parti des avantages des deux positions.

    Comprenne qui pourra. On sait ce que ce genre de tactique a coûté au RN.

    J.-L. Mélenchon fait un pari incertain et périlleux : «Je vis avec l’idée qu’ils ne le feront pas (de construire une coalition avec le centre ou la droite) et que dans un jour ou deux, un peu penauds, ils vont revenir.» (AFP, lundi 09/12/2024)

    En sorte que la réunion prévue mardi 10 décembre, si l’on tient compte des positions du «bloc central», macroniste et LR, semble être partie pour échouer. Les questions à son entrée demeurent les mêmes qu’à sa sortie.

    C’est d’autant plus préoccupant que ce n’est pas l’Elysée qui devrait réunir les partis, mais l’Assemblée Nationale. Il expose sa fonction au moment où tous ses efforts sont réunis pour l’en préserver et entretient une confusion dommageable (ce n’est pas la première) entre exécutif et législatif.[2]

    Lorsque O. Faure à l’issue de sa réunion avec le président déclare : «Si E. Macron renonce au 49.3, nous ne censurons pas», on se demande ce que pèse réellement cet engagement, son groupe à l’Assemblée et ce qu’il en restera s’il s’avisait de couper ses ponts avec ses partenaires du NFP.

    Dans ce jeu de dupes, le président n’a qu’un objectif : rester à son poste jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’en 2027, et administrer les affaires de la nation via l’entremise d’un gouvernement qui ne devra pas être censuré.

    Par ce «contrat de méthode», E. Macron offrirait la garantie de ne pas dissoudre en juillet prochain et de faire voter un nouveau code électoral établissant la proportionnelle pour enlever à LFI toute possibilité de menacer les autres partis de gauche qui souscriraient à l’accord qu’il leur soumet. Incidemment, cela conviendrait aussi au RN qui le réclamait depuis longtemps pour faire valoir sa «réelle» influence étouffée par le régime majoritaire.

    Le seul problème est qu’il n’y a pas que les élections législatives à intégrer dans les calculs. D’autres élections à venir vont subir l’impact de ces tractations, du reste très instables sur la durée. Les différents partis qui entreraient dans ce processus restent tout compte fait minoritaires et le pacte qui leur a permis d’accéder au statut d’interlocuteurs privilégiés à l’Elysée aura alors partiellement ou totalement disparu.

    De plus, il n’est absolument pas certain que le «contrat» (de non-censure) signé par les chefs de parti soit ipso facto suivi par tous leurs députés y compris ceux des partis du centre et de la droite.

    Cela, sans compter la réaction des électeurs et de la «rue», toujours imprévisible.

    Il est illusoire d’espérer concilier entre politiques un écart économique, social et même urbain, qui se creuse tous les jours davantage, entre leurs électeurs. Les partis donnent parfois l’impression d’être en lévitation au-dessus du vide…

    L’asymétrie des deux «extrêmes» et le substrat économique et social

    Si on laisse de côté les expressions électorales et qu’on observe la causalité sous-jacente qui les explique, on comprendrait mieux l’état du paysage politique, les dynamiques électorales, et même les incohérences apparentes des partis.

    Les catégories sociales populaires ont les mêmes intérêts, vivent les mêmes contraintes, mais sont éclatées politiquement, surtout entre PC, LFI et RN. Chaque parti se retrouve comme il peut face à des dilemmes quelques fois ingérables. Examinons ce point :

    La désindustrialisation des entreprises industrielles européennes (en l’occurrence françaises) a visé trois objectifs principaux :

    1.- Une chute des coûts salariaux

    2.- Une désyndicalisation rapide des travailleurs passés de l’industrie au secteur tertiaire, moins bien payés et sans repères dans des structures plus petites,

    3.- Un déclin électoral progressif du Parti communiste depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Ce parti ouvrier a perdu ses députés parce qu’il a d’abord perdu ses électeurs et n’a plus d’idéologie à vendre à la société.

    Le PC a perdu ses ouvriers. Il a aussi perdu ses intellectuels, ses poètes, ses artistes, ses universitaires et une articulation cohérente entre les mondes de l’industrie et de l’université.

    LFI en a récupéré une part importante parce qu’il propose un projet dynamique adapté au monde dans lequel vivent ses électeurs. Il s’agit en particulier de sa composante «damnés de la terre» immigrée qui peuple les banlieues abandonnées par les «souchistes», un peu comme à la moitié du XIXème siècle, les «faubourg» étaient dominés par les Saint-simoniens dont l’association attaquée en justice, au début des années 1830, a été dissoute, en partie parce qu’ils se sont fourvoyés à créer une religion (très progressiste) plutôt qu’un parti politique.

    C’est probablement pourquoi le PC entretient une sourde animosité à l’égard de son partenaire du NFP identiquement soucieux d’égalité et d’équité.

    * Le Rassemblement National a toujours été un parti attrape-tout profitant des mécontentements et des suffrages venus d’horizons sociaux et économiques divers, du patronat aux employés tertiarisés passablement xénophobes.

    Son principal problème est qu’il fait le grand écart entre catégories sociales dont les intérêts ne coïncident pas et ne convergent pas.[3]

    La dernière censure votée (par le RN et le NFP) contre M. Barnier l’a montré de manière pédagogique.

    Si les électeurs du NFP ont salué dans l’ensemble ce mauvais tour fait à Macron, ce ne fut pas le cas de tous les électeurs du RN dont une part – environ un tiers – (des patrons, commerçants, artisans, retraités…) a été scandalisés par ce vote. Les sondages ont rapporté une baisse très nette de popularité du parti de M. Le Pen. Les alliés LR et ex-Républicains du RN ne l’ont pas apprécié non plus. Certains membres du Rassemblement sans doute pas non plus.

    Mais ce n’est pas le cas de la grande majorité populaire de ce parti, qui l’a salué. Résultat ; le RN est coincé et isolé. De plus, la censure à laquelle il a pris part le met en conflit avec ses très proches voisins LR avec lesquels il partage bien des axes politiques.[4]

    Un sondage récent sur les intentions présidentielles démontre cela de manière pédagogique.[5]

    Au premier tour, M. Le Pen arrive largement en tête des suffrages, confortée par ceux qui ont soutenu la décision du RN de censurer le gouvernement Barnier. Mais c’est au second que se constatent les dégâts de son vote, là où, ayant fait le plein de voix au premier tour, elle perd toute possibilité d’élargir l’espace de son audience. Le résultat du grand écart lepéniste : ce qu’elle gagne auprès de l’électorat populaire convaincu que la majorité de leurs problèmes viennent des étrangers africains et maghrébins, elle le perd auprès de l’électorat de droite qui la prive d’une éventuelle victoire finale.

    Les enjeux

    Contrairement à la fable, partout colportée, E. Macron n’est pas un caractériel névrotique qui «se cramponne à son siège». Certes, il verse comme beaucoup de chefs d’Etat dans un égotisme auquel peu résistent. C’est encore plus facile et tentant quand on est oint par une Constitution quasi-monarchique.

    La dissolution de l’Assemblée Nationale en juillet dernier n’est pas la cause de la crise politique dans laquelle se débat la France, menaçant sa stabilité financière, aggravant l’état de son économie et affectant son «prestige international».

    Elle l’a révélée.

    Au plus, la seule et principale erreur de E. Macron, outre la dissolution, est de ne pas avoir cherché dès le mois de juillet, à conclure sérieusement un contrat de cohabitation, une sorte de modus vivendi avec le NFP, préservant à la fois les intérêts qui lui ont permis d’être là où il est et l’expression du vote des Français. Il a préféré louvoyer pour tenter d’annuler le suffrage qui l’a désavoué et pour maintenir un cap comme s’il ne s’était rien passé. L’explication de son attitude est simple et accessible à une raison élémentaire.

    Rentes et partage des revenus. Qui vote pour qui et pourquoi ?

    Ci-dessous, un exemple emblématique qui explique à la fois les raisons pour lesquelles le président a perdu ses élections et pourquoi il ne renonce pas à ses pouvoirs.

    La décentralisation engagée depuis Mitterrand, sous prétexte de rapprocher la décision de là où elle se justifie et s’applique, a dessaisi les préfets de la politique du logement pour la confier aux autorités locales élues qui se trouvent aussitôt pris dans des jeux politiques locaux qui pèsent sur leurs décisions. Il s’en est suivi une progressive discrimination urbaine à l’avantage de la propriété individuelle et au détriment de la construction de logements sociaux.

    Le logement pèse très lourds dans le budget des ménages et surtout des ménages à très faibles revenus, quand ils arrivent à trouver un logement…

    En 2023, le nombre de ménages en attente d’un logement social a atteint 2,6 millions, soit une hausse de 7,5% sur un an, tandis que le nombre d’agréments est «à son pire niveau depuis 2005». «On n’a jamais aussi peu produit de logement social et on n’a jamais eu autant de demandeurs», constate Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, la confédération des bailleurs sociaux. (AFP, jeudi 25 Janvier 2024). En 2022, 26,7% des dépenses des Français sont consacrées au logement (17,9% en 1976, 9.5% en 1960). Soit deux fois plus que pour la nourriture (13,5%). Or, la moitié des logements locatifs dans le parc privé en France appartiennent à 3% des familles en France, multipropriétaires rentiers consommateurs de valeur ajoutée produite par d’autres et ne participent que très marginalement à l’investissement et à l’innovation.

    Un mythe récurrent à l’usage des nigauds : la neutralité politique du capital

    Le FMI, la Banque Mondiale, la BCE, les Fonds de pension, les agences de notation… sont loin d’être ce qu’ils prétendent être, des espaces «neutres», techniques, «apolitiques» qui arbitrent la vie économique internationale.

    Ils ne sont pas seulement là pour conseiller des «investisseurs» dans l’affectation de leurs ressources dans l’économie réelle, anticipant l’état future des innovations et de la géoéconomie mondiale, sur la base d’une approche professionnelle, distanciée et objective uniquement fondée sur l’évaluation des bilans des entreprises et des gouvernants.

    Nous avons affaire là à une économie globale complètement financiarisée et numérisée, avec des prédateurs impitoyables, des agioteurs qui ne créent pas de richesses, mais seulement soucieux de dégager des Plus-values en déplaçant, le plus souvent à très grande vitesse des sommes considérables. L’inflation sur les biens réels s’est déplacée depuis au moins les années Reagan, sur les produits financiers entre les places de plus en plus connectées.

    C’est ce qui explique à la fois le gonflement totalement artificiel des capitalisations boursières et l’explosion des fortunes personnelles.[6]

    C’est à cela que la dette souveraine de la France doit (à la surprise des observateurs) de ne «subir» qu’un taux d’intérêt relativement faible (moins de 3%) et un spread franco-allemand qui oscille en 70 et 85 points de base.

    Cette «compréhension», cette aménité des marchés est surprenante. Bien des pays dans des situations similaires n’en ont pas bénéficiés. A quelles circonstances la gestion calamiteuse des affaires politiques de E. Macron doit-il d’en bénéficier ?

    C’est dans ce monde que vit E. Macron et ses députés, avec une mission : garantir sans états d’âme la permanence de cet état de fait.

    Ce sont ces contraintes qui permettent de comprendre les hésitations et les maladresses apparentes des décideurs et des partis politiques affairés et divisés par des questions économiques, budgétaires, sociales et financières. D’autres sujets, soustraits aux regards, soigneusement écartés permettent de mieux comprendre ces altercations insolubles. [7]

    De la guerre et de la paix

    Ainsi en est-il des relations internationales et même de l’Europe, complètement écartées des débats. Il en est de même de la défense. Un peu comme si ces questions faisaient l’objet d’un consensus alors qu’il suffirait de s’en approcher pour voir que ce n’est pas le cas, bien au contraire. Alors qu’elles sont au cœur de ce qui divise les politiques français.

    Le seul parti qui en parle est le Rassemblement National. Mais aussitôt pour les limiter à la sécurité, à la démographie, à l’économie sociale et aux «valeurs» nationales dangereusement menacées par une «immigration incontrôlée».

    Pourtant, il s’agit là de sujets pour ainsi dire «explosifs».

    Sous forte pression de Washington, l’Union Européenne s’est impliquée dans un conflit militaire très dangereux et surtout très coûteux. La facture se monte en centaine de milliards de dollars et d’euros.

    Depuis, février 2022, sous prétexte que leur liberté et leur sécurité étaient menacées, les pays européens ont fait des choix qui ont entraîné une hausse vertigineuse des dépenses militaires prélevées sur les ressources collectives au moment même où les budgets nationaux étaient très contraints, à la fois par une baisse excessive des prélèvements obligatoires (sur le capital) et par une hausse des dépenses notamment liées à la pandémie, au vieillissement des populations et à une baisse de la croissance économique.

    Ces choix qui coûtent à la qualité de la protection sociale, de l’éducation, de la santé, des équipements publics, du logement (cf. plus haut)… ont été faits à l’insu des populations sans être soumis à un débat ouvert et à une délibération en connaissance de causes et de… conséquences.

    Exemple : une concurrence féroce est faite à l’agriculture européenne à cause du conflit ukrainien. En 2016, un accord de libre-échange limité a été conclu avec l’Ukraine. En 2022, pour aider ce pays, les quotas affectant le poulet ukrainien de 7% augmentent de 40%. Le poulet ukrainien est emballé en Pologne ou aux Pays-Bas. Il perd alors les références de son origine et prend celles de l’UE.

    Les importations de sucre ukrainien dans l’Union européenne passent de 20 000 tonnes à 700 000 tonnes ou plus en 2024. La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) lançait déjà une alerte et craignait une déstabilisation du marché européen. (La France Agricole, mardi 28 novembre 2023).

    Il en est de même des céréales. L’Ukraine prétend que les bombardements russes empêchent d’exporter vers les pays pauvres du tiers-monde, alors qu’ils se dirigent par chemin de fer, par route et via le Danube plutôt vers les marchés européens plus lucratifs.[8]

    C’est pourquoi les liens de causalité entre ce conflit, les décisions qu’il a nécessitées et les crises qui se multiplient en Europe ont été mises sous le boisseau et continuent d’être ignorés par les débats politiques en cours. Les problèmes économiques et sociaux sont subis, mais à aucun moment n’en est désignée leur origine et leur cause.

    L’instabilité politique qui affecte les exécutifs européens ignore publiquement une part importante des raisons qui l’expliquent.

    A la veille de la crise ukrainienne, la chancelière A. Merkel cède sa place à O. Scholz qui annonce pour février 2025 des élections législatives anticipées, après avoir démis de ses fonctions son ministre des finances et brisé la coalition qui dirigeait l’Allemagne.

    Le 21 juillet 2022, devant la Chambre des représentants au complet, le président du Conseil des ministres, Mario Draghi, annonçait sa démission dans une Italie structurellement instable. De nombreux gouvernements ont été désavoués par les votes ou sont fragilisés : au Royaume Uni, en Pologne, en Slovénie, aux Pays-Bas… mais aussi en Roumanie, en Moldavie, en Géorgie et en… France aujourd’hui.

    Alternative : entre Charybde et Scylla

    La démission du président provoquerait de dangereux mouvements sur les marchés financiers dont n’importe quel chef d’Etat à la hauteur de sa charge chercherait en à préserver son pays et la fortune de ceux qui le soutiennent.

    Des questions se posent alors. Pour éviter un collapsus macronien ;

    – C’est peu probable, mais le grand capital français accepterait-il de mettre la main à la poche pour sauver une poule aux œufs d’or qui ne lui a jamais cessé de rapporter ? On peut délocaliser des entreprises industrielles, mais il est inconcevable de délocaliser la France et sa «douceur angevine» à laquelle tient toute l’Europe et les grandes fortunes occidentales. S’il est possible d’endiguer l’appétit des «sans-culottes» et que le gouvernail demeure entre des mains de confiance, tout est possible si quelques chutes de table devaient calmer l’ogre populaire…

    – Bruxelles (et les marchés…), dans ces conditions, consentirait-il à laisser la France jouir d’un «quoi qu’il en coûte» qui coûterait malgré tout, mais moins qu’un collapsus hexagonal catastrophique pour l’unité européenne et occidentale. Il suffirait de regarder une carte géopolitique du «Vieux continent» et d’en tester l’hypothèse : si on enlève la France, il n’y a plus d’Europe.

    Rien que pour éviter cela, même un banquier pingre et ladre qui «raserait les verres»[9] n’en prendrait pas le risque.

    Notes :

    1. Abdelhak BENELHADJ : «La France sous ‘Coup d’Etat permanent’».

    Le Quotidien d’Oran, 12 sept. 2024

    2. La réduction en 2000 du mandat présidentiel, de sept à cinq ans, a contribué à la confusion des fonctions du président et de son premier ministre. Les moins oublieux se souviennent du président-chef d’orchestre N. Sarkozy.

    3. L’histoire a connu semblable évolution. En Israël le gouvernement Netanyahu (dans la continuité de ceux qui ont contribué à l’assassinat de Y. Rabin) a réussi à entraîner son opinion publique dans une dérive passionnelle, irrationnelle, raciste et criminelle contraire à ses intérêts en l’isolant d’une population palestinienne disposée à partager territoire, histoire, langue, culture et économie, et en créant un gouffre avec les pays de la région pour lesquels Israël est désormais un pays dangereusement, radicalement et, surtout, irréversiblement étranger.

    4. L’ancien ministre de l’intérieur, B. Retailleau, tient des propos que le RN pourrait revendiquer. C’est cette proximité qui a inspiré E. Ciotti qui a fait le choix de rejoindre et de fusionner avec le parti de M. Le Pen.

    5. Ifop-Fiducial pour Le Figaro Magazine et Sud Radio publié mercredi 11 décembre 2024.

    6. E. Musk est devenu en 2024 l’homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 348 Md$ (plus de 10 fois le PIB du Sénégal, 2020). En l’espace d’un an, elle a augmenté de près de 130 Md$ (3 fois le PIB de la Tunisie, 2023). La fortune des cinq hommes les plus riches du monde est passée entre 2020 et 2023 de 405 milliards de dollars à 869 Md$, et celle des milliardaires a augmenté de 3 300 Md$, déplorait Oxfam (AFP, lundi 15 janvier 2024). Selon la banque suisse UBS, la richesse totale des milliardaires dans le monde a augmenté de 121% en 10 ans, passant de 6 300 Md$ à 14 000 milliards entre 2015 et 2024 (Les Echos, jeudi 05 décembre 2024). Est-ce bien raisonnable ?

    7. Inversement, l’instabilité politique menace l’économie de graves dommages Lire «Instabilité politique, quelles conséquences sur les marchés?» Christian Saint-Etienne, Le Cercle des économistes, Lundi 09 décembre 2024.

    8. Cf. Abdelhak Benelhadj : «La guerre du blé». Le Quotidien d’Oran, 28 juillet 2022.

    9. Vieil aphorisme alsacien. Idiotisme intraduisible en français.

    Source : Le Quotidien d’Oran

    #France #Macron #RN #LFI #Mélenchon #NFP

  • La mort lente de la Françafrique

    Le Tchad met fin aux accords de coopération de sécurité et de défense avec la France, a annoncé jeudi le ministre des Affaires étrangères tchadien.

    Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française», a déclaré Abderaman Koulamallah dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle du ministère.

    Le Sénégal a également exigé le retrait du dernier contingent militaire français stationné sur son sol. En l’espace de deux ans, l’armée française a été contrainte de quitter la Centrafrique et les pays de la bande sahélo‐saharienne dans lesquels était ancrée l’opération Barkhane.

    Mali, Burkina Faso et enfin Niger : entre l’été 2022 et le mois de décembre 2023, la France a été délogée des pays du Sahel au sein desquels elle était installée depuis 2014 dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Déjà en fin d’année 2022, peu de temps après le départ des forces françaises du sol malien, les derniers militaires français déployés en République centrafricaine avaient décollé de l’aéroport de Bangui, poussés par les miliciens de Wagner qui s’étaient imposés dans le pays.

    La réaction quasi‐révulsive à l’égard de la France, dans les pays où elle a été appelée à retirer ses troupes, ne se résume pas à un simple caprice des régimes en place, souvent issus de coups d’Etat, comme le soulignent fréquemment les médias français, mais elle incarne plutôt un phénomène plus profond.

    Pour une large part de la population, la France ne lutte pas contre le terrorisme, mais exploite plutôt les ressources naturelles de la région, telles que l’uranium, le pétrole et le gaz.

    Cette perception a été renforcée par des pratiques comme celles d’Orano, anciennement Areva, qui a longtemps dominé l’exploitation de l’uranium au Niger, consolidant l’idée d’une France plus intéressée par l’extraction des richesses locales que par la sécurité des peuples sahéliens.

    L’Express, 01/12/2024

    La «Françafrique», mode d’emploi d’une filière occulte

    Par  Thomas Vampouille

    Depuis l’accession à l’indépendance des colonies africaines, les présidents français successifs ont entretenu, à des degrés divers, des relations secrètes et ambiguës avec plusieurs chefs d’État africains. Retour sur cinq décennies d’histoire de l’ombre.

    De rumeurs en affaires, la «Françafrique» est le serpent de mer de la politique étrangère française depuis cinq décennies. Médiatisée dans les années 1990, l’expression désigne les relations spéciales – soutien aux dictatures, coups de force, détournements de fonds, financements illégaux de partis politiques français – que Paris entretient avec plusieurs États africains. Selon Robert Bourgi, à l’origine du dernier scandale en date, tous les présidents français depuis De Gaulle jusqu’à Chirac auraient profité de ce système.

    De Gaulle invente la «cellule Afrique»

    En 1960, au moment des indépendances africaines, la France veut conserver son influence sur le continent noir et préserver son indépendance énergétique. Pour ce faire, De Gaulle met en place une «cellule Afrique», installée directement à l’Élysée et dégagée de la tutelle du ministère des Affaires étrangères. À sa tête, le général place Jacques Foccart, gaulliste de la première heure. Sa devise : «Rester dans l’ombre pour ne pas prendre de coup de soleil». Sous De Gaulle puis Pompidou, l’homme s’emploiera à tisser un dense réseau franco-africain mêlant hommes politiques, chefs d’État africains, hommes d’affaires, services secrets et barbouzes. En poste jusqu’en 1974, il sera un temps écarté par Valéry Giscard d’Estaing mais son réseau gardera de l’influence jusqu’à sa mort, en 1997.

    Elf ou la «France-à-fric»
    L’approvisionnement en pétrole, après la perte de l’Algérie, est l’objectif premier de la diplomatie parallèle mise en place par Foccart. C’est dans ce contexte qu’est créée, en 1965, la compagnie pétrolière d’État Elf, qui développe ses activités en Afrique sub-saharienne.

    En 1994, l’éclatement de l’affaire Elf porte les dessous de la Françafrique sur le devant de la scène. Elle révèle des circuits financiers alimentant un vaste système de corruption de part et d’autre de la Méditerranée. Loïk Le Floch-Prigent, à la tête de l’entreprise de 1989 à 1993 et condamné en 2003 pour plusieurs centaines de millions d’euros de détournements de fonds, résumera ainsi le système : «En créant Elf (#8230;) les gaullistes voulaient un véritable bras séculier d’État, en particulier en Afrique (#8230;). Une sorte d’officine de renseignements dans les pays pétroliers. L’argent du pétrole est là, il y en a pour tout le monde. (#8230;) Elf fut et reste une pièce essentielle du dispositif néo-colonial mis en place par Paris, quelques années après les indépendances, afin de maintenir sa tutelle économique et politique».

    L’affaire montre que la Françafrique n’a pas disparu sous François Mitterrand, bien au contraire. Outre le réseau Foccart, toujours actif, les années 1990 ont vu l’arrivée de nouveaux acteurs de la Françafrique, dont Jean-Christophe Mitterrand, le fils du président, puis Charles Pasqua dans le gouvernement d’Edouard Balladur (1993-1995). Les deux se retrouveront au tribunal dans l’affaire de l’Angolagate.

    «Le plus long scandale de la République»
    En 1998, François-Xavier Verschave publie La Françafrique, le plus long scandale de la République. Détournement de l’Aide publique au développement, assassinats, putsches#8230;le fondateur de l’association Survie, qui milite contre la Françafrique, liste les faits d’armes des réseaux parallèles.

    Parmi ceux-ci figure la guerre du Biafra. À la fin des années 1960, cette région du sud du Nigeria fait sécession. De Gaulle et Foccart sautent sur l’occasion pour tenter d’affaiblir le géant pétrolier, en livrant notamment des armes à la rébellion. Dans ses mémoires, Jacques Foccart citera De Gaulle en ces termes : «Le morcellement du Nigeria est souhaitable». La guerre civile provoque une famine qui fait entre 1 et 2 millions de morts.

    Mais la «grande #339;uvre» du réseau Foccart se situe au Gabon, ex-colonie française où d’importantes réserves de pétrole ont été découvertes. C’est lui qui installe en 1967 Omar Bongo au pouvoir : il y restera jusqu’à sa mort, 41 ans plus tard. Le président gabonais fait partie des chefs d’État africains cité dans l’affaire des «Biens mal acquis».

    Voir à ce sujet cet extrait du documentaire ‘Françafrique, la Raison d’Etat’, réalisé par Patrick Benquet en 2010 :

    Bourgi, «disciple» de Foccart

    Jacques Chirac élu à la présidence de la République, les amitiés spéciales perdurent. La mort d’Omar Bongo, en 2009, est l’occasion d’un nouveau déballage sur la Françafrique. Valéry Giscard d’Estaing affirme que le président gabonais avait financé en 1981 la campagne présidentielle de Jacques Chirac, qui se présentait contre lui au premier tour. « J’ai appelé Bongo et je lui ai dit : #8216;Vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent’, alors il y a eu un temps mort et il m’a dit : #8216;Ah, vous le savez’», raconte l’ancien président dont la tentative de réélection fut plombée par l’affaire des diamants reçus du dictateur centrafricain Bokassa.

    À la mort de Jacques Foccart, en 1997, c’est l’avocat Robert Bourgi qui reprend le flambeau auprès de Jacques Chirac. Il travaille en lien direct, selon ses dires, avec Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Élysée puis premier ministre. Au début des années 2000, Michel de Bonnecorse prend la tête de la cellule Afrique de l’Élysée, jusqu’en 2007. Robert Bourgi, lui, se range alors du côté de Nicolas Sarkozy.

    La rupture Sarkozy ?

    Dès la campagne présidentielle en 2006, Nicolas Sarkozy proclame son intention d’en finir avec la Françafrique. Dans un discours prononcé à Cotonou en mai 2006, le candidat promet l’avènement d’une «relation nouvelle». De fait, après son élection, la cellule africaine disparaît. Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, reprend les dossiers. Le chef de l’État annonce également la remise à plat des accords de Défense qui lient la France à ses ex-colonies et comportent des clauses secrètes portant sur les matières premières des pays africains.

    Mais un incident conforte ceux qui pensent que l’«Afrique de papa» n’est pas morte : l’éviction de Jean-Marie Bockel. En 2008, le secrétaire d’État à la coopération prend le président au pied de la lettre en appelant à «la fin de la Françafrique». Il est débarqué du gouvernement. En septembre 2009, Robert Bourgi révèle sur RTL que c’est Omar Bongo qui a obtenu du président de la République «la tête» du secrétaire d’État.

    Reste la question des mallettes d’argent, dont Robert Bourgi affirme que tous les présidents de la cinquième République ont bénéficié, excepté Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas l’avis de Michel de Bonnecorse, l’ex-Monsieur Afrique de Jacques Chirac. Dans La République des mallettes, de Pierre Péan, il assure qu’en 2006, Robert Bourgi a déposé de l’argent venu d’Afrique «aux pieds du ministre de l’Intérieur», Nicolas Sarkozy. Sur fond de déclin de la Françafrique (mort d’Omar Bongo, chute de Laurent Gbagbo, concurrence accrue sur le continent de pays comme la Chine ou les États-Unis), la guerre des ex-hommes de l’ombre est ouverte.

    Le Figaro, 3 septembre 2011

    #France #Afrique #Françafrique #Sénégal #Mali #Niger #BurkinaFaso #Tchad

  • Défis contemporains du droit international humanitaire

    Par : Dr. Fawzi Oussedik*

    Défis des nouveaux moyens et méthodes de guerre

    Les développements « technologiques nouveaux » ont conduit à l’émergence de « nouvelles guerres asymétriques » par l’apparition de nouveaux moyens et méthodes de guerre, qui pourraient affecter négativement le « déplacement des frontières » des règles d’engagement à l’avenir, comme les cyberattaques, les drones, et les robots armés, soulevant ainsi un nouveau débat et défi humanitaire et juridique.

    Il est très important pour tout État de posséder ou de développer des armes en tant que moyen ou méthode nouvelle de guerre, mais l’application de règles et de dispositions juridiques préexistantes (droit international humanitaire et dispositions connexes) rend leur possession et leur développement incompatibles avec certains principes de droit, en particulier avec les développements technologiques modernes, ce qui nous amène à nous interroger sur la clarté et la suffisance de ces règles à la lumière des caractéristiques distinctives de cette technologie. Ainsi, au cours des vingt dernières années, nous avons « assisté » à un changement dans les formes de guerres et de conflits armés, dont les caractéristiques sont :

    – Changement dans la nature des armes utilisées dans ces guerres.

    – Utilisation et emploi de technologies émergentes, conduisant à de nouveaux modes de combat.

    – Utilisation excessive de mécanismes autonomes dans toutes les plateformes militaires (plateformes numériques des institutions militaires).

    – Augmentation de l’utilisation de mécanismes non qualifiés dans les opérations militaires et utilisation d’armes cybernétiques et des avancées scientifiques et technologiques, ce qui a fait que les « guerres du XXIe siècle » ont changé en termes de formes, d’étendue et de motivations, les motivations économiques ou de haine devenant prioritaires sur les intérêts nationaux et idéologiques, et les forces régulières n’étant plus nécessairement la cible principale des attaques, la plupart des conflits armés se déroulant désormais dans des zones urbaines densément peuplées. Tout cela nous amène à nous demander :

    – Les principes et dispositions du droit international humanitaire sont-ils adaptés à ces changements rapides et successifs ?

    – Quelles sont les mesures efficaces pour encadrer ces défis et les nouveaux moyens et méthodes de guerre?

    – Est-il possible que cette « nouvelle réalité » qualitative menace la sécurité et la paix internationales?

    Nous tenterons d’étudier cette question à travers des « approches » innovantes pour répondre à ces problématiques, ce qui nous pousse à nous demander si le droit international humanitaire est actuellement suffisant pour faire face à ces défis récents, et si les principes généraux relatifs aux règles de combat et à leur conduite sont compatibles avec ces développements.

    Ainsi, devons-nous changer notre comportement, ou devons-nous changer et « mettre à jour » ou améliorer la loi applicable à ces « nouvelles guerres » ou guerres du XXIe siècle ?

    Guerre urbaine et conflits asymétriques

    Les guerres urbaines sont en constante augmentation, car elles sont devenues une source de prise de décision et un centre de toutes les ressources, et les « civils » et les biens civils de toutes sortes sont devenus « captifs » par nécessité selon cette logique de guerre contemporaine, avec ses multiples tragédies et impacts humanitaires. Ces guerres contemporaines posent des questions et soulèvent des défis pour le droit international humanitaire, tels que la destruction des infrastructures civiles, la dégradation de l’assainissement pour les populations civiles, et le ciblage de certaines installations sanitaires, culturelles et religieuses. Par conséquent, il est nécessaire de « moduler » les principes et dispositions du droit international humanitaire et de proposer des solutions dans ce cadre pour limiter leurs effets dévastateurs et leur propagation rapide, car elles sont devenues des conflits modernes « effectivement asymétriques », asymétriques en termes de « puissance des armes et de destruction utilisées », et asymétriques en termes de forte concentration sur certaines catégories de personnes dans des lieux spécifiques.

    Au fil des siècles, de nombreuses villes ont été détruites, et diverses techniques de guerre y ont été expérimentées, mais cette guerre a récemment connu un développement remarquable et s’est caractérisée par le trait des « guerres contemporaines ». Ainsi, la guerre urbaine a connu un développement historique qui peut être divisé en trois phases depuis le XIXe siècle. En 1930, les villes sont devenues les plus exposées à ces guerres et des cibles militaires dans les conflits armés. Pendant la guerre civile espagnole, la guerre sino-japonaise, et surtout la Seconde Guerre mondiale, les « villes » sont devenues des cibles stratégiques pour les belligérants en raison de leurs capacités industrielles importantes, par exemple, Hiroshima et Dresde, les civils devenant les premières victimes et participants malgré eux, et des cibles militaires.

    Les « guerres urbaines » sont également une forme de guerre qui relève de la guerre des groupes armés et des guérillas, et ce type de guerre a été observé au Salvador, au Guatemala, et ce type de guerre a suscité beaucoup d’encre dans le domaine du droit international humanitaire, nous amenant à poser plusieurs questions qui seront étudiées plus tard sous le titre « Guerre de guérilla ».

    Cependant, depuis 1990, avec la disparition de certains « facteurs internationaux », de nombreuses guerres ont pris un caractère civil, c’est-à-dire dans les grandes villes, et sont devenues la caractéristique contemporaine de ces conflits, devenant des conflits internes plus que des conflits internationaux continus, avec les parties au conflit utilisant divers moyens en termes de matériel et de nombre, au point que nous parlons désormais de conflits asymétriques.

    Entreprises de sécurité privées et militaires ou privatisation des guerres

    Nous avons observé dans le cadre des guerres contemporaines, en particulier l’invasion de l’Irak en 2003 et ses répercussions, l’augmentation continue des entreprises « privées », tant de sécurité que militaires, ce qui conduit à une déviation dans leur domaine d’activité, suggérant certaines lacunes ou zones d’ombre concernant les opérations et activités de ces entreprises. Les missions initiales supposées de ces entreprises sont le soutien logistique ou administratif, mais la déviation les a rendues plus impliquées dans les missions de sécurité et militaires pendant les conflits armés, telles que la protection des individus, des équipements et des installations militaires, la garde et le travail aux points de contrôle, la formation des forces armées et de sécurité, la maintenance des systèmes d’armes, l’interrogatoire des suspects et des prisonniers, et la collecte de renseignements.

    Ces activités ne sont pas limitées aux États, mais leurs services s’étendent aux organisations gouvernementales et régionales ou non gouvernementales. Cette « privatisation » des guerres a attiré l’attention de nombreuses parties, soulevant plusieurs questions et suscitant un large intérêt en retour, nous amenant à parler d’une « industrie de la guerre » émergente. Il est donc devenu nécessaire de mettre en place des limites, des règles et des normes auxquelles ces entreprises de sécurité et militaires doivent se conformer, car les lacunes juridiques ou les « zones d’ombre » existent, même en dépit de certains efforts pour codifier des législations spécifiques dans les pays, qui sont très rares pour réglementer les aides militaires étrangères. Par exemple, il existe une législation en Afrique du Sud adoptée en 1998, ou le Règlement sur le commerce international des armes (ITAR) en vigueur aux États-Unis, en application de la Loi sur le contrôle des exportations d’armes adoptée en 1968.

    Les deux seuls pays ayant des législations spécifiques régissant la prestation de services militaires et de sécurité sur leur territoire sont l’Irak et la Sierra Leone. Avant de répondre aux questions posées au début de l’introduction dans des demandes distinctes, il convient de rappeler aux lecteurs que le droit international humanitaire ne traite pas de la légalité du recours à la force armée, mais son rôle est de réglementer les actions de combat et leur gestion, et il ne traite pas de la légitimité des groupes armés organisés, mais réglemente et organise la manière dont ils doivent combattre.

    Mercenaires

    Toutes les discussions sur les entreprises commencent par une question de nature politique : « Les employés sont-ils considérés comme des mercenaires ? » C’est ce que nous essayons de clarifier dans le droit international humanitaire selon la définition du « mercenaire » à l’article 47 du Protocole additionnel I, qui le définit comme toute personne :

    – Recrutée spécifiquement pour combattre dans un conflit armé local ou à l’étranger.

    – Participant effectivement et directement aux hostilités.

    – Motivée principalement par le désir de participer aux hostilités en vue d’un gain personnel, et à qui une promesse de rémunération matérielle est faite effectivement – par une partie au conflit ou en son nom – qui dépasse de manière excessive ce qui est promis ou payé aux combattants de rang et de fonctions similaires dans les forces armées ou ce qui leur est payé.

    – N’étant pas ressortissant d’une partie au protocole additionnel I, article 50, paragraphe 1 :

    Les combattants sont :

    1. Les membres des forces armées d’une partie au conflit ou les membres des milices ou des unités de volontaires qui font partie de ces forces armées.

    2. Les membres d’autres milices et autres unités de volontaires, y compris les membres de mouvements de résistance organisés qui appartiennent à une partie au conflit, à condition qu’ils remplissent les conditions suivantes :

    – Être commandés par une personne responsable de ses subordonnés.

    – Avoir un signe distinctif fixe reconnaissable à distance.

    – Porter ouvertement les armes.

    – Se conformer dans leurs opérations aux lois et coutumes de la guerre.

    Civils

    Les employés des entreprises militaires/sécuritaires contractées par les États ou d’autres entités non étatiques (organisations gouvernementales ou non gouvernementales internationales) sont des « civils ordinaires ». Par conséquent, ils ne peuvent pas être ciblés, à moins qu’ils ne participent directement aux hostilités, ce qui leur ferait perdre cette protection. Le droit international humanitaire n’a pas défini de manière claire et explicite ce qui constitue une participation directe, ce qui leur fait perdre cette immunité. En revanche, fournir de la nourriture et un abri aux combattants ou « sympathiser » avec eux en général ne constitue pas une telle participation.

    Il existe plusieurs lois qui traitent du travail de ces entreprises uniquement pendant les conflits internationaux. En dehors de ces cas, le travail de ces entreprises militaires et de sécurité privées peut être soumis à d’autres branches du droit. Il est devenu plus que nécessaire de créer des textes réglementaires au niveau national ou international pour définir les responsabilités et éviter l’impunité en cas de violations graves, et pour exercer un contrôle sur elles afin de « privatiser » les guerres et les conflits armés, et les déviations importantes qui en découlent dans le domaine des violations du droit international humanitaire.

    Phénomène croissant de la militarisation des enfants dans les conflits armés

    Le « phénomène de recrutement des enfants » dans les conflits arabes est en constante augmentation. Mais quelle est la signification « juridique » pour un enfant de porter une arme, de combattre et de tuer ? Comment protéger cette « catégorie vulnérable » dans le cadre des conventions et traités de Genève pertinents ? Les enfants dans la guerre sont une « crime » qui commence par le recrutement et se termine par leur mort. Existe-t-il des « garanties renforcées » pour cette catégorie pendant les conflits armés ?

    Les enfants sont utilisés par de nombreuses parties et dans de vastes zones de guerres et de conflits comme soldats et armes de guerre préférées. Par conséquent, la manière de déterminer leur âge et de s’assurer qu’ils « ne combattent pas comme des soldats et ne meurent pas comme des enfants » est un défi contemporain, car cela nie leur existence et leur innocence. Comment empêcher les enfants de devenir « l’arme idéale dans les guerres » ? Malheureusement, la question de la « militarisation des enfants » par le recrutement, l’armement, le ciblage et l’engagement, malgré leur jeune âge, moins de quinze ans, est en constante augmentation. Par « enfant dans un conflit armé », nous entendons tout enfant associé à une force militaire ou à un groupe militaire de moins de dix-huit ans, qui a été ou est encore recruté ou utilisé par une force militaire ou un groupe militaire sous quelque forme que ce soit, y compris – sans s’y limiter – les garçons et les filles utilisés comme combattants, cuisiniers, porteurs, espions ou à des fins sexuelles.

    Ces problématiques seront étudiées pour déterminer comment « libérer les enfants des guerres », en mentionnant les mécanismes nécessaires, y compris la réhabilitation, la réintégration et la justice réparatrice. Avec le recrutement des enfants récemment et la montée des organisations et groupes armés, certains voient cette catégorie comme représentant « les soldats de l’avenir », ou « les lionceaux du califat », ou « l’armée stratégique du califat ». Le recrutement des enfants prend donc diverses formes, que nous tenterons d’étudier, ainsi que les moyens de lutter contre ce phénomène, en définissant d’abord le terme enfant, puis en abordant la protection accordée aux enfants en temps de conflits armés internationaux, et en examinant les phénomènes connexes, à savoir les « enfants soldats » en plusieurs points.

    L’innocence de ces « enfants » a été violée, que ce soit par le recrutement volontaire ou forcé, et la communauté internationale considère cette violation comme un crime de guerre qui doit être puni par la loi. Souvent, les enfants peuvent être « victimes » de ces conflits armés, mais il est observé que ce phénomène est en constante augmentation. Par conséquent, le terme « enfants soldats » est devenu courant, et certains préfèrent les appeler « enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés ». Ils peuvent assumer une large gamme de rôles : cuisiniers, porteurs, messagers, espions, détecteurs humains de mines, esclaves sexuels, travailleurs forcés et exécutants d’opérations suicidaires.

    La loi est claire et explicite à ce sujet, mais les Protocoles additionnels I et II aux Conventions de Genève interdisent le recrutement des enfants de moins de quinze ans et leur participation aux hostilités. L’article 77 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève stipule que « les parties au conflit doivent prendre toutes les mesures possibles pour que les enfants de moins de quinze ans ne participent pas directement aux hostilités, et ces parties doivent s’abstenir de recruter ces enfants dans leurs forces armées. Les parties au conflit doivent, en cas de recrutement de ces enfants âgés de quinze à dix-huit ans, donner la priorité aux plus âgés. »

    *Professeur invité, et ancien doyen de la Faculté de droit de l’Université de Blida en Algérie, ancien membre du Comité national du droit international humanitaire, président du Forum islamique du droit international humanitaire, professeur de droit international et de droit constitutionnel au département de master de la Faculté de droit de l’Université de la Sorbonne

    Le Jeune Indépendant, 25 sept. 2024

    #droithumanitaire #Guerreurbaine #conflitsasymétriques #armée

  • Le protectionnisme en hausse alors que la course aux minéraux critiques s’intensifie

    Perspectives de Risques Politiques

    Les géopolitiques alimentent une double montée de l’interventionnisme étatique et du protectionnisme à des niveaux jamais vus depuis la première moitié du XXe siècle dans les démocraties occidentales. La principale motivation est la volonté des gouvernements en Europe et en Amérique du Nord de sécuriser leur accès à des ressources critiques face à des préoccupations croissantes de sécurité nationale, selon nos dernières recherches.

    Notre Indice de Nationalisme des Ressources (INR), qui mesure le contrôle gouvernemental sur l’activité économique dans les secteurs minier et énergétique dans 198 pays, révèle que 72 d’entre eux ont vu une augmentation significative des politiques interventionnistes et protectionnistes au cours des cinq dernières années.

    La tendance s’est intensifiée principalement en Europe, où les grandes économies comme l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Pologne enregistrent toutes des détériorations majeures sur l’indice depuis 2019. L’Allemagne est particulièrement concernée, ayant subi la plus forte baisse de score parmi tous les pays au cours des cinq dernières années. Le durcissement des règles commerciales et des investissements étrangers a également accru le risque aux États-Unis, au Canada et en Australie, soulignant un virage vers des pratiques économiques nationalistes dans les politiques industrielles occidentales.

    Le paysage géopolitique fragmenté et les répercussions de chocs majeurs tels que la pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont accéléré l’adoption de politiques visant à acquérir les minéraux nécessaires à la transition verte et à renforcer la sécurité énergétique. L’accent mis par les États sur la sécurité des chaînes d’approvisionnement a ouvert la voie à des opportunités pour les entreprises via des régimes d’incitation attractifs, mais la divergence géopolitique pourrait de plus en plus limiter ces opportunités aux juridictions alliées ou amies.

    Figure 2 : Le Venezuela et la Russie sont les pays à plus haut risque de nationalisme des ressources, mais la tendance est à la hausse en Occident

    L’Europe protège ses chaînes d’approvisionnement critiques

    Les gouvernements du monde entier renforcent de plus en plus leur contrôle sur leurs ressources naturelles, une tendance qui s’est accélérée au cours des cinq dernières années. Au total, 41 pays, représentant 41 % de la production mondiale de minéraux, figurent désormais dans les deux catégories de risque les plus élevées de l’INR, contre 30 à la fin de 2019.

    Sans surprise, les 10 juridictions à risque le plus élevé incluent plusieurs grands producteurs de minéraux, de pétrole et de gaz qui appliquent depuis longtemps des politiques de nationalisme des ressources « traditionnelles », telles que les expropriations, les nationalisations et les hausses de redevances. Parmi eux, on trouve le Venezuela (1er, plus risqué), la Russie (2e), le Mexique (3e), le Kazakhstan (4e), le Zimbabwe (6e) et l’Irak (9e).

    Cependant, des facteurs tels que la dépendance de l’Europe à l’énergie russe et la domination chinoise sur les chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques provoquent un changement dans les politiques protectionnistes et interventionnistes en Occident, augmentant les risques liés au nationalisme des ressources. Ces politiques visent à utiliser le pouvoir de l’État pour subventionner les industries clés, sécuriser l’accès aux ressources critiques et restreindre les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques.

    En Allemagne, par exemple, la position du pays dans le classement a chuté de 122 places – passant de la 154e place il y a cinq ans à la 32e juridiction la plus risquée aujourd’hui. Cette situation résulte de la nécessité d’atteindre des objectifs stratégiques à court et à long terme. À court terme, cela inclut des mesures telles que la saisie des actifs des géants russes de l’énergie Gazprom et Rosneft après l’invasion de l’Ukraine, ainsi que l’imposition de taxes exceptionnelles sur les profits énergétiques.

    À long terme, la sécurité des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques est devenue une composante centrale de la stratégie industrielle allemande. L’administration Scholz, comme celle de Merkel avant elle, a offert des subventions et des incitations pour renforcer les capacités nationales de transformation et de fabrication. Berlin a également formé des partenariats stratégiques avec des pays riches en ressources comme le Canada et l’Australie, garantissant l’accès à des minéraux comme le lithium, le cobalt et les terres rares via des accords à long terme.

    Des tendances similaires sont observées dans toute l’Union européenne, reflétant un changement global où les préoccupations de sécurité nationale influencent de plus en plus les politiques de ressources naturelles et industrielles du bloc. Des initiatives telles que l’Alliance européenne pour les matières premières (ERMA) et l’Acte sur les matières premières critiques de l’UE visent spécifiquement à réduire la dépendance aux sources extérieures de minéraux grâce à des investissements dans l’exploitation minière durable et le recyclage en Europe. L’UE diversifie également ses chaînes d’approvisionnement en investissant dans des projets miniers en Afrique et en Amérique du Sud et en encourageant les entreprises européennes à réduire leur dépendance à l’égard des États concurrents.

    Les États-Unis et le Canada durcissent leurs politiques commerciales et d’investissement

    De l’autre côté de l’Atlantique, les changements dans les politiques commerciales et d’investissement ont fait chuter les scores de notre Indice de Nationalisme des Ressources, en particulier dans l’indicateur mesurant les changements réglementaires ou fiscaux qui entravent les activités commerciales ou augmentent les coûts.

    Aux États-Unis, par exemple, des lois comme le CHIPS and Science Act et l’Inflation Reduction Act renforcent la production nationale de minéraux critiques et de semi-conducteurs tout en limitant l’implication chinoise.

    Les États-Unis ont également formé le Partenariat pour la sécurité des minéraux avec l’Australie, le Canada, le Japon, l’Inde, la Corée, le Royaume-Uni et les 27 membres de l’UE pour sécuriser l’accès à une multitude de minéraux critiques, tout en introduisant de nouveaux contrôles commerciaux et d’investissement. Le Partenariat a reçu un coup de pouce en septembre avec le lancement d’un réseau de financement associé pour développer des projets miniers majeurs qui renforceront les chaînes d’approvisionnement, tout en limitant leur utilisation dans l’industrie de la défense, une tendance que l’administration Trump à venir devrait encore renforcer.

    Au Canada, la stratégie a évolué par une combinaison d’actions réglementaires, de restrictions sur les investissements étrangers et de mesures économiques stratégiques. Parmi celles-ci figurent la Loi sur les investissements au Canada, la Stratégie sur les minéraux critiques – qui resserre les règles sur les investissements étrangers pour garder les ressources sous contrôle canadien ou allié – ainsi que des réglementations environnementales et sociales plus strictes, que les entreprises chinoises auront probablement du mal à respecter.

    Le nationalisme des ressources « stratégiques » : un autre moteur de la fragmentation géoéconomique
    À mesure que les rivalités entre États s’intensifient, le protectionnisme et l’interventionnisme étatique devraient provoquer une fragmentation accrue dans le secteur énergétique mondial, en particulier dans les minéraux critiques et les énergies renouvelables. À l’avenir, le scénario le plus probable est que les nations occidentales utiliseront de plus en plus un mélange de politiques commerciales et d’investissement, ainsi que des normes de durabilité plus strictes, pour restreindre le commerce avec leurs rivaux et sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Cela créera un paysage de risques complexes pour les investisseurs, couvrant une variété de domaines politiques tout au long de la chaîne de valeur.

    Nous ne prévoyons pas que les démocraties occidentales chercheront à dominer le marché via des entreprises publiques, mais qu’elles formeront plutôt un nouveau partenariat entre intérêts nationaux et corporatifs en offrant des avantages et des incitations pour « rapatrier » les chaînes d’approvisionnement géopolitiquement plus proches, via de nouvelles alliances. Le risque d’augmentation des coûts en raison d’un découplage avec des rivaux spécifiques est déjà pris en compte.

    Source : Verisk Maplecroft, 12/12/2024

    #Chine #Mineraux #rares #économie #Occident

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